Le dossier du mois

Une thématique dans chaque #DossierDuMois, avec la rédaction d’Infogreen et l’expertise de nos partenaires

Publié le 7 février 2019
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février 2019

Les dessous du textile !

De la production au recyclage, le secteur de la mode soulève de multiples problématiques tant environnementales que sociales.

Les dessous du textile !
La filière textile, un tissu de problèmes
La filière textile, un tissu de problèmes

De la production au recyclage, la filière textile soulève de multiples problématiques tant environnementales que sociales, et elle reste très opaque. Sont en cause des prix sans cesse tirés vers le bas, un secteur globalisé qui échappe aux règles et un nombre d’intermédiaires qui rend toute traçabilité quasi impossible.

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Les vêtements, un sujet ô combien délicat ! Car on ne s’habille pas seulement pour se couvrir, mais aussi pour montrer qui on est. A fortiori dans les pays riches, très portés sur l’image, où il est aujourd’hui inconcevable de ne pas exhiber une grande variété de pièces, de porter plusieurs saisons de suite le même manteau, plusieurs jours la même robe, ou encore d’envoyer ses enfants à l’école avec un sweat-shirt tâché (la tâche fût-elle propre). Les marques l’ont bien compris et encouragent allègrement notre propension à (sur)consommer.

L’envers du décor est moins reluisant. Ce sont les marques qui contrôlent l’accès au marché, imposent leurs conditions à leurs fournisseurs et empochent le magot. Conséquences : d’un bout à l’autre de la chaîne, les vêtements qui nous mettent en valeur sont fabriqués dans des conditions déplorables. Les êtres humains, les animaux (si on parle de cuir ou de fourrure) et la planète sont malmenés. Cela peut aller très loin… jusqu’à des catastrophes comme l’effondrement du Rana Plaza qui a secoué l’opinion publique en 2013.

Les cadences de travail sont infernales, on exploite des enfants, on paie très mal voire pas du tout. Selon une étude menée par AchACT, sur un t-shirt vendu 29 euros, le salaire de la couturière ne représente que 0,18 euro, alors que plus de 20 euros reviennent à la marque ! 60 millions de travailleurs sont concernés dans le monde, dont 80 % sont des femmes.

Les normes de sécurité ne sont pas respectées et la santé est négligée. Que ce soit dans les champs de coton ou dans les usines lors des procédés de blanchiment, de teinture ou d’impression, les ouvriers sont fortement exposés à des substances toxiques qui, en plus de représenter un danger pour leur santé (et celle des personnes qui, plus tard, enfileront ces tissus à même leur peau) en sont aussi un pour la planète.

L’eau et les sols sont pollués, la biodiversité en prend un sérieux coup. Des litres d’eau sont gaspillés pour faire pousser les fibres végétales et les transformer en fil puis en tissu. Les montagnes de déchets issus de cette industrie et les kilomètres parcourus chaque jour par ces tonnes de matière première et de marchandise des points de production vers les points de transformation, puis vers les points de confection et enfin, vers les points de vente, constituent un double défi environnemental.

Les vêtements une fois achetés, leur entretien et leur lavage requièrent encore de l’eau et des produits chimiques en quantités excessives. De plus, leur usure génère des fibres qui se dégradent difficilement, souillent les océans et se retrouvent ensuite dans nos assiettes avec l’impact qu’on connaît sur notre santé.

Dans ce noir tableau, la bonne nouvelle, c’est qu’en tant que consommateur, chacun de nous a la possibilité d’enrayer la machine. D’abord en achetant selon ses besoins (et pas plus), ensuite en prolongeant autant que faire se peut la durée de vie de ses vêtements (en les transformant quand ils sont délavés, usés, tâchés ou troués et en les faisant circuler au sein de sa communauté quand ils sont encore portables), enfin en achetant bio et équitable.

L’autre bonne nouvelle, c’est qu’au niveau législatif, les choses commencent à bouger aussi. La France a fait un premier pas en publiant, en mars 2017, une loi qui impose un « devoir de vigilance » aux sociétés mères et entreprises donneuses d’ordre, les obligeant à vérifier que toutes les filiales, sous-traitants et fournisseurs respectent « les droits humains et les libertés fondamentales, la santé et la sécurité des personnes ainsi que l’environnement ». Ne sont concernées pour l’instant que les entreprises de plus de 5.000 employés en France ou 10.000 salariés si le siège social est à l’étranger, mais c’est déjà un premier pas...

Mélanie Trélat
Photo d’illustration Unsplash
Schéma cycle de la filière textile (Fairtrade)

Le coton, blanc comme neige ?
Le coton, blanc comme neige ?

On croit bien faire en achetant un t-shirt en coton. En effet, quoi de plus naturel que cette matière utilisée depuis des millénaires pour fabriquer du tissu ? Mais sa culture cache d’innombrables problèmes sociaux, sanitaires et environnementaux...

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Le coton, ce sont près de 100 millions d’exploitations agricoles, situées en majorité dans les pays du Sud, pour la plupart familiales et de petite taille. En un demi-siècle, sa production a plus que doublé. Elle atteignait 25,4 millions de tonnes en 2017-2018.

Mais la culture du coton puise lourdement dans les ressources naturelles : 2 700 litres d’eau sont nécessaires pour fabriquer un seul t-shirt, 11 000 pour un jean ! La monoculture épuise les sols et des litres de fertilisants sont déversés pour compenser cet appauvrissement… ce qui ne fait qu’amplifier le problème à long terme. De plus, le coton est très apprécié par certains parasites et, si les champs de coton ne représentent que 3 % des surfaces cultivées, ils absorbent 15 % des pesticides répandus au niveau mondial.

Toutes ces substances chimiques ne sont évidemment pas sans répercussions sur la santé humaine... Sans parler des métaux lourds qui interviennent plus tard, dans les procédés de teinture notamment.

Mais revenons à la production. La prolifération de semences génétiquement modifiées menace la survie des cultivateurs et de leurs familles. Les plants étant stériles, ils doivent être rachetés chaque année, générant endettement et dépendance à Monsanto. Certains vont même jusqu’à se suicider sur leurs champs en ingérant les produits de traitement qu’ils pulvérisent sur leurs cultures.

Il faut savoir aussi que coton rime souvent avec travail forcé, des champs d’Ouzbékistan où des fonctionnaires sont réquisitionnés pour la cueillette, aux filatures du Bangladesh où les ouvrières vivent dans des chambres situées dans le périmètre de l’usine dont elles ne peuvent sortir sans autorisation, travaillent jour et nuit et se font « sucrer » leur paie au moindre signe de fatigue ou de relâche. De plus, les enfants sont souvent mis à contribution, que ce soit pour extraire les fibres des coques de coton et les séparer des graines oléagineuses (ce qu’ils parviennent mieux à faire que les adultes avec leurs petites mains) ou, en aval, pour travailler dans les usines de filature, de tissage et de confection, parfois de nuit ou avec des machines dangereuses.

Par ailleurs, la fibre de coton est cotée en Bourse et c’est sur les marchés d’exportation que se fixe son prix de référence dans les échanges mondiaux. Celui-ci est artificiellement maintenu à un bas niveau par les subventions accordées aux producteurs dans les pays du Nord, ce qui se fait au détriment des producteurs d’Asie et d’Afrique qui n’en reçoivent pas alors que, pour eux, la culture du coton revêt une importance économique et sociale cruciale. Il existe une forte corrélation entre la chute des cours et l’augmentation de la pauvreté.

Alors, comment s’habiller sans mettre en péril la nature, les droits de l’Homme, la santé et la stabilité économique des petits producteurs ? Du champ à la boutique, le coton est extrêmement difficile à tracer. En cause, le nombre d’intermédiaires (culture, filage, tissage, confection, acheminement, vente) et le manque de transparence (sur un article en coton ouzbek transformé sur place, il est autorisé d’apposer n’importe quel « Made in »).

En tant que consommateur, on peut néanmoins limiter les dégâts en optant pour des produits certifiés. Fairtrade, par exemple, impose des standards environnementaux très stricts, interdit les semences génétiquement modifiées et les substances chimiques dangereuses et garantit un prix minimum aux producteurs défini selon la région de production, la variété cultivée et, en Inde, la longueur des fibres. De plus, l’organisation verse une prime aux producteurs qui leur permet d’investir non seulement dans la productivité et la qualité, mais aussi dans des projets de développement concernant l’accès aux services sociaux de base, à la santé, à l’eau potable ou à l’éducation

Mélanie Trélat
Sources : Fairtrade, Cash Investigation
Photo : Janko-Ferlic / Unsplash

Du label au vêtement : visite des sites de production GOTS
Du label au vêtement : visite des sites de production GOTS

Fin 2018, Karel Lambert (Akabo) s’est rendu en Inde pour un périple intense de 9 jours afin de s’assurer que les vêtements bio et équitables certifiés GOTS sont produits selon les critères promus par le label.

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Pour Karel Lambert, fondateur de l’Akabobuttek (magasin de mode bio et équitable, voir présentation ici) à Luxembourg-ville, obtenir des certitudes quant à la bonne mise en pratique des critères d’obtention de labels, c’est primordial. Dans la sélection déjà, il a pris le temps d’analyser en détail les paramètres de chaque certification, ce qui lui a permis de relever les labels GOTS, Fairtrade, Fairwear et kbA comme étant les plus pointus. GOTS semble par ailleurs être le plus complet, puisqu’il s’intéresse à l’ensemble de la chaîne de production textile, contrairement aux autres qui se penchent plus précisément sur certaines étapes.

Mais puisque des mots sur papier ou sur écran ne donnent finalement aucune garantie, Karel a ressenti le besoin de se rendre sur place pour vérifier de lui-même que les conditions, matériaux et techniques sont conformes aux exigences des labels.

Du champ de coton aux dernières coutures des vêtements

Fin 2018, il s’est rendu dans le centre de l’Inde à Indore. C’est là qu’on trouve le know-how, c’est là que pousse le coton, mais c’est aussi là que de nombreux abus sont souvent décriés. Il a pu rencontrer des producteurs avec qui il entretenait déjà de bons contacts et a visité les lieux de création des vêtements qu’il reçoit et vend. Entre la commande et la livraison, les étapes sont nombreuses.

Photo 1 : Une plantation de coton dans la région d’Indore

Dans les fermes qui cultivent le coton, quelques employés semblaient très jeunes, mais difficile d’en savoir davantage. Le père de famille a admis qu’il était possible qu’un ou deux mineurs travaillent : cela fait partie de leur culture, de la même manière qu’un fils d’agriculteur de nos régions va aider ses parents dans les champs. On est tout de même loin de l’exploitation d’enfants telle qu’on pourrait l’imaginer, telle qu’elle existe certainement à quelques kilomètres de là.

Une fois récolté, le coton est nettoyé. Cette tâche demande un travail répétitif dans un milieu poussiéreux en raison du traitement des fibres. Un travail pointilleux aussi pour extraire les graines encore fixées sur le coton, sans abîmer la fibre - sa longueur définit la qualité du coton.

Le nettoyage effectué, les bottes de coton sont livrées à une entreprise pour être transformées en tissu. Le périple de Karel l’a mené à la fabrique Maral Overseas Limited. Son activité est dédiée à 90 % environ à du conventionnel, 10 % à du GOTS et seulement 0,5 % à du Fairtrade.

Photo 2 : Production de fil de coton chez Maral Overseas Limited

Sur place, il a pu constater que les ateliers de Maral sont équipés de technologie dernier cri. Les lieux sont aérés, clairs, on aurait pu se croire en France ou ailleurs. Les collaborateurs ont droit à des congés, à des pauses de midi, à du thé dans l’après-midi… Autant d’éléments qui semblent acquis dans nos pays européens, mais qui sont loin d’être légion dans les usines textiles d’Inde ou du Bangladesh.

Photo 3 : Coloration des bobines chez Maral Overseas Limited

Pour le coton certifié GOTS, le fil sur bobine est trempé dans un grand tonneau et est teint à chaud. De cette manière, la teinture est de meilleure qualité et tient plus longtemps. La méthode traditionnelle consiste à teindre le vêtement (ou la partie du vêtement) en bout de chaîne.

Photo 4 : Production de vêtements pour enfants chez Purecotz à Surate

Après avoir visité les lieux de culture et de préparation du coton, le voyage s’est poursuivi en train de nuit en direction de la ville de Surate dans la région de Gujarat. Karel a eu l’opportunité d’y rencontrer Amit Narek, directeur de Purecotz, une grande usine de fabrication de vêtements entièrement certifiée GOTS. Le directeur lui a montré toutes les différentes phases de la production d’un t-shirt. Et il y en a beaucoup. Pour Amit Narek, rencontrer des visiteurs européens ou américains est important afin de les sensibiliser aux problèmes de l’industrie du textile.

Photo 5 : Production de prints GOTS au sein de la firme Purecotz à Surate

Le gérant de l’Akabobuttek s’estime très chanceux d’avoir pu effectuer ce voyage : « Pour moi, ce voyage était une expérience de vie. J’en retiens que mon travail a du sens, que ce que je fais va dans la bonne direction. J’espère qu’un jour la quantité de coton Fairtrade et de vêtements GOTS représentera 90 % du marché mondial, que cette production sera tout simplement normale ! »

Photo 6 : Production de t-shirts de sport de manière conventionnelle au sein du plus grand bidonville du monde, Dharavi, à Mumbai. Ici, le travail est enfants est courant.

Pour aller plus loin…

Akabo propose également des accessoires et bijoux, dont certains sont fournis par People Tree, une marque anglaise. Ils sont réalisés dans des ateliers protégés. Le réalisateur du documentaire « The True Cost » (disponible sur Netflix, voir bande-annonce ci-dessous), Andrew Morgan, a suivi la fondatrice de People Tree, Safia Minney, dans son travail quotidien de valorisation des ouvriers de l’industrie textile.

Légende Photo principale :
Karel Lambert, gérant de Akabobuttek.

« Repenser la filière textile, c'est repenser l'économie »
« Repenser la filière textile, c’est repenser l’économie »

La défense de conditions de travail décentes et de la non-violation des droits humains dans les chaînes d’approvisionnement est au cœur du travail de Caritas et de Fairtrade. Les deux organisations s’intéressent particulièrement à la filière textile et, pour sensibiliser le public aux problématiques qu’elle soulève, elles ont lancé ensemble la campagne Rethink your Clothes.

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Le fonctionnement du secteur textile est emblématique de celui de l’économie mondiale. « Repenser la filière textile, c’est repenser l’économie. Le système actuel de production, distribution et utilisation fonctionne de manière linéaire, comme un McDo de la mode. Il consiste à acheter pas cher, user très peu et jeter. Nous consommons 2 fois plus de vêtements qu’il y a 15 ans pour 4 fois moins cher. Et, en moyenne en Europe, 30 % de ce que nous avons dans nos armoires n’est jamais porté », s’indigne Ana Luisa Teixeira, coordinatrice Plaidons Responsable chez Caritas Luxembourg. Ceci implique des objectifs de production déraisonnables et des contrats revus à la baisse entraînant des heures supplémentaires non payées et une pression extrême qui poussent les travailleurs, en grande partie des femmes, à travailler plus vite. La pression sur l’environnement et les ressources naturelles a aussi atteint ses limites.

L’industrie de la mode soulève également la question de la déconnexion entre citoyen et économie. Le fait que la production soit réalisée à l’autre bout du monde induit une déresponsabilisation, tant du citoyen que des entreprises. « Il faudra un profond changement de paradigme, un consommateur considéré non pas comme un être passif soumis sans arrêt à une multitude de publicités qui créent en lui de nouveaux “besoins”, mais plutôt comme un “consom’acteur”, informé et conscient des conséquences de ses achats. Les choix de consommation doivent servir non seulement l’intérêt individuel, mais aussi l’intérêt collectif.

C’est sur cet aspect qu’il va falloir évoluer parce que nous sommes vraiment dans une urgence, climatique mais aussi humaine, et il ne faut pas toujours attendre que ce soient les états qui opèrent le changement », souligne-t-elle. « Certes, mais le gouvernement a aussi un rôle important à jouer », répond Geneviève Krol, directrice de Fairtrade Lëtzebuerg, « Il finance ce genre de campagne et, pour être cohérent, il faudrait aussi qu’il sensibilise les acteurs publics (institutions, ministères, hôpitaux ou entreprises publiques), pour qu’ils intègrent dans leurs appels d’offres les critères du commerce équitable ».

En tant que consommateur, nous pouvons agir en nous attaquant à la cause du gaspillage, en nous posant la question : « Ai-je vraiment besoin d’autant de vêtements ?  », en en achetant moins et en prolongeant leur utilisation. « Prolonger la durée de vie de nos vêtements, c’est respecter la personne qui a travaillé dans de mauvaises conditions pour les fabriquer et, en même temps, réduire son empreinte écologique », indique Ana Luisa Teixeira.

Nous pouvons aussi nous demander si nos marques préférées respectent les droits humains et l’environnement sur toute la chaîne. « Le consommateur peut se référer à des labels, comme Fairtrade et GOTS. Il est important pour nous d’avoir une vue globale, de veiller à ce que les travailleurs soient rémunérés correctement, à ce qu’ils travaillent dans des conditions dignes, à interdire le travail forcé et celui des enfants ET à ne pas utiliser d’OGM et de pesticides, à avoir une utilisation réglementée des colorants et une gestion durable des déchets et de l’eau », indique Geneviève Krol.

Le rôle de Caritas est de montrer qu’il existe d’autres manières de consommer (vide-dressings, seconde main, do it yourself, etc.) et d’organiser des évènements autour de ces alternatives. « Nous privilégions des partenariats qui sont dans une dynamique circulaire, comme le projet de BENU, par exemple », précise la coordinatrice. La fondation cible particulièrement les jeunes car les vêtements sont liés à l’identité, une question particulièrement prégnante à cette période de la vie. « Le shopping est un hobby hebdomadaire qui s’est banalisé. Le pouvoir d’achat est tellement élevé et le prix des vêtements si dérisoire que les jeunes peuvent s’acheter des vêtements tous les samedis avec leur argent de poche.

Mais a-t-on vraiment besoin d’acheter si souvent ? », demande-t-elle. Un vide-dressing inter-lycées sera organisé le 15 juin au Forum Geesseknäppchen, auquel les étudiants sont invités à exposer, mais qui sera également ouvert au grand public. Caritas a aussi produit avec la réalisatrice Charlotte Bruneau, un docufiction d’une vingtaine de minutes Bruneau, un docufiction d’une vingtaine de minutes
( https://www.youtube.com/watch?time_... )
diffusé sur demande dans les lycées mais aussi destiné à un public adulte. Il fait le parallèle entre deux jeunes filles : l’une qui vit au Luxembourg, l’autre qui travaille dans une usine au Bangladesh. « Nous avons voulu que ce film soit un outil d’éducation à la citoyenneté mondiale. En ce sens, il permet d’analyser des enjeux mondiaux dans une approche systémique, de confronter cette analyse à des valeurs personnelles, mais aussi de prendre position et de faire des choix », précise Ana-Luisa Teixeira. La fondation propose également des ateliers d’upcycling qui ont beaucoup de succès auprès d’un public très diversifié.

Quant à Fairtrade, dans ce mandat spécifique, son action vise d’abord le grand public, que l’ONG sensibilise à travers ses réseaux sociaux et en participant à des évènements spécifiques. « Nous voulons susciter un intérêt, une prise de conscience. Le textile est un secteur très opaque sur lequel le consommateur se pose encore peu de questions, beaucoup moins de questions que sur les produits alimentaires », explique la directrice.

Fairtrade attire aussi l’attention des responsables achats et RSE dans les entreprises sur des achats plus réfléchis. Elle a, pour ce faire, développé une formation ludique animée par Alex Monteiro qui fait du théâtre d’improvisation. Elle permet aux participants de se mettre dans la peau des producteurs de coton ou des travailleurs dans les usines au Bangladesh.

L’ONG favorise également le développement d’une offre de vêtements labélisés Fairtrade et GOTS au Luxembourg, en mettant en relation partenaires luxembourgeois et fournisseurs étrangers. Elle le fait aussi bien auprès d’entreprises publiques ou privées qui consomment beaucoup d’habits qu’auprès de boutiques.

Enfin, l’éducation à la citoyenneté étant au centre des activités de Fairtrade Lëtzebuerg, elle a créé des ateliers de sensibilisation sur le textile destiné à un jeune public (à partir de 12 ans) qui connaissent un grand succès. Une vingtaine de sessions ont déjà eu lieu depuis la rentrée de septembre dans des lycées ou maisons des jeunes et la liste d’attente est longue.

Mélanie Trélat
Photo Cover : Ana Luisa Teixeira coordinatrice Plaidons Responsable chez Caritas Luxembourg par Fanny Krackenberger
Légende photo corps du texte : Geneviève Krol, directrice de Fairtrade Lëtzebuerg

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Fair Fashion Days, un week-end dédié à la mode équitable
Fair Fashion Days, un week-end dédié à la mode équitable

Les Fair Fashion Days, c’est l’évènement phare de la campagne Rethink your Clothes. Ils auront lieu aux Rotondes du 5 au 7 avril.

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Que vous souhaitiez en apprendre plus sur l’industrie de la mode ou découvrir des marques qui respectent tant l’environnement que les personnes qui produisent les vêtements que vous portez, les Fair Fashion Days sont un rendez-vous incontournable.

Durant 3 jours, les Fair Fashion Days rassembleront des acteurs, d’ici et d’ailleurs, engagés dans les textiles durables et équitables. Les visiteurs auront l’opportunité d’acheter des vêtements qui respectent l’environnement et les droits humains.

Un espace sera aussi consacré à la sensibilisation avec des activités variées tout le week-end : des mini-conférences s’adressant aussi bien à un public jeune qu’adulte, des projections de films suivies d’intervention des experts, ainsi que des ateliers ludiques pour enfants et adultes.

« Nous voulons, à travers cet évènement, susciter une vraie prise de conscience que notre consommation d’habits n’est pas durable et qu’il existe des alternatives », explique Geneviève Krol, directrice de Fairtrade Lëtzebuerg. « C’est une opportunité de créer des liens entre le consommateur et le producteur et qui répond à des choix de consommation éthiques » ajoute Ana Luisa Teixeira, coordinatrice Plaidons Responsable chez Caritas Luxembourg, les deux organisations responsables pour les Fair Fashion Days.

Du vendredi 5 au dimanche 7 avril, aux Rotondes. Entrée libre.

Rethink your Clothes, l'expo
Rethink your Clothes, l’expo

Du 13 février au 24 mars, Fairtrade et Caritas présentent, à l’abbaye de Neumünster, une exposition très poignante de la photographe activiste Taslima Akhter qui dénonce les conditions de travail des ouvriers du textile au Bangladesh.

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Dans le cadre de leur campagne de sensibilisation aux enjeux de la surconsommation textile, Rethink your Clothes, Fairtrade Lëtzebuerg et Caritas Luxembourg, ont convié la photographe d’origine bangladaise, Taslima Akhter, à présenter ses travaux dans le cadre prestigieux de l’abbaye de Neumünster. L’exposition présente une sélection de photographies sur le thème de la face cachée de l’industrie de la mode.

Tout particulièrement au Bangladesh, l’industrie textile figure parmi les principaux pourvoyeurs d’emplois. Ces usines sous-traitent une partie majeure de la production des grands noms de la fast fashion, qui visent un renouvellement de l’habillement toujours plus rapide et bon marché. Les premières victimes de la surconsommation vestimentaire sont les travailleurs mêmes du secteur. En grande partie féminine, cette masse salariale souffre de conditions de travail très éloignées des standards occidentaux : heures supplémentaires non payées, horaires anarchiques, absence de dispositifs de prévention des risques, etc. C’est ce vaste phénomène que Taslima Akhter souhaite révéler à travers son travail.

Son engagement et ses travaux ont été largement salués par la communauté internationale. En 2013, le magazine Time a élu sa photographie Final embrace comme l’une des dix meilleures de l’année. Elle reçut également la même année le prestigieux prix de la meilleure photographie, lors de la 5e édition du Dali International Photography Exhibition en Chine.

Taslima Akhter sera au Luxembourg le 8 mars dans le cadre de la Journée internationale des femmes, en présence de la ministre la Coopération et de l’Action humanitaire, Paulette Lenert.

À voir tous les jours de 11 h à 18 h, du mercredi 13 février au dimanche 24 mars, dans le cloître et le jardin Lucien Wercollier de l’abbaye de Neumünster. Entrée libre.

Plus d’informations sur : https://www.neimenster.lu/Culture/O...

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Fair-player grand-ducal
Fair-player grand-ducal

Dans une dynamique de création constante, l’artiste Jacques Schneider cherche à faire passer des messages en réinterprétant des situations. C’est ainsi qu’est née une ligne de vêtements en coton bio.

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C’est un cadeau de Noël qui est à l’origine de ce projet. Celui de sa sœur, il y a 2 ans. « Elle m’a offert 50 euros pour m’acheter deux joggings, mais il fallait qu’ils remplissent certaines conditions : être composés de coton bio et avoir un branding luxembourgeois, entre autres. Je n’ai, bien sûr, rien trouvé. Le jour de Nouvel An, j’ai donc décidé de dessiner ma propre marque de vêtements », raconte-t-il.

« J’essaie, à travers mes œuvres, de donner ma vision de la société ou de soulever des questions. Le vêtement est un nouveau médium pour le faire. Il transmet des valeurs et des messages », poursuit-il.
Le message, ouvertement affiché à travers le motif du lion et les inscriptions « garçon grand-ducal », « fille grand-ducale », « leiwe boy », « leift girl », n’a aucune vocation politique ou nationaliste, bien au contraire. « Ceux qui portent mes vêtements n’affichent pas une catégorie de personnes, mais représentent 170 nationalités qui vivent ensemble sur un territoire et font consensus général autour d’un patrimoine culturel commun », souligne Jacques Schneider.

Le vêtement lui-même, quand il est fabriqué avec du coton bio et équitable, affiche la prise de conscience que nous sommes attentifs à ce que les personnes qui le fabriquent vivent bien. Il pose aussi des questions de santé publique et de respect de son corps, de par l’impact des engrais chimiques et pesticides qui se retrouvent sur les étoffes que nous portons à même la peau. « Un t-shirt en coton “normal” est composé de 80% de pétrole. Depuis 1 an et demi, je ne m’habille qu’avec du coton bio. Je n’ai plus ni bouton, ni plaque, ni rougeur et je n’ai pas été malade », constate-t-il.

Il n’existe plus de filière textile au Luxembourg, ni dans les autres pays développés. L’artiste n’a donc eu d’autres choix que de s’approvisionner en Inde et au Bangladesh. Mais s’y retrouver dans la jungle des labels qui certifient que le coton a été produit dans le respect de l’humain et de la nature est un véritable challenge, car certains manquent de fiabilité. « Je voulais travailler avec des partenaires à qui je pouvais vraiment me fier, des gens qui ont des références, qui font des recherches sur le terrain et qui pouvaient garantir que, de la production à la finition, tous les intermédiaires ont été respectés », précise-t-il.

C’est ainsi qu’a débuté une étroite collaboration avec Fairtrade Luxembourg : « Nous travaillons ensemble sur de nombreux projets et sommes en contact chaque semaine. Leur support est précieux car ils ont la capacité, en tant qu’ONG, de trouver des informations que je ne peux pas avoir et de répondre aux questions que je me pose ». Le coton avec lequel sont fabriqués ses vêtements est certifié Fairtrade ou Fairwear. « Fairtrade va plus loin sur la partie écologique, mais la gamme Fairwear reste au top par rapport à ce qui se vend sur le marché », indique-t-il. Les finitions (coutures, broderies, impressions, découpes, etc.) sont réalisées en Grande Région, dans un atelier nancéen. Près de 20.000 pièces ont été vendues en 2018.

« Nous avons prouvé qu’on pouvait proposer des vêtements qui sont à la fois élégants, sains et équitables, avec une finition réalisée en France, à un prix tout à fait correct (30 euros pour un t-shirt, 60 euros pour un sweat-shirt), donc qu’engagement et viabilité économique ne sont pas incompatibles. Nous avons même réussi à mettre en place un partenariat avec Auchan. Reste à voir comment rendre la société encore plus responsable et créer des emplois au Luxembourg », conclut-il.

Mélanie Trélat
Photo : Fanny Krackenberger

Entre cuir et terre, les alternatives dont ne souffre aucune chair
Entre cuir et terre, les alternatives dont ne souffre aucune chair

Selon la RTBF, « tous les ans, 1,4 milliard de peaux de vaches, moutons et chèvres sont transformées en cuir ». Très utilisé dans la mode, ce matériau est conçu aux dépens du bien-être animal, humain, écologique. Des alternatives existent et de plus en plus de designers s’y intéressent.

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Une fois retirées, les peaux subissent ensuite 25 à 30 opérations pour être épilées, lavées, tannées, teintes et façonnées. 80 % de cette production de cuir est issue de pays en voie de développement, où les normes environnementales sont beaucoup moins élevées.

Pour les grandes marques de luxe, les chaussures et la maroquinerie – majoritairement réalisés en cuir – représentent jusqu’à 75 % de leur chiffre d’affaires. Faire du profit de masse est impossible sans le cuir. Les principaux grands groupes (LVMH, Kering) ont un code de conduite qui semble exemplaire, mais ne réalisent aucun contrôle auprès des entreprises auxquelles ils délèguent la production. Les sociétés de séchage, telles que Termoplak en Italie, engagent des Sénégalais, plus résistants aux conditions de chaleur, en ne leur proposant que des intérims à longue durée dans des conditions plus que minimalistes : journées de 13 heures, équipement professionnel acheté à charge personnelle, salaires pas toujours attribués, etc. Résultat : en Italie, les chiffres concernant les accidents de travail sont deux fois plus élevés pour les étrangers que pour les Italiens.

Au rayon fourrure, rien de plus glorieux. Toujours en Italie, les employés touchent un salaire de 26 euros/jour et sont contraints de retirer les peaux de lapins encore vivants. Des images et des informations à découvrir dans l’émission « Luxe, les dessous chocs » de Cash Investigation (octobre 2018).

VIDÉO : https://www.youtube.com/watch?v=1IR...

Pour le documentaire d’Andrew Morgan « The True Cost » (2015), le réalisateur s’est rendu à Kanpur, ville située le long du Gange en Inde. Chaque jour, plus de 50 millions de litres de déchets toxiques (chrome hexavalent) venant des 700 tanneries locales sont déversés dans le fleuve et se retrouvent dans les fermes et dans l’eau de consommation. Ici, du cuir bon marché est préparé et livré aux enseignes internationales. Les habitants ont de nombreux problèmes cutanés (rougeurs, furoncles, pustules) et souffrent de jaunisse, de maladies de l’estomac et de cancers dus à ces composants.

Le cuir se végétalise

Dans le meilleur des cas, le cuir est issu d’animaux d’abattoir et traité avec des produits naturels, moins polluants. Mais pour certains designers, le recours aux ressources animales n’est tout simplement pas envisageable. C’est le cas de Stella McCartney, styliste anglaise végétarienne bien connue pour ses convictions et collections écoresponsables. Elle a recours à des alternatives telles que le polyester recyclé (pour la Stan Smith végane, par exemple), le néoprène, la soie d’araignée artificielle, etc.

Des solutions végétales voient également le jour depuis quelques années. La plus connue est Piñatex, un cuir d’ananas. « Sachant qu’il y a 13 millions de tonnes de déchets de feuilles dans la production d’ananas chaque année, si l’on valorisait l’ensemble, le Piñatex pourrait remplacer de moitié le marché du cuir mondial », expliquait Mélanie Broyé-Engelkes, présidente d’Ananas Anam, société qui distribue le Piñatex, aux journalistes de La Croix.

D’autres cuirs végétaux sont créés à partir de champignons, de raisins, de bananes, ou encore le cuir de pomme utilisé par Philippe Starck pour son mobilier. « C’est beau, c’est confortable, un canapé en cuir, mais pourquoi s’arrêter là ? Nous faisons semblant de ne pas entendre la question, mais il faut trouver d’autres solutions. Aujourd’hui, peut-être des pommes nous offrent un début de réponse », expliquait le designer à l’occasion de la sortie de l’installation « Cassina croque la Pomme ».

Une alternative un peu plus polémique est constituée à partir d’ADN humain (qui n’implique toutefois aucune souffrance). Le produit, proposé par Pure Human au Royaume-Uni, est fabriqué à partir de l’ADN contenu dans les cheveux.

Video : https://tinyurl.com/y9c6g2mu

« Design is not just about product. Design is about responsibility. » – Carmen Hijosa, créatrice du Piñatex

Marie-Astrid Heyde

Une seconde vie pour le jean et le cuir
Une seconde vie pour le jean et le cuir

Risaïkourou signifie recyclage en japonais. C’est aussi le nom que Shirley Dewilde, styliste formée à Bruxelles, a choisi pour la ligne d’accessoires réalisés à partir de vêtements existants qu’elle a créée en 2015. Une ligne labellisée Made in Luxembourg par la Chambre des Métiers.

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Sortir du circuit d’achat traditionnel, donner une seconde vie à des vêtements et matières en les découpant, en les déstructurant et en les détournant pour en faire des créations originales, telle est l’impulsion à l’origine de la marque Risaïkourou.

C’est il y a un peu moins de 10 ans que Shirley Dewilde a eu le déclic, alors qu’elle travaillait pour une ressourcerie namuroise dont les responsables ont eu l’envie de lancer une collection de vêtements faits à partir de matériaux de récupération. La styliste utilisait alors des textiles comme le chanvre, le lin ou le coton qui, bien qu’étant naturels et bio, avaient le désavantage d’avoir beaucoup voyagé pour arriver jusqu’à son atelier. « Je restais d’une manière ou d’une autre dans cette forme de consommation qui me convenait de moins en moins. Si je voulais diminuer mon impact environnemental, il fallait aussi que je réduise mon empreinte carbone », explique-t-elle. Elle s’est donc tout de suite enthousiasmée pour cette idée et, depuis, n’a plus acheté le moindre mètre de tissu pour réaliser ses créations.

Le 2e déclic est apparu quelques années plus tard. En plus de créer elle-même des modèles avec des tissus de seconde main, Shirley donne des cours d’upcycling au cours desquels elle essaie de sensibiliser les participants au non-achat de vêtements neufs. « J’ai été fort étonnée de me rendre compte que les gens étaient prêts à acheter des fripes ou des vêtements alternatifs, mais qu’ils étaient freinés dans leur élan car ils ne savaient pas où en trouver », raconte la cré-actrice, « C’est aussi en partie pour pouvoir leur offrir cette possibilité que j’ai créé Risaïkourou ».

Risaïkourou propose toute une gamme d’accessoires, notamment des casquettes, des sacs et des obis (larges ceintures japonaises), fabriqués avec deux matières phares : le cuir et le jean. Chaque pièce est unique. « Ma matière première est principalement issue de dons. Lorsque j’ai commencé à parler de mon projet de récupération autour de moi, les gens m’ont tout de suite dit : J’ai plein de pantalons à donner, est-ce que ça t’intéresse ?  », indique Shirley Dewilde. Ces vêtements étant des dons, il est concrètement difficile de garantir la provenance des matières, mais elles ont le mérite d’exister et le fait de prolonger leur espérance de vie a forcément une influence positive sur notre environnement.

Au passage, précisons que les produits de la jeune entreprise sont labellisés Made in Luxembourg par la Chambre des Métiers. L’impact positif se perçoit donc aussi au niveau sociétal. « Redonner vie à des fripes, c’est ressentir que nous pouvons avoir de l’influence sur notre environnement et que nous pouvons utiliser notre pouvoir créateur pour changer ce qu’il y a autour de nous ! », conclut la styliste.

Vous pouvez aussi découvrir les accessoires Risaïkourou sur le site : http://www.risaikourou.com/. La marque sera en vente dès cet été sur : http://www.sopilipili.com/ et, toujours représentée par Sopilipili, elle sera présente au Lët’z go local d’Ettelbruck le 2 et 3 mars 2019.

Mélanie Trélat
Source photo : © Risaïkourou

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Le mirage social des dons vestimentaires
Le mirage social des dons vestimentaires

Au Luxembourg, l’équivalent de 48 millions de t-shirts est déposé chaque année dans des conteneurs. Loin de venir en aide aux plus démunis, ces dons font l’objet d’un marché secondaire destructeur. L’échange et l’upcycling restent les solutions les plus adaptées pour les vêtements dont vous ne faites plus usage.

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Réflexe de la majorité des citoyens, le don de vêtements qu’on ne souhaite plus porter est bien plus complexe qu’on ne voudrait le penser. Explications de Georges Kieffer, fondateur de BENU : « On souhaite que les gens comprennent d’une part comment les vêtements sont produits, et d’autre part comment fonctionne le marché de dépôts des vêtements. Cette partie est malheureusement très peu documentée. Au Luxembourg, 9.000 tonnes de vêtements sont collectées chaque année par des organisations caritatives via les bennes disséminées à travers le pays. Le côté social – faire don des vêtements aux personnes dans le besoin -, qui est fortement ancré dans l’esprit des citoyens, représente moins de 2 % de tout ce marché. Il existe un marché économique secondaire dans les pays de l’Est européen, d’Afrique et d’Asie, qui détruit les économies locales. Au Kenya, plus de 80 000 personnes ont perdu leur emploi dans le cadre de ces « aides », des reventes de nos vêtements. On ne résout donc pas la problématique du textile en déposant les vêtements dans un conteneur ».

Des alternatives créatives

Plutôt que de donner ces vêtements, songez à les échanger dans votre entourage. En plus d’être bon pour la planète et pour le porte-monnaie, cela renforce les liens sociaux. Les plus créatifs laisseront peut-être cours à leur imagination pour créer de nouvelles tenues et accessoires à partir de vieux vêtements. Des professionnels peuvent aussi vous aider à renouveler votre garde-robe de manière écologique et équitable, et surtout locale.

Située à Esch-sur-Alzette, l’équipe BENU COUTURE est composée de 4 personnes pour la gestion de la boutique et 6 personnes à l’atelier pour la confection. Tout est conçu à partir de vêtements utilisés et donnés, de telle sorte que seul le temps de travail est facturé et calculé dans le respect de la main-d’œuvre. Chaque pièce est unique et, petit plus, peut être retouchée pour mieux s’adapter à votre silhouette.

Pour une expérience encore plus personnalisée, rendez-vous au BENU VILLAGE avec vos propres vêtements – ceux que vous ne mettez plus à cause d’une tâche ou d’un trou irrécupérables, ou simplement parce que la couleur des manches ne vous plaît plus – et discutez avec les couturiers d’une façon de les remettre au goût du jour. Les vêtements vendus chez BENU COUTURE sont d’ailleurs garantis à vie.

Un projet de location de vêtements upcyclés fera bientôt l’objet d’une phase pilote. Initiée par deux mamans demandeuses de telles solutions pour leurs enfants, cette démarche permettra de renouveler régulièrement leur garde-robe en limitant son empreinte écologique.

La philosophie BENU va bien au-delà de l’upcycling vestimentaire. Premier écovillage de la Grande Région, BENU est un projet participatif et intégrateur qui veut faire bouger les gens. Chaque acteur adhère à ses quatre valeurs essentielles : transparence, responsabilité sociale, production locale et excellence écologique. Loin de vouloir imposer un mode de vie ou de pensée, l’initiative BENU est avant tout vecteur de solutions qui répondent aux limites du mode de consommation actuel. N’hésitez pas à visiter BENU COUTURE et à vous faire votre propre opinion ! Plus d’informations sur http://benu.lu/ et prochainement sur infogreen.lu.

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Marie-Astrid Heyde
Photo Fanny Krackenberger

L'upcycling en réponse à la fast fashion
L’upcycling en réponse à la fast fashion

Les initiatives telles que Sustained revalorisent les résidus textiles et matériels délaissés par leurs propriétaires, victimes du rythme effréné de la fast fashion.

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La fast fashion ou « mode rapide » en français, c’est le côté obscur de l’industrie vestimentaire. Comme la définit assez bien Wikipédia, la fast fashion « est un segment de l’industrie vestimentaire qui se caractérise par le renouvellement très rapide des vêtements proposés à la vente, plusieurs fois par saison, voire plusieurs fois par mois ». En outre, il y est mentionné que « ces vêtements sont ainsi destinés à être portés pendant une courte période de temps et à être vendus à un coût suffisamment bas pour que la clientèle soit fortement incitée à renouveler très fréquemment sa garde-robe et à ne pas surseoir son acte d’achat dans l’attente des soldes de fin de saison ».

Cette stratégie commerciale a des conséquences souvent insoupçonnées, tant au niveau environnemental que social. En effet, l’industrie vestimentaire est l’une des plus polluantes au monde. En moyenne mondiale, 10 000 litres d’eau sont nécessaires pour produire un kilo de coton. Sur le plan social, les conséquences ne sont pas moindres. Chaque jour, des milliers d’images circulent dans les médias, montrant des enfants ou des femmes à bout de forces travaillant dans des conditions inhumaines dans des bâtiments délabrés. Rappelons ici l’effondrement de l’usine Rana Plaza au Bangladesh en 2013, causant plus de 1 000 morts. La fast fashion, c’est l’adieu aux droits de l’Homme. Certains en sont conscients, mais beaucoup l’ignorent.

Comment peut-on sortir de cette situation ? Renoncer complètement à la mode ? Sûrement pas. Il faut plutôt chercher soi-même des alternatives, aller à l’encontre du mainstream et de ses méthodes. Pourquoi, par exemple, ne pas soutenir les initiatives d’upcycling ou les petites entreprises familiales produisant de façon écologique et durable ? Les acteurs économiques socialement et environnementalement responsables sont de plus en plus nombreux. Les arguments selon lesquels la mode équitable est difficilement accessible, trop chère ou pas assez branchée ne tiennent plus.

Des conditions de travail équitables et éthiques, le respect de l’environnement et de ses ressources, la durabilité… Tous ces éléments font partie intégrante du concept de Sustained, une petite entreprise familiale fondée en 2017 et située au Luxembourg. Sustained propose des produits écologiques et durables relevant principalement du secteur des accessoires de mode : sacs à main, portefeuilles, bijoux, chapeaux, ceintures, etc. À côté du liège naturel issu d’une exploitation familiale durable portugaise, la majeure partie de l’assortiment est fabriquée en employant la méthode de l’upcycling, donc en recyclant du matériel usé/récupéré qui normalement aurait été jeté (entre autres skateboards cassés, sacs de ciment usés, pneus de vélos). D’autres articles sont fabriqués au Luxembourg, tels que des sacs et trousses réalisés en collaboration avec l’atelier de couture d’une association sociale, ou par de petites entreprises familiales d’Europe et d’Asie (Cambodge).

Toute l’équipe de Sustained sera ravie de répondre à toutes vos questions ou demandes, via son site web (www.sustained.lu).

« Ne doutez jamais qu’un petit groupe de citoyens engagés et réfléchis puisse changer le monde. En réalité c’est toujours ce qui s’est passé ! » Margaret Mead, anthropologue américaine.

Stay sustained !

L'upcycling, en mode DIY
L’upcycling, en mode DIY

Dans le cadre du projet NeiSchmelz à Dudelange, des workshops de retouches et de tricot sont organisés tous les premiers lundis du mois en soirée. Une belle initiative pour apporter quelques aménagements à une tenue et lui donner une deuxième vie.

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Démarré en 2009, le projet NeiSchmelz a pour objectif la création d’un nouveau quartier urbain tourné vers le futur, sur l’ancien site Arcelor Mittal de la Schmelz (presque 40 ha). L’idée est de « créer un quartier de mixité sociale et à voisinages équilibrés, qui relie les deux quartiers existants Italie et Schmelz et qui s’intègre dans le contexte existant » de la Ville de Dudelange, comme l’explique l’administration communale. Le projet intègre un concept énergétique innovateur en vue de l’autosuffisance au niveau de l’énergie. D’autres initiatives positives pour l’environnement ont vu le jour ces derniers mois, telles que la mise en place d’un jardin communautaire et d’un Repair Café.

Plus d’infos : http://www.dudelange.lu/fr/projets-...

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Révolutionner la mode
Révolutionner la mode

Coordinatrice de la Fashion Revolution Week à Luxembourg, la styliste Stylianee Parascha se réjouit de voir de nombreuses initiatives pour une mode plus durable naître au Grand-Duché.

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Avec le lancement de What Eve Wears en 2016, Stylianee envoyait déjà un signal fort, celui d’une réelle volonté de participer au changement du secteur de la mode. What Eve Wears propose des vêtements en coton ou lin bio et en tissus recyclés, qui sont dessinés au Luxembourg et conçus en Grèce, par des femmes nécessitant ces revenus pour subvenir aux besoins de leur famille. L’idée de confier une partie de la confection à des ateliers protégés au Luxembourg peut être envisagée si la demande se fait ressentir. Stylianee est en train de développer une nouvelle collection pour femme, qui devrait sortir avant l’été 2019 et qui sera cette fois entièrement réalisée à partir de tissus recyclés.

En parallèle à son activité, la jeune styliste a rejoint le mouvement de la Fashion Revolution et coordonne dans ce contexte la Fashion Revolution Week (FRW), semaine de sensibilisation aux problématiques liées à l’industrie textile, organisée chaque année au moment de l’anniversaire du drame du Rana Plaza. En 2019, celle-ci se tiendra du 22 au 28 avril. La FRW propose aux citoyens de se demander « Who made my clothes ? » pour s’intéresser aux modes de production.

Divers événements qui ont connu un certain succès lors de l’édition 2018 pourraient être de nouveau organisés cette année, par exemple un workshop « Capsule Wardrobe », qui consiste à conseiller les gens sur quelques vêtements essentiels qui peuvent être combinés de différentes manières pour créer diverses tenues et ainsi éviter d’acheter plus que de raison. Restez connectés pour plus d’informations à l’approche de la semaine de la révolution de la mode !

De nombreuses start-up sont actives pour une mode plus durable au Luxembourg, telles que :

  • Natural Vibes qui produit des chaussettes en coton certifié Global Organic Standard Textile (GOTS),
  • Zoe Muse, créatrice de bijoux, accessoires et vêtements bio et issus d’une production équitable,
  • The Modu Shop, qui a fêté tout récemment son 1er anniversaire et propose des collections de marque ayant un impact positif,
  • HELS1NK1, un concept shop ouvert aux marques innovantes, passionnées et idéologues,
  • BLANLAC, une marque luxembourgeoise de chaussures véganes pour femmes à la fois chic et éthique,
  • SCROBLE, une start-up qui connecte le consommateur au produit de manière intelligente,
  • Einfühlung, qui dessine des pièces unisexes au Luxembourg et les produit en Italie, à partir de tissu certifié GOTS, Cardato Recycled ou issu d’un processus de fabrication durable.

Autant d’initiatives positives qui se développent en alternative aux grandes marques peu respectueuses des implications sociales et environnementales de leur mode de production massive.

L’équipe de Fashion Revolution sera également présente aux Fair Fashion Days, organisés par Fairtrade Lëtzebuerg et Caritas dans le cadre de leur campagne Rethink your Clothes - du 5 au 7 avril aux Rotondes à Luxembourg.

Convaincue que la sensibilisation est importante pour mener à une industrie textile plus respectueuse des hommes et de l’environnement, Stylianee participe régulièrement à des workshops et conférences. Elle s’exprimera prochainement à l’International School of Luxembourg pour éveiller les consciences du jeune public sur la mode durable et la Fashion Revolution.

Marie-Astrid Heyde
Photo Fanny Krackenberger

Consommation textile responsable, où en est-on ?
Consommation textile responsable, où en est-on ?

Réponse en chiffres avec les résultats de deux sondages menés à l’échelle de l’Europe et du Luxembourg. Ils mettent en lumière une certaine sensibilité des consommateurs pour le respect des droits humains et de l’environnement dans la chaîne de production textile. Il ne reste plus qu’à passer à l’action.

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Le mouvement Fashion Revolution a fait paraître, en novembre 2018, une enquête IPSOS impliquant 5 000 participants issus des cinq plus grands pays européens et âgés de 16 à 75 ans.

Elle dévoile notamment que plus d’un consommateur sur trois prend en compte les aspects sociaux (38 %) et environnementaux (37 %) lors de l’achat d’un vêtement.
Qu’un salaire décent soit versé aux ouvriers de confection est important pour 39 % des personnes interrogées, des conditions de travail sûres pour 31 %, le bien-être animal pour 30 %, la production locale pour 10 % et l’utilisation de matériaux recyclés pour 6 %.

La majorité d’entre elles veut en savoir plus sur les vêtements qu’elles achètent : provenance des matériaux (67 %), modes de fabrication (59 %), actions mises en place par les marques pour minimiser leur impact environnemental et respecter les droits humains (61 %).

Elles sont 84 % à penser que les marques doivent agir contre la pauvreté dans le monde, 85 % contre le changement climatique, 88 % pour la protection de l’environnement et 77 % pour l’égalité entre les sexes.

68 % considèrent que les gouvernements ont un rôle à jouer dans une production plus durable des vêtements, chaussures et accessoires. 77 % souhaiteraient que la loi oblige les marques à respecter les droits humains et 75 % à protéger l’environnement au cours des différentes étapes de la chaîne.

Et au Luxembourg ?

Caritas et Fairtrade ont commandé à l’institut TNS ILRES une étude sur la consommation textile responsable au Grand-Duché. Publié en mars 2018, ce sondage en ligne a été mené auprès de 510 résidents de plus de 16 ans.

Le 1er point portait sur les critères pris en considération lors de l’achat de vêtements. La qualité est apparue en tête (73 %) suivie du rapport qualité prix (68 %), du confort (64 %), des besoins saisonniers (61 %) et du prix (61 %). L’origine ne compte que pour 15 % des répondants, les labels environnementaux pour 13 %, les labels sociaux pour 9 % et la santé pour 8 %.

À la question « que faites-vous des vêtements que vous n’utilisez plus ? », les réponses les plus données sont : « je les laisse dans un container pour vêtements », « je les donne à une association caritative » et « je les donne à mes amis ou à ma famille ».

Concernant ce qui pourrait être amélioré dans la filière, le plus important pour les participants est de donner un cadre légal aux grandes entreprises de l’industrie textile afin qu’elles respectent les droits humains et le développement durable, puis de garantir de meilleures conditions de travail aux employés, surtout dans la confection. Diminuer l’impact négatif sur l’environnement n’apparaît qu’en 3e position, puis vient le fait d’assurer un minimum vital aux producteurs de coton et, en dernier lieu, de stopper la surconsommation de vêtements et leur durée d’utilisation trop courte.

Il leur a aussi été demandé ce qu’une consommation durable et équitable de vêtements signifiait pour eux. Pour 58 %, c’est réduire sa consommation de vêtements et les utiliser plus longtemps ; pour 42 %, les donner aux organisations caritatives ; pour 29 %, les transmettre à ses proches ; pour 28 %, s’assurer que le vêtement n’a pas été fabriqué par des enfants ; pour 21 % acheter des vêtements certifiés éthiques et produits dans des conditions de travail dignes ; pour 9 % acheter des vêtements fabriqués à base de coton sans pesticides ni OGM. Seuls 5 % des participants disent privilégier l’échange et les marchés seconde main et les 5 % restants ne se font aucune de ces réflexions.

Ce qui pourrait les inciter à consommer leurs vêtements de façon plus responsable serait, dans l’ordre, davantage d’informations sur les modes de production sur les étiquettes, une plus grande offre de vêtements en coton bio et fair, que les entreprises fassent un reporting sur les conditions de travail dans leur chaîne d’approvisionnement et une offre de vêtements faits à partir de matières recyclées ou de vieux vêtements. Certaines personnes ont également répondu qu’elles n’achètent qu’en cas de besoin et utilisent leurs vêtements le plus longtemps possible.

Lorsqu’on demande aux sondés « qui peut faire évoluer la filière ? », 83 % citent les consommateurs, 82 % le gouvernement et les institutions publiques, 80 % les entreprises de production et les multinationales (donc les donneurs d’ordre), 70 % les commerçants et 65 % la société civile.

Enfin, quand on évoque les conditions inhumaines dans lesquelles leur marque préférée fabrique ses produits, 55 % des personnes interrogées décident de la boycotter, 19 % s’informent davantage et 12 % continuent à acheter cette marque mais moins qu’avant. Pour 6 %, cette information n’aura pas d’impact sur leurs habitudes de consommation et 4 % poseront des questions directement à leur vendeuse habituelle.

Mélanie Trélat

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