Le dossier du mois

Une thématique dans chaque #DossierDuMois, avec la rédaction d’Infogreen et l’expertise de nos partenaires

Publié le 15 novembre 2018
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novembre 2018

Social Impact

En moins de cinq ans, l’ESS s’est dotée d’une loi, d’un nouveau statut pour les sociétés d’impact sociétal, d’un incubateur dynamique, d’une fédération forte, d’un cluster transfrontalier et de son propre lieu d’échange et d’innovation.

Social Impact
Social Impact !
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L’économie sociale et solidaire (ESS) ne date pas d’hier. Née il y a plus d’un siècle, elle s’affirme ces dernières années comme étant un secteur économique à part entière, mais elle reste encore peu visible.

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Difficile d’en donner une définition précise tant son périmètre fait débat et varie d’un pays et d’une culture à l’autre. Une chose est sûre, elle concerne une variété d’organisations : collectivités territoriales, entreprises, associations, coopératives, fondations, qui cherchent à avoir, au-delà des résultats économiques, un impact positif sur la société. Celle-ci se réalise souvent en partenariat les unes avec les autres, et avec une prérogative : placer l’humain au cœur de leurs activités. C’est sans doute là le point commun entre toutes les définitions qu’on peut en trouver : la primauté de l’Homme sur le capital.

Difficile aussi de mesurer son ampleur. Nombreuses sont les organisations qui apportent ce petit « plus » à la société, sans pour autant se réclamer de l’ESS. En cause : la méconnaissance du sujet, sa définition qui reste floue justement, ou le manque de reconnaissance dont il souffre encore.

L’ESS serait née avec les premiers systèmes de protection sociale et d’assurance à la fin du 19e siècle, mais au Luxembourg, la thématique a fait un bond en avant en se structurant. En moins de cinq ans, elle s’est dotée d’une loi, d’un nouveau statut pour les sociétés d’impact sociétal (agrément SIS dont est titulaire 4x3 magazine), d’un incubateur dynamique, d’une fédération forte, d’un cluster transfrontalier et de son propre lieu d’échange et d’innovation. Elle représenterait aujourd’hui quelque 30 000 emplois, soit 7 % de l’emploi total au Grand-Duché. Autant dire que même si elle se démarque par ses principes, elle est un compétiteur économique comme les autres, qui pèse sur le ring national… et sur le ring international. Le Luxembourg a en effet été un fer de lance en permettant à l’ESS de retrouver son punch lors de sa présidence de l’Union européenne en 2015.

L’ESS est donc bien présente. Elle est pourtant encore trop peu visible. Maintenant que les fondations sont érigées, le chantier pour les années à venir sera de mettre en valeur la place qu’elle occupe, son poids dans le paysage économique, ainsi que la diversité des acteurs et des secteurs qu’elle concerne (qui ne se limitent pas au social, à la santé et à la solidarité).

Mélanie Trélat

Nous avons su relancer une vraie dynamique
Nous avons su relancer une vraie dynamique

Les fondations permettant de faire de l’ESS un secteur économique à part entière sont en place. Le temps est maintenant venu de consolider ce qui a été construit. Interview de Nicolas Schmit, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire.

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Quel état des lieux pouvez-vous dresser de la situation en matière d’économie sociale et solidaire (ESS) au Luxembourg après 5 années passées à la tête du ministère éponyme ?

L’économie sociale et solidaire existait bien avant mon arrivée au Ministère, il y a 5 ans. On prenait alors seulement conscience qu’elle pouvait devenir un véritable acteur dans le paysage économique luxembourgeois, mais elle n’était pas structurée, elle n’avait pas de base légale. Tout cela a été aujourd’hui largement réalisé, de surcroît avec une très petite équipe. Nous avons même modifié certaines dispositions de la loi il y a peu et avons donc désormais un cadre juridique qui répond aux besoins. Nous avons également créé l’incubateur 6zéro1 qui permet à de nouvelles entreprises d’impact sociétal (SIS) de se développer, ainsi qu’une maison de l’économie sociale et de l’innovation sociale (MESIS) qui est un lieu de rencontre, de création et d’innovation. Elle se trouve en plein centre, à proximité de la Banque centrale, ce qui, je trouve, est un beau signal. L’Union luxembourgeoise de l’économie sociale et solidaire (ULESS) est devenue un acteur visible, un partenaire et un pourvoyeur d’idées important. Je dirais donc que le bilan est globalement positif et que le train est bien parti vers de nouvelles destinations.

Quelle est la réalisation dont vous êtes le plus fier ?

Je crois que c’est un tout : nous avons fédéré l’ESS, nous l’avons poussée, nous lui avons donné du poids en termes d’emplois et d’apport économique, non seulement au Luxembourg, mais aussi à l’échelle européenne. 2015, année de notre présidence, a été un moment charnière pour l’ESS en Europe. Alors que rien ne bougeait depuis un certain temps, nous avons su relancer une vraie dynamique, ce qui me remplit de satisfaction.

Quel est le poids de l’ESS au Luxembourg aujourd’hui, en chiffres ?

L’ESS reste dans une zone grise d’un point de vue comptable. Beaucoup d’entreprises devraient se considérer comme en faisant partie, mais ne le font pas pour différentes raisons, peut-être parce que cette dénomination n’a pas encore la reconnaissance qu’elle devrait avoir au Luxembourg. On estime néanmoins qu’elle représente plus de 30 000 emplois, soit 7 % de l’emploi total, principalement dans le domaine social, mais aussi dans une diversité d’autres secteurs. Quelqu’un a dit que « pour comprendre, il faut mesurer », c’est pourquoi nous allons travailler à cerner plus précisément la contribution de l’ESS aux économies luxembourgeoise, européenne et internationale, à travers des projets de coopération, notamment avec le Costa Rica et le Canada. Il s’agit des fameux comptes satellites. Cet exercice débutera en janvier et courra pendant 2 ans.

Que reste-il à faire selon vous ?

Beaucoup ! Il reste à développer sur base de ce qui a été construit avec tous ceux qui, souvent avec beaucoup de passion, se sont engagés dans les entreprises de l’ESS. Il faut prolonger la dynamique en montrant qu’entreprise sociale est une option parmi d’autres quand on veut créer, innover et apporter quelque chose à l’économie, mais aussi à la société luxembourgeoise. Pour cela, il faut poursuivre le travail d’information qui a été commencé pour mieux faire connaître l’ESS, parler d’entreprenariat social dans les écoles et encourager les jeunes à réfléchir sur le sujet, leur montrer qu’il existe une autre forme d’entreprenariat qui a des points communs avec l’entreprenariat classique, mais avec un « plus » : l’engagement social, le résultat que je peux apporter à la société, pour qu’ils prennent encore mieux conscience de la force que cela représente.

Mélanie Trélat
Photo : Fanny Krackenberger

Un secteur qui mérite sa place au sein des organisations patronales
Un secteur qui mérite sa place au sein des organisations patronales

Créée en 2013, l’Union luxembourgeoise de l’économie sociale et solidaire (ULESS) vise à défendre et à promouvoir les intérêts des entreprises de l’économie sociale et solidaire, un secteur en pleine expansion au Luxembourg. Infogreen est allé à la rencontre de son directeur, Jean-Christophe Burkel.

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M. Burkel, comment l’ULESS favorise-t-elle la visibilité de l’économie sociale et solidaire ?

Le travail de l’ULESS, c’est en effet de la visibilité, mais pas de la visibilité spectaculaire. L’ULESS est une plateforme qui est au service de ses membres. L’économie sociale et solidaire, si c’est un terme qui réunit un certain nombre d’entreprises, ce n’est pas non plus quelque chose d’uniforme au sein du secteur, ni quelque chose que nous voulons promouvoir de manière agressive, ni comme une alternative.

Nous travaillons pour la visibilité à long terme du secteur. On essaye à la fois de défendre les membres et de les représenter pour faire que ce secteur soit visible en tant qu’un secteur parmi d’autres, qui n’est pas en marge, qui n’est pas particulièrement différent, qui a ses propres valeurs, au même titre que l’artisanat ou que le secteur bancaire, par exemple.

Le rôle de l’ULESS est donc de faire en sorte qu’il y ait une représentation institutionnelle avec le gouvernement lorsque des questions se posent concernant l’évolution du secteur, qu’on travaille avec la Chambre des députés quand des projets de loi sont déposés ou votés, qu’on travaille avec la Commission européenne lorsque des politiques européennes nous concernant doivent être développées. Mais aussi de figurer dans l’accord de coalition du prochain gouvernement.

Quels sont les prochains défis de l’ULESS ?

Notre secteur a la chance d’avoir un ministère dédié depuis déjà 10 ans, avec un ministre en charge. C’est très important pour le secteur d’avoir cet interlocuteur et d’être l’interlocuteur privilégié de ce ministre qui sera désigné, on l’espère, avec l’économie sociale et solidaire dans son intitulé.

Ensuite, ce qui est très important pour l’ULESS, c’est d’être présent dans les organisations représentatives des employeurs de ce pays, donc le patronat luxembourgeois. Le secteur emploie plus de 30.000 salariés*, soit plus que l’industrie ou encore que le secteur des assurances, et autant que les établissements de crédit. Cela devrait nous donner le mérite d’être considérés et pris en compte du côté des employeurs. Donc, pour la prochaine législature, notre grand défi est de pouvoir être représentés de manière juste et équitable au sein des organisations patronales, telles que l’UEL et la Chambre de commerce.

Quel bilan tirez-vous des mandats des précédents ministres de l’ESS et qu’attendez-vous du prochain gouvernement ?

Ce qui compte le plus au niveau des relations institutionnelles, c’est la personne qui sera désignée. On a eu la chance d’avoir en 2009 le ministre Romain Schneider qui était une personne très engagée à titre personnel pour l’économie sociale. Il a beaucoup défriché la thématique de l’ESS au Luxembourg. Et le travail était ardu.

On a eu ensuite le ministre Nicolas Schmit qui nous a, d’une certaine manière, fait changer de ligue. Avec la présidence luxembourgeoise de l’Union européenne, on a eu une vraie visibilité au niveau européen. On s’est progressivement imposés avec deux lois successives comme un secteur qui mérite une législation et une fiscalité à part, qui s’assume et qui a la possibilité de s’appuyer sur un partenaire gouvernemental pour essayer d’avancer.

Sans partenariat gouvernemental, il n’y aurait pas ni 6zero1 ni la MESIS (Maison de l’économie sociale et de l’innovation sociale, ndlr) . Nous n’aurions pas non plus l’ULESS car c’était aussi une demande du gouvernement d’avoir un interlocuteur pour le secteur. L’État est très fort au Luxembourg et a un rôle déterminant dans la reconnaissance et la visibilité d’un secteur comme le nôtre. Et ce qui compte le plus pour que ça marche, c’est bien sûr la personnalité du titulaire de la fonction.

L’ULESS n’a pas de couleur politique, donc celle du titulaire de fonction importe peu. Ce qui compte, c’est que ce soit quelqu’un qui s’intéresse à la thématique. Et s’il s’intéresse et est prêt à s’engager, nous sommes prêts à nous engager avec lui.

Marie-Astrid Heyde
Photo Fanny Krackenberger

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L'économie sociale a désormais sa maison !
L’économie sociale a désormais sa maison !

La MESIS, acronyme pour maison de l’économie sociale et de l’innovation sociale, a ouvert ses portes le 1er octobre. Le point de départ de cette aventure est une conviction : celle que de plus en plus d’entrepreneurs, mais aussi de responsables d’organisations et de citoyens, placent l’innovation sociale, les démarches collaboratives et l’économie circulaire au cœur de leur développement.

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C’est dans l’ancien cabinet d’un notaire, côte d’Eich à Luxembourg, que la MESIS a trouvé sa place, faisant revivre une demeure inoccupée depuis 4 ans. Sous ses abords cossus, elle est plus « sociale » qu’il n’y paraît puisqu’elle se situe face à l’office social de la ville et à proximité d’une antenne locale de la Croix-Rouge.

« Sa mission est de répondre à un besoin de visibilité de tout ce qui touche à l’économie sociale et à l’innovation sociale », explique Nadine Muller, responsable du département économie sociale et solidaire au ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire et présidente de 6zero1. L’ambition de ses créateurs est d’en faire LE lieu de référence pour qui s’intéresse à ces thématiques et pour ceux qui portent un projet de création ou de développement d’une entreprise à finalité sociale ou sociétale.

La MESIS prend le relais des locaux au 1535° à Differdange, dont la vocation était d’incuber des entreprises sociales en mettant des bureaux à disposition des sociétés d’impact sociétal (SIS) en devenir et en proposant des formations aux porteurs de projets.

Sur base de l’expérience acquise au cours des deux années d’existence de la structure, le modèle a été complètement repensé pour répondre aux besoins réels détectés chez les futurs entrepreneurs sociaux. Il s’est avéré que disposer d’un espace en faisait rarement partie. La vocation de la MESIS n’est donc pas exclusivement d’héberger de jeunes entreprises. Les bureaux sont aussi destinés à des partenaires de longue durée de l’économie sociale et solidaire, plutôt institutionnels. C’est le cas de l’Union de l’économie sociale et solidaire (ULESS) qui représente les acteurs du secteur et de 6zero1 qui accompagne la création de SIS. Touchpoints, une association sans but lucratif qui a une activité connexe à celle de 6zero1, à cette particularité près qu’elle est dédiée aux personnes réfugiées, y a aussi installé ses bureaux, ainsi que Compellio, un partenaire de 6zero1 qui fournit à ceux qui souhaitent se lancer dans l’entreprenariat social des outils online intégrant des indicateurs d’impact social.

Mélanie Trélat
Photo : Fanny Krackenberger

Du sur mesure pour les entrepreneurs sociaux en devenir
Du sur mesure pour les entrepreneurs sociaux en devenir

6zero1 a lancé un tout nouveau programme d’accompagnement, à contre-courant de ce qui se fait habituellement. Entièrement personnalisé, il s’adresse à tous ceux qui souhaitent créer ou développer une entreprise à finalité sociale ou sociétale.

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L’accompagnement à la création d’entreprise est un métier très délicat. Plus qu’ailleurs au Luxembourg, car le pays recense en moyenne moins de créateurs d’entreprises que ses voisins. Plus qu’ailleurs également dans le domaine de l’entreprenariat social, où l’idéalisme est plus fort et le taux de concrétisation plus bas que dans d’autres secteurs. La tendance est traditionnellement de proposer des formations généralistes et passives.

L’idée de 6zero1, après avoir appliqué ces méthodes pendant 2 ans, est de renverser la vapeur : s’adresser à un public moins large composé de chefs d’entreprises qui voudraient transformer leur structure en société d’impact sociétal (SIS) ou de créateurs de SIS, et leur offrir non pas un programme d’accompagnement standard qui s’appliquerait de la même manière quel que soit leur projet, leur personnalité ou leur démarche, mais qui s’adapterait au cas par cas à chacun des projets, dans le but de les aider à atteindre l’impact sociétal qu’ils ont fixé en réalisant le business qu’ils ont défini pour leur entreprise.

Pour ce faire, le programme s’articule autour de trois axes : les compétences techniques ou hard skills, les compétences relationnelles ou soft skills et l’impact social ou sociétal.

« La durée du programme varie en fonction de la situation de chacun. Il commence toujours par un profilage sur chaque axe, à partir duquel un travail est réalisé sur les faiblesses, avec un rythme de progression propre à chacun », précise Nadine Muller, responsable du département économie sociale et solidaire au ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire et présidente de 6zero1. L’accompagnement dure au minimum 3 mois et il peut aller jusqu’à 12 mois, en fonction de la situation de départ et des objectifs du candidat. Il peut commencer à n’importe quel moment. Il suffit, pour y participer, de postuler et, si vous êtes éligible, c’est parti pour un parcours complètement individualisé !

Mélanie Trélat
Photo : Fanny Krackenberger

Un laboratoire transfrontalier de l'ESS
Un laboratoire transfrontalier de l’ESS

Lancé le 26 juin dernier, le cluster Économie sociale et solidaire Grande-Région a pour vocation de faire émerger des projets collaboratifs et de développer des échanges et synergies entre les acteurs territoriaux, pour une économie au service de l’humain.

Communiqué
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Le cluster est le résultat d’une ambition commune de Nicolas Schmit, ministre du Travail de l’Emploi et de l’ESS au Luxembourg, et Mathieu Klein, président du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle. « L’idée est, sur le territoire de la Grande-Région, de soutenir et de faire émerger des projets dans ce domaine en pleine évolution qu’est l’ESS », explique Frédéric Théate, Project Lead chez Ecotransfaire. Le cluster transfrontalier est une initiative unique en Europe. Ecotransfaire en assure la coordination.

Sa mission est d’être un laboratoire transfrontalier de l’ESS et de favoriser les échanges et les collaborations entre acteurs, qu’il s’agisse d’entreprises, de collectivités locales, d’associations ou autres. Il porte une vision transversale qui s’appuie sur plusieurs thématiques : circuits courts, économie circulaire, économie collaborative, digitalisation, services à la personne… « La Grande-Région est un lieu d’expérimentation propice à la création de synergies dans ces domaines », indique Bernard Lahure, gérant de Ecotransfaire. « Nous avons, dans la Grande-Région, les ressources et les compétences nécessaires. Le cluster, avec ses partenaires, agit comme un activateur : en mettant en réseau les acteurs, il aide à l’émergence de projets », complète Frédéric Théate.

Son approche se veut avant tout pragmatique et de terrain. Le cluster s’adresse à des acteurs fortement inscrits dans le tissu local, respectant les principes de l’économie sociale et solidaire et pouvant apporter du développement économique sur le territoire.

Sur le terrain, ses actions consistent à relier et mobiliser les acteurs pour répondre à leurs besoins. Il travaille sur des initiatives identifiées ou à identifier : brainstorming sur des projets à impact économique transfrontalier, accompagnement de structures locales dans le cadre d’appels à projets (expérimentation de modèles économiques innovants, etc.), favorisation de l’échange de bonnes pratiques entre acteurs...
Le cluster organise une première convention d’affaires transfrontalière sur les achats responsables le 6 juin 2019 à Mont-Saint-Martin, en France.

Mélanie Trélat
Photo : Fanny Krackenberger

« Le caractère essentiel que l'ESS joue pour la cohésion sociale »
« Le caractère essentiel que l’ESS joue pour la cohésion sociale »

Les administrations publiques ont un rôle important à jouer dans la promotion de l’économie sociale et solidaire. Exemple avec Mandy Ragni, échevine déléguée aux Affaires sociales, à Esch-sur-Alzette.

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Mme Ragni, quel est le rôle de la Ville d’Esch-sur-Alzette, dans la promotion et le développement de l’économie sociale et solidaire ?

La Ville d’Esch-sur-Alzette joue un rôle important dans la promotion de l’économie sociale et solidaire (ESS) en subventionnant des projets qui ne pourraient pas se faire sans ce soutien, tels que les projets Valobois (utilisation du bois des forêts de la Ville pour du bois de chauffage), Holzmanufaktur (construction d’objets en bois, par exemple des jardins surélevés), ou encore le jardin au Galgenbierg qui produit des légumes vendus au marché et transformés dans les cuisines de nos maisons relais.

Ces projets et beaucoup d’autres nous permettent de faire embaucher des demandeurs d’emploi eschois et de leur offrir des formations essentielles pour le reste de leur parcours professionnel.

Pourquoi est-il important pour la Ville d’Esch de soutenir l’économie sociale et solidaire ?

L’économie sociale et solidaire permet de répondre à des défis sociétaux de manière innovante et créative, mais peine souvent à trouver les ressources financières nécessaires. En soutenant l’ESS, la Ville d’Esch-sur-Alzette crée une situation de gagnant-gagnant.

L’ESS, si elle permet de faire participer le plus grand nombre de personnes à la vie de la société en embauchant des personnes en situation de chômage ou bénéficiaires du RMG par exemple, innove dans bien d’autres domaines : la protection de l’environnement, la production énergétique (la Ville d’Esch-sur-Alzette met la toiture du hall de sports à disposition de la coopérative Energcoop mise en place par Transition Minett, pour la production d’énergie solaire), la construction d’ateliers en mode économie circulaire (utilisation de vieux conteneurs, isolation avec du miscanthus, façade en argile, etc.) par Benu-Village qui impliquera le quartier dans la création de vêtements à partir de vieux vêtements.

L’ESS peut aussi constituer un soutien pour la Ville d’Esch-sur-Alzette en permettant de poursuivre des objectifs politiques, comme le verdissement de la ville, en intégrant et en entretenant à travers le territoire de la ville des espaces de plantation maraîchère avec des projets de jardins communautaires (Inter-Actions asbl) ou le projet de ville comestible KreaVert, promouvant la plantation de plantes comestibles à travers la ville et animé par la CIGL-Esch.

Le soutien se fait aussi bien de manière classique, par l’aide au financement des projets, que par la mise à disposition de terrains, locaux, toitures, … mais surtout, et c’est peut-être le plus important, le soutien moral, en croyant au caractère important et essentiel que l’ESS joue pour la cohésion sociale sur notre territoire.

Quelles actions en lien avec l’ESS sont mises en place au sein même de l’administration communale d’Esch ?

Au sein de l’administration de la Ville d’Esch-sur-Alzette, les actions de l’économie sociale et solidaire sont multiples allant de la production de légumes pour les cuisines communales, en passant par la gestion de nos cités jardinières ou encore la mise en place de projets de ville comestible (KreaVert).

Marie-Astrid Heyde
Photo : Fanny Krackenberger

Informer pour agir
Informer pour agir

4x3 est le premier (et le seul) média à bénéficier de l’agrément Société d’Impact Sociétal (SIS). La vocation de ce trimestriel : soutenir le dialogue entre les sphères politiques, économique, institutionnelle et citoyenne, et incarner un espace de réflexion sur les initiatives engagées pour un monde plus durable.

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Tout est dit dans la punchline du magazine : « Informer pour agir ». Son impact sociétal se trouve avant tout dans son ADN de média orienté développement durable, dans les sujets qu’il traite, qui en font un véritable acteur du changement. Mais il est aussi dans son mode de production qui respecte l’environnement de bout en bout. Il est réalisé avec un papier unique, le papier « crush » -c’est son nom-, labellisé FSC bien sûr, et conçu selon les principes de l’économie circulaire à partir de résidus industriels de bois, de fruits et de céréales qui sont upcyclés, ce qui lui donne un aspect velouté inimitable. Le magazine est également distribué sous un blister entièrement biosourcé et compostable. Les émissions de CO2 liées à sa fabrication sont entièrement compensées par son engagement auprès de Nature Office dans un projet de centrale hydro-électrique. Et, parce que sa vocation première est la sensibilisation aux enjeux liés au développement durable, il est gratuit, donc accessible à tous.

4x3 magazine et 4x3 SIS sàrl, sa société éditrice, ont soufflé leur première bougie et préparent déjà leur cinquième numéro. Depuis décembre 2017, date à laquelle l’entreprise a reçu l’agrément SIS, ce sont 20 000 exemplaires qui ont été distribués et 4 évènements qui ont été organisés (un pour la sortie de chaque numéro). Ces évènements combinent la découverte de projets et initiatives aussi durables qu’innovants avec un moment de networking convivial autour d’un buffet qui est toujours 100 % bios, fairtrade, voire local. La mise en relation des partenaires Infogreen et des parties prenantes du magazine est un des buts premiers de ces évènements. « Nous avons déjà su réunir plus de 300 personnes autour de thématiques percutantes, relatives au développement durable, et sommes heureux de fédérer une communauté d’acteurs, d’entreprises et de mécènes au Luxembourg », souligne Frédéric Liégeois, CEO de la SIS.

Chaque parution est aussi l’occasion pour 4x3 de faire un don en faveur d’un projet solidaire. C’est ainsi que 3 000 euros ont été redistribués à différentes associations : 3,2,1 Vakanz qui offre la possibilité à des personnes handicapées de partir en vacances, la Fondation Follereau qui défend les droits des femmes et des filles à travers le monde, et PADEM qui vise à améliorer la qualité de vie des populations vulnérables, en particulier des enfants, dans les pays en voie de développement.

4x3 est un projet unique au Luxembourg, réalisé en synergie avec la plateforme Infogreen.lu, le 1er quotidien d’information sur les enjeux du développement durable depuis 6 ans. Infogreen met à disposition de 4x3 un espace en ligne dédié dans le but d’assurer une diffusion virale vers ses 40 000 abonnés sur les réseaux sociaux.

En 2019, toute l’équipe de 4x3 promet « un beau programme avec des actions de terrain ».

Mélanie Trélat
Photo : Fanny Krackenberger

Une autre perspective sur la qualité de vie au travail
Une autre perspective sur la qualité de vie au travail

Selon la Chambre des Salariés, au Luxembourg 23 % de la population active montre des signes de burn out et 23 % des arrêts maladie de plus de 21 jours sont liés à une dépression ou au stress chronique. Pour endiguer ces chiffres, Touria Yousfi et Odette Sangaré ont créé en 2016 un collectif dont l’objectif est de travailler sur la prévention des risques psycho-sociaux : stress chronique, violences internes et externes.

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Stress Revolution, c’est son nom, propose une approche pluridisciplinaire et regroupe, pour ce faire, 11 spécialistes issus de 7 domaines : chefs de projet en risques psychosociaux, en activités physiques et santé, en évolution systémique des organisations, psychologues, sophrologues, et enfin professeurs d’activités physiques et psychocorporelles préventives.

Stress Revolution promet d’offrir « une autre perspective sur la qualité de vie au travail  ». « Nous vivons actuellement ce qu’on appelle le VUCA Time, acronyme pour Volatility, Uncertainity, Complexity, Ambiguity. C’est une période, marquée par la mondialisation et la digitalisation, très différente de celle qui l’a précédée où l’on connaissait stabilité et continuité, où l’on avait des repères et où la rationalité et les stratégies d’entreprise pouvaient s’appliquer de façon linéaire. Cette transition génère des difficultés d’adaptation. Or, seules les entreprises qui peuvent s’adapter perdureront  », explique Odette Sangaré, sophrologue et formatrice salariée chez CESAP, la structure qui porte Stress Revolution, « Nous accompagnons les entreprises, et personnes à travers un cheminement, pour les aider à gérer ces changements. Nous travaillons dans une logique systémique et considérons que l’ensemble des acteurs et évènements sont interconnectés et interdépendants. Nous cherchons ainsi non pas la stigmatisation des acteurs, mais la responsabilisation et l’action volontaire concrète et coordonnée des différentes parties prenantes. Le VUCA Time est un état de fait, notre but est que chacun dans l’entreprise en devienne acteur en intégrant ces paramètres, ce qui permet à l’entreprise et au salarié et d’en tirer des bénéfices ».

Le cheminement dont il est question passe en premier lieu par une prise de conscience, puis par la sensibilisation qui consiste à informer sur les enjeux pour l’entreprise comme pour les salariés et les solutions qui s’offrent à nous. Vient ensuite la phase de « trans-formation » : des formations « action » dispensées de façon interactive dans un but de développement des softskills et ressources du personnel. Elles sont dédiées aux managers, aux collaborateurs, et aux personnes de confiance (celles qui reçoivent les difficultés des autres : ressources humaines, délégués syndicaux, travailleurs désignés…) et visent à permettre à chacun d’être acteur de sa propre qualité de vie au travail et de celle de ses collègues. L’organisation peut ensuite évoluer en toute autonomie. À chaque étape, des mesures d’impact peuvent être réalisées.

« Nous travaillons sur les trois dimensions de l’être humain -le cognitif, les relations sociales et le corps-, et cherchons à réduire la charge mentale, la charge émotionnelle et la charge physique car, pour s’adapter au VUCA Time, il faut que l’ensemble des dimensions de l’Homme réagissent ensemble. Notre action est axée sur la transmission d’outils concrets, directement transposables dans le quotidien professionnel », précise Touria Yousfi, fondatrice et directrice de CESAP, chef de projet en activités physiques et santé.

En conclusion, il faut savoir qu’au Luxembourg, l’absentéisme et le présentéisme (le fait d’être présent sans être en capacité de faire pleinement son travail) coûtent environ 2 300 euros par salarié et par an et qu’un euro investi dans la prévention rapporte 13 euros à l’entreprise par exemple en termes de créativité, de pleine présence et d’agilité du personnel. Investir dans l’agilité et l’adaptabilité des femmes et des hommes peut devenir un gain tant pour l’entreprise que pour la santé du personnel.

Mélanie Trélat
Photo Fanny Krackenberger

Source : CSL – newsletter 4-2018 - Risque d’épuisement professionnel en augmentation et autonomie au travail en recul ; Inspection générale de la Sécurité sociale. Aperçu N° 2 - L’absentéisme pour cause de maladie en 2012
Site stress revolution : www.stressrevolution.lu
Contact : Touria YOUSFI - 661.812.098 – info@cesap.lu

Vers de nouvelles formes de partenariat
Vers de nouvelles formes de partenariat

Pour répondre aux enjeux environnementaux et sociaux de notre société, entreprises privées, entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS) et associations ont pris conscience qu’elles pouvaient et devaient tisser des liens. Afin de stimuler la création de ces partenariats, IMS Luxembourg a initié dès 2013 le projet Part&Act en collaboration avec six associations et huit entreprises au Luxembourg. Cette initiative propose un support aux entreprises membres d’IMS Luxembourg et à toute organisation agissant dans le domaine du développement durable. Il offre notamment une mise en relation et un accompagnement sur la durée dans la construction de partenariats.

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Depuis l’entrée en vigueur de la loi du 12 décembre 2016 portant sur la création des sociétés d’impact sociétal (SIS), l’ESS est reconnue officiellement au Grand-Duché en tant que secteur de l’économie regroupant les organisations privées (entreprises coopératives, associations, mutuelles ou fondations) qui cherchent à concilier activité économique et équité sociale.

Ce nouveau type d’entreprise retient toute l’attention des membres d’IMS puisque les résultats de l’enquête menée par IMS sur la contribution des entreprises aux objectifs de développement durable révélaient que 76 % d’entre elles sont disposées à co-créer des solutions innovantes avec des organisations de cette nouvelle économie. Les trois thématiques qui intéressent le plus sont l’éducation et la jeunesse (51 %), l’emploi et l’insertion (37 %) et l’économie circulaire (34 %) devant, entre autres, l’énergie durable, la santé et la nutrition ou encore la silver economy.

C’est dans cette dynamique de rapprochement entre secteur privé traditionnel et secteur de l’intérêt général que se positionne le projet Partners with Impact. Organisé conjointement par IMS Luxembourg, le ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Économie sociale et solidaire, l’ULESS et 6zéro1, le projet se place dans la lignée de Part&Act et vise à stimuler le développement de nouveaux modèles de partenariats au Grand-Duché en apportant des outils et une méthodologie adaptée, et en favorisant la rencontre, l’échange et la co-construction.

Face à la complexité actuelle des défis sociaux et environnementaux, il devient en effet urgent de stimuler ces nouvelles formes de collaboration comme moyens d’action. Au-delà du mécénat classique, d’autres formes de coopération émergent : pratiques responsables et transfert d’expertise, co-construction ou encore innovation sociétale. L’objectif poursuivi reste toujours le même : rassembler les ressources, compétences et expertises de chacun afin de démultiplier son impact social ou environnemental.

L’approche d’IMS est donc de réunir ses entreprises membres et le secteur de l’économie sociale et solidaire autour d’axes de coopération ciblés et en réponse à des défis environnementaux et sociaux.

Le projet a deux objectifs distincts :

  • Intensifier l’échange de compétences entre les entreprises membres d’IMS Luxembourg et les entreprises de l’économie sociale et solidaire dans une logique gagnant-gagnant à travers la mise en place d’ateliers tournés vers l’action.
    Ce sont, par exemple, 5 volontaires d’entreprises qui viennent aider pendant 3 heures une association à élaborer une nouvelle charte graphique ou un business plan pour le développement d’une nouvelle activité.
  • Identifier les enjeux sociétaux prioritaires du territoire et y répondre collectivement par des initiatives concrètes impliquant des acteurs de plusieurs horizons.
    En 2017, c’est sur le défi du surendettement que se sont penchés plus de 60 participants lors d’un cycle de co-création de 4 ateliers qui a permis de faire émerger 3 projets concrets.

Rédaction / photo : IMS Luxembourg

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Développer pour la bonne cause
Développer pour la bonne cause

Un hackathon informatique rassemble des développeurs qui, de manière totalement bénévole et en quelques heures à peine, doivent élaborer un prototype d’application permettant de répondre à une problématique donnée. La particularité du hackathon Lux4Good ? Les projets sur lesquels les participants ont bûché servaient tous une cause d’intérêt général. Une grande première au Luxembourg !

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Ils étaient une trentaine à avoir répondu « présent » à l’initiative d’Intech, les 12 et 13 octobre derniers au Technoport à Belval. Les six équipes de 4 à 6 personnes ont travaillé chacune sur un projet différent, choisi parmi les 14 qui leur avaient été proposés par des institutions, associations et start-up luxembourgeoises actives dans des domaines aussi éclectiques que la finance responsable, l’économie collaborative, le bien-être ou la diversité.

Le jury, composé de S.A.R. la Grande-Duchesse, Nadine Muller, responsable du volet économie sociale et solidaire au ministère du même nom, Bernard Simon, CIO de la Bourse de Luxembourg et Yves Francis, managing partner chez Deloitte Luxembourg, en a retenu trois. Un critère a été déterminant pour la sélection : l’impact positif du projet soit en termes d’économies permises, soit en termes de public touché.

C’est le projet porté par l’association des parents d’enfants handicapés moteurs (APEHM) qui a reçu le 1er prix. Une des missions de cet organisme est d’accompagner les parents et futurs parents qui sont eux-mêmes handicapés moteurs ou mentaux. Sa volonté était de proposer à ces personnes une application mobile très didactique leur permettant de suivre leur grossesse à travers divers conseils. Le principal enjeu auquel a su parfaitement répondre l’équipe gagnante se trouvait dans l’accessibilité de cette application.

Le 2e prix a été remis à un dashboard permettant de faciliter la mesure et le suivi de la diversité au sein des organisations, un projet initié par IMS – Inspiring More Sustainability dans le cadre de la mise en place de la Charte de la diversité au Luxembourg.

La 3e place est revenue à une application mobile d’éducation financière amenée par la CSSF. L’ambition de cet outil est de sensibiliser les ados de 12 à 18 ans à la gestion d’un budget. L’utilisation vertueuse de cette application permet de collecter des badges qui, après avoir été stockés dans une blockchain pour en assurer la non-violation, pourront être transformés en avantages concrets dès la majorité de ces adolescents : quelques points de taux d’intérêt en moins sur leur premier prêt pour l’achat d’une voiture, par exemple.

Les projets primés sont à l’étude pour une transformation en solution opérationnelle.

Les 3 autres projets méritent également d’être mentionnés. Il s’agit de : Open Village, un réseau social privé qui vise l’échange de biens et services entre voisins, My Pledge, un outil proposé par l’association Équilibre qui permet d’auditer en continu l’évolution de la parité homme-femme dans les conférences et forums, et enfin, une application utilisant la blockchain pour assurer la traçabilité des produits proposés par la start-up Food4All.

Le ministre Nicolas Schmit, présent lors de la remise des prix, a indiqué que les six projets sont les bienvenus dans le nouveau programme de l’incubateur 6zéro1.

Mélanie Trélat
Source photo : InTech

Des instruments financiers pour les sociétés d'impact sociétal
Des instruments financiers pour les sociétés d’impact sociétal

La Société Nationale de Crédit et d’Investissement (SNCI) est un établissement public spécialisé dans le financement des entreprises implantées au Luxembourg, œuvrant ainsi en faveur du développement et de la diversification économiques.

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Il y a un an, la SNCI a signé un Memorandum of Understanding (MOU) avec 6zéro1, formalisant ainsi sa volonté d’élargir sa mission d’intérêt général aux entreprises actives dans le domaine de l’économie sociale et solidaire. « C’est une branche qui a sa place dans l’économie luxembourgeoise, et où nous voulons être présents. C’est pourquoi nous avons décidé de soutenir l’initiative du gouvernement et proposé d’accompagner les sociétés d’impact sociétal (SIS), qui par ailleurs remplissent nos conditions d’éligibilité, en cofinançant leurs projets », explique le directeur de la banque publique, Emmanuel Baumann. Parmi les instruments à la disposition des SIS : le prêt de création et reprise, le crédit équipement et le prêt indirect développement.

Le prêt de création et reprise

Peuvent en bénéficier les PME nouvellement créées ou reprises en mesure de présenter un plan d’affaires et un plan de financement, ce dernier devant prévoir une mise de fonds propres de 15 %. Le prêt permet de cofinancer les dépenses nécessaires à la réalisation du plan d’affaires comme les terrains, immeubles ou locaux à usage professionnel, l’outillage, les licences de fabrication, de production et de vente, les logiciels, les frais d’établissement, la clientèle, les fonds de roulement ou encore les stocks. Il s’élève entre 5 000 euros et 250 000 euros, sans dépasser 40 % de la base éligible, et s’étale généralement sur 7 ans, avec possibilité d’extension si le projet comprend plus de 50 % d’immobilisations. Le taux d’intérêt applicable est de 4 %.

Le crédit équipement

Il s’adresse aux PME et sert à financer les actifs corporels et incorporels amortissables ainsi que les terrains utilisés exclusivement à des fins professionnelles. Il couvre 25 à 75 % de l’investissement, qui doit être au minimum de 12 500 euros (sauf en cas de premier établissement) et au maximum de 2 500 000 euros. Il est remboursable en 5 à 14 ans, avec un taux d’intérêt fixe de 1,5 %.

Le prêt indirect développement

Ce prêt est accordé par l’intermédiaire des banques luxembourgeoises agréées. Il est dédié à la réalisation de projets d’expansion, remplacement, innovation, création ou reprise, ayant une influence motrice sur le développement économique du pays. Sont éligibles les investissements amortissables et les cash-flows opérationnels négatifs réalisés dans le cadre du projet. 20 % au moins doivent être couverts par des moyens propres. Le montant du prêt est de 12 500 à 10 000 000 d’euros avec un taux de 2 à 2,5 % en fonction de la durée de remboursement (5 à 10 ans, prolongeables de 3 ans).

Mélanie Trélat
Photo : Fanny Krackenberger

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Un logement pour sortir de l'impasse
Un logement pour sortir de l’impasse

10 à 20 000 logements seraient inoccupés au Luxembourg et 1 000 hectares de terrains sont vacants. Une ressource inexploitée qui peut être mise à disposition de personnes en situation difficile le temps de se remettre en selle.

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L’Agence immobilière sociale (AIS) est un département de la Fondation pour l’accès au logement, financé par les ministères du Logement et de la Famille, les communes et les offices sociaux. Sa mission première : transformer des maisons ou appartements inoccupés en logements sociaux et proposer ainsi un toit en urgence à des familles défavorisées. Elle aide ses bénéficiaires à trouver un logement agréable, efficace sur le plan énergétique et proche de toutes commodités, mais elle les accompagne également dans leur réinsertion sociale jusqu’à ce qu’ils soient autonomes : suivi psychologique, obtention du permis de conduire, formation, recherche d’emploi, etc.

Un véritable tremplin pour rebondir ! « Dans ce système, le logement n’est pas une finalité, mais un moyen », précise Gilles Hempel, directeur de la fondation. La gestion locative sociale profite aussi aux propriétaires à qui elle apporte une double garantie : celle que le loyer sera payé et celle de pouvoir récupérer leur bien en bon état, à tout moment, à la seule condition d’accepter de le louer à un prix inférieur à celui du marché (sachant que le manque à gagner peut être en partie comblé par une exonération d’impôts de 50 % sur les recettes locatives). C’est en fait une assurance « casco » que l’AIS offre à ces propriétaires, souvent des personnes âgées parties vivre en maison de retraite ou des personnes refroidies par une mauvaise expérience sur le marché traditionnel.

Avec 520 logements en gestion, le système a fait ses preuves. La fondation a donc décidé de l’étendre aux Baulücken, les terrains non bâtis situés entre deux maisons existantes. L’idée est de les louer pour y poser des modules d’habitation amovibles. Comme leur installation ne nécessite aucune intervention sur le terrain, ils peuvent être facilement déplacés dès que le propriétaire le demande. Réalisés avec le concours de la société Polygone et du bureau Banice Architectes, ils offrent un design, un niveau de confort et des valeurs énergétiques équivalant à ceux d’une maison classique.

Autre projet dans les cartons de la Fondation pour l’Accès au Logement : la promotion immobilière sociale. « Le Luxembourg souffre d’un déficit en logements sociaux par rapport aux pays voisins : ils constituent seulement 2 % du parc immobilier », explique Gilles Hempel. Il fallait donc trouver une solution pour soutenir les ménages vulnérables pour une durée indéterminée au-delà de la période transitoire de trois ans reconductibles prévue par l’AIS. C’est désormais chose faite puisque la fondation est en train de réhabiliter une ancienne demeure à Niederkorn. Sept logements y seront disponibles dès la rentrée 2019 puis, dans un second temps, une douzaine d’autres seront construits sur la même parcelle. Les procédures sont également en cours pour l’acquisition d’un terrain à Hosingen en vue d’y créer six appartements. « Pour mener à bien cette nouvelle activité, nous avons recruté une architecte chef de projet qui nous représente en tant que maître d’ouvrage », conclut-il.

Mélanie Trélat
Photo : Fanny Krackenberger

Joindre Fairtrade et ESS pour une démarche globale et cohérente
Joindre Fairtrade et ESS pour une démarche globale et cohérente

Entretien avec Geneviève Krol de Fairtrade Lëtzebuerg, qui agit depuis 1992 pour la promotion du commerce équitable et son intégration dans l’économie sociale et solidaire au Luxembourg.

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Fairtrade Lëtzebuerg, en tant qu’ONG non gouvernementale de développement, est reconnue par l’État et cofinancée par le ministère de la Coopération luxembourgeoise. Employant 4,5 personnes en équivalent temps plein, elle a pour missions principales d’attirer l’attention du grand public sur les inégalités dans le commerce mondial et de promouvoir un système économique fondé sur des échanges durables et équitables. Au Luxembourg, elle réalise un travail continu de sensibilisation et d’éducation à la citoyenneté, et travaille également de manière la plus étroite possible avec le milieu politique afin que les bonnes décisions soient prises tant au niveau national qu’européen.

Infogreen a posé trois questions à sa directrice, Geneviève Krol.

De quelle manière le commerce équitable s’intègre-t-il dans l’économie sociale et solidaire ?

L’économie sociale et solidaire (ESS) intervient pour répondre à des besoins délaissés par les entreprises et par l’État et elle cherche de nouveaux modes de fonctionnement de l’économie. Le commerce équitable est un nouveau modèle, une alternative au commerce conventionnel. On y reprend les bases de l’ESS puisqu’on travaille avec des coopératives, des associations Fairtrade, où l’on trouve une gestion démocratique. On peut créer un véritable parallèle entre le fonctionnement de l’ESS, ici au Luxembourg, et le fonctionnement des coopératives de producteurs dans les pays du sud. Le modèle du commerce équitable se fonde vraiment sur l’ESS.

Comment travaillez-vous avec les acteurs de l’économie sociale et solidaire ?

Actuellement, au Luxembourg, il y a différents acteurs qui se développent et se mobilisent pour le commerce équitable. Je pense notamment à la chocolaterie du Tricentenaire et au groupe Elisabeth. Il y a bien sûr également des acteurs conventionnels qui ont des produits Fairtrade dans leur gamme simplement parce qu’il y a une demande de plus en plus grande au Luxembourg. Mais d’autres acteurs, parfois plus petits et locaux, s’intègrent véritablement dans le système de l’ESS. On essaye de cibler ces initiatives pour qu’il y ait une approche cohérente, globale dans leur démarche.

Dès qu’une nouvelle initiative se développe au Luxembourg, on va la sensibiliser, essayer de nouer un partenariat pour l’aider, l’accompagner dans la recherche des bons fournisseurs. Le groupe Elisabeth, par exemple, a choisi un fournisseur de thé qui, en France, est déjà sur un modèle de l’ESS. Ça ne s’arrête donc pas à ce qui est fait au Luxembourg. Toute la production Fairtrade dans les pays du Sud répond déjà à de nombreux critères économiques, sociaux, écologiques. Dans le Nord, chez nous, où ces produits sont transformés, certains acteurs sont encore très conventionnels. C’est donc aussi à nous de les mettre en relation avec les bonnes personnes.

Pouvez-vous développer un exemple de ce type de collaboration ?

La coopérative luxembourgeoise D’fair Mëllech a pour objectif d’assurer une rémunération correcte des producteurs de lait du pays. Mais leur démarche va plus loin. Nous travaillons en partenariat avec cette coopérative, car pour les produits chocolatés, ils utilisent du sucre et du cacao issus du commerce équitable. C’est un projet que j’apprécie beaucoup car il est cohérent sur toute la chaîne. C’est un beau projet qui montre que l’économie sociale et solidaire peut fonctionner non seulement dans un pays, mais aussi en prenant en compte des matières premières qui viennent d’autres régions du monde. Le Tricentenaire et le groupe Elisabeth en sont d’autres très bons exemples.

Marie-Astrid Heyde
Photos : Fairtrade Lëtzebuerg / Ola Höiden
Légende photo : Production de thé Fairtrade au Kenya.

Des initiatives qui créent de la valeur ajoutée pour la société
Des initiatives qui créent de la valeur ajoutée pour la société

Depuis près de 10 ans, le Groupe Tricentenaire emploie des personnes en situation de handicap au sein de ses ateliers protégés (Ateliers du Tricentenaire s.c.). Rencontre avec le directeur général du groupe, Christophe Lesuisse.

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M. Lesuisse, le Tricentenaire fête cette année ses 40 ans d’existence et d’évolution continue. Comment expliquez-vous cette belle réussite ?

Je suis depuis 23 ans au Tricentenaire, et ce qui m’a toujours plu et qui explique certainement sa réussite, c’est qu’on a toujours su innover. Lorsque je suis arrivé en 1995, nous étions environ quinze salariés. Aujourd’hui nous en comptons près de 350. Nous avons développé de nombreux services et projets, et on continue à toujours aller plus loin dans les réponses que nous apportons aux demandes des personnes en situation de handicap et de leurs entourages. On prend la balle au bond à chaque occasion qui se présente.

Une chose qui a toujours primé pour moi, c’est que nous sommes très attentifs à être dans du win-win dans les partenariats, ce qui peut ne pas être le cas dans le privé lucratif.

Historiquement, le Tricentenaire a une vocation sociale, dans sa fonction principale d’accueil des enfants et des personnes en situation de handicap. Comment a-t-il évolué pour devenir un véritable acteur de l’économie sociale et solidaire ?

L’ESS concerne particulièrement les Ateliers du Tricentenaire que nous avons ouverts il y a une dizaine d’années, sous la forme d’une société coopérative, membre d’ailleurs de l’ULESS.

Aujourd’hui, quatre services emploient au total près de 50 travailleurs en situation de handicap :

  • L’Atelier Chocolaterie (Chocolats du cœur), où 17 personnes produisent, sous l’œil attentif de 3 maîtres chocolatiers. Nous sommes très fiers de voir certains employés s’approprier leur métier au point de former de nouveaux collaborateurs en situation de handicap ;
  • L’Atelier Imprimerie, qui emploie 12 personnes, dont deux pour l’accompagnement des graphistes dans des travaux artistiques et un imprimeur ;
  • L’Atelier PrestaTri, qui regroupe toutes sortes de prestations d’entreprises (étiquetage, insertion de CD dans des manuels, préparation de sachets Fairtrade pour la Saint-Nicolas, etc.) ;
  • L’Atelier Thés (Au cœur du thé), qui consiste en du conditionnement en sachets individuels et en sachets de 80g d’une quinzaine de thés fairtrade et bio.

Ces personnes sont formées en amont au sein de notre centre de formation à Bissen. On y accueille autant des jeunes sortant d’une éducation différenciée que des personnes qui se retrouvent du jour au lendemain en situation de handicap et doivent dès lors adapter leur mode de vie et leur emploi.
Toutes ces initiatives, et d’autres au Luxembourg, créent de la valeur ajoutée dans la société. Ce n’est plus simplement de l’occupationnel, il y a des entrepreneurs sociaux qui créent de très belles choses. Il y a 20 ans, la plupart des emplois en ateliers protégés concernaient de la sous-traitance, mais avec des idées, de l’enthousiasme et de la volonté, on peut faire bien plus.

Nous avons aussi au fil du temps pu proposer des emplois sur le marché ordinaire au sein du Groupe. Ainsi, une personne travaille à la Tridoc SA (cuisine centrale du Parc) et deux serveuses en situation de handicap exercent leur métier au Bar à Chocolat à Walferdange.

Quels sont les prochains projets du Tricentenaire ?

Nous avons un projet de micro-brasserie à Prettingen avec la commune de Lintgen qui devrait ouvrir ses portes d’ici deux ans. Quinze à 20 emplois pour personnes en situation de handicap seront créés. Il y aura une partie production de bière, un restaurant et un atelier de rénovation de cycles, car des centaines de personnes passent chaque week-end sur la piste cyclable Mersch-Steinsel toute proche. Tout cela en voulant intégrer tout ce qu’on fait de mieux en matière d’économie circulaire et bien sûr cela s’inscrit dans l’économie sociale et solidaire.

Nous sommes également en discussion avec un mécène dans les Ardennes. Il souhaite mettre à notre disposition une ferme et des champs et où nous envisageons d’ouvrir une ferme biologique et pédagogique, toujours avec des travailleurs en situation de handicap. S’il se concrétise, ce projet créera 15 à 20 emplois et une nouvelle structure de logement. C’est formidable !

Marie-Astrid Heyde
Photo Christophe Lesuisse : Fanny Krackenberger
Photos Tricentenaire : © Editpress/Fabrizio Pizzolante

L'humanitaire et l'ESS ensemble vers un même objectif
L’humanitaire et l’ESS ensemble vers un même objectif

Thomas Kauffmann, directeur exécutif d’ECPAT Luxembourg (End child prostitution, child pornography and trafficking of children for sexual purpose) décrit comment l’ONG de lutte contre l’exploitation sexuelle des enfants s’intègre parfaitement dans la logique de l’ESS.

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L’ESS, c’est la conciliation de l’économie et de l’équité sociale. Elle se matérialise à travers le commerce équitable, l’épargne solidaire, les activités de défense de l’environnement et toute l’économie de la protection sociale . De son côté, une ONG travaille dans un domaine non-économique : la protection des populations les plus vulnérables, l’éducation, la santé et d’autres activités de ce type. Ces activités sont délivrées gratuitement et réalisées sans but lucratif. On peut alors légitimement se demander quel est le rôle des ONG dans l’ESS.

En fait, ces deux mondes, celui de l’aide humanitaire et de la coopération et celui de l’ESS, partagent le même objectif d’améliorer la condition humaine et d’aboutir à des sociétés justes et égalitaires. Travaillant ainsi vers le même but, les actions de l’un profitent à l’autre : une communauté où les jeunes ont eu un parcours éducatif de qualité verra ses opportunités économiques augmenter qualitativement. De même, une communauté où les adultes profitent des retombées positives d’une économie sociale pourra proposer à ses enfants une éducation de qualité.

Un autre point commun de l’ESS et du domaine des ONG est la dimension globale : une économie ne peut plus se penser uniquement en terme local, elle est de nos jours interconnectée à d’autres régions ou pays du monde. Et une économie qui vise à l’équité sociale doit forcément prendre en compte le bien-être et la justice des acteurs étrangers qui ont un impact direct ou indirect sur elle. Cette considération à l’échelle de la planète est reprise dans les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies. Ceux-ci impliquent tous les pays du monde, développés ou en voie de l’être, pour leur réalisation ultime. Les ODD prônent également une connexion des activités de différents acteurs, notamment des ONG et des acteurs de l’ESS.

Agir à travers les partenariats

ECPAT Luxembourg est une association sans but lucratif qui est active à Luxembourg, en Europe et dans différents pays du Sud pour la prévention contre l’exploitation sexuelle des enfants, la protection et la réhabilitation des enfants contre ce fléau. En cela, notre association travaille pour un monde plus heureux où il n’y aurait plus d’exploitation sexuelle des enfants, augmentant ainsi le bien-être global. Pour arriver à ce résultat, l’association noue différents partenariats, à Luxembourg et ailleurs, avec des acteurs du monde associatif mais également de l’économie formelle et informelle.

Ainsi, pour donner quelques exemples concrets* , nous avons tout récemment signé un partenariat avec la Fédération Luxembourgeoise de Football pour une protection des enfants qu’elle accueille contre toute forme de violence sexuelle. Nous travaillons également depuis de nombreuses années avec le secteur du tourisme, comme LuxairGroup ou le groupe Accor à Luxembourg, pour une information des voyageurs sur leurs possibilités de protéger les enfants. Et nous travaillons avec diverses autres entreprises qui ont compris la responsabilité sociale qui leur incombe et qui veulent s’y atteler.

En conclusion, c’est en travaillant tous ensemble vers le même objectif que nous arriverons à un monde meilleur.


*Et pour plus de détails voir notre site internet, www.ecpat.lu, et notre dernier rapport d’activités.

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