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Publié le 12 avril 2017
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avril 2017

Cap sur les éco-matériaux

Retour aux fondamentaux pour la construction ! Exit les bâtiments éphémères composés de matériaux performants, certes, mais nocifs pour l’Homme et l’environnement, on encourage désormais l’utilisation d’éléments biosourcés, locaux, renouvelables, sains, conçus pour être réutilisés et mis en œuvre de façon à pouvoir être démontés, donnant ainsi aux bâtiments de demain une valeur ajoutée : celle de constituer de véritables banques de matériaux.

Cap sur les éco-matériaux
Édito de Francis Schwall, directeur de Neobuild
Édito de Francis Schwall, directeur de Neobuild
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Francis Schwall, directeur de Neobuild
Francis Schwall, directeur de Neobuild - 1

Les objets connectés s’installent sur nos chantiers et permettent une évolution indiscutable de notre secteur, des conditions et de la précision du travail. Il faut donc les intégrer et les utiliser au mieux, pour améliorer nos techniques autant que le confort des utilisateurs. D’ailleurs, le bâtiment pourrait un jour devenir lui-même un « objet connecté » à part entière. Mais, contrairement au smartphone et à leur obsolescence technologique, le bâtiment, lui, doit être durable, dans tous les sens du terme. Un nombre important de conditions doivent ainsi être respectées pour garantir sa pérennité.

Si les matériaux biosourcés peuvent être une solution innovante pour répondre à cette problématique de durabilité et permettre la construction de bâtiments plus sains, le recours à ces matières naturelles exige cependant de nouvelles connaissances et compétences, pour éviter les éventuelles malfaçons. En effet, ce dont le secteur de la construction à haute qualité environnementale n’a pas besoin en ce début de révolution numérique c’est de cas de pathologies de grandes envergures sous l’étiquette du biosourcé. Fort heureusement, l’utilisation des matériaux naturels n’a jamais cessé dans le secteur. Il peut donc s’appuyer sur l’expérience et l’expertise de nombreux spécialistes et sur le développement de formations adéquates pour accélérer l’introduction et l’application de ces matériaux de manière optimale. Les aspects de santé liés à leur utilisation ne doivent pas non plus être oubliés.

Source : NEOMAG

Consultez en ligne NEOMAG #05

© NEOMAG - Toute reproduction interdite sans autorisation préalable de l’éditeur

Les matériaux biosourcés sont-ils nos futurs alliés sur chantier ?
Les matériaux biosourcés sont-ils nos futurs alliés sur chantier ?

Les matériaux biosourcés sont-ils nos futurs alliés sur chantier ? C’est la question que Neobuild a posée le 2 mars dernier lors d’une conférence inédite, où près d’une centaine de professionnels du secteur de la construction durable s’étaient réunis pour découvrir de nouveaux matériaux naturels, leurs applications dans le cadre de la nouvelle certification énergétique LENOZ, mais aussi leurs effets sur la santé.

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Diverses actions et primes poussent le secteur de la construction durable vers les matériaux biosourcés et plus respectueux de l’environnement. Cependant, ces nouveaux matériaux ont leurs spécificités. Avant de les mettre en application, il faut en connaître les particularités pour éviter les mauvaises surprises et en tirer des bénéfices.

Après une brève introduction dédiée à LENOZ et aux nouvelles exigences en matière d’efficacité énergétique auxquelles nous devons aujourd’hui répondre, Francis Schwall, directeur de Neobuild, a présenté deux projets de construction durable écologiques.

Piloté par le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST), le projet CANCAN, d’une part, met en évidence la transition nécessaire vers une économie axée sur la biotechnologie, l’agriculture durable et les ressources renouvelables, ainsi que l’importance de l’utilisation de produits d’origine végétale comme solution alternative aux matériaux issus de l’industrie pétrolière, tant pour l’environnement que pour l’économie.

Le projet vise précisément à comprendre la base moléculaire de la composition hétérogène de la paroi cellulaire des tiges de chanvre. Il s’intéresse en particulier aux événements physiologiques qui déterminent la composition contrastée de la paroi cellulaire, en mettant un accent particulier sur l’intercommunication entre les voies de synthèse des phénylpropanoïdes et la formation de la paroi cellulaire.

Actuellement en cours de recherche, le projet CANCAN a d’ores et déjà permis de mettre en évidence le fait que le cœur ligneux du chanvre constitue l’un des meilleurs matériaux de construction naturels car il allie force et élasticité, mais des problèmes liés à l’humidité et à la dégradabilité des composants durables dans les matériaux de construction limitent leur application. Afin d’obtenir une matière végétale présentant des propriétés supérieures, la compréhension de la façon dont les biopolymères sont formés et intégrés dans la paroi cellulaire pourrait se révéler vitale. Le pôle d’innovation pour la construction durable Neobuild participe à ce projet, afin d’établir un lien entre le résultat scientifique du projet en cours et la future recherche appliquée.

D’autre part, Neobuild et le Fonds du Logement mènent pour le Luxembourg le projet international « E=0 » piloté par EnergieSprong – littéralement « saut énergétique » en néerlandais - pour lequel il vient d’obtenir 5,4 millions d’euros de fonds européens par le biais du programme Interreg Nord-Ouest Europe. Ce projet européen, soutenu nationalement par les ministères de l’Économie et du Logement, vise à réduire à zéro la consommation énergétique des logements, par leur rénovation efficace, abordable et rapide. Équipées en moins d’une semaine de panneaux solaires, de façades et toitures isolantes ainsi que de nouveaux équipements énergétiques, les habitations ont vocation à ne pas consommer plus d’énergie qu’elles n’en produisent. Le projet s’inscrit dans une approche d’économie circulaire, mais aussi dans une démarche écologique. En effet, il s’agit non seulement de réduire les impacts environnementaux générés par les matériaux utilisés, en privilégiant le biosourcé, mais également de mettre en œuvre de nouvelles méthodes de rénovation, comme l’industrialisation d’éléments préfabriqués.

La conférence a permis de donner la parole à de nombreux acteurs de la construction durable. Tous ont ainsi pu présenter leurs produits et les projets nationaux et internationaux dans lesquels ils sont mis en œuvre.

«  CHAUX DE CONTERN GOES LENOZ », ÉRIC KLUKERS
Conscient que la fabrication de béton rejette des quantités non négligeables de CO2, Chaux de Contern entend renforcer ses efforts pour adopter une démarche plus respectueuse de l’environnement. Cependant, de nombreux obstacles persistent, tels que le coût des matières premières, mais aussi les labels allemands de certification des matériaux qui manquent parfois de transparence.

Se réinventer devient donc une nécessité et faire évoluer les techniques et les produits une priorité. C’est pourquoi, Chaux de Contern a introduit le programme de recherche « cross roads » en collaboration avec différents acteurs du secteur tels que l’Université de Luxembourg (Doctorats), le LIST, Miscanthus.lu, Luxembourg Center for Circular Economy et Neobuild. Il a pour objectif d’identifier de nouveaux matériaux et de tester leurs applications. Deux types de matériaux biosourcés s’imposent ainsi : le chanvre et le miscanthus pour leurs propriétés isolantes notamment. Chaux de Contern prévoit de réaliser une évaluation environnementale de leurs produits à l’aide des Certificats EPD établis en collaboration avec le LIST et Positive Impact avant la fin de l’année 2017. Les premiers résultats ont démontré une consommation réduite d’énergie primaire et un bilan carbone positif pour les blocs isolants composés de matériaux locaux et biosourcés.

Pour répondre aux exigences de LENOZ, Chaux de Contern a par ailleurs pris en considération le processus de déconstruction de ces produits, avec notamment le développement d’un bloc de béton innovant qui ne nécessite ni mortier, ni colle (cf. : NEOMAG #03, page 42), la démolition s’en voit donc simplifiée.

ISOHEMP, JEAN-BAPTISTE DE MAHIEU
Le fabricant industriel belge de blocs de chanvre ISOHEMP a lui aussi participé à la conférence pour présenter ses blocs constitués de chaux hydraulique, de chaux aérienne et de chanvre. Il s’agit d’un bloc de maçonnerie non porteur, favorisant à la fois la régulation hydrique et thermique, ainsi que l’isolation acoustique. Ces blocs ont une grande inertie thermique, en raison d’une faible conductivité thermique et d’une grande capacité thermique. Ces blocs permettent alors de stocker facilement la chaleur en grande quantité et de la rediffuser tout au long de la journée. Par ailleurs, leur qualité d’isolation est stable, même en conditions humides. Avec ces blocs de chanvre, le bâtiment respire et le confort des occupants est optimal. Leur mise en œuvre est simple et ne diffère pas de la maçonnerie traditionnelle.

QUICK-MIX, ARMIN THONET
« Maçonner et enduire sous l’aspect de la construction durable »

La société Quick-Mix a mis en évidence l’importance des façades, les « cartes de visite d’un bâtiment ». Le mortier et l’enduit appliqués jouent non seulement un rôle esthétique, mais forment aussi une protection pour les murs.

Les mortiers et les enduits sont composés de liants (chaux, ciment, chaux-ciment, chaux-trass, aérienne…), de charges (sable, quartz, graviers, fibres ou composants légers minéraux ou organiques) et d’adjuvants (pour adhérence ou rétention d’eau ou garantir l’isolation thermique, pigment…). Améliorant à la fois la résistance d’une structure et son isolation phonique et thermique, les mortiers et les enduits doivent aujourd’hui s’adapter aux matériaux naturels de plus en plus utilisés sur chantier, tels que la paille, le chanvre, le miscanthus, et même la laine.

PEINTURE ROBIN, PATRICK BECKIUS
Dans une démarche éco-responsable et afin de « sortir de l’ère du pétrole », la société Robin a développé une gamme de peintures écologiques 100 % naturelles et recyclables, Verdello®. En tant que précurseur dans le domaine, Robin envisage de lancer une peinture à base de lin planté à Luxembourg.

ECOBATI, AURÉLIEN RAPEAU / BIOFIB, ANTOINE BARRÉ
ET YANNIS MARTIN

Cellulose, chanvre et lin une association performante pour l’isolation acoustique.

ECOBATI et Biofib partagent des valeurs écologiques communes, les réunissant pour développer des matériaux qui, non seulement protègent l’environnement et consomment peu d’énergies grises, mais qui restent performants, efficaces et durables. Ensemble, et grâce à la coopérative CAVAC biomatériaux qui cultive le chanvre, ECOBATI et Biofib ont développé des isolants acoustiques, Biofib ouate et Biofib acoustix, composés respectivement de cellulose et de chanvre et de cellulose et de lin. Ceux-ci permettent une protection du froid en hiver et une protection du chaud en été. Il s’agit de produits denses qui vont apporter des performances non seulement thermiques, mais aussi acoustiques, pour limiter les bruits aériens et les bruits solidiens.

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MISCANTHUS.LU, CARLO POSING
Comme son nom l’indique, Miscanthus.lu s’intéresse aux avantages et aux multiples applications du miscanthus, comme produit de construction pour l’économie circulaire. Cette plante trouve son usage dans de nombreux domaines, dont celui du BTP, qui l’utilise aussi bien dans les installations de chauffage, que dans la structure même des bâtiments.

WILLY NATURE, GEORGES ORIGER
Distributeur de matériaux de constructions durables et dernier produit naturel présenté lors de la conférence : la laine de mouton ! Cela peut être surprenant, mais Willy Nature nous l’assure, la laine de mouton peut faire office d’isolant pour l’homme comme pour le bâtiment. Depuis 2 ans Willy Nature organise la collecte de la laine de mouton et sa transformation en matériaux isolants pour la construction. C’est ainsi que plus que 3 tonnes de laines locales ont pu être valorisées jusqu’à présent pour un potentiel de 10 tonnes annuelles pour l’ensemble des troupeaux accessibles. Parmi les avantages de la laine de mouton, on peut noter qu’elle crée un climat intérieur sain, capable d’éliminer plusieurs odeurs et polluants intérieurs, comme le formaldéhyde, mais aussi qu’elle permet de réguler l’humidité pouvant absorber jusqu’à 33 % de son poids en humidité, sans perdre son pouvoir isolant.

MINISTÈRE DE LA SANTÉ, RALPH BADEN : BIENFAITS ET RISQUES – ASPECTS SANTÉ
De nombreux matériaux écologiques ont ainsi été présentés. Mais quels sont les effets de ces différents matériaux sur la santé ?

Certes ces types de matériaux sont plus respectueux de l’environnement, mais le spécialiste Ralph Baden l’affirme : naturel ne rime pas forcément avec sain.
Les substances nocives se cachent partout. C’est la raison pour laquelle il mène en collaboration avec le LNS et avec Neobuild différentes études pour analyser plus d’une centaine de matériaux biosourcés que l’on retrouve notamment dans le Neobuild Innovation Center. Étonnamment, les examens ont montré que parmi ceux-ci seulement 60 % d’entre eux peuvent être qualifiés de « sains », tandis que les autres présentent des risques pour la santé.

Il convient donc de rester vigilant, même sur les certifications. Citons par exemple, le styrodur, certifié A+, donc a priori sain, mais dont les biocides qui le composent ne sont pas pris en compte dans l’évaluation pour la certification de qualité intérieure en question.

Pour plus d’informations sur les aspects de santé liés aux matériaux biosourcés, nous vous invitons à lire l’interview complète de Ralph Baden page 16 de ce numéro.

POUR BIEN LES APPLIQUER, IL FAUT BIEN SE FORMER !
L’IFSB, en collaboration avec Neobuild, vous propose des formations pratiques entièrement dédiées à la construction durable et incluant la mise en œuvre de matériaux biosourcés : « Façades isolantes et bâtiments passifs » ; « Construire avec des matériaux naturels : Construction Bois » ; « Construire avec des matériaux naturels : confort et santé ».

Les stagiaires en formation à l’IFSB mettent concrètement en pratique leurs connaissances au sein même du Neobuild Innovation Center. Les participants à la conférence ont par exemple pu découvrir l’ensemble du système sur blocs de chanvre de Chaux de Contern/Quick-mix recouvrant une des salles de réunion du bâtiment intelligent.

Mélanie De Lima

Source : NEOMAG

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La peinture Verdello®
La peinture Verdello®

Verdello® est une gamme de peintures développée au Luxembourg par les ingénieurs-chimistes de l’entreprise Peintures Robin.

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La résine qui la compose est un dérivé de l’industrie du papier. Elle ne contient ni COV ni APEO ni cosolvants et est fabriquée à partir de ressources végétales, renouvelables, non toxiques et de provenance européenne, minimisant ainsi la consommation énergétique et la pollution liées au transport. En plus d’être entièrement biosourcée, Verdello® offre les mêmes propriétés technico-physiques que les peintures acryliques. Ses performances sont celles d’une peinture murale mate de haute qualité puisqu’elle s’applique aisément et présente un séchage régulier. Elle est lavable et lessivable et est disponible en 32 coloris.

Mélanie Trélat

Source : NEOMAG

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Les éco-matériaux dans LENOZ
Les éco-matériaux dans LENOZ

Les matériaux de construction sont une composante essentielle de la durabilité d’un bâtiment. LENOZ évalue leur incidence environnementale en fonction de 5 critères.

Interview de Markus Lichtmeß, dr. ing., GOBLET LAVANDIER & ASSOCIÉS

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Quelle est la place/l’importance des matériaux de construction dans le processus de certification LENOZ ?
Les matériaux et éléments de construction jouent évidemment un rôle de premier plan dans l’évaluation LENOZ. Cependant, le processus de certification LENOZ ne se concentre pas seulement sur ces aspects. Cette certification vise plutôt à indiquer la durabilité globale d’un bâtiment, ainsi que son intégration dans l’environnement.

L’évaluation écologique des matériaux et des éléments de construction prend en considération les incidences environnementales et le besoin en énergie primaire lors de la production et sur l’ensemble du cycle de vie. La classification du bâtiment s’établit systématiquement via une comparaison avec un bâtiment conçu selon une méthode de construction « conventionnelle ». Pour ce faire, toutes les composantes de l’enveloppe thermique du bâtiment et de la structure intérieure, comme les dalles et les parois intérieures, sont regroupées dans une valeur caractéristique du bâtiment, qui sera ensuite comparée à une valeur de référence établie spécifiquement pour ce projet. Cette méthode permet de comparer des bâtiments en toute transparence, même si leur architecture diffère. Par rapport à la totalité des critères, l’évaluation des incidences environnementales et du besoin en énergie primaire pour construire le bâtiment représente environ 17 % de l’ensemble de l’évaluation LENOZ.

La démontabilité des éléments de construction joue également un rôle essentiel dans l’évaluation de la durabilité. La connaissance des matières et des matériaux utilisés pour construire le bâtiment et la possibilité de les séparer facilement les uns des autres sont les bases à poser pour permettre un futur recyclage de l’édifice.

Comment définit-on un matériau de construction écologique ? Quels sont les critères qui permettent de déterminer si un matériau est écologique ou non ?
L’évaluation se base sur cinq incidences environnementales : le potentiel d’eutrophisation, le potentiel d’acidification, le potentiel de création d’ozone photochimique, le potentiel de déplétion ozonique, ainsi que les émissions de CO2 (réchauffement climatique) et le besoin en énergie primaire pour produire les matériaux de construction. Dans l’évaluation LENOZ, les effets sur l’environnement sont résumés dans un indicateur commun, appelé « lenv ». Le besoin en énergie primaire pour produire les matériaux de construction (énergie grise) et le besoin en énergie primaire des installations techniques (chauffage, production d’eau chaude sanitaire, ventilation et énergies auxiliaires) sont agrégés en un indicateur « Iprim ». Cela donne un bon aperçu de la quantité proportionnelle d’énergie primaire nécessaire pour construire un bâtiment par rapport à celle qui est nécessaire pour le conditionner sur une durée de 30 ans.

L’évaluation d’un matériau de construction se fait de manière uniforme au moyen des « déclarations environnementales de produit » (Environmental Product Declaration, EPD). Celles-ci permettent une comparaison transparente entre les différents matériaux de construction et les fabricants disposent d’une méthode standardisée pour évaluer leurs produits via l’EPD. Dans le cadre de la certification LENOZ, il est possible de consulter une vaste base de données qui comprend aujourd’hui des informations sur quelque 1 000 matériaux de construction généraux ou spécifiques à certains fabricants. Grâce à cet outil, les fabricants qui produisent des matériaux de construction selon des méthodes particulièrement respectueuses de l’environnement et qui font évaluer ce processus, ainsi que les matériaux au moyen d’une déclaration environnementale de produit (EPD) affichent un haut niveau de transparence sur le marché.

L’incidence des matériaux sur la santé humaine est-elle prise en considération dans LENOZ ?
La santé et la qualité de l’air intérieur constituent un critère très important. L’évaluation LENOZ comprend actuellement des critères pour les matières et les matériaux de construction qui sont plus ou moins en contact direct avec l’intérieur. Dans la mesure du possible, ces matériaux devraient être exempts de polluants, et les critères en la matière concernent les revêtements de sol, leur pose et le traitement de leur surface, les enduits, la tapisserie et la peinture, ainsi que les câblages électriques. L’expérience montre cependant que les matériaux de construction utilisés dans l’enveloppe thermique du bâtiment ne sont pas les seules sources de la présence éventuelle de taux de polluants atmosphériques trop élevés dans les édifices. Bien souvent, ce sont les meubles, les produits de nettoyage ou encore d’autres objets qui présentent un important potentiel d’émission de composés organiques volatils (COV). Une fois que les bases ont été établies pour garantir le faible potentiel d’émission des produits de construction employés, des points de durabilité supplémentaires peuvent donc être octroyés dans l’évaluation LENOZ si la qualité de l’air intérieur du bâtiment est mesurée et que le bâtiment présente toutes les garanties de sécurité. Cette procédure permet de garantir un meilleur niveau de sécurité pour les occupants. Le critère relatif à la santé et à la qualité de l’air intérieur devrait toutefois être examiné plus en détail à l’avenir.

Quels sont les matériaux à privilégier, ceux qui apportent le plus de points dans le cadre de cette certification ?
Il s’avère difficile de répondre à cette question de façon globale et complète. Les matériaux produits à partir de ressources renouvelables sont souvent avantageux sur le plan des incidences environnementales et du besoin en énergie primaire. Néanmoins, cela varie beaucoup d’un matériau de construction à l’autre. Je vous donne un exemple : l’utilisation de coton conventionnel pour l’isolation en Europe a un impact relativement important sur l’environnement, en raison des longues distances de transport nécessaires, de l’utilisation intensive de pesticides et du fait que ce matériau est généralement produit en monoculture. Ce coton obtient donc un plus mauvais score que la laine minérale dans l’évaluation des matériaux de construction. Cependant, s’il s’agit d’un coton produit de façon écologique, ce matériau d’isolation devient alors beaucoup plus respectueux de l’environnement. Il ne faut donc pas seulement suivre son intuition, mais aussi comparer les matières et les matériaux de construction entre eux.

Dans le cadre de la certification LENOZ pour un bâtiment neuf, l’ensemble de la construction est examiné – c’est-à-dire pas seulement l’isolation, mais aussi la structure portante. Pour la structure portante, le bois est naturellement un matériau respectueux de l’environnement. Cela ne signifie toutefois pas que les bâtiments érigés en construction massive ne peuvent pas, eux aussi, se classer dans la catégorie la plus durable, pour autant qu’ils utilisent des matériaux isolants respectueux de l’environnement. L’un des objectifs est aussi de favoriser des méthodes de construction plus économes en ressources à l’avenir et de combiner des systèmes éprouvés avec de nouvelles approches. Cela fait déjà une différence si, au lieu de construire une dalle de sol d’une épaisseur standard de 35 à 40 cm parce qu’on a toujours fait comme ça, on étudie la situation de plus près pour voir si une épaisseur de 25 cm ne suffirait pas sur le plan statique. Ceci montre bien la nécessité d’une étroite collaboration entre l’ensemble des intervenants du processus de planification, afin de réaliser avec succès des bâtiments durables.

Source : NEOMAG

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Des bêtes noires dans les éco-matériaux ?
Des bêtes noires dans les éco-matériaux ?

Écologique ne veut pas forcément dire sain. D’où la nécessité de mettre au point une banque de données des matériaux de construction qui soient à la fois l’un et l’autre.

Interview de Ralph Baden, vice-président d’AKUT asbl et président de RESPIR-ATION asbl

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Des produits nocifs pour la santé humaine peuvent-ils se cacher dans un éco-matériau ou un matériau biosourcé ?
Un matériau écologique peut être sain, mais peut également contenir et émettre des substances nocives. Typiquement, on trouve des chanvres qui contiennent des retardateurs de flammes ou des lièges liés à l’éther de glycol. À l’inverse, un matériau sain peut être écologique ou non. Écologie et santé sont donc a priori deux choses différentes. La probabilité d’être sain sera plus grande pour un matériau écologique que pour un matériau synthétique, mais il n’y a pas de corrélation stricte.

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Quelles substances doit-on craindre ?
Nous testons avec le Laboratoire national de santé (LNS) environ 160 molécules qui peuvent polluer l’intérieur des bâtiments. Elles sont regroupées en plusieurs catégories. Tout d’abord, les substances volatiles, classiquement les solvants : le benzène, le toluène ou encore les terpènes qui ont une odeur agréable mais peuvent causer des problèmes aux personnes allergiques, les éthers de glycol que l’on retrouve dans les peintures ou colles à dispersion à base d’eau qui, bien que dits plus écologiques que les produits à base de solvants sont plus agressifs que les solvants classiques et mettent plus de temps à s’évaporer ce qui les rend nocifs pendant un laps de temps plus long, les aldéhydes dont le formaldéhyde est le plus connu mais qui comprennent plus d’une dizaine de dérivés, et enfin, les biocides ou les pyréthrinoïdes qui protègent contre les moisissures et les insectes. Ensuite, les retardateurs de flammes polybromés ou organophosphorés qui sont utilisés en tant que retardateurs de flammes, mais également pour accélérer le processus de production dans les mousses à base de polyuréthane que l’on trouve dans les cadres de fenêtres ou de portes. Certains sont aussi antidérapants et confèrent un aspect brillant, c’est pourquoi ils sont employés comme vitrifiant sur les parquets et linoléums. Ce sont des dérivés chimiques du sarin qui agissent en bloquant l’influx nerveux. Il y a également les phtalates qui rendent le PVC mou, ainsi que les hydrocarbures aromatiques polycycliques utilisés dans certains bitumes pour étanchéifier et qui sont cancérigènes. Un autre groupe est les métaux lourds dont certains comme le nickel, par exemple, sont cancérigènes et peuvent attaquer la peau, d’autres comme le manganèse sont neurotoxiques et d’autres encore comme l’aluminium jouent un rôle dans le développement de la maladie d’Alzheimer.

Existe-t-il des solutions alternatives à ces molécules ?
J’ai pu accompagner, en tant que conseiller en matière de santé, la construction d’une douzaine de bâtiments, dont celui de Neobuild, et nous avons toujours réussi à trouver des solutions alternatives. Il en existe donc bel et bien. Le problème est que, pour distinguer les matériaux sains de ceux qui ne le sont pas, il faut réaliser des analyses, ce qui demande du temps, ce dont on manque sur les chantiers. C’est pourquoi nous sommes en train de créer, ensemble avec le LNS et Neobuild, une banque de données dans le but d’aboutir à une liste exhaustive et dynamique des matériaux de construction sains. Nous avons déjà analysé plus de 100 produits biosourcés et nous continuons à analyser tous les produits que nous envoient les différents corps de métier, sans problème et sans frais.

À quand un label ?
AKUT mène depuis 3 ans un projet pilote sur les produits de nettoyage qui a abouti à la création du label SAMI (SAnté en Milieu Intérieur) et du site sami.lu qui recense les produits sains. L’idée serait de créer, par analogie, un label dédié aux matériaux de construction qui permettrait aux maîtres d’ouvrage, architectes et aux corps de métier d’accéder rapidement à l’information dont ils ont besoin pour répondre aux soumissions où l’on exige des matériaux écologiques et sains. Notre souhait serait d’intégrer la santé dans les critères de durabilité du ministère du Développement durable et des Infrastructures qui permettent l’obtention des primes à la construction. On préserverait ainsi la santé des occupants tout en évitant de devoir réaliser rapidement des assainissements coûteux et sources de déchets en cas de maladie.

Qu’en est-il de l’intégration des matériaux sains dans LENOZ ?
C’est un autre de nos souhaits qu’ils le soient. LENOZ serait alors le 1er label qui intègre de façon coordonnée et conséquente la santé. De plus, nous devons éviter que des maisons labélisées LENOZ soient détruites pour des motifs liés à la santé car cela décrédibiliserait la certification. 

Mélanie Trélat

Source : NEOMAG

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Le matériau de demain sera fonctionnel, sain et circulaire
Le matériau de demain sera fonctionnel, sain et circulaire

Éco-matériaux est synonyme de préservation de l’environnement, de bien-être pour l’usager, mais aussi d’opportunités économiques.

Interview de Marcel Klesen, manager du Luxembourg Ecoinnovation Cluster

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Le Luxembourg est-il un terrain propice au développement d’éco-matériaux de construction innovants ?
Tout à fait, les matériaux biosourcés ont toujours été utilisés dans la construction. De nouveaux matériaux, aux propriétés intéressantes du point de vue de la construction sont apparus entre-temps, mais ils incluent parfois aussi des substances nocives. Or, le bien-être et la santé prennent une importance grandissante pour les citoyens. Dans ce contexte, le potentiel de développement de nouveaux matériaux renouvelables au Luxembourg est grand, car nous voulons mettre en évidence une certaine qualité de vie à travers nos projets architecturaux et urbanistiques. C’est pourquoi il nous faut des matériaux fonctionnels et sains. C’est le cas, par exemple, de la peinture Verdello® de Peintures Robin, issue du monde végétal et 100 % d’origine naturelle. La valeur de ces matériaux à long terme est également à prendre en considération, en réfléchissant dès leur conception à la possibilité de les réutiliser et valoriser pour ainsi assurer un cycle de vie infini. La notion de Cradle to Cradle prend tout son sens, non seulement pour la santé humaine mais aussi pour l’économie des ressources.

D’où vient l’impulsion ?
Il y a différents moteurs : d’un côté, le client qui demande des matériaux et produits non toxiques, et de l’autre, les centres de recherche qui essaient de trouver des solutions pour satisfaire ce besoin.

Y a-t-il une dynamique du côté des fabricants ?
Oui. À titre d’exemple, une chaîne de valeur est en train de se mettre en place autour du miscanthus, une plante herbacée vivace, afin de le mettre en œuvre dans la construction des bâtiments.

Quel est le rôle du Cluster ?
Il est d’identifier les opportunités économiques, de connecter les acteurs et de les aider à concrétiser un projet commun afin de créer une plus-value partagée.

Quelles sont les perspectives économiques ?
C’est une situation win-win. Les éco-matériaux renouvelables permettent de travailler sur la rareté des ressources et d’apporter une plus-value à l’être humain en termes de confort. Si, en plus, le matériau reste la propriété de l’entreprise qui le vend « as a service » et le récupère au bout de 20 ans pour le réutiliser, l’économie circulaire est respectée. 

Mélanie Trélat

Luxembourg Circular Economy HotSpot Du 20 au 22 juin 2017 / www.circularhotspot2017.lu

Source : NEOMAG

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Une chaîne de valeur à créer
Une chaîne de valeur à créer

Biosourcé, réutilisable, biodégradable, stockeur de carbone, pourquoi ne pas utiliser localement le bois que nous avons mis des centaines d’années à faire pousser, surtout quand on a un surplus de production ?

Interview de Laurent Federspiel, Director Sector Development & Cluster Initiative

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Pourquoi un Wood Cluster au Luxembourg ?
La seule ressource naturelle encore disponible au Luxembourg est le bois. Or, elle n’est pas pleinement exploitée. La majeure partie du bois abattu en Europe est envoyé en Chine, ce qui est un non-sens car la demande locale reste forte. Nous affichons par ailleurs un excès de production qui a pour conséquence le vieillissement de nos arbres les rendant inexploitables. La cause de cette situation est le manque de lien entre les maillons de la chaîne de valeur : le producteur ne connaît pas les besoins des menuisiers, qui eux-mêmes ne savent pas où se procurer du bois luxembourgeois ; l’industrie nécessite un approvisionnement régulier dans des quantités importantes mais la majorité des propriétaires forestiers ne possèdent que 1 à 3 ha ; quant au consommateur, il n’a pas le réflexe d’acheter local. De plus, la filière compte de moins en moins de professionnels, faute d’intérêt économique. L’objectif du cluster est d’identifier les besoins des acteurs et de les aider à renouer pour valoriser notre production.

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Quelques pistes de travail concrètes ?
Nous avons identifié quelques projets potentiels, mais il est important de revoir notre plan d’actions avec les acteurs concernés. Parmi nos propositions figure une collaboration avec le parc à grumes de Saint-Avold dans le cadre de ventes aux enchères bois de qualité supérieure, la signature de contrats avec des grandes entreprises type Kronospan qui sont des consommatrices assidues de bois, des recherches sur le hêtre et la formation à sa mise en œuvre pour répandre son utilisation dans la construction. Enfin, nous souhaiterions travailler avec le ministère du Développement durable et des Infrastructures sur l’intégration du bois dans les bâtiments publics pour montrer l’exemple. En créant de nouveaux métiers et compétences, nous accroîtrons la demande et la valeur.

La filière compte-t-elle suffisamment d’acteurs économiques pour satisfaire la demande ?
Notre projet vise la Grande Région. Le Luxembourg étant trop petit pour assumer seul toute la chaîne de valeur, nous allons prendre contact avec la Lorraine, la Wallonie, la Rhénanie-Palatinat et la Sarre pour voir si chacun peut se spécialiser sur différents axes afin de garantir le volume et la disponibilité des différentes essences. 

Mélanie Trélat

Source : NEOMAG

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Des maisons durables éligibles à la PRIMe House
Des maisons durables éligibles à la PRIMe House

Les maisons construites selon le concept constructif TomWood peuvent être non Seulement passives mais aussi durables, ce qui permet à leurs futurs propriétaires de voir leur projet subsidié jusqu’à 24 000 euros.

Rencontre avec François-Xavier Gilen, Manager ventes Tomwood chez Thomas&Piron

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Le concept constructif TomWood de Thomas&Piron associe l’inertie de structures intérieures en béton aux multiples atouts d’une ossature extérieure en bois. Renouvelable, rétenteur de CO2 et peu énergivore dans sa transformation, le bois est le matériau écologique par excellence. Il apporte une isolation et une résistance optimales et il permet aussi de réduire la durée de construction d’une maison, de gagner en surface intérieure et de s’adapter à de nombreuses conceptions architecturales et configurations de terrain. En plus de la fibre de bois et du bois structurel, les maisons TomWood mettent en œuvre des éco-matériaux (chanvre, cellulose, etc.) et des technologies (menuiseries extérieures à hautes performances énergétiques, chauffage basse température, etc.) déclinables suivant de nombreuses alternatives selon un cahier des charges technique complet.

Étudié, adapté, mis au point depuis plusieurs années, et fort de 180 maisons réalisées jusqu’à ce jour, le concept TomWood répond favorablement aux exigences des récentes obligations européennes et luxembourgeoises en matière de bâtiments durables et il s’inscrit parfaitement dans les critères de durabilité du régime d’aides financières PRIMe House 2017, dont peuvent désormais profiter tous les dépositaires de demandes d’autorisation de bâtir. Outre le renouvellement des aides pour l’installation de panneaux solaires, chaudières à granulés ou géothermie, c’est la prime pour la création d’un logement durable qui suscitera dorénavant l’intérêt des candidats bâtisseurs. Pour une maison de 150 m2, 24 000 € seront versés à l’acquéreur si sa maison respecte les critères de durabilité définis par le nouveau règlement. Ce qui sera le cas des futures maisons TomWood : c’est via la méthode de calcul émanant du certificat LENOZ que les bureaux d’étude partenaires de TomWood rempliront et respecteront la liste des critères minimum imposés par la PRIMe House 2017.

En plus de la qualité du produit, les candidats bâtisseurs et les spécialistes du secteur apprécieront donc également le coût des maisons construites selon le concept TomWood. À l’admissibilité à ces primes s’ajoute le fait que le groupe Thomas&Piron a veillé à rester dans des prix ultra compétitifs par rapport aux constructions traditionnelles. Résultat : compte tenu des gains et des avantages structurels des maisons TomWood, on constate que, comparativement aux m2 habitables réels, elles s’avèrent souvent plus intéressantes financièrement que les maisons de la filière de construction traditionnelle en béton.

Mélanie Trélat

Découvrez la maison TomWood au 12, rue du Grünewald à Senningerberg ou contactez un conseiller pour plus de renseignements sur le concept ou sur les terrains libres de projets au 671 24 19 56.

Source : NEOMAG

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Communication transparente des performances environnementales des produits de construction
Communication transparente des performances environnementales des produits de construction

La prise en compte de l’impact des ouvrages de construction sur le développement durable est une nécessité qui s’impose à l’ensemble des acteurs de la construction. La demande quasi systématique de la part des investisseurs de certifications des immeubles tertiaires est une des conséquences tangibles de cette évolution, probablement parlera-t-on à moyen terme d’une mutation, d’un secteur vital pour notre économie. Les industriels sont également sollicités dans ce contexte. Ainsi l’évaluation environnementale des bâtiments nécessite e.a. le recours à des données issues de l’analyse de cycle de vie des produits de construction. La Déclaration environnementale de produit, ou EPD, est le format normalisé de référence pour la communication de ces données.

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Le développement durable est un thème central des politiques européennes à l’aune duquel sont discutés tous les domaines sociétaux. Le secteur de la construction n’échappe pas à ce débat. Au sein de l’Union européenne, les bâtiments consomment 40 % de l’énergie finale et sont responsables de 28 % des émissions de gaz à effet de serre. La construction génère, de plus, de grands flux de matériaux et, de par l’échelle d’espace et de temps sur laquelle il faut considérer l’espace bâti, impacte considérablement notre société, notre environnement et notre économie.

Au niveau international (ISO/TC59/SC17) et européen (CEN/TC350), un cadre normatif visant à établir des règles d’harmonisation des méthodes d’évaluation de la contribution des ouvrages de construction au développement durable a été établi. Ainsi, des principes de base, des exigences minimales, des lignes directrices et une terminologie commune sont définis tant pour l’évaluation de la durabilité des bâtiments que pour la communication d’informations environnementales des produits de construction au travers d’EPD(1).

L’EPD d’un matériau ou produit de construction fournit des indicateurs sur les impacts environnementaux générés par sa production. Une partie de ces indicateurs est reprise à titre d’exemple en souligné dans le tableau. Ces impacts sont déterminés à l’aide d’une analyse de cycle de vie. Des règles précises et spécifiques à chaque famille de produits déterminent les limites de cette analyse afin d’en assurer la transparence. Si cette approche a le mérite d’établir de façon scientifique les impacts d’un produit de construction sur l’environnement, l’évaluation de ces impacts dans le contexte global d’un bâtiment reste complexe.

Il est en effet établi dans l’ensemble des réglementations européennes comme dans les systèmes d’évaluation et de certification de la construction durable, que l’écologie est l’un des - au moins – trois domaines d’évaluation. Ainsi, le poids des impacts environnementaux de la production de ciment et de béton sur le bilan écologique relatif à la construction, la maintenance et la déconstruction d’un immeuble de bureau type en béton armé représente à peu près 30 %. En procédant à l’évaluation suivant le référentiel de certification DGNB de l’incidence sur le développement durable de l’utilisation de béton, chapes et enduits à base de ciment sur l’ensemble du cycle de vie de ce bâtiment, la production de ciment représente en ordre de grandeur une contribution variant de 0,5 % à 1,5 % (voir figure).

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Ceci est dû au fait que beaucoup d’autres aspects doivent être évalués et pris en compte dans cette approche : l’incidence sur le confort et la santé, la durabilité, la résistance au feu, la disponibilité et le savoir-faire local, la maintenance, les possibilités de modifications fonctionnelles, la pérennité de la valeur patrimoniale, etc. (voir tableau).

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Cet ensemble de qualités techniques et fonctionnelles et d’incidences à différents niveaux économiques, environnementaux et sociaux détermine la contribution au développement durable d’un bâtiment. De ce fait, la comparaison des indicateurs fournis par les EPD de différents matériaux de construction pour déterminer lequel est le plus « écologique » n’a pas de sens. Non seulement les unités fonctionnelles retenues diffèrent (1 m3, 1 t, 1 m, etc.), mais de plus, ce que l’on va ou peut faire de ces matériaux et l’incidence finale sur le développement durable n’est pas définissable ici. L’évaluation ne peut par conséquent se faire qu’à l’échelle du bâtiment pour un scénario de cycle de vie établi. Il importe donc de concevoir en faisant des choix écologiques et durables de matériaux et non des choix de matériaux « écologiques ».

L’utilisation récurrente du terme « écologique » pour qualifier certains types de matériaux mérite dans ce contexte de poursuivre cette réflexion critique d’un autre point de vue.

Il est possible de définir de manière plausible le terme « biosourcé », qui peut désigner une caractéristique de l’origine d’une partie ou de l’ensemble des constituants d’un matériau. Le béton peut ainsi être biosourcé en fonction de l’origine de ses constituants : béton de chanvre ou de miscanthus par exemple. Le terme « écologique » renvoie quant à lui « à ce qui est relatif aux conditions d’existence des êtres vivants »(2) . Qualifier un matériau d’« écologique » suppose donc qu’il contribue « à préserver l’épanouissement de l’être humain dans son cadre naturel de vie ». Or il paraît difficilement démontrable qu’un matériau – un m2 de verre, une tonne d’acier, un m3 de bois puisse à lui seul prétendre assurer ce rôle. Ce raisonnement conduit à conclure à ce qui a été établi plus haut : seule l’analyse et l’évaluation du cycle de vie de l’ouvrage, duquel il est un constituant, permet d’évaluer cette qualité.

Les industriels se doivent de soutenir l’ensemble du secteur à développer ses compétences dans le domaine de la construction durable. Celle-ci est un formidable levier concourant à assurer la compétitivité de ses acteurs d’une part et une nécessité au maintien à long terme de conditions de vie de qualité pour tous. La communication transparente des performances environnementales des produits de construction et le développement des compétences nécessaires à leur évaluation contribuent à cette évolution. En tant que membre fondateur du Conseil national de la construction durable, le Groupement des fabricants de matériaux de construction de la FEDIL s’est engagé en ce sens.

Notes :
(1) EPD – Environmental Product Declaration, EN 15804 / ISO 14025
(2) Définition du Centre national de ressources textuelles et lexicales www.cnrtl.fr

Christian Rech / CIMALUX

Source : NEOMAG

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Du passif au durable
Du passif au durable

Focus sur l’implémentation des éco-matériaux et des matériaux biosourcés dans les projets du 1er promoteur public luxembourgeois.

Rencontre avec Jean-Paul Thies, ingénieur en Génie technique, service Conception et Construction du Fonds du Logement

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Au Fonds du Logement, la construction passive est standard. Depuis 2012 déjà, le promoteur public essaie de respecter ses critères dans tous ses projets. Le choix de l’isolant est en revanche laissé à l’architecte. Tous les matériaux d’isolation les plus courants, plus ou moins écologiques, sont donc représentés dans les bâtiments du Fonds.

Avec l’arrivée de la certification LENOZ, le Fonds passe à des maisons qui sont non seulement très efficaces du point de vue énergétique voire à énergie positive mais aussi plus durables.

Maisons unifamiliales à Asselborn (architecte : Georges & Theis)
Maisons unifamiliales à Asselborn (architecte : Georges & Theis) - 1

« Le triple A étant acquis, nous ne recevons plus aucun subside pour les maisons passives. Leur obtention est désormais liée au nombre de points acquis dans le cadre de LENOZ qui dépend très fortement du caractère écologique des matériaux mis en œuvre. La question est de savoir si les subsides seront suffisants pour compenser les coûts supplémentaires générés par ces éco-matériaux qui restent, pour le moment, plus chers à l’achat que les matériaux traditionnels », explique Jean-Paul Thies.

Les éco-matériaux font déjà partie intégrante des bâtiments du Fonds du Logement depuis une dizaine d’années. « Tout au début du Fonds, lorsque nous construisions des bâtiments de classe énergétique BB, CC voire même DD, nous le faisions en maçonnerie traditionnelle. Depuis que nous sommes passés au passif, nous construisons beaucoup en bois massif ou en panneaux de bois, qui est un matériau biosourcé », souligne l’ingénieur. Le 1er projet de ce type a été réalisé en 2006 à Niederkorn. Il s’agit d’une résidence mixte de classe B, construite en partenariat avec la commune de Differdange, qui regroupe une salle publique polyvalente, l’éducation précoce et des logements pour personnes âgées. Elle est composée de panneaux de bois isolés avec de la cellulose et est alimentée en énergie par des panneaux solaires, un puits canadien et une chaudière à pellets. Une construction analogue a été réalisée peu de temps après avec le même architecte pour la commune de Pétange.

De manière générale, les menuiseries extérieures en bois ou en bois et aluminium sont privilégiées par le Fonds qui a également proscrit la pose de conduites en PVC dès la fin des années 90, lui préférant d’autres résines thermoplastiques comme le polypropylène ou le polyéthylène, moins néfastes pour l’environnement.

Résidence à Steinsel (architecte : Jacques Lorang)
Résidence à Steinsel (architecte : Jacques Lorang) - 1

En ce qui concerne les projets plus récents, le Fonds du Logement vient tout juste de livrer une résidence de 14 appartements à Steinsel : une construction traditionnelle en maçonnerie avec une isolation en panneaux de fibres de bois et de la laine minérale en façade et en toiture. Certaines parties ont aussi été isolées avec du polystyrène extrudé. « La laine minérale est efficace en toiture et en façade, mais elle risque de boire l’humidité en sous-sol. La nouvelle réglementation interdit d’ailleurs l’utilisation du polyuréthane en rénovation, sauf en cas de contact avec la terre. Il y a un compromis à trouver entre efficacité et protection de l’environnement », précise Jean-Paul Thies. Le choix des matériaux n’a pas été laissé au hasard, il est lié à LENOZ : « Le choix de la fibre de bois et de la laine minérale se justifie pleinement si on se base sur le tableau des matériaux d’isolation repris dans LENOZ », ajoute-t-il. La résidence sera chauffée par une chaudière à condensation à gaz couplée à des panneaux solaires, mais elle est tout de même classée AAA.

Parmi les autres projets en cours, on notera la construction de 4 maisons unifamiliales en construction bois avec de l’isolation en cellulose de papier insufflée à Asselborn et d’une résidence avec une structure bois, 2 pompes à chaleur en cascade, un réservoir à glace et des panneaux solaires à Steinfort.

La prochaine étape est de bâtir une maison en blocs de chanvre à Beckerich, un projet qui est en phase PAP, et peut-être de travailler avec du liège à grande échelle ou du coton biologique. « Nous essaierons aussi à l’avenir d’éviter autant que possible les collages et de leur préférer les systèmes de fixation mécaniques de manière à ce que la façade, les parquets et autres soient démontables, conformément aux exigences de LENOZ », conclut Jean-Paul Thies.

Mélanie Trélat

Source : NEOMAG

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E=0 : un défi énergétique à relever !
E=0 : un défi énergétique à relever !

Porté au Luxembourg par Neobuild, pôle d’innovation technologique de la construction durable, et le Fonds du Logement, en charge du développement du logement et de l’habitat, le projet « E=0 » lancé mi-2016 est déjà bien engagé. Ce projet européen soutenu par des fonds FEDER (Interreg V NWE) et accompagné nationalement par les ministères de l’Économie et du Logement, vise à réduire à zéro le bilan énergétique des logements, par leur rénovation efficace, abordable et rapide. Équipées en moins d’une semaine de panneaux solaires, de façades et toitures isolantes ainsi que de nouveaux équipements énergétiques, les habitations ont vocation à ne pas consommer plus d’énergie qu’elles n’en produisent.

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Écoresponsable, le projet s’inscrit dans une approche d’économie circulaire et d’intelligence, certes économique, mais surtout écologique. Il s’agira non seulement de réduire les impacts environnementaux générés par les matériaux utilisés, en privilégiant le biosourcé par exemple, mais également de mettre en œuvre de nouvelles méthodes de rénovation, comme l’industrialisation d’éléments préfabriqués par exemple. Ce projet-pilote au Luxembourg demande pour sa réalisation de faire appel non seulement à de nouveaux matériaux, mais également aux techniques et aux technologies les plus récentes.

Pour le mener à bien, le Fonds du Logement a lancé un appel d’offres auprès des bureaux d’architectures luxembourgeois. Le moins que l’on puisse dire c’est que le projet a intéressé de nombreux architectes, puisque près d’une vingtaine d’entre eux ont répondu favorablement à l’appel. Parmi ceux-ci, six ont été présélectionnés, mais un seul a été retenu : le bureau d’architecture COEBA, DAVE LEFÈVRE et Associés.

« Étant donné sa faible isolation, le parc immobilier existant présente un immense potentiel d’économie d’énergie. Malheureusement, la rénovation n’est pas toujours la décision la plus évidente et la reconstruction lui est souvent préférée. Ce choix entraîne une réduction de la durée de vie des matériaux en place au profit d’une plus grande productivité et surtout d’une plus grande facilité.

Ce projet prend le contre-pied de cette tendance et tente la mise en place de techniques pionnières permettant une rénovation non invasive et rapide, pouvant s’adapter à de nombreuses situations. En effet, le but de ce prototype est de pouvoir être appliqué dans beaucoup d’autres rénovations futures et de permettre aux habitants de rester dans leur logement. De ce fait, ce projet nous a directement intéressé au plus haut point. Depuis plusieurs années, notre bureau est parfaitement conscient de l’enjeu fondamental de développer un habitat durable. Au-delà de la simple isolation nous souhaitons introduire, entre autres dans ce projet, une donnée supplémentaire, l’emploi de matériaux durables. Nous pensons qu’une isolation qui demande plus d’énergie grise à sa production et surtout à son démantèlement que ce qu’elle peut faire épargner durant son utilisation n’est pas un choix raisonné.

Pour nous, la conception durable dans le sens du cycle de vie intégral des bâtiments doit prévoir des matériaux sains avec des impacts environnementaux réduits et faibles en émissions nocives. C’est la raison pour laquelle, dans beaucoup de nos projets, nous insistons sur l’utilisation de matériaux tels que la paille, le chanvre, l’argile, la chaux, le bois, la laine de mouton…

Ce projet offre un extraordinaire potentiel et un défi dans le développement d’un prototype, d’une conception durable, ouvrant la voie vers la rénovation de demain. » explique le bureau d’architecture Coeba, Dave Lefèvre et Associés.

Mélanie De Lima

Pour plus d’informations sur le projet, n’hésitez pas à contacter Neobuild Boris Solecki, Project Manager

Source : NEOMAG

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Plants&Buildings, quand la nature inspire l'architecture
Plants&Buildings, quand la nature inspire l’architecture

La nature est une merveille de technologie et concentre les réponses à de nombreuses questions sur la construction durable… Et si le végétal améliorait nos bâtiments ? Et si l’océan détenait les solutions aux enjeux de la ville durable ? Et si l’avenir n’était plus le photovoltaïque mais la photosynthèse ? Réponses lors de la conférence Plants&Buildings qui se tiendra le 27 avril prochain !

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Le guest speaker de cette édition très spéciale est le Pr Michael Grätzel. Il est l’inventeur, avec son équipe du laboratoire photonique et interfaces de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) d’une cellule photovoltaïque révolutionnaire capable de reproduire artificiellement la photosynthèse au moyen d’un pigment photosensible. Décoré en 2013 du prestigieux Prix Marcel-Benoist, il figure sur la short list des personnes éligibles au Prix Nobel et fait partie des 3 chimistes les plus cités au monde, Einstein compris ! Son invention est aujourd’hui au stade de l’industrialisation et vous pourrez découvrir lors de cet événement unique au Luxembourg quelques projets avant-gardistes qui intègrent déjà les cellules Grätzel.

À découvrir également : comment l’architecture s’inspire des arbres, à l’image des colonnes égyptiennes qui ont pour modèle le tronc du palmier, de la structure des éponges, à l’instar de la Gherkin Tower à Londres, ou encore des termitières qui sont naturellement climatisées ? Comment les bactéries ou les microalgues pourront illuminer demain nos vitrines, notre mobilier urbain et nos bâtiments sans consommer la moindre électricité, donnant un nouveau visage, presqu’onirique, à nos centres-villes ? Ou encore, comment un bâtiment peut être pensé et fonctionner comme un écosystème à part entière ? Ce sera le cas de l’ambitieux projet Äerdschëff, qui verra bientôt le jour à Rédange-sur-Attert. Inspiré du concept Earthship, développé par l’américain Mike Reynolds, il sera autosuffisant en ressources et en nourriture et intégrera des matériaux naturels et/ou recyclés pour sa fabrication dans un esprit d’économie circulaire.

Programme et inscription sur www.neobuild.lu

Mélanie Trélat

Biomimétisme – Biomimicry : How to push buildings to a step further ?
Biomimétisme – Biomimicry : How to push buildings to a step further ?

Conférence PLANTS & BUILDINGS le 27 avril 2017

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Le biomimétisme est une méthode innovante cherchant des solutions soutenables en s’inspirant de concepts et de stratégies ayant fait leurs preuves dans la nature.

Étudier la feuille pour inventer un meilleur capteur solaire est un exemple. Venez découvrir tout au long de cette conférence des experts qui vous présenteront les solutions biomimétiques qui ont pour but de faire évoluer les bâtiments de demain.

À travers la parole d’experts confirmés, découvrez lors de cette conférence les projets innovants qui conjuguent le bâtiment et le végétal.

Au programe :

13h00 - Accueil

13h30 - Introduction
Stephan Hoornaert / Coordinateur Belgique pour établissement des normes ISO

13h45 - Des nouvelles cellules photovoltaïques qui s’inspirent de la photosynthèse de plantes
Michael Grätzel / Professeur, École polytechnique fédérale de Lausanne

14h30 - Les panneaux colorés et transparents de technologie Grätzel pour de nouvelles applications dans la construction durable
Asef Azam / CEO chez Glass 2 Energy

14h50 - SYMBIO² : symbiose entre bâtiments et culture de microalgues
Julian Renard / Chef de projet R&D chez XTU Architects

15h10 - Standardisation, an international challenge
Stephan Hoornaert / Coordinateur Belgique pour établissement des normes ISO

15h30 - Break

16h00 - Äerdschëff : Nature, Culture, Régénération
Johanna Jacob / Architecte/Designer du projet Äerdschëff / Fondatrice de Common Paradox

16h20 - Glowee bioluminescence dans le paysage urbain
Geoffroy De Bérail / COO of Glowee

16h45 - Biomimicry for high performance buildings
Michael Pawlyn / Director at Exploration Architecture Limited

17h30 - Drink & Business

Tarif normal : 75 €
Membres CDEC et OAI : 50 €
Students : 20 €

Communiqué par Neobuild

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