Le dossier du mois

Une thématique dans chaque #DossierDuMois, avec la rédaction d’Infogreen et l’expertise de nos partenaires

Publié le 27 novembre 2023
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novembre 2023

Courts-circuits

« Si on veut mieux nourrir la population, il faut encourager la production locale. »
Karine Paris, CELL (Centre for Ecological Learning Luxembourg)

Courts-circuits
Votre pouvoir d'achat
Votre pouvoir d’achat

Votre achat : le premier champ d’action. Dans une société de consommation, consommer est un acte revendicatif et le choix local, la plus juste des revendications.

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Bien que le Luxembourg soit majoritairement accroc à ses importations, chaque jour, des talents travaillent sur son territoire au respect du goût, du consommateur et du pays.

Le bon produit d’ici est toujours le récit d’une vie. Une existence consacrée à lui donner de la saveur et du sens. Il faut la partager, donner la parole à ces producteurs engagés et audacieux, ces passeurs de culture, ces amoureux du terroir et des paysages luxembourgeois, ces contributeurs directs au tissu économique.

Au mépris de la facilité, la même qui nous pousse à acheter sans réfléchir, ils nous proposent le produit d’un bon sens salutaire pour la société.

La production locale nourrit aussi bien l’estomac que l’esprit, les racines que les ailes, la tradition que le progrès, l’identité que le cosmopolitisme. Elle rassemble au-delà des habituelles mises en scènes manichéennes.

Est-ce que la production locale est vraiment meilleure ? Oui, quand elle est conforme à son biotope et à son climat, elle fait converger le meilleur rapport qualité/prix et de nombreux objectifs de développement durable.


Carlo Hein, fondateur et directeur de Ramborn Cider Co à Born, en est convaincu : « en créant un produit local avec des impacts positifs, on crée un produit durable ».

La pandémie de Covid puis l’invasion en Ukraine ont révélé aux yeux des pouvoirs publics et des opinions la dangerosité de la servitude aux marchés extérieurs.

Le Luxembourg comme l’Europe a la nécessité de diminuer ses perfusions aux importations. Comment ? Par exemple, en investissant dans la production locale, en relocalisant, en innovant et en soutenant une agriculture épanouie et pérenne.

La plupart d’entre nous ne savent plus ce qu’ils doivent à l’agriculture. Notre nourriture passe des rayons à l’assiette. Notre caddie est en mode pilote automatique. Nous n’avons pas le temps. Nous payons une addition au restaurant. C’est normal, c’est l’habitude. Nous avons rompu le lien viscéral avec le travail de la terre. Cette déconnexion nous éloigne d’une réflexion et d’une vision d’ensemble, nous empêchant de saisir la valeur d’un produit au-delà de son prix.

Pourtant, l’agriculture est en première ligne face au dérèglement climatique et centralise les défis futurs autour d’une population nationale et mondiale croissante. L’agriculture est synonyme d’une souveraineté alimentaire tant désirée. Remettons-la au cœur des débats, favorisons son adéquation avec son milieu naturel et sa transition sans culpabilisation, loin des standards intensifs dopés aux pesticides, glyphosates et autres herbicides ou intrants chimiques.

Dans une région privilégiée par son pouvoir d’achat, le coût ne peut être le seul critère. Comparons toutes les retombées positives et négatives d’une marchandise.

Soyez-en sûrs, vous payez toujours le produit à son juste prix. S’il est moins cher, c’est seulement en raison de sa médiocrité, parce qu’il est pauvre, pauvre en goût, pauvre en quantité, pauvre en valeur nutritive, parce qu’il rend pauvre ouvriers et producteurs. Parfois pire.


Sur ce dernier aspect, Jérôme Colson, directeur des Ateliers du Tricentenaire à Bissen et leurs Chocolats du Cœur ont trouvé le mot juste et la bonne formule : « des produits artisanaux de qualité supérieure fabriqués dans le respect des travailleurs d’ici et d’ailleurs ».

Nous savons quelles géographies et quelles chaînes de production ne respectent pas le travailleur. Nous savons que dans certains cas extrêmes, le travail forcé tel celui des Ouïghours ou l’esclavage moderne profitent aux processus de fabrication. Quel étrange sortilège nous téléguide tout de même comme des somnambules vers ces mauvais produits de masse ? Le marketing cynique. Il n’est pas près de faiblir.

Le big data et l’intelligence artificielle donnent au marketing prédictif (anticiper vos besoins) des ressources infinies et des perspectives inimaginables. Un « consommateur nu » dépossédé de ses données et de son libre arbitre face à l’appétit des vendeurs pyromanes.

Rhabillons ce consommateur. Opposons un marketing de conviction et des initiatives positives, c’est notre tentative. Passons de la consommation compulsive à la consommation consciente. Ce « consumérisme de raison » ne résoudrait pas tous les problèmes mais il aurait au moins le mérite d’enrayer la surconsommation. Chaque pas en avant est précieux.

Il est donc l’heure d’entrer dans le circuit court, de la ferme à la fourchette, et de court-circuiter les circuits longs, des modèles qui ne voient dans votre achat qu’un moyen supplémentaire de satisfaire leurs propres intérêts.

On peut se faire plaisir ou faire plaisir en achetant un excellent produit et simultanément préserver sa santé, celle de ses enfants et de son entourage, créer des emplois et des dynamiques économiques, réduire ses impacts négatifs comme les déchets, maintenir les traditions vivantes, améliorer son cadre de vie, agir pour l’environnement et le climat. Mais comment tout cela est possible ? En faisant le choix du voisin, votre « producteur du coin » et de la Grande Région.

Achetez bon, achetez bien. C’est le pouvoir de votre achat.

Par Sébastien MICHEL
Photo : Fanny Krackenberger

« Les producteurs luxembourgeois ne se vantent pas assez de leurs produits »
« Les producteurs luxembourgeois ne se vantent pas assez de leurs produits »

Infogreen a réuni, le temps d’un échange sur la production alimentaire luxembourgeoise, Max Holz, directeur adjoint de co-labor, Karine Paris, coordinatrice projets urban gardening au CELL et Christianne Wickler, administrateur-délégué du Pall Center.

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Le Luxembourg importe la grande majorité de son alimentation. En 2022, sur les 9 premiers mois de l’année, on estimait à 2,2 milliards la valeur des importations alimentaires. N’est-il pas possible de produire davantage localement ?

Max Holz  : co-labor est producteur de fruits et légumes de qualité bio sur plus ou moins 10 hectares. Nous avons la chance de pouvoir le faire en transmettant du savoir-faire et dans le cadre de l’insertion, de la réinsertion professionnelle ou de la stabilisation psycho-sociale.

Selon nous, il est indispensable de produire plus localement. Néanmoins, des problématiques se posent comme celle de la rentabilité ou d’un cadre législatif parfois restrictif concernant des modes de productions alternatifs.

Christianne Wickler : Et nous avons en plus le pouvoir d’achat.

MH : En effet, le pouvoir d’achat du Luxembourg reste élevé.

En parallèle, nous ressentons les effets du changement climatique, avec des périodes de sécheresse très importantes, avec les fortes inondations qui ont entièrement détruit certaines productions il y a quelques années. C’est un challenge pour nous en tant que producteurs, surtout ces dernières années.

Selon vous, la contrainte est surtout climatique ou politique ?

MH : Ces deux sujets doivent être considérés ensemble. Du point de vue technique, nous pouvons nous adapter à un certain niveau, grâce par exemple aux techniques de stockage d’eau qui permettent de la collecter et de l’utiliser quand il faut.

À plus petite échelle, la production peut également être pensée dans une logique d’autoconsommation. Mme Paris, vous êtes chargée de l’urban gardening pour CELL. La demande des citoyens est-elle forte ?

Karine Paris : Je dirais que les citoyens souhaitent se réapproprier leur vie, globalement, et du coup notamment connaître les détails de la production alimentaire - avoir une parcelle de terrain, connaître le fonctionnement d’un sol… Cela s’allie à une partie conviviale, une dynamique sociale très importante. Il y a aussi une forme de solidarité qui s’installe. Par exemple en été, lors des récoltes, quand une partie des gens sont en vacances, les personnes présentes vont préserver voire transformer les produits pour les donner à leur retour. Actuellement, CELL comptabilise entre 300 et 400 résidents actifs dans des jardins mixtes ou communautaires, soit une dizaine par jardin. Ce sont principalement des personnes âgées entre 25 et 70 ans, et leurs enfants.

CELL essaie également de faire prolonger les périodes de production, ce qui est uniquement possible si on peut mettre des serres. Cela reste compliqué en raison du cadre réglementaire, mais je trouve que les communes commencent à être assez ouvertes sur la question ; certaines vont jusqu’à financer les serres des citoyens. Nous essayons aussi de favoriser la production fruitière mais sommes freinés par la peur de transplanter des arbres qui seront considérés comme un nouveau biotope. Aujourd’hui personne ne souhaite créer de biotopes de crainte de ne plus pouvoir construire par la suite. Au niveau communal, j’apprécierais de voir dans les PAG, des zones d’expérimentation ou des zones complètement dédiées à la production citoyenne.

Il y a également à mon sens un problème dans la production de viande et de lait qui sont en surproduction, tout ça parce que les terrains ne seraient pas adaptés au maraîchage. On pourrait au moins faire plus de céréales et moins de viande et de lait.

Max Holz, Karine Paris et Christianne Wickler
Max Holz, Karine Paris et Christianne Wickler

Le Grand-Duché produit beaucoup de lait, et pourtant les produits laitiers font partie des aliments les plus importés. Comment expliquez-vous cela ?

CW : Par la demande des consommateurs. C’est le marché qui dirige, et donc le marketing et les influences de l’extérieur. Le consommateur croit avoir le pouvoir mais il l’a perdu car il se fait manipuler par les multinationales. Ce qui est dommage, c’est que les producteurs luxembourgeois ont un complexe d’infériorité trop grand et ne se vantent pas assez de leurs produits. Pour moi c’est important, si les expats arrivent, qu’on leur propose leurs céréales – qui sont belges et c’est très bien, parce qu’ils n’ont pas l’habitude des nôtres, mais qu’ils les goûtent au moins avec notre lait, qui est de bonne qualité.

Les Luxembourgeois – le Luxembourg compte près de 50% de Luxembourgeois natifs – sont par exemple aussi très attachés à la moutarde du Luxembourg. C’est important que cela perdure et qu’on ne laisse pas les multinationales étrangères nous pousser vers la porte. Il y a une opportunité du marché pour être plus ferme dans la communication, dans le marketing de nos moutardes et autres produits luxembourgeois. Une société luxembourgeoise ne sait pas faire d’économie d’échelle, nous n’avons pas la masse critique pour cela. C’est donc la qualité qui doit être mise en avant.

Un nouveau gouvernement vient d’être mis en place. Qu’attendez-vous de cette coalition Frieden-Bettel ?

MH : Je pense qu’il faut un certain pragmatisme dans la définition des politiques environnementales, de production et de distribution. C’est très important d’avancer sur des sujets tels que, par exemple, les emballages, mais il faut aussi trouver des solutions compatibles avec ce qui se passe sur le terrain et se concerter avec celui-ci au préalable.

CW : Ce qu’on attend, c’est une reconnexion de la politique avec le terrain. Ça passe par le dialogue, par le débat, par la discussion ; pas par Bruxelles qui dicte.

KP : Je crois qu’il faut arrêter d’artificialiser les sols. Il faut absolument encourager toute production non conventionnelle, en tout cas sans intrant chimique ni pesticide.

Au niveau de la gouvernance, CELL a lancé en 2018 l’idée de lancer un conseil alimentaire– à ce jour seule la Ville de Differdange a mis cela en place – en vue d’en avoir un à l’échelle nationale, qui regrouperait tout type d’acteur, du producteur au consommateur, en passant par les politiques, les chercheurs, les commerçants. Ils réfléchiraient aux besoins et aux façons de développer l’alimentation au Luxembourg, voire en Grande Région parce que ça a peu de sens de se limiter aux frontières.

CW : Surtout qu’il y a 200.000 personnes qui rentrent et mangent potentiellement au moins une fois par jour au Luxembourg. 200.000, c’est le double de Luxembourg-ville.

KP : Dans aucune perspective, on peut se limiter aux frontières du pays. Il faut des échanges.

Vous mentionniez les communes ; sont-elles selon vous bien placées pour favoriser les productions locales ?

CW : Tout est dans le nom « commune » = communauté.

KP : Elles sont propriétaires de terrain, elles ont donc une force d’action, ne serait-ce que pour mettre à disposition des terrains ou carrément embaucher des maraîchers salariés pour lancer des productions locales, comme à Differdange. Si on veut mieux nourrir au sein des cantines, des hôpitaux, bref des espaces publics ou la population en général, il faut encourager la production locale.

Marie-Astrid Heyde
Photos : Marie Champlon

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Carlo Hein, fondateur et directeur de Ramborn Cider Co dans la ferme du 18e siècle à Born
Cidre Ramborn : héritage millénaire et vecteur de changement local

À Born, sur les berges de la Sûre, les vergers anciens ont inspiré la renaissance du cidre luxembourgeois et dans son sillage, de tout l’environnement traditionnel local. Conversation avec Carlo Hein, fondateur et directeur de Ramborn Cider Co., articulée autour des thèmes clés d’une production cidricole éthique.

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La tradition du cidre au Luxembourg ?

« À la genèse de Ramborn, au fil de nos recherches historiques, nous avons retrouvé des textes mentionnant la culture romaine du vin le long de la Moselle et de ses affluents il y a 2000 ans ; mais également la culture de la pomme, de la poire et du cidre. Il faut se rappeler que Trêves était alors la capitale du nord de l’empire romain, la 3e ou 4e plus grande ville au monde.

Au Luxembourg, il y a 100 ans, on recensait un million d’arbres fruitiers à haute tige. C’est sans doute pourquoi pommes et poires ont toujours eu une place prépondérante dans la culture de la table luxembourgeoise, notamment au siècle dernier.

Cette culture s’est peu à peu perdue après la seconde guerre mondiale lorsque l’agriculture moderne s’est développée, alors même que les générations précédentes produisaient leur propre cidre, surnommé Viez. »

Le cidre de qualité dévoile des arômes subtils
Le cidre de qualité dévoile des arômes subtils

Haut comme trois pommes : les motivations du début ?

« Nous nous sommes dit que nous pouvions faire un bon produit à partir des arbres fruitiers encore présents dans la région et, très vite, nous avons compris que nous étions non seulement en mesure de produire des cidres de grande qualité, mais aussi que les variétés de pommes luxembourgeoises nous offraient des possibilités quasi infinies en termes de goûts et nuances : allant du fruité au floral, en passant par l’acidulé et le tannique.

Mais nous avons aussi pris conscience de l’état des vergers très âgés. Nous avons alors commencé à les rénover et à replanter des arbres fruitiers. Nous y travaillons toujours.

La communauté à l’origine de Ramborn est littéralement née dans ces villages. Nous avons retissé le lien avec ces vergers que nous connaissions enfants. Ce sont de véritables trésors botaniques et des habitats abritant une biodiversité d’une singulière richesse. Il ne fallait pas que ce paysage se détériore. »

Les valeurs et les engagements de Ramborn ?

« À Born, nous avons rénové une ferme du XVIIIe siècle – que tout le monde peut visiter – pour y installer notre siège. De nombreux habitants du village et de ses environs travaillent chez Ramborn. Nous coopérons avec des fermiers de la région que nous connaissons depuis toujours.

En combinant ce volet social avec le volet environnemental, c’est toute la production régionale qui en tire un large bénéfice. C’est entre autres avec ces critères que nous sommes parvenus à la certification B Corp (Benefit Corporation). Avant même d’être officiellement certifiés, nous rassemblions déjà tous les critères pour obtenir le score requis.

Pour les sociétés qui viennent de ce sillon de valeurs, pour lesquelles la durabilité est une philosophie intrinsèque, c’est beaucoup plus facile et ce le sera davantage dans le futur. »

Carlo Hein, fondateur et directeur de Ramborn Cider Co dans la ferme rénovée du 18<sup class="typo_exposants">e</sup> siècle à Born
Carlo Hein, fondateur et directeur de Ramborn Cider Co dans la ferme rénovée du 18e siècle à Born - Fanny Krackenberger

Vos principes pour réussir une production durable ?

« D’abord, nos pommes sont exclusivement d’anciennes variétés provenant de vergers haute tige. Nous ne faisons aucun compromis là-dessus.

Ensuite, pour des producteurs que nous connaissons moins, nous exigeons une déclaration signée et documentée portant sur le non-traitement de leurs fruits. »

La compétitivité d’une production locale ?

« Ce n’est pas facile, mais il n’y a pas que l’aspect économique, l’ensemble des répercussions positives doit être valorisé.

Le prisme B Corp, nous offre une vision d’ensemble des retombées financières et sociales mais aussi de leur ruissellement. Ramborn fait partie d’un groupe et son engagement a rayonné sur les autres sociétés de ce groupe.

À Born, toute la communauté s’accorde à dire que nous contribuons au changement, à la restauration du paysage local et c’est important pour nous. »

Les conséquences des crises sur votre modèle économique ?

Ramborn et sa production éthique de jus et de cidres certifiée B Corp
Ramborn et sa production éthique de jus et de cidres certifiée B Corp - Fanny Krackenberger

« Les prix de l’énergie, des pesticides, des fertilisants, des carburants, des bouteilles non consignées ont connu une inflation. Or, malgré les crises à répétition, nous n’avons été que très peu touchés, tout comme nos coûts de production. La manière de produire de Ramborn fondée sur l’économie circulaire nous rend plus résilient face aux chocs contemporains. »

L’avenir de la consommation ?

« Dans les rayons, encore trop peu nombreuses sont les personnes qui regardent l’origine et l’impact carbone de certains produits. On fait attention au prix, parfois à la qualité. Pourtant, un jour ou l’autre, les grandes chaînes devront établir leur bilan carbone et à ce moment-là ces références seront sorties des rayons.

En créant un produit avec des impacts positifs, on crée un produit durable. Si l’on conçoit un produit sans analyser ses impacts, la réalité le rattrape vite. »

La responsabilité du consommateur ?

« Il y a toujours ce triptyque : législateur, consommateur et producteur. Chacun attend que l’autre agisse avant d’adapter ses comportements et habitudes de consommation, mais c’est aux trois d’agir simultanément et de montrer la même implication. Nos actions doivent être communes et coordonnées.

La plupart du temps, le consommateur entre dans un supermarché et achète sans se rendre compte de sa dépendance vis-à-vis de l’agriculture. Chaque pays devrait investir dans son agriculture pour garantir sa souveraineté alimentaire et pour développer une agriculture durable comme l’agriculture régénérative que prône et pratique Ramborn. »

Les jus et cidres de qualité supérieure Ramborn dans la cave de Born
Les jus et cidres de qualité supérieure Ramborn dans la cave de Born - Fanny Krackenberger

Le futur de l’entreprise cidricole ?

« Nous allons continuer de nous appuyer sur la tradition en y intégrant de nouveaux produits à l’image de nos jus, de notre Ice Cider ou notre Ice Perry, l’équivalent d’un vin de glace respectivement avec de la pomme ou de la poire.

La prochaine étape c’est la découverte gastronomique : combiner le cidre avec des plats traditionnels luxembourgeois et d’autres plus modernes, notamment lors d’événements qui associent les mets et le cidre. Ce sont des ambiances et expériences formidables dont on se souvient longtemps. »

Propos recueillis par Sébastien Michel
Photos : Fanny Krackenberger
Légende de la photo d’illustration : Carlo Hein, fondateur et directeur de Ramborn Cider Co dans la ferme rénovée du 18e siècle à Born


Le saviez-vous ? Qu’est-ce que la certification B Corp ? Pourquoi c’est un indicateur précieux pour le consommateur et pour toute la société ?

Carlo Hein, directeur de Ramborn - Dégustation de cidre
Carlo Hein, directeur de Ramborn - Dégustation de cidre - Fanny Krackenberger

Le label B Corp identifie des entreprises répondant à de très stricts critères sur leurs impacts sociétaux et environnementaux. Ces critères s’appuient sur 5 piliers, la gouvernance (éthique et transparence…), les collaborateurs (rémunération, bien-être…), la collectivité (inclusion, impact sur le tissu économique…), l’environnement et les clients.

La certification est octroyée par une ONG indépendante et sans but lucratif baptisée B Lab. Pour devenir une entreprise « B certifiée », il faut obtenir un score final après un audit rigoureux. Celui-ci s’appuie sur des pratiques d’entreprise concrètes et vérifiées et non sur des promesses futures.

Les labels actuels garantissent au consommateur de se tourner vers un produit bon et sain. Ils valident ainsi la qualité de son achat. La dimension de la certification B Corp est tout autre et bien plus vaste. B Corp indique que toute la société est impliquée dans la création du produit et que cela profite aux 5 piliers.

Ce n’est pas seulement un produit bon pour le consommateur, mais un produit bon pour tous. Un produit qui nourrit l’intérêt général.

Une belle solidarité au sein des apiculteurs
Une belle solidarité au sein des apiculteurs

Fraîchement débarqué au Grand-Duché, Geoffroy Vigneron compte bien mettre en avant le monde de l’apiculture via sa société Honapi. Du miel 100% luxembourgeois aux bougies en passant par le parrainage de ruches et la sensibilisation à la biodiversité, rencontre avec un passionné des abeilles.

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L’apiculture est une affaire de famille chez les Vigneron. Geoffroy s’est lancé dans le secteur grâce à son papa. Leur rucher est implanté en Moselle dans la région Lorraine (3 sites) et au Grand-Duché de Luxembourg (Remich). Grâce à ces quatre cheptels, leur miel a une richesse florale assez particulière.

Une fierté pour Geoffroy Vigneron, nouveau venu sur le marché luxembourgeois. « Je me suis lancé, cette année, au Luxembourg après des rencontres lors du marché mobile de co-labor MAART à Beggen. Après une proposition de collaboration, j’ai effectué toutes mes démarches administratives pour obtenir ma certification bio en octobre. Évidemment, pour le moment, c’est une petite production car il faut du temps pour développer des colonies d’abeilles en adéquation avec la réglementation bio. »

Geoffroy Vigneron
Geoffroy Vigneron - ©Honapi

Des attentes qui dépendent d’un cahier des charges assez précis. Ce dernier allant jusqu’à contrôler la zone de butinage et le nourrissement des abeilles via du sucre ou sirop bio. « Cela peut paraître assez lourd mais ça permet une meilleure traçabilité. Évidemment, ça a un coût, à savoir 30 à 40 % de plus qu’une production conventionnelle. J’ai donc posé mes ruches à Remich sur un verger de mirabelliers appartenant à co-labor GAART. C’est bien entendu du win-win car cela permet une meilleure pollinisation de leurs arbres. »

Un choix judicieux. « La première récolte s’est très bien passée. Les pots sont en vente dans les magasins de co-labor, ainsi que sur mon site Honapi. La prochaine étape est la production d’un miel 100% local, de la ruche au pot. C’est pour cette raison que j’ai conclu un accord avec Bamolux. Ils vont fabriquer les premières ruches 100% Made In Luxembourg. Actuellement, seul le pot ne vient pas encore du Luxembourg. Mais je suis à la recherche de solutions comme un contenant végétal. Je veux vraiment me démarquer pour mettre en avant le commerce local. »

La passion avant tout

Le Luxembourg accueille environ 800 apiculteurs, dont la très grande majorité font ça pour leur loisir. « Il n’y en a qu’un ou deux qui sont professionnels à temps complet. Les quelques autres qui en font également commerce ont un emploi sur le côté. C’est un secteur qui demande beaucoup d’investissements, que je chiffre entre 300 et 500.000 euros. Une somme importante si on vise le long terme et un travail bien fait. »

Le miel et les bougies sont notamment en vente sur le site.
Le miel et les bougies sont notamment en vente sur le site. - ©Honapi

Geoffroy Vigneron a des idées plein la tête. « Si la base de mon métier est de produire du miel et de le vendre à des distributeurs, j’aime également me diversifier. C’est pour cette raison que je propose également la vente de bougies faites à base de ma cire et le parrainage de ruches. D’où cette collaboration avec Bamolux qui, j’en suis certain, est une belle vitrine pour mettre en avant le miel bio 100% luxembourgeois. Lors de mes démarchages, j’explique toujours l’importance de la biodiversité. Se diversifier est crucial si je veux me développer progressivement. Je me tourne autant vers les particuliers avec mon miel et mes bougies, que vers les entreprises via le parrainage et les agriculteurs avec la pollinisation. »

Et Geoffroy Vigneron de partager sa vision de la proximité. « Le commerce local est très important pour un pays comme le Luxembourg qui fonctionne beaucoup en réseau. Mais pour que cela fonctionne, il faut que chacun soit solidaire. C’est l’une des caractéristiques du secteur de l’apiculture. Tout le monde s’aide avec du matériel, des élevages de reines, des colonies d’abeilles, de la cire ou tout simplement avec des conseils avisés. »

Propos recueillis par Sébastien Yernaux
Photos : ©Honapi

« C'est le consommateur qui décide de ce qui doit se trouver dans les rayons »
« C’est le consommateur qui décide de ce qui doit se trouver dans les rayons »

Max Holz, directeur adjoint de co-labor, Karine Paris, coordinatrice projets urban gardening au CELL et Christianne Wickler, administrateur-délégué du Pall Center ont eu l’occasion d’échanger leurs points de vue sur la distribution et le gaspillage des produits alimentaires au Luxembourg.

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Quels sont les moyens de distribution les plus efficaces pour l’alimentation Made in Luxembourg ?

Max Holz : Chez co-labor, producteur de fruits et légumes de qualité bio, nous arrivons à distribuer toute la production par nos propres moyens, sans passer par des grossistes ou des supermarchés. Ces moyens incluent les paniers Grénge Kuerf qui sont livrés du lundi au vendredi chez les particuliers et les professionnels.

Toutefois, selon un récent sondage d’ILRES, 95% des résidents effectuent leurs achats alimentaires dans les supermarchés. Faut-il donc essayer d’amener plus de producteurs locaux dans les grandes surfaces ?

Christianne Wickler : De mon point de vue, le producteur produit, et nous distribuons. C’est là qu’on peut se retrouver. C’est aussi une question de durabilité, pour avoir une certaine quantité dans les rayons. Avec les producteurs locaux, on est dépendants des saisons. La logistique coûte également de plus en plus cher, même plus cher que le produit en lui-même. Il faut remettre la juste valeur au produit et donc aussi se demander ce que cherchent ces 95%. La qualité ? Le prix ? La proximité ?

En tant que commerçant, il est aussi de notre devoir de savoir ce qu’on veut et d’être clair vis-à-vis des clients. Et également savoir ce qu’on ne veut pas, ni pour ses fournisseurs, ni pour des producteurs, ni pour son personnel, ni pour le client. Au Luxembourg, nous avons la chance de pouvoir survivre en tant que petite entreprise dans un marché très global. Les gros supermarchés venant de l’extérieur ont de tous autres moyens que nous. On a malgré tout toujours, et grâce à notre pouvoir d’achat au Luxembourg, une politique salariale qui est correcte. Et on a la possibilité de communiquer avec nos consommateurs d’une autre façon et de clairement afficher la différence, que ce n’est pas le prix le premier facteur d’achat, mais la qualité. Tout en restant évidemment dans la course des produits américains sur lesquels les prix se jouent.

Je parlais de communication, ça se fait chez nous avec les producteurs qui viennent expliquer leur production, leurs produits, leurs méthodes, leur culture. Camille Gira disait toujours ‘le commerce est un acte humain entre deux personnes’, et non entre deux ordinateurs.

Pour deux produits similaires, l’un luxembourgeois et l’autre importé, vous constatez une préférence pour le produit « de chez nous » ?

CW : Oui, avec la précision que quand je dis local, ça peut aussi être le Luxembourg belge, les frontières françaises, la Sarre. On revient au concept d’appartenance d’une communauté à un produit. La moutarde luxembourgeoise est par exemple très vite adoptée par les non-Luxembourgeois.

Karine Paris : Pour nous, les moyens de distribution à renforcer sont les coopératives d’achat citoyennes. Il y a eu une expérience avec AlterCoop qui n’a pas résisté pour diverses raisons, mais CELL a toutefois toujours l’intention d’encourager et de participer à ce genre d’initiatives dans le but de devenir des consommateurs éclairés, conscients de notre volonté de soutenir la production locale, en général bio et de manger des produits de qualité. Ces consommateurs vont alors directement chez les producteurs passer commande. Le nombre de coopérateurs augmentant – il y en avait entre 150 et 200 dans le cas d’AlterCoop –, la masse commence à avoir une influence sur les producteurs.

CW : Le producteur doit avoir une garantie de planification.

KP : C’est cela. Donc encourager ces initiatives est pour moi un acte de soutien à la production locale.

N’y a-t-il pas toutefois une part significative de la population qui va aller vers le moins cher ?

CW : C’est une question de volonté, il faut savoir ce qu’on veut. On sait que 30% de ce que le consommateur achète est jeté, parce qu’il a acheté 2 baguettes + 1 gratuite. Il n’y a pas de baguette gratuite, quelqu’un la paie ; le producteur la paie. Pour moi, point de vue commerce, c’est une aberration totale. Nous sommes malheureusement actuellement dans un monde où c’est l’émotionnel qui prend le dessus. Nos grands-parents ne réfléchissaient pas comme cela, ils n’en avaient pas les moyens. C’est le rationnel qui définissait ce qu’ils allaient acheter ou non.

KP : À travers mon expérience avec Foodsharing, j’ai pu constater que certaines grandes surfaces ont pour but de répondre à tout moment à toute demande du client, avec l’ensemble de leurs produits. Il y a donc un surplus énorme en fin de journée. À un niveau personnel, je n’arrive plus à supporter tout ce gaspillage alimentaire. À un moment donné, en fin de journée, c’est normal qu’il reste ce qui reste.

CW : C’est aussi une analyse personnelle liée à l’éducation. J’ai été élevée dans un contexte où l’on ne jetait rien. Si je vais à la boulangerie à 19h, je trouve aussi normal de devoir prendre ce qu’il y a. Si elle est trop fournie, je sais que tous les invendus vont être jetés.

KP : Question prix, je pense quand même que les personnes qui vivent avec les niveaux salariaux les plus bas du pays - même s’ils restent supérieurs à l’ensemble de l’Union européenne -, elles ne pourraient pas payer le prix bio. Ce n’est pas accessible à tout le monde. Et cela a un impact sur la santé, avec de l’obésité due à la surconsommation de produits industriels trop gras et trop sucrés.

MH : Ce qui est clair chez co-labor, c’est que notre clientèle s’intéresse au développement durable, au social, au bio ; c’est une clientèle qui veut acheter du sain et du local. C’est une clientèle qui est prête à payer le juste prix pour des produits de qualité et de la région.

Toutefois, on remarque un impact sur la distribution de nos produits alimentaires depuis le début du conflit en Ukraine. C’est une tendance qui est confirmée par d’autres distributeurs bio luxembourgeois. Plusieurs facteurs jouent : d’un côté le coûts de la vie a considérablement augmenté, et d’autre part de grands acteurs internationaux en plein développement au Luxembourg commencent à offrir du bio bas de gamme, de production de masse, à des prix plus concurrentiels.

Nous travaillons beaucoup à la sensibilisation envers le public externe, pour reconnecter les gens à leur environnement. C’est un travail qui, à notre avis, est important.

CW : Malheureusement, le commerce c’est ça, c’est repousser l’autre. C’est une guerre économique.

Quelles principales causes de gaspillage alimentaire identifiez-vous ?

CW : Les promotions comme précédemment expliqué, la surproduction. L’un veut voler des clients à l’autre, mais à la fin, si on produit pour 500.000 et seuls 300.000 consomment, c’est clair qu’il y a trop. Si on n’a pas recensé le nombre de personnes qui mangent ces produits sujets à gaspillage, alors on ne peut jamais résoudre le problème.

L’industrie pousse aussi car les dates limites de consommation (DLC) sont de plus en plus courtes, alors que la marchandise est la même. On produit pour jeter.

Des initiatives existent pour limiter le gaspillage. Lesquelles employez-vous dans vos domaines respectifs ?

MH : Notre service bistro qui organise notre cantine ainsi que notre atelier de transformation absorbent pas mal de surproduction pour créer les plats du jour ou des confitures, tartes, etc.

Ensuite, en tant qu’initiative sociale qui travaille avec des demandeurs d’emploi, nous avons un accord avec une banque alimentaire. Une fois par semaine nous distribuons des aliments qui ont une DLC dépassée ou de surproduction, à nos salariés en mesure de réinsertion.

Depuis avril, nous avons un nouveau point de vente à Dudelange où nous sommes en train de mettre en place, en coopération avec la commune, un frigo solidaire au sein de l’épicerie. Nous y proposerons des produits dont la DLC est dépassée, à des citoyens de la commune en possession d’une carte solidaire délivrée par le service social de la commune.

KP : Il y a heureusement ces frigos solidaires, comme ceux de Foodsharing. J’approvisionnais régulièrement celui de Bonnevoie, qui a été retiré récemment pour des raisons de maintenance. Il était situé dans un quartier dans lequel beaucoup de gens vivent dans la rue, en face d’Inter-Actions. Il était vide presque tout le temps ; les gens attendaient même que des personnes viennent déposer des aliments.

CW : Dans les points de vente Pall Center, nous faisons des paniers de fruits et légumes à 2 euros pour éviter de jeter. Quand la DLC d’un produit approche, nous le proposons à prix réduit. Le reste part à destination de Foodsharing et des épiceries du Cent Buttek. Nous essayons aussi en amont d’ajuster au maximum les commandes car cela a évidemment un impact direct sur la rentabilité du magasin.

Quels autres leviers pourrions-nous envisager pour diminuer davantage le gaspillage alimentaire ?

KP : Le gaspillage, il ne faut pas oublier qu’il commence à la production, notamment sur les chaînes industrielles. Dès la moisson, une partie du grain est perdue ; il y a sans doute des processus à améliorer.

CW : Il faut plus de réflexion, plus de factuel entre ce qui est produit et ce qui est jeté. On pousse la terre à toujours donner plus. Et c’est là qu’on fait beaucoup de mal à la planète.

KP : Pour le maraîchage et les fruits, il faudrait plus d’unités de transformation au Luxembourg. Cela crée une plus-value pour les personnes qui travaillent dans le maraîchage, qui est une activité difficile. La transformation permettrait de prolonger la durée de vie des produits de saison et donc de manger local plus longtemps, et de créer des emplois en soutien à la production locale.

CW : Et de développer un vrai savoir-faire.

KP : Et des filières aussi. Par exemple, au Kirchberg, Microtarians s’est lancé dans la lacto-fermentation qui est un procédé d’autant plus intéressant qu’il n’y a pas d’énergie nécessaire pour la transformation.

Les campagnes nationales de sensibilisation à l’anti-gaspi, pour ou contre ?

CW : Pour, si elles sont positives et non menées par la peur. Si on explique de façon rationnelle et non pas émotionnelle.

MH : In fine c’est aussi le consommateur qui décide de ce qui doit se trouver à moyen terme dans les rayons. Il doit réaliser qu’il a le pouvoir d’agir sur la surproduction et donc sur le gaspillage. S’il dispose des bonnes informations, il peut les utiliser pour prendre les bonnes décisions. Mais bien sûr, le consommateur seul ne fermera pas toutes les boucles ; c’est un maillon d’une chaîne très complexe.

Marie-Astrid Heyde
Photos : Marie Champlon

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Quand l'humain et le commerce local ne font qu'un
Quand l’humain et le commerce local ne font qu’un

En plus d’être très actif dans la réinsertion socio-professionnelle, co-labor met en avant les petits producteurs locaux par l’entremise de ses deux boutiques. Une double responsabilité reconnue au fil des années pour en faire une référence incontournable au Luxembourg. Rencontre avec Max Holz, directeur adjoint aux opérations.

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Les producteurs locaux n’ont pas toujours la vie facile pour se développer. Heureusement, des grands acteurs de l’économie sociale et solidaire comme co-labor sont présents pour mettre leurs produits en valeur. Existe-t-il une certaine concurrence entre eux ? « Ce n’est pas vraiment la concurrence entre les petits commerçants qui rend le contexte difficile », explique Max Holz. « Évidemment, ce n’est pas tous les jours facile. On a constaté, chez les acteurs de la distribution bio, une augmentation des difficultés depuis un an et demi, notamment pour conserver la clientèle à cause de l’évolution des prix. Je parlerais donc plus de complémentarité entre les acteurs bio et non de concurrence. Il y a beaucoup de valeurs derrière le bio et notre mode de pensée. Nous avons une mission importante pour préserver la planète. Il est donc inutile de se tirer dans les pattes. »

Max Holz
Max Holz - ©Infogreen

Si certains parlent d’un effet positif post-Covid pour le commerce local, Max Holz n’est pas aussi radical. « C’était plus une tendance éphémère à mes yeux. Durant une année, les gens se sont majoritairement tournés vers les producteurs régionaux. Il y avait une réelle envie de retrouver l’authentique, de se rassurer. Mais je pense que cet effet s’est estompé par la suite. Pour notre part, nous avons la chance d’avoir une clientèle fidèle et qui s’intéresse au marché bio et local. »

Et le prix dans tout cela ? Est-ce que le bio continue à conserver son étiquette d’élitiste ? « Il ne faut pas rêver. Nous sommes conscients que notre clientèle a les moyens de s’acheter des produits de qualité, fabriqués dans un contexte d’économie sociale et solidaire. Comme ils sont produits localement et mis en vente par de petits distributeurs, nos clients sont prêts à payer le juste prix qui rémunèrera correctement les producteurs et qui sera logiquement plus élevé qu’en grande surface. Il ne serait pas honnête de déclarer que le prix ne joue pas un rôle dans la fréquentation des commerces locaux. Et puis, il ne faut pas oublier que le pouvoir de négociation avec les fournisseurs n’est pas le même entre une grande chaîne et un petit commerçant. Cela impact donc forcément la marge et le prix de vente final. Si co-labor mettait trop de pression sur les petits producteurs, ils ne pourraient plus suivre. Il faut donc que chacun y trouve son compte et se respecte. »

co-labor, une référence au Luxembourg ? « Nous avons fêté nos 40 ans cette année. Nous sommes bien implantés. Nous avons profité de cette occasion pour faire des efforts en termes de visibilité, ce qui entraîne de nombreuses demandes de partenariats. Nos démarches sociales et écologiques sont appréciées par les producteurs. C’est un win/win évidemment car nous pouvons proposer des produits de qualité alors qu’eux profitent de co-labor pour distribuer leur marchandise et se faire connaître. »

L’humain avant tout

Si les deux boutiques de co-labor -Bertange et Dudelange- sont connues du grand public, il ne faut pas oublier que la mission principale est la réinsertion professionnelle. « Nous nous adaptons constamment à l’évolution du marché du travail. Nous sommes très actifs dans le domaine du jardinage, du maraîchage et de l’entretien des forêts. C’est donc une grande fierté d’avoir soufflé nos 40 bougies avec une belle renommée. Celle-ci s’est construite au fil de toutes ces années. Les personnes formées par nos soins repartent avec un bagage plus solide pour affronter le monde du travail. Et ce n’est pas toujours gagné d’avance car nous devons faire face à la barrière de la langue pour certaines personnes, à leur marginalisation de la société ou encore à leur rythme pour une journée ordinaire. Des tâches qui peuvent paraître simples pour beaucoup d’entre-nous mais qui Gdemandent un réel effort pour de nombreux salariés en insertion. »

co-labor MAART Dudelange
co-labor MAART Dudelange - ©Infogreen

D’autres projets en vue ? « Nous avons mis en place, en 2022, le jardin pédagogique Gaïa pour les enfants. Depuis sa création, nous avons constaté que les jeunes sont très éloignés de la réalité de la terre, du sol et de ce qui y pousse pour nous nourrir. Ils n’ont, pour la plupart, plus aucune connexion sur la manière dont leur nourriture est produite. Certains adultes semblent également dépassés par cette réalité. Nous avons donc décidé de développer un jardin similaire mais pour les plus grands. L’idée est de mettre en place un programme adapté à Bertrange afin que les participants puissent en apprendre davantage sur la nature. Toujours en maintenant un lien avec la production alimentaire, maraîchère et fruitière, la biodiversité et le biotope. Tout sera mis en place pour le prochain printemps. »

Propos recueillis par Sébastien Yernaux
Photos : ©Infogreen

L'économie sociale et solidaire pour des fêtes pleines de sens
L’économie sociale et solidaire pour des fêtes pleines de sens

Le saviez-vous ? Pour les festivités de fin d’année, dans le cadre professionnel ou dans la sphère privée, la plupart des ateliers d’inclusion professionnelle - 31 en tout au Luxembourg - ont généralement des catalogues bien étoffés de produits locaux de qualité.

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C’est notamment le cas de l’APEMH, association luxembourgeoise favorisant l’inclusion de personnes en situation de handicap, bien connue pour le Parc Merveilleux de Bettembourg.

Initiée par des parents d’enfants avec un handicap mental, l’APEMH s’est également développée sur trois autres sites à Bettange (siège), Limpach et Hosingen et a su varier ses secteurs d’activité pour intéresser le plus grand nombre : maraîchage et atelier de transformation alimentaire, domaine agricole, restauration, cadeaux d’entreprises ou privés, nettoyage, buanderie, menuiserie et serrurerie, sous-traitance, jardinage et paysagisme et même un service de gardiennage pour nos amis à quatre pattes. Un ensemble de services qui emploient quelque 500 personnes en situation de handicap.

Dire merci, solidairement

À l’approche du mois le plus festif de l’année, c’est l’effervescence au sein de l’association où l’atelier céramique prépare des décorations de Noël, l’atelier de sous-traitance concocte des paniers - ou corbeilles - de mets de fabrication maison ou issus d’autres ateliers protégés, l’équipe de la jardinerie, rassemblée sous la serre, transforme la boutique en un lieu féérique et les équipes de restauration cogitent autour des marmites où mijotent des aliments sains issus de leur propre élevage et maraîchage.

Les corbeilles de l’APEMH s’adressent tant aux entreprises, qu’aux familles, aux administrations ou encore aux épiceries souhaitant proposer des produits locaux de qualité en guise de cadeaux de fin d’année. On y retrouve confitures et miels, vinaigres et huiles, poivres et sels, Limoncello et Orancello, savons et bougies ou encore céramique entièrement réalisés sur l’un des sites de l’association. À cela s’ajoutent des chocolats et autres friandises des ateliers du Tricentenaire et du vin de l’ESAT français (Établissement ou service d’aide par le travail) Château de Lastours. Optez pour les paniers « Limpach » pour une sélection 100% végétarienne.


« Pour les produits que nous ne préparons pas nous-mêmes, nous faisons appel à d’autres ateliers protégés, pour maintenir cet engagement social. »

Nanda Zeh, chargée de direction du Domaine de Bettange

Ces paniers sont disponibles en petites quantités à la boutique du Domaine du Château à Bettange, et sur commande. Ils peuvent être entièrement personnalisés - jusqu’aux étiquettes ! Plus d’infos en cliquant ici.


« Les entreprises font appel à nous pour offrir des cadeaux personnalisés à leurs collaborateurs ou clients. Nous pouvons apposer leur logo sur les étiquettes, ou le visuel de leur choix. »

Carine Schreiber, chargée de direction du Domaine de Limpach

Pour l’anecdote, les pâtes sont réalisées par Dudel Magie, voisins de l’APEMH, à partir des œufs de petit calibre issus des poulaillers de Bettange.

À table, durablement

Le 24 et le 31 décembre, plutôt que de passer la journée derrière les fourneaux, pourquoi ne pas faire appel au service traiteur de l’APEMH ? Apéritifs chauds et froids, canapés, verrines, buffets froids, viandes préparées, plateaux pour raclette et pierrade sauront ravir les papilles de tous les convives.

C’est au cœur du domaine de Limpach que le petit et le gros bétails sont élevés, tandis que la volaille est sur le site de Bettange.

Pour l’ensemble des produits, la priorité est donnée aux aliments issus des différents ateliers, tels que les fruits et légumes de saison, les œufs, les pommes de terre et tous les produits dérivés, toujours dans le plus grand respect des normes en vigueur.

Nanda Zeh, chargée de direction du Domaine de Bettange et Carine Schreiber, chargée de direction du Domaine de Limpach au sein de la serre de Bettange
Nanda Zeh, chargée de direction du Domaine de Bettange et Carine Schreiber, chargée de direction du Domaine de Limpach au sein de la serre de Bettange

La serre de Bettange a également pris une tournure festive. On y trouve des couronnes de l’Avent ainsi que de la décoration de Noël réalisée par les ateliers de l’APEMH. Cette gamme est complétée par des produits d’autres fournisseurs. Découvrez le travail des équipes en vidéo.


« Dans un cadre tel que le nôtre, nous créons toujours les tâches en fonction des capacités de la personne en situation d’un handicap, tout en respectant son rythme de travail. Avec comme but que la personne puisse participer activement à la vie professionnelle. »

Carine Schreiber, chargée de direction du Domaine de Limpach

Inutile donc d’attendre le 1er janvier 2024 pour prendre de bonnes résolutions, quand il est si facile de soutenir l’économie sociale et solidaire tout en (se) faisant plaisir !

Rédigé pour l’APEMH
Photos : Fanny Krackenberger

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Les noix de cajou des Ateliers du Tricentenaire présentées par Jérôme Colson
On fond pour le chocolat, on craque pour la noix de cajou

La sensation du bon est le résultat d’une longue série de convictions. Au Centre Jean Heinisch de Bissen, le Tricentenaire cultive son savoir-faire atypique, la qualité et l’éthique. Sa chocolaterie du cœur et ses ateliers artisanaux fabriquent un goût local sans concession, exclusivement Fairtrade.

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Goûtez, savourez. Vous ne pourrez plus vous en passer !

« C’est d’abord un geste de gourmandise. Aux Ateliers du Tricentenaire ou aux Chocolats du cœur, on vient chercher une bonne noix de cajou, un bon chocolat et s’il y a derrière une plus-value sociale, c’est encore meilleur. » Jérôme Colson, directeur des Ateliers du Tricentenaire vous ouvre les portes d’un lieu incomparable où tout est fait maison et à la main.

Depuis 2009, au fil du temps et de ses succès, l’offre des ateliers d’inclusion s’est étoffée de thés, infusions, épices, glaces spéciales concoctées en fin d’année et récemment, de succulentes noix de cajou.

Le minutieux travail de conditionnement des thés - Les Ateliers du Tricentenaire
Le minutieux travail de conditionnement des thés - Les Ateliers du Tricentenaire - Marie Champlon

Le cœur sur la main et sur mesure

Les activités du centre sont accessibles séparément ou se nourrissent les unes des autres : accueil de jour et activités thérapeutiques, centre de formation et valorisation par le travail. L’objectif est de trouver une qualité de vie et un bien-être décuplés pour l’ensemble des personnes en situation de handicap.

De la même manière, les ateliers et la chocolaterie du centre se complètent mutuellement, nouant un service sur mesure pour le client.

Ainsi, l’atelier d’impression digitale permet la personnalisation des commandes, offrant toutes les possibilités de packaging dédié et de créations graphiques pour des événements particuliers.

L’atelier de prestation de services répond à vos besoins ponctuels et récurrents de tri, d’assemblage, de mise en sachet ou de mailing.

Les ateliers sont flexibles et s’adaptent à toutes les demandes, dans les moindres détails.

Atelier d'impression digitale à Bissen - Les Ateliers du Tricentenaire
Atelier d’impression digitale à Bissen - Les Ateliers du Tricentenaire - Marie Champlon
Atelier d'impression digitale à Bissen, l'ébauche d'un emballage - Les Ateliers du Tricentenaire
Atelier d’impression digitale à Bissen, l’ébauche d’un emballage - Les Ateliers du Tricentenaire - Marie Champlon

Rigoureuse production responsable

D’abord, la crème et le lait proviennent de fournisseurs luxembourgeois et l’ensemble du cacao est issu du commerce équitable. « Le respect de l’environnement, des travailleurs d’ici et d’ailleurs, à tous les maillons de la chaîne de valeur » est au cœur du projet.

Les Ateliers du Tricentenaire ont mis en place des processus de fabrication limitant le gaspillage et les pertes de matière.

Un exemple : la refonte systématique du chocolat pour une nouvelle production. Autre exemple : le procédé imaginé permettant aux moules initiaux de s’intégrer dans le packaging d’arrivée, réduisant les déchets liés.

Par ailleurs, les Ateliers du Tricentenaire font progressivement disparaître le plastique de ses conditionnements. Il est remplacé par de la fibre de bois ou du papier kraft. Les emballages en cellulose sont 100 % biodégradables.

Aujourd’hui, deux tiers du conditionnement sont effectués avec des emballages écologiques. « Si on veut se revendiquer d’une production éthique, il est nécessaire d’intégrer l’emballage dans la réflexion. Sinon, on ne peut être cohérent avec ce que l’on fait » résume Jérôme Colson.

Les Chocolats du Cœur à Bissen - La production
Les Chocolats du Cœur à Bissen - La production - Marie Champlon
Les Chocolats du Cœur à Bissen - La production
Les Chocolats du Cœur à Bissen - La production - Marie Champlon

Le chocolat de qualité, c’est bon pour la santé

En arpentant la chocolaterie artisanale, il ne faut pas longtemps pour saisir le savoir-faire des artisans chocolatiers. Au passage, il vous est d’ailleurs possible d’en organiser une visite guidée.
« Ce qui fait un bon chocolatier, c’est sa ganache », confie dans un sourire Jérôme Colson selon un adage propre à la profession. Au détour d’une allée, il prend à témoin une ganache au citron qui comblerait le plus exigeant des amateurs.

La puissante saveur de cette ganache provient – entre autres secrets – d’un arôme naturel, émanant du zeste de citron et de jus pur fruit. Hors de question pour ces passionnés d’utiliser un quelconque concentré.

Les fameux chocolats avec ganache de citron 100 % naturelle - Les chocolats du coeur Luxembourg
Les fameux chocolats avec ganache de citron 100 % naturelle - Les chocolats du coeur Luxembourg - Marie Champlon

À quoi reconnaît-on un chocolat haut de gamme ? Jérôme Colson nous donne ses éléments de réponse. Contrairement à des productions bon marché que l’on retrouve en masse sur les étals, il n’y a aucun ajout de graisse, de sucres ou d’additifs. Uniquement des produits sains.

Les artisans du chocolat travaillent sans colorant ni arôme artificiel. Ils leur préfèrent des produits alimentaires 100 % naturels comme le jus de betterave.

Les chocolats du coeur à Bissen - Le début du conditionnement
Les chocolats du coeur à Bissen - Le début du conditionnement - Marie Champlon
Commandez les Chocolats du Cœur pour les fêtes de fin d'année
Commandez les Chocolats du Cœur pour les fêtes de fin d’année - Marie Champlon

La noix de cajou qui change tout

Chaque sachet de noix de cajou est fait main, à la demande et, comme le souligne une collaboratrice, « avec le cœur ». L’ingrédient mystérieux n’a finalement jamais changé : la passion demeure le gage de qualité. Cette méthode manuelle assure un impact environnemental, carbone et énergétique minime. Les petites noix du commerce équitable sont à déguster sans modération.

Le conditionnement des noix de cajou, des gestes précis
Le conditionnement des noix de cajou, des gestes précis - Marie Champlon

L’inclusion vers un avenir durable

Jérôme Colson conclut par la volonté des Ateliers du Tricentenaire d’accroître leur contribution au tissu économique luxembourgeois : « plus on peut créer d’emplois, plus on le fera. Nous avons un projet de microbrasserie, une bière circulaire réalisée à partir d’invendus de pain séchés dans des fours solaires et réintroduits dans la composition de la bière. »

Au-delà des questions qui gravitent autour de l’inclusion, de l’aspect social et thérapeutique, la production de Bissen est la quintessence de ce que le local a de mieux à offrir. Du cœur et de l’âme. Du bien et du bon. Et surtout, les meilleurs chocolats de la région.

Par Sébastien Michel
Photos : Marie Champlon / Packshots : Fanny Krackenberger


Retrouvez 👉 les produits des Ateliers du Tricentenaire sur Letzshop. Livraison dans toute la Grande Region.

Toute la production et les services des Ateliers du Tricentenaire sont labélisés Made in Luxembourg vous certifiant leur plus stricte origine luxembourgeoise.


Les noix de cajou des Ateliers du Tricentenaire - En commande sur Letzshop
Les noix de cajou des Ateliers du Tricentenaire - En commande sur Letzshop - Fanny Krackenberger

Gros plan sur les noix de cajou des Ateliers du Tricentenaire

Il y en a vraiment pour tous les goûts !

  • Mix de noix
    Le savoir-faire des artisans chocolatiers de Bissen
    Le savoir-faire des artisans chocolatiers de Bissen - Marie Champlon
  • Noix de cajou nature
  • Noix de cajou sel de mer
  • Noix de cajou romarin et thym
  • Noix de cajou ail et poivre
  • Noix de cajou curry et sel de mer
  • Noix de cajou chili et paprika

L’impact du Tricentenaire sur l’emploi en quelques chiffres évocateurs

61 salariés autour d’un travail valorisant, répartis comme suit :

  • 22 personnes à la chocolaterie
  • 10 personnes aux thés, épices et noix de cajou
  • 3 à 4 nouveaux emplois que les ateliers prévoient de créer grâce aux noix de cajou
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Prêts à changer ? Des gestes simples, pour commencer
Prêts à changer ? Des gestes simples, pour commencer

Convaincus de la nécessité à changer votre comportement de consommation, en particulier alimentaire, vous vous demandez par où commencer ? Voici quelques pistes pour une alimentation durable et locale.

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L’asbl luxembourgeoise SOS Faim a lancé en 2016 sa campagne « Changeons de menu » avec le soutien de la Direction de la coopération au développement et de l’action humanitaire du ministère des Affaires étrangères et européennes.

Le site web dédié changeonsdemenu.lu est un bon point de départ pour qui souhaite passer de consommateur à consomm’acteur. On retrouve une carte des producteurs, transformateurs et distributeurs luxembourgeois, ainsi qu’un outil simple pour mesurer l’empreinte environnementale de notre alimentation.

Empreinte alimentaire

L’équipe de SOS Faim a développé cet outil en ligne sur base de celui d’Ecolife. C’est un bon point de départ pour estimer l’impact environnemental de nos menus et de notre comportement face à la nourriture.


« L’empreinte écologique correspond à une mesure de la pression qu’exerce l’homme sur la nature. C’est un outil qui évalue la surface productive nécessaire à une population pour répondre à sa consommation de ressources et à ses besoins d’absorption de déchets. Exprimée en hectares, par année et par personne ou nation, l’empreinte écologique d’une population humaine mesure la surface nécessaire pour produire les ressources et pour absorber les déchets qu’elle produit. »

SOS Faim

Comme indiqué en fin de test, il faudrait idéalement se situer à un résultat de 0,9 hectare pour que les ressources mises à disposition par la Terre suffisent. Selon les calculs de l’asbl, en moyenne, l’empreinte alimentaire d’un Luxembourgeois s’élève à 2,58 hectares, soit près de 3 fois plus que le chiffre idéal.

10 gestes simples

Pour réduire votre empreinte alimentaire, SOS Faim propose de se baser sur ces 10 gestes simples :

  1. Consommer local et de saison
  2. Consommer bio et équitable
  3. Privilégier les produits frais
  4. Diversifier mes repas
  5. Consommer moins de produits d’élevage
  6. Gaspiller moins
  7. Consommer des produits de la pêche durable
  8. Privilégier les produits pas ou peu emballés
  9. Décrypter les étiquettes
  10. Consommer avec sobriété

Un dossier pédagogique vous permet d’entrer dans les détails pour vous lancer dans vos bonnes résolutions.

Consommer local et de saison : une carte pour se repérer

Vous passez sans doute régulièrement à côté d’épiceries locales ou de points de distribution de petits producteurs, sur le chemin du supermarché.

Pour les identifier aisément, la « carte de l’alimentation responsable » a été mise en place et peut donc être consultée dès qu’une envie vous prend. La recherche peut être effectuée par catégorie ou de façon libre en encodant, par exemple, un lieu. Si la liste n’est pas entièrement complète – on n’y retrouve par exemple pas les Ateliers du Tricentenaire ni l’APEMH que vous avez fort heureusement découverts dans notre dossier -, elle fournit une bonne base pour se lancer !

Marie-Astrid Heyde

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« La qualité est souvent à proximité »
« La qualité est souvent à proximité »

Présent au Grand-Duché depuis 1982, Compass Group Luxembourg s’est développé au fil des années pour accueillir aujourd’hui plus de 2.000 salariés. Malgré son importance, les chefs et les équipes d’achats collaborent prioritairement avec les producteurs locaux afin de proposer des menus sains et équilibrés à leurs clients.

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Pourquoi se rendre à l’autre bout de la planète alors que le Luxembourg propose une large gamme de produits de qualités ? Chez Compass Group, cette philosophie est largement mise en pratique. « La consommation locale, c’est une exigence première, autant de la part du groupe que des clients », souligne Lahcen Boudhair, head of Procurement. « Aujourd’hui, nous favorisons en priorité les producteurs locaux. Le but n’est pas de ramener des marchandises de l’autre côté de la planète, même si elles sont bio, alors que la qualité est souvent à proximité. »

Thomas Didier, head of Food Services, partage ce point de vue. « Sous l’impulsion d’un groupe international qu’est Compass Group, nous avons pour leitmotiv de nous intégrer dans le paysage et le tissu économique locaux. D’autant plus que l’heure est à la prise de conscience pour, à la fois bien manger pour soi, mais aussi pour la planète. Ces deux voies ont contribué à ouvrir les yeux à beaucoup de monde et ont amené à réfléchir sur la consommation du bio. Du bio local et non celui qui parcourt la planète avant d’arriver dans nos assiettes. Les produits locaux et de saison sont plébiscités. »

Lahcen Boudhair et Thomas Didier
Lahcen Boudhair et Thomas Didier

Est-ce facile de trouver des producteurs au Grand-Duché quand on est justement un grand groupe ? « Il n’y a aucun souci car tous les achats sont effectués directement par notre département luxembourgeois », poursuit Lahcen Boudhair. « Nous ne dépendons pas d’une centrale d’achats délocalisée. Nous pouvons donc développer une belle collaboration avec les acteurs locaux dans un périmètre restreint pour une grande partie de produits. Je pense à la viande, aux fruits et aux légumes majoritairement. Il faut que le produit corresponde à notre charte de qualité, c’est le plus important. Sans oublier que plus les aliments sont locaux, plus il est facile de contrôler notre chaîne d’approvisionnement. Nous réalisons nos propres audits. Le bénéfice est donc autant pour nos clients que pour nous-mêmes. »

Cette proximité est encore plus exigée par les administrations communales et les écoles. « Certaines vont jusqu’à demander pour que les produits viennent de la boulangerie ou de la boucherie du coin », précise Thomas Didier. « Toutes nos prestations sont vraiment adaptées aux secteurs fournis. Nous n’allons pas fonctionner de la même manière pour une école que pour un hôpital ou une entreprise. Nous collaborerons autant avec un petit producteur qu’avec qu’une société plus importante. L’essentiel est que leur philosophie rencontre la nôtre. »

Quels sont vos engagements forts pour promouvoir le local ? « Toutes nos viandes de bœuf et porcines sont 100% luxembourgeoises, tout comme les pommes de terre. Ce sont vraiment des engagements forts, surtout qu’il ne faut pas oublier le surcoût en se focalisant principalement sur le local. Tant que les produits sont disponibles en grande quantité, nous mettons toujours le pays en avant. La qualité prime sur le prix. »

Le Luxembourg, un vivier incroyable

Le Chef Emmanuel Maboussin en visite à la Ferme Steichen pour la récolte d'octobre
Le Chef Emmanuel Maboussin en visite à la Ferme Steichen pour la récolte d’octobre

Il est clair que grâce à la superficie du pays, les contacts avec des passionnés se font assez facilement. « Parfois même des producteurs sont force de proposition et viennent nous conseiller des nouveaux produits. Par exemple, le quinoa luxembourgeois a fait son apparition il y a un an. Actuellement, deux producteurs se sont lancés dans ce domaine. Ce sont donc de belles opportunités à nos yeux à côté desquelles nous ne pouvions passer. »

Si les clients sont exigeants à juste titre, les chefs ont également leur mot à dire. « C’est un travail conjoint achat x opérations. Chaque chef travaille avec sa propre sensibilité. Même s’il y a une base commune qui va répondre aux besoins de tous les sites, chaque segment client va également bénéficier de choix spécifiques. Les chefs sont vraiment au contact des clients. Et grâce à leur expérience, ils peuvent guider vers les menus les mieux adaptés aux attentes. Les propositions évoluent au fil des semaines, des saisons et donc, des produits disponibles. Le Luxembourg a une offre très importante malgré sa petite taille. C’est une belle réserve d’une qualité incroyable qui n’est pas toujours mise en lumière. »

Sébastien Yernaux
Photos : ©Compass Group Luxembourg

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« Mir sinn Antigaspi, an Dir ? » : sensibiliser au gaspillage alimentaire
« Mir sinn Antigaspi, an Dir ? » : sensibiliser au gaspillage alimentaire

Le projet « Mir sinn Antigaspi, an Dir ? » a été mené avec succès dans quatre maisons relais (Dalheim, Grosbous-Walhl, Kehlen et Rumelange) en coopération avec le ministère de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural et antigaspi.lu.

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L’objectif principal de ce projet était de sensibiliser les enfants, leurs parents et les éducateurs au gaspillage alimentaire, tout en les informant sur les différentes façons de le prévenir. Par ce projet, nous voulons sensibiliser à l’alimentation locale, biologique et de saison. Les participants, âgés de 4 à 12 ans, ont été impliqués à travers plusieurs étapes.


Le projet se structure en deux facettes distinctes : une phase dédiée à la sensibilisation, visant à impacter les enfants, les parents et les éducateurs à travers l’utilisation astucieuse d’un cahier proposant des défis. La phase d’action, quant à elle, se matérialise par la concrétisation de ces défis à travers des initiatives engageantes et énergiques.

Les enfants ont relevé neuf défis individuels et six collectifs mentionnés dans leur livret « antigaspi ». Ces défis ont suscité la curiosité des jeunes participants, les incitant à observer les comportements à la maison pour réduire le gaspillage alimentaire, tout en faisant des découvertes enrichissantes au sein de leur maison relais grâce à la participation de professionnels tels que des agriculteurs et des cuisiniers. Le premier défi collectif, intitulé « Rencontre avec un producteur », a permis aux enfants de visiter une ferme pour comprendre l’origine des aliments qu’ils consomment.

À la fin de ces défis, tout le monde a reçu un certificat en reconnaissance et célébration des actions menées. Pour illustrer ces activités, une exposition a été réalisée, mettant en valeur les réalisations individuelles et collectives des enfants dans le livret, ainsi que des dessins et posters qu’ils ont confectionnés. L’exposition est actuellement disponible dans les maisons relais participantes du projet.

Quant aux retombées du projet, nous observons un engouement grandissant chez les enfants pour la réduction du gaspillage alimentaire, avec une implication active dans les divers défis proposés. La sensibilisation à la consommation locale, biologique et de saison a induit des changements d’habitudes alimentaires au sein de nombreuses familles. Par ailleurs, le rayonnement du projet va s’étendre à d’autres maisons relais.

IMS Luxembourg
Photo : ©IMS Luxembourg

Ale Moart, la dernière boulangerie artisanale de Wiltz
Ale Moart, la dernière boulangerie artisanale de Wiltz

Grâce à la société coopérative COOPERATIONS, les habitants de la capitale des Ardennes se régalent encore de pains et viennoiseries artisanaux.

Communiqué
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Depuis 30 ans, des personnes en situation de handicap travaillent chez COOPERATIONS société coopérative. En tant qu’atelier d’inclusion professionnelle, COOPERATIONS emploie actuellement environ 120 personnes ayant un statut, dans différents ateliers et projets.

Les années passant, la société – dont le siège se situe à Wiltz près du jardin - a élargi son spectre d’activités pour inclure, entre autres, le restaurant Prabbeli - devenu Eis Kichen -, l’Atelier Dono, l’organisation du Festival de Wiltz et de la nuit des Lampions. Et, depuis 2019, Ale Moart, une épicerie, boulangerie et un salon de consommation au cœur de Wiltz. Une douzaine de personnes s’occupe du service et de la gestion de ce lieu devenu emblématique.

« Ale Moart » signifie « vieux marché » en luxembourgeois. Il s’agit de la seule et dernière boulangerie artisanale de Wiltz proposant du pain et des viennoiseries, ainsi que quelques spécialités véganes. Ale Moart a une offre inédite de produits durables de la région et une sélection de produits éthiques et biologiques. On y trouve notamment des bières, de la viande, du café artisanal et les légumes du « Kiischpelter Geméisgaart », un projet de maraichage durable également géré par COOPERATIONS.

Si vous êtes de passage dans la capitale des Ardennes, n’hésitez pas à vous y rendre et vous installer pour siroter thé ou café accompagné de petits snacks, au sein de l’espace consommation.

Texte et photos de COOPERATIONS, avec le soutien de la Commune de Wiltz

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La chaîne alimentaire à la mode FUSILLI
La chaîne alimentaire à la mode FUSILLI

Afin de mieux consommer, 12 villes européennes se sont réunies pour partager leurs expériences sous la forme d’un projet. Son nom : FUSILLI. Durant quatre ans, de nombreuses initiatives sont proposées aux citoyens pour faciliter une transition vers des systèmes alimentaires durables.

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Et non, FUSILI n’est pas qu’une pâte en spirale. C’est également le nom d’un projet sur l’alimentation et les ressources naturelles financé par le programme de recherche et d’innovation Horizon 2020 de l’Union européenne. Programme auquel participent 12 villes européennes, dont Differdange. Les autres étant Athènes, Castelo Branco, Kharkiv, Kolding, Nilufer-Bursa, Oslo, Rijeka, Rome, San Sebastian, Tampere et Turin.

FUSILLI se concentre sur le soutien aux villes pour faciliter leur transition vers des systèmes alimentaires plus durables, en accord avec les priorités de FOOD2030. Pour atteindre cet objectif, le projet combine l’expertise de 34 partenaires de 13 pays, dont des villes, des universités, des PME, des ONG et des industries.


L’ambition centrale de FUSILLI est de surmonter les obstacles au développement et à la mise en œuvre de politiques alimentaires intégrées et systémiques qui soutiennent la transition vers des systèmes alimentaires durables dans les zones urbaines, périurbaines et rurales. proches.
 FUSILLI-

Un programme qui implique autant les autorités et les organisations locales que les citoyens. Et pour cause, Differdange comme les autres villes participantes intègrent l’alimentation dans leur programme urbain-rural. Elles identifient et créent des opportunités pour transformer les systèmes alimentaires en systèmes durables, sains et inclusifs.

La chaîne alimentaire décortiquée

Grâce à cette communauté de connaissances ouverte, les villes sont habilitées à mettre en œuvre des politiques et des actions innovantes et personnalisées, en plaçant donc les citoyens au cœur du processus.

À Differdange, ces derniers pourront, par exemple, participer à un atelier de cuisine gratuit qui a pour thématique centrale : la recette de fêtes « Le faux gras : une recette bluffante de foie gras végétarien ». L’atelier se déroulera le jeudi 14 décembre, de 18 à 20h30. Rendez-vous à la cuisine pédagogique du CDI (2, rue John Castegnaro à Differdange).

Les 12 laboratoires vivants « Food 2030 » constituent la base de FUSILLI. Chaque ville développe un living lab en tant qu’écosystème d’innovation ouvert avec l’objectif de mettre en œuvre différentes actions innovantes à travers toutes les étapes de la chaîne alimentaire, y compris la production et la transformation, la distribution et la logistique, la consommation, les pertes et gaspillages alimentaires, ainsi que la gouvernance.

Grâce à la communauté de connaissances FUSILLI et au soutien des plans alimentaires urbains, les partenaires identifieront les meilleures pratiques existantes et soutiendront ainsi les laboratoires vivants participant, les initiatives connexes et les décideurs politiques dans le développement de systèmes alimentaires durables.

FUSILLI peut donc servir d’exemple pour mettre en avant les producteurs locaux et les achats raisonnés.

Sébastien Yernaux

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Le swap, une des solutions pour mieux consommer
Le swap, une des solutions pour mieux consommer

Opter pour les achats de seconde main, c’est bien. En le faisant de manière modérée, c’est mieux. Même si les plateformes de revente ont le vent en poupe, ont-elles vraiment conservé leur esprit solidaire ? Pas certain. Rencontre avec Ana Luisa Teixeira, coordinatrice des programmes chez Caritas Luxembourg.

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Chaque année, rien qu’en Europe, 4 millions de tonnes de vêtements sont jetées. Un chiffre qui ne peut qu’interpeller. Et au-delà de ce gâchis, il ne faut pas oublier l’impact sur la planète.

« La mode est responsable de 5% des émissions de gaz à effet de serre », souligne Ana Luisa Teixeira. « Et on estime qu’en 2050, on passera à 25% ! Tous les experts sont du même avis sur le fait que si la mode s’inscrit dans les limites de production planétaire, nous devons absolument réduire notre dépendance à l’égard des combustibles fossiles. Cela veut dire encourager les achats de seconde main. Cela ne vaut pas uniquement pour les textiles. Outre les achats, on peut également passer par les locations par exemple. Le but est vraiment de prolonger les années de vie des produits de consommation et ainsi, diminuer notre impact sur l’environnement. Il faut absolument préserver nos ressources. »

Cependant, l’univers de la seconde main n’est pas totalement rose non plus. « Les prévisions nous disent qu’en 2030, ce marché va dépasser celui du neuf. Des marques de vêtements bien connues l’ont bien compris et proposent déjà des espaces dédiés à ces produits. C’est évidemment une problématique, car si ce type de démarche peut être louable à première vue, elle est surtout orientée marketing. C’est donc une dynamique perverse, car c’est très bien de se mettre à la seconde main, mais il faut réfléchir à la manière de consommer. »

Les plateformes, pour ou contre ?

Ana Luisa Teixeira a un avis précis sur la question. « Si je prends Vinted qui est le leader en termes de ventes en ligne, rien qu’en France, il y a 23 millions d’abonnés à l’application. Cette logique d’achat est évidemment bonne si on achète des biens dans son pays et de manière modérée. Mais si on achète un seul tee-shirt à l’étranger, c’est nettement plus discutable si on tient compte du transport par exemple. Il y a des études qui expliquent également que 70% des recettes du seconde main de Vinted sont investis dans du neuf. Nous sommes donc dans une logique de profit. A la base, l’action était solidaire. Mais maintenant, on est passé à du capitalisme qui encourage à la surconsommation. »

Un esprit de lucre, mais également la présence de marques loin d’être reconnues sur le plan durable. « On sait que la marque la plus vendue sur Vinted, c’est Shein. C’est-à-dire la représentation de l’ultra-fast fashion qui ne s’intéresse absolument pas aux droits humains du début à la fin de sa chaîne d’approvisionnement. C’est évidemment très paradoxal si on veut se donner bonne conscience en achetant de la seconde main. »

Autre paradoxe qui impacte la logique solidaire, la diminution de la qualité des vêtements. « Une partie des vêtements de seconde main est destinée aux personnes vulnérables par l’intermédiaire des collectes. On constate que la qualité des pièces qui arrivent dans nos centres a extrêmement baissé. Pire, une grande partie ne peut même pas être donnée aux personnes qui en ont besoin. Le profit de vendre des produits de qualité a pris le pas sur la générosité et la démarche louable de la seconde main. La faute à une surconsommation qui a doublé au cours des 15 dernières années due notamment à des prix toujours plus bas. Cela peut paraître incroyable mais on a déjà produit suffisamment de vêtements pour habiller la majorité de la planète jusqu’en 2100 ! »

Lët’z Refashion

Chez Caritas, on privilégie la qualité et la proximité. Outre les produits proposés par le magasin Lët’z Refashion, des vide-dressings y sont également organisés. « Nous faisons également la promotion du swap, c’est-à-dire un échange de vêtements. Depuis 2018, j’observe une certaine évolution des mentalités au Luxembourg. Même s’il y a encore du chemin pour rattraper la France ou la Belgique, il y a une réelle prise de conscience. Il y a un bel engouement, surtout pour le swap, qui peut être un moment d’échange convivial. La jeune génération y est particulièrement sensible. »

Et puis, ces événements permettent de faire de la place dans les garde-robes qui ne demandent qu’à respirer. « Une étude a démontré que plus de 30 % des vêtements qui n’ont pas été portés dans l’année, ne le seront plus jamais. Ça interpelle, d’autant plus que de nombreux messages passent régulièrement pour attirer l’attention sur cette surconsommation. Heureusement, les jeunes ouvrent les yeux sur cette situation. Nous avons un grand pouvoir, en tant que citoyen, pour mieux investir notre argent en soutenant, par exemple, des associations ou des projets locaux qui ont un esprit solidaire. »

Sébastien Yernaux
Photos : ©Fanny Krackenberger (portrait) / ©Caritas Luxembourg

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Produire son électricité avec des panneaux fabriqués au Luxembourg
Produire son électricité avec des panneaux fabriqués au Luxembourg

Le hall de production de Solarcells Luxembourg est entièrement équipé. Actuellement en mode test, l’équipe fabriquera les premiers panneaux photovoltaïques en décembre. Il faudra 20 minutes pour produire chaque unité.

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Made in Luxembourg

L’ancien hall du fabricant de cigarettes Heintz van Landewyck, à Hollerich, a donc trouvé une toute nouvelle fonction pour les 10 prochaines années environ, échéance à laquelle le chantier du Nei Hollerich – projet de renouveau du quartier – devrait s’enclencher. Cela laisse pleinement le temps à Solarcells de démarrer et de stabiliser sa production de panneaux photovoltaïques et de se trouver un lieu de production définitif.

« Peu y croyaient, mais nous avons réussi ce challenge de s’installer en quelques mois seulement », explique Marc Thein, président du conseil d’administration avant de rappeler l’aide précieuse sur laquelle Solarcells a pu compter dans les différentes démarches, que ce soit de la part du propriétaire du site ou des ministères impliqués.

Si le matériel vient de Chine, les composants des panneaux viennent quant à eux de fournisseurs européens. À l’exception des cellules de silicium, elles aussi originaires du pays du Soleil levant. Michel Thein, directeur de Solarcells Luxembourg S.A. : « C’est pour l’instant en Chine que se trouve le savoir-faire pour ces cellules, mais des lieux de production européens devraient bientôt voir le jour ». Ces cellules ne constituent finalement qu’une très petite partie d’un panneau complet, « cela représente 2 ou 3 palettes pour 3 mois de production environ ».

Priorité aux particuliers et à la qualité

Deux gammes de panneaux photovoltaïques sont donc sur le point d’être fabriqués à quelques centaines de mètres de la Gare centrale : la gamme Performance qui promet un seuil minimal de 420 Wc (Watt-crête, soit la puissance maximale d’un panneau), et la gamme Design, techniquement identique mais dont le rendu final, entièrement noir et homogène, vise à convaincre les résidents luxembourgeois actuellement freinés par l’aspect esthétique des installations photovoltaïques. C’est cette gamme qui sera produite en priorité.

Entièrement noir, le panneau Design de Solarcells compte prochainement couvrir les toitures des maisons luxembourgeoises
Entièrement noir, le panneau Design de Solarcells compte prochainement couvrir les toitures des maisons luxembourgeoises - ©Marie Champlon

Tous les panneaux seront installés au Luxembourg ; l’exportation n’est pas prévue dans le concept de Solarcells. Marc Thein : « Nous vendons un produit haut de gamme, nous ne voulons pas qu’il soit installé par n’importe qui. Nous avons choisi deux distributeurs bien connus au Luxembourg : General Technic – spécialisé dans les livraisons pour installateurs sanitaires chauffagistes, ce qu’on regroupe dans HVAC -, et Marco Zenner, tout aussi spécialisé que GT mais au niveau des électriciens cette fois ».

Les installateurs seront formés et labellisés « partenaires Solarcells » afin de garantir un travail de qualité.

Presque tous les premiers panneaux prévus pour fin d’année sont vendus. Au niveau des livraisons, le producteur luxembourgeois s’est adjoint l’expertise de No-Nail Boxes pour développer un contenant sur mesure en bois. « Après livraison des panneaux, le box peut être plié et revient à l’usine », précise Marc Thein. Pour une utilisation circulaire.

En 2024, Solarcells compte produire 40.000 panneaux, pour ensuite passer à 100.000 unités dans une seconde phase et finalement 200.000. Y a-t-il un risque de saturation du marché luxembourgeois ? Le directeur est confiant : « Non, car en plus de la forte demande actuelle pour de nouvelles installations, les panneaux installés il y a 5 ou 10 ans, qui étaient moins qualitatifs et efficaces, vont progressivement devoir être remplacés ».

Un rendement à 90% est garanti par le producteur durant 10 ans, et durant 25 ans pour un rendement à 80%.

Quant au coût, la différence de prix avec des panneaux d’origine chinoise est évidente, et encore plus flagrante qu’en début d’année. Alors qu’un produit made in China coûtait 160-170 euros en janvier, le prix max est actuellement de 100 euros. Cela s’explique notamment par les subventions appliquées par le gouvernement chinois et les fluctuations du prix de l’électricité. Solarcells s’approchera du double, tout en restant dans la moyenne de prix européenne. Et avec des performances plus élevées et des contrôles de qualité bien plus rigoureux ; cinq points de test sont intégrés dans la ligne de production.


Quelle empreinte carbone pour ces panneaux fabriqués au Luxembourg ? La société est convaincue qu’elle est bien moindre que celle des panneaux importés d’Asie, mais les calculs sont complexes. L’impact carbone des panneaux Solarcells n’a pas encore été chiffré.

À gauche, les cellules importées de Chine. Au centre, du cuivre en tant que conducteur d'électricité entre les cellules. À droite, Marc Thein, directeur, lors de la visite de l'usine de Hollerich.
À gauche, les cellules importées de Chine. Au centre, du cuivre en tant que conducteur d’électricité entre les cellules. À droite, Marc Thein, directeur, lors de la visite de l’usine de Hollerich. - ©Marie Champlon

L’usine est donc prête à tourner avec une équipe de 8 personnes dans un premier temps. La ligne de production étant grandement automatisée, le personnel est principalement concerné par le contrôle qualité. Les effectifs seront doublés lorsque la production aura atteint son niveau maximal.

Marie-Astrid Heyde
Photos : Marie Champlon / infogreen.lu

Extrait de l’article Les 1ers panneaux photovoltaïques luxembourgeois bientôt prêts à sortir d’usine mis en ligne le 8 novembre 2023

Une coopérative pour partager l'énergie qu'on produit
Une coopérative pour partager l’énergie qu’on produit

Eurosolar Lëtzebuerg et ses partenaires (Biogas Vereenegung, EnerCoop Syrdall, Energiepark Réiden, Energy Revolt, Greenpeace, Gringgo et le Mouvement Écologique) se sont associés pour mettre en place une plateforme, baptisée e-community. Son but : optimiser la production, la consommation et l’échange d’électricité renouvelable locale.

Communiqué
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Les énergies renouvelables dès la planification

Chez Eurosolar Lëtzebuerg, association fondée en 2002 pour promouvoir la production et la consommation d’énergie provenant de sources renouvelables qui fait partie du réseau d’Eurosolar e.V., on pense qu’il faut réfléchir à la production d’énergie renouvelable dès les premiers coups de crayon d’un projet, considérer les panneaux photovoltaïques comme des éléments de construction à part entière et, de manière plus générale, intégrer dès la planification tout ce qui est bon pour réduire l’utilisation de ressources qui sont limitées.

Une ressource qui ne l’est pas est le soleil, ou encore le vent.

Paul Zens
Paul Zens - ©Eurosolar Lëtzebuerg

Le cadre

De nombreux systèmes, qu’ils soient éoliens, hydrauliques, biogaz ou solaires, seront bientôt exclus du tarif de rachat garanti et devront alors commercialiser eux-mêmes l’électricité qu’ils produisent.

La directive européenne 201/2018 qui fixe le cadre pour booster la production d’énergies renouvelables en mettant la priorité sur l’autoconsommation et sur le partage au sein de communautés énergétiques a été transposée en droit national dans la loi du 3 février 2021.

Par ailleurs, la loi du 9 juin 2023 modifiant la loi modifiée du 1er août 2007 relative à l’organisation du marché de l’électricité permet le partage de l’électricité renouvelable que l’on a produite soi-même, en local.

Il faut savoir que 90 % des demandes d’installation photovoltaïques sont prévues pour l’autoconsommation et que l’aide étatique à l’investissement pour ces installations s’élève à 62,5 % de l’investissement total, montant auquel s’ajoutent des subsides communaux.

Une plateforme pour partager l’énergie

La nouvelle plateforme e-community est une coopérative qui a pour vocation de gérer l’échange d’électricité et les démarches qui y sont relatives.


« Les utilisateurs veulent que l’électricité coule dans les lignes et alimente leur bâtiment. Les différentes parties se mettent d’accord sur un tarif et la plateforme s’occupe de tout le reste »

Paul Zens, président d’Eurosolar Lëtzebuerg

Peuvent s’y inscrire non seulement les particuliers, mais aussi les entreprises artisanales ou industrielles qui disposent de halls ou d’ateliers aptes à recevoir des panneaux photovoltaïques, mais aussi des communes qui ont des panneaux sur un de leur bâtiment à partir desquels ils peuvent alimenter leurs autres infrastructures.


« Il faut savoir qu’en 2021, 60 % des halls n’étaient pas encore prêts pour recevoir des panneaux photovoltaïques, pour des raisons de stabilité, de résistance des toitures, mais les choses s’améliorent. Il y a une prise de conscience des acteurs économiques qu’il faut avoir ses propres panneaux photovoltaïques pour autoconsommer leur énergie, voire vendre le surplus à la e-community »

Paul Zens, président d’Eurosolar Lëtzebuerg

Pour devenir membre de la plateforme, il faut acquérir au moins une part, qui coûte 50 euros, et qui donne droit à une voix lorsque des décisions doivent être prises.


« La e-community fait le lien entre les producteurs et consommateurs, entre les vendeurs et les acheteurs, car l’autarcie n’est pas une fin en soi de la transition énergétique, qui se base plutôt sur la notion de complémentarité. Le but est de promouvoir la production d’énergie renouvelable locale et de réduire autant que possible notre dépendance aux marchés internationaux et aux mouvements boursiers, ceci au prix le plus juste. »

Paul Zens, président d’Eurosolar Lëtzebuerg

La plateforme, qui s’aligne sur les principes de l’économie du bien commun et s’inscrit dans le développement d’un approvisionnement énergétique décentralisé et durable entre les mains des citoyens, vise le statut de SIS (société d’impact sociétal).

Mélanie Trélat

Extrait de l’article paru dans NEOMAG #57

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