Le dernier dossier du mois

Une thématique dans chaque #DossierDuMois, avec la rédaction d’Infogreen et l’expertise de nos partenaires

Publié le 9 décembre 2025
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décembre 2025

Citoyens du changement

« Si chacun faisait un petit geste, le monde irait déjà beaucoup mieux. »

Emilie Kraght, Serve the City Luxembourg

Citoyens du changement
Tout commence ici

Dans ce dossier sur les initiatives citoyennes, la rédaction vous montre une nouvelle fois que les petits gestes comptent. D’un point de vue plus sociétal cette fois, avec des actes qui, de manière parfois très discrète, contribuent à une société plus humaine.

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Ce mois de décembre 2025 marque le 10e anniversaire du documentaire Demain, de Cyril Dion et Mélanie Laurent. La production césarisée avait suivi des citoyens de dix pays pour découvrir leurs solutions à la crise environnementale. Un second documentaire – Démocratie Maintenant – est en cours de financement participatif, avec déjà près de 300.000 euros récoltés en trois semaines.

L’engagement citoyen sous toutes ses formes

Le financement participatif, c’est déjà un acte citoyen. Demain avait été refusé par les distributeurs et diffuseurs qui ne croyaient pas au potentiel du film, mais la société leur a prouvé le contraire : en prenant part à son financement, d’abord ; en se déplaçant dans les salles, ensuite ; et en faisant naître de nouvelles initiatives citoyennes, enfin.

Des « citoyens du changement », on en trouve aussi au Luxembourg. Ce sont des quidams qui se renseignent sur ce qu’ils consomment et décident de changer leur mode de vie, influençant les offres du marché par leurs choix. Ce sont des bénévoles qui donnent quelques heures de leur temps libre pour aider des personnes dans le besoin, parfois sans quitter leur quartier. Ce sont des travailleurs qui ont dédié leur carrière professionnelle à des causes sociétales, améliorant le quotidien des populations vulnérables.

On rencontre également des citoyens qui déposent des pétitions pour essayer de faire bouger les lignes. Certains se regroupent dans des projets interrégionaux pour montrer que l’inspiration et le changement n’ont pas de frontière. D’autres créent des ONG pour faire valoir les droits des habitants et producteurs du Sud, premiers impactés par les choix non durables des gouvernements des pays développés.

S’engager pour la postérité

Nous avons le Monde en commun, et le pouvoir d’en prendre soin. Cela requiert parfois une abnégation dont nous ne sommes pas tous capables. Pourtant, vous le lirez dans ce dossier, ceux qui donnent reçoivent souvent – au moins autant – en retour.

Et ceux qui ne font que prendre, qu’ont-ils finalement à y gagner, si le monde qu’ils laissent derrière eux ne donne pas envie d’y habiter ?

Comme le résume très bien Emilie Kraght, bénévole chez Serve the City Luxembourg : « Si chacun faisait un petit geste, le monde irait déjà beaucoup mieux. »

Marie-Astrid Heyde

Apprendre et vivre la démocratie avec le Zentrum fir politesch Bildung
Apprendre et vivre la démocratie avec le Zentrum fir politesch Bildung

Le trop méconnu Centre pour l’éducation politique accompagne les enseignants dans l’organisation de projets de démocratie participative. Présentation avec Manou Worré, responsable de projets au Zentrum fir politesch Bildung et professeure de sciences économiques et sociales.

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« Demokratie léieren a liewen » : apprendre et vivre la démocratie. C’est avec cette devise que Manou Worré introduit le Centre pour l’éducation politique (ZpB), pour lequel elle est responsable de projets.

Le ZpB aura bientôt dix ans. Il prend la forme juridique d’une fondation, qui a été créée par le ministère de l’Éducation nationale. « Nous sommes pour la démocratie, pour les droits de l’Homme, mais politiquement nous restons neutres », cadre Manou Worré. Le but de la fondation est clair : « encourager les jeunes à s’intéresser à la société, à la politique, à s’engager en tant que citoyens actifs ».

L’éducation à la citoyenneté est enseignée au lycée, c’est donc naturellement les lycéens qui forment la première cible du ZpB. Le centre a toutefois développé des supports et un soutien adaptés au niveau fondamental. « Et depuis un an, nous avons une personne qui travaille avec les tout-petits de cycle 1. »

Que fait le Zentrum fir politesch Bildung, concrètement ?

Léieren duerch Engagement : une méthode, des approches variées

Les actions du ZpB sont assez variées, si bien que l’équipe compte près de 40 salariés, pour la plupart à temps partiel. Un service publications, renforcé par la présence d’enseignants chaque lundi pour travailler sur des thématiques précises, a créé la brochure « Léieren duerch Engagement à l’école fondamentale », agrémentée par une mascotte, LEdi, petite pieuvre qui guide les enfants dans leur apprentissage de la démocratie.

Léieren duerch Engagement (LdE) est une méthode basée sur son équivalent international « Service Learning ». Manou Worré : « Nous avons créé une boîte à outils, sous forme de classeur, qui est confiée aux enseignants pour les aider à donner de la structure à la création de projets. L’idée derrière ces démarches est de combiner les connaissances des élèves avec leur engagement envers la société. » Leur durée est variable, allant généralement de six semaines minimum à six mois dans certains cas.

Le Prix Engagement pour mobiliser les jeunes

À l’origine de la démarche : l’enseignant ou la direction. Les responsables du ZpB sont là pour les accompagner dans un domaine qu’ils ne connaissent pas forcément. Ils créent aussi un contexte motivant pour les élèves, comme avec le Prix Engagement, organisé à deux reprises avec le soutien de la Fondation Losch. « Les élèves du fondamental et du lycée étaient invités à soumettre un projet actif pour montrer leur engagement sociétal », explique celle qui est également professeure de sciences économiques et sociales.

Quelques exemples de projets récompensés aux Prix Engagement :

  • À Niederanven, deux enseignants ont lancé une initiative avec leurs élèves de 10-12 ans pour rendre la commune plus accessible aux jeunes. Ils ont rencontré le bourgmestre, reçu les conseils de Youth for Planet pour la réalisation d’une vidéo, entre autres.
  • À Diekirch, des élèves ont inventé un jeu inclusif, inspiré par une élève aveugle. Le jeu est conçu pour être accessible aux personnes malvoyantes.
  • À Luxembourg, un groupe de lycées a créé l’application Leftlovers, pour rendre attentif au gaspillage alimentaire. Ils ont collaboré avec des traiteurs et restaurants pour organiser des sachets surprises reprenant les invendus de la journée. Ces produits étant vendus moins chers, Leftlovers répond aussi à la problématique du coût de la vie.

Des ateliers pour sortir du cadre scolaire

Toute la plus-value du ZpB réside dans sa réponse à une problématique : les enseignants ayant un programme à suivre, ils ne trouvent pas aisément le temps nécessaire pour ce type d’initiatives. L’appui de Manou Worré et de ses collègues est donc primordial.

« Nos offres les plus sollicitées sont sans doute Meng Chambre et Justiz. Il s’agit d’une journée d’immersion au Parlement ou au tribunal pour informer les jeunes sur le fonctionnement de l’institution, sur l’état de droit et la démocratie. Nous prenons les élèves en charge et ne donnons aucune charge supplémentaire aux enseignants. »

Chacune de ces sorties est une occasion pour les élèves de changer de perspective dans le but de devenir plus autonomes et impliqués dans leur communauté.

S’ouvrir au monde depuis la classe

Le ZpB anime également des ateliers de développement de compétences démocratiques – pour sensibiliser au racisme, à l’intolérance, etc. – et aide les jeunes à organiser leurs conseils d’élèves pour leur donner une voix dès le plus jeune âge.

« Nous avons aussi du matériel pédagogique sur les 17 Objectifs de développement durable, pour que les élèves en prennent connaissance et cherchent des exemples, dans leur quotidien, pour chacun des 17 objectifs ». Le ZpB répond d’ailleurs en priorité à l’objectif 16 : paix, justice sociale, état de droit, démocratie, tout en renforçant le 4 : éducation de qualité. Mais son travail couvre finalement directement ou indirectement l’ensemble de ces objectifs.

Marie-Astrid Heyde
Photos : Picto / Fanny Krackenberger

CELL agit au Luxembourg pour renforcer l'action citoyenne locale
CELL agit au Luxembourg pour renforcer l’action citoyenne locale

Au Luxembourg, de plus en plus d’habitants imaginent et portent des solutions locales pour répondre aux défis climatiques et sociaux. Depuis quinze ans, CELL facilite cette énergie collective en offrant un cadre où les idées citoyennes peuvent émerger, grandir et transformer durablement les territoires.

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Depuis quinze ans, Citizens for Ecological Learning & Living (CELL) occupe une place discrète mais importante dans le paysage luxembourgeois de la transition. L’organisation développe et soutient des projets locaux portés par des citoyens comme des jardins communautaires, des Repair Cafés, des coopératives énergétiques, des initiatives d’économie circulaire ou des tiers-lieux.

Sa mission reste claire : créer les conditions permettant aux habitants d’agir face aux enjeux climatiques, sociaux ou territoriaux. CELL éclaire une démarche centrée sur l’appropriation de sujets complexes comme l’énergie, l’alimentation, l’espace public et l’économie par les citoyens. Car les citoyennes et les citoyens ont de compétences précieuses à partager pour construire un monde plus résilient.

« Nous travaillons toujours entre deux niveaux : le très concret et les visions plus systémiques de la transition », explique Norry Schneider, responsable Pacte Climat et Territoires en transition. « Cette danse entre terrain et projection est nécessaire. » Kasia Krzyzanowski, coordinatrice du programme Boost Lokal Lëtzebuerg, confirme l’importance de cette approche : « Notre rôle est de créer des espaces où les gens peuvent se rencontrer, imaginer et tester des projets. »

Norry Schneider et Kasia Krzyzanowski
Norry Schneider et Kasia Krzyzanowski - © CELL

Encourager l’autonomie et la prise d’initiative

L’une des lignes directrices de CELL consiste à développer la capacité d’agir des habitants et de s’engager dans la vie locale. « Pour répondre aux défis du climat, de la biodiversité ou du vivre-ensemble, nous avons besoin de tout le monde », rappelle Norry Schneider. « Si nous faisons à la place des citoyens, nous les empêchons d’entrer dans cette dynamique. »

Selon lui, la participation citoyenne reste souvent limitée à la simple consultation. « Les avis sont collectés, puis la décision et l’action reviennent aux institutions. Ce que nous ajoutons, c’est de redonner la possibilité réelle d’agir. »

Dans le cadre de Boost Lokal, Kasia Krzyzanowski observe la même évolution : « Lors des soirées d’idéation, les habitants identifient des besoins qu’ils imaginaient devoir confier à la commune. En réalité, beaucoup d’actions peuvent être menées par eux-mêmes, collectivement. Une fois que le groupe s’en rend compte, la dynamique change. » Elle cite une soirée organisée dans l’est du pays où, à partir de seulement cinq participants, un début de projet de tiers-lieu a émergé. « Ils ne se connaissaient pas, mais partageaient les mêmes préoccupations. Ce type de rencontre peut tisser des liens naturellement et aider à déclencher quelque chose. »

Des méthodologies pour structurer des projets citoyens

Boost Lokal s’appuie sur un ensemble d’outils éprouvés : soirées d’idéation, ateliers de co-création, accompagnement des porteurs de projets, formations mensuelles. Dans l’est et l’ouest du pays, ces approches ont permis de faire émerger ou d’accélérer plusieurs initiatives locales.

« Un groupe à Echternach travaille par exemple sur un lieu de rencontre inclusif », poursuit la coordinatrice. « Ils ont organisé une journée test avec brainstorming, repas partagé, Repair Café et activités culturelles. C’est un projet prometteur. »

D’autres projets naissent via une autre entrée, comme l’accompagnement d’initiatives déjà existantes mais en manque de communauté. Boost Lokal les aide à rendre leur projet plus collectif et participatif. « Beaucoup de porteurs de projets s’épuisent seuls », explique-t-elle. « En les aidant à mobiliser leur voisinage ou leur réseau, ils retrouvent une dynamique. »

Dans les communes, le Pacte Climat permet de travailler sur l’adaptation au changement climatique, l’énergie ou l’économie circulaire en associant les citoyens. « Lorsque nous demandons aux habitants ce qu’ils peuvent faire dès demain dans leur quartier, cela surprend », note Norry Schneider. « Mais très vite, ils réalisent qu’ils disposent d’un réel savoir-faire collectif. »

- © CELL

Un mouvement qui transforme le territoire

Au-delà des projets individuels, CELL observe un effet boule de neige. « Lorsque des idées sont fortes, elles se diffusent, parfois bien au-delà de notre accompagnement », souligne Norry Schneider.

Il cite plusieurs exemples devenus emblématiques :

  • les coopératives d’énergie citoyenne, désormais une quinzaine, regroupant environ 2.000 membres ;
  • les 60 à 80 jardins communautaires actifs dans le pays ;
  • une vingtaine de groupes régionaux de Repair Cafés, rassemblant entre 300 et 500 réparateurs ;
  • les tiers-lieux citoyens, de plus en plus nombreux et porteurs de dynamiques solidaires ou culturelles ;
  • les AMAP (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne) et initiatives alimentaires locales, dont la première, Terra, a inspiré la création de nombreux projets similaires.

Cette multiplication de projets illustre une évolution notable des pratiques citoyennes au Luxembourg. « Le pays est petit. Les niveaux local, régional et national interagissent en permanence. Les idées nées dans un village peuvent influencer des stratégies nationales, et inversement. »

- © CELL

CELL explore également des outils moins visibles mais tout aussi essentiels, comme les exercices d’anticipation ou d’imagination. « L’innovation sociale est aussi importante que l’innovation technologique. Lorsqu’on aide les gens à imaginer leur quartier dans dix ou vingt ans, ils expriment des besoins très concrets : du lien social, de la nature, de la tranquillité, des espaces partagés. Cela guide ensuite les projets. »

Sébastien Yernaux
Photos : © CELL

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Le projet Interreg ACTE stimule la transition écologique locale
Le projet Interreg ACTE stimule la transition écologique locale

Sur le territoire transfrontalier d’Alzette-Belval, le projet Interreg ACTE – Avec les Citoyens pour la Transition Écologique – accompagne les habitants dans la réduction de leur empreinte environnementale et fédère plusieurs groupes citoyens engagés. Rencontre avec Soïli Mathieu.

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Depuis avril 2024, ACTE mobilise les citoyens des 13 communes du territoire d’Alzette-Belval : Audun-le-Tiche, Aumetz, Boulange, Esch-sur-Alzette, Mondercange, Ottange, Rédange, Rumelange, Russange, Sanem, Schifflange, Thil et Villerupt. Ce projet Interreg s’appuie sur une coopération transfrontalière inédite entre le GECT Alzette-Belval, l’association Transition Minett, les communes de Sanem et Villerupt, ainsi que la Maison des Jeunes et de la Culture (MJC) d’Audun-le-Tiche. Une alliance large, pensée pour « faire émerger des initiatives citoyennes qui touchent au quotidien ».

Une première année dédiée à l’écoute

La première année a été consacrée à un diagnostic fin du territoire. Nous sommes allés à la rencontre des communes pour comprendre leurs expériences, leurs réussites, leurs freins, et pour savoir s’il existait encore un potentiel citoyen actif », explique Soïli Mathieu.

Des actions de sensibilisation ont complété ce travail : Fresques du Climat, rencontres lors du Matgesfest à Sanem, ateliers publics… « C’est en discutant directement avec les habitants qu’on a pu distinguer les envies les plus fortes. »

Quatre grands axes se sont rapidement détachés : réparation, seconde main et couture, alimentation durable et bien-être et nature. « Ce sont des thématiques très concrètes, proches des gestes de tous les jours. »

Sept groupes citoyens déjà actifs

Aujourd’hui, ACTE soutient sept groupes citoyens en pleine effervescence.

  • Les Repair Cafés – réparation d’objets, réparation textile : « On apprend à réparer soi-même, on transmet des savoir-faire, et ça crée immédiatement du lien. »
  • Autour de la seconde main et de la couture : une dizaine de personnes se réunissent déjà pour des cafés couture, des ateliers d’apprentissage et des projets créatifs. La confection de masques à partir de matériaux récupérés lors du Festival du film italien de Villerupt a marqué les esprits et montré le potentiel du groupe.
  • Le collectif plantes médicinales explore la culture, les usages et la transformation des plantes locales, avec visites de jardins, ateliers pédagogiques et prochaines bourses d’échange.
  • La dynamique autour des vergers et de la cueillette avance elle aussi rapidement : extension du dispositif luxembourgeois « Ruban jaune » vers la France, marches transfrontalières, repérage des zones de glanage et future création de circuits de cueillette.

À cela s’ajoutent une conserverie citoyenne à Sanem, une microbrasserie anti-gaspillage autour de la bière de pain, ainsi qu’une zone de gratuité (dons d’objets ou de matériel) en réflexion du côté français.

« Les groupes sont vivants. De nouvelles personnes se joignent chaque semaine. On échange, on teste, on construit ensemble. »

Une phase d’accompagnement renforcée

ACTE entre désormais dans une phase clé. « Notre rôle, c’est d’aider les groupes à mettre leurs idées dans la matière, à trouver des ressources, à consolider ce qu’ils imaginent. »

Dès 2026, l’accent sera mis sur la pérennisation : structuration, liens renforcés avec les communes, recherche de locaux, soutien administratif ou associatif. Quant à l’après-2027, l’équipe reste prudente, mais optimiste. « Le projet aura une fin, mais les dynamiques citoyennes, elles, continueront de pousser. »

En savoir plus sur les initiatives citoyennes dans le cadre d’ACTE : « Les projets citoyens | Alzette-Belval, avec les citoyens pour la transition écologique »

Sébastien Yernaux

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Le bénévolat pour « rester ancré et changer de perspective »
Le bénévolat pour « rester ancré et changer de perspective »

Arrivée en 2023 au Luxembourg, Emilie Kraght s’est rapidement engagée dans l’action citoyenne avec Serve the City Luxembourg. Aujourd’hui responsable de projet et membre du conseil d’administration, elle contribue à rendre le volontariat simple et accessible, convaincue que les petits actes peuvent avoir un vrai impact social.

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Pouvez-vous présenter brièvement votre parcours avant votre engagement au Luxembourg ?

Je m’appelle Emilie Kraght. Je suis suédoise et danoise. Je suis née au Luxembourg mais j’ai déménagé en Suède lorsque j’avais huit ans. Plus tard, je suis partie étudier au Danemark, puis au Royaume-Uni. Depuis bientôt trois ans, je suis de retour au Grand-Duché où je travaille pour une banque norvégienne, et je fais beaucoup de bénévolat en parallèle.

D’où vous vient cette volonté de vous investir dans des actions solidaires ?

J’ai commencé à l’âge de 13 ans, en Suède. L’hiver y est très froid et je servais la soupe populaire. C’est là que j’ai été introduite à l’idée qu’il existe des inégalités, même dans un pays comme la Suède.
J’ai l’impression que j’ai appris très jeune le pouvoir de la compassion et depuis, j’ai continué à faire du bénévolat, partout où j’allais. Au Danemark, par exemple, j’aidais les étudiants Erasmus à s’installer. J’ai aussi fait du bénévolat comme « secouriste cardiaque ». Le pays étant densément peuplé, les ambulances mettent du temps à arriver. Avec les autres membres volontaires du programme Heartrunner, nous recevions une alerte sur notre téléphone dès qu’un arrêt cardiaque survenait à proximité. Il fallait courir jusqu’à la personne, commencer la réanimation et utiliser un défibrillateur pour relancer le cœur, afin de tenter de la maintenir en vie. Je dois admettre que c’était un peu dur, car il y a des situations dans lesquelles cela n’a pas fonctionné.

De retour au Luxembourg, était-il important pour vous de poursuivre une activité bénévole ?

Pour moi, il était naturel de continuer au Luxembourg. Sur internet, j’ai trouvé plusieurs associations où l’on peut s’engager. Ce qui m’a attirée vers Serve the City Luxembourg, c’est l’aspect international : les gens y parlent anglais. Et le concept de Serve the City, c’est de rendre le bénévolat facile : on vient tel que l’on est – « voici mes deux mains, voici mon cœur, que puis-je faire pour aider ? » – et l’association gère le reste. Le bénévolat y est très encadré, ce qui rend l’initiative très facile pour tout le monde.

Quelle a été votre première activité en tant que bénévole de Serve the City Luxembourg ?

C’était une session pour enfants dans un foyer de réfugiés au Kirchberg. L’objectif de ces activités est simplement de créer un espace sûr pour les enfants, de leur offrir un lieu où ils peuvent oublier le reste – les souvenirs, les traumatismes, les problèmes du foyer (toilettes en panne, chauffage déficient…) – et juste être des enfants : jouer, se défouler, manger des biscuits, écouter un peu de musique, danser, etc.

- ©Serve the City Luxembourg


« La plupart des activités de Serve the City sont relativement courtes. En tant que bénévole, on donne trois ou quatre heures sur un week-end. Les projets reviennent chaque week-end ou un week-end sur deux, et chacun décide de revenir ou non. »

Emilie Kraght, bénévole

Après la première séance, en rentrant chez moi, je me souviens avoir été très émue – c’est difficile pour un adulte de voir des enfants grandir dans de telles conditions. Je me suis dit : « Je dois revenir. » Et j’ai continué. Les enfants ont commencé à me reconnaître, j’ai créé de vrais liens avec eux, même les parents me reconnaissent et me remercient.

Qu’est-ce qui vous touche le plus dans ces projets solidaires ?

Ce qui me plaît, ce n’est pas seulement ce qu’on donne, mais aussi ce qu’on reçoit en retour. J’ai l’impression d’avoir trouvé une vraie communauté, qui a le même cœur et la même volonté de faire le bien. La plupart d’entre nous ont un job classique à côté, et pourtant, par compassion, par gentillesse, et surtout par amour, on veut redonner. Je recommanderais à n’importe qui de nous rejoindre.

Par la suite, votre engagement a pris une autre ampleur…

Avec le temps, je suis passée de bénévole à responsable de projet. Je suis devenue celle qui accueille les volontaires, qui explique quoi faire, et pourquoi nous sommes là. Finalement, je me suis de plus en plus impliquée dans l’association, jusqu’à rejoindre le conseil d’administration, où je peux contribuer à définir la direction de l’association et son impact au Luxembourg.

Combien de temps consacrez-vous aujourd’hui à vos actions solidaires ?

Par semaine, je dirais que je consacre environ huit heures : une heure par jour pour l’administratif et quelques heures pour les activités du week-end. C’est presque une journée de travail en plus, mais c’est différent et je le fais avec joie. Je travaille dans la finance, un domaine un peu éloigné de l’impact social direct. Je suis en contact avec des personnes très fortunées - un monde qui semble parfois déconnecté de la réalité - et ça fait du bien de changer de perspective. C’est important de rester ancré, d’ouvrir les yeux sur ce qui se passe autour.


« Le bénévolat a vraiment façonné la personne que je suis aujourd’hui. Il m’a apporté du recul, de la gratitude et un sentiment d’appartenance, partout où j’ai vécu. »

Emilie Kraght, bénévole

- ©Serve the City Luxembourg

Anecdote : d’une zone de guerre à un espace sûr

Une histoire qui me touche particulièrement concerne un petit garçon de six ou sept ans arrivé d’Ukraine avec son frère. Pendant les premiers mois, il restait très seul et se cachait sous les tables. Impossible de croiser son regard, difficile de communiquer avec lui. Je me souviens m’être dit que c’était presque effrayant de voir un enfant si profondément traumatisé, si éteint. J’ai continué à venir, à essayer d’établir un contact avec lui. Plus tard, il a commencé à dessiner un peu, mais uniquement avec du noir.

Cela fait presque trois ans, et aujourd’hui, il utilise toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Maintenant, quand j’entre dans la pièce, il me prend dans ses bras et m’attrape par la main pour me montrer ses dessins. Je trouve ça magnifique de voir son évolution. Cela montre vraiment comment les plus petits gestes peuvent avoir un impact énorme sur la vie de quelqu’un.

Marie-Astrid Heyde
Photos : Serve the City Luxembourg

L'importance de la lutte contre la pauvreté des enfants
L’importance de la lutte contre la pauvreté des enfants

Le Luxembourg affiche le PIB par habitant le plus élevé d’Europe, mais un quart des enfants est à risque de pauvreté ou d’exclusion sociale. Interview d’Isabelle Hauffels et Alexandra Gardeur, respectivement responsable et chargée de plaidoyer à l’UNICEF Luxembourg qui appellent à une action politique coordonnée et inclusive.

Contribution partenaire in4green
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L’UNICEF œuvre pour les droits de chaque enfant, en assurant leur protection, leur santé, leur éducation et leur bien-être, au Luxembourg comme dans le monde.

Comment expliquer qu’un pays aussi riche que le Luxembourg connaisse encore un taux aussi élevé de pauvreté infantile ?

I.H. : C’est en effet un paradoxe. Le Luxembourg bénéficie d’un solide système de protection sociale, mais le coût de la vie, notamment du logement, pèse lourdement sur les familles. Les disparités socio-économiques se sont creusées et en 2024, un enfant sur quatre vivait sous le seuil de pauvreté.

Quelles sont les personnes les plus touchées par la pauvreté ?

A.G. : Les familles monoparentales sont parmi les plus vulnérables. Si 86 % des parents à la tête des ménages monoparentaux sont des femmes, elles consacrent jusqu’à la moitié de leur revenu au logement.

Viennent ensuite les familles nombreuses. Alors que les familles avec un ou deux enfants ont un risque de pauvreté d’environ 15 %, ce chiffre grimpe à près de 40 % pour les familles de trois enfants ou plus.

Enfin, les familles issues de l’immigration sont également confrontées à des risques élevés. Étant donné que près de la moitié de la population n’est pas de nationalité luxembourgeoise, il est essentiel de tenir compte des disparités linguistiques et d’emplois pour favoriser une société socialement inclusive.

Quels sont les principaux obstacles à une réduction durable de cette pauvreté ?

I.H. : Plusieurs freins subsistent, par exemple la complexité administrative, un manque de ciblage et surtout une faible sensibilisation aux droits sociaux. Beaucoup de familles ne savent pas qu’elles peuvent bénéficier d’aides. De plus, certaines politiques comme le congé parental restent inaccessibles à une partie des parents en raison de critères trop stricts. Pour être efficace, la lutte contre la pauvreté doit mobiliser plusieurs leviers simultanément.

Quelles sont les recommandations de l’UNICEF Luxembourg pour inverser cette tendance ?

A.G. : Les résultats de la recherche commandée par UNICEF Luxembourg montrent qu’une réforme combinée des allocations familiales, du congé parental et des services de garde d’enfants aurait un impact majeur. Toujours selon cette recherche, en combinant des prestations universelles et un soutien plus ciblé, le Luxembourg pourrait réduire de moitié la pauvreté des enfants (soit de 1 sur 5 à 1 sur 10). Cela suppose des politiques plus cohérentes, un meilleur ciblage des besoins et une simplification des démarches administratives.

N’y a-t-il pas également une nécessité d’agir sur le coût de la vie ?

I.H. : Bien évidemment, l’une des racines du problème sont les inégalités de revenus. Cela passe notamment par des mesures fiscales plus progressives, un soutien accru aux bas salaires, et une tarification des services publics tenant compte du revenu. Ces leviers sont essentiels pour soulager les familles et renforcer la cohésion sociale.

Un retour sur investissement social et économique serait-il possible ?

A.G. : Réduire la pauvreté des enfants n’est pas qu’un acte de solidarité, c’est une obligation légale et un investissement collectif. Les enfants qui grandissent dans de meilleures conditions ont de meilleurs résultats scolaires, une santé plus solide et deviennent des adultes plus autonomes. À long terme, cela génère des économies pour l’État et une société plus résiliente.

Que manque-t-il aujourd’hui pour passer de la parole aux actes ?

I.H. : Tout est une question de volonté politique. La lutte contre la pauvreté des enfants a été reconnue comme une priorité nationale mais il faut maintenant agir. Les coûts de l’inaction sont énormes : selon une étude de l’OCDE, les désavantages socio-économiques de l’enfance représentent, chaque année, environ 3,4 % du PIB en Europe. Investir dans l’enfance, c’est investir dans l’avenir du pays.

Texte et photo d’UNICEF Luxembourg

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Inclusion Skills : une formation et une communauté autour de l'inclusion
Inclusion Skills : une formation et une communauté autour de l’inclusion

Ensemble, l’UFEP, la Ligue Santé Mentale et IMS Luxembourg ont créé Inclusion Skills (*). Les trois femmes à l’origine de ce parcours de formation expliquent comment celui-ci participe au développement de l’inclusion professionnelle des personnes en situation de handicap au Luxembourg.

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Pourquoi avoir décidé de lancer une formation sur l’inclusion professionnelle des personnes en situation de handicap ?

Estelle Bacher (Responsable de formation, UFEP) : Selon une étude du STATEC parue en 2021, près de 94.000 personnes se sentent en situation de handicap au Luxembourg. Pour certaines, l’accès ou le maintien en emploi reste complexe. À notre niveau, nous souhaitons contribuer au développement d’environnements de travail plus inclusifs, plus durables.

Quel a été le rôle de la Ligue Santé Mentale et d’IMS Luxembourg dans ce projet ?

Alexia Merel (Project Manager, IMS Luxembourg) : Nous accompagnons les entreprises luxembourgeoises depuis une dizaine d’années sur l’inclusion professionnelle et le handicap. J’ai donc une bonne connaissance de leurs besoins et de leurs contraintes, ce qui a permis de construire une formation réaliste et adaptée.

Cécile Blanchouin (Responsable du Service Soutien à l’Emploi, Ligue Santé Mentale) : Nous avons apporté notre connaissance des difficultés d’accès ou de maintien dans l’emploi des personnes ayant une fragilité psychique. Nous avons aussi contribué à définir les principaux besoins en formation des travailleurs sociaux œuvrant dans ce secteur d’activité.

À quel public s’adresse Inclusion Skills ?

EB : À toute organisation, quel que soit sa taille ou son positionnement sur le marché du travail, des entreprises « classiques » (privées, publiques…) aux organisations sociales. Le but est justement de créer des ponts : dans chaque session, il y a autant de participants de ces deux mondes professionnels. Et c’est la même règle dans l’équipe pédagogique !


« Quand on agit pour l’inclusion professionnelle des personnes en situation de handicap, on agit pour le bien-être de tous. »

Estelle Bacher, responsable de formation à l’UFEP

Quels sont les différents modules qui composent ce parcours de formation ?

EB : Dans le premier, nous abordons, de manière très transparente, avec chaque groupe sa conception de l’inclusion, du handicap et des stéréotypes associés. Nous essayons de déconstruire les idées reçues et traitons du champ des possibles. Dans le deuxième, nous plongeons dans le cadre légal et réglementaire, dans les ressources existantes, au sein même de son organisation ou à l’ADEM. Le module 3 est quant à lui dédié à la posture de l’accompagnateur vers et dans l’emploi, aux soft skills inclusives.

Dans le module 4, l’objectif est « d’outiller » les participants pour répondre à plusieurs questions : Comment convaincre d’autres acteurs ? Comment rendre une offre d’emploi plus inclusive ? Ou encore comment valoriser dans le travail les compétences de la personne qu’on accompagne ? Mais l’enjeu n’est pas seulement lors du recrutement ! Nous partageons aussi sur des pratiques RH et managériales plus inclusives. Enfin, le cinquième et dernier module s’appelle « La plus-value du travail en réseau » ? Nous souhaitons créer de la synergie entre les participants, qu’ils aient envie de continuer à travailler ensemble après la formation, qu’ils en comprennent le sens et l’intérêt. Notre objectif est de créer et faire vivre une communauté d’acteurs, promoteurs de pratiques inclusives au travail.

(*) Inclusion Skills : Ensemble pour plus d’inclusion professionnelle !

Léna Fernandes
Photos d’Alexia Merel, Cécile Blanchouin et Estelle Bacher, fournies par l’Ufep

Grâce à la démocratie participative, les citoyens ont leur mot à dire
Grâce à la démocratie participative, les citoyens ont leur mot à dire

Depuis 2020 et la signature d’un partenariat action-recherche de cinq ans avec l’Université du Luxembourg (Uni), Dudelange est devenu le laboratoire luxembourgeois de la démocratie participative, un système permettant aux citoyens de s’impliquer directement dans le processus de prise de décision publique.

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Si le concept de démocratie participative existe depuis 2004 à Dudelange, il a été institutionnalisé vingt ans plus tard, en 2024, avec la création d’un service dédié au sein de l’administration de la commune. « Depuis le début, il est clair que l’intelligence collective issue des dispositifs de démocratie participative ne peut qu’enrichir les décisions du conseil communal et des collèges échevinaux », déclare Félix Bonne, coordinateur du service.


« La participation citoyenne est une richesse, une force, une ressource, qui libère la créativité, construit la confiance et insuffle de la vie dans nos institutions. »

Dan Biancalana, député-maire de la Ville de Dudelange, lors de la conférence « Démocratie locale & intelligence collective »

Dudelange en chef de file

Il existe trois dispositifs de participation citoyenne à Dudelange. Le premier est le Conseil des citoyens : « Nous invitons entre 15 et 20 citoyens tirés au sort à se réunir autour de thématiques concrètes », explique le coordinateur.

Dan Biancalana, député-maire de la Ville de Dudelange, et Loris Spina, premier échevin.
Dan Biancalana, député-maire de la Ville de Dudelange, et Loris Spina, premier échevin. - © Marc Lazzarini

Le Conseil fonctionne en tandem avec un deuxième outil participatif : le Panel des citoyens. Cette fois, le but est de recueillir l’avis d’un maximum de personnes, à travers un questionnaire en ligne ou en version papier, distribué dans toutes les boîtes aux lettres de la commune. « En 2025, ce tandem a été interrogé sur le Plan de développement culturel de la Ville. Puisqu’il n’avait pas encore été finalisé par les rédacteurs, ces derniers ont pu tenir compte des discussions avec le Conseil et des résultats du Panel dans la version finale. »

Le dernier dispositif est le Budget participatif, qui permet d’allouer au moins 100.000 euros à plusieurs projets qui auront été choisis par les citoyens participants. « Tout commence par un appel à projets. En 2024, nous demandions que les projets présentés soient à but non-lucratif, réalisables en un an ou encore qu’ils aient un intérêt général. Nous avons reçu 29 idées, mais après l’analyse de recevabilité et de faisabilité, six ont pu être soumis au vote des citoyens. »

Au final, cinq ont été choisis par les Dudelangeoises et les Dudelangeois et réalisés au cours de l’année 2025 :

  • L’aménagement d’un parcours fitness au Ginzebierg (50.000 euros)
  • Une campagne de sensibilisation environnementale et de gestion des déchets (20.000 euros)
  • Des repas équilibrés pour les étudiants (10.000 euros)
  • Un banc de discussion, ou Babbelbänk am Duerf (9.000 euros)
  • Des points de collecte de compost dans l’espace public (15.000 euros)

Lors d’une conférence intitulée « Démocratie locale & intelligence collective », le député-maire de la Ville, Dan Biancalana a déclaré : « Ces dispositifs ne sont pas une fin en soi, ce ne sont pas des éléments isolés. Ce sont des outils concrets pour renforcer une culture du vivre-ensemble, pour favoriser la participation, mais aussi pour évaluer et adapter continuellement ces processus à notre époque. » En 2026 pour la troisième édition, Dudelange fera d’ailleurs des changements dans la conception de son Budget Participatif, « destinés à mettre le dispositif à jour, pour le rendre encore plus inclusif, plus accessible », annonce Félix Bonne.

Des expérimentations à travers tout le pays

La conférence, organisée mi-novembre 2025 par la Ville de Dudelange et l’Uni, était l’occasion de réunir des élus d’autres communes luxembourgeoises afin qu’ils partagent leur expérience de la démocratie participative.

Bob Steichen, bourgmestre d’Ettelbruck raconte que la ville « a décidé de donner une voix aux enfants » à travers une initiative d’éducation non formelle. « Notre Conseil Communal des Enfants travaille par exemple sur l’aménagement de cours de récréation, de plaines de jeux ou sur des manifestations officielles comme la venue du Grand-Duc. »

À Leudelange, c’est un référendum citoyen qui a été organisé pour déterminer si oui ou non, toute la commune devait passer en zone 30, pour faire face à un problème de circulation – le non a obtenu 55% des voix.

Bob Steichen, bourgmestre de la Ville d'Ettelbruck ; Jeff Gangler, bourgmestre de la commune de Boulaide ; Lou Linster, bourgmestre de la commune de Leudelange ; Tom Jungen, bourgmestre de la commune de Roeser et Bruno Cavaleiro, échevin de la Ville d'Esch-sur-Alzette.
Bob Steichen, bourgmestre de la Ville d’Ettelbruck ; Jeff Gangler, bourgmestre de la commune de Boulaide ; Lou Linster, bourgmestre de la commune de Leudelange ; Tom Jungen, bourgmestre de la commune de Roeser et Bruno Cavaleiro, échevin de la Ville d’Esch-sur-Alzette. - © Marc Lazzarini

Bruno Cavaleiro, échevin d’Esch, explique que « la Ville s’est toujours impliquée pour la démocratie participative. Nous avons commencé en 2017 avec un projet de participation citoyenne concernant la revitalisation du centre-ville et nous avons lancé notre assemblée citoyenne en 2023. »

La commune de Roeser s’est inspirée de Dudelange pour lancer un budget participatif. Tom Jungen, bourgmestre : « On nous a soumis 15 projets et les citoyens ont voté pour trois d’entre eux : un parc de fitness en plein air, une cuisine communautaire et des mesures pour introduire plus de biodiversité sur notre territoire. »

À Boulaide, « nous avons lancé une enquête en ligne et installé des ‘boites à idées’ dans les commerces de la ville concernant l’aménagement d’une nouvelle place », explique le bourgmestre Jeff Gangler.

Rétrospective et enseignements

Félix Bonne, coordinateur du service « Démocratie Participative » de la Ville de Dudelange.
Félix Bonne, coordinateur du service « Démocratie Participative » de la Ville de Dudelange. - © Picto Communication

Tous les élus s’accordent pour dire que le succès de ces initiatives n’est possible que si elles sont soutenues par les services communaux, pour qui elles représentent « un flux de travail important », témoigne Félix Bonne. « L’engagement constant et la disponibilité du premier échevin, Loris Spina, jouent un rôle déterminant dans la mise en œuvre quotidienne de ce travail au sein de l’administration. » Lors de la conférence, Dr. Raphaël Kies - qui a travaillé avec Dudelange dans le cadre de la collaboration avec l’Uni - ajoute : « La familiarisation et l’acceptation de la démocratie participative par l’administration communale est essentielle, elle doit en voir l’utilité et la comprendre. »

Félix Bonne constate aussi que la stratégie de communication autour de la démocratie participative est cruciale. « Nous devons comprendre de quelle façon communiquer pour toucher le plus grand nombre de citoyens possible », explique-t-il, car tous les publics ne s’informent pas via les mêmes canaux (affichage, campagne sur les réseaux, flyers…).

Ils n’ont pas non plus tous la même familiarité avec le concept de démocratie participative, d’où l’importance de vulgariser les informations à leur transmettre, que ce soit avant le projet pour expliquer le fonctionnement du dispositif choisi, ou après, pour restituer les résultats obtenus.

Léna Fernandes

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Wiltz : dix ans d'initiatives citoyennes qui transforment le quotidien
Wiltz : dix ans d’initiatives citoyennes qui transforment le quotidien

Depuis bientôt 10 ans, des habitants de Wiltz investissent leur temps et leur énergie pour des projets citoyens. Cohésion sociale, économie de partage, démocratie participative et économie circulaire forment les socles des initiatives de l’asbl Transition Nord.

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Les premiers rassemblements prenaient la forme de soirées cinés, débats et réunions, qui, prenant de l’ampleur, appelaient à davantage de structuration. C’est comme cela qu’est née Transition Nord, portée par des habitants de la commune tels que Nikki Huberty.

En 2019, une convention avec le CELL et le ministère de l’Environnement a permis de recruter un mi-temps afin d’encadrer les nombreux bénévoles. La commune a aussi marqué son soutien depuis les premiers pas de l’association.


« Nous ne pourrions pas fonctionner sans les aides financières, car tous nos projets sont gratuits. »

Nikki Huberty, cheffe de projets pour Transition Nord

Les principaux projets de Transition Nord :

  • DIY Festival : événements axés sur l’apprentissage, la découverte et le partage de connaissances et de matériel. Les visiteurs, toujours plus nombreux, restent en moyenne plus de deux heures sur place.
  • Babbel Café : échanges informels autour d’un verre au Ciné Café Prabbeli, dans le but d’apprendre des langues étrangères. Trois bénévoles sont présents chaque mois pour animer ce café des langues.
  • CoLab Makerspace : un atelier mettant du matériel à disposition des citoyens pour bricoler, réparer (Repair Cafés), créer… Des workshops sont animés en collaboration avec le Parc naturel de la Haute-Sûre (PNHS).
  • Kreeslaf Schaf : espace de dons d’objets de seconde main (vêtements, ustensiles de cuisine, jouets, livres, etc.). Chaque habitant peut y contribuer et se servir. Depuis 2021, plus de 67.000 kg de ressources ont ainsi pu être sauvées. Plus de 20 bénévoles participent à la réussite du Kreeslaf Schaf.
  • Fair Deelen : banque alimentaire approvisionnée grâce aux invendus des magasins locaux. La nourriture est distribuée gratuitement aux bénéficiaires inscrits. Une équipe de 15 bénévoles réguliers permet de faire tourner ce service. En 2024, 22.947 kg d’aliments ont ainsi été partagés.
  • Iessbar Stad : accompagnement des citoyens dans la création d’espaces de production alimentaire en ville. Trois sites y sont actuellement dédiés à Wiltz, grâce à une douzaine de volontaires.

Grâce à la mobilisation de nombreux citoyens engagés, les activités de Transition Nord parviennent à rassembler autour de thématiques d’intérêt général.


« Pour les projets Fair Deelen et Kreeslaf Schaf, les chiffres explosent. Au niveau des perspectives d’avenir, il faudra voir si les infrastructures actuelles permettront d’élever encore ces chiffres-là. Il faudra également voir comment Transition Nord pourra s’impliquer dans d’autres projets, tels que PREUSE, Wunne mat der Wooltz et le nouveau centre de recyclage du SIVEC. »

Bob Wetzel, responsable city management à la commune de Wiltz

Marie-Astrid Heyde
Photos : Naturpark Öewersauer

39 communes engagées pour un commerce plus juste au Luxembourg
39 communes engagées pour un commerce plus juste au Luxembourg

39 communes sont aujourd’hui certifiées « Fairtrade Gemeng ». Ce programme porté par l’ONG Fairtrade Lëtzebuerg s’appuie sur un engagement politique fort et sur l’énergie citoyenne. Geneviève Krol et Valérie Murat racontent comment élus, habitants et acteurs locaux transforment cette certification en véritable moteur d’d’initiatives solidaires.

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Le programme « Fairtrade Gemeng » repose sur une idée simple : intégrer le commerce équitable dans le quotidien communal. Cette ambition ne se limite pas à promouvoir quelques produits. Elle vise à créer un environnement où l’équité sociale, la transparence et la dignité des travailleurs deviennent des évidences. Pour y parvenir, tout commence par une coopération entre la commune et ses habitants.

« Le programme Fairtrade Gemeng fonctionne si la résolution politique et le groupe d’action avancent ensemble », rappelle Geneviève Krol, directrice de l’ONG Fairtrade Lëtzebuer. Sans cet équilibre, pas de certification durable. « Aujourd’hui, nous avons 39 communes certifiées et 39 groupes d’action locaux, ce qui montre que l’engagement citoyen est bien réel et qu’il porte du sens. »

Ces groupes sont parfois restreints, mais jamais inactifs. Deux ou trois personnes suffisent souvent à impulser une dynamique. Geneviève Krol le souligne. « Même lorsqu’ils sont peu nombreux, ils font un travail formidable. Ce sont eux les moteurs de l’engagement, ceux qui créent du lien et qui motivent la commune à rester cohérente dans ses choix. » Parents d’élèves, membres de commissions, habitants engagés, tous peuvent rejoindre les équipes locales.

Les initiatives qu’ils lancent ponctuent la vie des communes et rendent le commerce équitable visible, tangible. Les Fair Breakfast figurent parmi les actions les plus appréciées. « Les petits-déjeuners Fairtrade, ça marche à tous les coups ! », glisse Geneviève Krol. Mais les groupes ne s’arrêtent pas là avec des stands dédiés lors d’événements, rallyes Fairtrade en marge de randonnées, expositions, dégustations, ateliers…

Cette volonté d’aller plus loin se traduit aussi par une présence active sur le terrain. « Les groupes d’action frappent aux portes des magasins, des cafés, des restaurants », explique la directrice. Leur objectif est d’encourager les acteurs économiques locaux à intégrer davantage de produits Fairtrade. Une démarche qui demande du courage. « Ils nous sollicitent souvent pour être accompagnés, car ils ont peur de ne pas pouvoir répondre à toutes les questions. Mais leur engagement est précieux, et nous sommes là pour les soutenir. »

Valérie Murat, responsable du programme, en a été témoin, notamment à Schuttrange et Contern. « Le groupe d’action a fait le tour de tous les restaurants. Ils ont expliqué le label, partagé la démarche des communes et encouragé les gérants à intégrer des produits Fairtrade. C’était impressionnant de voir leur ténacité. »

Le programme prend également de l’ampleur dans les lycées grâce aux Fairtrade Schools. Le Luxembourg en compte aujourd’hui 27. « Ce qui est magnifique, c’est que les jeunes sont bénévoles. Ils s’engagent pour leurs valeurs », note Geneviève Krol. Distribution de roses pour la Saint-Valentin, réalisations d’affiches, actions de sensibilisation : les initiatives se multiplient. L’ONG veille toutefois à assurer la continuité. « On encourage les écoles à intégrer des jeunes de différents âges pour garantir la transmission. »

La dynamique est telle que de nouvelles communes frappent déjà à la porte. « La base reste identique, mais nous renforçons certains points pour valoriser encore davantage le travail accompli. » Des projets d’envergure se développent aussi, comme les Fairtrade Games de Clervaux ou le premier livre de recettes Fairtrade Gemeng.

Sébastien Yernaux
Photos : ONG Fairtrade Lëtzebuerg

La société civile se réinvente dans un environnement hostile
La société civile se réinvente dans un environnement hostile

À la lecture de l’article « How NGOs die – Europe’s playbook for dismantling democracy » qui met en lumière la dynamique actuelle au sein de l’Union européenne à l’égard du monde associatif, notre cœur ne peut que saigner face à ce que sont devenues nos sociétés.

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Après la Seconde Guerre mondiale, la construction européenne donnait l’espoir que l’humanité allait pouvoir œuvrer autour d’un modèle économique pour assurer la paix, à l’instar de la Déclaration universelle de 1948, qui visait l’avènement d’un monde où les êtres humains seraient libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère [2].

Or, même s’il y a des mérites et des succès dans la construction du modèle européen, il faut admettre qu’il ressemble désormais à une façade de faux-semblant de paix européenne dans un monde qui repose essentiellement sur le principe de la « Realpolitik ». Un système de principes dépouillés de toute valeur et de toute morale qui finit par favoriser l’exploitation humaine et des ressources, et dont les conséquences sont l’enrichissement d’une minorité au détriment de tous les autres [3].

Oui, le monde n’a jamais été aussi riche [4]. Et, oui, les conflits ne cessent de se multiplier. Le complexe militaro-industriel se porte très bien. Certains États et entreprises n’ont pas de scrupules à faire du profit sur le dos des guerres et des génocides. Les logiciels espions se propagent rapidement en visant surtout les défenseurs·euses et les militant·e·s des droits humains [5], et le contrôle de la société civile atteint un niveau sans précédent et de non-retour avec comme conséquences des attaques, des menaces, du harcèlement, des licenciements abusifs et d’autres violations graves des libertés et des droits humains, visant de plus en plus ouvertement la société civile.

Au Luxembourg, les asbl ont dû faire face à de nombreux défis. La loi du 7 août 2023 sur les asbl, la transformation du secteur de l’éducation et des droits humains, l’épreuve de la baisse des dons depuis l’affaire Caritas et les discours stigmatisant une partie de la société civile dans un contexte de taux de risque de pauvreté persistant [6], ont mis bien des ONG à genoux.

Ceci sans parler des démarches administratives chronophages et coûteuses auprès des institutions financières en cas de changement interne, ainsi que l’avant-projet de loi sur les rassemblements et le projet de loi sur le Platzverweis [7] qui ont nourri des inquiétudes dans un contexte international déjà très précaire en matière de droit international et de droits humains.

Cependant, la société civile a toujours su s’adapter face aux grands changements et défis. Au Luxembourg, de nouvelles initiatives ont vu le jour : le 7 octobre 2024, 33 organisations de la société civile luxembourgeoise ont publié un appel rappelant l’importance de l’engagement citoyen pour défendre la démocratie (liberté d’expression et d’association) et pour faire face aux défis qui se posent à notre société, telles que la crise écologique, la crise de l’accueil des migrant·es ou la lutte contre la pauvreté. Ces organisations issues de toutes parts de la société luxembourgeoise ont réclamé de façon unanime plus de respect, plus de discernement, plus de soutien, plus d’écoute et plus d’implication de la part du gouvernement. Et elles ont insisté sur la nécessité de garantir et de protéger un espace civique ouvert et vivant au Luxembourg, donnant ainsi naissance à Voĉo [8].

Le Lëtzebuerger Flüchtlingsrot reste mobilisé [9] et le Ronnen Dësch [10] est désormais devenu un événement incontournable, tout comme la JIF. Le Votum Klima [11] prend de l’ampleur et le Forum Politique [12] alerte sur les enjeux cruciaux. Autant d’initiatives et de personnes engagées avec lesquelles Amnesty International Luxembourg est très fière de collaborer. Pour la cause humaine et les droits humains.

La société civile se mobilise et se réorganise. C’est inévitable. Il en va de l’avenir de l’humanité. Et pour la jeunesse et son avenir. Quelle voie les politiques prendront-ils ? Tout se jouera dans les prochains mois.

Car une chose est certaine : « A vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes. » John Fitzgerald Kennedy

Texte d’Amnesty International Luxembourg
Photo : © Carole Vilbois, Marche féministe 2025


[1] https://euobserver.com/eu-political/ar1c67c9a3
[2] https://european-union.europa.eu/principles-countries-history/principles-and-values/aims-and-values_fr
[3] https://www.oxfamamerica.org/explore/stories/top-5-ways-billionaires-are-bad-for-the-economy/
[4] https://www.lecho.be/economie-politique/international/general/le-nombre-de-riches-et-leur-fortune-n-ont-jamais-ete-aussi-eleves-selon-capgemini/10610248.htmlthe
[5] https://www.amnesty.lu/actualites/monde-une-surveillance-tentaculaire-mise-au-jour-dun-reseau-obscur-dexportation-de-logiciels-espions-vers-lindonesie/
[6] https://www.google.com/url?sa=t&source=web&rct=j&opi=89978449&url=https://statistiques.public.lu/fr/actualites/2025/stn40-tcs-2025.html&ved=2ahUKEwiekeTrwpCRAxVwgf0HHfRDC7gQFnoECBoQAQ&usg=AOvVaw1eEDs5mU5kNXptHXBF3gch
[7] https://www.chd.lu/fr/node/2529
[8] https://www.amnesty.lu/voco/
[9] https://www.lfr.lu/
[10] https://www.ronnendesch.lu/
[11] https://www.votumklima.lu/
[12] https://www.sosfaim.lu/actualites/le-forum-politique-fopo-des-ongd-a-presente-les-defis-actuels-du-secteur-a-la-commission-des-affaires-etrangeres-de-la-chambre-des-deputes/

L'énergie citoyenne au Luxembourg : la force des coopératives locales
L’énergie citoyenne au Luxembourg : la force des coopératives locales

La transition énergétique est non seulement une affaire de technologies, mais aussi d’investissements collectifs. C’est de cette manière qu’elle devient une véritable transformation. Les coopératives énergétiques citoyennes sont de tels investissements collectifs.

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L’émergence de ce mouvement citoyen remonte à une douzaine d’années et s’est développé entretemps dans le pays entier. Les coopératives énergétiques ont jadis commencé à mettre en pratique une idée tout aussi simple qu’ingénieuse : produire ensemble de l’énergie localement. L’une des plus anciennes et emblématiques de ces coopératives est Equienercoop, fondée en 2012, suivie par TM Enercoop en 2013 ou encore Energy Revolt.

Les coopératives énergétiques s’appuient sur le principe de la participation citoyenne. Elles permettent à des particuliers, des communes et parfois des entreprises locales de s’unir pour investir dans des projets de production d’énergie renouvelable, principalement photovoltaïque. En achetant une ou plusieurs parts auprès d’une coopérative, on devient coopérant et par là copropriétaire d’une installation. Les bénéfices sont partagés.

Ces initiatives incarnent aussi une nouvelle forme de gouvernance énergétique, car les décisions sont prises de manière transparente et démocratique par les membres de la coopérative. Ceci distingue ces structures de l’opacité des structures des énergies nocives, les énergies fossiles, ou nucléaires, où les décisions sont prises par un cercle très restreint de personnes. En rejoignant une coopérative, chaque membre devient acteur de la transformation : il choisit de soutenir un modèle énergétique transparent, démocratique et durable et contribue à la décarbonation.


« L’énergie la plus puissante est celle qui vient des citoyens. »

Paul Zens, président d’Eurosolar Lëtzebuerg

Produire et consommer localement

Depuis 2023 existe la possibilité de la consommer ensemble localement. L’essor des communautés énergétiques marque une nouvelle étape dans cette évolution. Grâce aux réglementations européennes traduites en lois nationales, il est désormais possible pour des citoyens d’échanger directement l’électricité produite au sein d’un même quartier ou d’un même village.

Cette option est exploitée par plusieurs coopératives, dont Energy Revolt avec le développement de la communauté énergétique de Beckerich, ou Enercoop Uelzechtdall avec ses projets sur des bâtiments de la commune de Steinsel et une structure de l’Association Luxembourg Alzheimer. Dans le cas de communauté énergétique HalerRéimerStross, un citoyen a initié une communauté énergétique locale grâce à sa détermination et son travail d’information auprès des habitants. Son initiative a permis de réunir une vingtaine de voisins dans différents groupes de partage.

Ces initiatives ont été honorées lors de la cérémonie du Prix solaire luxembourgeois, car elles montrent que l’esprit coopératif est bien vivant et disposé à explorer de nouvelles voies. Ces communautés énergétiques locales, dont le nombre a quadruplé en un an, favorisent l’autoconsommation collective, renforcent la résilience énergétique et contribuent à la réduction des coûts pour les ménages.

Prix solaire luxembourgeois 2025
Prix solaire luxembourgeois 2025 - ©Eurosolar

L’engagement collectif à la base d’une transformation énergétique et sociétale

Paul Zens
Paul Zens - ©Eurosolar

Au sein de ces structures, on partage la même conviction et travaille pour le même but, à savoir produire, stocker et vendre de l’énergie renouvelable afin de faire progresser activement la transition énergétique au niveau local. Cet esprit commun fait qu’au-delà des bilans et de l’aspect technique, les coopératives énergétiques créent du lien social et valorisent l’action locale.

Eurosolar Lëtzebuerg soutient pleinement cette approche participative et milite en faveur d’un cadre politique et économique qui facilite encore davantage la création et le fonctionnement de ces coopératives et communautés. La réussite de la transformation énergétique et sociétale passera inévitablement par l’engagement collectif, la mutualisation des savoirs et une gouvernance partagée. Pour cela, Eurosolar organise des workshops et séminaires en collaboration avec le CELL (Citizens for Ecological Learning). Eurosolar est aussi actif auprès de REScoop, la fédération européenne des communautés énergétiques.

Cette culture énergétique nouvelle, fondée sur la solidarité, la responsabilité et la durabilité, est un projet commun, national et européen. Elle nous rappelle que l’énergie la plus puissante est celle qui vient des citoyens.

Texte de Paul Zens, président d’Eurosolar Lëtzebuerg
Photo principale : TM Enercoop - installation photovoltaïque sur le toit de la Maison des Jeunes de Differdange, en 2017

Le partage d'énergie : quand la collaboration devient une force durable
Le partage d’énergie : quand la collaboration devient une force durable

Et si l’énergie que l’on ne consomme pas devenait un flux que l’on partage ? Dans un monde où la transition énergétique s’accélère, le partage d’énergie ouvre la voie à une approche plus locale, plus solidaire et plus durable de la consommation.

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Qu’est-ce que le partage d’énergie ?

Le principe est simple : des producteurs d’électricité renouvelable, souvent équipés de panneaux solaires, partagent leur surplus avec un groupe de consommateurs.

Résultat ? Chacun soutient une énergie locale, verte et produite à proximité, plutôt qu’une énergie qui doit parcourir de longues distances.

En plus d’être écologique, ce système favorise l’auto-organisation locale : chaque groupe fixe son propre tarif, déterminé collectivement par ses membres. Selon le type de partage, il est également possible de réduire certains frais liés à l’utilisation du réseau d’électricité, ce qui renforce l’avantage économique. C’est un modèle bénéfique à la fois pour les producteurs, les consommateurs et pour l’environnement.

Qui peut créer un groupe de partage d’énergie ?

Bonne nouvelle : presque tout le monde peut participer ! Que vous soyez un particulier, une PME, ou une commune, vous pouvez rejoindre ou créer un groupe. Voici les principales formules possibles :

  1. Autoconsommation collective renouvelable (ACR) : idéal pour les voisins d’un même immeuble partageant l’énergie solaire. Dans ce type de groupe, les frais de réseau ne s’appliquent pas à l’énergie partagée.
  2. Autoconsommation collective locale (AC1) : parfait pour des PME ou des foyers très proches géographiquement. Les frais de réseau ne s’appliquent pas à l’énergie partagée.
  3. Autoconsommateur à plusieurs sites (APS) : pour une seule entité partageant son énergie entre plusieurs sites. Les frais de réseau s’appliquent à l’énergie partagée.
  4. Communauté énergétique locale (CEL) : regroupe des citoyens, des PME et des autorités locales autour d’un projet local, sous une distance de 300 m. Les frais de réseau ne s’appliquent pas à l’énergie partagée.
  5. Communauté énergétique renouvelable (CER) : Pour des projets à l’échelle nationale ou des communautés dont les membres se trouvent à plus de 300 m. Les frais de réseau s’appliquent à l’énergie partagée.

Comment gérer un groupe de partage ?

Vous avez choisi votre configuration et créé votre groupe de partage. Maintenant :

  • les producteurs doivent être rémunérés pour l’énergie qu’ils partagent ;
  • les consommateurs doivent payer ce qu’ils consomment ;
  • et tout le monde a besoin d’un suivi simple, transparent et fiable.

C’est là qu’Enovos intervient, en vous accompagnant de A à Z pour que l’expérience soit fluide et équitable pour chaque membre. Et bien sûr, Enovos est compatible avec toutes les configurations : ACR, AC1, APS, CEL, et CER.

Avec son Energy Sharing Service, Enovos prend en charge toute l’administration du groupe : onboarding des membres et cadre contractuel, gestion des flux d’énergie et des tarifs, facturation et reversements, suivi des paiements, et le tout piloté dans MyEnovos, où chacun voit clairement ce qu’il a produit ou consommé. C’est simple, sécurisé et transparent.

Ensemble, faisons circuler la good energy

Le partage d’énergie n’est pas qu’une innovation technologique : c’est une nouvelle manière de vivre. Les producteurs et consommateurs d’électricité partagée d’aujourd’hui deviennent les acteurs du changement de demain : autonomes, connectés et solidaires. Et cette ambition est déjà lancée : Enovos accueille déjà les premiers groupes de early adopters, avant un déploiement à plus grande échelle prévu en mars 2026.

Intéressé(e) par le partage d’énergie et le service d’Enovos ? Rendez-vous sur energysharing.enovos.lu.

Texte et photo d’Enovos Luxembourg

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Faire entendre ses revendications grace aux pétitions publiques
Faire entendre ses revendications grace aux pétitions publiques

Depuis mars 2014, tout citoyen âgé de 15 ans au moins et inscrit au Registre national des personnes physiques peut déposer une pétition publique en ligne. Si elle récolte 5.500 signatures en 42 jours, le pétitionnaire est invité à défendre sa cause devant les députés et les ministres concernés, lors d’un débat public.

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Marc Fischbach, le premier Ombudsman du Luxembourg (de 2004 à 2012) défendait dès 2008 l’introduction d’un système d’e-pétition « afin de promouvoir une société plus participative et l’émergence de propositions venant ‘du bas’. Une telle innovation contribuerait de son point de vue à prévenir ‘le risque de rupture inhérent à toute démocratie somnolente’ », relate une étude de 2020 sur l’influence des e-pétitions sur la décision politique (1).

Elle explique que « dans le contexte luxembourgeois, un canal de participation alternatif se justifie aussi par la composition très particulière de la population qui […] comprend une large proportion de résidents étrangers (47 % de la population en 2019) et de travailleurs frontaliers […]. Il s’agit d’une population qui est peu ou pas du tout engagée dans le processus politique et qui serait susceptible de bénéficier du système d’e-pétitions afin de faire entendre sa voix. »

Un outil pour défendre l’environnement

En place depuis 2014, ce système est un outil d’expression démocratique pour les citoyens. Pour quelles revendications en font-ils usage ? Des éléments de réponse se trouvent dans un document de la Chambre des députés de 2023, qui donne un aperçu général des thématiques abordées dans les pétitions publiques, depuis leur introduction.

Entre 2014 et 2023, la mobilité (16%), la santé (10,9%) ainsi que le travail et l’emploi (9,8%) sont les trois sujets que l’on retrouve le plus dans les pétitions publiques. L’environnement arrive en 5e position sur 21 dans le classement des thématiques abordées par les pétitionnaires, avec 134 e-pétitions déposées sur le sujet, soit 6,4% du total. La protection des animaux apparaît aussi comme une thématique à part entière en représentant 2,2% de l’ensemble des pétitions publiques – soit 47 déposées.

L’impact est-il réel ?

Une fois les revendications exprimées, encore faut-il qu’elles aient des répercussions concrètes sur les politiques mises en place dans le pays. Selon l’étude de Raphaël Kies et Sven Seidenthal (1), « les probabilités qu’une e-pétition soit prise en considération par le gouvernement sont liées à essentiellement trois facteurs : 1) la compatibilité avec l’agenda du gouvernement, 2) la compétence du gouvernement et 3) l’accord du gouvernement avec les revendications des pétitionnaires. » Le soutien populaire ou médiatique ne sont, eux, que « peu significatifs » pour la concrétisation de la revendication exprimée.

La Chambre donne des exemples de pétition qui auraient, selon elle, abouti à la mise en œuvre de mesures sous la législature 2018-2023. D’abord avec la pétition 2431, sur le développement d’un réseau de stations-service à hydrogène. En septembre 2022, le ministre de la Mobilité et celui de l’Énergie ont annoncé le développement de la première station publique à hydrogène au Luxembourg par TotalEnergies. Ce projet faisait déjà partie du programme du gouvernement, difficile donc de dire si la revendication citoyenne a eu un rôle à jouer dans sa mise en œuvre.

Autre illustration donnée par la Chambre : la pétition 1843, intitulée « Bien-être animal : Interdiction d’abattage du bétail luxembourgeois dans des abattoirs non certifiés UE » qui a fait l’objet d’un débat le 5 juillet 2021. Le 22 février 2022, le ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural a annoncé la fin des exportations d’animaux vivants du Grand-Duché vers des abattoirs situés dans des pays tiers à partir du 1er mars 2022.

L’étude des chercheurs de l’Université du Luxembourg cite encore deux exemples relatifs à la cause animale : « Les pétitions 331 et 334 ont également fait l’objet d’une résolution rapide. Toutes deux promeuvent une plus grande protection des animaux et ont eu un impact important, dans la mesure où un nouveau projet de loi reprenant les demandes des pétitionnaires a été déposé à la Chambre des députés en mai 2016. » Il s’agit du projet de loi n°6994, sur la protection des animaux. Le 17 février 2017, le ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et de la Protection des consommateurs de l’époque, Fernand Etgen, avait adressé un courrier au ministre aux Relations avec le Parlement (poste alors occupé par Marc Hansen) dans lequel il attestait de la prise en compte de la pétition 331 dans ce projet de loi : « En ce qui concerne la pétition n° 331 - Méi ee strengt Déiereschutzgesetz, un projet de loi qui tient compte des revendications des pétitionnaires a été déposé à la Chambre des députés le 24 mai 2016 (doc. parlementaire n° 6994). »

Qu’elles aboutissent à une prise de décision du gouvernement ou pas, les pétitions publiques restent un moyen pour les citoyens de faire entendre leur voix auprès des institutions. Elles sont aussi une façon de faire naître un débat, qui dépasse parfois les murs de la Chambre des députés. Plus qu’un outil, le droit de pétition est un droit fondamental de tout citoyen, consacré à l’article 27 de la Constitution luxembourgeoise.

Léna Fernandes
Photo : © Chambre des députés

(1) Raphaël Kies et Sven Seidenthal (2020) Quand les e-pétitions influencent-elles la décision politique ? Une analyse du système de pétitions électroniques de la Chambre des députés du Luxembourg, Participations 2020/3 N° 28, pages 177 à 202, Éditions De Boeck Supérieur

L'Europe et le Luxembourg à l'écoute des citoyens
L’Europe et le Luxembourg à l’écoute des citoyens

Deux outils permettent aux citoyens d’influencer la loi, en Europe comme au Luxembourg. L’Initiative citoyenne européenne monte en puissance tandis que la nouvelle procédure luxembourgeoise attend encore ses premiers projets. Deux niveaux, un même enjeu : rendre la décision plus accessible.

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Depuis plus de dix ans, l’Initiative citoyenne européenne (ICE) s’est imposée comme l’outil participatif le plus ambitieux de l’Union. Le principe est a priori simple, comme l’explique le site officiel : « si un million de citoyens issus d’au moins sept États membres soutiennent une proposition, la Commission européenne doit l’examiner et répondre publiquement », peut-on lire sur le site de l’Union européenne. « Les thématiques peuvent couvrir l’environnement, l’agriculture, la santé, la protection des consommateurs ou encore les transports. »

Pour les organisateurs, la marche à suivre est exigeante. « Il faut d’abord constituer un comité de sept citoyens résidant dans sept pays différents, puis enregistrer l’initiative auprès de la Commission. Une fois validé, le comité dispose de 12 mois pour récolter les signatures, en ligne ou sur papier. Chaque pays dispose d’un seuil minimal : au Luxembourg, il faut collecter 4.500 déclarations de soutien pour que le pays soit comptabilisé parmi les sept requis. »

Depuis 2024, plusieurs ajustements ont renforcé le dispositif, notamment la mise à jour des seuils nationaux de signatures. Les campagnes se sont aussi multipliées. En 2025, l’UE a enregistré de nouvelles initiatives comme HouseEurope ! (rénovation énergétique des bâtiments) ou Save Your Right, Save Your Flight ! (droits des passagers aériens). Certaines sont même déjà arrivées au stade politique avancé, comme l’initiative contre les thérapies de conversion, débattue au Parlement européen à l’automne 2025 et qui a eu quel résultat ? peut-être ajouter au moins un lien.

L’outil produit des effets concrets. Depuis sa création, onze initiatives ont franchi le cap du million de signatures, donnant lieu à des réponses officielles, parfois suivies d’actions législatives. Parmi les plus marquantes : Right2Water qui a contribué à faire évoluer la directive européenne sur l’eau potable ; Stop Glyphosate, qui a pesé sur les critères de réautorisation du pesticide ; Save Bees and Farmers ! ou encore Fur Free Europe, dont les retombées continuent d’alimenter le débat sur la protection animale.

Pour soutenir une initiative, rien de plus simple. Il suffit de se rendre sur la plateforme officielle et de signer électroniquement. Pour en organiser une, c’est un véritable projet citoyen, souvent transnational, qui repose sur la mobilisation, la communication et le respect strict des règles techniques – notamment la certification du système de collecte en ligne. Au Luxembourg, cette certification est assurée par le Centre des technologies de l’information de l’État (CTIE).

Le Luxembourg se dote de son propre outil législatif citoyen

À l’échelle nationale, le Luxembourg n’est pas en reste. Depuis la révision constitutionnelle entrée en vigueur le 1ᵉʳ juillet 2023, les citoyens disposent d’un nouvel instrument : la Proposition motivée à des fins de légiférer (PML). Inspiré de l’Initiative citoyenne européenne, ce mécanisme permet de déposer un texte de loi directement à la Chambre des Députés.

Le fonctionnement est clair, comme l’explique la Chambre des députés : « Une initiative doit être portée par 125 électeurs luxembourgeois majeurs, puis récolter 12.500 soutiens pour devenir une proposition de loi à part entière. Contrairement aux pétitions publiques, ouvertes aux résidents dès 15 ans, la PML est réservée aux personnes ayant le droit de vote aux élections législatives, ce qui la rend plus restreinte mais aussi plus directement connectée au pouvoir législatif. »

Pour faciliter la démarche, l’État a lancé une plateforme dédiée : propositions.lu. Elle permet de déposer un texte, de le structurer et de recueillir les soutiens nécessaires. Le cadre légal, précisé dans le projet de loi 8037, fixe les règles de recevabilité, les contrôles de validité et les modalités de dépôt.

Cependant, à ce jour, aucune initiative n’a encore été déposée, validée ou rejetée. Les pages officielles recensant les propositions valides ou invalides restent vides. Plusieurs raisons peuvent l’expliquer : un cadre juridique encore jeune, un lancement discret, un outil méconnu du grand public et, peut-être, un seuil de 12.500 signatures qui représente un défi important pour un pays de la taille du Grand-Duché (660.000 citoyens).

Cela n’enlève rien à son potentiel. La PML peut devenir un levier puissant pour faire remonter des problématiques locales : logement, mobilité, transition énergétique, santé publique, protection de la nature… Le dispositif n’attend que ses premiers porteurs pour entrer dans la vie démocratique luxembourgeoise.

Deux échelles, un même objectif : mettre la démocratie en mouvement.

Sébastien Yernaux
Photo principale : © Eurogroup for Animals

Du parcours scolaire à l'engagement humanitaire : le récit d'une vocation
Du parcours scolaire à l’engagement humanitaire : le récit d’une vocation

Pour éveiller aux enjeux sociaux et créer des vocations, le cadre scolaire joue un rôle déterminant. Incité dès son plus jeune âge à quitter les bancs de l’école pour se rendre utile, Christian Zimmer s’est petit à petit investi dans diverses ONG, jusqu’à devenir l’actuel trésorier et vice-président d’Aide à l’Enfance de l’Inde et du Népal (AEIN).

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Aussi loin qu’il s’en souvienne, Christian Zimmer a toujours aimé rendre service. « En tant qu’écolier, je n’aimais pas particulièrement les cours, je préférais m’impliquer au club des ordinateurs de mon lycée dont je suis devenu président. On apprenait aux plus jeunes à programmer, on bricolait avec des ordinateurs… ». Porté par un cadre éducatif bienveillant, il a saisi pendant ses études en sciences commerciales à Bruxelles l’occasion qui lui était donnée d’aider et de représenter ses camarades au conseil des étudiants.

Premiers pas sur le terrain humanitaire

C’est également depuis la Belgique qu’une nouvelle opportunité s’offre à lui : « En deuxième année, nous pouvions choisir entre un stage en entreprise et un projet humanitaire. J’ai décidé de suivre une ONG bruxelloise en Inde. » Après avoir collecté les fonds nécessaires, le groupe est parti construire des maisons dans un village. Une expérience qui l’a sensibilisé à la problématique de la pauvreté.

Par la suite, Christian participe ponctuellement à d’autres actions, notamment avec Make a Difference aux États-Unis.

Un voyage décisif

En 2010, il retourne en Inde pour un voyage touristique avec son frère et un ami. En quelques minutes, un simple détail marque son esprit :


« Un matin, je me baladais seul avec mon appareil photo. C’était l’heure d’aller à l’école. Ce matin-là, j’ai croisé trois garçons en uniforme, en route pour l’école. Quelques minutes plus tard, j’ai rencontré un groupe de filles, très souriantes et qui essayaient de communiquer avec moi, mais sans uniforme. Elles n’allaient pas à l’école. Cela m’a interpellé. Je ne me suis pas lancé tout de suite en tant que bénévole engagé, mais c’est resté dans un coin de ma tête ».

Christian Zimmer, AEIN

- ©Christian Zimmer

À la rencontre d’Aide à l’Enfance de l’Inde et du Népal (AEIN)

C’est finalement un peu par hasard qu’il découvre AEIN en 2012. Avec l’aide de l’Agence du Bénévolat, il sélectionne les ONG luxembourgeoises actives en Inde et entre en contact avec la plus proche. Il y rencontre Gusty Braun, alors très actif dans le groupe de sensibilisation chez AEIN, dont l’engagement et les connaissances l’inspirent immédiatement.

L’approche d’AEIN le convainc également : « L’avantage, c’est que l’association coconstruit des projets avec les partenaires locaux, et en prenant en charge un problème dans sa globalité. Elle ne se contente pas d’envoyer les enfants à l’école, elle s’assure aussi qu’ils apprennent les matières qui n’y sont pas enseignées – telles que leurs droits ou comment les réclamer. AEIN veille à ce que ces enfants aient toujours quelque chose à manger, et que toute leur communauté en profite à long terme. »

Sa première contribution consiste à intervenir dans un partenariat sur plusieurs années avec le Lycée Aline Mayrisch. Ce programme, comprenant des actions de sensibilisation et de collecte de fonds, incluait des échanges entre élèves luxembourgeois et indiens, intégrés dans un projet de développement plus vaste, intitulé « SAKHI ». Christian s’est lui-même rendu sur place en 2014 avec Gusty Braun, et continue à gérer SAKHI depuis le Luxembourg.

De la sensibilisation à la gouvernance associative

En parallèle, Christian collabore avec d’autres associations dans divers projets. Il a par exemple accompagné un groupe d’élèves en Afrique du Sud. De telles initiatives le confortent dans sa conviction qu’il est essentiel de sensibiliser aux thématiques de la pauvreté et de l’inégalité, auxquelles les enfants et adolescents de certaines régions du Luxembourg ne sont que très peu confrontés.

Au fil des ans, il prend d’autres rôles chez AEIN, gérant notamment le volet informatique. Il voyage moins depuis qu’il a des enfants, mais poursuit la gestion de projets dans son temps libre. Il y a six ans, il devient administrateur (trésorier) et vice-président l’année suivante.

Une conviction personnelle : rendre ce que l’on a reçu

Christian Zimmer estime qu’il a beaucoup de chance dans sa vie – de vivre au Luxembourg, d’avoir fait de bonnes études, d’avoir une famille en bonne santé, un emploi épanouissant et qui le rémunère correctement – et que cela le rend redevable envers la société.

« L’échange » est un terme qu’il aime utiliser, car s’il investit beaucoup de temps et d’énergie dans ces projets humanitaires, il en retire également énormément de satisfaction et d’apprentissage. Comme il aime le dire : « c’est la cause qui m’a trouvé ».

Marie-Astrid Heyde
Portraits : Picto/Eve Millet

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Les actions au développement international de la Fondation Follereau
Les actions au développement international de la Fondation Follereau

Depuis six décennies, la Fondation Follereau Luxembourg accompagne les communautés africaines vers plus d’autonomie. Santé, éducation, protection, urgence : ses actions s’appuient sur un même fil rouge, celui d’un développement durable construit avec les acteurs locaux et pensé pour transformer la vie des populations sur le long terme.

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Un impact qui s’inscrit dans le temps

Depuis 60 ans, la Fondation Follereau Luxembourg (FFL) œuvre pour améliorer durablement la qualité de vie des populations vulnérables en Afrique. Initialement fondée sur l’humanisme de Raoul Follereau, qui a inspiré ses premières actions, la Fondation a su évoluer. Elle s’est progressivement tournée vers des partenariats solides, devenus le cœur de son mode d’intervention. Aujourd’hui, elle agit dans quatre domaines clés : la santé, l’éducation, la protection et l’urgence. Ces axes s’appuient sur une vision commune : renforcer les capacités locales, favoriser l’autonomie et construire des changements qui perdurent au-delà des projets.

Sa philosophie de travail est claire : soutenir les initiatives locales, s’aligner sur les priorités nationales et promouvoir un développement équitable, socialement juste et respectueux de l’environnement. Les projets sont conçus avec les communautés, les autorités et les partenaires locaux pour garantir leur pertinence, leur appropriation et leur durabilité.

La santé : renforcer les systèmes locaux pour un impact durable

L’accès aux soins reste un défi majeur dans de nombreuses zones rurales. La FFL soutient la construction et l’équipement de centres de santé, la formation du personnel médical et la sensibilisation communautaire. Cette approche permet d’améliorer l’accès immédiat aux soins et de renforcer les systèmes sanitaires à long terme.

La fondation continue également les efforts contre les maladies tropicales négligées telles que la lèpre ou l’ulcère de Buruli. Les projets combinent prévention, dépistage et traitement, tout en formant des relais communautaires qui deviennent des acteurs locaux du changement.

La durabilité est intégrée à chaque étape : implication des comités de gestion, formation continue, intégration des structures dans les dispositifs nationaux et solutions environnementales comme l’installation de panneaux solaires.

L’éducation et la formation professionnelle : construire l’autonomie de demain

L’accès à une éducation de qualité constitue un puissant levier pour briser le cycle de la pauvreté. La FFL soutient la construction de centres de formation professionnelle, la formation d’enseignants et l’accès au matériel pédagogique. Une attention particulière est portée aux filles et aux jeunes mères.

Les programmes de formation professionnelle visent l’autonomie économique durable des jeunes et des femmes. Ils incluent des formations qualifiantes, du coaching entrepreneurial et le soutien à des activités génératrices de revenus (AGR). Ces actions répondent aux défis ruraux : manque de débouchés, déscolarisation, vulnérabilité économique et risques accrus d’exploitation.

L’objectif est de former mais aussi de permettre une réelle insertion professionnelle. L’accompagnement jusqu’à l’emploi, le développement d’AGR et le soutien aux coopératives renforcent l’impact durable des projets et dynamisent les économies locales.

La protection des enfants : un engagement global pour leur avenir

La FFL poursuit son engagement contre la traite et l’exploitation des enfants. L’approche est globale : sensibilisation des communautés, identification précoce des situations à risque, accompagnement psychosocial, retour en famille, scolarisation ou orientation professionnelle.

Cette démarche intégrée vise non seulement à protéger les enfants aujourd’hui mais aussi à prévenir durablement les risques futurs. En renforçant les capacités familiales et communautaires et en soutenant l’autonomie économique, les projets réduisent les vulnérabilités qui exposent les enfants à l’exploitation.

L’urgence : agir ponctuellement pour renforcer la résilience

Ensemble avec l’organisation suisse FAIRMED, la FFL apporte un soutien médical d’urgence pour limiter les conséquences sanitaires dans un contexte de conflit prolongé en République Centrafricaine.

Même en période de crise, la logique de durabilité reste présente : renforcer les structures locales pour que les communautés puissent mieux faire face aux difficultés. La fondation suit une approche dite “triple nexus”, qui combine aide d’urgence, actions de développement et soutien à la paix. Elle permet de répondre aux besoins immédiats tout en travaillant sur les causes profondes de la fragilité dans les contextes marqués par les conflits.

Une approche intégrée et durable au cœur de la stratégie

La Fondation Follereau inscrit l’ensemble de ses actions dans une logique de cohérence, de participation locale et de durabilité. Cela repose sur plusieurs piliers :

Appropriation locale

Les projets émergent des besoins exprimés par les communautés et les partenaires locaux. Les autorités sont impliquées dès le départ et assument progressivement la gestion des infrastructures.

Renforcement des capacités

La FFL soutient de manière structurelle les organisations locales : gouvernance, gestion financière, gestion de projet, formations techniques, audits réguliers. Ce transfert de compétences garantit la continuité des projets.

Durabilité sociale

L’inclusion des femmes, des jeunes et des groupes marginalisés est un axe prioritaire. Chaque intervention vise à réduire les inégalités structurelles et à renforcer l’équité.

Durabilité économique

Les projets favorisent l’économie locale en mobilisant la main-d’œuvre locale, en stimulant l’entrepreneuriat et en soutenant des mécanismes d’autofinancement.

Durabilité environnementale

La FFL intègre systématiquement des études d’impact environnemental et des mesures protectrices : gestion responsable des ressources, reboisement, énergies renouvelables, infrastructures résilientes.

Par une approche humaine et participative, la Fondation Follereau Luxembourg améliore durablement la vie de milliers de personnes. En soutenant les systèmes locaux, elle aide les communautés à développer leurs propres solutions et à renforcer leur autonomie.

Texte et photos par la Fondation Follereau Luxembourg

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Un chocolat au moringa entre Luxembourg et Burkina Faso
Un chocolat au moringa entre Luxembourg et Burkina Faso

Né d’une rencontre initiée par Infogreen, le chocolat au moringa unit DuniaGreen et les Ateliers du Tricentenaire autour d’un projet à la fois gourmand, solidaire et profondément humain. Une tablette qui raconte des femmes, des liens tissés entre continents et un engagement partagé.

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Pour Pauline Keller, gérante de DuniaGreen, tout commence bien avant la tablette. « J’ai grandi au milieu des cacaoyers. Le chocolat, ce sont des histoires de famille, d’Afrique et de transmission. » Le moringa entre dans sa vie plus tard, lorsqu’elle choisit d’accompagner des femmes burkinabées désireuses de développer une plante « qui ne coûte presque rien, pousse dans le désert et nourrit des enfants sous-alimentés ».

Le projet prend une autre dimension lorsque Frédéric Liégeois et infogreen mettent DuniaGreen en contact avec les Ateliers du Tricentenaire. Pauline y trouve une écoute rare. « Le Bar à chocolats nous avait déjà tendu la main. Je me suis dit : pourquoi aller ailleurs alors que le Tricentenaire représente mon histoire du moringa ? »

À Ouagadougou, une dégustation improvisée finit de déclencher l’idée. Un chocolatier burkinabé lui fait goûter des pralines au moringa. « C’était pédagogique. On me montrait ce que je pouvais faire. » De retour au Luxembourg, elle revient naturellement vers le Tricentenaire.

Chez Jérôme Colson, directeur des Ateliers du Tricentenaire, l’évidence est immédiate : « On est dans la valorisation des travailleurs d’ici et d’ailleurs, dans le Fairtrade. Ça avait tout son sens. Intégrer du moringa, on ne l’avait jamais fait… mais pourquoi pas ? »

L’équipe se met alors en mode exploration. « Il fallait comprendre le produit, ses qualités nutritives, et trouver comment l’intégrer. On a fait plusieurs tests. » Nuria, membre également des Ateliers, confirme. « Le moringa est amer. Il fallait le bon équilibre pour rester agréable. » Le choix du chocolat noir s’impose. « C’est celui qui respecte le mieux le côté nutritif et santé », explique Jérôme Colson.

Un projet solidaire et profondément humain

Si la tablette intrigue, c’est surtout son histoire qui touche. À travers cette plante, Pauline Keller accompagne aujourd’hui des centaines de femmes et de jeunes filles : culture, transformation, confection de tote bags, châles ou accessoires. « On a créé un réseau d’économie circulaire. Aujourd’hui, elles gagnent leur vie dignement. »

L’impact est concret : 10.000 arbres plantés, un objectif fixé à 100.000, et le financement progressif de l’irrigation goutte-à-goutte pour survivre à huit mois sans pluie. « La vente des chocolats servira à ça. On veut aller plus loin, alphabétiser 300 jeunes filles et étendre les plantations. »

Au Luxembourg, la collaboration avec les Ateliers du Tricentenaire dépasse largement la technique. « C’est un partenariat où chacun écoute l’autre. Toute l’équipe s’est donnée à fond. Ce n’est pas juste du business », insiste Pauline Keller.

Les tablettes, déjà disponibles, portent des noms qui célèbrent celles et ceux qui ont marqué l’histoire du cacao et des luttes sociales : Lumumba, Fanon, Mandela. « C’est notre manière de rendre hommage aux héros de la dignité », glisse-t-elle.

Pour Jérôme Colson, cette aventure est fidèle à l’ADN du Tricentenaire. « Nous produisons, DuniaGreen développe, et ensemble on avance. C’est ça, le sens du projet. » Nuria conclut avec simplicité : « Il fallait juste trouver le bon mélange. Maintenant, c’est fait. »

Sébastien Yernaux
Photos : DuniaGreen

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