Le dernier dossier du mois

Une thématique dans chaque #DossierDuMois, avec la rédaction d’Infogreen et l’expertise de nos partenaires

Publié le 19 juin 2025
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juin 2025

Entrepreneurs engagés

« Un entrepreneur engagé, c’est quelqu’un qui va pouvoir dépasser cette notion simple de profit économique, qui va pouvoir être aussi altruiste. »

Sophie Leguil, fondatrice de Mespilus

Entrepreneurs engagés
Sommaire du dossier du mois
Semeurs d’impact

L’envie. Le bon sens. Un déclic. Ces termes reviennent régulièrement dans nos discussions avec des entrepreneurs engagés. C’est avec ces mots que nous avons choisi d’évoquer toutes ces personnes dont l’activité professionnelle est guidée par la volonté d’agir pour le bien commun.

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Altruisme. Bon sens, encore. Cohérence entre valeurs, choix et actes. Raison d’être ! Les motivations principales, pour un entrepreneur impliqué dans une activité durable, sont bien souvent personnelles. Nous le ressentons ainsi, en tant que rédacteurs d’infogreen.lu et membres du réseau In4Green. Nous rencontrons souvent des entrepreneurs portés par cette volonté de faire les choses « bien », pas seulement pour eux, mais pour tous.

C’est aussi ce que confirme une étude réalisée par la House of Sustainability en 2024 et intégrée à son Panorama du développement durable.

Entre convictions, contraintes et attentes

43% des entreprises choisissent comme une de leurs trois « motivations principales pour amorcer une démarche de développement durable » : « pour des raisons de motivations personnelles (de la direction) ».

D’autres raisons encouragent ces entrepreneurs, et leurs pairs. Pour 34 % des répondants, entamer une démarche durable permet de « répondre à la demande du marché », reflet d’un marché qui évolue lui aussi dans – ou vers – le bon sens.

Le même pourcentage agit pour « se conformer aux obligations légales en vigueur ou à venir ». Une motivation plus terre à terre. Le cadre légal semble donc nécessaire – certains diront contraignant – pour faire bouger les lignes.

Une volonté qui ne s’improvise pas

L’envie ne garantit pas la réussite. L’obligation non plus ! Un modèle économique viable doit suivre : avoir une vision cohérente à long terme, répondre aux besoins concrets des clients, rester informé sur les enjeux de durabilité, savoir mobiliser ses équipes, etc. Les défis sont propres à chaque entreprise, et leur gestion est sans doute plus aisée lorsque la finalité est vécue comme une évidence.

Accompagner ces dirigeants vers une transition réussie est non seulement devenu un métier, mais aussi un objectif porté par des partenariats publics-privés et des réseaux professionnels, qui multiplient les soutiens, les ressources et les dispositifs de conseil.

La force du collectif

Si la transition durable repose souvent sur des volontés individuelles fortes, elle gagne en puissance dès lors qu’elle s’ancre dans des dynamiques fédératrices. Collaborations, mécénat, réseaux d’entrepreneurs… : les synergies existent et se renforcent. C’est cette convergence entre convictions, soutien et opportunités qui permet de semer un impact concret. Une graine à la fois, avec, toujours, le bon sens pour terreau.

Marie-Astrid Heyde

Entrepreneurs engagés : quelle est leur principale qualité ?
Entrepreneurs engagés : quelle est leur principale qualité ?

La rédaction a demandé à quatre dirigeants d’entreprise quel est le principal atout d’un entrepreneur engagé. Découvrez, en texte ou en image, les avis de Mamedy Diawara (Second Life), Sophie Leguil (Mespilus), Gérard Zoller (Peintures Robin) et Virginie Ducommun (Indoor Forest).

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Mamedy Diawara

Co-fondateur de Second Life

« Bonjour à tous, je me présente, Mamedy Diawara, cofondateur de la société Second Life.

Je pense que la plus grande qualité d’un entrepreneur engagé, c’est la cohérence avec les valeurs, avec les choix, avec ses actes. Être un entrepreneur engagé, ce n’est pas juste de la communication mais c’est vraiment des actes forts, des actes difficiles parfois, mais je pense nécessaires et qui doivent être alignés aux valeurs auxquelles on croit. »

Sophie Leguil

Fondatrice de Mespilus

« Je m’appelle Sophie Leguil. J’ai une société qui s’appelle Mespilus, donc qui est une société de conseils en biodiversité.

Un entrepreneur engagé, c’est quelqu’un qui va pouvoir dépasser cette notion simple de profit économique, qui va pouvoir être aussi altruiste. C’est souvent quelqu’un qui va penser au bien commun, qui va s’interroger en fait sur la raison d’être de sa société. La raison d’être en fait, qu’est-ce qui fait qu’il se lève le matin et se dire en fait « comment est-ce que je vais pouvoir améliorer à la fois la société actuelle et améliorer aussi la société pour les générations futures ? » Puisqu’en fait, quand on va investir dans le bien-être social, dans la réduction des impacts environnementaux, c’est aussi pour les générations futures qu’on travaille. »

Gérard Zoller

Directeur général de Peintures Robin

« Peintures Robin a été fondé en 1927 par des hommes d’affaires luxembourgeois.

La plus grande qualité d’un entrepreneur, je pense que c’est l’endurance. C’est de ne pas abandonner, de continuer tout le temps, toujours. Never give up !

Je pense que c’est pour moi la qualité principale, parce qu’on bute quand même sur beaucoup de problèmes et de difficultés pendant sa carrière. Et je pense qu’il ne faut jamais abandonner et toujours aller de l’avant. »

Virginie Ducommun

Fondatrice d’Indoor Forest

« Virginie. Je suis fondatrice d’Indoor Forest qui est une société d’impact sociétal.

La plus grande qualité pour un entrepreneur engagé, je dirais, une extra dose de courage, de résilience et d’envie, d’énergie, etc. Tous les entrepreneurs ont besoin de faire ça. Mais nous, on est dans l’innovation, on est dans une gouvernance particulière, on est dans une mouvance, on introduit du changement et il y a toujours une résistance au changement. Donc, je pense que la qualité principale quand on est engagé, c’est vraiment cette extra dose, cet extra entrepreneur. »

Propos recueillis par la rédaction d’infogreen.lu
Photos et vidéo : Picto

Un défi : « Concilier ce qui est urgent et ce qui est important »
Un défi : « Concilier ce qui est urgent et ce qui est important »

Depuis deux ans, Géraldine Escalier met ses connaissances et son expérience à profit des entreprises qui souhaitent enclencher leur transition durable. Dans une interview vidéo, elle présente son parcours, ses inspirations et donne quelques conseils aux entrepreneurs qui souhaitent s’engager.

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Si vous préférez la lire…

Présentez-vous, et votre entreprise

Bonjour, je m’appelle Géraldine Escalier, je suis la fondatrice d’Orasi Advisory, et j’accompagne les entreprises, ici à Luxembourg, et en France, pour mettre en œuvre des modèles d’affaires qui soient durables.

Vous avez fondé Orasi Advisory il y a bientôt deux ans. Quel était votre parcours jusqu’à cette création ?

Tout d’abord, je suis issue d’une famille d’entrepreneurs. J’ai commencé des études dans le secteur de l’économie et de la finance d’entreprise. Ensuite j’ai travaillé une vingtaine d’années dans le secteur financier où j’ai dirigé des gros projets de transformation. Et maintenant, depuis quatre années, je travaille dans le conseil pour vraiment cibler de façon plus particulière le sujet de la durabilité au cœur des entreprises, c’est-à-dire à travers les volets environnementaux, sociaux et les aspects de gouvernance également.

À votre avis, quel est aujourd’hui le plus grand défi que rencontrent les entrepreneurs face aux enjeux sociétaux et écologiques ?

Il y a de nombreux défis. Après, ça va dépendre aussi des secteurs des entreprises, mais un défi qu’on retrouve beaucoup, et j’imagine que ça ne vous surprendra pas, c’est vraiment la contradiction parfois ou la difficulté à concilier ce qui est urgent et ce qui est important.


« L’urgence ça va être l’actualité, les besoins des clients ; et puis ce qui est important c’est les choses de très long terme dont font partie les aspects sustainability évoqués précédemment. »

Géraldine Escalier, Orasi Advisory

Si vous deviez donner trois conseils à celles et ceux qui veulent entreprendre ou revoir leur approche entrepreneuriale en intégrant la durabilité, quels seraient-ils ?

Les conseils, ils sont aussi à décliner en fonction des entreprises, des contextes, de leur niveau de maturité, de leur niveau d’ambition. Trois éléments reviennent fréquemment.

Le premier sujet c’est vraiment de mettre l’accent sur tout ce qui est formation, immersion dans la thématique : bien comprendre les enjeux, se faire accompagner de personnes qui sont plus avancées et qui sont expertes dans certains sujets. Je pense que cela facilite grandement le travail. La bonne nouvelle, c’est qu’il y a tout un tas d’acteurs qui sont mobilisés, des méthodes, des plateformes aussi avec des ressources. Donc tout ça est vraiment en place dès aujourd’hui pour gagner en impact et en vitesse aussi, au démarrage de ce programme de transition.

En deuxième conseil, je pense que c’est important, non pas simplement d’avoir une personne responsable de la RSE qui va porter le sujet de façon un peu isolée, mais vraiment d’engager les différentes lignes de métiers au sein d’entreprises, que ce soit responsable RH, IT, le volet commercial, la production… Tout le monde a un mot à dire. Déjà tout le monde doit être sensibilisé au sujet. Et aussi engager toutes les générations, en commençant par la génération plus jeune jusqu’au dirigeant. C’est un grand facteur aussi de cohésion et de mobilisation quand on travaille tous ensemble sur la transformation et le changement dans l’entreprise.

En troisième volet, je mentionnerai cette idée de long terme. C’est-à-dire que si on réfléchit à la durabilité, on se pose la question d’être pertinent et adapté au niveau de l’entreprise dans 10 ou 15 ans. Et tout ça demande un exercice un peu particulier, et c’est aussi un gage de succès à mon sens.

Une phrase qui vous inspire ou guide votre engagement au quotidien ?


Une phrase qui, plus qu’elle m’inspire, elle m’interpelle – et je pense qu’elle doit nous interpeller tous. Cette phrase, c’est « Il n’a jamais été trop tard ».

Géraldine Escalier, Orasi Advisory

C’est le titre d’un roman de Lola Lafon. L’idée, c’est vraiment de se dire en 2030, en 2050, on vivra avec un monde qui sera différent de celui qu’on connaît aujourd’hui et on se dira que nos façons de vivre, de travailler, de nous déplacer, de consommer, ont beaucoup, beaucoup changé. En 2025, même déjà depuis plusieurs années, on sait les tendances, ce qui va vraiment être modifié en profondeur et je pense que cela nous engage aussi à agir dès à présent. Ça c’est un élément je pense très, très fort à garder toujours en tête.

Propos recueillis par Marie-Astrid Heyde
Photo et vidéo : Picto

Chez Chiche ! et Madame Witzeg, l'inclusion donne du sens à l'entrepreneuriat
Chez Chiche ! et Madame Witzeg, l’inclusion donne du sens à l’entrepreneuriat

Chiche ! et Madame Witzeg sont plus que des restaurants. Marianne Donven et Carole Mousel, les femmes à l’initiative de ces projets engagés pour l’inclusion, sont plus que des entrepreneuses. Infogreen les a réunies pour une rencontre inédite.

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Marianne Donven et Carole Mousel sont toutes les deux à la tête de restaurants pas comme les autres. La première a co-fondé Chiche !, une enseigne avec six établissements et 77 employés réfugiés ou migrants. La deuxième est chargée de direction pour l’asbl Trisomie 21 Lëtzebuerg et responsable de Madame Witzeg, qui emploie des personnes avec des besoins spécifiques, notamment porteuses de trisomie 21.

En les réunissant pour une discussion sur leur expérience, on constate vite que l’inclusion et l’intégration sont au cœur de leur métier, mais aussi de leurs valeurs et de leur engagement.

Objectif : créer des emplois

Dès la création, en 2016 pour Chiche ! et en 2020 pour Madame Witzeg, l’intention est la même. « L’ambition n’est pas du tout de gagner de l’argent, mais de créer des emplois pour les réfugiés au Luxembourg », déclare Marianne Donven. Chez Trisomie 21 Lëtzebuerg, l’association derrière l’établissement de Belvaux, « notre but n’est pas non plus de faire de l’argent, mais de donner un travail à des personnes à besoins spécifiques pour mettre en valeur leur potentiel », explique la chargée de direction.

Les équipes de Chiche ! (en haut) et de Madame Witzeg (en bas)
Les équipes de Chiche ! (en haut) et de Madame Witzeg (en bas) - © SIP/Gregory Molitor et © Madame Witzeg

Avant l’aventure Chiche !, Marianne Donven a notamment coordonné l’action humanitaire au ministère des Affaires étrangères. Cette expérience lui a permis de « sillonner le monde, d’aller partout où il y a eu des famines, des tremblements de terre, des inondations ou des conflits ». C’est la naissance de son combat pour la cause des réfugiés. Plus tard, elle participe à la création du projet Hariko pour la Croix-Rouge luxembourgeoise. « Mais je voulais faire plus », raconte-t-elle, « j’ai eu l’idée de faire un restaurant pop-up dans un bâtiment qui devait être démoli et qui appartenait à un ami. Chacun a investi quelques milliers d’euros et j’ai fait appel à de bons cuisiniers que j’avais rencontrés parmi les réfugiés. » Le succès est tout de suite au rendez-vous, le projet grandit et se pérennise, le tout « sans business plan ou grands objectifs ».


« Un restaurant est un projet concret qui permet aux employés d’être réellement intégrés dans la société. »

Carole Mousel, responsable de Madame Witzeg

Lancer Madame Witzeg était par contre un projet sans précédent pour Trisomie 21 Lëtzebuerg. « Nous étions à l’époque une petite asbl de trois salariés, nous n’avions pas d’expérience en tant qu’entreprise », se souvient Carole Mousel. « Pour développer notre concept, nous avons sollicité quelques-uns de nos contacts dans la gastronomie et nous avons été visiter Le Reflet à Nantes (restaurant inclusif où la majorité des salariés sont porteurs d’une trisomie 21) pour observer leur fonctionnement et voir si c’était quelque chose de réalisable au Luxembourg ».

Un fonctionnement adapté

Dans ces restaurants, la différence avec les établissements « classiques » ne se fait pas ressentir dans l’assiette, mais plutôt dans la manière de fonctionner. La co-fondatrice de Chiche ! explique : « Quand je crée un poste, je regarde qui a le plus besoin d’un contrat de travail, qui je vais pouvoir le plus aider. »

En cuisine, c’est un grand melting-pot de cultures et de situations familiales avec lequel il faut parfois composer. « Je suis très stricte sur l’égalité femmes-hommes et l’égalité entre les religions. Par contre, il faut accepter d’être flexible parce que les employés peuvent avoir des rendez-vous fréquents avec l’immigration. Il y a aussi des femmes seules avec beaucoup d’enfants. » Concernant la diversité des langues parlées, « il y a toujours quelqu’un pour traduire. »

À Belvaux, la carte est réduite à 12 plats, desserts inclus, afin que « chacun puisse les réaliser en autonomie. Les recettes ne doivent donc pas être trop nombreuses ou trop compliquées », détaille la responsable, éducatrice de formation. En collaboration avec le ministère du Travail, le restaurant emploie des éducateurs, en cuisine et en salle, qui encadrent les personnes à besoins spécifiques. Mais « ils sont là uniquement pour surveiller et donner des directions, ce ne sont pas eux qui réalisent les tâches. »


« Nous proposons toute l’année les mêmes plats pour pouvoir intégrer n’importe qui, n’importe quand, dans nos équipes. Il n’y a pas besoin de formation en cuisine, tout le monde est capable de couper des oignons et des tomates. »

Marianne Donven, co-fondatrice de Chiche !

En plus de la question des langues, « nous employons souvent des personnes avec des soucis de communication », ajoute la responsable. « Au début, nous avions un cuisinier qui parlait allemand et anglais et une personne porteuse de trisomie 21 qui parlait italien et français. Je ne sais pas comment, mais ça a fonctionné ! C’est aussi tout l’intérêt de notre établissement, tout est possible avec de la volonté. »

Une plus grande d’estime de soi et moins de préjugés

Être employé chez Chiche ! ou Madame Witzeg représente bien plus qu’un accès au monde du travail pour les réfugiés, les migrants ou les personnes à besoins spécifiques qui en intègrent les rangs. Les deux femmes font un même constat.

Comme l’observe Carole Mousel, « cela leur apporte de la fierté et une vraie estime de soi », que ce soit en acquérant de nouvelles compétences et en les transmettant à d’autres ou encore en se voyant confier des responsabilités. « Nous engageons des gens qui peuvent être gravement traumatisés, le rythme quotidien imposé par le travail les aide énormément à surmonter ce qu’ils ont vécu », ajoute Marianne Donven. « Ça leur donne une perspective d’avenir, la possibilité de prendre soin de leurs enfants ou encore de sortir d’un foyer et d’accéder à un domicile. Pour certains c’est ce qui leur a permis d’avoir des papiers pour la première fois de leur vie. »

Et l’impact de ces projets engagés n’est pas à sens unique. Elle poursuit : « Je dis à mes employés qu’ils sont les ambassadeurs de tous les réfugiés du Luxembourg. En ayant un bon contact avec nos clients, ils peuvent avoir une influence positive sur l’opinion de ces derniers et lutter contre les préjugés. » La chargée de direction chez Trisomie 21 Lëtzebuerg admet que « la première visite chez nous est souvent motivée par de la curiosité, mais les clients reviennent parce que le repas leur a plu. Le but est aussi de sensibiliser, de briser cette barrière entre les gens. Tout le monde doit être visible et personne ne doit être à part. »

Responsabilités et accomplissements

Pour porter de tels engagements, impossible de faire les choses à moitié. Les deux femmes se retrouvent sur le fait qu’elles ont parfois un rôle « d’assistante sociale » pour leurs employés, qu’elles aident dans leurs démarches administratives. « C’est beaucoup plus qu’un job pour moi, c’est le combat de ma vie », affirme Marianne Donven. Sa consœur acquiesce : « Il faut vraiment mettre tout son cœur dans ce type de projet ! » L’implication est grande, mais les accomplissements le sont aussi. Le duo avoue modestement trouver une certaine fierté dans l’évolution et le développement de leurs employés.


« J’ai beaucoup appris et grandi en étant impliquée dans ce projet de restaurant. »

Carole Mousel, responsable de Madame Witzeg

Madame Witzeg est encore une structure « assez jeune », qui se développe avec le temps et vise pour l’instant la stabilisation. Chez Chiche !, l’objectif est d’atteindre la création de 100 emplois au total. « Je suis en négociation pour ouvrir deux nouvelles adresses, mais ce seront les derniers pour moi », annonce la co-fondatrice de l’enseigne libanaise. « C’est une grande responsabilité de garder le navire à flot et il faut penser à l’avenir. J’ai déjà entamé des démarches dans certains restaurants en créant de nouvelles sociétés dans lesquelles certains de nos plus anciens employés sont associés. À terme, le but est de leur passer le relais. »

Les deux femmes sont convaincues que « la société est prête pour des projets comme les nôtres » et elles invitent les entreprises luxembourgeoises à embaucher des réfugiés ou des personnes à besoins spécifiques. « Nous avons beaucoup à apprendre d’eux », assure l’une. « La diversité est une richesse, tout le monde a des compétences à offrir », conclut l’autre.

Léna Fernandes
Photos : © Fanny Krackenberger

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« Face à l'incertitude, les entreprises doivent miser sur la résilience »
« Face à l’incertitude, les entreprises doivent miser sur la résilience »

Hervé Hosselet a choisi d’aider les entreprises à devenir plus résilientes face aux défis environnementaux. Pour cela, il a lui-même entrepris et a créé The Green CFO, une société de conseil et d’accompagnement dans la transition durable.

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Quel a été votre parcours avant de lancer The Green CFO et pourquoi vous êtes-vous intéressé à la durabilité ?

Hervé Hosselet : J’ai travaillé pendant 30 ans à Luxembourg. D’abord 10 ans comme consultant avec une forte orientation gestion des risques, puis 20 ans dans le secteur bancaire à des fonctions de pilotage stratégique et financier.

À l’époque, l’ESG relevait davantage d’une obligation que d’une vraie dynamique de transformation. Mais mon intuition me poussait à aborder ces enjeux avec une vision plus stratégique et systémique. Quand on prend de la hauteur, on réalise qu’une entreprise dépend non seulement de ses clients et fournisseurs, mais aussi de l’environnement dans lequel ces interactions prennent place — et des ressources qu’il met à disposition.

Sur le plan personnel, j’ai deux ados à la maison et mon fils faisait alors à l’époque son travail de fin d’études secondaires sur le jour du dépassement. On peut dire que l’environnement s’est invité à notre table. En tant que parents, ces discussions font réfléchir.

Vous avez donc décidé de vous spécialiser sur le thème de la durabilité des entreprises ?

Oui, c’est devenu une évidence. En général quand je prends quelque chose à cœur, j’y vais à fond ! J’ai voulu me former et j’ai suivi la formation en business sustainability management de l’université de Cambridge - la première d’une longue série - avec l’idée de porter ces sujets dans la banque où je travaillais. Mais mon poste ne me permettait pas de le faire pleinement.

Le nom « Green CFO » vient d’ailleurs du surnom que m’avaient donné mes collègues. En 2022, j’ai décidé de créer mon entreprise pour accompagner les organisations à concilier rentabilité, résilience et impact.

Quel était votre rapport à l’entrepreneuriat à l’époque ?

Mon épouse et moi avions déjà lancé un centre de bien-être en Belgique 15 ans plus tôt. Mais créer The Green CFO en janvier 2023, c’était un saut dans l’inconnu. J’ai pris six mois pour me former, tester, définir mon offre et ma cible. Aujourd’hui, j’accompagne des banques, mais aussi de plus en plus de PME confrontées à des choix stratégiques face aux transitions à venir.

Quelle est l’approche que vous avez adoptée dans votre offre d’accompagnement ?

Nous vivons dans un monde d’incertitude radicale. On sait que la perte de biodiversité, le changement climatique ou la raréfaction des ressources vont impacter nos activités, mais on ignore quand, comment et dans quelle ampleur. Il n’y a pas de planification fiable : la clé, c’est la posture du dirigeant, la stratégie et l’agilité de l’organisation.

J’ai donc développé une approche structurée et pragmatique pour aider les dirigeants à prendre des décisions face à ces incertitudes. J’utilise notamment des outils d’intelligence collective - dont le Business Resilience Game. C’est une méthode efficace pour comprendre un business model, identifier les vulnérabilités, faire émerger des leviers de transformation pour obtenir un premier plan d’action de résilience. En bonus, on constate un réel alignement des équipes.

Comment faites-vous pour aider vos clients à faire face à ces changements à venir et à opérer leur transition vers plus de durabilité ?

Au XXIe siècle, la performance d’une entreprise devrait reposer sur quatre axes : rentabilité, résilience, impact écosystémique et utilité. Trop souvent, on ne regarde que le premier. Bien sûr, la rentabilité est le nerf de la guerre, mais sans résilience, il n’y a pas d’avenir. Les tensions sur les ressources et les chaines d’approvisionnement s’intensifient. Certaines entreprises vont devoir faire évoluer en profondeur leur activité et leur business model – je pense par exemple à la filière de la viande, du bois ou du chocolat. Il faudra sécuriser la rentabilité mais aussi investir dans le business de demain, aligné avec les limites planétaires.

C’est là qu’intervient The Green CFO, en apportant des approches et des outils pour construire une vision pour le futur, propre à chaque organisation. J’accompagne mes clients dans la construction de leur stratégie climatique et de leur plan de transition, tout en les invitant à adopter une vision systémique.

Est-ce que votre engagement pour la durabilité se reflète dans des aspects plus personnels de votre vie ?

Oui, à titre personnel, j’aimerais contribuer à développer la résilience des territoires, à commencer par celui de ma commune en Belgique. Je crois beaucoup au modèle biorégional - un territoire défini par ses écosystèmes naturels – et je pense qu’on peut y appliquer les mêmes approches que celles que j’utilise avec les entreprises.

Propos recueillis par Léna Fernandes
Photo : © Eve Millet / Picto Communication

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Georges Heinrich, Chief sustainability officer de Banque Raiffeisen
« Développer une conscience pour la durabilité dans nos comportements »

Chief sustainability officer de Banque Raiffeisen, Georges Heinrich incarne un modèle de banquier engagé. À travers une approche lucide, humaine et cohérente, il milite pour une finance qui accompagne la transition écologique, sans renier les réalités économiques. Interview.

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Pourriez-vous décrire votre parcours ?

J’occupe le poste de chief sustainability officer chez Banque Raiffeisen depuis un peu plus de deux ans.

Avant d’entrer dans le secteur bancaire, j’ai passé près de 15 ans au ministère des Finances. Ensuite, je suis resté près de 10 ans à la Banque de Luxembourg où je m’occupais aussi des questions liées à la durabilité.

Vous vous considérez comme une personne engagée ?

C’est difficile de répondre de manière tranchée. Je crois que personne ne peut prétendre être irréprochable sur le plan de la durabilité. Nous avons tous des contradictions. Il m’arrive de faire des choix qui ne sont pas exemplaires, tout en étant conscient de leur impact. Mais il est important de développer cette conscience pour la durabilité au niveau de nos comportements individuels et de chercher à faire mieux quand c’est possible.

Dans ma vie privée, je suis attentif aux enjeux environnementaux et sociaux. Je fais des efforts sur certains plans, je reste curieux et je m’interroge souvent sur mon impact. Le plus important à mes yeux est que j’essaie de transmettre cette sensibilité aux autres. L’engagement commence réellement dans notre capacité à diffuser une prise de conscience et à montrer que chacun peut faire un bout de chemin.

Au niveau professionnel, je suis profondément convaincu que les thématiques ESG – environnement, social, gouvernance – ne sont pas des contraintes, mais des éléments essentiels à la pérennité des entreprises. Une bonne gouvernance, par exemple, est souvent invisible tant que tout va bien. Mais dès que l’entreprise traverse une crise, elle devient cruciale. L’environnement, longtemps vu comme une variable externe, devient de plus en plus un facteur de risque et de coût incontournable.

Georges Heinrich
Georges Heinrich - © Fanny Krackenberger

Comment mettez-vous cela en œuvre chez Banque Raiffeisen ?

La durabilité fait partie de notre ADN, surtout l’aspect social. Notre philosophie repose sur des valeurs de solidarité, de responsabilité et de proximité. Mais aujourd’hui, nous allons plus loin. Nous essayons d’intégrer de manière cohérente les trois volets de l’ESG à notre modèle économique. Cela passe par une transformation interne, mais aussi par notre capacité à accompagner nos clients dans leur propre transition.


Le « E », par exemple – l’environnement – est longtemps resté en marge des activités bancaires traditionnelles. Maintenant, il faut l’intégrer pleinement. Pas seulement à travers des produits spécifiques (comme un crédit pour une voiture électrique), mais à travers une réflexion globale. Par exemple, comment aider un entrepreneur à transformer son modèle vers un fonctionnement moins carboné ? Il s’agit de comprendre les besoins, de proposer les bons outils, mais aussi de jouer un rôle pédagogique.

Est-ce que la réglementation aide ou freine cette transition ?

Elle fait les deux à la fois. Elle pose un cadre, ce qui est essentiel, mais elle peut aussi devenir un frein si elle n’est pas bien calibrée. Ce que nous voulons, c’est reconnecter la réglementation avec le terrain. Transformer ces obligations en leviers pour la sensibilisation, l’innovation et l’accompagnement. Si on arrive à faire cela, alors oui, la réglementation peut être une aide.

Quelle est votre approche concrète pour sensibiliser vos clients ?

Nous devons informer nos clients sur les défis et obligations à venir, tout en leur proposant des solutions concrètes pour accompagner leur transition vers un modèle économique durable. Pour cela, nous développons des produits alignés avec les critères de durabilité et nous les aidons à accéder à des informations utiles, notamment sur les aides publiques disponibles. L’objectif : être prêts à les accompagner dès qu’un projet à impact ESG se dessine.

Et en interne, comment vos collaborateurs perçoivent-ils cette transformation ?

L’engagement est réel, mais il varie selon les équipes. Plus l’action est concrète, plus elle mobilise. Notre action de plantation d’arbres est un bon exemple : elle est certes symbolique, mais très tangible, et elle crée un vrai engagement et sentiment d’appartenance.

En revanche, le volet réglementaire est plus complexe. Les exigences, souvent abstraites et chronophages, peuvent sembler déconnectées. Nous cherchons alors à redonner du sens en expliquant le contexte et l’impact.

Quels sont les freins que vous identifiez aujourd’hui ?

Je dirais qu’il y en a trois principaux :

  1. Le frein culturel : tout le monde n’a pas encore pleinement intégré les enjeux de durabilité. C’est souvent par méconnaissance, par manque d’exemples concrets ou tout simplement parce que le quotidien prend le dessus.
  2. La complexité réglementaire : elle peut décourager, surtout quand on a l’impression de cocher des cases sans voir d’effet réel.
  3. La méfiance de certains clients : ils craignent que la transition écologique devienne une contrainte économique. C’est pour cela que notre rôle d’accompagnement est si important. Il faut rassurer et proposer des solutions réalistes.

Et demain ? Comment voyez-vous l’avenir de votre mission ?

L’avenir, c’est une transformation profonde. Et elle doit être menée sans opposer l’économie à l’écologie, ou encore la performance financière à la responsabilité sociale. Je suis convaincu que les entreprises qui intègrent l’ESG de manière cohérente seront plus résiliantes. Et les banques ont un rôle crucial à jouer dans cette mutation en tant que partenaires stratégiques.

Propos recueillis par Sébastien Yernaux
Photos : Fanny Krackenberger / Picto

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Alain Wagner
« Ce n’est pas un effet de mode, c’est un engagement personnel »

Ingénieur de formation, Alain Wagner a déjà passé 26 ans au sein de LSC360. Aujourd’hui Administrateur Délégué, il incarne une vision profondément engagée de l’entrepreneuriat, mêlant innovation, durabilité et bien-être au travail.

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Au fil de la conversation, Alain Wagner se révèle tout en nuances : entrepreneur, humaniste, technicien rigoureux et à l’écoute, il incarne un équilibre entre leadership et engagement. « Je crois qu’il faut savoir écouter, créer du lien, et surtout avancer », résume-t-il, le regard tourné vers l’avenir. Et c’est justement cette idée de mouvement – à la fois personnel, collectif et structurel – qui traverse son parcours.

Il commence sa carrière en 1999 chez Simon-Christiansen & Associés, tout juste diplômé en ingénierie de la construction à Aix-la-Chapelle. Ce qui n’était alors qu’un petit bureau d’études s’est progressivement transformé en un groupe d’envergure nationale. À mesure que l’entreprise se développe, Alain Wagner accompagne – voire anticipe – son évolution.

De l’ingénierie à la gouvernance : un engagement sur le long terme

« J’ai commencé en statique, j’étais ingénieur calculateur. Et puis je suis devenu associé, puis directeur de département, puis directeur général », énumère-t-il sans fierté déplacée. En 2020, il co-fonde l’entité Devolux, dédiée au pilotage de projets et à la direction de travaux. Trois ans plus tard, il participe à la fusion des différentes entités du groupe pour créer LSC360. Depuis novembre 2024, il codirige l’entreprise avec Carl-Taro Kleefisch et Myriam Hengesch. « On est trois à la tête. Trois personnalités différentes, avec des forces complémentaires. »

Cette stabilité professionnelle, loin d’être une routine, traduit au contraire un engagement fort.


« Être déjà resté 26 ans au même endroit, c’est un choix. C’est le signe d’un environnement où l’on peut se réinventer. »

L’écologie comme trajectoire évolutive

- © Fanny Krackenberger

Si Alain Wagner se dit de la « vieille école », sa vision actuelle de l’entrepreneuriat est résolument moderne.


« À l’époque, l’environnement n’était pas un sujet. Mais aujourd’hui, avec les jeunes générations, avec mes propres enfants, j’ai pris conscience que ça ne pouvait plus être secondaire. »

Chez lui, cela se traduit par des gestes concrets : maison basse énergie, usage d’énergies renouvelables, mobilité douce. « Ce n’est pas un effet de mode, c’est un engagement personnel. »
Et chez LSC360, l’engagement est structurel : bilans carbone systématiques, économie circulaire, réemploi des matériaux, circuits courts pour limiter l’empreinte transport.

« On ne démolit plus, on déconstruit. On dresse des inventaires de matériaux, on planifie leur réutilisation. Ce n’est pas juste une bonne intention, c’est contractualisé. » Dans chaque projet, la durabilité est pensée en amont. « On intègre cette logique dès la conception. Ça fait partie de notre ADN. »

Responsabilité sociale : un levier de performance

Cette culture durable ne s’arrête pas aux bâtiments. Elle irrigue aussi la gestion humaine. « L’écologie, c’est aussi social. Un employé bien traité est plus engagé, plus performant. C’est du bon sens. » LSC360 adopte une politique RH ambitieuse : passage à un parc automobile 100 % électrique d’ici 2030, recyclage généralisé, formations continues, et une attention portée au bien-être mental et physique.


« On offre des séances de yoga, des massages, et même du coaching. Ce n’est pas si compliqué à mettre en place, et le retour est énorme. Les gens sont motivés, et ça se voit. Même nos clients nous le disent. »

L’entreprise valorise également la liberté et l’initiative : club de football performant, participation à des courses caritatives, événements internes et arbre de Noël solidaire. « On encourage aussi le bénévolat. Nos collaborateurs peuvent consacrer du temps de travail à des associations. »

La formation est un autre pilier central. « Nous sommes aussi un centre de formation certifié. Nos collaborateurs peuvent se former librement, même ceux de l’extérieur viennent chez nous. » Une nouvelle formation obligatoire sur la gestion des priorités sera bientôt instaurée. « Beaucoup se sentent dépassés non pas par la charge, mais par le manque de hiérarchisation des tâches. On veut leur donner les bons outils. »

Le Luxembourg et l’Europe, avancer ensemble

Quand on l’interroge sur la position du Luxembourg dans la transition écologique, Alain Wagner reste mesuré mais optimiste. « Je crois qu’on est dans une bonne moyenne. Le gouvernement est réactif, les directives européennes sont souvent bien appliquées. Mais il reste beaucoup à faire, comme partout. »

Il insiste sur la dimension collective du défi.


« Ce n’est pas une entreprise, un pays ou un gouvernement. C’est chacun, à tous les niveaux. De l’individu au politique. Si on ne tire pas dans le même sens, on n’y arrivera pas. »

Dans ses échanges avec les clients, il constate un changement de paradigme. « Même ceux qui construisent des halls logistiques viennent avec des exigences environnementales, car leurs propres clients les y poussent. » Le consommateur final, même celui qui achète une paire de chaussures en ligne, influence la chaîne.


« Aujourd’hui, plus personne ne peut réfléchir à court terme. L’économie et l’écologie ne sont plus opposées, elles avancent ensemble. »

Sébastien Yernaux
Portrait en tête d’article : © LSC360

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« Je voulais contribuer autrement »
« Je voulais contribuer autrement »

Maria Mateo veut faire de l’assurance un moteur de la transition écologique. À travers IBISA, elle conçoit des solutions technologiques qui renforcent la résilience climatique des populations vulnérables et ouvrent la voie à un avenir agricole plus durable.

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Ingénieure de formation, Maria Mateo aurait pu poursuivre une carrière brillante dans l’industrie spatiale. Mais son ambition l’a conduite ailleurs, à savoir vers un entrepreneuriat engagé, au croisement de la technologie, de l’impact social et de la transition écologique.

Avec IBISA, elle repense le rôle de l’assurance, non pas comme un simple filet de sécurité, mais comme un catalyseur de transformation. Pour elle, l’assurance est un outil de justice climatique, capable d’accélérer l’adoption de pratiques durables, de sécuriser les communautés rurales et de redonner du pouvoir aux territoires trop souvent oubliés.

Rencontre avec une entrepreneure qui agit là où le changement est urgent.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours universitaire et professionnel ? Vos convictions ont-elles influencé votre parcours ?

Je suis ingénieure en télécommunications, spécialisée dans les technologies satellitaires, et titulaire d’un Executive MBA. J’ai travaillé pendant 15 ans dans l’industrie spatiale. Mes racines, elles, sont dans l’agriculture. Une partie de ma famille en Espagne travaille dans le domaine agricole. En les voyant confrontés aux limites des assurances traditionnelles - lentes, opaques et peu efficaces en cas de crise -, j’ai voulu agir.

Je savais que je ne serais pas agricultrice, mais je voulais contribuer autrement. C’est ainsi qu’est née IBISA. Pour apporter le pouvoir des données, de la technologie et de la transparence à un secteur qui en a désespérément besoin.

Maria Mateo
Maria Mateo - © Marion Dessard

Vous considérez-vous comme une actrice de la transition énergétique ? Avez-vous des exemples d’actions concrètes ?

Absolument. L’assurance est l’un des leviers les plus méconnus mais essentiels de la transition énergétique. Elle permet aux investisseurs de s’engager avec confiance dans des projets d’agriculture régénérative, d’énergies renouvelables ou d’adaptation climatique.

Chez IBISA, nous développons des assurances simples, basées sur les données et pensées pour accélérer ces transitions. Sans elles, le risque freine l’innovation. Avec elles, les solutions peuvent se déployer à grande échelle.

IBISA est-elle engagée à améliorer concrètement le quotidien des populations ?

C’est le cœur de notre mission. Nous protégeons les personnes les plus exposées aux chocs climatiques, en particulier celles souvent oubliées par les systèmes classiques. Nos solutions sont accessibles, pragmatiques et pensées pour les contextes locaux.

Mais seule, IBISA ne peut pas tout. Pour créer une résilience réelle et durable, il faut unir les forces : bailleurs de fonds, distributeurs, gouvernements, assureurs. C’est en travaillant ensemble que nous ferons la différence.

Quels sont vos projets actuels ou à venir pour renforcer votre impact environnemental ?

Renforcer les populations, c’est aussi renforcer la planète. En soutenant les agriculteurs, nous contribuons à la protection des sols, à la résilience des systèmes alimentaires et à la préservation des écosystèmes.

Nous nous développons également dans les énergies renouvelables, notamment auprès des producteurs solaires et éoliens. Grâce à nos assurances accessibles, ils peuvent faire face aux aléas climatiques et poursuivre leur activité avec sérénité.

Propos recueillis par Sébastien Yernaux
Photos : © Marion Dessard

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« Ce n'est pas la route la plus facile, mais la vue est belle »
« Ce n’est pas la route la plus facile, mais la vue est belle »

Qu’est-ce qui anime Frédéric Liégeois, fondateur de Picto – agence éditrice d’infogreen.lu, 4x3 et Neomag – au quotidien ? Pour le découvrir, nous lui avons proposé de répondre à un questionnaire inspiré de celui de Proust, revisité à la lumière des enjeux environnementaux et sociétaux.

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1. Trois mots pour décrire votre entreprise :

La tête, les mains, le cœur

2. Quel a été le déclic de votre engagement en faveur du développement durable ?

Il n’y a pas eu de déclic à proprement parler. J’ai, depuis ma plus tendre enfance, toujours été contemplatif devant la beauté mais aussi la fragilité de la nature, de même j’ai toujours été choqué de voir la condition humaine si piétinée… Tout naturellement quand j’ai décidé de me lancer dans l’aventure entrepreneuriale, j’ai fixé ces valeurs dans l’ADN de l’entreprise.

3. Votre geste écoresponsable du quotidien, à la maison ou au bureau :

Je suis végétarien depuis 32 ans… J’avais 19 ans à l’époque… refuser toute consommation de viande et de poisson, c’est le premier de mes gestes écoresponsables au quotidien.

4. Une initiative durable de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fier(ère) :

Je suis très fier de notre engagement et de notre agrément SIS, Société d’Impact Sociétale, nous définissant ainsi comme le premier média déclaré d’utilité publique au Luxembourg depuis 2017. Ceci symbolise notre engagement, nos valeurs et notre implication à défendre nos sujets.

5. Une action que vous aimeriez encore concrétiser :


« J’aimerais tellement de choses, pour mon entreprise, pour la planète, pour nos sociétés, mais je pense qu’avant tout j’aimerais voir encore plus de liens entre nos partenaires, voir des projets se développer au sein de notre réseau, et lancer en interne de nouvelles initiatives pour sensibiliser toujours plus largement… »

Frédéric Liégeois, fondateur de Picto

6. Quelle est, selon vous, la plus grande idée reçue sur le développement durable en entreprise ?

On pense qu’il s’agit de faire attention à l’environnement, or celui-ci ne représente qu’un des piliers du développement durable. Il faut être tout aussi attentif à notre responsabilité sociale/sociétale tout en restant viable économiquement.

7. Un mot (ou un concept) qui vous déplaît dans les discours sur la durabilité :

Celui de greenwashing. Et l’amalgame entre tous les intervenants qui de toute part clament haut et fort leur durabilité. Ce qui me déplait c’est le raccourci, et les préjugés de ceux qui trouvent cette excuse pour décrédibiliser le travail du plus grand nombre…

8. Et un mot qu’on ne dit pas assez :

Merci

9. Un(e) entrepreneur(e), local(e) ou international(e), qui vous inspire :

Il y en a tellement, ici au Luxembourg ! J’ai beaucoup de respect pour des entrepreneurs courageux qui impliquent leur société (sans subsides) sur les chemins de la durabilité. Ce n’est pas la route la plus facile, il y a beaucoup de détracteurs, mais je peux vous assurer que la vue est belle. J’aime ces entrepreneurs qui restent fidèles aux préceptes de durabilité. Je ne vais citer personne car, sans mentir, la plupart de nos partenaires In4Green sont impliqués si souvent personnellement et professionnellement, ils sont si méritants que la liste serait trop longue.

10. Une lecture, un film, un podcast ou un influenceur qui nourrit votre réflexion :


« J’ai dévoré dernièrement un ouvrage qui pour moi est vraiment une œuvre de référence, il s’agit de Rendre l’eau à la Terre de Baptiste Morizot, illustré par Suzanne Husky. »

Frédéric Liégeois, fondateur de Picto

11. Comment embarquez-vous vos équipes dans votre démarche ?

J’espère embarquer mes équipes (humour) ! En tout cas je fais de mon mieux et le point fondamental de cette implication réside dans le dialogue, l’échange, dans une ambiance conviviale, constructive et bienveillante.

12. Et vos clients ?

Pas de poudre aux yeux. Des faits, des actions, et… des résultats. Nous ne sommes pas magiciens, notre humble ambition est de mettre notre pierre à l’édifice du meilleur des scénarios pour les générations actuelles et futures. Nous souhaitons emmener avec nous un maximum d’organisations partenaires – PME, PMI, startup, grands groupes, communes, institutions. Aujourd’hui plus de 200 acteurs luxembourgeois nous ont rejoints… Et c’est une vraie grande fierté pour mon équipe et pour moi bien entendu. Pour fédérer ce réseau autour de la durabilité, faire se rencontrer ces décideurs engagés, échanger et partager leurs bonnes pratiques, nous mettons toute notre énergie, notre créativité, nos compétences et notre savoir-faire. Nos réalisations parlent pour nous.

13. Un lieu, un réseau ou un moment privilégié pour partager vos réflexions sur la durabilité :

Nous organisons plus d’une trentaine d’événements par an avec nos partenaires et ouverts à tous pour certains. Ces rencontres sont les lieux privilégiés pour y partager nos valeurs et nos réflexions sur la durabilité.

14. Que vous apportent ces échanges ?

De l’énergie, de l’optimisme, de la force, pour aller toujours plus loin, chercher à atteindre l’étape d’après, la marche suivante… C’est toujours si inspirant.

15. Le moment où vous avez douté, et ce que vous avez fait à ce moment-là :

Chaque jour, j’ai des moments de doutes, et puis je regarde à mes côtés – ma famille, mes amis, mon équipe, ces projets, ces rencontres, ces rires, ces poignées de mains solides. Tout ceci, c’est mon ciment, ma force, ma fierté… Et je peux vous assurer qu’après cela, je suis reparti pour un tour !

16. Quel conseil donneriez-vous à un entrepreneur qui veut s’engager dans une démarche durable :

Un pas après l’autre, il n’y a pas d’objectif final, la démarche « durable » est un cheminement intérieur qui se traduit à l’extérieur, chaque petit pas dans la bonne direction compte, j’aime citer ce proverbe chinois :


« Le meilleur moment pour planter un arbre, c’était il y a 20 ans. Le deuxième meilleur moment, c’est maintenant. »

Proverbe chinois

17. Si vous deviez résumer votre vision de l’entreprise durable en une phrase…

« Ensemble, on va plus loin. »

Propos recueillis par la rédaction d’infogreen.lu

Allier durabilité et performance : le pari gagnant des entreprises
Allier durabilité et performance : le pari gagnant des entreprises

La House of Sustainability a une raison d’être simple mais ambitieuse : faciliter la transition durable des entreprises luxembourgeoises. Anne-Marie Loesch, Head of Sustainability & Business Development de la Chambre de Commerce / House of Sustainability, détaille l’offre proposée et parle des opportunités créées pour les entreprises.

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Dans quels domaines la House of Sustainability peut-elle intervenir ?

Anne-Marie Loesch : Nous proposons différents formats d’information et de sensibilisation autour des enjeux de durabilité. En collaboration avec la House of Training, nous déployons aussi des programmes de formation sur des thématiques telles que la décarbonation, l’économie circulaire, le reporting de durabilité, la gestion du changement, et bien d’autres encore.

Quels sont les services que vous proposez aux entrepreneurs ?

Nous mettons en œuvre différents programmes de soutien individuels et collectifs, adaptés aux besoins spécifiques des entreprises. À titre d’exemple, dans le cadre de notre partenariat avec le ministère de l’Économie, nous déployons plusieurs dispositifs de financement visant à accompagner les entreprises dans leurs projets en matière de durabilité. Cela peut inclure la réalisation de diagnostics ou le soutien à des investissements destinés à améliorer leur empreinte environnementale.


« Depuis le lancement de la House of Sustainability en avril 2023, plus de 2.800 participants se sont rendus à nos événements, ateliers et webinaires. Sur le plan de l’accompagnement aux aides financières liées à des projets durables, nous avons soutenu directement plus de 150 entreprises. »

Anne-Marie Loesch, Head of Sustainability

Nous jouons également un rôle d’orientation en redirigeant les entreprises vers les services et dispositifs de nos partenaires au sein de l’écosystème, lorsque cela correspond mieux à leurs besoins. Par exemple vers l’INDR, notre partenaire qui propose le label ESR.

Votre offre d’accompagnement a-t-elle évolué au fil des années ?

Elle évolue en permanence pour rester en phase avec les besoins des entreprises, qui changent rapidement, notamment sous l’effet des nouvelles réglementations. Nous restons à l’écoute à travers différents canaux : notre enquête Panorama du Développement Durable, nos sondages et échanges avec les entreprises et nos partenaires, et le travail de veille que nous réalisons.

C’est ce qui nous a amené à développer, par exemple, un réseau et une formation dédiés à la CSRD, des sessions sur la taxonomie européenne ou le reporting VSME (Voluntary Sustainability Reporting Standard for non-listed SMEs). Actuellement, nous travaillons avec le ministère de l’Économie à mettre en place un dispositif d’accompagnement pour soutenir les PME dans cette nouvelle démarche de reporting de durabilité.

Témoignage de LSC360

Jo Kettel, responsable RSE : « Nous participons à des conférences et des workshops de la House of Sustainability dans lesquels nous intervenons dans le cadre de partage d’expériences et de bonnes pratiques. Cela nous permet d’échanger avec d’autres entreprises qui ont la volonté de s’engager dans la durabilité. Nous avons aussi signé le Pacte national ‘Entreprises et droits de l’Homme’ ainsi que la Charte de la Diversité Lëtzebuerg. Au-delà de renforcer notre engagement, ces initiatives nous permettent de questionner nos pratiques, de les challenger, d’évoluer et d’aller encore plus loin dans ce que nous mettons en place. »

Justement, quelles sont les obligations légales et réglementaires qui incombent à un entrepreneur en matière de durabilité ?

Elles varient en fonction de la taille et du secteur de l’entreprise. Elles couvrent de nombreuses thématiques, parmi lesquelles :

Pour mieux informer les entreprises sur ces évolutions, nous mettons à disposition sur notre site internet une page dédiée à la veille réglementaire, proposant des briefings synthétiques et des filtres interactifs. En parallèle, nous organisons régulièrement des formats de sensibilisation pour aider les entreprises à y voir plus clair.

Témoignage de la Banque de Luxembourg

Gabrielle Da Costa, chargée de missions RSE : « En tant que signataire du Pacte national ‘Entreprises et droits de l’Homme’, nous participons aux rencontres entre les membres. Ces temps d’échange favorisent l’entraide entre entreprises et nous apportent des guidelines et réponses claires à nos questions. La House of Sustainability propose également un large éventail d’événements autour des enjeux durables, auxquels nous participons régulièrement. Nous apprécions tout particulièrement la qualité, la diversité et la pertinence des intervenants lors de ces événements. »

Au-delà de ces obligations, quels sont des bénéfices pour une entreprise qui opère sa transition durable ?

Je pense qu’on peut considérer la durabilité avant tout comme un levier de performance. Par exemple, améliorer la gestion de l’énergie permet de réduire la dépendance aux prix fluctuants tout en réalisant des économies significatives — et des programmes d’aides publiques attractifs permettent d’accélérer le retour sur investissement. Sur le plan social, investir dans la formation, le bien-être au travail ou l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle peut avoir un effet très positif sur la motivation et l’engagement des collaborateurs, ce qui renforce la performance globale de l’entreprise.

Plus largement, la durabilité peut être considérée comme un levier de transformation, qui renforce la compétitivité et la résilience des organisations sur le long terme, tout en leur permettant de s’adapter à un monde en profonde mutation.

Propos recueillis par Léna Fernandes

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« Les entrepreneurs doivent faire avec, et pas contre, la nature »
« Les entrepreneurs doivent faire avec, et pas contre, la nature »

Dr. Mirko Hirschmann, chercheur au Interdisciplinary Centre for Security, Reliability and Trust (SnT) est l’un des contributeurs d’une étude faisant le lien entre entrepreneuriat et perte de biodiversité. Face au manque de recherches sur le sujet et au besoin de sensibilisation des entrepreneurs, il appelle à l’action.

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Pourquoi avoir décidé de mener une étude sur la perte de biodiversité et l’entrepreneuriat ?

Mirko Hirschmann : Nous avons constaté qu’il y avait très peu de recherches qui font le lien entre ces deux sujets du point de vue de l’entrepreneuriat et du management. Nous avons donc voulu lancer une discussion. Plus globalement, nous voudrions voir davantage de travaux dans le champ de l’entrepreneuriat durable.

Quelles données avez-vous utilisées ?

Nous avons utilisé des données secondaires recueillies par la Commission européenne dans deux enquêtes sur le thème de la perte de biodiversité, menées auprès de la population de l’Union européenne – incluant le Royaume-Uni à l’époque. Nous nous sommes focalisés sur les personnes qui ont répondu être entrepreneurs ou anciens entrepreneurs, et plus spécifiquement dans le secteur primaire. Le but était de voir la manière dont ces derniers perçoivent les effets négatifs de leurs activités sur la nature et la biodiversité.

Quelles conclusions avez-vous tirées de cette étude ?

La première est plutôt contre-intuitive, donc très intéressante ! Les entrepreneurs du secteur primaire perçoivent leurs propres activités comme moins menaçantes pour la biodiversité que celles des autres entrepreneurs. Pourtant, quand leur travail consiste à exploiter les ressources naturelles, ils voient bien que les sols se dégradent ou encore que leurs rendements diminuent à cause du changement climatique.


« La perte de biodiversité va fortement impacter le comportement des entrepreneurs. Elle doit donc être un axe fondamental de la recherche sur l’entrepreneuriat dans les années à venir. »

Dr. Mirko Hirschmann, chercheur au SnT

Nous avons plusieurs hypothèses pour expliquer ce résultat. Il y a la théorie de la dissonance cognitive, qui expliquerait que les entrepreneurs détournent le regard face au problème de la perte de biodiversité. Il y a aussi la théorie de la rigidité face aux menaces : submergés par trop d’impératifs – notamment d’être financièrement viables – ils n’ont pas les moyens et le temps de changer leurs habitudes. C’est particulièrement vrai pour les petits agriculteurs, pêcheurs ou exploitants forestiers.

Vous avez cependant observé une différence en fonction de la situation économique du pays où sont localisés les entrepreneurs.

Dans l’UE, plus un pays est dépendant du secteur primaire, plus les entrepreneurs qui exploitent des ressources naturelles perçoivent leur activité comme menaçante pour la biodiversité. Leur conscience environnementale semble être plus élevée dans ces pays.

Les entrepreneurs luxembourgeois sont-ils impactés par la perte de biodiversité ?

Par exemple, l’industrie viticole de la Moselle est confrontée au problème de la survie du papillon Apollon, qui affectionne particulièrement les milieux escarpés secs et rocailleux qu’on retrouve dans cette région. Malheureusement, le développement des vignobles peut donc entraîner la perte ou la fragmentation des habitats naturels de cette espèce aujourd’hui en voie d’extinction.

Une association environnementale internationale a voulu interdire l’utilisation de certains engrais, notamment ceux appliqués par voie aérienne dans les vignobles en pente, car ils déséquilibrent les écosystèmes. Mais interdire ces techniques rendrait le travail des viticulteurs beaucoup plus difficile, car appliquer des engrais à la main dans des zones escarpées est très compliqué.

Toujours dans l’industrie viticole que je connais bien, certains entrepreneurs se tournent vers l’agroforesterie en décidant de planter des arbres sur des zones de leur vignoble qui auraient pu servir à la culture de la vigne. Ce type d’initiative contribue à limiter la perte de biodiversité et augmente la résilience de l’environnement face au changement climatique.

Comment faire, selon vous, pour que les entrepreneurs aient une plus grande conscience de leur impact sur la biodiversité ?

Avec cette étude, nous voulons apporter une contribution concrète. C’est pourquoi elle commence par un appel à l’action.

Nous encourageons les entrepreneurs qui sont des références dans la durabilité à transmettre leurs connaissances. Ils doivent montrer à leurs pairs comment mettre en place des solutions permettant de réduire leur impact sur l’environnement, voire de régénérer les écosystèmes, tout en restant financièrement viables.


« 50 % du PIB mondial dépend des ressources naturelles. C’est donc un enjeu fondamental pour les générations futures. »

Dr. Mirko Hirschmann, chercheur au SnT

Les pouvoirs publics doivent aussi soutenir ces efforts. Pour les petits exploitants, c’est difficile de laisser de l’espace à la biodiversité sans aides financières. Il faut des subventions, par exemple pour passer au bio ou pour la préservation de certaines zones. Nous suggérons aussi de combler les lacunes de sensibilisation avec des événements et des formations. Il est essentiel que les futurs entrepreneurs bénéficient d’un enseignement sur la durabilité. Au SnT, nous abordons par exemple ces aspects dans notre master dédié à l’industrie spatiale. Quel que soit le secteur, il faut attirer l’attention sur la nature et le climat. Cela devrait même faire partie des programmes généraux.

Néanmoins, les entrepreneurs sont de plus en plus sensibles aux enjeux liés à l’environnement. Dans le secteur primaire, ils sont confrontés à des événements climatiques qui sont chaque année plus extrêmes, comme les gelées tardives, la grêle ou les sécheresses prolongées, qui détruisent les cultures. Il y a aussi de plus en plus de règlementations, locales et européennes, sur le sujet.

Propos recueillis par Léna Fernandes

« Il faut toujours garder une certaine humilité »
« Il faut toujours garder une certaine humilité »

À la tête de Peintures Robin depuis 2017, Gérard Zoller incarne un parcours à la fois atypique et engagé. Citoyen actif de son « Wild West » natal, il défend une parole libre, un ancrage local fort et des actions toujours guidées par le bon sens. Rencontre avec un dirigeant profondément investi.

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Vous dites avoir un parcours hors du commun… Racontez-nous !

Je suis arrivé chez Peintures Robin il y a 39 ans, en remplacement d’un congé de maternité. Après ce premier poste au secrétariat, je suis passé au service Achats, que j’ai ensuite dirigé. On a remarqué que j’aimais beaucoup parler, et je suis devenu vendeur, puis j’ai pris la direction commerciale. J’ai progressivement acquis quelques parts dans la société et, depuis 2017, j’en suis le directeur général.

J’ai commencé tout en bas de l’échelle, sans diplôme universitaire. J’ai appris sur le tas, en autodidacte, et j’ai gravi les échelons. C’est en cela que je vois un parcours atypique. De nos jours, quand on est directeur général, on est universitaire. J’ai longtemps porté un complexe d’infériorité, mais c’est aussi ce qui m’a poussé à fournir plus d’efforts pour accéder à ces postes. Aujourd’hui, j’aime dire que je n’ai pas fait l’unif, mais que j’emploie des universitaires !

En 39 ans de carrière, on imagine que bien des choses ont changé chez Peintures Robin…

Quand j’ai commencé, l’entreprise était un peu vieux-jeu et proposait des produits obsolètes à base de solvants. Rapidement, nous avons évolué vers une gamme plus écologique et moderne. Nous avons d’abord lancé les peintures à base d’eau, et depuis quelques années, nous proposons des produits recyclés ou fabriqués à partir de matières premières renouvelables.

Nous avons adopté une position novatrice, parfois même pionnière. Pour moi, il est important, dans la vie en général, d’être en avance, d’anticiper les choses. C’est par exemple le cas avec les législations : quand une nouvelle interdiction tombe, notamment sur un ingrédient, nous sommes prêts, car nos compositions sont déjà plus écologiques.

En 2025, nous pouvons nous targuer de continuer à produire des peintures au Luxembourg. C’est la plus grande réussite de l’entreprise : être toujours là en tant que fabricant, alors que tous les autres ont arrêté.

Vous parlez beaucoup en « nous ». Vous le préférez au « je » ?

À mon sens, on ne peut rien faire seul, c’est toujours un travail d’équipe. Je suis d’ailleurs un peu gêné que ce portrait soit centré sur moi !

À votre arrivée, vous m’avez demandé si vous pouviez vous garer sur une place de la direction, qui était la seule libre. Bien sûr ! J’ai même envie d’enlever ces places. Ce n’est pas équitable que certains aient des places réservées et d’autres non. Je suis contre ce type de privilèges. Il faut toujours garder une certaine humilité.

Le dialogue est essentiel. Chaque collaborateur peut entrer dans mon bureau pour partager son opinion, positive ou critique, sur ce qui est mis en place. Même si l’on n’est pas d’accord, l’échange permet de mieux comprendre et accepter une décision.

Ces principes semblent s’inscrire dans une vision plus large de l’entreprise. Quelle est la philosophie de Peintures Robin aujourd’hui ?

La philosophie de l’entreprise repose sur trois valeurs : équité, écologie, excellence. Notre comportement doit être irréprochable, que ce soit vis-à-vis de l’environnement, des employés, des fournisseurs, des clients ou même des voisins. Pour moi, c’est tout cela la responsabilité sociétale.

Nous avons, par exemple, demandé à nos fournisseurs de prouver que leurs matières premières proviennent de sources propres. Nous avons entamé ce travail en anticipation des directives à venir, notamment sur le devoir de vigilance.

Vous êtes également bourgmestre de la commune de Saeul. Cela vous tenait à cœur ?

J’ai longtemps poursuivi deux objectifs : devenir directeur général et bourgmestre. Depuis les dernières élections communales, je porte ces deux casquettes. C’est très fatigant, mais je suis fier d’y être parvenu. Cela m’a demandé beaucoup de persévérance : j’étais conseiller communal depuis 30 ans !

Vous portez un fort ancrage local, tant à travers votre rôle de dirigeant que dans votre vie politique et privée…

Oui, je suis un gars de la région ! Nous sommes ici dans l’ouest du pays, le Wild West comme on l’appelle aussi, une union de neuf communes du canton de Rédange qui essaie de rendre la région autosuffisante. J’y suis né, mes parents avaient une scierie où je passais beaucoup de temps. J’ai grandi dans l’odeur du bois, de la sciure, dans la nature.

Depuis plus de 25 ans, je suis aussi membre du Rotary Club et d’un club d’ornithologie. Et je joue du tuba dans la fanfare du village ! Au niveau régional, je suis responsable politique du ressort « logement social ».

Un livre, ou deux…

« Je lis beaucoup, énormément même. Je retiens tout ce qui me plaît pour nourrir ma réflexion. »

  • The Ascent of Humanity, de Charles Eisenstein  : « Sa grande théorie est que l’humain, depuis qu’il est sorti de sa caverne, s’est éloigné de la nature. Aujourd’hui, nous vivons dans des espaces qui ne sont plus naturels ; certains vivent même dans le virtuel ! »
  • Not the End of the World, de Hannah Ritchie  : « J’apprécie son approche positive, qui montre tout ce qui s’est déjà amélioré dans l’environnement. Les pluies acides des années 1970 et 1980, par exemple, ont disparu. »

C’est quoi, la suite ?

Quand on a passé 50 ans, on regarde plus en arrière qu’en avant !

Vous avez le sentiment d’avoir fini votre carrière ?

Chez Peintures Robin, oui, ou presque. Mon départ est prévu pour le 31 août 2026. Un comité de direction a été mis en place pour reprendre les rênes.


C’est sans regret ! Dans une carrière, il est important de savoir partir au bon moment, sans s’accrocher à un siège que d’autres pourraient occuper. Il faut éviter ce que les Allemands appellent le Tunnelblick, la vision tunnel : quand on est trop longtemps dans ses habitudes, on risque de ne plus voir ce qui se passe autour.

Gérard Zoller, Peintures Robin

Politiquement en revanche, j’espère être au début de ma carrière de bourgmestre.

Durant ces quatre décennies de vie active, quel a été votre plus grand obstacle ?

Ma grande gueule ! J’ai beaucoup de mal à ne pas dire ce que je pense. Je ne regrette pas ce franc-parler, mais ma carrière aurait peut-être progressé plus vite si j’avais parfois adopté une posture plus conciliante.

Si vous deviez donner un conseil à la relève, aux jeunes… Quel serait-il ?

Je leur dirais de s’impliquer dans la société et de ne pas seulement attendre qu’elle leur rende quelque chose. Qu’ils s’engagent dans des clubs, dans la politique, dans leur entreprise. On rend ainsi service à la communauté et on crée de la richesse. L’engagement est essentiel pour que ce monde continue à fonctionner.

Propos recueillis par Marie-Astrid Heyde
Photos : Fanny Krackenberger / Picto

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« Mettre mes compétences et mon énergie au service d'un changement concret »
« Mettre mes compétences et mon énergie au service d’un changement concret »

Investie depuis près de vingt ans au sein de l’ONG Aide à l’Enfance de l’Inde et du Népal (AEIN), Françoise Binsfeld a toujours été portée par la volonté d’agir de façon tangible pour changer des vies. Dans son rôle de directrice depuis bientôt neuf ans, elle poursuit cet engagement avec passion.

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Vous êtes directrice d’AEIN depuis bientôt neuf ans. L’aide au développement était une vocation pour vous ?

Diplômée en sciences commerciales – management international à HEC Liège, j’ai toujours été animée par la conviction que l’économie peut et doit servir le bien commun. Ce sens de l’engagement m’a menée, après plusieurs expériences dans le secteur bancaire au Luxembourg, à m’impliquer dans cette ONG luxembourgeoise avec laquelle je suis engagée depuis maintenant 19 ans, d’abord comme bénévole, puis comme directrice.

Quelles sont les principales missions d’AEIN ?

Depuis plus de 57 ans, AEIN œuvre aux côtés de partenaires locaux en Inde et au Népal pour améliorer les conditions de vie des enfants, des femmes et des communautés rurales. Une part importante de notre travail vise aujourd’hui à soutenir des entrepreneurs engagés : des femmes qui lancent des activités artisanales, des jeunes qui transforment l’agriculture locale, ou encore des communautés qui s’organisent pour créer des modèles économiques durables et solidaires. AEIN et nos partenaires locaux les accompagnent dans la durée, à travers des formations, des outils adaptés et un suivi de proximité.

AEIN aide de nombreuses femmes d'Inde et du Népal à devenir entrepreneures.
AEIN aide de nombreuses femmes d’Inde et du Népal à devenir entrepreneures. - ©AEIN

Vous vous rendez régulièrement sur le terrain, pour suivre les projets. Les avancées que vous y découvrez, vous confortent-elles dans vos choix professionnels ?

Lors de ma récente visite au Népal, j’ai vu comment nos bénéficiaires lancent avec fierté leurs propres activités : culture maraîchère, tissage de Dhaka, production d’encens ou élevage de bétail… Derrière chaque mini-entreprise, il y a une histoire de résilience, de dignité retrouvée et d’engagement local.

Ce qui me touche dans nos projets, c’est qu’ils résonnent profondément avec mon propre parcours. Depuis mes études à HEC Liège, j’ai été fortement marquée par la pensée du professeur Muhammad Yunus. Son approche de l’entrepreneuriat social m’a convaincue qu’un autre modèle économique est possible — un modèle ancré dans la solidarité, où l’initiative individuelle devient un levier collectif de changement.

Être une entrepreneure engagée, pour moi, c’est justement cela : mettre mes compétences, mon réseau et mon énergie au service d’un changement concret, ici et ailleurs.


« Les pauvres ne sont pas responsables de leur pauvreté. Ils ne sont ni des incapables ni des fainéants, mais des victimes. C’est la société qui les a fait pauvres. Il faut donner à chacun la possibilité de devenir entrepreneur. »

Muhammad Yunus, économiste, entrepreneur et homme d’État bangladais, cité dans Le Monde (2006)

Comment cet engagement se traduit-il dans votre vie privée ?

Cet engagement ne s’arrête pas aux projets que je mets en œuvre aujourd’hui avec AEIN. Je nourris également des projets personnels qui prolongent cette vision d’un entrepreneuriat éthique et solidaire.

Parmi eux, la création d’une boutique en ligne dédiée à l’artisanat asiatique – une vitrine pour faire découvrir la richesse des savoir-faire traditionnels, tout en finançant en partie les projets d’AEIN grâce aux bénéfices générés, ainsi qu’un projet de production de thé bio et équitable au Népal ou en Birmanie – une manière concrète de relier la consommation responsable à un impact social tangible. J’espère bientôt trouver le temps de réaliser ces projets !

Avez-vous un message pour les entrepreneurs et décideurs qui nous lisent ?

Rejoignez-nous ! Mettez votre énergie, vos idées, vos savoir-faire au service d’un modèle plus juste. Car l’entrepreneuriat engagé ne se décrète pas, il se construit – ensemble.

- ©AEIN

Menuka, le courage de faire pousser son avenir

À 33 ans, Menuka Timalsina Sapkota, originaire de Bethanchowk (Népal), a transformé sa vie grâce à l’agriculture commerciale. Anciennement limitée aux tâches ménagères et à une agriculture de subsistance, elle a rejoint en 2021 la coopérative Rural Women Vegetable and Fruit Cooperative Pvt. Ltd., soutenue par AEIN. En accédant à des prêts, elle a investi dans la culture de fruits et légumes, augmentant ses revenus jusqu’à 50.000 NPR (environ 362 euros) par saison. Aujourd’hui, elle participe aux décisions financières de sa famille et épargne chaque mois au sein de la coopérative. « Je peux enfin offrir un meilleur avenir à mes enfants », confie-t-elle fièrement.

Propos recueillis par Marie-Astrid Heyde
Photos : AEIN
Portrait : Picto / Fanny Krackenberger

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« Je me sens soutenue et encouragée dans ma mission avec Halternatives »
« Je me sens soutenue et encouragée dans ma mission avec Halternatives »

Anne-Gaelle Halter, fondatrice de Halternatives, s’est livrée à un exercice introspectif : un questionnaire de Proust, adapté aux enjeux du développement durable. Une manière originale de découvrir ses idées, ses références et ses engagements.

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1. Trois mots pour décrire votre entreprise :

Authenticité, Excellence, Engagement

2. Quel a été le déclic de votre engagement en faveur du développement durable ?

Mon déclic a été un cadeau qu’on m’a fait : un coffret de cosmétiques solides zéro déchet. J’ai ensuite compris que tout était lié. Mes valeurs, mes actes, mon quotidien, mon travail, le sens que je lui donne et le bien-être que cela allait me procurer vs un travail en tant qu’employée qui ne fait plus de sens.

3. Votre geste écoresponsable du quotidien, à la maison ou au bureau :

Récupérer l’eau de pluie et composter.

- ©Halternatives

4. Une initiative durable de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fière :

Réutiliser tous les papiers d’emballage et de rembourrage reçus de mes fournisseurs. Je n’ai jamais eu besoin d’en acheter en cinq ans d’activité.

5. Une action que vous aimeriez encore concrétiser :

Éveiller 5.000 nouvelles consciences

6. Quelle est, selon vous, la plus grande idée reçue sur le développement durable en entreprise ?

Que cela nuit au confort.

7. Un mot (ou un concept) qui vous déplaît dans les discours sur la durabilité :

Électrique.
Oui, on parle beaucoup de tout passer à l’électrique (dans les transports, dans les maisons…), mais qui va assurer la production de toute cette électricité et à quel coût ? On parle déjà de devoir réduire nos consommations électriques, alors tout passer à l’électrique ne fera qu’augmenter les consommations de tout le monde.

8. Et un mot qu’on ne dit pas assez :

Modération.


« Si chacun vivait, mangeait, voyageait avec modération, il n’y aurait presque plus de problème. En revanche, aimer et accepter sans modération, c’est la clé, car selon moi ce sont les guerres qui polluent le plus ce monde à tous les niveaux. »

Anne-Gaelle Halter, fondatrice de Halternatives

9. Un(e) entrepreneur(e), local(e) ou international(e), qui vous inspire :

Sandrine Pingeon (Les Paniers de Sandrine à Munsbach)

10. Une lecture, un film, un podcast ou un influenceur qui nourrit votre réflexion :

Le compte Instagram de Quentin : La vie partout.

11. Comment embarquez-vous vos clients dans vos démarches durables ?

Ma clientèle est déjà bien embarquée, consciente de ses actes et de ses achats, elle n’achète que ce dont elle a besoin. C’est justement ce qu’elle vient chercher chez moi.

12. Un lieu, un réseau ou un moment privilégié pour partager vos réflexions sur la durabilité :

Durant les rencontres organisées avec In4Green. C’est une safe place. Nous sommes entre pairs et pouvons aborder les sujets qui nous tiennent à cœur sans peur du jugement. Chacun fait sa part. Il y a beaucoup d’écoute, de belles intentions et de la bienveillance. Ce n’est pas toujours le cas dans tous les univers de rencontres ou de networking, qui sont potentiellement plus axés pur business et croissance coûte que coûte, et dans lesquels le volet durable fait de la figuration pour les rapports RSE.

13. Que vous apportent ces échanges ?

Je me sens soutenue et encouragée dans ma mission avec Halternatives. Une poussée, un regain d’énergie à chaque fois.

14. Le moment où vous avez douté, et ce que vous avez fait à ce moment-là :

Quelques mois après ma création, je me suis demandée si cela valait bien la peine de se lancer dans l’éco-responsable, et puis je me suis rappelée mon pourquoi ainsi que ma mission de vie et j’ai foncé.

15. Quel conseil donneriez-vous à un entrepreneur qui veut s’engager dans une démarche durable ?

C’est basé sur l’IKIGAI, mais c’est ainsi que je me suis lancée moi-même :


« Fais ce que tu aimes, ce en quoi tu es doué, ce pour quoi tes clients vont te payer et mets-le au service de l’humain, de la planète et plus largement du développement durable. »

Anne-Gaelle Halter, fondatrice de Halternatives

16. Si vous deviez résumer votre vision de l’entreprise durable en une phrase…

Rationalisation à tous les niveaux sans entrave à l’excellence (du produit, du service et de l’expérience client)

Portrait recueillis par Marie-Astrid Heyde
Photo : Picto / Fanny Krackenberger

Mike Van Kauvenbergh
« Faire le lien entre la stratégie, l’humain et la performance durable »

Chez Deveco, Mike Van Kauvenbergh transforme la responsabilité sociétale en véritable moteur stratégique. Ce pionnier luxembourgeois mise sur une approche structurée et pragmatique pour accompagner les entreprises vers un modèle plus responsable et pérenne. Échange avec un entrepreneur passionné.

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« Je suis économiste de formation, mais j’ai eu un parcours assez atypique », explique Mike Van Kauvenbergh, directeur de Deveco. D’abord actif dans le secteur de la sidérurgie en Suisse, puis directeur des ventes dans le secteur des parfums à Munich, il revient en 2006 au Luxembourg. C’est alors qu’il découvre une nouvelle dimension du marketing : celui orienté vers la responsabilité sociétale.


« Dans le transport et la mobilité, on ne peut pas se contenter de belles images. Il faut des faits. C’est comme ça que j’ai rencontré la RSE : en cherchant à raconter une histoire vraie. »

Mike Van Kauvenbergh, directeur de Deveco

Chez Sales-Lentz, il initie une transformation en profondeur. L’entreprise devient l’un des précurseurs de la mobilité électrique et adopte dès 2010 le label INDR, alors quasiment inconnu. La durabilité n’y est plus une option, mais bien un élément structurant du modèle économique, avec une culture interne progressivement alignée sur ces nouvelles priorités.

Après un passage aux CFL, il décide de franchir un nouveau cap. En 2017, il fonde Deveco, société de conseil spécialisée dans le développement durable. « Depuis, c’est devenu une passion profonde. Et ce que j’aimais à l’époque, je le retrouve dans l’accompagnement quotidien : faire le lien entre la stratégie, les valeurs humaines et la performance durable. »

Structurer l’engagement pour le rendre efficace

L’approche de Deveco repose sur un constat simple : sans méthode, les bonnes intentions peuvent rapidement tourner à vide. « On voit encore beaucoup d’initiatives intuitives dans les PME : remplacer les gobelets par des tasses, investir dans des panneaux solaires… Ce n’est pas inutile, mais ce n’est pas suffisant. »

Selon lui, la clé réside dans l’analyse des enjeux concrets liés à l’activité de l’entreprise. « Il faut comprendre ce qu’on influence réellement, et à l’inverse, ce qui nous influence. C’est là qu’on peut agir efficacement. »

C’est le rôle de la démarche de matérialité, que Deveco mène avec ses clients.


« Lors de nos ateliers stratégiques, il y a souvent une prise de conscience. Les collaborateurs réalisent que la durabilité, c’est déjà leur quotidien : la sécurité sur un chantier, la formation, la santé au travail... Il faut simplement lui donner une place claire et structurée. »

Mike Van Kauvenbergh, directeur de Deveco

Le Luxembourg : entre ambition et contradictions

Sur la scène européenne, le Luxembourg affiche une position proactive. « Il y a une vraie volonté politique. Les aides à la transition sont nombreuses, et des décisions fortes comme la gratuité des transports publics montrent un engagement clair.  »

Mais le pays n’échappe pas à certaines contradictions. Son empreinte écologique reste élevée, notamment en raison du tourisme frontalier et des flux quotidiens massifs de population. « Il faut nuancer les chiffres. Mais en matière d’évolution, je pense qu’on est plutôt bien positionnés. Pas en retard, mais encore loin d’un modèle parfait. »

L’expert souligne aussi que la taille réduite du pays peut être un atout : « Cela permet de tester des projets pilotes à l’échelle nationale, de fédérer plus rapidement les acteurs et d’adapter les politiques publiques en temps réel. »

Une petite structure, un grand impact

Deveco compte aujourd’hui quatre collaborateurs, tout en étant intégré au groupe ATOZ. Ce partenariat lui permet de bénéficier d’infrastructures ambitieuses, notamment en matière de mobilité propre. « ATOZ a investi dans l’électromobilité de ses collaborateurs, avec un réseau de bornes de recharge en place et encore en expansion. Ils ont aussi adopté des politiques intelligentes pour réduire les déplacements et favoriser le télétravail. »

Au sein du groupe, le bien-être au travail n’est pas un slogan. « Ils reçoivent le prix Best Place to Work, chaque année, depuis 2013. Ce n’est pas anodin. Ils prennent très au sérieux la santé mentale et l’ambiance générale. C’est là où, dans une entreprise de services, on peut vraiment faire la différence. »

RSE : de l’opportunité à l’écueil réglementaire

Si Mike Van Kauvenbergh se montre optimiste quant au potentiel de la RSE, il regrette l’effet contre-productif de certaines réformes récentes. « Après la crise du Covid, les entreprises avaient commencé à voir la durabilité comme une source d’innovation et de résilience. Mais les nouvelles obligations de reporting ont généré un rejet. On est passés d’une logique volontaire à une logique de conformité pure. »

La suppression ou le report de certaines exigences réglementaires a aussi contribué à un essoufflement. « Cela a envoyé un mauvais signal. Beaucoup se sont dit ’tant mieux, on va ralentir’. Le cadre était devenu trop lourd, et en l’allégeant brusquement, on a cassé l’élan. »
Malgré cela, le fondateur de Deveco reste confiant sur un point : la transition énergétique, elle, reste bien sur les rails.


« L’investissement continue, les enjeux restent majeurs, et il y a encore beaucoup à faire. Mais il faudra redonner du sens et une dynamique positive aux autres dimensions de la durabilité. »

Mike Van Kauvenbergh, directeur de Deveco

Sébastien Yernaux
Photo : Deveco

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François Brin et Michael Bontemps
« Entreprendre, c’est aussi savoir se retrousser les manches »

Chez Capner, François Brin et Michael Bontemps incarnent une forme d’engagement entrepreneurial qui mêle action, adaptabilité, éthique et convictions. Portrait croisé de deux hommes de terrain, pour qui la transition énergétique est aussi une affaire de méthode et d’humilité.

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« Quand je suis arrivé au Luxembourg, on a tout de suite organisé une inauguration. Se faire connaître dans une bonne ambiance, c’est essentiel. » François Brin, business initiator & public relations manager chez Capner, parle avec passion et simplicité d’un parcours atypique, mené à un rythme soutenu. Présent depuis un an et demi au Grand-Duché, il a contribué à y implanter solidement l’entreprise spécialisée notamment dans le photovoltaïque.

Avec une approche pragmatique, il insiste sur l’importance de transmettre. « Je lance les projets, puis je passe le relais. Mais je reste là où il faut être : en lien avec les acteurs publics, sur le terrain, à écouter, comprendre, expliquer. » Leur implantation luxembourgeoise, explique-t-il, a nécessité beaucoup de pédagogie : se rendre à la police pour présenter les vendeurs qui vont sonner chez les gens, informer les communes, échanger avec Klima-Agence… Un ancrage local progressif, « avec beaucoup d’énergie et de respect des règles. »

François Brin
François Brin - © Picto

Leur relation avec Klima-Agence s’est nouée dès leur arrivée, même s’il y a eu des hauts et des bas. « On a joué la carte de l’ouverture. On a montré nos process, nos scripts, nos techniques d’appel », raconte François Brin. Des échanges constructifs ont permis de désamorcer certaines méfiances et de créer une relation de confiance avec les autorités, notamment.


« Un entrepreneur engagé, c’est quelqu’un qui sait ce qu’il veut et comment il y va. Entreprendre, c’est aussi savoir se retrousser les manches. »

François Brin, business initiator & public relations manager

Une méthode assumée, parfois critiquée

Michael Bontemps, Europe project manager, renchérit : « On n’attend pas que le téléphone sonne. Notre force de frappe, c’est le terrain. »

La méthode est bien rodée : stands d’information dans les centres commerciaux, jeux concours pour prendre rendez-vous, études de faisabilité gratuites… « Mais toujours dans la transparence. On veut que chaque client ait une vision claire de ce qui est proposé, des bénéfices possibles et de la méthode. Nous voulons accompagner le pays dans cette transition énergétique. »

Cette méthode proactive suscite parfois l’étonnement, voire la critique. « On n’a pas attendu qu’un marché mature s’ouvre à nous. On est allé le chercher », précise François Brin. Et pour cela, il faut des équipes solides et formées, « pas juste des vendeurs avec un badge, mais des gens qui connaissent leur sujet et qui partagent nos valeurs. »

Chez Capner, cela passe par une formation poussée, un dress code clair, et surtout une culture de l’adaptabilité. « Avant d’aller sur le terrain, nos vendeurs apprennent un texte de six pages par cœur. Ils doivent aussi réussir un test et un jeu de rôle. Si ce n’est pas maîtrisé, ils ne sortent pas. Et s’il y a un manquement éthique, on arrête la collaboration tout de suite. »

Cette rigueur, parfois perçue comme une forme de commerce incisif, n’est pas toujours bien accueillie. « Certains trouvent qu’on prend trop de place, cependant nos investissements ont été lourds, aussi bien en énergie qu’en ressources humaines. La concurrence est rude, mais saine tant qu’elle pousse à mieux faire », tempère le project manager.


« On sait que certains nous regardent de travers, mais on est là pour faire avancer les lignes. »

Michael Bontemps, Europe project manager

Éthique, innovation et responsabilité

Leur engagement s’incarne aussi dans leur manière de concevoir leur mission. « Il faut fidéliser, créer une vraie relation avec les gens », estime François Brin. « On propose des produits pour dix ans minimums. On s’engage sur des solutions durables et concrètes. » L’approche est résolument tournée vers l’humain, avec une équipe « solidaire, complémentaire, où chacun a ses forces, ses failles aussi. Et c’est ce qui fait qu’on avance. »

Michael Bontemps
Michael Bontemps - © Picto

Côté produits, outre les panneaux photovoltaïques, les batteries, les onduleurs et les bornes électriques, leur fierté actuelle repose notamment sur un boiler thermodynamique all-in-one, un système multifonction à la fois innovant, écologique et autonome. « Il fonctionne aussi bien pour le chauffage que pour l’eau chaude, sans émission nocive pour la couche d’ozone », explique François Brin. « Ce genre de produit, c’est une réponse concrète aux enjeux actuels. » Il répond à une double exigence : consommer moins et impacter moins, tout en restant simple d’usage pour les ménages.

« On sait que le 100% recyclable n’existe pas encore, mais par rapport au fossile ou au nucléaire, on fait un bond en avant », poursuit-il. Leur approche vise à minimiser l’impact tout en maximisant l’utilité, à travers des technologies durables et adaptées aux réalités locales.

« Être entrepreneur engagé, c’est aussi avoir un mental. Il faut une vision, une éthique, et de la résilience », résume Michael Bontemps. Et d’ajouter : « On ne gagne jamais seul. Ce sont les équipes, les complémentarités et parfois les tensions qui nous font progresser. »

Sébastien Yernaux
Photos : ©Picto

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« L'entreprise est une force majeure de transition »
« L’entreprise est une force majeure de transition »

D’avocate d’affaires à entrepreneure engagée, Marie-Béatrice Noble est aujourd’hui convaincue du rôle que doivent jouer les entreprises, collectivement, dans la transition. Découvrez son parcours et rejoignez-là pour la deuxième édition du festival AlimenTerre. Carte blanche.

Carte blanche
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Avocate d’affaires pendant 25 ans, j’ai pratiqué le droit du travail, le droit des sociétés, le contentieux. Puis, un jour, presque par hasard, je suis devenue entrepreneure. J’avais 32 ans et, avec Katia Scheidecker, nous avons fondé le cabinet MNKS, aujourd’hui devenu PwC Legal.

Je pensais être une personne solitaire. Mais je me suis retrouvée entourée de 50 collaborateurs et 10 associés, dans une structure que nous voulions profondément humaine, visionnaire et engagée.
Majoritairement dirigé par des femmes, notre cabinet a été un terrain d’expérimentation audacieux : nouvelles technologies, propriété intellectuelle, stock-options, fonds de pension… mais surtout intelligence émotionnelle, coaching, diversité et bien-être au travail.

Rupture ou évolution ?

Nous avions l’intuition – aujourd’hui largement confirmée – qu’un collaborateur épanoui est un collaborateur performant et fidèle.

Nous avons tout appris sur le tas : le droit, certes, mais aussi la communication, le marketing, les RH, la gestion d’équipe, la stratégie… toujours au service d’une relation client personnalisée, durable et de qualité.

Puis, après des années d’intensité, j’ai passé le relais.

Et c’est lors d’une retraite servant une cuisine végétarienne savoureuse – en visionnant un documentaire (Cowspiracy) – que j’ai vécu un déclic écologique.

J’ai décidé de consacrer mon énergie à sensibiliser autrement – à travers l’alimentation durable, l’écologie en créant un pont entre entreprises et ONG.

Beaucoup ont vu là une rupture. Avec du recul, je n’en vois pas. Être entrepreneur, c’est s’engager, s’adapter, rassembler, agir pour un objectif collectif. Mon nouveau terrain de jeu est simplement différent.

Entreprises en quête d’impact : rejoignez le Festival AlimenTerre et devenez actrices du changement

C’est avec cette vision que je m’engage aujourd’hui dans le Festival AlimenTerre, un événement qui utilise la puissance du documentaire pour sensibiliser aux enjeux agricoles, alimentaires, environnementaux et sociaux.


Et je fais un constat simple : les entreprises ont un rôle central à jouer dans cette transition. Il suffit souvent d’un film et d’un débat pour enclencher un vrai changement de regard – et d’action – chez les collaborateurs, les managers, les dirigeants.

Marie-Béatrice Noble

Ce festival est un outil puissant pour conjuguer sens et cohésion. Il répond aux attentes de vos équipes, tout en s’intégrant naturellement dans vos démarches RSE. Avec SOS Faim, nous travaillons déjà avec plus de 20 ONG et des entreprises et écoles.

La deuxième édition du Festival AlimenTerre est lancée. Nous cherchons des entreprises prêtes à ouvrir leurs portes, à faire vivre ces projections, à engager leurs collaborateurs autrement.

Envie de faire partie de cette aventure collective ? Contactez-moi. Ensemble, faisons de votre entreprise un acteur inspirant du changement.

Texte et photo de Marie-Béatrice Noble, ambassadeur Pacte Climat européen

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« Il faut être aligné et incarner ce qu'on dit »
« Il faut être aligné et incarner ce qu’on dit »

Fort d’une carrière d’ingénieur en techniques spéciales de plus de deux décennies et membre de la direction de Betic jusqu’à la fusion avec Sweco, David Determe s’est lancé il y a quelques mois dans une nouvelle aventure entrepreneuriale. Présentation de pairtopair à travers ce questionnaire de Proust revisité.

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1. Trois mots pour décrire votre entreprise :

Authenticité. Audace. Adaptabilité.

Ce sont trois mots qui me suivent dans la vie. Et naturellement, je les ai placés au cœur de pairtopair — que ce soit dans la posture des Mentors, l’état d’esprit des Mentees ou dans les projets menés avec les collaborateurs, les managers ou les étudiants.

Si on souhaite être une entreprise qui a de l’impact, je reste convaincu qu’il faut être aligné et incarner ce qu’on dit.

2. Quel a été le déclic de votre engagement en faveur du développement durable ?

Chacun a sa propre définition du développement durable. La mienne est simple : c’est l’humain. C’est lui qui transforme les organisations, les équipes, la société.

Et face à ce que j’ai vu – solitude des dirigeants, pression constante, perte de sens, désengagement – j’ai eu envie de mettre mon expérience et mon énergie au service du monde professionnel, dans son ensemble. Parfois, il suffit de peu pour faire une vraie différence. Et je reste convaincu que faire un peu mieux à chaque niveau, c’est déjà bien plus utile que viser la perfection… sans jamais rien concrétiser.

3. Votre geste écoresponsable du quotidien, à la maison ou au bureau :

Honnêtement, j’ai toujours été plus efficace dans la conception de bâtiments durables que dans leur usage quotidien. Je sais que je ne suis pas exemplaire dans l’utilisation rationnelle de l’énergie ou de l’eau. C’est justement pour cela que, dans ma carrière, j’ai toujours soutenu des solutions qui réduisent l’impact environnemental même lorsque les comportements humains ne sont pas parfaits. Le progrès passe aussi par là.

Et aujourd’hui, c’est cette même logique qui m’amène à me concentrer sur ceux qui ont un impact direct : les dirigeants. Parce qu’en accompagnant celles et ceux qui prennent des décisions au quotidien, on peut déclencher des changements concrets, à grande échelle.

4. Une initiative durable de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fier :

pairtopair, dans son ensemble. C’est une solution pensée pour aider dirigeants, managers, collaborateurs et étudiants à se transmettre ce qu’ils ont appris, à se soutenir entre pairs, et à ne pas faire face seuls à leurs responsabilités.

Mais c’est aussi un projet construit sur un principe simple : offrir exactement le même accompagnement à ceux qui traversent des difficultés économiques, à tarif réduit. Parce que derrière chaque entreprise, il y a des familles. Et chacun de nous a une responsabilité morale d’agir.

5. Une action que vous aimeriez encore concrétiser :

Donner plus de visibilité aux étudiants qui se posent des questions sur leur avenir. À la fois dans leur parcours scolaire – au moment des choix d’options ou de filières – mais aussi pour mieux comprendre ce qui les attend dans le monde professionnel.

L’idée, c’est de les accompagner pour qu’ils puissent faire leurs choix en pleine conscience, avec plus de clarté et moins d’angoisse.

6. Quelle est, selon vous, la plus grande idée reçue sur le développement durable en entreprise ?

Qu’il suffirait uniquement de bonne volonté.


Je pense qu’on surestime parfois la capacité de l’humain à changer naturellement.

Le vrai levier, c’est de créer un cadre qui facilite les bons choix, sans devoir compter sur des efforts héroïques. Et quand cela ne suffit pas, il devient nécessaire de définir des règles claires, pour que les choses puissent réellement évoluer.

7. Un mot (ou un concept) qui vous déplaît dans les discours sur la durabilité :

Ce qui me dérange le plus, c’est l’écart entre les paroles et les actes. On peut dire qu’on veut agir, mais si rien ne suit, on perd très vite notre crédibilité.

8. Et un mot qu’on ne dit pas assez :

Je n’ai pas un mot précis. Mais ce qu’on ne dit clairement pas assez, c’est : « j’ai besoin d’aide. » Dans le monde professionnel, c’est encore trop souvent perçu comme une faiblesse. Et pourtant, c’est souvent le début d’un vrai changement.

9. Un(e) entrepreneur(e) qui vous inspire :

Bertrand Piccard. Il n’a pas seulement fait le tour du monde en avion solaire. Il a aussi porté un message. Il est allé au bout d’un projet fou, avec détermination, en allant parler à ceux qui ne le soutenaient pas forcément, et il a réussi à embarquer des décideurs. Cette combinaison entre vision, innovation et engagement m’inspire beaucoup.

10. Une lecture, un film, un podcast ou un influenceur qui nourrit votre réflexion :

Un des livres de Bertrand Piccard m’a particulièrement marqué : il y défend l’idée qu’il vaut mieux un projet imparfait, mais réalisé, qu’un projet parfait qui reste dans un tiroir. Ce principe m’a accompagné tout au long de la création de pairtopair. Quand on part d’une page blanche, il faut oser avancer, tester, ajuster.

11. Comment embarquez-vous vos équipes dans votre démarche ?

J’ai posé la question aux mentors. Trois choses reviennent souvent :

  • Un cadre solide. Rien n’est laissé au hasard : la structure est claire, le rôle de chacun aussi.
  • Du vécu. J’ai connu la croissance, le management, la transmission. Ça crée une légitimité naturelle.
  • Un cap clair. pairtopair vise à obtenir le statut de SIS (Société d’Impact Sociétal) et réinvestit 100 % de ses bénéfices dans des actions concrètes — mentoring pour les étudiants ou soutien aux entreprises en difficulté. C’est ce qui donne du sens à l’engagement de chacun.

12. Et vos clients ?

Je pense — j’espère — que ce sont les mêmes raisons qui les motivent à nous rejoindre : un matching humain fondé sur l’expérience, du vécu chez les mentors, et une structure claire et cohérente.
Quand une entreprise choisit de réinvestir 100 % de ses bénéfices pour soutenir ceux qui en ont besoin, ce n’est pas du marketing. C’est un choix assumé qui donne un sens différent à chaque échange.

13. Un lieu, un réseau ou un moment privilégié pour partager vos réflexions sur la durabilité :

Le club APM. C’est un espace où l’on peut prendre du recul, échanger avec des dirigeants de tous horizons, et entendre des experts venus bousculer nos certitudes. Pour moi, c’est une vraie bouffée d’oxygène chaque mois.

14. Que vous apportent ces échanges ?

De l’ouverture. Un autre regard. Et surtout une respiration dans le quotidien. On y croise souvent des personnes plus expérimentées que soi. Et c’est une vraie chance de pouvoir grandir à leur contact.

15. Le moment où vous avez douté, et ce que vous avez fait à ce moment-là :

Pas un jour en particulier. Je doute en permanence. Et c’est ce doute qui me permet de me remettre en question. De ne pas me reposer sur ce que je crois savoir. C’est épuisant parfois, mais je pense que c’est ce qui me pousse à me réinventer chaque matin.

16. Quel conseil donneriez-vous à un entrepreneur qui veut s’engager dans une démarche durable ?

Sois honnête avec toi-même. Fais-le pour les bonnes raisons. Chaque pas compte. Lance-toi.

17. Si vous deviez résumer votre vision de l’entreprise durable en une phrase…

Pour moi, une entreprise durable, c’est un environnement dans lequel les personnes sont reconnues, valorisées et impliquées. Où elles ont accès à l’information et à la formation, pour pouvoir décider de manière éclairée et consciente. Et où elles participent, ensemble, à faire évoluer la mission de l’entreprise pour avoir un impact concret sur leur environnement.

Propos recueillis par la rédaction d’infogreen.lu

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Concevoir l'avenir de la construction avec ALHO
Concevoir l’avenir de la construction avec ALHO

Au cours des dernières années, la construction modulaire est passée du statut d’une tendance à celui d’une valeur sûre de l’architecture. Face à l’augmentation des prix de la construction, à la pénurie de surfaces habitables et au manque de bâtiments éducatifs adaptés à l’avenir, la construction en série devient de plus en plus pertinente.

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Les modules préfabriqués de haute qualité réduisent les temps de construction, diminuent les coûts et les risques de qualité et, enfin et surtout, réduisent les émissions et les déchets - aussi bien dans la production que sur le chantier.

En tant que précurseur dans le domaine de la préfabrication industrielle, ALHO propose des concepts flexibles, durables et efficaces qui répondent de manière adéquate aux défis actuels du secteur. Les solutions innovantes pour les bâtiments d’habitation, d’enseignement, de santé et de bureaux montrent une grande orientation vers l’avenir et font d’ALHO le partenaire idéal pour les projets de construction modernes - qu’ils soient temporaires ou permanents.

Modulaire — sériel — productif

ALHO couvre deux domaines essentiels de la construction durable : les constructions temporaires et l’architecture modulaire individuelle, qui élève la construction à un nouveau niveau d’évolution et dépasse ainsi les méthodes de construction classiques dans de nombreux domaines. Les deux approches sont synonymes de construction en série au plus haut niveau - standardisée et pourtant toujours orientée précisément vers les exigences et les souhaits des utilisateurs.

Construire de manière résiliente et adaptée au climat

La protection du climat dans le bâtiment commence dès la planification. ALHO développe et met en œuvre des concepts qui font évoluer la construction en série en tenant compte des systèmes et des processus de construction sous des aspects écologiques, économiques et sociaux. Il en résulte des bâtiments, aussi bien dans la construction modulaire que dans la construction de conteneurs, qui réduisent les émissions de dioxyde de carbone tout au long du cycle de vie. Avec la construction modulaire en acier avec l’« acier vert », la construction modulaire hybride en bois et la construction modulaire temporaire, ALHO marque des points avec trois concepts sophistiqués pour une construction respectueuse du climat. Bien entendu, ces modes de construction permettent l’utilisation d’énergies renouvelables comme le photovoltaïque et le solaire thermique. Des façades en bois ventilées par l’arrière, ainsi que des façades ou des toitures végétalisées, portent efficacement l’idée écologique des modes de construction vers l’extérieur et assurent un climat intérieur optimal.

Végétalisation de la façade en combinaison avec une façade en bois à l'école Reinoldi-Gesamtschule de Dortmund.
Végétalisation de la façade en combinaison avec une façade en bois à l’école Reinoldi-Gesamtschule de Dortmund. - © Markus Steur - ALHO Unternehmensgruppe

Accents sur l’avenir de la construction

ALHO s’est fixé pour objectif d’être le précurseur d’un meilleur bilan environnemental dans le secteur du bâtiment grâce à des méthodes et des systèmes de construction respectueux du climat. Avec ces solutions innovantes pour la construction en série, ALHO apporte des réponses aux défis exigeants du secteur de la construction de notre époque.

En 2024, ALHO a réalisé le premier bâtiment modulaire d’Allemagne avec la construction du lycée Heisenberg à Dortmund, dans lequel de l’« acier vert » produit de manière écologique a été utilisé pour les structures porteuses des pièces. Déjà avec l’utilisation d’acier traditionnel dans la construction modulaire ALHO, les émissions de dioxyde de carbone avaient déjà été réduites d’environ 200 t (882,6 t CO₂) pendant la phase de construction. En construisant en modules d’acier vert, comme cela a été fait, il a été possible d’atteindre une émission de 770,8 t CO₂ - soit encore plus de 300 t CO₂ de moins et donc une économie de 30%.

Pour atteindre les objectifs climatiques fixés d’ici 2050, il est nécessaire d’agir de manière cohérente dans le choix de l’acier produit de manière écologique. L’objectif de la société ALHO est de faire de l’acier vert la norme future pour la fabrication des structures porteuses spatiales.

Le lycée Heisenberg de Dortmund est le premier bâtiment modulaire d'Allemagne à utiliser de l'acier vert.
Le lycée Heisenberg de Dortmund est le premier bâtiment modulaire d’Allemagne à utiliser de l’acier vert. - © Markus Steur - ALHO Unternehmensgruppe

Le module hybride bois ALHO : bois et acier combinés

Ces dernières années, l’idée de durabilité a entraîné un changement accru dans le secteur de la construction. Les maîtres d’ouvrage, les planificateurs et les responsables de projets se sont fortement focalisés sur l’utilisation de matières premières renouvelables, en particulier le bois. Mais même les matériaux de construction renouvelables comme le bois ne seront pas disponibles à l’infini. Le système de construction hybride en bois ALHO, utilise l’acier comme champion du recyclage et le bois comme matériau de construction neutre en dioxyde de carbone, ce qui améliore considérablement le bilan écologique global. Le rapport de 30% d’acier pour 70% de bois assure un équilibre optimal entre la capacité de charge et la protection de l’environnement. La structure porteuse en acier est complétée, selon les exigences, par des plafonds et des murs extérieurs en bois, utilisé de manière efficace en termes de matériaux uniquement là où il est réellement utile. Le système a été développé en mettant l’accent sur une fabrication en série qui préserve les ressources, en combinaison avec la numérisation et l’optimisation du processus de construction. Entre-temps, quelques constructions ont été réalisées avec succès grâce à ce nouveau système de construction.

La maison relais de la commune suisse de Buchs est l'un des premiers projets à avoir été réalisé en construction hybride en bois. Le bois a également été intégré de manière conséquente dans l'aménagement intérieur.
La maison relais de la commune suisse de Buchs est l’un des premiers projets à avoir été réalisé en construction hybride en bois. Le bois a également été intégré de manière conséquente dans l’aménagement intérieur. - © ALHO Unternehmensgruppe

ALHO Systembau S.à r.l.
3, Rue Fontebierg
L-3381 Livange

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