Le dossier du mois

Une thématique dans chaque #DossierDuMois, avec la rédaction d’Infogreen et l’expertise de nos partenaires

Publié le 27 février 2024
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février 2024

Embarquement immédiat

« Je pense qu’il va y avoir une fin... d’un monde. Maintenant, c’est à nous de choisir laquelle, si on veut que ce soit brutal ou en douceur » Sergio Carvalho, architecte et partenaire au bureau d’architecture 2001

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Atteindre sans attendre
Atteindre sans attendre

Qu’elle soit écologique, économique ou encore climatique, se lancer dans une transition est devenu l’un des défis les plus importants, voire urgents, de notre époque.

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Face à la montée des températures, à la perte de la biodiversité et aux conséquences du changement climatique, il est impératif d’agir pour garantir un avenir durable à la planète.

La transition écologique est principalement une prise de conscience collective de la nécessité de préserver notre environnement naturel. L’Overshoot Day, enregistré (déjà) le 20 février au Luxembourg, devrait servir de détonateur de consciences. « Devrait » car, malgré cette alarme annuelle, les activités humaines ont toujours tendance à ignorer les limites de la capacité de la Terre à régénérer ses ressources et à absorber les déchets. Pourtant, en adoptant des pratiques durables telles que la protection des habitats naturels, la conservation des ressources et la promotion de modes de vie respectueux de l’environnement, nous pouvons inverser cette tendance et restaurer l’équilibre fragile de notre planète.

Cette transition est également économique. Durabilité et circularité sont dans toutes les conversations. Et ce n’est plus vraiment un effet de mode, mais une nécessité, voire un impératif. Les industries traditionnelles reposant sur l’exploitation non durable des ressources naturelles et la production de déchets doivent être remplacées par des modèles économiques innovants et respectueux de l’environnement. L’investissement dans les énergies renouvelables, les technologies propres et les pratiques commerciales durables peut stimuler la croissance économique tout en préservant les ressources naturelles pour les générations futures. La transition vers une économie circulaire est évidemment un bon plan pour la planète mais également pour ses occupants qui peuvent profiter de nouveaux emplois tout en apportant leurs regards neufs pour métamorphoser le secteur de l’économie.

Condition sine qua non pour que cette transition économique soit percutante, chacun doit également agir en parallèle pour le climat. Un des challenges les plus complexes auxquels l’humanité est confrontée aujourd’hui. Cette prise de conscience doit être collective et nécessite une mobilisation citoyenne. Chacun de nous, en tant que consommateur, citoyen et décideur, a un rôle à jouer dans cette transformation. Il est temps de repenser nos habitudes de vie, de privilégier la qualité sur la quantité, et de faire des choix éclairés en faveur de l’environnement. Les gouvernements doivent également prendre leurs responsabilités en adoptant des politiques ambitieuses et en facilitant la transition vers une société plus durable. Comme le souligne dans ce dossier, François Neu, General Manager d’Enerdeal Luxembourg, « Seul, vous n’allez pas sauver le monde. Mais si un million de personnes le font, c’est déjà substantiel ».

Atteindre un objectif, aussi infime qu’il soit, est plus important que d’attendre que les autres le fassent à votre place. Cette transition, qu’elle soit écologique, économique, énergétique ou encore climatologique, est un défi monumental, mais aussi une opportunité sans précédent de bâtir un avenir meilleur pour tous. En travaillant ensemble et en adoptant des solutions novatrices, nous pouvons créer un monde où la prospérité humaine est en harmonie avec la santé de la planète. Il est temps d’agir avec détermination et urgence pour faire de cette vision une réalité.

Sébastien Yernaux

CELL Luxembourg - Citizens for Ecological Learning & Living
La transition n’est pas une idéologie, c’est une nécessité

Si la CELL a désormais une nouvelle dénomination : Citizens for Ecological Learning & Living, elle reste depuis 2010 l’acte fondateur et le pivot du mouvement de la transition au Luxembourg. Si vous voulez des réponses contre l’immobilisme, il faut lire celles de Delphine Dethier et de Norry Schneider, coordinateurs des actions citoyennes de CELL.

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Le grand public peine encore à être pleinement concerné par la transition, comme le démontre le rapport d’évaluation du Klima Biergerrot. Comment expliquez-vous cette difficulté à conscientiser ?

Delphine Dethier
Delphine Dethier

Delphine Dethier (DD) : C’est multifactoriel. Le premier facteur, c’est le discours politique toujours rassurant sur l’état du monde alors qu’il n’y a pas de discours alarmiste comme cela a pu être le cas pour le COVID. Pour la pandémie, cela a porté ses fruits, le changement d’attitude a été très rapide et la population s’est mise au pas des mesures.

Le second facteur, c’est l’incohérence dans la communication générale n’est pas à la hauteur des rapports scientifiques attestés.

Le troisième facteur, c’est cette impression que les changements à faire maintenant sont trop importants, alors qu’ils seront plus pénibles si nous n’y sommes pas préparés. Le jour où il n’y aura plus d’eau, il faudra une adaptation critique alors qu’actuellement nous avons encore le choix.

La projection à long terme est complexe, d’ailleurs beaucoup de gens se méfient encore ou ne pensent pas que le choc ou la crise surviendront.

Le quatrième facteur, c’est la pensée que la catastrophe n’est pas pour moi, mais pour les autres générations et pour les autres géographies. Elle ne me concerne pas.

Le dernier facteur, c’est un discours récent. Il estime qu’étant donné qu’on ne peut rien changer au cours des choses, il vaut mieux en profiter. Foutu pour foutu, cela ne change rien si je prends l’avion demain.

Norry Schneider
Norry Schneider

Norry Schneider (NS) : Quand il y a un ennemi, c’est aisé de décréter un état d’urgence. Les grandes problématiques comme les épidémies ou le terrorisme désignent un ennemi à combattre et nous mettons alors tout en œuvre pour l’affronter.

Or, cette fois, le problème c’est nous, collectivement. Nous n’avons pas l’habitude de cela, on préfère une opposition. L’environnement est impalpable, il est autour et ce sera pour plus tard.

Tout autrement, notre équipe a analysé beaucoup de textes et d’études sur l’effondrement. Il y a une très mauvaise compréhension générale du terme. Les gens l’assimilent de suite à une apocalypse, au sens du dernier tribunal biblique. C’est un jour dans le calendrier où tout à coup arrive un mur en deux dimensions.

Mais en fait, l’effondrement, on est en plein dedans. Cela ne signifie pas la fin de l’humanité mais que le système dans lequel nous avons grandi, il n’est déjà plus là. Avec beaucoup d’artifices, on arrive à faire croire que ce passé fantasmé est toujours d’actualité, mais il n’est plus là.

L’ensemble des rapports scientifiques démontrent que de nombreux points de bascule sont atteints.


Par la suite, un cheminement personnel est à faire : être lucide sur les faits scientifiques quand actuellement, ils finissent sous un gros tapis. Après la prise de conscience, vient le travail de deuil. Certaines choses, nos enfants ne les vivront plus.

Dans notre société, il n’y a pas la place pour le deuil. Pourtant, quand on fait ce dur travail, au bout du tunnel, nous avons la liberté d’aller de l’avant.

« Faites le petit geste de votre côté, le marché est là pour vous aider », c’est la sempiternelle réponse du système néolibéral et conservateur, ce mix étrange que je ne parviens toujours pas à comprendre. Pourtant, on ne peut pas tout miser sur l’individuel, de nombreuses réponses passent par les collectifs, le voisinage, la commune, etc. À tous les niveaux, nous avons besoin d’échanger. Échanger, c’est déjà changer.

C’est pourquoi l’important pour nous est de créer des espaces entre politique et citoyens qui sont pour le moment inexistants. La prise de conscience collective passe par la prise de conscience individuelle. On ne peut les désolidariser et c’est pourtant ce que font les responsables politiques. Nous avons été éduqués de la sorte. Tout est privatisé, y compris les consciences et les solutions.

Delphine Dethier : Un individu ne peut agir sur une entreprise multinationale. Le consommateur qui peut changer les choses, ce n’est pas la réalité. La main invisible du marché n’existe pas.

Consommer autrement, c’est la pointe de l’iceberg. Derrière ça, il y a le piège du marché. Je peux lutter à mon échelle individuelle, mais tous les jours, les publicités continueront à tourner. Mes enfants seront influencés à l’école. C’est pour cette raison qu’il faut des alternatives collectives. Mon potager ne changera pas la donne, en revanche, la démultiplication d’une alimentation locale, sans intrants chimiques et sans pesticides peut avoir un effet.

Est-ce que les discours climatosceptiques comme ceux des populismes ont accentué la défiance populaire face à la transition ?

NS  : On nous définit souvent comme des idéologues avec nos mouvements citoyens, nos plateformes.

Le mot idéologie est revenu ces derniers mois dans le cadre des élections pour stigmatiser les écologistes (Déi Gréng). Pour nous, il est important d’être indépendant et de ne pas avoir de couleur politique, mais on regrette tout de même beaucoup que le climat et la biodiversité deviennent des idéologies dans les définitions des politiciens.

Les populistes de droite ont réussi, via les médias sociaux ou les discussions de comptoirs, une prouesse : faire d’une réalité scientifique une idéologie. Si la science devient une idéologie, nous sommes mal. Ce n’est pas un phénomène propre au Luxembourg, de plus en plus de gens soutiennent que le dérèglement climatique n’a pas lieu. Nous sommes revenus 10 à 20 en arrière alors que nous devrions avoir 20 ans d’avance sur ces questions. C’est quand même une dissonance incroyable.

DD : Je suis d’accord, c’est en grande partie de la faute des populistes et d’un discours qui a de suite nié le fait scientifique. C’est aussi lié au fait qu’on nous a refusé une crédibilité sous prétexte que nos informations ne sont pas neutres.

Par contre, quand le lobby de la voiture au Luxembourg présente des chiffres, on estime que ceux-ci sont impartiaux. Présenter des lobbys comme des experts tout en nous faisant passer pour des doctrinaires, c’est très grave et pourtant, cela ne choque personne.

Quelles sont les actions du CELL pour inverser les causes de l’apathie, changer les mentalités et dévier du modèle séculaire ?

NS : Nous avons encore pu identifier dans le discours d’intronisation de notre premier ministre, cette « écologie qui énerve ». C’est une mentalité qu’il faut changer. Il y a la possibilité d’avoir des alternatives joyeuses et positives. Nous devons prendre plaisir à faire des changements. L’un n’a jamais empêché l’autre.


Les discours politiques renvoient souvent les ONG (Organisations non gouvernementales) à leur discours négatif. Greenpeace serait trop alarmiste. Or, quand le CELL fait un jardin, les commentaires vantent notre côté positif. On ne sait jamais si c’est un compliment ou une gifle. Nous ne sommes pas assez candides pour considérer un potager comme étant de nature à bouleverser l’ordre établi.

Nous avons élaboré un graphique avec l’Université de Luxembourg et le LIST (Luxembourg Institute of Science and Technology) dans le cadre du Luxembourg in transition. Il compare les émissions de CO2 enregistrées en 2021 et les projections nécessaires en 2050 pour un avenir pérenne selon la science du climat. Il faut une réduction de 90% alors que nous n’avons rien changé à notre empreinte carbone depuis 50 ans.

Des solutions ont été trouvées, mais nous ne les déployons pas encore : consommer autrement, panneaux solaires sur la commune, etc. Tout cela c’est très bien, mais ce ne sont que des cas isolés trop peu influents. On parle de 90% de réduction de nos émissions de CO2, tout en conservant une cohésion sociale et un bien-être qu’il faudrait d’ailleurs sans doute redéfinir.

Nous travaillons beaucoup dans les communes dans le cadre du Pacte Climat. Le pouvoir d’action d’une commune en tant qu’administration, c’est le contrôle de seulement 5% du CO2 de son territoire.

Elle va isoler ses bâtiments, les rénover, remplacer ses véhicules, installer des pompes à chaleur (PAC), moderniser la consommation d’énergie de sa piscine, etc. D’accord, ce sont des actions positives et il faut communiquer dessus mais, que fait-on des 95% d’émissions de CO2 restantes ?

Il est dorénavant impératif de mettre tout le monde autour de la table : citoyens et citoyennes, entreprises, associations, ménages privés, etc. Tout le monde est concerné et tout le monde peut faire partie de la solution, pour autant qu’on crée les espaces pour co-créer un avenir plus résilient.

Pourquoi avez-vous collaboré au livre de Tilly Metz, « La transition sera sociale ou ne sera pas » ?

DD  : Nous avons fait le choix comme les autres acteurs de participer à un livre de fond. C’est un sujet pertinent et pourtant peu abordé. L’écologie se cantonne aux questions environnementales alors que ce n’est pas sa fonction. Si nous reprenons la racine du mot, l’écologie se rapporte aux écosystèmes, à la science qui étudie les relations entre les êtres vivants. L’écologique ne peut dès lors s’absoudre de penser les relations de domination et d’injustice au sein de notre même espèce.


Notre positionnement a toujours été clair : l’écologie c’est aussi la justice sociale. Il faut donc des médias pour aborder cette dimension peu débattue dans l’espace public. Notre collaboration s’inscrivait dans notre volonté de participation citoyenne.

Il n’y aura pas de changement de paradigme en réduisant les citoyens à un rôle passif. C’est un peu notre propos dans cet ouvrage.

NS : Le fameux slogan, « fin du monde, fin de mois, même combat » résume l’incohérence présente. Il n’est plus possible d’opposer ces deux notions.

Le Club de Rome nous disait dès 1972 que nous avions un problème structurel (1) et 50 ans plus tard, on en est toujours à se demander quel est le rapport entre le social et l’écologie.

Au Luxembourg, nous avons beaucoup d’exclus. Un cinquième de la population fait face au risque de pauvreté (2) et si l’on considère les familles monoparentales, ce risque de pauvreté monte à 4 familles sur 10 (3). Il y a urgence à régler cette oppression. Ce sont des mots militants qu’on n’aime pas utiliser, mais nous sommes dans une société où subsistent encore des opprimés. Comment peut-on bâtir la société de demain, celle qui devrait déjà être la nôtre, sans cohésion sociale ?

Propos recueillis par Sébastien Michel
Photos : CELL / Fanny Krackenberger


(1) Publication du Club de Rome : « Les limites à la croissance (dans un monde fini) » connu également sous « Rapport Meadows »
(2) 17% de la population est en risque de pauvreté selon le STATEC. 1 résident sur 15 était millionnaire en 20 21 selon le cabinet Capgemini.
(3) Étude Caritas Luxembourg

More of what matters : everyday actions for sustainability
More of what matters : everyday actions for sustainability

In this « carte blanche », Francesco Sarracino, senior researcher at Statec, explores the tension between prioritizing economic growth and promoting well-being as the primary objective for societal progress. He argues for a shift towards Neo-humanism, emphasizing social connections, environmental sustainability, and individual fulfillment as key to sustainability, with recommendations for both individual actions and policy changes to achieve a holistic approach to well-being and societal progress.

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My students once commented : economic growth is desirable for various societal outcomes, including higher salary, improved standards of living, and preventing social unrest. How to disagree ? However, economic growth – as we know it - does not deliver happier and sustainable lives either. Should our primary objective be economic growth, or shall we prioritize the well-being of individuals and communities, allowing economic prosperity to follow as a byproduct ? This shift in perspective represents a departure from conventional Gross Domestic Product (GDP) metrics towards Neo-humanism, a holistic narrative of societal progress. This is key for sustainability, but if you think that I will argue for vegetarian diets, electric cars and no flights, you will be disappointed. These actions won’t help sustainability if consumption is central for people’s well-being 5. It is like going on diet ignoring the reason why we consume too much in the first place.

I replied to my students illustrating what matters for well-being ; that well-being is not growing despite our best efforts to promote economic growth ; and that the emphasis on growth made us neglect many important aspects for fulfilling lives. The problems we so desperately hope economic growth will fix stubbornly persist despite our efforts : environmental degradation, natural disasters, climate change, loss of biodiversity ; decreasing social cohesion, declining trust in others and in institutions ; rising inequalities, mass migration, xenophobia, political polarization, and growing populism ; growing conflicts and geo-political uncertainty 1, 2, 3, 4.


The problems we so desperately hope economic growth will fix stubbornly persist despite our efforts.

Confronted with these facts, the students conceded : perhaps it is time to go beyond GDP and give happiness a chance ! Neo-humanism offers a narrative of societal progress not solely in economic terms, but also in terms of social cohesion, environmental sustainability, and individual fulfillment. Promoting well-being is key to sustainability. Here are some suggestions on how you, me and policy-makers can promote sustainability in everyday life.

Me and you : Cultivate Social Relationships

Francesco Sarracino
Francesco Sarracino - ©Fanny Krackenberger

Social relations are at the heart of sustainability. By dedicating time to friends, family, and neighbors, we can create a support network that fosters collaboration and resilience. Reach out to loved ones you have not connected with in a while ; check how your neighbors are doing ; see if the lady at the other side of the street needs help with her grocery. A simple call, a text message or a quick visit can ignite meaningful connections, create a community, and make us feel part of something bigger than us.

Engaging in pro-social or pro-environmental voluntary activities further reinforces our sense of belonging and purpose. Whether it’s participating in community clean-up events, volunteering at local shelters, a sport club, walking a dog, or joining environmental advocacy groups, these actions benefit the community, and nurture our connection with others and the natural world.

Social connections allow us to cultivate a sense of belonging and trust in others that make people feel empowered and able to cooperate for the common good, such as protecting a park, a shared resource, or recycling waste.

Make sure to carve out time for yourself and your passions. Engaging in meditation can significantly help in maintaining focus on your life priorities. Many of us feel like trapped in a cycle struggling to raise money. However, the reason money is so important isn’t just because people are greedy – as economists say. Money is so darn important because we live expensive lives in which what we can do depends on the size of our wallet ; what we own defines our identity ; money reassures us that we can confidently face the uncertainties of the future. Research shows that the more social relations are scarce, the more these aspects matter for people’s well-being . On the contrary, people define and shape their identity, and build confidence in the future by spending time with others, being involved in meaningful relations, and supporting each other.

Together : Think big, start small

While individual actions are essential, systemic change requires coordinated efforts at the policy level. Neo-humanism offers a comprehensive view to build a sustainable society in which people can live satisfactory lives6. However, there are already some steps that Governments and policymakers can take to get us moving in the right direction. This includes limiting advertising, particularly targeted at vulnerable populations like children and teenagers ; reducing working time ; turning urban environment into relational spaces ; promoting public transport ; steering education towards cooperation, creativity and critical thinking to meet the unpredictable demands of an uncertain future together.


The starting point is to prioritize people’s well-being directly.

By ensuring that essential resources are available to all members of society, including good quality health care and green public spaces, policymakers can promote well-being, reduce disparities, and create a more inclusive and resilient community. If you think this is a politicized agenda, it is not : the alternative is every man for himself, but this is exactly what brought us on the brink of environmental and social collapse. Isolated individuals compete to ensure their survival. Such competition transforms individuals in formidable consumers fighting to accumulate enough resources to protect themselves and their dear ones from the uncertainties of the future. As long as we are all on the same planet, nobody wins in this zero-sum game.

Embracing well-being as a societal goal is another crucial aspect of sustainable policymaking. Governments can shift focus from economic indicators to holistic measures of societal progress and quality of life, by integrating well-being metrics into policy frameworks and decision-making processes. Well-being metrics are much closer and related to individuals’ everyday experience than most economic indicators. By prioritizing well-being and adopting well-being frameworks, Governments get closer to their constituencies, and promote citizen’s engagement. The active involvement of communities in the policy formulation process – soliciting input, feedback, and participation from diverse stakeholders – allows to build strong connections with citizens and create policies that reflect their needs and values. Transparency and accountability of the political process will also favor trust in institutions making political action effective.

In conclusion, socially and environmentally sustainable lives are possible and they do not have to cost human and natural well-being. The starting point is to prioritize people’s well-being directly. The change can start now from you and me : quit reading this article and reach out to your dear ones. Let’s give happiness a chance !

Francesco Sarracino, Senior Researcher - STATEC

  1. Ripple, W. J., Wolf, C., Gregg, J. W., Rockström, J., Newsome, T. M., Law, B. E., ... & King, S. D. A. (2023). The 2023 state of the climate report : Entering uncharted territory. BioScience, 73(12), 841-850. https://academic.oup.com/bioscience/article/73/12/841/7319571
  2. Macchia, L. (2022). Pain trends and pain growth disparities, 2009–2021. Economics & Human Biology, 47, 101200. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1570677X2200096X
  3. Algan, Y., Guriev, S., Papaioannou, E., & Passari, E. (2017). The European trust crisis and the rise of populism. Brookings papers on economic activity, 2017(2), 309-400. https://muse.jhu.edu/article/688908
  4. Blanchflower, D. G., & Oswald, A. J. (2020). Trends in extreme distress in the United States, 1993–2019. American Journal of Public Health, 110(10), 1538-1544. https://ajph.aphapublications.org/doi/abs/10.2105/AJPH.2020.305811
  5. Bartolini et al. (2023). The moderation effect of social capital in the relationship between own income, social comparisons and subjective well-being : Evidence from four international datasets. PlosONE. https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0288455
  6. Sarracino and O’Connor. (2023). Neo-humanism and COVID-19 : Opportunities for a socially and environmentally sustainable world. Applied Research in Quality of Life, Vol. 18, pp. 9-41. https://link.springer.com/article/10.1007/s11482-022-10112-5
La néo-écologie : une voie royale pour une transition en douceur
La néo-écologie : une voie royale pour une transition en douceur

« Pour manger un éléphant, il faut le découper en morceaux. » Exemple par l’absurde qui démontre que pour faire évoluer le monde vers une économie durable et solidaire, il faut y aller pas à pas, en prononçant un discours positif et qui s’adresse à une communauté. Rencontre avec un passionné du développement durable, Romain Poulles.

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Selon une étude de l’OCDE consacrée au comportement des consommateurs en Europe, environ deux tiers des personnes interrogées sont prêtes à adopter des comportements plus durables. « C’est une donnée évidemment importante », souligne Romain Poulles, président du CSDD (Conseil Supérieur pour un Développement Durable). « Pour que cette transition se fasse, il faut tout de même que certaines conditions se mettent en place, comme éviter la perte de son confort personnel et sans surcoût. C’est de là que découle la notion de néo-écologie. »

Cette tendance décrit le processus majeur de changement social vers une économie durable et efficace dans l’utilisation des ressources. Elle représente la combinaison de l’action écologique et économique.

« Il s’agit d’une autre forme de personnes qui se disent écologistes. Elles ne sont pas des puristes et se disent prêtes à évoluer si elles trouvent un certain confort. Comme exemple, je peux citer les flexitariens. Ils sont conscients que manger de la viande est un sujet environnemental. Ils ont donc décidé de manger de manière plus variée, en consommant un steak à l’occasion. Il y a donc un mode de vie positif et sans frustration. Dans cette néo-écologie, le plus important est de mettre en avant le côté positif d’une action et son impact personnel. »

Romain Poulles
Romain Poulles - ©Marie Champlon

La flexibilité est le maître-mot dans cette transition vers une économie durable. Mais également la proximité. « C’est l’une des problématiques. Les gens ne prennent pas toujours conscience de leurs actes, car les répercussions positives se feront dans 20, 30, voire 40 ans. C’est une réaction égoïste, mais surtout humaine. Je prends l’exemple de la montée des eaux. Si quelqu’un n’est pas directement impacté, il ne va pas se rendre compte des conséquences dans son quotidien. Par contre, si un pneumologue montre une tache blanche sur le poumon d’un fumeur, celui-ci va fortement réfléchir à sa consommation de tabac. Il faut donc dépasser le stade de la restriction et communiquer sur les bienfaits. C’est vraiment fondamental. »


« Il faut créer cette idée que nous faisons partie d’un ensemble qui peut changer le monde. »

Et Romain Poulles de revenir sur les chiffres avancés par l’OCDE. « Deux tiers des personnes ont envie de réaliser des efforts. C’est énorme. Mais pour que la machine s’enclenche, il faut un effort collectif. Que chacun se sente intégré dans cette dynamique positive pour l’environnement et l’économie durable. Je ne dis pas que toutes les révolutions se font sans souci. Parfois, il faut être ferme et interdire certaines pratiques. Le passage des restaurants en zones non-fumeurs ne s’est pas fait sans problème. Mais aujourd’hui, grâce aux différents paliers, cette interdiction est acceptée. Il faut axer sur les avantages, et non sur la contrainte. Il faut mettre en place des offres qui sont comparables ou meilleures en termes de confort, être optimiste et non moralisateur. Ce sont des nuances qui ont une grande importance. »

Une transition certes positive pour la planète et ses habitants, mais qui prend son temps. « À mon sens, pour que cela bouge, il faut se concentrer sur ces deux tiers. Il faut viser le groupe. Il faut créer cette idée que nous faisons partie d’un ensemble qui peut changer le monde. Un exemple concret : les hôtels. Nombreux sont ceux qui indiquent qu’utiliser plusieurs fois les mêmes serviettes permet d’épargner de l’eau. Nous sommes encore dans une situation de moralisation. Par contre, si le message affiché dans la salle de bains souligne que la majorité des clients utilise leur serviette plusieurs fois, on observe une conscientisation plus élevée. La nuance est importante. Le sentiment d’appartenance à une communauté est très fort. »

Les entreprises sont également concernées par ces changements. « Pour que leur business évolue, il faut toujours tenir compte du fait que derrière la majorité des clients se cachent des personnes qui sont en train de changer, d’être sensibilisées à la cause environnementale. D’où l’importance d’adapter son business model dans une megatrend, c’est-à-dire penser le produit comme un service. C’est loin d’être évident car il faut avoir une pensée à long terme. Je prends l’exemple de Netflix. Avant son arrivée, on ne jurait que par les DVD. Dès que le concept s’est normalisé dans la société, plus personne ne songeait à acheter ces DVD. Même chose pour les plateformes de musique. Nous sommes passés d’un achat de produits à un achat de services. Et ce modèle est duplicable à l’infini. Au lieu d’acheter un ascenseur, le fabricant peut facturer les kilomètres parcourus par la cage. L’avantage de ce genre de modèle, c’est que l’entreprise reste propriétaire de ses ressources, de ses produits et peut les concevoir pour une utilisation beaucoup plus longue. Elle peut les récupérer, les recycler, etc. »

La néo-écologie est à la fois simple et complexe. Le tout est une question de communication, de perspective et d’ouverture d’esprit.

Sébastien Yernaux
Photo : Marie Champlon

« La dimension sociale de la transition écologique, trop longtemps négligée »
« La dimension sociale de la transition écologique, trop longtemps négligée »

La députée européenne (Déi Gréng) Tilly Metz a récemment publié le livre « La transition sera sociale, ou ne sera pas », qu’elle a dirigé. Nous lui avons proposé de participer à ce dossier avec une carte blanche.

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Parallèlement aux crises du climat et de la biodiversité, nous sommes de plus en plus confrontés à d’autres crises qui ont des conséquences très concrètes et immédiatement perceptibles : pandémie, guerres, crises énergétiques, inflation... Ces éléments affectent le sentiment de sécurité et le pouvoir d’achat des ménages.

Dans ce contexte, la protection du climat et de l’environnement apparaissent rapidement comme des problèmes de luxe, des projets à long terme pour lesquels il convient d’appuyer sur le frein au nom de l’économie. Face à l’urgence de la situation concernant le réchauffement climatique et la disparition rapide des espèces, cette attitude pourrait pourtant nous être fatale. Une protection du climat et de l’environnement bien menée crée des situations gagnant-gagnant pour l’humain, l’économie et la planète, tout en rendant l’Europe plus autonome. L’énergie renouvelable en est un bon exemple. Si nous voulons réussir la transition écologique, nous devons intégrer systématiquement la composante économique et, surtout, tenir davantage compte de la réalité et des craintes des ménages moins aisés.


La protection du climat et de l’environnement apparaissent comme des problèmes de luxe, des projets à long terme pour lesquels il convient d’appuyer sur le frein au nom de l’économie.

Tilly Metz, députée européenne

Entre 1990 et 2019, les 1% les plus fortunés de la planète ont émis deux fois plus de gaz à effet de serre que les 50% les plus pauvres. Les moins aisés portent donc peu de responsabilité pour le changement climatique, bien qu’ils en subissent les premières conséquences, notamment sur le plan économique. S’y ajoute une inégalité de répartition croissante, qui creuse l’écart entre les riches et les pauvres.

Les mesures de préservation de l’environnement et du climat doivent reconnaître ces injustices et garantir que les moins favorisés ne soient pas doublement pénalisés, mais qu’ils bénéficient au contraire d’un soutien proportionnellement plus important lors de la transition. Par exemple, un ménage financièrement incapable d’acquérir un nouveau véhicule sera peu aidé par une légère subvention publique destinée à l’achat d’une voiture électrique. Les subventions pour des véhicules secondaires sont absurdes dans cette logique, surtout lorsqu’il s’agit de ménages fortunés. Il en va de même pour les mesures d’efficacité énergétique : les logements bien isolés consomment moins d’énergie, mais ce sont justement les ménages qui ont du mal à payer leurs factures d’énergie qui n’ont pas les moyens de faire les rénovations nécessaires.


Une légère augmentation des impôts sur les grandes entreprises et les individus très riches contribuerait à long terme à réduire les inégalités sans compromettre l’économie.

Tilly Metz, députée européenne

Les gouvernements devraient viser clairement une plus grande équité. Toutefois, nos sociétés actuelles sont caractérisées par un système où les ultra-riches contribuent relativement peu au bien commun. Les impôts sur le capital ont continuellement diminué au cours des dernières décennies, perpétuant la croyance, encore présente aujourd’hui, que taxer la richesse extrême nuit à l’économie. Cependant, cela n’est pas le cas, bien au contraire. Une légère augmentation des impôts sur les grandes entreprises et les individus très riches contribuerait à long terme à réduire les inégalités sans compromettre l’économie. Une imposition plus équitable des 1% les plus riches en Europe générerait des milliards nécessaires pour renforcer le pouvoir d’achat des moins favorisés et mettre en place des politiques environnementales justes et efficaces. Les moyens de financer une transition écologique juste et équitable sont là ; il suffit de les mobiliser de manière équitable.

Carte blanche à Tilly Metz, députée européenne
Photo : Parlement européen

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Act2T accompagne des territoires pilotes avec la Fabrique des Transitions
Act2T accompagne des territoires pilotes avec la Fabrique des Transitions

Fondée par Xavier Delposen et localisée à Beckerich, Act2T accompagne les transitions depuis sa création en 2016.

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Transitions dans les modes de management d’une part, grâce aux pratiques de l’intelligence collective et à d’autres approches systémiques. Qu’il s’agisse d’aspects stratégiques, organisationnels ou opérationnels, ces perspectives et ces approches nouvelles permettent d’éclairer différemment un sujet avec des équipes, et de coproduire des solutions et un plan d’action pour un projet avec les acteurs concernés.

Projets de transition écologique et sociétale d’autre part avec 3 axes :

  • un axe dédié au développement de tiers-lieux et d’espaces partagés au Luxembourg, en tant que lieux de vie et d’activités pour créer du lien dans les quartiers, nouveaux ou existants, et pour accompagner la naissance de nouveaux usages,
  • un axe dédié à l’accompagnement des entreprises luxembourgeoises dans leur stratégie de responsabilité sociétale et leur engagement en faveur de nouveaux modèles économiques, plus sobres et plus durables,
  • enfin, Act2T accompagne des projets de transition écologique et sociétale auprès de collectivités et de territoires pilotes en France, notamment en tant qu’allié de la Fabrique des Transitions.

Les parcours de territoires pilotes : des programmes innovants pour l’accompagnement des territoires

En France, les parcours de territoires pilotes sont des programmes d’une durée de 1 à 2 ans initiés par la Fabrique des Transitions en partenariat avec l’ADEME (Agence française de la transition écologique) ou l’ANCT (Agence Nationale de Cohésion des Territoires). La Fabrique des Transitions s’appuie sur l’expérience de territoires pionniers et sur une alliance de près de 400 acteurs impliqués dans la transition.

10 territoires sont engagés dans chacun de ces parcours. Les collectivités sélectionnées initient des projets de transition sur leurs territoires respectifs en engageant de nouvelles manières de faire ensemble avec les acteurs locaux, et échangent régulièrement entre eux pour s’enrichir mutuellement et capitaliser sur leurs expériences.

Lancé en septembre 2022 sous l’égide de l’ANCT, le parcours d’accompagnement Avenir Montagnes Ingénierie de près de deux ans est destiné aux 62 territoires lauréats de ce programme national. Mené par la Fabrique des transitions, il s’intéresse aux enjeux de transition spécifiques aux territoires de montagne* et s’organise en cinq phases :

  • tronc commun (apports de connaissances),
  • analyses sensibles (état des lieux des capacités de portage et de pilotage de transitions systémiques),
  • groupes de pairs (dialogues interterritoriaux entre pairs),
  • projets tests (accompagnement de projets opérationnels propres à chaque territoire),
  • session évaluative et conclusive.

Dans le cadre de ce parcours, Act2T intervient actuellement dans la phase d’accompagnement terrain** du PETR du Pays de Sarrebourg (Pôle d’Equilibre Territorial et Rural).

Le projet choisi par le PETR est la mise en œuvre d’un GR de Pays qui va parcourir et traverser son massif montagneux riche de sites naturels, écologiques et patrimoniaux. La volonté de l’exécutif en s’engageant dans le parcours des territoires pilotes avec ce projet d’écotourisme, est de faire du projet de GR de Pays un catalyseur de la transition écologique et sociétale en le reliant aux dynamiques locales d’hébergement durable, de mobilité douce, d’alimentation locale et durable, ... Ce projet sera coproduit avec les acteurs locaux à partir de nouvelles approches destinées à conduire la transition. Il a pour ambition de s’appuyer et de mettre en valeur la culture et l’identité de montagne du territoire, et de faire naître de nouvelles initiatives locales.

Pour en savoir plus sur le parcours, ce lien vers le site de la Fabrique des Transitions.

Forte de cette expérience et d’autres outils d’accompagnement, Act2T, basée à Beckerich, propose d’accompagner les communes ou les initiatives territoriales de transition au Luxembourg. Si vous portez un projet et souhaitez une assistance pour impliquer les acteurs et créer plus de richesses et de forces de vie pour la transition du territoire, prenez contact avec nous.

Pour en savoir plus sur nos actions et nos partenaires : www.act2t.com

Act2T est labellisée organisme de formation au Luxembourg.

* Les territoires de montagne sont considérés en France comme les sentinelles du changement climatique. Ses effets bouleversent déjà fortement les écosystèmes naturels et les activités humaines (éboulements, manque d’eau et de neige, fonte des glaciers, migration des espèces en altitude, …) et vont s’accentuer.
**Act2T, en tant qu’alliée de la Fabrique des Transitions, a également participé à l’élaboration de certains corpus et outils utilisés ou à d’autres étapes du parcours.

Transition, éco-transition, économie du Donuts,… Nous devons agir !
Transition, éco-transition, économie du Donuts,… Nous devons agir !

L’infobésité est souvent anxiogène. Nous sommes de plus en plus alarmés quant à l’avenir de notre civilisation. Mais alors, comment changer nos habitudes et nos comportements ?

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« Les défis associés à la protection de l’environnement aujourd’hui sont multiformes et affectés par de nombreux facteurs en interaction. Les défis opèrent à diverses échelles spatiales, souvent grandes, se déroulent sur de longues échelles temporelles et ont généralement des implications mondiales (par exemple, la dynamique du carbone, les cycles des nutriments et l’acidification des océans). La résolution de ces problèmes nécessitera une pensée systémique et une science multidisciplinaire intégrée. Conseil national de la recherche des États-Unis. »

Science du Conseil national de recherches pour la protection de l’environnement : la voie à suivre (National Academies Press, Washington, DC, 2012)

Nos comportements sont des réponses aux multiples sollicitations véhiculées dans nos sociétés et auxquelles nous sommes confrontés dans notre quotidien comme le marketing, les incitations politiques et économiques, les obligations juridiques, la pression sociale en fonction du milieu dans lequel on vit, etc. Comprendre nos comportements nécessite d’étudier ses multi-facettes, entre autres à travers l’expertise des sciences humaines et sociales (psychologie, sociologie, anthropologie, économie…), d’être capable de créer des liens entre ses différents aspects et d’avoir une analyse systémique. Cette compréhension est nécessaire pour pouvoir à la fois déchiffrer nos comportements et définir les outils adéquats pour les modifier, les changer.

Le changement de comportement est à la fois individuel et collectif. Cela nous demande donc un effort cérébrale que nous ne sommes pas toujours prêts à affronter.

Si l’on veut sortir de cette spirale conflictuelle de débat intérieur, plusieurs pistes peuvent nous aider   : 

  • Augmenter notre compréhension de nous-même et du monde qui nous entoure tout en gardant un esprit ouvert et critique.
  • Développer une vision holistique de notre société car tous les domaines sont liés.

Selon l’article publié par Mathiew. L.M et.al, la pensée systémique peut faciliter les êtres humains à davantage préserver et protéger le monde naturel, en éveillant un système de valeurs fondé sur une éthique écologique.


« La pensée systémique est donc une pratique holistique permettant de prendre de la ’hauteur’ pour comprendre l’origine plurielle d’un problème et dépasser ainsi une approche de conception dite anthropocentrée. »

Anne-Sophie Design éthique

L’éveil d’une conscience écologique, systémique des individus et des groupes peut donc mener à des actions à impact positif. Ces dernières engendrent une spirale bénéfique grâce au sentiment de bienfait que cela provoque. La protection de l’environnement ne dépend pas en effet que des actions menées par le monde politique ou par les grandes entreprises. Ne sommes-nous pas tous avant tout, des hommes et des femmes citoyen.nes avant d’être des hommes et des femmes d’entreprises ?

Comment pouvons-nous dès lors agir ?

  • Agir par petit pas à l’échelle individuelle et en groupe afin de tendre vers des modes de consommations et de productions durables.
  • Encourager les actions locales et citoyennes : soutenir l’engagement social et individuel, acteur du changement.
  • Créer des synergies entre tous les acteurs locaux : citoyens, politiques et entreprises (soutenir et développer l’artisanat local, soutenir l’agriculture locale par des modèles de financement *CSA, soutenir l’économie circulaire …)
  • Croire aux stratégies de résilience locales pour pouvoir continuer à vivre malgré les chocs et les surprises (exemple : créer des réseaux de mobilités multimodales à grandes échelles, politique de gestion des ressources en eau douce, stratégie énergétique, politique de gestion du bâti et de l’urbanisme…).
  • Soutenir les entreprises qui s’engagent dans la réflexion et la mise en place d’un business model durable.
  • Sensibiliser, informer, tous les acteurs
  • Mettre en place des stratégies participatives et citoyennes.
  • Mettre en place une stratégie mondiale d’un mode de vie durable.
  • (…)

La pensée systémique, comme facilitateur de l’éveil écologique

Sensbox accompagne les entreprises, les institutions publiques, les organisations dans cette démarche, en les aidant à réduire leurs impacts environnementaux par l’intégration d’une vision holistique dans le développement de tout projet suivant les principes de l’économie circulaire, de l’éco-conception, du biomimétisme ou encore des symbioses industrielles.

Nous facilitons également la transition sociétale par la sensibilisation qui permet d’améliorer la compréhension des enjeux climatiques et sociétaux ainsi que d’éveiller la conscience individuelle et collective. En tant que cabinet de conseil d’architecte d’écosystèmes, nous avons comme raison d’être de contribuer à l’accomplissement des Objectifs de Développement Durable de l’Agenda 2030 de l’ONU et d’accompagner tout un chacun dans la transition par la formation, l’éducation. Pour atteindre nos objectifs, nous travaillons en équipe pluridisciplinaire (air, eau, biodiversité, énergie, humaine…) sur toute la chaine de valeur.

En 2024, Ensemble construisons le futur !

Soïli Mathieu et Virginie Fabbro, Sensbox SIS
Illustrations : Sensbox

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Un appel à l'action
Un appel à l’action

Dans cette carte blanche, Tom Haas, fondateur d’Emweltschoul, appelle le Luxembourg à endosser ses responsabilités face à l’urgence climatique.

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Tom Haas, fondateur d'Ëmweltschoul
Tom Haas, fondateur d’Ëmweltschoul

La transition écologique est cruciale, en particulier dans des pays à forte empreinte écologique comme le Luxembourg. En tant que jeune conscient de cette urgence, je plaide pour une accélération des changements nécessaires à un avenir durable. Le questionnement est clair : si le Luxembourg, malgré ses ressources et son dynamisme, ne parvient pas à initier une transition significative, qui le fera ?

Pour relever ce défi, le Luxembourg doit miser sur l’innovation et la transformation de ses infrastructures, de son économie et de son mode de vie. Cela implique d’investir dans les énergies renouvelables, de promouvoir l’économie circulaire et de soutenir les initiatives vertes à tous les niveaux de la société. La réussite de cette transition dépendra également de l’engagement des entreprises et des citoyens, encouragés par des politiques ambitieuses.

Au cœur de cette transformation, la sensibilisation joue un rôle clé. Il est impératif de motiver chaque individu à comprendre l’urgence climatique et à agir en conséquence. À travers l’éducation et l’information, Emweltschoul peut développer une conscience collective qui favorisera des actions concrètes et durables. Seul un effort commun permettra de surmonter les défis environnementaux et de garantir un avenir viable pour tous.

Optimiser le tri sélectif en entreprise avec les solutions greenoffice
Transformez votre workplace en « green place to work »

Depuis 2004, Greenoffice révolutionne le tri sélectif et la valorisation des déchets, devenus grandes causes nationales et européennes. Ses experts aident toutes ses structures partenaires à opérer une transition qui optimise leurs critères environnementaux, sociaux et de gouvernance et ainsi, bonifie leur compétitivité.

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Réinventer le tri au travail

L’une des forces du concept Greenoffice c’est de faire du tri une évidence, notamment par le biais de ses bornes nouvelle génération, designs et parfaitement intégrées aux workplaces.

Une transition aux multiples retombées positives

Partout en Europe, les expériences clients (entreprises, ministères, établissements scolaires) ont démontré que l’implantation de solutions Greenoffice apporte aux collaborateurs, et plus généralement à votre entreprise, des bénéfices qui dépassent largement la simple volonté de trier dans les bureaux.

Grâce à une stricte analyse des besoins et du zoning, des conseils et un suivi planifié, la nouvelle organisation de collecte redéfinit le cadre de vie au travail. Elle améliore ainsi globalement la qualité de vie, le bien-être et les comportements de l’ensemble des collaborateurs.

Les implantations sont sur mesure. Elles maximisent ainsi la qualité du tri et la valorisation des déchets pour une rentabilité accrue, puisqu’elles génèrent d’importantes économies d’exploitation.

Santé, productivité et RSE

La responsabilité sociétale de l’entreprise et le bien-être au travail sont devenus de véritables facteurs de productivité et de fidélisation des collaborateurs.

Aujourd’hui, ce sont des atouts majeurs pour la marque employeur. Ils accroissent l’attractivité de l’entreprise sur le marché du travail. En ce sens, Greenoffice développe des outils simples destinés à chacun visant à replacer l’humain au cœur de la performance des organisations.

Poursuivant toujours plus loin, Greenoffice installe désormais des bornes connectées illustrant déjà le futur du waste management.

Une écoconception audacieuse

En misant sur leur écoconception, Greenoffice propose des produits durables et personnalisables. Durables, car évolutifs et modulables. Les solutions s’adaptent ainsi aux aménagements de l’entreprise, à ses évolutions et permettent à tout moment une réorganisation des flux.

Dans le cas où la marque est amenée à modifier son identité visuelle, elle n’a en aucun cas besoin de remplacer les bornes de collecte.

Conviction et ambition

Si les installations signées Greenoffice se démarquent par leur flexibilité, elles incitent de surcroît à un changement pérenne des habitudes au sein du milieu professionnel.

La démarche Greenoffice s’inscrit au travers de valeurs et de convictions profondes tournées vers les générations futures et vers la transmission d’une mode opératoire plus respectueux de l’environnement et de la biodiversité. Il s’agit de changer la perception individuelle et collective de la valorisation d’un déchet, de le considérer non comme un fardeau, mais comme un avantage.

Les déchets résiduels mélangés dans les poubelles classiques ou les poubelles noires terminent leur encombrante course à la décharge de Flaxweiler ou à l’incinérateur du SIDOR générant un impact carbone et environnemental désastreux.

C’est un enjeu crucial de déterminer de nouveaux procédés de collecte au sein des structures professionnelles, des industries, des communes comme des services publics.

Par Sébastien Michel
Photos : © Greenoffice


Des chiffres à ne pas jeter

  • Au Luxembourg, chaque habitant produit en moyenne 163 kg de déchets résiduels par an ;
  • Parmi les 103.600 tonnes de déchets, 50% des ressources peuvent et doivent encore être valorisées. (1)
  • En 2021, 33 millions de tonnes de déchets ont été exportées par l’UE vers des pays tiers. Une augmentation de 77% par rapport à 2004. 14,7 millions de tonnes de ces déchets arrivent en Turquie. (2)

Sources :
(1) 6ᵉ analyse réalisée par l’Administration de l’environnement
(2) Parlement européen – gestion des déchets dans l’UE


Contact

Prenez rendez-vous avec Maud Pisa

📧 mpisa@green-office.com
📱 621 742 735

La règle des 5R pour consommer en conscience
La règle des 5R pour consommer en conscience

On parle beaucoup de renoncement dernièrement. Au premier abord, cela semble négatif. Toutefois, si nous voulons sérieusement protéger la planète, il devient inévitable de remettre en question notre mode de vie.

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La guerre en Ukraine démontre, notamment en matière de consommation d’énergie, ce que nous savions déjà de par la crise climatique : passer aux énergies renouvelables est une nécessité. Il faut utiliser l’énergie de manière plus efficace, réduire notre consommation de blé et, de manière générale, devenir plus raisonnable – c’est-à-dire renoncer parfois à la voiture et aux emballages inutiles. Il en va de même pour notre consommation de viande.

Consommer de façon plus sobre

La sobriété peut être une notion qui nous aidera à relever ce défi. Consommer de façon plus sobre a une connotation plus positive que « renoncer », et peut nous aider à aborder ce défi avec plaisir et un sentiment de satisfaction.

En effet, sobriété signifie se libérer – ainsi que sa vie – de tout poids inutile. Celui qui vit de manière sobre se concentre sur la vie elle-même, et moins sur les possessions, la richesse ou le prestige. On peut commencer par se demander ce dont on a vraiment besoin pour être heureux. Si l’on regarde consciemment ce que l’on possède – au sens large du terme – on peut se réjouir et s’estimer heureux. Au Luxembourg, nous ne constatons guère de véritable pénurie. Ce que l’on peut appeler son propre bien ne doit pas toujours être plus étendu, amélioré, plus grand et plus cher. Au contraire : un peu d’humilité, de simplicité et de retenue font du bien.

Qu’est-ce que la règle des 5R ?

De simples changements dans nos habitudes peuvent nous aider à devenir un peu plus humble tout en gagnant beaucoup. Cela peut être résumé dans la « règle des 5 R » (refuser, réduire, réutiliser, recycler et composter les résidus). Grâce à elle, nous pouvons peu à peu repenser notre consommation de façon plus consciente, lâcher du lest, mais aussi produire moins de déchets.
De quoi s’agit-il ? Lorsqu’il est question de déchets et de gaspillage des ressources, on parle souvent de « zéro déchet ». Le mouvement « zéro déchet » s’est engagé dans une entreprise qui semble radicale, voire impossible pour beaucoup : le boycott des déchets.

La blogueuse franco-américaine Béa Johnson, qui vit sans déchets depuis 2008, est considérée comme la pionnière de ce mouvement. Dans son mode de vie zéro déchet, elle suit avec sa famille les « 5R » et va pour ainsi dire 2R plus loin que la plupart des consommateurs qui pratiquent déjà les 3R, sans pour autant vouloir être aussi radicaux que Bea :

  • refuse - refuser
  • reduce - réduire
  • reuse - réutiliser
  • recycle - recycler
  • rot - composter

Nous avons appris à réduire les emballages, à réutiliser et à recycler les objets. Il est également possible d‘agir au début et à la fin du cycle de consommation de nombreux produits. Tout d’abord ne pas les consommer (les refuser) et, si c’est inévitable, les remettre dans le circuit à la fin de leur utilisation (les recycler ou les composter).

Si l’on applique ces principes, dans cet ordre, c’est-à-dire « refuser » en premier lieu et « composter » en dernier lieu, à l’utilisation des ressources en général, on se rapproche non seulement d’une consommation moins polluante, mais aussi d’une vie plus saine.

Texte de Ekkehart Schmidt, etika asbl
Photo : Ecotec ©Nikos Zompolas

POLYGONE, société active notamment dans des services annexes à la construction, est également une entreprise d’insertion pour des personnes exclues du marché de l’emploi. Depuis 1994, POLYGONE est associé à la société ECOTEC sàrl, qui s’occupe du traitement, du recyclage et de l’évacuation des déchets. Depuis 2016, ECOTEC exploite un centre de recyclage à Differdange. ECOTEC est soutenu par Spuerkeess et etika.

Fast fashion : l'industrie peut-elle trouver un équilibre ?
Fast fashion : l’industrie peut-elle trouver un équilibre ?

Le secteur de la mode subit des changements importants sous l’effet de divers facteurs, notamment les pressions réglementaires, les perspectives de profit et l’évolution des comportements des consommateurs. Ces dynamiques ont conduit à une augmentation notable de la fast fashion, principalement en raison de l’augmentation du pouvoir d’achat.

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Que savons-nous de l’industrie de la mode ?

D’après Statista*, le Luxembourg est le pays de l’UE où les déchets textiles ménagers par habitant étaient les plus élevés en 2020, soit 8 kilogrammes par personne. Dans la même ligne, les dépenses prévues par habitant pour l’habillement et les chaussures au Luxembourg devraient s’élever à 1.820 euros en 2024, soit l’une des plus élevées d’Europe.

L’adoption des comportements des consommateurs, motivée par des dynamiques générationnelles et des expériences de vie différentes, contribue à un cycle continu de consommation au sein de l’industrie de la mode. Comme les consommateurs continuent d’acheter régulièrement des articles de mode, les grands groupes réagissent en augmentant leur production afin de répondre à la demande croissante. Cette augmentation constante de la consommation n’a pas seulement un impact sur notre économie, mais aussi sur notre planète et notre société.

Par définition, l’industrie de la mode est témoin d’une interaction complexe de facteurs qui façonnent les modèles de consommation et stimulent les activités économiques. Il est essentiel pour les entreprises et les décideurs politiques de comprendre cette dynamique afin de naviguer efficacement dans un paysage en évolution et de répondre à l’adaptation des modes de consommation.

Les dispositions réglementaires peuvent-elles atténuer les incidences socio-environnementales ?

D’ici à 2030, un ensemble de réglementations modifiera fondamentalement le paysage industriel en vue de lutter contre la production et la consommation excessives. Ces réglementations englobent diverses initiatives telles que la stratégie pour les textiles durables et circulaires dans le cadre du Green Deal de l’UE, le règlement sur l’écoconception des produits durables intégrant le cadre pour une conception sûre et durable afin d’atténuer l’impact environnemental des productions de l’UE, la directive sur les rapports de durabilité des entreprises visant à normaliser les informations non financières pour améliorer la transparence, la directive-cadre sur les déchets et le règlement sur les transferts de déchets visant à réduire les déchets locaux et exportés, ainsi que la voie de transition pour un écosystème de la mode durable.

Tandis que les régulateurs tracent la voie à suivre, comment pouvons-nous espérer que les consommateurs adoptent un changement ?

Dans un contexte général, nous observons deux principaux segments de consommateurs distincts, dont les habitudes de consommation sont guidées par des motivations différentes. D’une part, une partie des jeunes générations est fortement influencée par les dernières tendances et accorde une grande importance à la mode. D’autre part, les personnes âgées de plus de 50 ans, qui ont connu des conditions économiques différentes ou qui ont eu un accès limité aux options d’achat plus tôt dans leur vie, en raison de situations économiques et politiques antérieures, manifestent aujourd’hui un désir croissant de posséder davantage de produits.

Parallèlement, un nombre croissant de consommateurs s’intéressent de plus en plus à une mode consciente, en mettant l’accent sur l’impact environnemental et sociétal de leurs achats. Ces consommateurs reconnaissent que pour aller vers un avenir plus durable, il faut non seulement acheter des produits durables, mais aussi réduire la consommation globale. Une tendance notable dans cette direction est le concept connu sous le nom de « règle des 5 », préconisé par un chercheur de l’Université de Genève, qui suggère de limiter les achats de mode à seulement cinq articles par an, y compris les bijoux, les vêtements et les chaussures. Toutefois, l’adoption de cette approche reste limitée par rapport à l’ensemble de la population, seule une minorité d’individus y adhérant activement.

Acheter ou ne pas acheter ?

La question est de savoir si les entreprises sont prêtes à réduire leur production et à adopter la mode consciente. Il s’agit là d’un défi de taille, car cela implique une réduction de la production, ce qui se répercute inévitablement sur les résultats. Par conséquent, une question pertinente se pose : les prix des produits doivent-ils être augmentés pour compenser l’inévitable perte de bénéfices ? Cette question soulève un débat intriguant sur la responsabilité : qui porte la responsabilité ? Les régulateurs, les clients qui doivent adapter leurs habitudes de consommation ou les entreprises qui doivent réduire leur production ? La gestion de ces aspects est indéniablement complexe, et la solution réside dans l’effort collectif. Chaque partie doit contribuer à la promotion d’une société plus éthique et durable.

* EU per capita household textile waste by country 2020 | Statista, https://www.statista.com/outlook/co/consumption-indicators/consumer-goods/luxembourg

Fani Xylouri and Andrada Nastase, Grant Thornton Luxembourg
Contact : sustainability@lu.gt.com
Photo : Grant Thornton

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7 avantages à faire ses propres produits d'hygiène
7 avantages à faire ses propres produits d’hygiène

Les modes de consommation évoluent, et la résistance au changement est parfois forte. Cependant, il est nécessaire de sortir de nos habitudes de consommation pour préserver notre planète et notre santé. Faire ses propres produits d’hygiène est une solution qui permet de répondre à cette nécessité d’évolution.

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En effet, bon nombre des produits d’hygiène que nous achetons en grande surface contiennent des ingrédients chimiques nocifs pour la santé et l’environnement. En fabriquant nous-mêmes nos produits d’hygiène, nous avons la garantie de leur composition et nous savons exactement ce que nous utilisons.

Cependant, il est important de ne pas se précipiter dans cette démarche et de bien se renseigner avant de commencer. Il existe de nombreuses recettes en ligne, mais toutes ne sont pas fiables ou adaptées à notre type de peau, de cheveux ou même notre organisme (allergies). Il est donc conseillé de se renseigner auprès de professionnels ou de personnes expérimentées avant de se lancer.

7 avantages à faire ses propres produits d’hygiène

1. On sait ce qu’il y a dedans !

Quoi de plus élémentaire ? Il est temps de se réveiller et ne plus se laisser avoir par cette ère de consommation à outrance où l’on ne sait même plus de quoi sont faits nos produits ni les potentiels dangers pour notre bien-être.

2. C’est économique

En les fabriquant vous-même, vous pouvez économiser de l’argent en achetant en vrac, par exemple, tout en bénéficiant de tous les avantages pour votre peau.

3. On pollue moins

En fabriquant vous-même vos produits, vous réduisez vos déchets en utilisant des contenants réutilisables, par exemple.

4. On consomme en fonction de ses besoins

Fini le gaspillage, on réalise ses produits en fonction de la quantité dont on a besoin. Vous faites des produits sur mesure selon votre type de peau ou des effets que vous souhaitez obtenir.

5. On réduit le nombre de produits utilisés

Plus vous en ferez, plus vous vous rendrez compte qu’un produit convient à plusieurs usages. Par exemple un baume qui peut très bien servir à la fois pour nourrir le corps, les mains et les lèvres. Un shampoing qui convient à toute la famille, et non plus un shampoing pour maman, un pour papa, un autre pour les enfants. Un produit ménager pour toute la maison, etc.

6. C’est ludique

Enfin, faire ses propres produits cosmétiques peut être une activité amusante et créative. Cela peut vous donner l’occasion d’expérimenter avec différents ingrédients et recettes pour créer des produits qui répondent à vos besoins spécifiques en matière de soins de la peau. Alors, si vous cherchez une façon amusante de passer du temps ou en famille, entre ami.e.s, qui soit bénéfique pour votre peau, pourquoi ne pas essayer de faire vos propres produits cosmétiques ?

7. Cela favorise l’autonomie

En fabriquant vos propres produits, vous devenez plus autonome et indépendant des grandes marques. Vous pouvez ainsi mieux contrôler les ingrédients que vous utilisez et les adapter à vos besoins et goûts. De plus, vous pouvez également partager vos connaissances avec vos amis et votre famille et les encourager à adopter une routine de soins plus saine et plus durable.

En somme, faire ses propres produits d’hygiène est une alternative intéressante pour éviter les produits chimiques nocifs pour notre santé et notre environnement. Cependant, il est important de bien se renseigner avant de se lancer pour éviter les erreurs et les mauvaises surprises.

Alors, pourquoi ne pas essayer de faire vos propres produits d’hygiène dès maintenant ? MissBak propose des ateliers.

Vous verrez, c’est facile, économique et bénéfique pour vous et pour la planète !

Envie d’organiser un atelier pour vos collaborateurs ? Écrivez-nous maintenant contact@missbak.com

Texte et photos de MissBak

Mettez des couleurs dans vos intérieurs
Mettez des couleurs dans vos intérieurs

Le design et la couleur, de façon générale, ont un impact sur nos émotions, notre comportement et nos décisions. Ils influencent la façon dont nous pouvons interagir avec l’environnement.

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Concevoir des bâtiments esthétiques et écologiquement responsables peut engendrer des comportements plus respectueux de l’environnement. En pratiquant un design réfléchi, en utilisant des couleurs adaptées, les architectes peuvent aider à sensibiliser le public sur l’importance de l’écologie et de la durabilité.

Quelles sont les bonnes pratiques de l’intégration de la couleur et du design en amont des projets architecturaux ? Comment créer des bâtiments plus éco-responsables en réduisant les besoins d’énergie avec l’aide de la couleur ? Utiliser des couleurs claires sur les surfaces extérieures peut réduire considérablement l’absorption de la chaleur et donc la demande de climatisation l’été.

Le recours aux couleurs suffisamment vives à l’intérieur des bâtiments peut maximiser la lumière naturelle et réduire la dépendance à l’éclairage artificiel. Mais cela doit être fait avec discernement, en accord avec les usages (par exemple, éviter les teintes vives dans les chambres pour faciliter l’endormissement). Plus généralement, la mise en place de grandes ouvertures vers l’extérieur laissera passer un flot de lumière naturelle pour engendrer une ambiance accueillante et régénérante, réduisant également la dépendance à l’éclairage artificiel.


Le recours aux couleurs inspirées de la nature, comme le vert, le terre de sienne, les bruns chauds, les rouges flammés… à l’intérieur des espaces de vie privée ou publique peut créer une sensation de connexion avec la nature, l’environnement, et rapprocher les personnes entre elles.

Les couleurs peuvent donc engendrer des émotions positives, de l’empathie et favoriser la créativité pour des solutions novatrices, notamment en s’encourageant mutuellement à adopter des modes de vie plus durables. De même, intégrer dans les espaces de vie une décoration murale aux motifs inspirants liés à la nature nous sensibilise à la beauté de notre planète et renforce nos pratiques respectueuses de l’environnement.

Voici un autre aspect de la transformation et l’amélioration des usages dans la santé grâce au design : le design ergonomique instaure la notion de confort, il renforce la facilité d’utilisation et d’efficacité. Bien pensé pour l’usage, il peut améliorer l’expérience de l’utilisateur et faciliter sa vie au quotidien. Par exemple, un design ergonomique dans les outils et les équipements médicaux peut sauver des vies en améliorant les résultats des traitements et des interventions médicales.

Enfin, on ne peut parler de transformation des habitudes de vie sans parler d’inclusion et de diversité : un design qui valorise l’inclusion et la diversité génère le respect, l’acceptation des différences et la compassion envers les autres. Comment pourrait-on changer nos comportements et modes de vie sans partager nos espoirs et nos succès avec ceux qui sont plus fragiles ou différents ?

Il n’y a rien de plus beau que l’émotion du vivre ensemble pour changer les conventions existantes et entrevoir un avenir plus serein sur notre magnifique planète !

Béatrice Mange, CEO Color Wellness

Changer de carrière : le bien-être personnel avant tout
Changer de carrière : le bien-être personnel avant tout

De nombreux travailleurs cherchent à sortir de leur situation professionnelle, faisant parfois appel à un coach pour les orienter vers un choix de carrière plus porteur de sens.

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Il est bien loin le temps où, ayant atteint l’âge adulte ou le diplôme en poche, un travailleur rejoignait un employeur pour y faire carrière jusqu’à l’heure de la retraite. Bien que certaines entreprises fassent des efforts pour fidéliser leurs effectifs, les démissions n’étonnent plus personne ; la quête du mieux est presque une généralité.

François Leclercq est coach spécialisé, notamment, dans le développement durable des vies professionnelles. Les employés « qui en ont ras-le-bol » et qui cherchent une issue de secours, c’est son quotidien. Les personnes qui viennent le voir sont poussées par la volonté de quitter une situation qui ne leur convient plus. « La première intention, c’est de changer de boulot pour se sentir mieux, tout en maintenant le niveau de confort rendu possible par l’emploi actuel », entame le coach. « C’est le point de départ du questionnement que nous allons développer ensemble. » De prime abord, gagner moins pour se sentir mieux au quotidien est rarement envisagé ; la sécurité financière reste un critère important dans la réflexion.

« Les raisons du changement sont variables : le sentiment de ne pas être à sa place, l’obligation de se réorienter, le souhait de retrouver une vie plus équilibrée, d’apporter plus de sens à son travail, de pouvoir exprimer ses compétences, de travailler dans un environnement respectueux, ou encore de relever de nouveaux défis ». Des outils de coaching accompagnent le processus, comme la méthode de détermination d’objectifs SMART (spécifique, mesurable, atteignable, réaliste et temporellement défini), à laquelle vient s’ajouter un critère : « systématiquement, j’ajoute les notions de durabilité et d’écologie, sur trois dimensions :

  • la dimension personnelle : les objectifs et les décisions prises sont-ils bons pour le coachee ?
  • la dimension sociale : les objectifs et décisions sont-ils bons pour les relations, l’entourage familial, social ?
  • la dimension environnementale : les objectifs et décisions sont-ils bons pour l’environnement ? »

Pour la dernière question, comme pour les autres, toutes les réponses sont possibles. « Le coach ouvre le champ à la réflexion et laisse à son coachee la responsabilité de ses choix. À ce jour, personne n’est venu me voir en me disant ‘je veux changer de travail pour avoir moins d’impact sur l’environnement’. Par contre, plus on avance dans les échanges, plus certaines notions liées à la durabilité sont abordées, notamment le souhait de travailler dans un lieu plus proche du domicile et de vivre dans un cadre plus serein. Et à partir de là, certains évoquent la possibilité de revoir leurs ambitions salariales à la baisse, pour gagner en confort de vie. »

C’est une tendance qu’on peut corréler aux récents chiffres sur les travailleurs frontaliers : alors que le nombre de frontaliers a toujours augmenté, le pourcentage de frontaliers belges a baissé entre 2005 (26,6%) et 2022 (23%), selon les chiffres du Statec. La Belgique, 4e meilleur salaire minimal européen, aurait donc tendance à récupérer certains travailleurs autrefois séduits par les conditions salariales du Luxembourg, aujourd’hui désabusés par une mobilité compliquée et des conditions de travail qui ne correspondent plus à leurs attentes. Une pièce d’un large puzzle où chacun a certainement ses raisons personnelles de vouloir changer de cap professionnellement.

Marie-Astrid Heyde

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coeba : l'humain au cœur des projets
coeba : l’humain au cœur des projets

Durabilité, humanité et courage sont les trois piliers de la société basée à Bereldange, Wasserbillig et Rambrouch. Grâce à l’implication de l’ensemble du staff, coeba propose une vision toute personnelle de l’architecture où la préservation de la planète est au cœur des attentions.

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coeba a été fondée en 1974 par André Lefèvre et Klaus Schmitz. En 2004, Dave, le fils d’André, a repris le bureau avec Olivier Georges et Marco Ramos. Progressivement, l’aspect durabilité a suivi son petit bonhomme de chemin pour qu’en 2016, coeba s’octroie officiellement comme mission de développer des bâtiments à l’épreuve du temps, efficaces, sains et attrayants.

Marisa Fernandes
Marisa Fernandes - ©Linda Blatzek

Aujourd’hui, l’expertise de la société n’est plus à démontrer. Au-delà du savoir-faire architectural, chez coeba, la philosophie est de toujours mettre l’humain au centre de tout, que cela soit dans les différents projets ou dans la gestion interne. « Pour nous, c’est très important », souligne Marisa Fernandes, adjointe administrative et financière, responsable des Ressources Humaines. « L’humain est la base de tout bon fonctionnement. Si l’humain va bien, l’équipe va bien, et les projets seront meilleurs. C’est un ensemble. »

Une manière de fonctionner suivie et appréciée par les clients. Des projets, comme la Maison Relais Angelsberg, ont marqué les esprits par leur approche et l’utilisation de matériaux biosourcés. Une philosophie qui parle également aux collaborateurs. « Surtout chez les jeunes qui s’intéressent particulièrement aux côtés durable et social. On retrouve cet enthousiasme jusque dans leur lettre de motivation. Ils souhaitent nous rejoindre car ils ont entendu parler de nos valeurs. D’ailleurs, nous sommes toujours à la recherche de pépites comme des chefs de projets qui pourront apporter leur expérience dans nos projets, mais également une certaine curiosité, une envie d’essayer de nouveaux matériaux. »

Une curiosité appréciée car elle permet de regarder plus loin. « coeba est reconnue pour son savoir-faire, mais aussi pour apporter une certaine fraîcheur au secteur, en travaillant durablement et en osant certains matériaux », poursuit Petra Vankerkom, architecte et Master of Arts. coopération au développement durable. « Pour que nos projets prennent vie, c’est avant tout un travail d’équipe où chacun se met à la place des personnes qui vont profiter des lieux. »

Qualité de vie et de travail

Et pour que chaque employé se sente bien, coeba leur propose trois sites de travail : Bereldange, Wasserbillig (idéal pour les résidents allemands) et Rambrouch (proche de la frontière belge). « Une décision logique à nos yeux, car cela évite de longs déplacements », précise Marisa Fernandes. « D’autant que nous avons une équipe internationale. Cela offre donc un certain confort de vie et cela réduit notre empreinte carbone. Le but est de trouver le meilleur compromis vie privée – vie professionnelle. Si on gagne du temps au quotidien avec un trajet de 30 minutes, on gagne en qualité de vie. On peut profiter de ses proches et de ses loisirs. Cela a donc un impact positif sur le moral. »

Petra Vankerkom
Petra Vankerkom - ©Linda Blatzek

Et pour que la mécanique tourne parfaitement, l’écoute des attentes et la mise en valeur des expertises de chacun sont importantes. Dans cette optique, coeba récompense les efforts de ses équipes par une rémunération équitable, qui tient compte des compétences et des réalisations. La valorisation du travail passe également par l’intégration des nouveaux salariés via un processus d’accueil formalisé. Des formations sont également proposées, tout comme l’intégration dans un mode de gestion participatif, où chacun est encouragé à s’impliquer dans les décisions de l’entreprise.

« Chacun est libre de donner son avis via une communication interne, via les entretiens individuels, ou encore par le biais d’enquêtes anonymes », explique Petra Vankerkom. « Même si nous travaillons sur trois sites, des réunions régulières sont mises en place pour que tout le monde se retrouve et que nous conservions cet esprit d’équipe. »

Une mission et une vision

Une philosophie qui est de plus en plus appréciée au Luxembourg, même s’il faut continuer à communiquer pour que le message passe. L’objectif 2030 avec le 3e plan national pour le développement durable est évidemment dans toutes les têtes. « C’est un gros challenge. Nous venons d’ailleurs de mettre en place notre programme RSE qui est très important à nos yeux. Bien souvent, les architectes ne sont concentrés que sur la construction. Outre les matériaux durables, il faut également tenir compte de l’aspect social. »

Dans cette approche RSE, l’équipe de coeba a mis en avant une mission et une vision. La mission est de concevoir des solutions d’architecture et de construction durables, contribuant au bien être des personnes et au respect de l’environnement. Quant à la vision, c’est être un acteur majeur dans la conception de solutions durables, inspirant la société de manière positive et créative par rapport aux enjeux environnementaux, sociaux et économiques.

« La durabilité n’est pas un mythe mais une réalité. Pour encore trop de personnes à mes yeux, l’aspect financier freine cet élan en faveur de la planète. Il faut se focaliser sur le long terme. Même si, à la base, l’investissement dans un projet est plus onéreux, les bénéfices seront toujours au rendez-vous. Que cela soit financièrement ou qualitativement. Les matériaux que nous conseillons ont une grande résistance dans le temps. Nos projets n’en sont que meilleurs dans l’esprit de l’économie circulaire. »

Maison Relais Angelsberg
Maison Relais Angelsberg - ©Steve Troes

coeba pense à la société dans son ensemble et éprouve une responsabilité pour l’équité intragénérationnelle définie dans les objectifs du « 3e Plan national pour un Développement Durable Luxembourg 2030 ». coeba agit au-delà des frontières luxembourgeoises et déploie ses compétences au niveau mondial, en étendant ses activités à la mise en œuvre de projets de développement durable au Népal. Pour ce faire, coeba associe ses compétences à celles de l’association à but non lucratif « a smile for nepal », fondée en 2015 par Petra Vankerkom. Cet engagement montre comment la responsabilité sociale globale peut être intégrée dans la culture d’entreprise et dans la société. Pour soutenir cette cause, coeba met à disposition son temps, ses ressources, ses expertises et ses compétences.

Sébastien Yernaux
Photos : ©coeba

Gabrielle Da Costa et Charles Sunnen - Banque de Luxembourg
Le développement durable, créateur de valeur pour l’entreprise

À la faveur de sa certification B Corp (label qui certifie des entreprises ayant un impact sociétal et environnemental positif), la Banque de Luxembourg mobilise la communauté économique luxembourgeoise autour du développement durable lors d’une série d’ateliers.

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Ils symbolisent sa volonté de sensibiliser les entreprises à considérer la transition durable comme un moteur de compétitivité. Gabrielle Da Costa, Chargée de Missions RSE et Charles Sunnen, Conseiller Entreprises & Entrepreneurs, nous expliquent cette démarche.

Quelles étaient vos motivations et vos attentes avant de vous lancer dans la fastidieuse aventure de la certification B Corp ?

Gabrielle Da Costa (GDC) : Jusqu’alors, nous avons toujours évité les labels et les certifications en matière de responsabilité sociale et sociétale de l’entreprise (RSE). Les standards B Corp nous ont convaincus parce qu’ils sont ambitieux, holistiques et cohérents. Nous étions à la recherche d’un cadre pouvant nous aider à adopter une approche d’amélioration continue et c’est exactement ce que la certification B Corp nous offrait.

Ce qui nous plaisait, est l’approche non pas en se concentrant sur un seul domaine, comme par exemple les produits d’investissement, mais plutôt holistique au travers des cinq piliers B Corp : clients, collaborateurs, communautés, environnement et gouvernance.

Au démarrage, il faut répondre à un questionnaire de 200 questions, le B Impact Assessment (BIA). Nous avons rapidement constaté qu’il nous servirait d’outil, voire de boussole, pour définir une feuille de route stratégique sur plusieurs années.

Mais c’est surtout un autre point qui nous a convaincus : la philosophie qui unit cette communauté d’entreprises pionnières en matière de développement durable qui concilie performance et développement durable.

À la Banque de Luxembourg, nous avons toujours adopté une démarche responsable dans la façon de pratiquer notre métier. La certification étaye des pratiques constitutives de notre ADN, comme une cerise sur le gâteau.

Pour que l’on comprenne bien son utilité, quels exemples d’améliorations pratiques liées au processus B Corp pouvez-vous me donner ?

GDC : L’un de nos grands chantiers est l’analyse de la chaîne d’approvisionnement en matière de RSE. Pour ce faire, il s’agit de bien évaluer nos fournisseurs et d’établir une politique et une procédure d’achats responsable. Tous les aspects sont ciblés : l’impact carbone, les déchets, la gouvernance, l’apport social de l’entreprise, etc.

Pourquoi avoir choisi de vous impliquer dans des ateliers centrés sur le développement durable des entreprises familiales ?

Charles Sunnen (CS) : Il faut remonter aux origines du département pour bien comprendre l’historique. La Banque de Luxembourg existe depuis un peu plus de 100 ans. Elle compte trois grands types de clients : clients privés, professionnels de la finance et entreprises et les entrepreneurs.

Notre département s’est développé spécifiquement pour une clientèle largement composée d’entrepreneurs. Aujourd’hui, nos clients sont des entreprises familiales en deuxième ou troisième génération, essentiellement luxembourgeoises. Ce sont de moyennes et grandes structures actives dans les secteurs traditionnels au Grand-Duché : construction, industrie, commerce, transport, grande distribution, informatique et communication.

Elles ont des besoins de services bancaires habituels, tels les comptes courants, la gestion des flux quotidiens etc., et, sur le court et le moyen termes, de solutions de financement de projets, d’équipements ou immobiliers, de développement, des besoins en trésorerie, des garanties bancaires etc.

Dans ce contexte, pourquoi leur proposer des ateliers ? Dans le cadre de notre certification B Corp, notre département détermine des missions. Or, notre principale ambition, c’est de sensibiliser nos clients, mais également nos prospects entreprises, aux enjeux climatiques, sociaux et de gouvernance.

B Corp incite sa communauté de membres à faire rejaillir ses valeurs sur les partenaires et les collaborateurs. C’est la raison pour laquelle nous avons établi un programme d’engagement, co- construit et co-animé avec TrAxxion, experts en responsabilité sociale et sociétale de l’entreprise qui ont déjà accompagné de nombreuses entreprises représentatives de notre cible de clients.

En quoi le développement durable est-il vecteur de performance pour une entreprise ?

CS : Il est important pour nous de faire passer un message : la durabilité n’est pas juste un mot à la mode, mais un élément-clé de la stratégie d’une entreprise. Les petites et moyennes entreprises (PME) sont le fondement de l’économie luxembourgeoise, représentant en nombre 99% des entreprises luxembourgeoises pour deux tiers de la valeur ajoutée et de l’emploi.

Aujourd’hui, les grandes entreprises sont confrontées aux questions de l’éthique, des enjeux climatiques et des ressources limitées ; s’y rajoute dès 2026 la taxonomie européenne. Si celles-ci doivent organiser des chaînes d’approvisionnement durables en cascade, leurs fournisseurs qui sont des PME seront forcément impactés.

De plus, les témoignages ainsi que les données statistiques remontent le fait que les clients finaux sont sensibles à une approche responsable, prêts à payer un surcoût pour un produit ou service qui intègre la durabilité, véritable argument concurrentiel qui peut départager des concurrents ou un collaborateur.

GDC : Aujourd’hui, la performance d’une entreprise dépend en grande partie des compétences de ses collaborateurs. Les jeunes générations veulent savoir quelle est la contribution de l’entreprise pour la communauté, la société et la planète ; elles ont de grandes attentes éthiques, environnementales, sociales et de bonne gouvernance. Beaucoup d’entreprises ne sont pas encore en mesure de leur apporter des réponses adéquates.

Après l’obtention de la certification, nous avons réalisé une série de formations et d’entretiens en interne pour expliquer à nos plus de mille collaborateurs la raison et la pertinence de B Corp. Leurs retours étaient édifiants et ils étaient ravis de pouvoir partager leur point de vue. Pour la marque employeur, la RSE est un atout incontournable.

Pensez-vous parvenir à matérialiser les grandes théories ESG ou B Corp dans des avancées concrètes ?

CS : Par le biais de nos programmes ou autres initiatives, notre vocation est de faire comprendre aux entreprises et à la communauté qu’il y a un changement de paradigme irrévocable. Si chacun comprend l’interdépendance entre la gouvernance, l’environnement et le social, on parviendra à faire évoluer la réflexion systémique ; ce sera un bon départ. L’histoire retiendra qu’une vie ne se résume pas au profit.
Nous essayons de démystifier les grands concepts RSE, d’expliquer qu’il est facile d’agir, qu’il y a des aspects très pratiques et que même si on est un petit État, chacun a vraiment un rôle à jouer dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).

Prenons l’exemple de l’accès au crédit qui est un objectif ODD. Nous proposons un financement qui tient compte de la stratégie ESG du demandeur. Pour l’expliquer simplement, l’atteinte d’objectifs élaborés avec le client donne droit à une bonification sur la marge d’intérêt de son crédit. Ainsi, il y a donc moyen de faire évoluer un produit afin de générer un impact positif.

Plus important encore, le remboursement d’un crédit nécessite un cash flow durable. Ignorer les enjeux ESG est un véritable facteur de risque. La durabilité rend le produit performant sur le long terme.

Quels conseils donneriez-vous à une entreprise qui souhaite entamer sa transition vertueuse ?

CS : Les questionnaires, comme celui de B Corp, sont accessibles en ligne. Il est très facile de faire son auto-évaluation et de se challenger.

La majorité des entreprises ont déjà mis en place une série d’actions RSE, sans nécessairement en avoir conscience. La durabilité n’est pas une science obscure, il ne faut pas avoir d’appréhension à son sujet ; et si besoin, on peut se faire accompagner comme par exemple à travers nos ateliers.

Soulignons que la démarche responsable doit nécessairement être portée par l’entité qui définit la vision et la stratégie, qui prend les décisions impactantes. Elle ne peut être la seule responsabilité d’un département spécifique, même s’il sera un excellent relais. La réflexion doit être portée par les instances de décision les plus élevées. Rien ne vaut un décideur convaincu qui croit en l’approche, pour générer l’adhésion générale du groupe.


Vous souhaitez en savoir plus sur le développement durable comme créateur de valeur pour votre entreprise ?

Contactez Charles Sunnen, Conseiller Entreprises & Entrepreneurs :

📧 Mail ➡️ charles.sunnen@bdl.lu
☎️ Tél. ➡️ +352-49 924 3061)


Propos recueillis par Sébastien Michel
Photos : Marie Champlon

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En matière d'énergie, « le potentiel national est limité »
En matière d’énergie, « le potentiel national est limité »

Lex Delles, ministre de l’Économie, des PME, de l’Énergie et du Tourisme, explicite les grandes ambitions du Luxembourg vers un approvisionnement énergétique plus durable.

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Le Luxembourg importe une grande part de son électricité et de son gaz. L’accord de coalition mentionne un renforcement de cette sécurité d’approvisionnement transfrontalière. Le pays restera donc dépendant de ses voisins belges (gaz) et allemands (électricité) ?

Le Luxembourg dispose d’un certain potentiel pour différentes formes d’énergie, dont l’énergie solaire et éolienne, et décrit dans son PNEC (Plan national intégré en matière d’énergie et de climat, NDLR) comment ce potentiel sera exploité au mieux. Cependant, en raison de sa taille et des conditions météorologiques, le potentiel national est limité. Ainsi, comme pour beaucoup d’autres produits et services, nous collaborons avec d’autres pays, et le Luxembourg est heureusement très bien intégré dans un marché intérieur de l’énergie européen. La Belgique et l’Allemagne sont en effet des partenaires particulièrement importants dans le domaine de la politique énergétique.

Le Luxembourg collabore également avec d’autres pays, dont la Lituanie et le Danemark, afin d’atteindre ses objectifs nationaux dans le domaine des énergies renouvelables.

Quels sont les critères d’achat de ces énergies ? Un accent est-il mis sur la durabilité ?

Au niveau des fournisseurs, un accent est mis sur la durabilité moyennant les garanties d’origines. Ces garanties permettent une comptabilité rigoureuse des quantités d’énergies renouvelables produites et consommées, et peuvent être utilisées par les fournisseurs pour indiquer l’origine de l’électricité fournie.

Comment se compose actuellement le mix énergétique et vers quelle répartition souhaitez-vous aller ? À quelle échéance ? Comment y parvenir ?

Actuellement, le mix énergétique luxembourgeois (en 2022) se compose d’une large part de pétrole (64%), et de 13,7% d’énergies renouvelables.

Comme le décrit le PNEC, la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique devra atteindre 37% en 2030, couplé avec une réduction des émissions de gaz à effet de serre de -55% par rapport à 2005.

Pour y parvenir, toute une série de mesures sera mise en œuvre qui sont décrites dans le PNEC.

  • Déploiement accéléré du photovoltaïque grâce à des appels d’offres et une multitude de mesures règlementaires et économiques
  • Augmentation de l’électricité éolienne par les projets de « Repowering » et l’autorisation de nouveaux sites
  • Recours aux pompes à chaleur pour augmenter la part des énergies renouvelables dans le secteur du chauffage
  • Développement d’une infrastructure pour le transport et le stockage de l’hydrogène renouvelable et utilisation de l’hydrogène dans les secteurs de l’industrie difficilement électrifiables
  • Incorporation de biocarburants, déploiement accéléré de l’électromobilité et utilisation de l’hydrogène et de ses dérivés dans les différents secteurs du transport

L’accord de coalition mentionne des investissements substantiels dans le développement de l’infrastructure de réseau. Pouvez-vous détailler ces projets ?

Afin de continuer à disposer de capacités d’interconnexion électrique suffisantes pour affronter la transition énergétique, que ce soit du côté de la consommation ou de la production décentralisée d’électricité sur base d’énergies renouvelables, différents projets seront mis en œuvre. À part les efforts pour mettre à niveau les capacités de transport permettant d’acheminer la production d’électricité renouvelable du nord du pays vers les centres de consommation du centre et du sud du pays en modernisant les lignes existantes, le projet 380 assurera les interconnexions nécessaires pour l’accès à la zone de marché commune avec l’Allemagne.

Pour le domaine de l’hydrogène, le Gouvernement a publié une stratégie fin 2021. Pour les infrastructures de réseau, différentes analyses sont en cours, en étroite collaboration avec tous les pays voisins, afin de mettre en œuvre la stratégie et pour s’intégrer dans un système d’approvisionnement paneuropéen.

Quels rôles jouent les acteurs privés dans cette transition énergétique ?

Les acteurs privés jouent un rôle central dans la transition énergétique, et ceci main dans la main avec le gouvernement. Dans le cadre de l’initiative « Klimapakt fir Betriber », le gouvernement soutient les entreprises en matière de décarbonation et de transition énergétique à travers le conseil, la mise à disposition d’une boîte à outils, le co-financement d’investissements et la mise en relation avec des acteurs clés et des entreprises.

Afin de motiver les entreprises à accélérer encore davantage leur transition énergétique, des appels d’offres sont également régulièrement organisés, notamment pour promouvoir l’autoconsommation de l’électricité produite à partir de centrales photovoltaïques, ou encore pour accélérer le déploiement de bornes de recharge pour véhicules électriques dans les entreprises.

Et les communes ? Certaines ont déjà investi de manière conséquente dans les énergies renouvelables. Comment inciter les autres à faire de même ?

Les communes ont compris qu’un investissement dans les énergies renouvelables leur permet de réduire leurs coûts d’énergie et d’être moins dépendantes des prix variables de l’énergie du marché. Dans le cadre de leur engagement dans le Pacte Climat 2.0, elles sont d’ailleurs incitées à mettre un accent sur la production locale d’énergie sur le territoire communal. Ceci concerne la production locale d’électricité, mais aussi, par exemple, les réseaux de chaleur à base de sources d’énergies renouvelables, qui sont un élément important dans la décarbonation du bâti existant.

En ce qui concerne l’amélioration de l’efficacité énergétique, une nouvelle directive européenne relative à l’efficacité énergétique, qui est en cours de transposition au niveau national, oblige tous les organismes publics (c.-à-d. l’État et les communes) à réduire leur consommation d’énergie finale d’au moins 1,9% chaque année. L’amélioration de l’efficacité énergétique et le passage aux énergies renouvelables sont la base pour une transition énergétique efficace.

Quelles mesures seront instaurées pour encourager les ménages à investir dans les énergies renouvelables ?

En plus de l’offre de conseil gratuite disponible à la Klima Agence pour accompagner les citoyens dans leur transition énergétique, les ménages bénéficient d’aides financières intéressantes s’ils désirent investir dans les énergies renouvelables : les primes « Klimabonus » contribuent, par un soutien financier, à encourager l’action individuelle en matière de changement climatique et de transition énergétique.

Par ailleurs, les ménages désirant installer des panneaux photovoltaïques peuvent opter pour l’autoconsommation ou l’injection de l’électricité dans le réseau. Dans le premier cas, des aides à l’investissement plus élevées (62,5%) sont proposées, dans le deuxième, on bénéficie d’une aide à l’investissement de 20 % pour la mise en place de panneaux photovoltaïques opérée en « mode injection » et d’un tarif d’injection garanti.

D’autres initiatives existent : ainsi, à Differdange, le projet pilote « zesumme renovéieren » a été mis en place par la Ville de Differdange et Klima-Agence. Ce projet propose des solutions d’accompagnement complètes pour réussir la rénovation énergétique de logements à grande échelle sur tout le territoire de la ville de Differdange.

À cela s’ajoute que le Gouvernement prévoit de faciliter l’accès aux subventions écologiques. Tel qu’indiqué dans l’accord de coalition, le préfinancement des subventions climatiques sera introduit, de sorte à ce que les citoyens n’aient plus qu’à s’acquitter de leur part. Dans ce contexte, le Gouvernement s’assurera également que les entreprises concernées reçoivent les subventions étatiques endéans un délai bref.

Le gouvernement compte-t-il inciter les résidents à modifier leurs comportements en matière de consommation énergétique afin de mener à plus de sobriété ?

Chaque citoyen a un rôle important à jouer dans la réduction de notre consommation énergétique. Voilà pourquoi le gouvernement a lancé, en septembre 2022, la campagne nationale de sensibilisation « Zesumme spueren – Zesummenhalen », destinée à informer les citoyens sur les mesures à mettre en place pour économiser de l’énergie.

En 2023, la campagne a été renouvelée sous le slogan « Ton énergie fait la différence » afin d’inciter les résidents à contribuer par de petits gestes à davantage de sobriété : mieux utiliser le chauffage, utiliser si possible les transports publics, éteindre les lumières dans les pièces non utilisées, etc.

Propos recueillis par Marie-Astrid Heyde
Photo : gouvernement.lu

« Chaque année, nous permettons d'économiser 100.000 tonnes de CO2. »
« Chaque année, nous permettons d’économiser 100.000 tonnes de CO2. »

La production d’énergie verte par l’intermédiaire de panneaux solaires a le vent en poupe. Les entreprises l’ont bien compris en utilisant leurs immenses toits et parkings. Un choix décisif pour être autonome et anticiper l’arrivée massive de l’électromobilité. Rencontre avec François Neu, General Manager d’Enerdeal Luxembourg & Group CMO.

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Depuis 2009, Enerdeal est un acteur important du marché photovoltaïque, focalisé sur les entreprises. Et pour cause, les projets clés en main de centrales solaires sont proposés aux industries ayant au moins 3.000 m2 de surface.

François Neu
François Neu - ©Enerdeal

« Nous apportons une solution all-in pour des gros propriétaires immobiliers et des clients industriels qui ont des projets au sol, en toiture ou sur des parkings. Nous avons réalisé, en 15 ans, un peu plus de 250 Mégawatts. Chaque année, nous permettons d’économiser 100.000 tonnes de CO2. »

Durant ces dernières années, François Neu constate un changement fort du comportement de ses clients. « Jusqu’en 2019, les gens étaient surtout focalisés sur l’investissement et la rentabilité. Depuis lors, les mentalités diffèrent avec la prise en compte des aspects RSE et des actionnaires, voire des clients et des banques, qui mettent la pression sur les entreprises pour qu’elles investissent dans le solaire. Il y a une véritable prise de conscience par rapport au changement climatique. Beaucoup ont également peur de perdre des clients qui ne souhaitent travailler qu’avec des sociétés non polluantes. Le côté rentabilité est passé au second plan. »

Il y a donc ceux qui redoutent d’être montrés du doigt, et il y a les avant-gardistes qui ont investi dans le solaire depuis de nombreuses années. « C’est le cas de Ceratizit qui a un objectif net zero pour 2030, chez qui nous avons installé un immense carport solaire il y a 3 ans. Idem chez Eurofoil dont le patron m’a expliqué qu’il souhaitait montrer l’exemple avec une approche responsable en plaçant des panneaux sur le toit. Je peux encore citer Streff et la Brasserie Nationale parmi tant d’autres. Il faut vraiment penser sur le long terme et aux nombreux espaces perdus qui peuvent être rentabilisés pour le bien-être de la planète. »

Des investissements, certes onéreux à la base, mais qui s’amortissent assez rapidement. Sans oublier l’électromobilité. « C’est un double challenge facilement gérable. Bien équipées, les entreprises peuvent proposer une solution de recharge tout en produisant leur propre électricité verte. C’est une question de cohérence. Si on continue à charger sa voiture avec de l’électricité venue d’Allemagne, ça n’a pas de sens. Nous apportons des solutions. Il y a une véritable volonté de réaliser de grandes installations au lieu d’y aller progressivement. »

Le carport solaire de Ceratizit
Le carport solaire de Ceratizit - ©Enerdeal

Quid de l’augmentation des prix de l’électricité ? « Le solaire n’est pas la seule solution, elle fait partie d’un ensemble. Son grand intérêt, c’est que la technologie peut être installée en un an, contrairement à l’éolien par exemple, qui peut prendre jusqu’à 10 ans. C’est une technologie extrêmement fiable et ultra maîtrisée. Il n’y a aucune technologie au monde qui a un temps de retour énergétique aussi rapide. Comme tout le monde a des voitures ou des parkings, il faut franchir le pas sans hésiter. »

Et François Neu de reprendre les propos de Bertrand Piccard, patron de la fondation Solar Impulse. « Plutôt que de faire peur aux gens, il faut mettre en avant les impacts positifs, l’économie d’énergie et le confort d’utilisation. Ce qui est important, c’est de donner confiance aux investisseurs. Le gouvernement luxembourgeois est proactif dans le secteur et c’est une bonne chose. Maintenant, il peut encore aller plus loin. Je prends l’exemple de la Belgique, et plus particulièrement de la Flandre. Cette dernière oblige toutes les entreprises qui ont des toits de plus de 2.500 m2 et qui consomment plus de 1.000 MWh par an, de s’équiper en solaire pour juin 2025, sinon ce sont des fortes amendes. »

La toiture et la façade solaire de Streff (Windhof)
La toiture et la façade solaire de Streff (Windhof) - ©Enerdeal

La logique de l’exemplarité est importante aux yeux de François Neu. « Même si les grands groupes ont plus de moyens, c’est important qu’ils montrent l’exemple en consommant une énergie moins chère et propre. Il faut que cela devienne une évidence. Surtout si on intègre le facteur de l’électromobilité. Chez Enerdeal, tous nos collaborateurs roulent en voiture full électrique. Nous avons installé une grosse batterie sur le parking avec des bornes de recharge et du solaire. Bilan, nous sommes totalement autonomes et net zero emission. Personnellement, j’ai une moyenne annuelle de 50.000 kilomètres et tout fonctionne à merveille. »

Et François Neu de conclure en invitant chacun à apporter sa petite pierre à l’édifice. « Un panneau solaire à Luxembourg permet de produire l’énergie nécessaire pour parcourir 1.000 km par an. En moyenne, les gens roulent 15.000 km par an. Ça veut dire que sur une maison, si vous mettez 15 panneaux solaires, vous êtes net zéro. Vous produisez autant d’énergie que ce que vous consommez. Vous allez sauver le monde avec ça ? Non ! Mais si un million de personnes le font, c’est déjà substantiel. »

Sébastien Yernaux
Photos : Enerdeal

Wiltz en transition : engagement communal et citoyen
Wiltz en transition : engagement communal et citoyen

Suivant la définition du dictionnaire Larousse, la transition désigne le « passage d’un état à un autre ». Qu’en est-il de ce passage au niveau des modes de consommation entre résistance au changement et nécessité d’évoluer au Luxembourg ? Et plus précisément à Wiltz, hotspot de l’économie circulaire du Grand-Duché de Luxembourg ?

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Wiltz en transition

Depuis plus de 10 ans, la commune de Wiltz s’engage activement dans des projets promouvant des modes de consommation et de fonctionnement plus respectueux de l’environnement et des ressources. Parmi ces initiatives, les magasins Re-Naissance et KlimBim se distinguent particulièrement. Depuis une petite décennie, ils remettent en état des meubles, vêtements et autres produits de consommation pour leur offrir une deuxième vie.

Deux autres initiatives à souligner particulièrement misent sur l’implication active des citoyens dans la transition.

Transition énergétique à Wiltz – une coopérative énergétique ouvre ses portes à la population

Wiltz franchit une étape cruciale vers un avenir énergétique plus durable avec la création de l’Energie Coopérative Wooltz, abréviée EnCoWo. Fondée le 11 octobre 2022 sous l’impulsion de la commune, cette coopérative vise à dynamiser la production d’énergie durable et à encourager l’utilisation des énergies renouvelables au sein de la communauté.

Cette transition énergétique est d’autant plus significative qu’elle fait écho à la tendance observée dans le secteur automobile luxembourgeois : le passage aux véhicules électriques. Selon le STATEC, le nombre de nouvelles immatriculations de véhicules électriques et hybrides a explosé entre 2020 et 2023 (+26%), tandis que l’immatriculation des voitures thermiques a diminué de 25%.

Wiltz s’est engagée dans la voie de l’auto-approvisionnement énergétique en exploitant des ressources telles que l’énergie solaire et la biomasse. Avec la naissance d’EnCoWo, la commune ambitionne de renforcer davantage cette autonomie énergétique tout en impliquant activement ses citoyens.

Les membres fondateurs d'EnCoWo
Les membres fondateurs d’EnCoWo - ©Wiltz

En coopération avec Energiepark Réiden, spécialiste dans les projets liés aux énergies renouvelables, le concept d’EnCoWo a été pensé de façon à encourager la participation directe des habitants de la commune. Tout résident du Luxembourg peut devenir coopérateur en acquérant des parts de cette coopérative. Cette participation offre non seulement un droit de vote dans les décisions relatives aux projets énergétiques, mais confère également des avantages économiques. En effet, les membres peuvent bénéficier de distributions de futurs dividendes, contribuant ainsi à couvrir une partie de leurs dépenses énergétiques personnelles.

EnCoWo offre une alternative innovante aux citoyens qui souhaitent contribuer à la production d’électricité verte locale, même sans la possibilité d’installer des panneaux solaires chez eux. La coopérative permet d’investir dans deux installations photovoltaïques majeures d’une puissance totale de 129,2 kW, situées sur les toits de bâtiments communaux.

En devenant co-exploitant de ces installations par l’achat de parts, les citoyens soutiennent activement la production d’énergie solaire tout en bénéficiant d’une implication directe dans la transition énergétique de la commune.

Si vous souhaitez devenir partie prenante de cette transition énergétique, vous trouverez les informations nécessaires sur le site de la commune de Wiltz. C’est une opportunité unique de participer activement dans le choix des projets énergétiques et d’investir dans un avenir éco-responsable.

Alternatives à la consommation : anti-gaspillage et partage des biens au cœur des activités de Transition Nord

La transition énergétique à Wiltz n’est pas le seul mouvement impulsé par les citoyens pour créer un avenir plus durable. L’association Transition Nord se distingue comme fer de lance dans le Nord du Luxembourg pour le développement participatif d’initiatives écologiques.

Créée en 2016, cette association regroupe des citoyens engagés, œuvrant pour la transition écologique dans la région. Après le lancement du programme « Reconomy Wiltz » en 2019, porté par la commune de Wiltz, le CELL et le Ministère de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité, Transition Nord s’est engagée à pérenniser et à développer ces initiatives citoyennes dans les domaines de la durabilité, de l’environnement et de la cohésion sociale.

La collaboration entre la commune et Transition Nord se matérialise à travers une convention qui inclut un volet financier et logistique. La commune apporte son soutien financier et met à disposition des ressources telles que des locaux et du matériel. Ceci permet à l’association de piloter notamment les projets suivants :

  • Le « Kreeslafschaf » ou « Kascht-Näischt-Buttek » propose le dépôt et le retrait gratuit d’objets en bon état afin de leur donner une seconde vie. Cette forme élémentaire d’économie de partage lutte contre la société de consommation et elle connait un grand succès : le « Kreeslafschaf » a donné une 2e vie à plus de 33 tonnes d’articles depuis son lancement en mars 2021 !
Kreeslafschaf
Kreeslafschaf - ©Wiltz
  • L’initiative « Iessbar Stad » regroupe la mise en place et la gestion de jardins communautaires, ce qui augmente la production alimentaire en milieu urbain. Elle joue un rôle important dans la lutte contre le gaspillage alimentaire, tout en sensibilisant la communauté à cette problématique.
  • « FAIR Deelen », une autre initiative contre le gaspillage d’aliments, qui récupère et redistribue des aliments invendus dans les magasins.
  • Le « Babbelcafé » ou Café des Langues organise des rencontres mensuelles pour le luxembourgeois, le français et l’allemand, encourageant ainsi l’échange interculturel.

Ces projets soulignent l’importance du rôle des citoyens dans la transition écologique. Elles démontrent que même les actions locales peuvent avoir un impact significatif sur la durabilité de la communauté. Ainsi, Transition Nord s’affirme comme force motrice de la transition écologique dans le Nord du Luxembourg.

Les bénévoles actifs de Transition Nord
Les bénévoles actifs de Transition Nord - ©Wiltz

Texte et photos de la Commune de Wiltz

À gauche, Monique Smit-Thijs, Bourgmestre de Bertrange et à droite, Anouk Hilger, Head of Renewable Energies
Bertrange et Enovos partenaires du premier PPA vert local au Luxembourg

Au travers d’un partenariat inédit, Enovos a électrisé la production photovoltaïque de la Commune de Bertrange. Retour sur les retombées positives d’une fructueuse collaboration incarnée par Anouk Hilger, Head of Renewable Energies, Enovos et Monique Smit-Thijs, bourgmestre de Bertrange.

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Monique Smit-Thijs détaille la genèse des projets photovoltaïques bertrangeois : « bien que la construction de l’école Beim Schlass ait été planifiée avant le pacte climat, la Commune avait déjà prévu toutes les installations techniques pour un futur raccord de panneaux photovoltaïques. Il en est de même pour le projet d’extension du Beiestack (enseignement fondamental et service d’éducation et d’accueil) débuté en 2013. Ces deux exemples démontrent que la Commune est engagée depuis de longues années à s’orienter vers des constructions innovatrices et durables ».

Au moment de finaliser cette implantation photovoltaïque, la commune cherche alors les espaces disponibles et les partenaires possibles. Après une étude de marché, elle se tourne vers Enovos pour, selon la bourgmestre, son « expertise et son expérience ».

Une première au Luxembourg

Au beau milieu de la pandémie, les équipes d’Enovos étudient les possibilités de développement de centrales de production photovoltaïque sur le site du nouveau hall de stockage, rue de Dippach dans une zone définie BEP (zone bâtiments et équipements publics). Il est décidé que la surface accueillera une installation au sol (ground mounted) ainsi qu’une autre sur la toiture. Deux autres centrales solaires sur les toits de l’école Beim Schlass et du Centre Bureck complètent la production communale.

Anouk Hilger - Responsable des énergies renouvelables chez Enovos Luxembourg
Anouk Hilger - Responsable des énergies renouvelables chez Enovos Luxembourg

Enovos Luxembourg S.A. et la Commune de Bertrange créent alors une joint-venture matérialisée par une société nommée Solarpark Bartreng S.A. Elle prend la charge de la gestion des centrales photovoltaïques. Dans ce cadre, la commune et Enovos co-investissent.

Mais la véritable originalité de cette collaboration tient dans la nature du contrat qui est une première au Grand-Duché : le Green Power Purchase Agreement, un contrat d’achat d’électricité verte. Il offre un moyen fiable de décarboner la consommation électrique et octroie à la commune l’exclusivité de l’énergie renouvelable et certifiée, produite par l’installation au sol, pour son usage direct. L’énergie électrique produite par la centrale photovoltaïque au sol dans la rue de Dippach couvre plus d’un tiers de l’énergie nécessaire pour les propres infrastructures de la commune. Le contrat qui lie les deux entités prend la forme d’un off-site PPA (PPA hors site), à savoir qu’il n’y a pas de livraison physique de l’énergie. Tout transite par le réseau.

Anouk Hilger indique que c’est le fournisseur qui gère les flux entre la consommation des bâtiments communaux et la production au quart d’heure près. Il veille à la balance entre ce qui est produit et ce qui est consommé, et par conséquent fournit l’électricité résiduelle ou vend le surplus de la production en fonction des fluctuations des conditions météorologiques.

Un modèle lumineux prêt à faire des émules

Anouk Hilger et Monique Smit-Thijs s’accordent à souligner que ce type de partenariat stimule la transition énergétique notamment parce qu’il « sécurise la planification et l’investissement. D’une part, il garantit la disponibilité et l’origine de l’électricité verte ainsi que la stabilité de son prix, d’autre part il permet de financer des nouvelles centrales de production d’énergie renouvelable dans un contexte de forte demande ».

Centrale photovoltäique au sol, rue de Dippach
Centrale photovoltäique au sol, rue de Dippach - Commmune de Bertrange

Enovos est responsable de l’exploitation et de la maintenance des installations tandis que l’entretien du terrain est tenu par la Commune en collaboration avec le syndicat SICONA (syndicat intercommunal pour la conservation de la nature). Un schéma idéal pour que le montage des panneaux soit englobé dans une large régénération environnementale. Une philosophie partagée par les deux parties.

Pour preuve, le pâturage extensif par des moutons, déjà à l’œuvre sur la structure photovoltaïque pilotée par Enovos à Junglinster, maintient la biodiversité autour du nouveau bâtiment de stockage et améliore le bilan carbone par une limitation des transports de matériaux et le remplacement des engins motorisés.

Comme le spécifie la commune : la végétalisation du site photovoltaïque se fait par « un mélange de semences certifiées et de haute qualité composé de plantes sauvages de nos régions ».

Outre la reconstitution du biotope, Enovos place la durabilité au centre de la question énergétique. La combinaison gagnante : renouvelable et durable.

En ce sens, le fournisseur d’électricité est vigilant à conserver un espacement cohérent entre les panneaux alors que des lignes rapprochées accroîtraient la productivité mais empêcherait le développement de la végétation et la vitalité des sols. Dans le même but, il utilise des panneaux bifaciaux dont le dessous en verre translucide dispense une lumière diffuse qui a pour autre vertu d’amplifier le rendement, « entre 5 et 10% de gain de production » selon Anouk Hilger.

Dans un avenir proche, Bertrange entend poursuivre sa mue énergétique, soutenue par un mécanisme économique probant et rassurant : « il est prévu d’équiper encore davantage de bâtiments communaux par des panneaux photovoltaïques. Une analyse des bâtiments existants a déjà été réalisée. »

Ce même modèle prototype est amené à se dupliquer à d’autres communes de plus en plus désireuses de trouver des solutions solides et pérennes à une problématique énergétique étayée par des inflations conjoncturelles comme structurelles.

Enovos finalise déjà des études à travers tout le pays et d’autres installations novatrices verront prochainement la lucrative lumière du jour.

Par Sébastien Michel
Photos : Commune de Bertrange / Fanny Krackenberger
Légende photo : à gauche, Monique Smit-Thijs, Bourgmestre de Bertrange et à droite, Anouk Hilger, Head of Renewable Energies


La production d’électricité verte de Bertrange en chiffres

Centre Bureck

La première installation bertrangeoise

  • Capacité à l’installation : 22,57 kWp (kiloWatt-peak – puissance continue en conditions standards de production)
  • Production annuelle estimée : 23,1 MWh qui alimentent environ 6 ménages

Toiture du Hall de stockage

  • Capacité : 30 kWp
  • Production annuelle estimée : 30,8 MWh, ce qui équivaut à 8 foyers

École Beim Schlass

  • Capacité : 149,96 kWp
  • Production annuelle estimée : 142,5 MWh, équivalent à 36 ménages

Installation au sol Hall de stockage

La dernière des installations photovoltaïques

  • Capacité : 997, 92 kWp
  • Production annuelle estimée : 1.097,7 MWh, l’équivalent de 274 foyers

Au total sur l’ensemble des installations de Bertrange

Les 4 centrales de la commune produisent annuellement 1,29 GWh. Elles économisent 576 tonnes de CO2 équivalent et permettent d’alimenter 324 foyers.

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Décarboner la construction, c'est possible
Décarboner la construction, c’est possible

Pour s’inscrire dans le Green Deal et les objectifs européens de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030 et de neutralité carbone d’ici 2050, le secteur de la construction a entamé une mutation qui touche tant les entreprises que les projets, et les engage à plus de responsabilité et de résilience.

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Interview de Bruno Renders, administrateur directeur général de l’écosystème CDEC et de l’IFSB.

Comment décarboner le secteur de la construction ?

Il convient tout d’abord d’avoir une vue holistique du cycle de vie d’un bâtiment. On doit considérer toutes les phases de la vie d’un bâtiment pour identifier tous les leviers possibles. Sachant que 60 % de l’impact des bâtiments est lié à leur construction et les 40 % restants à leur utilisation et à leur déconstruction, installer des pompes à chaleur et des panneaux photovoltaïques partout est quelque peu réducteur.

Il convient également de combiner cette approche holistique du cycle de vie en intégrant les éléments relevant de la construction de bâtiments neufs mais également de la rénovation des bâtiments existants. Cette approche combinée est en effet la seule qui permettra d’atteindre les objectifs stratégiques devant nous. Une approche intégrant le bénéfice d’usage des bâtiments (neufs et existants), au bénéfice carbone des opérations constructives et à leur rationalité économique est en effet une vision pertinente de la manière dont nous devons aborder l’acte de construire et de rénover.


D’abord, il faut s’intéresser à la rénovation. Dans l’Union européenne, on dénombre environ 35 millions de bâtiments, dont 75 % sont aujourd’hui des passoires énergétiques. 50 % de ces bâtiments qui seront nécessaires pour absorber nos besoins en 2050 sont déjà construits. Notre approche sur la rénovation et l’assainissement énergétique de l’existant montre un taux de rénovation actuel inférieur à 0,7 % là où l’ambition du Green Deal est de passer à 3 %.

L’initiative Renovation Wave qui porte, à ce titre, très bien son nom, fait suite à l’annonce du pacte vert pour l’Europe qui vise à établir une feuille de route pour rendre l’économie de l’Union européenne durable et en conformité avec l’atteinte de nos objectifs climatiques en y intégrant un véritable plan stratégique de rénovation.


« La législation est parfois, malheureusement, un frein quand elle ne permet pas d’être agile. »

Bruno Renders, administrateur directeur général de l’écosystème CDEC et de l’IFSB

Cette approche stratégique de la rénovation suppose également une approche systémique de la rénovation.

Rénover, ce n’est pas seulement faire d’une passoire énergétique un bâtiment performant. C’est entre autres :

  • améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments existants,
  • refonctionnaliser un bâtiment existant ou changer son affectation (de bureaux en logements, ou inversement) encore appelée réversibilité des bâtiments,
  • densifier le bâti existant en agrandissant ses surfaces (par exemple en le dotant d’étages supplémentaires, en réaffectant des zones bâties à d’autres usages),
  • industrialiser la rénovation.

Tout cela présuppose une législation adaptée, des solutions techniques et des compétences.
Le processus de rénovation peut être industrialisé. C’est tout le sens et l’intérêt du projet EnergySprong, qui s’est traduit dans la maison CDEC par le projet E=0 et qui consiste à « emballer » (wrapping a building), en quelques jours à peine, un bâtiment avec des éléments préfabriqués qui intègrent isolation et menuiseries extérieures.

Les moyens utilisés pour rénover ont également leur importance : employer des matériaux carbonés pour rénover et assainir énergétiquement un bâtiment est un non-sens parce qu’on rajoutera du carbone là où on essaie d’en enlever. Il existe une série de solutions techniques transversales, comme l’utilisation des matériaux biosourcés, qui concernent aussi bien la rénovation que le neuf. Qu’en est-il du neuf ?

Il faut appliquer le principe des 4 R : Repenser, Réduire, Réutiliser, Recycler.

Repenser, cela peut signifier fonctionner autrement, par exemple en attribuant des fonctions multiples aux bâtiments ou en partageant les infrastructures dans une optique d’économie collaborative.

En phase de construction, c’est passer d’une logique de façonnage à une logique d’assemblage d’éléments préfabriqués hors-site, sur le modèle de l’industrie automobile. Cela permet de gagner en efficacité, en temps, de réduire les déchets et les transports - voire de déphaser les transports -, et de moins subir l’impact des conditions climatiques de travail et donc de gagner en efficacité et en efficience. Toutes les entreprises ne sont pas encore aptes à faire de l’assemblage, mais elles peuvent le devenir à travers la formation, raison pour laquelle l’IFSB propose déjà des formations en ce sens.
Il faut innover à toutes les échelles – la planète, l’Europe, le pays, le secteur, l’entreprise, le projet – et adopter une vision holistique et systémique.

Au sein de l’écosystème CDEC, on parle beaucoup de construction 4.0, par analogie avec l’industrie 4.0, et de construction éco-circulaire…

Notre approche est une approche intégrée faisant la part belle à la décarbonation et à la circularité autant qu’à des approches managériales plus résilientes. Notre approche de la circularité repose sur deux sous-ensembles, les Green Tech et la construction 4.0.

La construction 4.0 peut recourir à des drones, à des robots, à l’impression 3D, à la digitalisation, au BIM, etc. Elle vise à mieux encadrer l’acte de construire / rénover par une vision plus industrialisée plus liée à l’assemblage de solutions constructives multifonctionnelles. La construction 4.0 doit également contribuer à mettre en œuvre des Green Tech ou nature-based technologies telles que des matériaux d’isolation ou de structure biosourcés, une approche plus végétalisée de l’aménagement de nos espaces construits ou encore des serres de toiture. La serre urbaine FRESH, d’une superficie de 380 m2 et d’un volume de 2.700 m3, est connectée au bâtiment et doit permettre d’économiser 45 t de CO2 par an en réutilisant la chaleur résiduelle et le CO2 émis par le bâtiment de l’IFSB.

La construction 4.0 est également liée à la construction hors-site et à l’assemblage. Il y a 10 ans, par exemple, nous avons intégré, dans le bâtiment Neobuild, un prémur en béton avec un isolant sous vide, sur lequel pourraient être ajoutés, aujourd’hui, des panneaux de façade photovoltaïques. Nous aurions ainsi un ensemble constructif multifonctionnel, statique, esthétique, isolé et actif du point de vue énergétique.

Parler de construction 4.0, c’est aussi parler des fonctions nobles des bâtiments. Les bâtiments, regroupés à l’échelle du quartier, peuvent être de véritables plateformes technologiques regroupant différents usages : production d’électricité via des panneaux photovoltaïques en toiture ou en façade, capture du carbone à travers des micro-forêts, des façades et toitures végétalisés ou la culture de micro-algues, production de fruits et légumes en circuit court dans des serres urbaines qui récupèrent la chaleur perdue par les toits, dépolluent l’air ambiant, améliorent la qualité de vie en ville, etc.

Une piste pour construire de manière éco-circulaire est de considérer les déchets comme des ressources. Nous travaillons sur un projet, avec des partenaires luxembourgeois, qui consiste à récolter la biomasse émise par les humains pour en retirer l’énergie thermique via un processus de biométhanisation et la distribuer dans un réseau de biogaz urbain. Il vise également à récupérer la fraction liquide de ces effluents pour en faire de l’eau circulaire, non potable. Mais, encore une fois, cela présuppose qu’il y ait des connaissances techniques, des formations pour la diffuser et que la réglementation autorise la mise en œuvre de tels concepts. La législation est parfois, malheureusement, un frein quand elle ne permet pas d’être agile. Nous travaillons sur ce point dans le cadre de la stratégie de décarbonation établie par le Conseil national de la construction durable (CNCD).

Que pensez-vous de la taxonomie ?

Si les termes Renovation Wave et Green Deal ont le mérite de clarifier sa compréhension, voire son acceptation, le mot taxonomie peut paraître plutôt barbare. Toutefois, les objectifs liés à la taxonomie, au reporting extra-financier des organisations ainsi qu’à l’application de la directive CSRD vont clairement dans la bonne direction tout en satisfaisant le climatoptimiste que je suis.

En effet, nous publions un rapport de développement durable et un bilan carbone depuis plus de 15 ans. Je vois donc la taxonomie et la CSRD d’un œil très positif. C’est la première fois que, dans des textes réglementaires européens, on met en place un système structurant d’évaluation des entreprises qui ne repose pas uniquement sur le quantitatif financier mais aussi sur un qualitatif climatique et/ou environnemental. L’évaluation qu’on fait d’une organisation, d’une entreprise reste aujourd’hui purement comptable et financière. La taxonomie montre la volonté de l’Union européenne d’orienter la finance vers une logique plus verte, mais tout aussi performante, qui combine la notion de rentabilité économique et celle de rentabilité environnementale. Une approche de comptabilité double économique et carbone est donc une approche progressiste pour faire évoluer les secteurs et les entreprises plutôt que de sans cesse pratiquer une course à la marge. Même si la période sectorielle que nous vivons est critique, ne dit-on pas, pour paraphraser Darwin, que celui qui sort gagnant de la crise est celui qui est le plus agile, le plus anticipatif, le plus en transition et qui capitalise sur demain plutôt que sur hier. Elle donne la possibilité aux entreprises de valoriser leurs efforts et leurs engagements en faveur des objectifs de développement durable.

Mélanie Trélat
Photo : Fanny Krackenberger

L'environnement photovoltaïque, l'opportunité de restaurer et régénérer
L’environnement photovoltaïque, l’opportunité de restaurer et régénérer

L’installation de panneaux photovoltaïques est une occasion à saisir pour penser un aménagement valorisé entre énergie et nature : végétalisation ou agrivoltaïsme favorisant le retour de la biodiversité, l’efficacité thermique des constructions, la rétention de l’eau dans les sols et leur revitalisation, etc. Une transition démultipliée.

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Le rôle d’un système photovoltaïque ne doit plus se restreindre à sa seule production d’électricité verte. D’ailleurs, pour que son appellation « verte » repose sur une pleine honnêteté, l’installation a le devoir d’apporter tous les bienfaits environnementaux qui sont à sa portée. Pour qu’il soit vert, le panneau photovoltaïque doit verdir et reverdir.

L’implantation solaire photovoltaïque est capable de jeter les bases de nouveaux écosystèmes régénérateurs

Il est nécessaire de ne plus penser la fonction d’un segment de transition de manière unilatérale, mais au contraire, comme une incitation à en améliorer plusieurs. Et le plus grand nombre possible. Dans le cas présent, la transition énergétique combine la transition environnementale, la transition agricole, la préservation des ressources et la transition alimentaire.

Les toits verts

Pour les particuliers, les administrations communales comme les entreprises, la décision d’implanter des panneaux donne la possibilité de végétaliser les bâtiments et leurs proches alentours. Les toits biosolaires sont de plus en plus présents dans le paysage du secteur de la construction.

Dernier exemple d’envergure en date, le toit vert du futur vélodrome de Mondorf-les-Bains. La toiture de centre sportif sera recouverte de 2.500 panneaux photovoltaïques et végétalisée dans le même temps. Il est prévu que la végétation du site rejoigne celle des toitures vertes inclinées comme un prolongement naturel optimisant la gestion des eaux pluviales.

Ainsi, les aménagements organiques réduisent le ruissellement des eaux de pluies et par la même, soutiennent un meilleur stockage de la précieuse ressource. Lors des fortes intempéries, elles réduisent l’impact des inondations qui sont en constante recrudescence en Europe du Nord.

Dernier rempart thermique

Tout comme les inondations, les fortes canicules deviennent monnaie courante. Les espaces minéraux et les surfaces brutes sont des îlots de chaleur qui provoquent un effet de dôme thermique et emprisonnent la chaleur. À l’image de la planification urbaine, la planification des énergies renouvelables revue, corrigée et végétalisée luttera contre les effets des fortes températures avec les répercussions que l’on sait sur la santé.

L’écoquartier Wunne mat der Wooltz à Wiltz incarne cette nouvelle approche structurée. Les bâtiments intelligents à énergie positive seront surplombés par des panneaux photovoltaïques et l’énergie solaire sera stockée de façon inter-saisonnière. Cette inventivité énergétique sera couplée à une végétalisation des toitures vacantes de panneaux, notamment pour la purification de l’air, un autre présent de la généreuse nature.

La végétalisation présente également un avantage de rentabilité. En effet, elle refroidit les panneaux grâce à l’évapotranspiration adjugeant une hausse de la performance énergétique de 3 à 5%*.

Richesse des sols, de la flore et de la faune

Pour le fournisseur d’électricité luxembourgeois Enovos, la stratégie d’implantation des énergies renouvelables s’accompagne depuis toujours d’une philosophie de restauration et de régénération environnementales.

Anouk Hilger, Head of Renewables Energies d’Enovos prend en exemple la nouvelle centrale au sol de la Commune de Bertrange. Ses équipes travaillent avec SICONA, le syndicat intercommunal pour la préservation de la nature, afin de revitaliser la biodiversité d’un terrain technique communal. Sont ainsi sélectionnées les essences d’arbres, d’arbustes et les semences de plantes sauvages les plus adaptées à la région et qui seront plantées sur un sol précédemment neutre.

L’accent sera notamment mis sur la plantation des haies qui sont bien évidemment les meilleurs refuges de la petite faune.

Anouk Hilger veut étendre ses réflexions à la nutrition et à l’enrichissement des sols. Les surfaces mises à la disposition du département des énergies renouvelables sont bien souvent des zones délaissées comme des friches industrielles, des terrains vagues, etc. Leurs sols se sont graduellement dégradés au fil du temps, de leur ancienne activité, de leur pollution ou de leur érosion. L’entreprise entend creuser le sujet pour lutter contre cet appauvrissement croissant des terres.

Donc, pour Enovos, la gestion du parc solaire est désormais réfléchie à l’aune de la biodiversité, des habitats pour les pollinisateurs, les oiseaux et l’ensemble de la faune luxembourgeoise. Mais aussi de la ferme…

Centrales agrivoltaïques

À Junglinster, Enovos a intégré le pâturage par moutons au déploiement des infrastructures photovoltaïques. Une gestion raisonnée incluant l’absence périodique des caprinés assure le développement de la végétation et le respect des floraisons à l’instar de toute bonne prairie entretenue.

De surcroît, la cohabitation des animaux, des bergers et des panneaux transforme une agriculture intensive en agriculture extensive et accorde aux agriculteurs des revenus supplémentaires. Le système étagé est reconnu pour bénéficier à la culture des fruits et aux élevages de volailles ou ovins.

Toutefois, la Chambre d’Agriculture du Luxembourg estime que l’agrivoltaïsme, agrivoltaïque ou Agri-PV ne saurait se résumer à de « simples solutions d’entretien naturel, sans objectif ou valeur ajoutée agricoles et que cela ne doit pas justifier de détourner les terres d’une exploitation agricole plus intensive. »

Enfin, la serre photovoltaïque est un autre débouché pour l’exploitation agricole ou le maraîchage. La production locale d’énergie est alors à même de contribuer à l’émergence ou le renforcement de la production locale, arboricole, viticole voire horticole. Les cellules photovoltaïques catalysent les cellules grises.

Par Sébastien Michel
Photos d’illustration : Moutons paissant sous les panneaux photovoltaïques à Betzdorf


* Étude Cavadini – Cook : Green and cool roof choices integrated into rooftop solar energy modelling – 2021

Andrew Ferrone, président de l'Oservatoire de la Politique Climatique au Luxembourg
« Se tourner vers des solutions basées sur la nature »

Il va falloir s’acclimater à un nouvel environnement. Plus vite qu’on ne le croit. Andrew Ferrone, président de l’Observatoire de la politique climatique du Luxembourg (OPC) nous explique comment. Faisons avec lui, un tour dans le futur.

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D’ici 20 ou 30 ans, à quoi ressemblera le climat du Luxembourg ?

Il faut d’abord regarder en arrière avant de faire des projections. On analyse toujours des périodes de 30 ans selon l’Organisation météorologique mondiale pour éviter des conclusions basées sur la variabilité naturelle à court terme. Les 30 dernières années ont été au Luxembourg de +1,5°C au-dessus de la moyenne préindustrielle. Cette tendance va se poursuivre au moins pendant les 30 prochaines années. La tendance s’infléchira une fois la neutralité climatique atteinte au niveau global, c’est-à-dire quand les émissions de gaz à effet de serre seront compensées par des retraits de CO2 dans l’atmosphère.

D’après les rapports du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), 2050 pourrait être la première année de neutralité climatique. Alors, la température globale se stabiliserait à +1,5°C, mais au Luxembourg, elle va dépasser les 2°C car les terres se réchauffent plus rapidement.

Au niveau précipitations, sur l’ensemble d’une année, nous n’observons pas de changements significatifs. En revanche, on remarque des printemps plus secs tandis que sur les 60 dernières années, les hivers sont plus arrosés. Mais ce qui est surtout marquant, c’est la recrudescence au Luxembourg comme en Europe des événements de précipitations fortes, voire extrêmes, tels les flash floods. On s’attend à ce que le changement climatique intensifie ces épisodes, car plus l’air est chaud, plus il peut contenir d’humidité.

Comment s’adapter à ces changements climatiques locaux ?

L’adaptation au changement climatique est idéalement liée à son atténuation. C’est pour cela que l’OPC prône une logique de développement durable, donc, prendre des décisions qui servent d’une part à s’adapter au changement climatique et d’autre part à l’atténuer tout en travaillant d’autres objectifs de développement durable (ODD).

Dans cette optique, un des problèmes déjà présents au Luxembourg, c’est l’augmentation des jours avec de fortes chaleurs. Dans les derniers 60 ans, ils ont doublé au Grand-Duché. Il y a des prévisions de ces chaleurs, donc les alertes sont possibles. Ces dernières sont primordiales pour informer la population d’une canicule et lui permettre de s’y préparer avec les bons gestes, comme s’hydrater ou éviter les efforts physiques aux heures les plus chaudes.

Ensuite, si les bâtiments se réchauffent trop, le corps humain génère alors un stress. Certaines solutions existent, comme amener la verdure à proximité de la construction, sur son toit et même sur ses façades. Cela a pour effet de réduire la chaleur à l’intérieur de la bâtisse mais également de capter du CO2.

Ainsi, les planifications de la ville sont très importantes. Il faut s’écarter des espaces entièrement bétonnés et minéraux. Ils se réchauffent beaucoup plus rapidement que les espaces verts. Il faut donc installer des espaces verts mais aussi des espaces bleus, tout ce qui peut favoriser l’eau à l’intérieur de l’enceinte urbaine.

Le parfait exemple de « maladaptation au changement climatique », c’est l’air conditionné. S’il permet de diminuer la température intérieure, il est très énergivore. Même si cette énergie est produite à partir d’énergies renouvelables, elle manquera à d’autres énergies prioritaires.

Il faut vivre avec la nature, repenser notre rapport avec elle et s’appuyer sur ses forces pour définir les solutions. L’OPC espère que le gouvernement suivra cette voie et mettra en place de telles mesures.

L’agriculture est en première ligne face à tous ces bouleversements. De quelle manière devra-t-elle s’acclimater ?

Les sécheresses seront le problème agricole majeur. Au Luxembourg, on constate leur intensification. Les plantes transpirent plus et consomment alors davantage d’eau dans les sols. Ces derniers s’assèchent donc bien plus rapidement qu’il y a 60 ans.

L’agroforesterie est une piste intéressante à suivre. Comme pour la végétalisation urbaine, l’eau est retenue dans les sols, ce qui rejaillit sur le développement des plantes agricoles. De plus, l’agroforesterie absorbe le CO2, favorise une meilleure biodiversité dans les champs et de fait enrichit les sols. En cas de sécheresse, l’agroforesterie en polyculture accroît ses rendements par rapport à des monocultures.

Une autre piste, moins connue : le photovoltaïque agricole. Il est démontré que les panneaux permettent de diminuer les effets de la sécheresse et dans le même temps de produire de l’électricité renouvelable que les agriculteurs peuvent vendre à des prix avantageux.

On peut utiliser ces pistes pour sortir du mode de culture actuel et aller vers une culture plus respectueuse de la nature, de la biodiversité et vers plus de diversité en général.

Pour suivre cette voie, faut-il alors envisager de renouveler les productions agricoles ?

La production agricole doit toujours s’adapter aux changements climatiques. C’est aussi vrai pour le secteur agricole luxembourgeois, fortement basé sur la production laitière.

Il est clair qu’on ne peut continuer de la sorte dans le futur, en raison des émissions de gaz à effet de serre émises par les bovins, mais aussi d’autres facteurs environnementaux comme les nitrates qui polluent les eaux de surface et les eaux souterraines. Nous avons besoin d’un nouveau cap : un développement durable résilient au changement climatique avec des solutions environnementales.

L’Observatoire de la politique climatique considère donc d’utiliser la nature comme structure de la transition climatique ?

La politique comme les intérêts économiques ont des visions à court terme. Or, il faut insister et communiquer sur ce point : le changement climatique, c’est à long terme. Ce sont des périodes de 30 ans et plus sur lesquelles il faut planifier l’adaptation. Ce sont les réponses fondées sur la nature qui seront les plus efficaces sur cette projection au long cours.

Au début de l’entretien, j’ai parlé de 2050, mais rien ne garantit que les émissions soient vraiment au net zéro CO2 à ce stade. J’ai donc présenté un scénario très optimiste. Pour le moment, on est plutôt sur une trajectoire de plus 3°C en 2100. Dans ce scenario, le GIEC conclut que les limites de l’adaptation seront atteintes dans une grande partie des pays.

Dans cette vision plus globale, doit-on prendre en compte les transitions comportementales et sociétales ?

C’est quelque chose de primordial et un peu négligé pour l’instant. Nous ne sommes pas tous égaux face au dérèglement climatique. Il y quelques idées dans le Plan national énergie climat (PNEC) et une nouvelle version de la stratégie d’adaptation au changement climatique sera présentée par le gouvernement cette année. On espère et nous poussons pour de vrais changements de comportements dans cette stratégie.

Le GIEC a établi qu’il n’est pas possible d’atteindre la neutralité climatique sans changement de comportements. Les solutions techniques ne suffisent pas.

À l’échelle planétaire, quelles zones sont les plus exposées et que faut-il envisager pour réagir à la crise climatique ?

Le GIEC estime qu’entre 3,3 milliards et 3,6 milliards de personnes habitent des zones très vulnérables aux changements climatiques. Les changements impacteront principalement les pays en voie de développement, d’une part pour des raisons géographiques, d’autre part par manque de moyens financiers.

Le groupe d’experts considère qu’il existe déjà des réfugiés climatiques mais qu’il est pour l’instant impossible d’en faire une estimation sans statut officiel défini.

Il faut savoir que l’adaptation ne peut réussir sans une très forte mitigation. Si nous dépassons les + 1,5°C, certaines mesures fondées sur la nature seront inopérantes. Au-dessus de 2°C, les limites d’adaptation seront compromises. Si on n’est pas très ambitieux au niveau de l’atténuation, on parviendra aux limites de l’adaptation. Les deux sont indissociables et réciproques dans le défi climatique global.

Propos recueillis par Sébastien Michel
Photos : Fanny Krackenberger

La biodiversité pour renforcer la forêt
La biodiversité pour renforcer la forêt

Changer les mentalités n’est pas toujours évident. Chez natur&ëmwelt, on essaie de convaincre les propriétaires forestiers de transformer leurs terrains uniquement recouverts d’épicéas, en des sites accueillant différentes essences d’arbres, qui rendront leurs forêts plus résilientes face au changement climatique et aux attaques des insectes.

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Plus d’un tiers de la surface du Luxembourg est couverte de forêt, ce qui correspond à presque 90.000 hectares. 55 % appartiennent à des propriétaires privés. « À la Fondation Hëllef fir d’Natur de natur&ëmwelt, nous gérons la forêt de manière à ce que nous puissions accompagner la nature et non la contraindre à se développer selon nos désirs », explique Patrick Losch, président de la Fondation de natur&ëmwelt. « C’est notre philosophie de base, qui est partie de la direction après une longue réflexion. »

En effet, par le passé, les écologistes voulaient laisser les forêts en évolution libre et les propriétaires privés appliquaient davantage une gestion industrielle. « À l’époque, les propriétaires privés étaient principalement focalisés sur les conifères. Le but était de produire un maximum de bois. L’aspect économique primait. Les tempêtes des années 90 nous ont rappelés à l’ordre en mettant en avant le fait que ces monocultures n’étaient pas très stables et encore moins adaptées à nos terrains. »
Il a donc fallu convaincre les nombreux propriétaires privés de quitter cette gestion, à première vue lucrative mais risquée , pour arriver à une belle diversité sur leurs terrains servant à augmenter la résilience de leurs forêts. « Le changement climatique nous a aidés dans cette démarche, car il a un impact important sur les forêts. Même si les faits sautaient aux yeux, nous avons tout de même été confrontés à une belle réticence au début. »

Il faut dire que le pays compte environ 14.000 propriétaires forestiers, dont les parcelles couvrent 55 % du territoire luxembourgeois. C’est donc une longue croisade pour que tout le monde adhère. « Et pourtant, le meilleur outil de résilience pour affronter des chocs, c’est la biodiversité. Une science qui est complexe à mettre en place et à maintenir. Nous avons demandé de planter – en plus des chênes –, des érables, des merisiers et plusieurs autres feuillus. L’interaction entre les différentes essences sur un terrain va rendre la forêt plus résiliente et plus stable. Grâce à de nombreuses campagnes d’information, nous parvenons progressivement à les convaincre. »

Patrick Losch, président de la fondation Hëllef fir d'Natur de natur&ëmwelt
Patrick Losch, président de la fondation Hëllef fir d’Natur de natur&ëmwelt

La Fondation de natur&ëmwelt est fort active sur le terrain. « Nous achetons régulièrement des forêts, dont les propriétaires n’ont pas les connaissances nécessaires ou pas la motivation pour les transformer. Ceux qui souhaitent poursuivre l’aventure ont la chance de profiter d’un très bon régime de subsides pour justement poursuivre la transformation avec de bonnes essences. Ces dernières permettent de mieux les entretenir au cours des longues périodes de sécheresse en été. »

Les monocultures d’épicéas sont vouées à la disparition sous nos latitudes. Le changement climatique favorise l’essor de leurs parasites qui peuvent se multiplier exponentiellement. « La défense de l’arbre est de produire plus de résine pour empêcher les insectes de percer l’écorce afin d’y pondre leurs œufs, mais les longues périodes de sécheresse et de canicule les affaiblissent au point qu’ils n’y arrivent plus. Un arbre de 80 ans peut alors mourir en seulement six semaines. C’est horrible, car une fois qu’il est attaqué, il n’y a plus d’échappatoire. »

Grâce à la biodiversité, ces risques sont limités. Alors qu’il faut 60 ans pour récolter un épicéa, on attend entre 150 et 200 ans pour un chêne. Ces différentes dimensions sont importantes pour renforcer une forêt. « Il faut maintenant que l’industrie du bois s’adapte à cette transition pour écouter les besoins de la nature. Autre challenge, contrôler les animaux. Les chevreuils et les cerfs sont friands des jeunes pousses d’arbres. Et comme on ne peut pas clôturer complètement un domaine, il faut trouver des solutions pour réguler leur reproduction. »

Le travail des membres et des employés de natur&ëmwelt est conséquent mais ils gardent leur optimisme.

Sébastien Yernaux
Photos : natur&ëmwelt

L'agroforesterie dynamique, solution durable pour sauver la filière du café
L’agroforesterie dynamique, solution durable pour sauver la filière du café

Avec près de 2,25 milliards de tasses bues par jour, le café reste l’une des boissons les plus consommées dans le monde après l’eau et le thé. Derrière la rentabilité apparente de cette filière se cache toutefois une réalité amère : la volatilité des prix du café sur le marché mondial exposent les petits producteurs de café à une grande précarité.

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A ce constat s’ajoutent les phénomènes météorologiques de plus en plus dramatiques et incertains provoqués par le dérèglement climatique, qui risquent de porter un coup sévère à la production de café à l’échelle mondiale. L’Organisation Internationale du Café (OIC) ainsi que les principaux pays producteurs estiment même une réduction de la production de 50 % d’ici 2050, si les pratiques agricoles actuelles de monocultures intensives ne sont pas modifiées rapidement.

Afin de faire face à ces multiples problématiques majeures, le Mouvement Fairtrade soutient les petits producteurs de café dans la mise en place de mesures préventives contre le dérèglement climatique, contribue à la mise en place de chaînes d’approvisionnement durables, tout en luttant contre l’extrême pauvreté à laquelle ils sont exposés. Cela se traduit d’une part via le prix minimum Fairtrade garanti, qui agit comme un filet de sécurité pour les coopératives de producteurs contre les chutes soudaines des prix, et via la prime Fairtrade, qui permet aux producteurs d’investir par exemple dans des projets de diversification de leur production. En outre, un travail intense est mené depuis quelques années pour une mise en place de revenus décents.

Des standards stricts sur le climat

Au-delà de la dimension économique, le Mouvement Fairtrade a également mis en place des standards stricts sur le climat, qui fixent des critères de prévention et d’atténuation des changements climatiques en vue de renforcer la résilience des producteurs face au dérèglement climatique. Ceux-ci adoptent des pratiques d’agriculture durables et des mesures d’adaptation au climat dans leur gestion agricole, en s’attaquant à la racine même des nombreuses problématiques de la filière, telles que la pénurie d’eau, l’érosion des sols, l’empreinte carbone et la déforestation.

L’une de ces pratiques agricoles bienveillantes et durables pour l’environnement est le projet d’agroforesterie dynamique, mis en place dans des coopératives Fairtrade au Kenya et en Éthiopie, berceaux du café.

Celle-ci consiste à intégrer des plantes nourricières et des arbres d’ombrages sur les parcelles afin de rétablir l’équilibre au sein des écosystèmes caféiers et de les rendre plus résilients.

Cette pratique implique également une association du café avec d’autres cultures vivrières, telles que les citronniers, orangers, ou encore les manguiers, permettant ainsi aux producteurs de diversifier leurs sources de revenus.

Contrairement à la monoculture intensive qui appauvrit les sols au fil des saisons, l’agroforesterie dynamique, fortement encouragée par le Mouvement Fairtrade, permet d’améliorer la teneur des sols en éléments nutritifs, et grâce à la présence d’arbres, permet également de limiter l’érosion, un facteur essentiel dans les régions caféières, souvent situées en altitude et sensibles aux glissements de terrain. Le système racinaire des arbres sur les parcelles de café favorise en outre l’infiltration de l’eau dans les sols et évite le ruissellement lors des grandes pluies. L’association d’arbres aux plantes de café retient également le dioxyde de carbone et présente des effets positifs sur la biodiversité, et notamment sur celle des d’oiseaux, essentiels dans cet écosystème pour lutter naturellement contre les ravageurs et parasites.

À travers de telles mesures, le Mouvement Fairtrade intensifie le soutien aux producteurs dans l’objectif d’améliorer leur résilience au changement climatique, de développer des activités de production plus durables et de réduire leur empreinte environnementale pour préserver cette filière du café grandement menacée. L’approche holistique de cette stratégie en matière de changement climatique est essentielle pour un système alimentaire durable, et est au cœur de la vision du Mouvement Fairtrade pour un avenir plus juste et plus équitable.

The future is fair !

Fairtrade Lëtzebuerg a.s.b.l
Photo : ©NAPP

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