Le dossier du mois

Une thématique dans chaque #DossierDuMois, avec la rédaction d’Infogreen et l’expertise de nos partenaires

Publié le 25 juillet 2016
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juillet 2016

Architecture : Lumière sur les villes

Architecture : nom féminin ; art de concevoir, de construire des édifices. Organisation de quelque chose, d’un ensemble. Bâtir et construire, mais pas seulement : concevoir un bâtiment, c’est aussi suivre le style d’une époque, respecter des contraintes techniques, tenir compte du climat…
Des choix qui montrent bien que les interventions dans les paysages urbains, au fil des époques, ne sont pas anodines et peuvent interpeller chacun d’entre nous.

Comment se créent les villes ? Comment se bâtit une capitale comme Luxembourg ?
Éléments de réponses, non exhaustifs…

Architecture : Lumière sur les villes
Lumière sur les villes (1 sur 14)
Lumière sur les villes (1 sur 14)

Architecture : nom féminin ; art de concevoir, de construire des édifices. Organisation de quelque chose, d’un ensemble. Bâtir et construire, mais pas seulement : concevoir un bâtiment, c’est aussi suivre le style d’une époque, respecter des contraintes techniques, tenir compte du climat…
Des choix qui montrent bien que les interventions dans les paysages urbains, au fil des époques, ne sont pas anodines et peuvent interpeller chacun d’entre nous.
Comment se créent les villes ? Comment se bâtit une capitale comme Luxembourg ?
Éléments de réponses, non exhaustifs…

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La conception moderne de la construction des villes, induisant des plans et des « architectes », débute dès lors que les hommes se fixent dans des lieux propices à leurs activités : l’agriculture, l’élevage et ensuite les échanges commerciaux. La ville devient alors « le » lieu qui rassemble une ou des communautés ayant des intérêts communs. Elle se développe d’abord de manière anarchique, sans plan.

Hippodamos de Milet (-400 avant J.-C.) apparaît être l’un des tout premiers planificateurs urbains. Il propose un tracé géométrique des villes, selon un plan en damier, avec des rues qui se coupent à angle droit et aux tracés orthogonaux avec des secteurs regroupant les habitants selon leur classe sociale. Les Romains s’emparent de ce modèle de cité géométrique et, en bons conquérants, l’exportent partout où ils s’installent. Ce type de trame urbaine se retrouve encore dans certaines villes actuelles.

Au Moyen Âge, les guerres et invasions amènent les habitants des cités à renforcer les enceintes des villes. La population se rassemble à l’intérieur des remparts, mais l’explosion démographique oblige les bourgs à sortir des fortifications et à se développer autour de monastères et d’abbayes fortifiés. De nombreuses villes à travers le monde se sont organisées sur ce principe de « protection », quelles que soient les cultures : la Cité interdite en Chine, la cité khmère d’Angkor...

Les nouvelles techniques de guerre mettent fin à « l’invulnérabilité des cités médiévales ». La conception de l’enceinte défensive est totalement revue avec Vauban, qui va modifier considérablement l’aspect des cités fortifiées par l’invention d’une forme nouvelle de remparts permettant d’améliorer la défense. Aux 17e et 18e siècles, un nouveau style, le style baroque, s’impose en Allemagne, dans toute l’Europe centrale, ainsi qu’en Italie, en Espagne et dans l’Amérique espagnole.

(...)

Texte : Corinne Briault
Photos : Michel Zavagno – Laurent Antonelli / Agence Blitz, Lukas Roth, Cologne pour
la Banque centrale de Luxembourg (bâtiment Monterey), Vichaya Kiatying / Angsulee

Lumière sur les villes (2 sur 14)
Lumière sur les villes (2 sur 14)

Au 19e siècle, l’accroissement de la population va entraîner de nombreux changements dans la composition des villes. Les fortifications sont souvent détruites et les villes s’étendent, avec, la plupart du temps, la constitution de quartiers ouvriers.

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L’heure de l’industrialisation

Au 19e siècle, l’accroissement de la population va entraîner de nombreux changements dans la composition des villes. Les fortifications sont souvent détruites et les villes s’étendent, avec, la plupart du temps, la constitution de quartiers ouvriers. La coupe d’un appartement parisien en 1853 montre une mixité sociale qui pourrait s’appliquer à quasi toutes les grandes villes industrialisées d’Europe : la famille du concierge au rez-de-chaussée, le couple de riches bourgeois au premier étage, les familles des classes moyennes, un peu plus haut et un peu plus à l’étroit dans les étages, les plus pauvres, les vieux, les artistes... Les conditions de vie sont épouvantables dans des villes surpeuplées, la misère et les maladies y font des ravages.

Cependant, tous ces développements et l’émergence de nouveaux moyens de transport suscitent l’apparition de formes architecturales totalement nouvelles et parfois audacieuses. Les progrès industriels conduisent à l’émergence d’architectes et de bâtisseurs qui utilisent des matériaux nouveaux : fer, fonte, acier, verre...

Au Grand-Duché, l’industrie sidérurgique modèle architecturalement le sud du pays. L’exploitation du minerai de fer - les mines - forge le visage de la région des Terres Rouges avec la multiplication de cités ouvrières, « d’Kolonie », où tous les styles de maisons voient le jour, en rangée, avec jardin, du style cottage ou encore faubourg-jardin. À partir des années 1970, avec la crise économique, les usines se séparent de la plupart des maisons et les mettent en vente. La plupart des nouveaux propriétaires les transforment, mais les anciennes cités ouvrières forment encore aujourd’hui une unité reconnaissable entre mille dans le paysage architectural.

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Luxembourg, la capitale, quant à elle, ne va pas se développer sur ce modèle. L’arrivée du chemin de fer marque un tournant décisif dans l’histoire de son développement. « En 1867, à la suite du traité de Londres qui ordonne le démantèlement de la forteresse, Luxembourg sera une ville ouverte, capitale d’un État déclaré politiquement neutre. La garnison prussienne allait quitter les lieux en septembre de l’année du traité, explique l’historien Robert Léon Philippart. Les prix de l’immobilier dégringolent et il faut trouver un nouveau moyen de développer cette ville qui n’est plus une forteresse militaire. Contrairement à Esch-sur-Alzette et Dudelange qui se sont développées grâce au minerai de fer et au charbon, Luxembourg est dépourvue de ressources naturelles, d’un port fluvial et présente une topographie accidentée. C’est alors le pouvoir politique qui va réellement inventer la capitale. Il y a à l’époque trois alternatives pour donner une nouvelle identité à la capitale luxembourgeoise : premièrement, la convertir en cité universitaire en créant une université privée à Luxembourg à installer dans les casernes du Saint-Esprit. Or, le gouvernement veut garder ces propriétés pour s’y retirer en cas d’émeutes sociales. L’université ouvrira finalement à Fribourg en Suisse. Deuxièmement, renforcer les activités industrielles et aménager une gare ferroviaire dans la ville haute, mais cette option se révèle trop coûteuse. Le gouvernement optera pour la troisième option : ouvrir la ville à l’économie internationale en recherchant des investisseurs étrangers pour s’établir sur les anciennes friches militaires et profiter d’une proximité entre les ‘pouvoirs’ : gouvernement, banques, Cour grand-ducale. Cette dernière voie est toujours en vigueur de nos jours. »

Si le démantèlement de la forteresse explique en partie la manière dont s’est façonné le visage de la capitale luxembourgeoise, les grandes expositions de la fin du 19e siècle exhibant les innovations technologiques apportent un autre éclaircissement. « Lors de l’Exposition universelle de 1867 à Paris, Tony Dutreux, commissaire du Luxembourg à cette exposition, découvre les Buttes Chaumont, explique Robert L. Philippart. Ce parc spécialement créé à l’occasion de l’exposition est agrémenté de roches artificielles, de plans d’eau, de ruisseaux, d’un kiosque, d’une grotte. Le concepteur de ce parc, l’ingénieur-paysagiste français Édouard André, sera appelé à Luxembourg pour dessiner les plans de la future capitale luxembourgeoise, qui disposera ainsi d’un grand parc central, de ceintures et différents boulevards, avec des squares, des promenades publiques agrémentées de vestiges artificiels de la forteresse et des grandes percées pour relier la capitale luxembourgeoise à la France, la Belgique et l’Allemagne. Le point commun avec les Buttes Chaumont est la reconversion d’une friche en parc au profit de la valeur foncière des parcelles voisines : cette ville ‘idéale’ ainsi imaginée implique de nombreux travaux de nivellement, d’aménagement, la création de nouveaux paysages et crée bien la distinction entre une ‘architecture des boulevards’ et une ‘architecture des avenues’ avec la présence massive de villas, de maisons de maîtres aux abords des parcs et l’obligation de construire des immeubles à au moins deux étages et en bande sur les avenues centrales et le côté intérieur du boulevard Royal.
Cette mesure permettait de cacher ‘les échoppes ou le parc immobilier suranné de la vieille ville’. L’arrivée du chemin de fer en 1859 avait déjà annoncé le fait que la stratégie économique l’emporterait sur la stratégie militaire pour le développement de la ville. En Europe, en cas de démantèlement d’une forteresse, les domaines et terrains de celle-ci revenaient à l’État et cet héritage était cédé à la municipalité qui le revendait à des promoteurs. Ce modèle ne fut pas observé à Luxembourg, où l’État, voyant approcher la guerre franco-allemande (1870) et par souci de neutralité politique, préférait centraliser tout pouvoir entre ses mains. On commence bien à vendre les terrains de la forteresse dès 1868 à Luxembourg à des particuliers, mais en gardant tous les projets d’aménagement sous l’autorité directe du gouvernement. » Les affaires reprennent après le conflit franco-allemand. L’attrait économique de la capitale rivalise avec celui des villes du bassin minier, dont le développement est en pleine explosion. Une refonte du droit commercial permettra de concentrer les sièges d’entreprises dans la capitale, en laissant la production à des directeurs, ingénieurs, employés et ouvriers dans les régions riches en minerai.

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Photographies :
1. Luxembourg, dans les années 1875, fut une des premières villes d’Europe à offrir à ses habitants « un système » de villas construites dans des parcs étendus. La villa, château miniature, réconcilie l’homme industriel avec la nature et lui assure une proximité avec les centres décisionnaires. La East-West United Bank a acheté la Villa Foch en 1976 et l’a sauvée de la démolition.
2. Au Grand-Duché, l’industrie sidérurgique modèle architecturalement le sud du pays. L’exploitation du minerai de fer - les mines - forge le visage de la région des Terres Rouges avec la multiplication de cités ouvrières, « d’Kolonie ». À Lasauvage, l’industrialisation a donné naissance à une cité ouvrière unique en son genre car construite au milieu des bois entre les formations ferrifères et le carreau de la mine. Les anciennes cités ouvrières forment encore aujourd’hui une unité reconnaissable entre mille dans le paysage architectural.

Lumière sur les villes (3 sur 14)
Lumière sur les villes (3 sur 14)

Dans les années 1875, Luxembourg fut une des premières villes d’Europe à proposer à ses habitants un système de villas construites en fusion avec un parc étendu.

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La ville à la campagne… pour les plus fortunés

Dans les années 1875, Luxembourg fut une des premières villes d’Europe à proposer à ses habitants (surtout fortunés) un système de villas construites en fusion avec un parc étendu (à l’emplacement du glacis défensif).

Elles attirent ces directeurs, propriétaires, administrateurs de sociétés commerciales et investisseurs, qui ne sont plus obligés de résider près des lieux de production industrielle. Les zones réservées aux villas sont aménagées loin des fumées et des quartiers industriels bruyants.

Les productions agricole et industrielle sont laissées en-dehors de la ville aux classes moyennes. La bourgeoisie aisée peut s’installer dans des villas, loin des pollutions désagréables. On voit fleurir, notamment sur le boulevard Royal, le boulevard Joseph II et le boulevard Emmanuel Servais, de nombreuses et prestigieuses propriétés, comme celle du banquier Pescatore, dessinée par l’architecte-ingénieur français Oscar Bélanger, ou celle de l’ingénieur des mines Thomas Byrne, dessinée par Victor Jamaer, célèbre architecte belge, la villa du gantier Gabriel Mayer, dessinée par Jean-François Eydt, aujourd’hui Villa Vauban, ou la villa Foch, dessinée par Charles Mullendorff et qui abrite depuis 1976 une banque russe, la East-West United Bank, une des rares résidences aristocratiques à avoir été épargnées par la destruction.

L’architecture de la ville à cette époque, bien que complètement façonnée par l’homme, recherche la réconciliation avec la nature. Créée sur des modèles entièrement nouveaux et avec un objectif philanthropique, elle traduit une vision idéaliste de la société et la confiance que les humanistes placent dans l’hygiène, l’éducation et la culture pour assurer l’épanouissement de l’humanité.

Les architectes puisent leur inspiration dans les livres appréciés à l’époque, par exemple Utopia de Thomas More ou l’abbaye de Thélème dans le Gargantua de Rabelais.

Construire les villes idéales

Dès le début du 20e siècle, le concept de cités- jardins, comme imaginé par Ebenezer Howard en Angleterre, regroupe au centre toutes les fonctions administratives et tertiaires, et à la périphérie des jardins et des avenues bordées d’habitations et de commerces. Ces villes sont entourées de terres agricoles et d’industries. On pourrait y voir les prémisses de nos futurs « lotissements ».

La véritable ville du 20e siècle apparaît aux États-Unis, où des villes-champignons se forment rapidement pour absorber l’afflux de millions d’immigrants. Située en plein cœur de l’Europe, Luxembourg s’est aussi construite, à son échelle, suivant les mouvements migratoires. Les entrepreneurs, industriels et commerçants, bien souvent établis à Luxembourg-ville pour y faire des affaires, ont également façonné le visage des villes grand-ducales.

Chaque quartier de Luxembourg-ville est représentatif d’une époque et des enjeux économiques et politiques qui la caractérisent. De plus, l’esprit de compétition entre les pays industrialisés amène toute une série de nouvelles constructions.

À la fonte, au fer, à l’acier, au verre du siècle précédent, s’ajoute le béton, qui permet toutes les extravagances pour ériger des bâtiments inédits pour l’époque, que ce soient des gares, des usines ou des édifices culturels. De nouveaux styles apparaissent dans les capitales européennes.

L’Académisme et l’Art déco, qui ont connu leur heure de gloire à l’Exposition universelle de Paris en 1925, sont combattus par des architectes d’avant-garde en Allemagne, avec Walter Gropius et l’école du Bauhaus, en France avec Le Corbusier et sa villa Savoye (1929). À Luxembourg, ces différents courants ont bien évidemment inspiré les architectes à chaque époque.

Il en reste encore des témoignages comme les magasins Hertz-Grünstein (rue du Fossé / Grand-Rue), l’ancien magasin À la Bourse ou Sternberg (House of Villeroy & Boch), qui traduisent l’influence de l’école allemande Bauhaus, par exemple.

« Progressivement, le boulevard Royal, relié depuis 1900 par le pont Adolphe à la gare centrale, va se muer en boulevard d’affaires. Le mouvement prend de l’ampleur dès 1921 lors de l’entrée du Luxembourg dans l’Union économique belgo-luxembourgeoise, avec la création de nombreuses compagnies d’assurances et l’installation de succursales de banques, tel le Crédit Lyonnais », précise Robert Léon Philippart. La compagnie d’assurances La Luxembourgeoise, par exemple, au cours de son premier exercice, acquiert un immeuble au coin de la Grand-Rue et du boulevard Royal.

Elle ne quittera plus le centre-ville et ses immeubles (boulevard Royal, rue Aldringen) jusqu’en 2011. Immeubles qu’elle va aménager, reconstruire et transformer au fil des années.

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Photographie : La sidérurgie se développe rapidement au Luxembourg avant de subir une grave crise dans les années 1970. Le pouvoir bascule du monde sidérurgique vers le monde de la finance. Les sites industriels sont en friches et de nombreux bâtiments voués à la destruction. Se mettent alors en place de nombreuses initiatives qui permettent de donner une seconde vie à ces témoins de l’histoire du pays, comme à Esch-Belval.

Lumière sur les villes (4 sur 14)
Lumière sur les villes (4 sur 14)

Après la Seconde Guerre mondiale, quasi tout est à reconstruire en Europe. Les architectes peuvent donner libre cours à une nouvelle conception de l’habitat moderne.

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L’ère « moderne »

Après la Seconde Guerre mondiale, quasi tout est à reconstruire en Europe. Les architectes peuvent donner libre cours à une nouvelle conception de l’habitat moderne. Les villes vont considérablement grandir et d’autres vont être créées de toutes pièces, sur de nouvelles conceptions architecturales et sociales.

S’il y a eu de nombreux échecs (les banlieues actuelles de certaines grandes villes européennes et leurs grands ensembles ont été imaginés à cette époque), il y eut aussi beaucoup de réussites comme les réalisations d’Alvar Aalto en Finlande, qui, par leur architecture humaniste, continuent d’inspirer les architectes du monde entier.

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Au Grand-Duché, la population ne cesse de croître et le pouvoir bascule peu à peu du monde sidérurgique vers le monde de la finance, ce qui va encore changer la morphologie des villes. Dans les années 1960, la grande bourgeoisie, qui avait investi le centre de la capitale et fait construire à sa gloire de somptueuses villas, quitte la ville pour s’installer en périphérie. De nombreuses villas sont alors purement et simplement rasées et celles qui survivent à la démolition sont investies par les banques, qui les rachètent pour des prix désormais équivalents, voire supérieurs, à ceux appliqués dans d’autres grandes métropoles.

Dès les années 1970 se posent de nouvelles problématiques, qui de fait sont toujours actuelles : il faut loger, faire travailler, proposer des loisirs et faire circuler des milliers d’hommes et de femmes. Débute alors une période « moderniste » : l’immeuble KBL ou le Forum Royal en sont les emblèmes. De nouveaux quartiers sont créés à Luxembourg. Un premier plan d’urbanisation du plateau de Kirchberg est dessiné en 1958 pour accueillir les institutions européennes.

Ce quartier va profondément muer lorsque le secteur bancaire, en pleine expansion, l’investit dans les années 1980. À l’époque, la Deutsche Bank cherche à s’installer au cœur de Luxembourg-ville, ce que lui refusent les autorités pour des raisons de conservation du patrimoine historique. Elle pose la première pierre de son bâtiment quasi en « rase campagne » au Kirchberg. La banque allemande va donner le coup d’envoi à la création et au façonnage d’un nouveau quartier d’affaires de la capitale luxembourgeoise, car elle fut vite suivie par de nombreuses autres (voir aussi le Grand Entretien page 80 avec Patrick Gillen du Fonds Kirchberg).

Il est intéressant de noter que dans les années 1970, les villes « nouvelles » s’inspirent des principes du Corbusier, avec la recréation des zones séparées, l’agora, le centre commercial et les espaces verts… Principes qu’aujourd’hui certains architectes souhaiteraient remettre au goût du jour dans les développements urbanistiques.

La ville est un lieu planifié pour recevoir les différentes fonctions de la vie urbaine : habitat, bureaux, commerces, loisirs, espaces verts... Les différentes strates sont séparées : zones pour les piétons, les voitures, les transports en commun…

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Photographies : Progressivement, le centre-ville (boulevard Royal et alentours) s’est mué en centre d’affaires. Le mouvement prend de l’ampleur dès 1921 lors de l’entrée du Luxembourg dans l’Union économique belgo-luxembourgeoise, avec la création de nombreuses compagnies d’assurances et l’installation de succursales de banques. Les bâtiments de la BCL illustrent ces mutations, notamment le bâtiment Monterey (oeuvre de Christian Bauer & Associés Architectes SA) « né de deux volontés contradictoires : s’intégrer dans un contexte urbain marqué et exister en tant qu’objet architectural capable de personnaliser une institution comme la Banque Centrale du Luxembourg ».

Lumière sur les villes (5 sur 14)
Lumière sur les villes (5 sur 14)
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De nouvelles visions ?

Comme jadis les grands bourgeois, et depuis les années 1990, les banques et les Big Four (grands cabinets d’audit et de consulting internationaux) se livrent une concurrence acharnée pour laisser leur empreinte dans le paysage architectural luxembourgeois et montrer leur puissance.

Ainsi, depuis une vingtaine d’années, Luxembourg voit naître une série de bâtiments remarquables, où entrent en concurrence de grands architectes internationaux : la Cour de justice au Kirchberg réalisée par Dominique Perrault, la Philharmonie conçue par Christian de Portzamparc (qui est aussi associé au projet Royal20, boulevard Royal, actuellement en construction) et le Musée d’art moderne Mudam, œuvre d’Ieoh Ming Pei, en sont quelques illustrations.

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Depuis des siècles, des architectes et des bâtisseurs du monde entier ont laissé leur empreinte à Luxembourg pour des raisons simples : l’État ou l’Europe finançaient de nombreux projets. Aujourd’hui, les architectes luxembourgeois ont pris la main et façonnent à leur tour architecturalement le pays. « Il est vrai que ce sont les banques et aujourd’hui les Big Four qui ont amené une conscience architecturale dans le pays, dans le sens où ils ont été tout de suite plus audacieux dans leur façon de concevoir leur bâtiment et de promouvoir une architecture de qualité, explique Christian Bauer, du bureau d’architecture Christian Bauer & Associés Architectes, qui a rassemblé 40 ans d’architecture dans son ouvrage Contextes. Comme souvent au Luxembourg, ce sont les étrangers qui ont amené leur culture et fait évoluer les choses pour qu’une scène architecturale se mette en place. Il y a 40 ans, après-guerre, l’architecture luxembourgeoise était redevenue ‘provinciale’. Avec l’aménagement du plateau de Kirchberg, l’urbanisme et l’architecture ont pris un nouveau départ. Les architectes étrangers qui ont travaillé sur de grands projets sont venus nous titiller, nous, les architectes du pays, et ont créé une émulation pour aboutir aujourd’hui à des projets luxembourgeois intéressants et de très grande qualité. ». Ainsi, le développement économique amène à se poser de nouvelles questions et à envisager le développement urbanistique autrement, prenant en compte l’ensemble des activités, économiques, sociales, culturelles et personnelles.

« Mais finalement, ces contraintes ne sont pas nouvelles. Au Moyen Âge, les bâtisseurs devaient aussi jongler avec toutes sortes d’obligations, ajoute Pierre Hurt, directeur de l’Ordre des architectes et des ingénieurs-conseils. Simplement aujourd’hui, les réglementations sont de plus en plus nombreuses et elles changent sans cesse. Il n’y a plus de temps de latence, de réflexion où l’on peut tirer le bilan des réglementations que l’on met en place. On crée sans cesse de nouvelles lois et on est dans une totale ‘immobilité fulgurante’, car personne ne prend le temps de la réflexion sur ce que l’on met en place et ne se demande s’il y a une réelle plus-value, un progrès au niveau du vivre-ensemble. Au Luxembourg, depuis 25 ans, il y a une prise de conscience positive et l’évolution va dans le bon sens. Les maîtres d’ouvrage, les architectes et les ingénieurs-conseils réfléchissent ensemble et essaient d’intégrer le projet à son environnement, de créer un dialogue entre un lieu et une construction et non plus une rupture. C’est cela le travail de l’architecte et de l’ingénieur, donner une âme à un lieu pour qu’il s’intègre dans un ensemble, qu’il y ait un projet de vie commun. Cela implique évidemment tout un processus d’éducation qu’il faut débuter à l’école, c’est une question d’éducation collective. Chaque génération fait des erreurs et les autres générations essaient de les réparer, mais en fait, parler architecture, c’est parler de vie en commun. C’est par ailleurs ce que nous essayons d’encourager avec le Bauhärepräis OAI, que les futurs maîtres d’ouvrage, mieux informés et conscients de leur rôle, façonnent de manière durable et intelligente notre cadre de vie : qui construit, construit pour nous tous. »

Que devra prendre en compte la ville du futur ? La nouvelle ville sera-t-elle plus respectueuse de la complexité de la vie humaine ?

« Aujourd’hui, il est clair que les préoccupations environnementales sont au cœur des problématiques pour les maîtres d’ouvrage, mais il convient de prendre garde à ce qu’elles ne brident pas la créativité du construit. De plus, la densification de notre cadre de vie est un autre défi qu’il faudra relever. Et elle ne doit pas limiter non plus la création. Je pense que l’on peut trouver une grande qualité de vie dans une urbanité plus dense. Si le travail, les commerces, les habitations, les loisirs sont harmonieusement intégrés les uns aux autres, cela a de nombreux avantages en termes de vie sociale et de bien vivre ensemble. »

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Photographies :
1. Comme jadis les grands bourgeois, et depuis les années 1990, les banques et les Big Four (grands cabinets d’audit et de consulting internationaux) se livrent une concurrence acharnée pour laisser leur empreinte dans le paysage architectural luxembourgeois. Un exemple, réalisé par le cabinet d’architecture Hermann & Valentiny, le bâtiment KPMG dans le quartier du Kirchberg présente une forme et un aspect particulièrement innovants.
2. Les banques, notamment, donnent le coup d’envoi, à partir des années 1980, au façonnage du Kirchberg, où sont réunis pratiquement tous les grands noms d’architectes du monde. Dominique Perrault, Christian de Portzamparc et Ieoh Ming Pei en sont quelques illustrations.

Lumière sur les villes (6 sur 14)
Lumière sur les villes (6 sur 14)
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La ville en développement durable

Aujourd’hui, la tendance nouvelle est à « l’urbanisme écologique ». Ces écovilles - smart cities – imaginées par des architectes urbanistes prennent des formes variées : elles sont soit des villes nouvellement créées ou des villes renouvelées sur elles-mêmes.

Le mouvement des écovilles a commencé en Allemagne et suit de grands principes urbanistiques : diminution de l’impact écologique de la ville, respect de la nature et de la biodiversité, limitation de la dépendance des habitants aux énergies fossiles (autonomie électrique, bioclimatisation...), limitation de la hauteur des immeubles à cinq étages pour un déplacement vertical sans aide mécanique, utilisation de matériaux renouvelables, récupérables et de récupération (terre, paille, bois...), murs et toitures végétalisés, récupération des eaux de ruissellement, perméabilité maximale des parkings, mobilité plus écologique en facilitant le transport par la marche, le vélo, le tramway... Luxembourg n’en est pour l’heure qu’aux balbutiements de l’écoville.

Les réalisations d’autres pays ont inspiré un mouvement au Luxembourg avec des fers de lance comme les bâtiments durables Horizon à Strassen et Solarwind à Windhof. Si les écoquartiers tels que Hollerich Village concentrent un peu de chacune de ces expériences vues dans les autres pays pour proposer une approche encore inédite au Luxembourg, contrairement à des villes comme Paris, Londres ou Rome, ils ne sont pas encore entrés dans des phases concrètes de réalisation.

Outre les préoccupations écologiques, de nombreuses tendances comme les coopératives d’habitants arrivent également au Grand-Duché, qui, à l’instar de nombreuses grandes capitales mondiales, voit ses prix immobiliers s’envoler.

Ces coopératives sont généralement conçues sur le principe de sociétés non lucratives, démocratiques et socialement mixtes, appartenant à leurs habitants, qui conçoivent et gèrent ensuite leurs logements et les espaces partagés, ceci permettant entre autres de plafonner les loyers et construire un véritable projet de vie et quelquefois de mutualiser les moyens et les services (bricolage, gardiennage, garde des enfants...).

La plupart des réalisations actuelles annoncent en tout cas les grandes évolutions et les tendances du 21e siècle en matière d’architecture et d’urbanisme. Certaines intègrent les éléments de la mondialisation des échanges et des cultures, s’inspirent de cultures nationales ou régionales traditionnelles et se veulent, d’une certaine manière, des « ponts entre les civilisations ». Abu Dhabi, par exemple, anticipe dans toutes ses nouvelles constructions l’arrêt de la manne pétrolière.

D’autres veulent créer leurs propres villes, comme Mark Zuckerberg, qui planche sur la ville « modèle » pour ses employés, située à côté de ses bureaux, renouant avec la posture du patron qui organise la vie de ses employés. Une idée qui n’est pas révolutionnaire, puisqu’elle puise notamment dans ce que d’autres avaient imaginé, pour ne citer que Godin et son familistère (un système d’habitation sociale créé au 19e siècle dans le département de l’Aisne en France, une cité ouvrière idéale, ndlr), qui lui-même s’était inspiré du phalanstère de Fourier… Plus que jamais, l’architecture interroge.

Est-elle liée aux pouvoirs et idéaux ? N’est-elle qu’un moyen de se représenter pour ceux qui l’utilisent et construisent, des pyramides en Égypte à Versailles et sa Galerie des glaces, qui devait impressionner le visiteur, en passant par l’idéologie du IIIe Reich, appliquée par Albert Speer et ses bâtiments qui devaient durer mille ans ? Se réinvente-t-elle sans cesse pour le bien-être des citadins ou de ceux qui devront l’utiliser au quotidien en prenant en compte de nouvelles problématiques ? Tout reste à construire...

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Photographie : Couronné d’une mention dans la catégorie Logement individuel ou collectif avec le commentaire du jury « Invitation à habiter dans une œuvre d’art », l’immeuble d’appartements Area Immo à Luxembourg (Metaform Atelier d’Architecture, Inca Ingénieurs Conseils Associés sàrl), lors de l’édition Bauhärepräis OAI 2012, est une belle « démonstration » de l’évolution du métier d’architecte.

Lumière sur les villes (7 sur 14)
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Habitat coopératif : un nouveau mode de fonctionnement

La coopérative d’habitation ou habitat coopératif est la « troisième voie » du logement, se situant entre la location et la propriété.

Se développant mondialement depuis une vingtaine d’années, à un stade très avancé en Suisse, au Canada et en France, elle vise à offrir aux membres de la coopérative les meilleures conditions possibles de logement. Au nombre des buts poussant les membres à créer une coopérative d’habitation, figure en premier lieu le fait d’apporter une réponse à la spéculation immobilière et de pouvoir maîtriser ses loyers ; viennent ensuite l’engagement écologique, l’organisation collaborative du lieu de vie et une vie sociale plus riche, mais qui n’a cependant rien à voir avec la vie en communauté.

Au Luxembourg, l’association Ad Hoc est une pionnière du genre. Lancé en 2014, son projet de coopérative a franchi toutes les étapes d’élaboration et pourrait même entrer dans les semaines à venir dans une phase plus concrète avec l’obtention d’un terrain. www.ad-hoc.lu

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Lumière sur les villes (8 sur 14)
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INTERVIEW CHRISTIAN BAUER - Christian Bauer & Associés Architectes SA

Dans Contextes et influences - 40 ans d’architecture, vous faites un « inventaire » de l’architecture au Grand-Duché. Comment a-t-elle évolué selon vous ?
« Très bien, grâce à de nombreuses influences, notamment venues de l’étranger, et surtout aussi grâce aux banques et aux Big Four qui ont su insuffler un vent de nouveauté dans la façon de penser leurs bâtiments. Selon moi, en 1970, les gens investissaient dans la pierre ; aujourd’hui, ils commencent à investir dans l’architecture et on peut dire que le Luxembourg a maintenant une bonne densité de très bons architectes, sans doute plus élevée que dans n’importe quelle ville de la Grande Région. Les architectes luxembourgeois ont été associés sur de nombreux projets à tous ces architectes étrangers qui sont venus construire des bâtiments ici, et cela nous a permis d’élever le niveau des exigences architecturales et de bâtir de très beaux projets.

À ce propos, comment se développe la scène architecturale luxembourgeoise ? Les architectes luxembourgeois s’exportent-ils bien ?
« La jeune scène architecturale est très vivante et très intéressante selon moi. Nous nous connaissons tous, nous nous apprécions, mais nous sommes tout de même concurrents et cela est donc très stimulant. Que ce soit pour le résidentiel ou les bâtiments plus ‘institutionnels’, il y a vraiment de beaux projets qualitatifs et on peut dire aujourd’hui que les architectes luxembourgeois peuvent se mesurer à des architectes d’autres pays dans des concours internationaux et que leurs projets sont maintenant appréciés, respectés, parfois récompensés et retenus, ce qui n’était pas le cas il n’y a encore que quelques années.

Comment imaginez-vous le Grand-Duché dans quelques années ?
« Le Luxembourg est un petit pays avec un beau paysage. Malheureusement, lentement, mais constamment et surtout autour du centre, on grignote des terrains vierges, alors qu’il y a tellement d’endroits dans le pays, d’anciennes friches industrielles, sur lesquelles nous pourrions créer de nouveaux quartiers et imaginer des réhabilitations, comme nous l’avons fait à l’occasion d’un concours international à Dudelange Schmelz. Le pays a un énorme potentiel, qui n’est absolument pas suffisamment exploité. »

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Lumière sur les villes (9 sur 14)
Lumière sur les villes (9 sur 14)
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Ouvriers et « Kolonies »

À la fin du 19e siècle, lorsque la « minette » (minerai de fer) est découverte, surtout dans le sud du Grand-Duché, la région attire des milliers d’ouvriers. Le Luxembourg passe d’un pays agricole à un pays industriel.

Des villes et cités ouvrières, dont l’architecture régulière et les maisons typiques définissent encore aujourd’hui le paysage urbain de la région, virent le jour (Esch-sur-Alzette, Rumelange, Dudelange, Differdange...). L’Association de l’industrie minière et métallurgique initie les premières cités ouvrières, les « Kolonies », aux styles différents avec des maisons en rangée, façon cottages ou casernes, ou encore avec de petits jardins ou construites sur le modèle des faubourgs-jardins.

Les styles architecturaux intègrent des éléments typiques de l’origine des maîtres d’œuvre de l’époque, venant d’Allemagne, de Belgique, de France, d’Italie et du Luxembourg.

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Lumière sur les villes (10 sur 14)
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Construire à la verticale

En à peine une trentaine d’années, la population du Grand-Duché a plus que doublé. À terme, cette tendance va poser un problème de « développement spatial durable », notamment pour le logement.

Comme le territoire du pays ne pourra pas s’agrandir, la solution est simple : il faudra construire à la verticale. Mais au Luxembourg, pas de gratte-ciel ou de grands ensembles de logements collectifs.

Deux pistes ont été choisies : la reconversion des friches industrielles, comme à Esch/Belval ou à Schifflange sur les sites des anciennes usines ArcelorMittal, ou la création et le développement de nouveaux quartiers, comme le ban de Gasperich ou le Kirchberg.

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Lumière sur les villes (11 sur 14)
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INTERVIEW PIERRE HURT - Directeur de l’Ordre des architectes et des ingénieurs-conseils du Grand-Duché de Luxembourg

Pourquoi avoir créé le Bauhärepräis OAI ?
« Tout ce que l’on voit en matière de construit est dû à un maître d’ouvrage. Le Bauhärepräis est supposé inciter les futurs maîtres d’ouvrage, mieux informés et plus conscients de leur rôle décisif, à dépasser le stade d’une architecture purement fonctionnelle en vue d’assurer un renouveau culturel de notre cadre de vie. Il s’agit d’inspirer et de rendre curieux, d’amener à suivre l’exemple, à faire le bon choix.

Qu’est-ce que vous souhaitez promouvoir à travers ce prix ?
« Le Bauhärepräis a pour objectif de distinguer des réalisations dans lesquelles le couple maître d’ouvrage / concepteurs s’est exprimé de manière particulièrement fructueuse. Les prix sont décernés aux maîtres d’ouvrage qui soutiennent la qualité architecturale et contribuent, par le biais de leurs réalisations remarquables et durables, à promouvoir une culture de la construction, de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme au Luxembourg.

La collaboration avec l’équipe de concepteurs, se traduisant par le courage dans le choix d’un parti architectural contemporain et rigoureux, le respect de la substance architecturale existante et de la nature environnante, l’impact positif sur un tissu urbanistique et social existant, et l’aménagement d’un espace public favorisant la communication et l’échange font partie des critères du jury. Les indications portant sur la relation entre maître d’ouvrage et concepteurs ont également fait partie des critères pris en compte par le jury, totalement indépendant de l’OAI, composé pour moitié de personnalités des mondes politique, économique et culturel, et pour moitié d’architectes et d’ingénieurs délégués des ordres de la Grande Région.

Quelques mots sur l’édition Bauhärepräis OAI 2016 ?
« Cette nouvelle édition a connu un succès impressionnant avec 317 projets remis, contre 224 en 2012. Au fil des éditions, nous nous rendons compte de la large qualité des projets proposés dans tous les domaines et nous ne pouvons que nous féliciter de cette évolution. Pour cette édition, nous nous sommes également ouverts à un plus large public, avec des prix ‘vote du public’, une grande exposition au Knuedler et une ouverture sur les réseaux sociaux. »

Le livre Bauhärepräis OAI 2016 rassemble les 317 œuvres présentées au prix.
Il est disponible au secrétariat de l’OAI (Forum da Vinci, 6, bd Grande-Duchesse Charlotte, L-1330 Luxembourg / mail : oai@oai.lu) ainsi que dans de nombreuses librairies.
Des films sur les réalisations lauréates avec interviews des maîtres d’ouvrage sont disponibles sur la page YouTube de l’OAI et sur www.bhp.lu, ainsi que sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Pinterest, Linkedin). Informations : www.oai.lu.

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Lumière sur les villes (12 sur 14)
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INTERVIEW ROBERTO TRAVERSINI - Bourgmestre de Differdange

La Ville de Differdange a reçu le « Prix courage maître d’ouvrage » lors de l’édition 2016 du Bauhärepräis OAI pour le projet 1535° Creative Hub Bâtiment A.

Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
« Ce prix porte bien son nom ! En effet, il nous a fallu beaucoup de courage, car la commune a investi beaucoup d’argent dans ce projet totalement novateur, destiné à accueillir la créativité, sans que nous ne sachions, lorsque nous nous sommes lancés, si nous allions avoir toutes les autorisations pour son ouverture. Il ne faut pas oublier que c’est un projet communal et donc il s’agit de l’argent public, de l’argent des habitants de la commune. Finalement, nous pouvons dire que notre courage a payé, car aujourd’hui le 1535° accueille 250 créatifs et nous avons 300 autres firmes qui ont déposé un dossier pour intégrer le projet, qui, à terme, devrait s’étendre sur une surface totale de 16.000 m2 et 800 personnes.

La mention du jury qui vous a remis le prix stipule « pour le courage d’attribuer ce grand projet à un bureau jeune ». Qu’est-ce qui vous a séduit dans la proposition de Carvalhoarchitects sàrl ?
« Nous avons la chance de travailler avec une collaboratrice qui est restauratrice et qui a de très bonnes idées ! Elle en a apporté beaucoup lorsque nous avons entamé les discussions sur le 1535°. Le bureau d’architectes a saisi exactement la philosophie du lieu, ce que nous voulions en faire, nos demandes et il est allé au-delà de nos espérances. Qu’il soit jeune ou pas nous importait peu, nous avons instauré dès le départ une relation de confiance, c’était cela qui était primordial sur ce projet. Pour nous, l’architecture, la conception de ce projet est en tous points ce que nous attendons d’un bâtiment quel qu’il soit : un lieu favorisant le vivre-ensemble et les échanges, rassemblant les gens. »

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Lumière sur les villes (13 sur 14)
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Reconversion et tourisme architectural

La fin du boom sidérurgique au Grand-Duché marque une étape importante dans la mutation des paysages. Les installations industrielles sont laissées à l’abandon, les sites industriels sont en friches et de nombreux bâtiments doivent être détruits.

Se mettent alors en place de nombreuses initiatives privées ou publiques qui permettent de donner une seconde vie à ces témoins de l’histoire du pays grâce à des reconversions réussies.

Villas bourgeoises, anciens bâtiments administratifs transformés en centres d’art (Villa Vauban, Nei Liicht, Villa Hadir, par exemple), sites en reconversion (Esch/Belval, entre autres), bâtiments patrimoniaux ou architecturaux remarquables, les circuits et itinéraires ne manquent pas pour découvrir le pays à travers son architecture.

Infos : www.oai.lu ; www.ont.lu ; www.lcto.lu ; www.fonds-belval.lu...

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Lumière sur les villes (14 sur 14)
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INTERVIEW ANDREA RUMPF - Directrice du Luxembourg Center for Architecture (Luca)

Pouvez-vous brièvement présenter le Luxembourg Center for Architecture - Luca ?
« La Fondation de l’architecture et de l’ingénierie place depuis 2015 sa programmation culturelle sous l’appellation Luca et confirme sa position d’acteur incontournable dans le domaine de la ‘Baukultur’ au Luxembourg. Depuis sa création en 1992, l’organisation non gouvernementale à but non lucratif a su promouvoir la qualité de l’environnement bâti comme valeur essentielle de la société contemporaine et affirme sa place au cœur du débat, de l’actualité architecturale au Luxembourg et dans le monde. Plateforme d’échanges et de rencontres pour tous les publics, le Luca organise un large programme culturel : cycles de conférences, débats, expositions, visites guidées, ateliers pédagogiques, Prix luxembourgeois d’architecture...

Le Luca orchestre la contribution luxembourgeoise à la Biennale d’architecture de Venise, que proposera le pavillon luxembourgeois ?
« L’exposition Tracing Transitions répond au thème général de la Biennale ‘Reporting from the front’, identifiant les questions de la pénurie de logements et de l’accès à un habitat équitable et durable sur le plan social au Luxembourg et dans la Grande Région comme des sujets cruciaux. Les curateurs Claude Ballini, Serge Ecker, Daniel Grünkranz et Panajota Panotopoulou dépeignent la situation actuelle au Luxembourg à travers une installation spatiale faisant office d’écran dédié à l’illustration de la réalité contemporaine et aux sujets axés sur la création de logements, la ramification géographique des problèmes et les amorces de solutions. Des concepts innovants, des ébauches d’idées et de projets initiant des transitions positives y sont aussi présentés.

Pourquoi, selon vous, la promotion de l’architecture luxembourgeoise à l’étranger est-elle importante ?
« Avec 62 nations exposant et plus de 230.000 visiteurs, la Biennale d’architecture de Venise est la plus prestigieuse manifestation mondiale, dans le domaine de l’architecture, de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire, tant pour les professionnels, les critiques et les journalistes, que pour les amateurs et les acteurs de l’économie de l’architecture, les maîtres d’ouvrage privés ou publics et les décideurs politiques. La Biennale propose aux exposants et visiteurs le cadre idéal pour initier un dialogue ouvert et stimulant à l’échelle internationale et faire avancer d’une façon intelligente et audacieuse les réflexions concernant l’environnement bâti. »

Des quartiers à échelle humaine
Des quartiers à échelle humaine

Selon François Bausch, ministre du Développement durable et des Infrastructures, la ville de demain sera multifonctionnelle, conviviale et intelligente. Les exemples du Kirchberg et de Belval.

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Finie la fuite des centres urbains que nous avons connue par le passé. Vivre, travailler, se divertir, consommer, et même produire de la nourriture, toutes ces activités se feront bientôt sans quitter son quartier. La mobilité sera multimodale et connectée, les bâtiments intelligents, la population mixte, les infrastructures partagées et les projets menés en concertation avec les usagers dans le cadre de processus participatifs. Tout cela soutenu par la digitalisation qui ouvre de nouveaux horizons.

Des projets qui vont dans ce sens ont déjà été amorcés au Luxembourg. Par exemple, sur le Plateau de Kirchberg, quartier qui ne recense aujourd’hui que 3.000 habitants pour près de 40.000 postes de travail, le ministre a insisté auprès du Fonds Kirchberg pour que « l’on crée davantage de logements, non seulement des logements à des prix de marché, mais aussi des logements à des prix qui sont adaptés à tous afin d’avoir une bonne mixité sociale ».

L’aménagement des grandes places du quartier (Place de l’Europe, Place de la Coque et parvis de la galerie Auchan) ainsi que du boulevard Kennedy sont à l’ordre du jour. « Le boulevard Kennedy est un boulevard de 65 mètres de large qui a été construit pour les voitures », explique François Bausch, « Aujourd’hui, les gens s’y déplacent pour rejoindre le prochain arrêt de bus ou pour aller d’un bâtiment à l’autre, mais personne n’a l’idée de s’y promener pour admirer l’espace urbain. L’enjeu est de le modeler en un lieu où les gens ont envie d’être en proposant des logements, des commerces de proximité, en réduisant l’espace alloué aux voitures et en créant des espaces réservés aux cyclistes et aux piétons. Nous profiterons de l’arrivée du tram, dont le tracé sera complètement engazonné, pour redessiner ce boulevard ».

C’est le bureau de l’architecte et urbaniste danois Jan Gehl qui a été retenu pour cette transformation. Il est pour notamment connu pour ses réalisations aux quatre coins du monde (au Danemark, en Chine, en Russie, en Australie ou à New-York entre autres) et pour son ouvrage intitulé « Cities for People ».

C’est justement parce qu’il souhaite créer des « cities for people » et que les usagers s’approprient l’espace public que le ministre a à cœur d’inclure les citoyens dans la conception des quartiers à travers un processus de participation démocratique. « Par le passé, nous avons créé des espaces qui sont beaux à voir, mais qui ne sont pas pensés pour que les gens les utilisent, s’y réunissent, des espaces communs stériles, à l’image de la Place de l’Europe au Kirchberg qui n’a pas été conçue pour les hommes mais pour mettre en valeur des bâtiments », rappelle-t-il.

L’Etat est également actif sur le site de Belval. « Luc Dhamen, le nouveau directeur du Fonds Belval, est ouvert d’esprit sur ces questions et il est très engagé pour la création d’un quartier à échelle humaine. Il a constaté que Belval comptait de belles places où personne n’a envie de se promener parce que rien ne les retient et il est en train de revoir l’urbanisme pour y remédier », souligne le ministre. Dans ce quartier, un projet pilote d’agriculture urbaine, ou Urban Farming, pourrait même bientôt voir le jour.

« Je crois que l’Etat a l’obligation de donner l’exemple et des projets comme celui du Kirchberg ou de Belval pourraient servir de modèle », conclut-il.

Mélanie Trélat

Quand toiture rime avec agriculture
Quand toiture rime avec agriculture

Selon Bruno Renders, directeur du CDEC, les bâtiments trouvent aujourd’hui des applications nouvelles, plus nobles en ce sens qu’elles rendent un service sociétal. Parmi elles, la production locale de fruits et légumes.

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« La toiture est l’élément auquel on accorde le moins d’attention dans une construction. Le sous-sol a une valeur ajoutée parce qu’il permet d’accueillir un parking, une cave ou des installations techniques, mais la toiture a toujours été le parent pauvre du bâtiment », constate Bruno Renders.

Pourtant, les toitures des bâtiments, en particulier celles des bâtiments commerciaux, des immeubles administratifs ou des grands ensembles résidentiels passifs, qui ont souvent pour caractéristiques une forme compacte et un toit plat, constituent un espace disponible qui ne demande qu’à être exploité. Et, ce faisant, on y gagnerait sur tous les tableaux… « Les toitures peuvent accueillir des serres urbaines », poursuit le directeur du CDEC, « ce qui permet de valoriser économiquement une surface qui ne l’est pas encore assez aujourd’hui, mais aussi de purifier, par le biais de la photosynthèse, l’air extrait des bâtiments qui est pollué par nos activités humaines et de s’en servir pour favoriser la croissance des plantes de la serre puisqu’il a le triple avantage de contenir du CO2 et d’avoir une température et une hygrométrie constantes tout au long de l’année. Sans compter que l’agriculture urbaine permet aussi d’ajouter du vert dans la ville, de produire des légumes qui pourront être distribués à travers des circuits très courts et d’éviter ainsi les contraintes économiques et environnementales liées au transport ».

L’agriculture urbaine serait donc une façon de redorer le blason des toitures et des bâtiments dans leur ensemble. On n’a longtemps exigé d’un bâtiment qu’il ne fasse qu’héberger des personnes, puis la notion de confort a pris une place grandissante. Dans les dernières décennies, on l’a voulu économe en énergie et, aujourd’hui, on lui demande aussi d’en stocker, voire d’en produire… et non seulement de produire de l’énergie, mais aussi de produire des aliments. Ces nouvelles fonctions, au service de la société, Bruno Renders les qualifie de « nobles ».

Selon les chiffres de l’association SOS Faim, les consommateurs luxembourgeois auraient actuellement besoin d’environ deux fois l’espace agricole disponible au Grand-Duché pour subvenir à leurs habitudes de consommation (qui sont en moyenne de 300 kg de produits animaux par an). D’un autre côté, les toitures de bâtiments de bureaux et industriels exploitables représenteraient presqu’autant d’hectares les surfaces agricoles actuellement disponibles (63 contre 66 selon les chiffres avancés par le directeur du CDEC). Le recours à l’agriculture urbaine relèverait donc de la logique. Et ce, d’autant plus que la culture en serre étant une culture en milieu fermé, elle est moins sujette aux variations climatiques et a donc un rendement bien plus élevé qu’une culture sur un terrain agricole. Bruno Renders précise que : « D’après une étude menée à Montréal, si on connecte la serre à un bâtiment, on économise au moins 50 % de la chaleur nécessaire pour la chauffer par rapport à une serre classique et on peut ainsi produire jusqu’à 30 kg de légumes par m2 ».

Mais est-on sûr que ce concept pourrait s’appliquer au Luxembourg et quel serait son potentiel s’il était déployé à grande échelle ? Réponse catégorique de Bruno Renders à cette question : « Je suis convaincu que ce type d’agriculture va s’imposer, et probablement plus vite au Luxembourg qu’ailleurs, à la fois pour des raisons liées à l’insuffisance des surfaces agricoles disponibles et au dynamisme des marchés de la promotion immobilière et du real estate ». Ce à quoi il ajoute que : « A Singapour, 10 % des légumes consommés par les 5.700.000 habitants ont poussé dans des serres urbaines. Si sur ce territoire, qui est 3 fois plus petit que le Luxembourg, on parvient à fournir 10 % des légumes consommés par une population qui est 10 fois plus nombreuse, on doit être capable de couvrir 100 % des besoins des habitants de ce pays ».

Mélanie Trélat

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