Alors qu’Étienne Schneider, le ministre luxembourgeois de l’Économie, assistait fin février au conseil « Énergie » de l’Union européenne consacré au nouveau paquet législatif « Une énergie propre pour tous les Européens » - « le plus important et le plus ambitieux jamais mis sur la table » selon lui -, Infogreen a choisi de consacrer ce 2e Dossier du mois de 2017 à la transition énergétique.
En matière d’énergie, les recherches de solutions alternatives et les initiatives exemplaires sont aussi nombreuses que nécessaires. Certaines sont encore en phase de test, d’autres déjà abouties. C’est le cas par exemple de celles de deux villes pionnières qui sont les sujets d’articles dans ce dossier. Charité bien ordonnée commençant par soi-même, la 1re se trouve au Luxembourg. Il s’agit de notre fer de lance local, Beckerich, qui depuis son adhésion il y a 22 ans à l’Alliance pour le climat multiplie les actions dans le but d’être autonome en énergie à l’horizon 2030. 1re commune luxembourgeoise à avoir installé des copropriétés photovoltaïques sur les toits de ses bâtiments publics, elle a d’ores et déjà atteint son objectif pour l’électricité basse tension grâce à la biométhanisation et est autarcique en eau. Quelques centaines de kilomètres au sud, Genève est notre 2e exemple. 2017 marque pour cette ville suisse un tournant décisif : le passage à un approvisionnement énergétique totalement renouvelable et local, s’appuyant entre autres sur le lac Léman au fond duquel ont été placées des pompes à chaleur qui permettront d’économiser 9 GWh d’électricité et 2350 t de CO2 chaque année.
En France - et dans d’autres pays comme l’Autriche ou l’Écosse -, on expérimente les hydroliennes fluviales qui permettent de répondre aux besoins en énergie renouvelable sans dénaturer le paysage et sans abîmer l’environnement. La mise en service en 2018 de la plus grande ferme hydrolienne fluviale au monde sur le Rhône donnera peut-être le coup d’envoi à un déploiement plus large de cette technologie propre. Si elle est en pointe sur les hydroliennes fluviales, la France l’est beaucoup moins sur l’éolien maritime, alors que nos autres voisins, les Belges et les Allemands, font partie des meilleurs élèves européens en la matière.
On ne peut pas parler transition énergétique sans aborder le solaire. Si la durabilité réelle des panneaux et des batteries reste très controversée, le photovoltaïque reste un moyen de puiser de l’énergie à une source intarissable et gratuite. Parmi les actions qui ont retenu notre attention figure celle du mouvement citoyen Transition Minett, dont la coopérative TM EnerCoop a donné naissance à 4 projets dans le sud du Luxembourg depuis sa création, en septembre 2013. Basée sur le principe démocratique, elle a pour objectif de permettre au plus grand nombre d’investir (et de s’investir) dans un projet en faveur des énergies renouvelables.
Retour en Suisse ensuite, où les travaux du 1er parc mondial de panneaux solaires flottant sur un lac de haute montagne viennent d’être lancés. Il sera opérationnel à partir de l’été 2019. Et dans l’optique d’exploiter tous les endroits possibles pour y placer des panneaux solaires, certains ont eu l’idée d’intégrer des cellules photovoltaïques à la chaussée pour exploiter pleinement la large exposition au soleil dont les routes, qui ne sont couvertes en moyenne que 10 % du temps par des véhicules, bénéficient. Un tronçon pilote d’un kilomètre de long sur 2,8 mètres de large a été inauguré en décembre dernier dans le nord-ouest de la France, qui devrait produire 280 MWh par an.
Quant au Luxembourg, la mobilité étant un levier essentiel en matière de transition énergétique, il a choisi de se positionner comme un précurseur en matière d’électromobilité : Volvo Bus y a installé son centre de compétences européen sur l’e-mobilité et a livré les 1ers véhicules hybrides en 2009 à Sales-Lentz. Depuis, plusieurs projets ont vu le jour dans la capitale et ses environs, mais aussi à Differdange qui deviendra à terme la 1re commune au monde dont les transports en commun rouleront à l’énergie 100 % électrique.
Enfin, en réponse au double problème de l’approvisionnement énergétique et de la densité du trafic en ville, de nouveaux véhicules électriques individuels ont fait leur apparition : e-trottinettes, skateboards électriques, Segway et autres hoverboards conquièrent le marché et suscitent même l’intérêt des constructeurs automobiles. Tendance passagère ou réelle solution alternative de mobilité durable ? La question reste ouverte.
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Mélanie Trélat