Le dossier du mois

Une thématique dans chaque #DossierDuMois, avec la rédaction d’Infogreen et l’expertise de nos partenaires

Publié le 8 octobre 2018
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octobre 2018

Objectif Terre

17 objectifs pour sauver le monde

Objectif Terre
En route pour 2030
En route pour 2030
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Top-down

En 2000, le Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, voulant redynamiser l’intérêt international sur les questions de développement, ressortait un dossier de l’OCDE sur l’idée d’établir des indicateurs de développement. S’ensuivit la Déclaration du Millénaire, signée par 193 États membres de l’ONU, et ses 8 Objectifs pour le développement, qui devaient être des actions menées sur le terrain des pays en développement, avec le soutien des pays riches.

À l’époque, une erreur a été de laisser un petit comité prendre des décisions qui devaient concerner une large population. Sans l’inclure dans le débat. Sans s’intéresser à ce que chaque pays, chaque citoyen, avait à dire.

Bien vite, on a aussi constaté que le monde au 21e siècle, ce n’était pas un diagramme constitué d’un pourcentage de riches et d’un pourcentage de pays pauvres. Au Luxembourg, en 2016, 19,6% (presque 1/5e !) de la population est en situation de risque de pauvreté ou d’exclusion sociale. En Inde, les 10% les plus fortunés accaparent 55% de la richesse du pays. Bref, le monde est devenu plus complexe qu’on ne le pensait en 2000.

Bottom-up

Face à cette réalité, pour établir les objectifs de développement durable (ODD), l’idée a donc été d’inclure toutes les nations dans une approche bottom-up. Il y a eu des travaux de concertation dans chaque pays, un travail de préparation sur le plan international, avec les gouvernements, les entreprises privées, la société civile et d’autres acteurs de terrain.

L’Agenda 2030, avec ses 17 objectifs et leurs 169 cibles, est donc valable pour tous les pays. Même si, bien sûr, il n’est pas appliqué de la même manière ici, au Ghana et au Brésil.

Au Luxembourg, justement, le principal outil de réalisation de l’Agenda 2030 est le Plan national de développement durable (PNDD). Un avant-projet est passé au Conseil de gouvernement en juillet de cette année. Le PNDD fait 200 pages et devrait être exécuté en adéquation avec les travaux réalisés dans le cadre de la Troisième Révolution Industrielle (Rifkin), avec le Plan Climat, avec Let’s make it happen, etc. L’idée étant de rassembler tous ces agendas pour éviter les incohérences.

Sa réalisation s’est également voulue inclusive : des ateliers ont été organisés pour regrouper toutes les parties prenantes de l’éducation, des entreprises privées, des ONG, des ministères, de la recherche, etc. À travers ce dialogue multisectoriel, le pays a découvert une nouvelle manière de travailler. L’économique, le social et l’écologique ont été intégrés dans une réflexion systémique.

By all

Mais l’idée reçue semble toujours être que seuls les décideurs ont les cartes en main, qu’il leur revient, à eux, de se débrouiller pour éradiquer la pauvreté, nourrir toutes les bouches, assurer l’égalité entre les sexes, employer les énergies vertes, innover, protéger la nature et ses habitants, réduire les inégalités, etc.

Avec ce dossier, la rédaction d’Infogreen espère avant tout éveiller les consciences. Sur ce que certaines entreprises et certains groupements ou individus font, sur ce que les décideurs tentent de faire, et sur ce que chacun d’entre nous pourrait - et devrait - faire depuis longtemps. Pour que naisse un réel mouvement citoyen pour le développement durable.

Les 17 objectifs de développement durable en un coup d’oeil

Marie-Astrid Heyde

Présentation du projet de Plan national pour un développement durable
Présentation du projet de Plan national pour un développement durable

Ce plan national sur la mise en œuvre du programme des Nations unies "Transformer notre monde, agenda de développement durable d’ici 2030", dit Agenda 2030, a été élaboré en concertation avec des acteurs de la société civile et du secteur privé au cours d’ateliers de co-travail.

Communiqué
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L’Agenda 2030 intègre les dimensions économique, sociale et environnementale du développement durable afin de mobiliser tous les acteurs concernés autour de la mise en œuvre des quinze prochaines années dans des domaines extrêmement importants pour l’humanité et la planète par le biais de 17 Objectifs de développement durable (ODD) et des 169 cibles. Considérant l’applicabilité universelle des ODD, l’Agenda 2030 constitue une feuille de route pour le Luxembourg et leur réalisation se fait, d’ici à 2030, par voie du Plan national pour un développement durable.

Le projet de Plan national pour un développement durable définit dans son chapitre II, Une stratégie porteuse de changement, dix champs d’action prioritaires :

1. Assurer une inclusion sociale et une éducation pour tous
2. Assurer des conditions pour une population en bonne santé
3. Promouvoir une consommation et une production durables
4. Diversifier et assurer une économie inclusive et porteuse d’avenir
5. Planifier et coordonner l’utilisation du territoire
6. Assurer une mobilité durable
7. Arrêter la dégradation de notre environnement et respecter les capacités des ressources naturelles
8. Protéger le climat, s’adapter au changement climatique et assurer une énergie durable
9. Contribuer, sur le plan global, à l’éradication de la pauvreté et à la cohérence des politiques pour un développement durable
10. Garantir des finances durables

Ces champs d’action sont le résultat d’un processus de discussion et de travail tant au niveau politique que sociétal et sont proposés comme prioritaires pour rendre le développement du pays plus durable en regard des objectifs de l’Agenda 2030. Ils sont présentés selon un même schéma commun : l’ambition visée à long terme pour le Luxembourg dans ce champ d’action, les défis qu’il faut relever à l’horizon 2030 et les mesures et initiatives en tant que pierres angulaires de l’action gouvernementale mises en place ou envisagées par les différents ministères concernés pour atteindre les objectifs visés.

Des avancées importantes ont été réalisées au cours des dernières années dans le domaine des finances durables. Ainsi, le Luxembourg a développé une vision à long terme et une feuille de route de la finance durable pour le Luxembourg a été élaborée. Cette feuille de route guidera le développement d’un système financier durable en partenariat avec les acteurs du secteur privé.

En matière de financement climatique international, le gouvernement s’est activement impliqué dans la recherche et la mise en pratique de solutions innovatrices favorisant le développement durable. Ceci comprend notamment les mesures suivantes : 120 millions d’euros pour la lutte contre le réchauffement, 35 millions d’euros jusqu’en 2020 pour le Green Climate Fund, mise en place d’une plateforme de financement avec la Banque européenne d’investissement, soutien à la création du Forestry and Climate Change Fund.

Parallèlement aux stratégies spécifiques au niveau des différents champs d’action prioritaires, il s’agit de trouver et de se munir d’instruments de mise en œuvre transversale qui accompagnent, facilitent et permettent les changements vers un développement durable. Les cinq niveaux d’action transversale suivants ont ainsi été identifiés :

  • l’information et la sensibilisation
  • l’échange et la coopération
  • le financement adéquat
  • la recherche et le développement
  • l’évaluation et le suivi

La mise en œuvre de l’Agenda 2030 ne peut réussir qu’avec la participation de toute la société. Dans un processus de co-travail de nombreux acteurs, tant du monde associatif et du secteur privé que du monde scolaire et institutionnel, ont été associés à la réflexion sur les défis à relever à l’horizon 2030. Le chapitre III de l’avant-projet de plan national pour un développement durable intitulé Un engagement commun décrit ce processus de co-travail et les engagements concrets d’un certain nombre des participants du processus de co-travail.

Finalement, le projet de plan national pour un développement durable propose dans son chapitre IV Un pilotage méthodique une série d’indicateurs afin de permettre une appréciation objective lors de l’évaluation des progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’Agenda 2030.

Le gouvernement en conseil en date du 25 juillet 2018 a approuvé l’avant-projet du Plan national de développement durable et a décidé de le soumettre pour avis à la Chambre des députés et au Conseil supérieur pour un Développement durable, conformément à la loi du 25 juin 2004 relative à la coordination de la politique nationale de développement durable.

Communiqué par le Département de l’environnement / ministère des Finances / Direction de la coopération au développement et de l’action humanitaire

110 indicateurs de développement durable sous l'œil avisé du Statec
110 indicateurs de développement durable sous l’œil avisé du Statec

Pour 16 des 17 ODD, des indicateurs permettent de suivre les efforts fournis par le pays. Le Statec (Institut national de la statistique et des études économiques du Grand-Duché de Luxembourg) centralise ces données et en a publié un aperçu.

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Afin de mesurer les progrès réalisés dans l’Agenda 2030 pour un développement durable, 244 indicateurs globaux ont été définis. Ces indicateurs internationaux seront mesurés annuellement et feront l’objet d’un rapport sur les projets accomplis.

Au niveau national, l’Assemblée générale des Nations Unies a encouragé les pays à adopter le suivi de cibles pertinentes en sélectionnant des indicateurs spécifiques.

Ces derniers mois, le Luxembourg a adapté son Plan national de développement durable, qui inclut à présent 126 cibles pertinentes pour le pays, sélectionnées par les membres de la Commission interministérielle du développement durable (CIDD). Un groupe d’expert a ensuite établi une liste de 110 indicateurs qui permettront de faire un suivi régulier de l’atteinte de ces cibles.

Le Statec a reçu pour mission « de centraliser les données utiles au suivi des objectifs de développement durable, de veiller à la correcte application des méthodes de calcul, de compiler et publier les indicateurs », et ce sur une base annuelle, comme indiqué dans leur communiqué de presse.

Des données chiffrées sont donc disponibles et classées par objectif. Seul l’objectif 14 sur les ressources et écosystèmes marins et côtiers n’est pas suivi, puisqu’il est difficilement applicable au Luxembourg.

Quelques chiffres :

  • 19,6% de la population est en situation de risque de pauvreté ou d’exclusion sociale en 2016
  • 20% de la population luxembourgeoise fume
  • L’écart de salaire entre les hommes et les femmes était de 5,5% en 2016
  • 10 millions de tonnes de CO2 ont été émises sur le territoire en 2016
  • 43 infractions pour violence domestique sur enfant ont été enregistrées en 2017

Marie-Astrid Heyde
Crédit photo Statec

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Le développement durable et les entreprises
Le développement durable et les entreprises

Notre modèle économique actuel est basé sur l’hypothèse d’un monde infini aux ressources illimitées. Or, de nombreuses matières premières utilisées ne sont pas renouvelables, et les capacités de régénération des ressources naturelles sont limitées. De même, les écosystèmes terrestres et marins ont des capacités d’absorption de polluants et de CO2 restreintes.

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Les trois piliers du développement durable

Le développement durable fait appel à un modèle économique qui couvre les besoins actuels des êtres humains, tout en permettant aux générations futures de satisfaire les leurs. Ce concept se base traditionnellement sur 3 piliers : l’environnement, le social et l’économie.

Pour maintenir les services écologiques et garantir la survie de nos sociétés modernes, les activités humaines doivent nécessairement s’opérer dans certaines limites planétaires. Or, plusieurs seuils ont déjà été dépassés : la dérégulation du climat, la perte de la biodiversité et la perturbation des cycles biochimiques de l’azote et du phosphore, etc.

La fonction principale de l’économie est de faciliter la distribution des produits et services. Un développement économique durable devra habiliter chaque être humain à accéder aux biens et services qui lui permettront de vivre dignement, tout en évitant le gaspillage du stock de ressources. Les défis consistent à réorienter nos systèmes de production vers le capital naturel régénérable et à diminuer notre dépendance aux énergies fossiles. En termes macroéconomiques, il s’agit d’optimiser le système économique en fonction des facteurs de production et de tenir compte surtout des ressources régénérables et non-régénérables qui agissent comme les éléments limitants du système.

Les acteurs du développement durable

Nos sociétés modernes comptent 3 grands acteurs qui peuvent contribuer de différentes manières au développement durable : les pouvoirs publics, la société civile et les entreprises.

L’Organisation des Nations unies promeut les 17 objectifs de développement durable (ODD ou SDG) pour orienter les politiques nationales vers une croissance économique socialement inclusive et durable du point de vue de l’environnement. Le gouvernement luxembourgeois vient de présenter son troisième plan national de développement durable pour contribuer à l’agenda 2030 des Nations unies.

La société civile est formée par les individus qui composent la société et peuvent être représentés par des groupements d’intérêt qui reflètent les attentes de la société.
Les entreprises sont nombreuses à comprendre que leur contribution au développement durable peut avoir des retombées bénéfiques pour elles-mêmes et en même temps se répercuter positivement dans la société. C’est ce que l’on appelle la création de valeur partagée. Pour s’inscrire dans ce cercle vertueux, les entreprises mettent en œuvre des programmes de responsabilité sociale (RSE).

La contribution des entreprises au développement durable

La RSE est une démarche volontaire de conduite des affaires qui reflète la contribution des entreprises au développement durable.

De nature stratégique, la RSE est une nouvelle fonction (comme les ressources humaines, la production ou le marketing) qui aide l’entreprise à s’adapter à son contexte économique, social et environnemental, tout en créant de la valeur pour elle et pour la société. Le Guide ESR (Entreprise Socialement Responsable) aide les entreprises à se positionner en termes de développement durable.

Les entreprises responsables sont le principal facteur de stabilité pour préserver le système Terre.

Plus d’informations sur le label ESR : www.esr.lu
INDR - Institut National pour le Développement durable et la Responsabilité sociale des entreprises
Légende photo : Norman FISCH

Les entreprises, parties prenantes des objectifs de développement durable
Les entreprises, parties prenantes des objectifs de développement durable

Active depuis 10 ans sur les sujets liés à la responsabilité sociétale des entreprises, IMS a récemment publié un rapport intitulé : « Luxembourg : quelles contributions des entreprises aux objectifs de développement durable ? », avec le concours du LISER, de TNS Ilres et du ministère de Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire. Interview de Nancy Thomas, directrice d’IMS Luxembourg.

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Pourquoi avoir publié un rapport sur la contribution des entreprises aux objectifs de développement durable (ODD) ?

Les ODD, qui ont été adoptés en 2015, sont maintenant reconnus et utilisés par toutes les parties prenantes. IMS étant un réseau d’entreprises engagées dans le développement durable, il nous semblait essentiel de comprendre quelle contribution elles y apportent, sur quels objectifs elles sont actives au niveau national.

Quel poids les entreprises ont-elles ?

Elles participent à l’économie et à la richesse du pays et doivent donc, à ce titre, être aussi actives que les communes, les ministères, les associations, les mouvements citoyens ou les ONG. Tout cela forme un écosystème dont les différents éléments ne peuvent être considérés indépendamment. Nous devons tous prendre nos responsabilités et agir en collaboration.

À quels niveaux peuvent-elles agir ?

Un salarié est aussi un citoyen. L’entreprise doit donc, à un niveau stratégique, se demander quelles thématiques font sens en considération de son impact social, économique et environnemental. Elle peut travailler sur le bien-être de ses collaborateurs et leur fournir les instruments pour qu’ils puissent s’engager tant au sein de l’entreprise qu’au-delà, en étant acteurs dans la société.

Peut-on citer un exemple d’initiative inspirante ?

Nous venons de lancer le manifeste Zero Single-Use Plastic qu’une trentaine de nos membres ont déjà ratifié. La consommation de plastique est un sujet d’actualité sur lequel les entreprises ont un rôle à jouer. Elles en utilisent chaque jour dans leurs activités, mais peuvent tout à fait décider de changer leurs pratiques et montrer l’exemple en supprimant les gobelets et touillettes à café en plastique par exemple, mais aussi en ayant une réflexion plus profonde sur leurs process de fabrication ou les goodies qu’elles distribuent dans le cadre d’évènements. Il y a beaucoup à faire et cela peut avoir un impact considérable.

Quelles sont les grandes tendances ou les chiffres clés qui ressortent du rapport ?

À travers cette enquête, nous voulions d’abord évaluer le niveau d’engagement de nos membres en matière de RSE. Le questionnaire a été distribué à deux cibles différentes : les responsables RSE et les CEO. Il en résulte que 90 % des CEO considèrent la RSE comme une opportunité de développement pour leur entreprise et que 60 % d’entre eux ont désigné une personne en charge de cette thématique.

Nous voulions également mesurer leur contribution à l’agenda 2030. Deux questions leur ont été posées pour chacun des ODD : est-ce qu’ils pensent qu’il est stratégique pour leur entreprise ? Et est-ce qu’ils pensent qu’il est urgent à traiter au niveau gouvernemental ? Les résultats sont repris sous forme d’une matrice très intéressante et pertinente à analyser, qui est vraiment le fait saillant de cette étude. Quatre sujets en ressortent comme étant prioritaires : l’énergie, la croissance partagée et durable, la consommation et la production responsables, ainsi que l’innovation, l’industrie et les infrastructures.

Mélanie Trélat
Légende photo : Nancy Thomas
Le rapport d’enquête IMS Luxembourg est téléchargeable

Plus d’informations sur www.imslux.lu

Intégrer les objectifs de développement durable : opportunités et retour d'expérience
Intégrer les objectifs de développement durable : opportunités et retour d’expérience

Retour sur les pratiques de terrain, avec la société Cargolux Airlines SA engagée depuis de nombreuses années dans un rapport de transparence GRI et auprès du UN Global Compact et Forethix Sàrl, cabinet de conseil expert en investissement responsable et responsabilité sociétale.

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25 septembre 2015. New York. Assemblée générale des Nations unies. 193 pays membres s’accordent pour définir ensemble, les 17 objectifs de développement durable (ODD). Cette liste d’objectifs universels – visant à abolir la pauvreté, lutter contre les inégalités, combattre les injustices ou faire face au changement climatique – résulte de 3 ans de négociations entre les nations et s’accompagne d’un agenda ambitieux à l’horizon 2030. Ce sont au total 169 sous-objectifs précis qui composent l’agenda 2030, répartis en 17 objectifs majeurs, s’appuyant sur 5 grands enjeux transversaux que sont les 5 P : Peuples, Planète, Prospérité, Paix et Partenariat.

Ces objectifs ne concernent pas uniquement les états signataires : le secteur privé est également invité à les soutenir, à s’engager et à rendre compte de leurs contributions. Si ces objectifs représentent un nouvel enjeu, ils génèrent également de nouvelles opportunités.

Les ODD restent, selon Stéphanie Deltenre, associée du cabinet de conseil Forethix, un outil précieux de sensibilisation et d’engagement des parties prenantes, permettant d’identifier les objectifs et thématiques prioritaires à investir dans des domaines qui ne sont pas a priori dans leur cœur de métier. « Une stratégie intégrant les ODD permet, selon nous, de renforcer la cohérence, la transparence et la valorisation de nos démarches aussi bien au niveau local que global, tant avec nos parties prenantes privées que publiques. Au sein de Cargolux, nous accueillons les ODD comme une véritable opportunité d’engager nos parties prenantes autour d’un agenda et d’un langage communs, en faveur d’une transformation responsable et durable », souligne Moa Sigurdardottir, responsable CSR chez Cargolux Airlines SA.

Selon Stéphanie Deltenre, 88 % des organisations accompagnées travaillent à l’intégration des ODD dans leur stratégie et démarches opérationnelles : « Ils permettent de décliner le concept de développement durable en une liste d’objectifs communs, précis, mesurables et en corrélation avec les indicateurs et standards internationaux. Chaque organisation est libre d’intégrer des objectifs pertinents dans sa stratégie et de les transposer en y associant un plan d’action, une méthodologie ou des indicateurs… ».

L’enjeu principal de ce type de démarche, selon Moa Sigurdardottir, reste l’identification des ODD prioritaires et pertinents au regard des activités, ambitions stratégiques et attentes des parties prenantes. Pour y arriver, Cargolux a déployé, avec le support du cabinet de conseil Forethix, une méthodologie structurée en 3 étapes, intégrant les recommandations du Global Reporting Initiative et du UN Global Compact. Cette méthodologie se base sur l’analyse des risques potentiels ou futurs des activités de la chaîne de valeur Cargolux sur l’environnement et les communautés locales, l’analyse d’opportunités de maximisation d’impacts positifs au travers de ses services et investissements, et finalement l’analyse des ODD prioritaires pour ses parties prenantes via un programme d’engagement dédié.

Cette approche a permis à Cargolux d’identifier, de hiérarchiser et de rendre compte de ses contributions structurées en fonction des attentes de ses parties prenantes et de ses priorités stratégiques. Les ODD ont également permis à Cargolux de définir son engagement de manière claire et structurée pour ses parties prenantes afin de les faire participer à sa stratégie. Dans son rapport 2017, Cargolux a souligné son engagement à travers cette approche qui valorise ses contributions aux ODD intégrés à sa stratégie globale. Son prochain rapport de développement durable rendra compte des avancées effectuées et assiéra son engagement envers la « Transformation for Sustainability  ».

En conclusion, plus compréhensibles et plus pédagogiques, les ODD forment un langage commun d’objectifs de contributions et intègrent progressivement les stratégies d’entreprise du secteur privée. Les 17 objectifs, associés aux standards du Global Reporting Initiative ont pour bénéfice d’apporter un cadre structurant au niveau local et global, permettant de mesurer et de valoriser les contributions du secteur privé, de faciliter la collaboration et l’innovation avec les parties prenantes de tous horizons et d’identifier de nouvelles opportunités de création de valeur partagée au sein même des lignes de produits, services ou des activités d’investissement.

Moa Sigurdardottir, head of corporate communications, Cargolux Airlines International SA / Stéphanie Deltenre, managing director, Forethix Sàrl

Photo : Fanny Krackenberger

Deux journées pour ouvrir les voies du financement des ODD
Deux journées pour ouvrir les voies du financement des ODD

Les 11 et 12 octobre prochains, la BEI accueillera la 4e édition des October Days for Sustainable Development. Quatre sessions sont prévues pour discuter du financement de trois des 17 objectifs de développement durable avec un panel varié d’intervenants.

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Les « October Days for Sustainable Development » ont vu le jour suite à l’adoption des objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU en 2015. Chaque année à la même période, l’Institut BEI et l’Université du Luxembourg fédèrent autour d’une thématique liée aux ODD pour ouvrir le dialogue et trouver des solutions pour atteindre ces objectifs.

Trois objectifs, trois organisateurs

Pour cette quatrième édition, le focus est mis sur le financement de trois ODD en particulier :

Parmi les organisateurs se trouve Conchita D’Ambrosio, professor of Economics à l’Uni. Conchita est arrivée au Luxembourg en 2013 suite à l’obtention d’une bourse de la Pearl Chair du FNR. « Depuis lors, j’essaye d’intégrer la population locale autant que possible dans des problématiques liées à l’inégalité, au développement sociétal, etc. », explique-t-elle. C’est dans ce contexte qu’elle a fait la rencontre de Luisa Ferreira, responsable du programme social de l’institut BEI et co-organisatrice de l’événement.

L’Institut BEI, dirigé par Francisco de Paula Coelho, a été créé au sein du groupe de la BEI pour promouvoir et encourager les initiatives sociales, culturelles et académiques avec les parties prenantes européennes et le grand public. C’est un pilier de l’engagement citoyen du Groupe BEI. Luís Baptista y est senior economist et travaille aussi à la préparation des October Days.

La grande problématique du financement

Tous trois ont organisé les éditions précédentes. Ensemble, ils discutent des sujets qui ont de l’intérêt pour l’université, pour l’institut et pour la communauté au sens large.

« Nous avons constaté l’énorme manque de financement pour les objectifs de développement durable », explique Luís (Institut BEI). « Le problème du financement est fondamental », ajoute Conchita (Uni). « Nous avons tous ces objectifs incroyables que nous souhaitons atteindre mais il est important de voir comment nous pourrons les atteindre, et le financement est l’enjeu principal dans ce processus. C’est de cela qu’il sera question durant ces deux jours ».

Des visions multisectorielles et internationales

« Dans ces discussions réparties en quatre sessions, on a voulu regrouper les perspectives académiques, financières, du secteur privé, du secteur public et s’intéresser à la problématique avec une approche pratique », ajoute Luisa (Institut BEI).

La diversité sera également géographique, tant au niveau des intervenants que du public. « C’est un événement international », confirme Luís. « Bien sûr, nous nous attendons à ce que la majorité des personnes présentes viennent du Luxembourg, mais d’autres viendront de différentes parties d’Europe et même d’Afrique. »

On retrouve, parmi les intervenants, de nombreux spécialistes de différents départements de la BEI, mais aussi des professeurs des universités de Vienne, de York ou encore d’Essex, un représentant de l’OCDE, la directrice d’une banque éthiopienne, la directrice de la « Gender Team » du Programme des Nations Unies pour le développement, etc.

Conscientiser le secteur privé en particulier

Les organisateurs sont convaincus que les participants peuvent beaucoup apprendre les uns des autres. « On va discuter des besoins en financement, des mécanismes qui sont en place et de ce qui doit changer. Par exemple, pour la première session (The Financing Gap, ndlr), nous avons invité Jane Wilkinson, head of sustainable finance au Luxembourg Stock Exchange qui a lancé en 2016 la plateforme de finance durable LGX », développe Conchita.

Et d’ajouter : « Ce qu’on a appris des éditions précédentes des October Days, c’est qu’il est important d’intégrer le secteur financier. Les entreprises peuvent réellement générer du profit, être plus productives, si elles atteignent ces objectifs. Il ne s’agit pas seulement d’appeler aux dons ou de rassembler l’argent public, car cela ne suffira pas. Il faut que le monde du business monte à bord, » développe la professeure.

En pratique

Jeudi 11 octobre

  • Dès 12h30 : présentation d’initiatives phares (Etika, Lux Stock Exchange, Microlux, Œuvre nationale de secours Grande-Duchesse Charlotte, etc.)
  • Luise Ferreira : « Nous voulons présenter des personnes qui mettent des projets en place, sur le terrain, au Luxembourg, et leur donner l’opportunité de partager ce qui peut être fait »
  • 14h : Opening session par Francisco de Paula Coelho (doyen, Institut BEI) et Georg Mein (doyen de la Faculté des Lettres, des Sciences Humaines, des Arts et des Sciences de l’Éducation) et « keynote speech » de Carole Dieschbourg, ministre de l’Environnement
  • 14h30 : Session 1 – The Financing Gap (liste des intervenants en ligne)
  • 16h30 : Session 2 – Financing Clean Water and Sanitation (SDG 6) (liste des intervenants en ligne)

Vendredi 12 octobre

  • 9h : Session 3 – Financing Good Health and Well-being (SDG 3) (liste des intervenants en ligne)
  • 11h : Session 4 – Financing Gender Equality (SDG 5) (liste des intervenants en ligne)
  • 12h30 : Concluding remarks, Conchita D’Ambrosio (Uni)

Événement organisé par le Institut BEI et l’Université du Luxembourg, avec le soutien de Caritas Luxembourg, sous l’égide du ministère de l’Environnement.

Participation gratuite. Inscription en ligne obligatoire, jusqu’au 10 octobre inclus.

Marie-Astrid Heyde
Photo : Université du Luxembourg
De gauche à droite : Luisa Ferreira, Conchita D’Ambrosio, Matilde del Valle

Une interrogation sur le conflit entre politique migratoire et Humanité
Une interrogation sur le conflit entre politique migratoire et Humanité

Grand H (pour Grande Humanité) est un documentaire polyphonique sur l’engagement et la prise de responsabilité citoyennes, sur le rôle et l’importance de la société civile dans les questions migratoires, à travers les témoignages de 15 personnes montés en un dialogue de 62 minutes.

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Qui sont les participants ? Et comment les avez-vous sélectionnés ?

Les participants sont un demandeur d’asile, des citoyennes engagées, des responsables et activistes d’ONG, une enseignante en classe d’accueil, un avocat en droit d’asile, un psychiatre, une journaliste, un anthropologue et le ministre des Affaires étrangères. Ce sont pour la majorité des personnes qui se démènent chaque jour dans l’ombre, souvent au détriment de leur vie privée, pour rendre le monde un peu plus juste. J’ai un grand respect pour leur travail et leur obstination. Elles livrent toutes des discours mesurés, sensés. Il s’agit de personnes qui ont les pieds sur terre et non de rêveurs. Je travaille avec la plupart depuis longtemps puisque je suis à l’origine de la campagne de sensibilisation I’m not a Refugee (https://iamnotarefugee.lu) et d’autres projets d’inclusion. Je suis cofondatrice, avec Marianne Donven et Pascal Clément, de OH Oppent Haus – Open Home, une plateforme qui permet aux résidents d’accueillir un réfugié à leur domicile. Nous avons ainsi déjà permis à 77 personnes de quitter le foyer. Nous avons aussi créé Chiche !, un restaurant qui emploie des personnes éloignées du marché de l’emploi : réfugiés, demandeurs d’asile ou résidents.

Pourquoi avoir choisi de donner la parole à des citoyens et des professionnels engagés, et non à des réfugiés ?

Pour éclairer les failles du système d’asile et de l’accueil des personnes déplacées, il me semblait naturel de donner la parole à celles et ceux qui sont au plus près des migrants. Mon intention n’était pas tant de montrer leur travail, que les conditions, le contexte dans lequel il s’inscrit et leur ressenti par rapport à leur engagement.

Pourquoi pas des réfugiés ? D’abord parce que je l’ai fait durant 18 mois pour I’m not a Refugee et que cela a été très difficile à gérer pour moi. C’est une chose de lire des témoignages de personnes exilées, c’en est une autre d’entendre ces récits de vive voix, surtout quand on n’est pas formée et très empathique. Ensuite, parce qu’il y a une grande responsabilité à fixer les gens pour l’éternité dans une catégorisation. C’est assez délicat de travailler avec des demandeurs d’asile dans la mesure où ces personnes sont, du fait de leur situation administrative, très vulnérables. Souvent elles acceptent de livrer leurs témoignages mais le regrettent après coup, notamment lorsqu’elles ont obtenu le statut de réfugié. Alors elles souhaitent juste retrouver une vie normale et ne plus être le ou la réfugié(e). Et c’est compréhensible.

Pourquoi avoir axé le film sur la procédure d’asile ?

Parce que c’est une étape administrative extrêmement anxiogène et donc douloureuse vue l’issue incertaine de la procédure qui se solde après des mois ou des années d’attente soit par un refus soit par l’obtention de la protection internationale. C’est en cas de refus de protection que naissent les tensions les plus graves entre la société civile, les demandeurs d’asile et le gouvernement. Environ 60 % des demandeurs d’asile n’obtiennent pas le statut et doivent retourner dans leur pays d’origine. Pour le ministère, il s’agit de numéros de dossier, mais pour les personnes qui les accompagnent de manière bénévole ou professionnelle, et bien sûr pour les personnes déboutées, c’est dramatique.

Quel est le rôle de la société civile dans la question migratoire ?

Outre la ré-humanisation, il est de veiller et de dénoncer ce qui ne fonctionne pas au niveau gouvernemental. Ce qui est problématique au Luxembourg, c’est entre autres la longueur et l’opacité des procédures d’asile qui détruit les gens, le fait de les placer dans des foyers à long terme et en marge de la société, de leur refuser un accès effectif à l’emploi, d’enfermer des enfants dans un centre de rétention administratif. En ce qui concerne la ré-humanisation, il est important de comprendre que chaque citoyen a une responsabilité et un pouvoir d’humanisation énormes. D’ailleurs, les projets d’intégration qui fonctionnent le mieux sont ceux qui permettent la rencontre et l’échange entre résidents et exilés. Les ONG font un travail très important en comblant les lacunes gouvernementales d’accueil et d’intégration. Elles revendiquent aussi l’application stricte du cadre légal. Pour l’accès au travail des demandeurs d’asile, si on veut vraiment faire bouger les choses durablement, il faut carrément changer les cadres légaux. C’est pourquoi les tensions entre gouvernement et société civile sont saines et nécessaires.

Mélanie Trélat

Grand H sera programmé à Utopia à partir du 10 octobre.
Plus d’informations sur www.grandh.net
Légende photo d’illustration : Frédérique Buck auteure-réalisatrice par Fanny Krackenberger

Les ONG, actives sur les 17 objectifs de développement durable
Les ONG, actives sur les 17 objectifs de développement durable

Parce qu’elles agissent sur le terrain, apportent une vision critique et veillent au respect des engagements politiques, les ONG sont une pièce essentielle dans la réalisation des ODD. Interview de Rebecca Kirch, responsable éducation à la citoyenneté mondiale au Cercle de coopération.

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Quel rôle les associations humanitaires ont-elles à jouer dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) ?

Elles sont actives sur plusieurs points. D’abord, les ONG, et particulièrement les ONGD - organisations non-gouvernementales de développement -, contribuent à la réalisation des ODD par leurs actions dans les 17 thématiques relatives. Elles le font aussi à travers un travail de veille sur la cohérence des politiques pour le développement et le développement durable et sur la mise en œuvre des ODD par les institutions publiques.

Leur rôle est également d’avoir un point de vue critique, de relever les conflits ou les contradictions qui peuvent exister entre différents ODD, par exemple entre la croissance et la protection de la nature, et de garantir que les droits humains soient respectés. Enfin, elles participent à l’atteinte des ODD en faisant de la sensibilisation et de l’éducation sur les sujets concernés.

Sur quels objectifs en particulier sont-elles actives ?

Chaque organisation a sa ou ses propre(s) thématique(s). Les champs d’action sont donc très variés. La lutte contre la pauvreté est certainement une priorité pour celles qui sont actives dans l’aide au développement mais, bien sûr, d’autres sujets sont traités. Certaines ONG sont actives dans des projets qui concernent la santé, d’autres l’éducation de qualité, d’autres encore la réduction des inégalités.

Comment le Cercle de coopération des ONGD du Luxembourg lui-même agit-il ? Comment soutient-il les ONGD ?

La mission du Cercle est de renforcer ses membres et de créer des synergies entre eux. Pour cela, il fait des plaidoyers politiques, facilite des groupes de travail et contribue lui-même, à travers ses partenariats, à la réalisation des ODD (en particulier l’ODD 17). L’organisation des semaines de l’éducation au développement durable - Connecting Lives est un bon exemple de travail réalisé en consortium avec tout un groupe d’organisations issues de la société civile. Cet évènement avait lieu du 23 septembre au 7 octobre. Son but était de montrer que, dans un monde globalisé, tout est lié, que notre comportement au Luxembourg a des effets sur d’autres lieux dans le monde et, ainsi, de faire réfléchir le grand public et idéalement, le motiver à changer des choses dans sa vie quotidienne.

Pour cela, nous avions organisé divers évènements sur toutes les thématiques des ODD et pour tous les groupes cibles (enfants, jeunes, adultes) : marche gourmande alternative, chasse au trésor sur le thème des droits de l’enfant, vélotour, projection cinématographique, représentations théâtrales, lunch-débat sur les pratiques alimentaires soutenables, quiz sur le développement durable, etc.

Mélanie Trélat

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Chacun à son rythme dans un monde en état d'urgence
Chacun à son rythme dans un monde en état d’urgence

Le réseau de la Transition prend de l’ampleur sur le territoire luxembourgeois. Ses initiatives encouragent les actions locales et collectives. Norry Schneider coordonne le réseau de la Transition et fait partie du Conseil supérieur pour un développement durable (CSDD), un organe qui conseille le gouvernement pour travailler sur les objectifs de développement durable.

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Monsieur Schneider, quelles actions concrètes mettez-vous en place avec les citoyens et les communes ?

« En 2013, à travers le réseau de la Transition, nous avons créé une première coopérative énergétique dans le sud du pays, avec aujourd’hui neuf projets photovoltaïques réalisés en collectivité. On prend la toiture d’une commune, d’une école, d’un hall sportif et on réalise des projets d’une certaine envergure. Les coopérateurs deviennent membres en achetant une part (ou plusieurs), qui coûte par exemple 100 euros. Chaque membre obtient une voix et on a aujourd’hui 180 membres, qui à chaque assemblée générale, peuvent voter. Ce modèle coopératif fonctionne bien.

Nous sommes mandatés par le ministère du Développement durable et des Infrastructures, dans le cadre du Pacte Climat, pour aider les communes à impliquer les citoyens dans l’action climatique locale. Concernant les projets photovoltaïques en coopérative citoyenne, elles ont pris du temps à se décider, en partie parce que les tarifs d’injection garantis par la loi étaient assez modestes. Ces tarifs sont en adaptation et on verra ce que le prochain gouvernement en fera. Nous sommes prêts, nous faisons des démarches dans différentes régions, mais aujourd’hui on ne peut pas encore affirmer qu’il y ait énormément de coopératives, en tout cas pas autant qu’on le souhaiterait.

Plus tôt, en 2011, nous avons aussi lancé les jardins communautaires. Au début, tout le monde nous prenait pour des fous, disant que les Luxembourgeois ne seraient pas intéressés. Maintenant toutes les communes viennent nous voir ou les mettent elles-mêmes en place. »

D’où vient le choix du terme « transition » ?

« Le Luxembourg est très dépendant, au niveau de l’alimentation et de l’énergie notamment, et cela a l’impact qu’on connaît. On veut aller vers un avenir durable, mais comme ça ne se fait pas du jour au lendemain, il faut une transition. Celle-ci sera co-construite par tous les citoyens. »

Nous sommes ici au sein de la Maison de la Transition, à Esch-sur-Alzette. Quel est son rôle ?

« La Maison de la Transition a ouvert il y a deux ans avec l’ambition de créer un lieu public, un lieu de rencontre pour les gens qui réfléchissent à leur ville de demain. Il y a un resto bio local, une boutique, du co-working, toute une programmation de workshops que les gens proposent.

Le mouvement de la Transition est avant tout un mouvement citoyen, on vise donc toujours une approche bottom-up. Ça passe par des forums ouverts où le contenu est développé avec tous les participants, par des groupes de travail, etc. Le mot-clé ‘‘réseau’’ est toujours derrière. On se voit comme un acteur qui sait rassembler.

Notre business model est basé sur le bénévolat : toutes les personnes qui tiennent le bar, le restaurant, le magasin, sont bénévoles. Nous n’avions pas de ressources pour payer un loyer et on a eu la chance que la commune nous ait mis cet espace à disposition. C’est une utilisation intermédiaire jusqu’au jour où ce bâtiment aura une autre vocation.

Ici les gens viennent boire un café, se rencontrer, échanger et découvrir de nouvelles choses, une nouvelle sorte de tomates cultivées chez un voisin, dont ils vont ensuite échanger les semences. C’est un zooming entre les décisions méta des Nations unies et une semence qui va faire naître vos premières tomates. C’est comme ça que beaucoup de choses se créent. »

Comment les citoyens réagissent à ces démarches ?

« Au printemps, nous avons organisé les Transition Days, dont l’objectif était de créer des impulsions dans l’espace public. On a rassemblé une quarantaine d’acteurs autour d’une thématique, dans ce cas c’était l’alimentation. On a nommé l’événement ‘‘Our food, our future’’. Le ‘‘our’’ est important, car il s’agit d’une co-construction du système alimentaire de demain. Le public a suivi car en un jour et demi, ce sont 1 500 personnes qui sont venues, ont expérimenté, ont échangé des visions. On continue à travailler sur cette analyse, cette co-construction du système alimentaire luxembourgeois.

On organise également régulièrement des festivals ‘‘do-it-yourself’’ pour montrer comment, en pratique, très simplement et au quotidien, on peut faire du dentifrice, planifier un jardin, réparer un ordinateur, etc. Les familles viennent et ressortent en ayant appris quelque chose. Avec leurs deux mains, les gens peuvent faire des choses contrairement à l’idée reçue qu’il faut acheter et jeter continuellement.
Tous ces événements donnent des impulsions, mais le travail doit se faire au quotidien. C’est là que ça se complique, car souvent les gens sont occupés, ils sont dans leur routine, et rester dans la communication positive devient pour nous un défi car il faut regarder l’évolution des choses, les chiffres, qui sont assez déprimants. Le GIEC vient de sortir son dernier rapport et appelle à un sursaut international pour éviter d’atteindre +1,5° d’ici à 2040, ce qui aurait des conséquences désastreuses. On aimerait bien dire aux citoyens d’y aller à leur rythme, mais il ne reste que peu de temps pour réussir un vrai changement. C’est le principal défi d’un mouvement citoyen qui essaye de mobiliser, de faire changer les consciences. Les gens sont occupés avec leur travail, leurs courses, leurs dettes, leurs vacances, et la priorité 26 à leur agenda, c’est peut-être le monde qui ne va pas bien. »

Découvrez les nombreux autres projets du réseau de la Transition sur cell.lu. Restez informés de leurs événements grâce à la page Facebook Mesa, la maison de la transition.

Marie-Astrid Heyde
Photo Fanny Krackenberger

S'informer et agir au niveau individuel
S’informer et agir au niveau individuel

Les « 17 objectifs de développement durable » concernent autant les décideurs que les consommateurs. Découvrez en ligne comment les appliquer au quotidien.

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Marie-Paule Kremer, responsable de l’Éducation au développement durable au sein du ministère du Développement durable et des Infrastructures, a mis en ligne une série de conseils et d’informations destinés à la population et aux enseignants. Classés par objectif de développement durable, ils permettent à chacun de changer ses habitudes et d’appliquer à son propre niveau les objectifs de l’Agenda 2030.

Mme Kremer, à qui s’adresse cette liste de « tipps » ?

« À toutes les personnes qui font le choix personnel de s’engager pour le développement durable, et veulent se renseigner sur les initiatives en place au Luxembourg. Il n’est pas toujours facile de faire des choix qui soient bons pour la planète et respectueux de tous. D’autant plus que tout évolue. Ce qui était bon il y a cinq ou dix ans, ne l’est plus forcément aujourd’hui. Le diesel, par exemple.

La liste est aussi destinée aux enseignants qui peuvent l’utiliser pour éduquer sur ces problématiques. Des parties pédagogiques sont mises en avant pour certains objectifs. J’aimerais que le développement durable prenne plus de place dans les écoles, notamment en communiquant sur l’Agenda 2030, qui est un programme universel sur la gestion et la répartition des ressources, qui s’applique aussi au niveau individuel. »

Comment avez-vous procédé à la sélection des initiatives ?

« La liste est éditée par le Comité interministériel pour l’éducation au développement durable (CIEDD) avec les membres de la plateforme EEDD. Elle n’est pas exhaustive. Pour suggérer un conseil ou alors une page internet, il suffit de nous soumettre l’information en question, qui sera ensuite validée par le (CIEDD).

Il y a de très chouettes initiatives locales qui voient le jour, mais on ne peut pas toujours tout reprendre en détail. Le but est plutôt de donner une vue d’ensemble sur les conseils pratiques. On y intègre les conseils pratiques les plus importants ou novateurs, avec les initiatives correspondantes qui peuvent inspirer directement le citoyen à un changement de comportement. »

Pourquoi le choix de la langue allemande pour cette liste de conseils ?

« Il faut commencer quelque part ; il y a toutefois dans la liste des liens vers des sites en français ou en anglais. Nous envisageons la réalisation une traduction française d’ici la fin de l’année, et ensuite d’une version anglaise. »

À titre personnel, quels aspects du développement vous tiennent particulièrement à cœur ?

« Pour moi, tout ce qui concerne la protection du climat et des ressources est important, ainsi que toutes les mesures qui contribuent à la répartition équitable de ces ressources. Car, inévitablement, sans équité, on risque de mener à des conflits, à des guerres de répartition. On voit déjà tous les problèmes liés aux migrations. C’est pour ça que le développement durable traite à la fois des ressources naturelles et des enjeux sociaux et économiques, car tous fonctionnent ensemble. »

Quels petits gestes peut-on adopter au quotidien ?

« Trier les déchets, faire don de ce dont on n’a pas besoin, emprunter et réparer au lieu d’acheter. Certains labels nationaux ou européens et certains aspects peuvent également vous aiguiller dans vos achats. Par exemple, on peut influencer les magasins en privilégiant les produits sans emballage, les produits bio, Fairtrade, etc. Boire l’eau potable du robinet est également un geste simple. On peut mentionner dans ce contexte l’initiative Refill Luxembourg. Au restaurant, il est aussi possible d’emporter ce qui n’a pas été mangé pour le consommer plus tard. Le système d’Ecobox propose une boîte réutilisable et recyclable. Il y a beaucoup de petites astuces qui sont simples à appliquer. »

Zoom sur

  • oekotopten.lu, « les produits les plus écologiques en un clic » : Ce site, disponible en français et en allemand, aiguille le consommateur dans ses choix, qu’il s’agisse d’énergie, de mobilité, délectro-ménager, etc.
  • Les microplastiques  : un sujet d’actualité. On les trouve dans de nombreux cosmétiques (savon, gel douche), ils servent à améliorer la couleur, la brillance, parfois la substance d’un produit. Ces particules se retrouvent dans nos rivières, dans les océans, et finalement dans notre assiette.
  • Le « Recueil des acteurs de l’Éducation au développement durable » : une liste détaillée d’acteurs ayant signé une charte de qualité, et présentant des activités pédagogiques offertes dans le domaine. Ce recueil est en cours de révision et la Charte est ouverte à de nouveaux signataires.

Marie-Astrid Heyde
Photo Fanny Krackenberger

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