Le dossier du mois

Une thématique dans chaque #DossierDuMois, avec la rédaction d’Infogreen et l’expertise de nos partenaires

Publié le 8 juin 2020
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juin 2020

Aux actes citoyens !

Il y a eu la vague Covid-19, déjà violente dans ses effets directs et par les certitudes qu’elle a pu faire chavirer. Le réchauffement climatique ressemblera-t-il à un tsunami ? Ou est-ce précisément le moment ou jamais de s’appuyer sur les réflexions qu’a fait (re)naître la crise, afin d’enclencher la vitesse supérieure face à l’urgence climatique ?

Aux actes citoyens !
“Crisis ? What Crisis ?” (Supertramp)
“Crisis ? What Crisis ?” (Supertramp)

Il y a eu la vague Covid-19, déjà violente dans ses effets directs et par les certitudes qu’elle a pu faire chavirer. Le réchauffement climatique ressemblera-t-il à un tsunami ? Ou est-ce précisément le moment ou jamais de s’appuyer sur les réflexions qu’a fait (re)naître la crise, afin d’enclencher la vitesse supérieure face à l’urgence climatique ?

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Portées par les conséquences du nouveau coronavirus, bien des voix ont crié « plus jamais ça », en établissant des liens entre les crises, sanitaire, économique, sociale, politique. Beaucoup espèrent un réveil des consciences, pour croire que la société, ici comme à l’autre bout du village-monde, va se réinventer. Espoirs de résilience ! La résilience, c’est la résistance physique aux chocs, mais tout le monde n’est pas fait du même métal. C’est l’aptitude individuelle à se reconstruire et à atteindre le mieux-être en dépit de circonstances traumatiques. C’est la capacité d’un système, informatique singulièrement, à continuer à fonctionner, même en cas de panne. C’est, encore, la faculté d’un écosystème, d’un biotope ou d’une société humaine à se rétablir après une perturbation extérieure.

Alors s’adapter, bien sûr, mais pas en se contentant de tout faire redémarrer comme avant, de laisser passer l’orage pour retrouver la situation initiale.

La réflexion est pourtant en marche, depuis longtemps. « Crisis ? What Crisis ? » était le titre provocateur d’un album de Supertramp à l’illustration évocatrice, au cœur de la crise pétrolière, en 1974.

Les courants écologiques, les prises de conscience sur l’état de la planète et les réflexions de changement ont ensuite, parfois, été un peu noyés dans une pollution qui a aussi frappé les esprits éblouis par les glorieuses années consacrant la réussite économique, la globalisation, le pouvoir multinational mais aussi l’injustice sociale et la répartition inéquitable des richesses humaines…

En 2020, l’impact est différent. Ce dossier sur le réchauffement climatique, vu depuis le petit Luxembourg où il y a des choses à dire et à montrer, est riche en constats et en idées, venant d’horizons divers, parfois militants, parfois durs, souvent porteurs de solutions positives, pour réinventer le monde en pensant à le préserver pour les générations suivantes.

Qu’on y adhère ou pas, qu’on y souscrive en tout ou en partie, ces idées ouvrent le débat. Et les constats posés permettent d’informer pour agir. Scientifiques, politiques, idéologiques, sociologiques, économiques, sociaux, solidaires, locaux ou globaux, tous vont au fond dans le même sens : il n’est plus temps d’attendre que « quelqu’un » bouge. Chaque citoyen est engagé, qu’il le veuille ou non. Chaque colibri humain peut apporter sa goutte à l’atténuation de l’incendie. Il est temps d’œuvrer car la « révolution durable » n’est plus une option. Aux actes citoyens !

Alain Ducat

Est-ce que l'histoire s'accélère face à la crise climatique ?
Est-ce que l’histoire s’accélère face à la crise climatique ?

Malgré l’interruption du trafic routier et aérien pendant la crise sanitaire, la température globale observée en février et mars 2020 est la 2e plus élevée depuis le début des mesures de la NASA en 1880(1). Alors que le « déconfinement progressif » se met en place, une leçon sans doute à tirer est à quel point nos sociétés sont vulnérables, ce qui nous invite à une remise en cause profonde de notre système. Sommes-nous à un tournant de l’histoire, à un moment clé de l’insurrection des consciences ?

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Alors que nous réfléchissions à la question, sous nos yeux s’opèrent des dépassements sans précédent des limites planétaires que nous pourrions qualifier d’effondrement systémique puisque certains points de « basculement » sont synonymes de « points of no return(2) » . Ce qu’avait d’ailleurs déjà prédit le rapport Meadows, rédigé en 1972 par le MIT pour le Club de Rome(3). Au Sommet Action Climat de septembre 2019, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, avait alerté les chefs d’État que, selon la science et si elle poursuit sa trajectoire actuelle, l’humanité devra faire face à un réchauffement global d’au moins 3°C d’ici la fin du siècle, un monde dans lequel l’homo sapiens n’a plus de place. Comme il s’agit de moyennes mondiales, on pourrait penser que cela ne concerne pas le Luxembourg. Or, selon le Statec, sur les cinq dernières années, la température annuelle a augmenté de 1.6°C par rapport à la période 1961-1990 ; la quantité́ de pluie a diminué de 5,6 % par rapport à cette même période, et le nombre de jours « chauds » (avec une moyenne journalière au-dessus de 30°C) augmente systématiquement. Statec (2019) : Regards N°20 10/2019 : 25 indicateurs pour suivre le changement climatique au Luxembourg. Vu sur (4)

La réduction massive d’émissions qui est nécessaire exige une transition rapide et de grande portée en matière d’énergies, d’usage des sols, de transports, de bâtiment et de systèmes industriels, un mouvement sans précédent, car impliquant tous ces secteurs à la fois. Dans un livre sorti en février 2020, Christiana Figueres, la diplomate qui a mené les négociations de l’Accord de Paris appelle à la désobéissance civile non violente pour forcer les institutions à répondre à la crise climatique. Elle apporte son soutien à Greta Thunberg et au mouvement Extinction Rebellion qui vient de multiplier les actions spectaculaires occupant les locaux et activités opérationnelles de différents investisseurs et industriels pour forcer ces derniers à mieux prendre en compte les questions climatiques.(5)Suite à l’intense mobilisation des jeunes, les changements climatiques ont fait l’objet de beaucoup d’attention au cours des derniers mois.

L’effet… carburant

Au Luxembourg une large coalition de mouvements de jeunes, de syndicats et d’ONG sociales et environnementales a mobilisé la population en vue d’une véritable transition écologique juste et solidaire en 2019, avec des mobilisations dans la rue, des assemblées climatiques, des débats publics et des engagements politiques.

Alors que les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont baissé de 23,2% pour la période 1990-2017 sur le territoire luxembourgeois, elles sont en augmentation depuis 2017, ce qui est surtout dû à la vente de carburants. Une situation inédite en Europe : deux tiers des émissions de gaz à effet de serre du Luxembourg trouvent leurs origines dans la vente de carburants(6) . Ce n’est pas sans raison que depuis des années les ONG demandent à ce que le Luxembourg active une sortie du « tourisme à la pompe », car les taux d’imposition des carburants au Luxembourg sont parmi les plus faibles de l’UE, incitant donc à une consommation accrue de carburant. S’ajoute l’incontestable addiction des Luxembourgeois à la voiture : le Luxembourg est en effet le pays où le nombre de voitures par habitant est le plus élevé de l’UE, avec 670 voitures pour 1.000 habitants en 2017.(7) La plateforme Votum Klima demande une stratégie concrète de taxation du CO2, et une planification de la hausse continue de cette taxation sur au moins 10 ans.(8) Plus largement, pour accélérer un dé-fossilisation de notre économie la réforme fiscale est très attendue sur l’agenda politique afin de financer la protection du climat, la justice sociale et une politique économique durable.

L’action gouvernementale a consolidé une loi climatique en novembre dernier et la version finale du Plan national climat et énergie (PNEC) vient d’être adoptée au Conseil de gouvernement ce 20 mai 2020.(9) Ce plan ambitionne notamment de dé-carboner le secteur de l’énergie, de rénover les bâtiments, de développer la mobilité durable et d’aider les entreprises à innover en matière de technologies propres – faisant écho au Green Deal européen que la nouvelle Commission européenne a présenté en décembre 2019. Le PNEC contient des objectifs nationaux ambitieux en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (-55%), d’énergies renouvelables (25%) et d’efficacité énergétique (de 40 à 44%) à l’horizon 2030. Toutefois ces plan climatiques – ou avec le Covid-19 rebaptisés de « relance verte » - s’appuient surtout sur l’essor des « greentech », mais hélas sans remise en question qui permettrait un changement de paradigme de nos sociétés et la construction d’une société qui ne serait pas basée sur la croissance du PIB.

En outre le plan luxembourgeois avait été critiqué par la société civile pour ne pas être suffisamment concret et la taxation des carburants trop peu ambitieuse, et par l’industrie et les pétroliers pour être trop élevée – ce qui a fait dire au Premier ministre que dans ce cas le plan était sans doute équilibré.(10) Ce 29 mai les ministres Dieschbourg et Turmes ont présenté un paquet de mesures concrètes dans le domaine du bâtiment, une première partie du nouveau programme de relance verte pour le Luxembourg.(11) Selon le communiqué du gouvernement, d’autres aides financières du paquet « Gréng Relance » dans les domaines de la mobilité, de l’efficacité énergétique, des énergies renouvelables et de la protection de l’environnement seront présentées dans les semaines à venir. Le 1er janvier 2021 aura également lieu le lancement du Pacte climat 2.0 qui est un partenariat entre l’État luxembourgeois et toutes les communes afin de mettre en place des mesures locales pour le climat. Les communes sont accompagnées par des conseillers climat et par des acteurs de terrain, dont myenergy, IMS, le Klima-Bündnis Lëtzebuerg, Emweltberodung Lëtzebuerg et le CELL. À ne pas confondre avec l’Alliance pour le Climat(12).

Pour la sobriété

Dans un rapport présenté au gouvernement luxembourgeois en 2018, l’économiste et politologue allemand Reinhard Loske avait soulevé des doutes sur l’omnipotence des solutions technologiques pour faire face au changement climatique et parle du triangle « mieux-autrement-moins ».(13)Loske, Reinhard (2018) : Luxemburgs Weg in eine klimafreundliche Zukunft : Eine gesellschaftspolitische Strategie. Im Auftrag des Ministère du Développement durable et des Infrastructures Département de l’Environnement. Présenté le 5 juin 2018. Non publié ! Alors que « mieux » (efficacité énergétique) et « autrement » (énergies renouvelables et économie circulaire) sont les deux piliers de la politique climatique du Luxembourg, le « moins », c’est-à-dire la sobriété, se libérer d’une abondance démesurée, de modes de vie non durables, ne fait pas partie des solutions retenues par le gouvernement - la notion de sobriété est totalement absente dans les textes et plans officiels autour du climat et du développement durable. Or nous voyons bien que la promotion de solutions prônées jusque-là ne sont pas suffisantes : l’empreinte écologique du Luxembourg est de huit planètes et nos émissions de GES restent de très loin les plus élevées de l’Union européenne ! Le Club de Rome (encore lui), cette fois dans sa publication « 2052 » publiée 40 ans après son premier rapport retentissant (1972), confirme son analyse. Qu’au vu de la diminution des ressources et de la dégradation de l’environnement, « the world is on track for disaster… », autrement dit, “tout se déroule comme prévu pour que le système économique mondial s’effondre et que le déclin précipité de la population ait lieu en 2030.(14)

Pour empêcher non seulement le réchauffement global, mais plus généralement le saccage catastrophique de l’environnement sous toutes ses formes, il ne faudrait pas seulement réduire notre production de gaz à effets de serre, mais s’imposer un changement de paradigme économique qui ne dépendra plus de la croissance, à commencer par celle qui devrait être mise en œuvre dans les pays riches, qui sont les plus consommateurs et les plus destructeurs.

N’est-ce pas précisément dans les périodes de crises que l’histoire s’accélère, et que les décisions prises conditionnent pour une longue période la construction du futur ?

Dans le contexte présent le terme de la résilience a (enfin) fait son entrée dans le conscient collectif public. Alors que le terme « résilience » est souvent fait synonyme de la capacité de revenir à sa forme initiale après un choc, cette définition n’est pas pertinente dans le cadre actuel, car voulons-nous réellement que nos sociétés reviennent à leur état d’avant la crise ? Optons plutôt pour une résilience qui est capacité de questionner les limites et d’évoluer en réponse à un choc et d’envisager le changement !(15)Voir aussi les avis publiés dans le cadre de la crise sanitaire par la plateforme Votum Klima (sur www.votumklima.lu) et le Conseil Supérieur pour un Développement Durable (sur www.csdd.lu)

Norry Schneider, pour le CELL
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(1) https://data.giss.nasa.gov/gistemp
(2) https://stockholmresilience.org/research/planetary-boundaries.html
(3) https://clubofrome.org/publication/the-limits-to-growth
(4) Statec (2019) : Regards N°20 10/2019 : 25 indicateurs pour suivre le changement climatique au Luxembourg. Vu sur https://statistiques.public.lu/catalogue-publications/regards/2019/PDF-20-2019.pdf
(5) Christiana Figueres and Tom Rivett-Carnac (2020). The Future We Choose – Surviving the Climate Crisis. Knopf Publishing Group.
(6) Voir https://environnement.public.lu/fr/loft/air/inventaires-emissions/inventaire-ges.html
(7) Pierre Pailler (2019) : Le réchauffement climatique en cinq graphiques. Vu sur https://paperjam.lu/article/rechauffement-climatique-en-5-
(8) Votum Klima (2020). Prise de position de Votum Klima sur la consultation publique du PNEC. Vu sur https://www.votumklima.lu/2020/03/19/votum-klima-soutient-la-proposition-de-pnec-et-demande-de-revoir-certaines-ambitions-a-la-hausse/
(9)https://gouvernement.lu/fr/actualites/toutes_actualites.gouv_mea%2Bfr%2Bactualites%2Barticle%2B2020%2BPNEC.html
(10) Selon Xavier Bettel sur antenne de la radio 100.7 fin décembre 2019. Voir https://www.100komma7.lu/article/aktualiteit/et-war-keen-einfacht-joer
(11) https://gouvernement.lu/fr/actualites/toutes_actualites/communiques/2020/05-mai/29-greng-relance.html
(12) Réseau européen de villes et de communes engagées en faveur de la protection du climat et des forêts tropicales. La branche luxembourgeoise, le Klima-Bündnis Lëtzebuerg, a été fondée au milieu des années 1990 par cinq communes et deux organisations non-gouvernementales et compte aujourd’hui 40 communes-membres. Voir www.klimabuendnis.lu
(13) Loske, Reinhard (2018) : Luxemburgs Weg in eine klimafreundliche Zukunft : Eine gesellschaftspolitische Strategie. Im Auftrag des Ministère du Développement durable et des Infrastructures Département de l’Environnement. Présenté le 5 juin 2018. Non publié !
(14) Citation du Smithsonian Magazine sur base du rapport à voir sur https://clubofrome.org/publication/2052/
(15) Voir aussi les avis publiés dans le cadre de la crise sanitaire par la plateforme Votum Klima (sur www.votumklima.lu) et le Conseil Supérieur pour un Développement Durable (sur www.csdd.lu)

Année record en appelle d'autres
Année record en appelle d’autres

En mai dernier, le C3S publiait aussi son rapport annuel, European State of the Climate 2019. Il fait ainsi le point sur les conditions climatiques, les évolutions et les événements extrêmes constatés l’an dernier, comparés aux tendances de ces dernières décennies (https://climate.copernicus.eu/sites...).

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Il se confirme ainsi que 2019 a été l’année la plus chaude de tous les temps en Europe, avec des températures au-dessus de la moyenne dans la plupart des régions et, au lieu d’écarts importants entre anormalement chaud et froid, des données uniformément et inhabituellement chaudes.

Des records de chaleur ont été enregistrés sur 11 des 12 dernières années. Comme le soulignent les scientifiques de Copernicus, il ne s’agit pas d’une anomalie statistique mais bien du résultat du réchauffement climatique, qui se manifeste partout en Europe, favorisé par les émissions de gaz à effet de serre anthropiques. Les observations et la modélisation convergent pour voir une tendance de fond au-delà des variables climatiques, et prédire une hausse des températures dans les années à venir. Déjà, l’Europe a gagné 2°C en 2019 par rapport à l’ère préindustrielle, alors que la hausse des moyennes de température s’élève à 1,1 °C à l’échelle mondiale.

Autres constats satellitaires et scientifiques : les populations, les équipements, les infrastructures, souffrent dans toute l’Europe : dilatation thermique perturbant le trafic ferroviaire ou fragilisant des ponts, soucis dans la production et la distribution d’électricité, difficultés pour l’agriculture… En parallèle, à côté d’épisodes pluvieux caractérisés par leur violence et leur brièveté, il apparaît une tendance à la baisse de l’humidité des sols.

En revanche, la hausse manifeste des heures d’ensoleillement peut être vue comme une opportunité à saisir, pour augmenter la production d’énergie photovoltaïque par exemple. Car c’est là aussi que se place la mission d’intérêt général de Copernicus et ses services : des transports à la santé, de l’agriculture aux assurances, tous les secteurs ont besoin de données climatiques de qualité, non seulement sur les périodes passées, mais aussi sur les perspectives, afin de s’adapter.

Alain Ducat
Photos, illustrations et vidéos : Copernicus

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L'agriculture vulnérable mais porteuse de solutions
L’agriculture vulnérable mais porteuse de solutions

Andrew Ferrone est chargé d’études et chef du service de la météorologie étatique, AgriMeteo, à l’ASTA (Administration des services techniques de l’agriculture). Il est aussi porteur de la voix du Luxembourg dans les instances internationales. Questions-réponses avec un climatologue de terrain.

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Quel est l’état des lieux du pays face au réchauffement climatique ? Que nous disent les observations météorologiques ?

Le service météorologique étatique AgriMeteo de l’Administration des Services Techniques de l’Agriculture (ASTA) dispose de longues séries d’observations climatologiques, qui remontent pour Luxembourg-Ville jusqu’à 1832.

Celles-ci montrent clairement que le réchauffement global est bien présent au Luxembourg et les température moyennes annuelles ont augmenté de 1.3°C pour la période de référence trentenaire la plus récente (1981-2010), par rapport à la période préindustrielle (1861-1890).

En ce qui concerne les précipitations annuelles ou saisonnières, aucune tendance significative n’a pu être observée jusqu’à présent, mais suite à l’augmentation des températures, les périodes sans pluie se transforment plus rapidement en périodes de sécheresse. L’assèchement des sols pose de graves problèmes pour l’agriculture.

Une autre tendance qui sort des observations à long terme est que le nombre de journées à fortes précipitations a augmenté en ligne avec les observations globales. Entre 1951 et 2010, on comptait en moyenne trentenaire trois journées en plus enregistrant des quantités de précipitations au-dessus de 12 l/m2 à Luxembourg-Ville.

Tout cela est-il alarmant ?

Le secteur agricole est un des plus touchés par les aléas climatiques et leurs changements à long terme. Les sécheresses de l’été 2018, de l’hiver et de l’été 2019, et celle qui s’annonce depuis le mois d’avril de cette année-ci, montrent la vulnérabilité du secteur face aux conditions météorologiques.

Selon les publications scientifiques, l’été 2019, pendant lequel le service météorologique AgriMeteo a mesuré un nouveau record de température pour le pays de 40,8°C à Steinsel, n’aurait pas eu lieu avec cette ampleur sans changement climatique. Même si les émissions globales de gaz à effet de serre sont réduites pour limiter le réchauffement global à 1.5°C, les températures moyennes continueront à augmenter pendant les prochaines décennies. Suite à cette hausse de températures, la floraison des arbres fruitiers et de la vigne aura lieu plus tôt dans l’année, ce qui rend ces cultures plus sensibles aux gelées tardives. Ainsi, ces dernières années, les secteurs de l’arboriculture de la viticulture luxembourgeois ont subi des pertes de rendements parfois très substantielles suite aux gelées tardives d’avril et de mai.

Quels sont les grands enjeux d’aujourd’hui ? Quelques exemples concrets d’initiatives porteuses ?

L’agriculture est le secteur le plus directement touché par les changements climatiques, mais il peut aussi apporter une partie de la solution au problème en réduisant les émissions de gaz à effet de serre (actuellement responsable pour 7 à 8 % de la totalité des gaz à effet de serre du Luxembourg), mais également en piégeant du carbone dans la matière organique des sols agricoles et en produisant des énergies renouvelables (biométhanisation, etc..).

Le gouvernement luxembourgeois s’est donné une stratégie d’adaptation aux effets du changement climatique pour la période 2018-2023. Elle souligne, par exemple, la nécessité de services d’alertes et de modèles de prévision dans les domaines de l’agriculture, de l’arboriculture et de la viticulture et des essais variétaux de plantes utiles autochtones. Il s’agit de deux domaines dans lesquels l’ASTA et le service AgriMeteo sont déjà activement engagés et pour lesquels ils sont en train d’augmenter leur capacité, afin de continuer à aider le secteur à mieux s’adapter au changement climatique.

La stratégie relève aussi l’avantage des assurances agricoles pour de multiples risques climatiques (sécheresse, gelées, grêle etc.). Actuellement, le ministère de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural encourage et soutient financièrement le secteur à conclure des contrats en couvrant une partie des primes d’assurances.

Dans le cadre des réductions des émissions de gaz à effet de serre, le gouvernement a aussi récemment adopté le plan national climat et énergie pour la période 2020-2030. Bien que le secteur agricole ne soit pas celui aux émissions les plus élevées du pays, le concept de la protection du climat n’y est pas nouveau. Les émissions dans le secteur agricole sont dues à des processus naturels, comme la digestion du bétail. En même temps l’agriculture et la sylviculture sont les seuls secteurs capables de piéger naturellement le CO2 de l’air. Pour l’agriculture ce sont principalement les prairies et les pâturages qui représentent un réservoir de carbone et permettent ainsi de compenser une partie des émissions, qui ne peuvent être réduites à zéro.

Une autre solution déjà mise en œuvre sont les installations de biogaz qui permettent de valoriser le lisier et le fumier. Grâce au stockage, les émissions dans l’atmosphère sont évitées et le gaz devient source d’énergie renouvelable.

On peut aussi remarquer que les toits des bâtiments agricoles constituent un emplacement idéal pour l’installation de panneaux solaires et offrent une source d’énergie renouvelable supplémentaire.

Propos recueillis par Alain Ducat
Photo © SIP/ Uli Fielitz
Andrew Ferrone - Photo © IISDE Report Services

La transition en mouvement
La transition en mouvement

Aujourd’hui, selon les scientifiques, les générations actuelles sont les dernières à avoir une mince possibilité d’enrayer la progression des changements climatiques et la 6e disparition des espèces vivantes. Le mode de développement dominant actuel doit changer profondément si nous voulons préserver notre avenir et celui de la planète. La bonne nouvelle, c’est qu’une transition écologique et solidaire est en chemin, elle a déjà commencé.

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Les citoyen(ne)s n’ont pas attendu et se sont engagés depuis des semaines - le confinement a eu ça de bon que certains d’entre nous ont eu le privilège de voir la nature revivre sous leurs yeux et de réveiller leurs jardins comme jamais - … ou des années.

Le mouvement de la Transition est un mouvement citoyen international qui, avec espoir et ingéniosité́, répond aux incertitudes de demain. Les Initiatives de transition s’engagent à développer la résilience dans un large éventail de domaines (alimentation, économie, énergie, etc) et aussi à différentes d’échelles (du local au national) comme cela semble approprié – et d’intégrer leurs actions dans le contexte global où il y a une nécessité de faire tout notre possible pour assurer la résilience environnementale en général. En se rassemblant, les citoyens sont capables de proposer de nouvelles solutions innovantes, de les partager et de les améliorer collectivement. Ces initiatives prennent différentes formes : des citoyens créent ensemble leur potager, relocalisent l’économie, construisent différemment et fondent des coopératives énergétiques... Le Transition Network compte aujourd’hui plus de 2 000 initiatives dans 51 pays, dont le Luxembourg.

Ici, le mouvement a commencé́ en 2010 à l’initiative du Centre for Ecological Learning Luxembourg

Bâtir la résilience et envisager le changement

Un des principes de Mouvement de la Transition est de bâtir la résilience. La résilience, dans son acception usuelle et dans son instrumentalisation suite à la crise sanitaire que nous traversons (à l’instar du greenwashing il y a quelques années) est la capacité de revenir à sa forme initiale après un choc ou une modification. Dans le mouvement de la Transition, elle est plutôt pensée comme la capacité de questionner les limites, comme une manière d’évoluer en réponse à un choc pour améliorer une situation…. Elle représente une manière d’envisager le changement.

Les transitionneu·r·se·s du Luxembourg s’engagent depuis des années dans divers projets :

  • La transition alimentaire implique le changement d’habitudes dans la production, la transformation, la distribution et la consommation tournée vers plus de végétal, de bio, de local et de saisonnal. Cette thématique, proche de chacun d’entre nous est au cœur d’actions citoyennes.
  • Des coopératives : TERRA, ALtercoop et Kilominnet 0 qui est active dans la Maison de la Transition à Esch (MESA)
  • Des débats : Transition Days 2018 : Our Food Our Future,
  • Des changements de système avec la mise en place du Food Policy Council
  • Urban Gardening : La pratique du jardinage en ville renvoie à une démarche volontaire de se réapproprier le cycle de production de nos fruits et légumes, de vouloir savoir d’où vient notre nourriture et de vouloir produire et consommer localement. De nombreux jardins communautaires existent à travers le pays. www.eisegaart.lu
  • Urban Farming : CELL a contribué à rédiger la stratégie nationale « Urban Farming Luxembourg » sur base de groupes de travail techniques et scientifiques qui ont émis une série de recommandations afin de développer le secteur au Luxembourg. www.urbanfarming.lu

La transition économique consiste à proposer une nouvelle économie locale, résiliente, et inspirante

  • Puisque l’économie est souvent considérée comme l’apanage des spécialistes, à travers le projet REconomy les citoyens se réapproprient le jargon pour construire un nouvel imaginaire économique basé sur la coopération, la solidarité et la sobriété. Il s’agit aussi de co-créer des entreprises qui répondent à nos besoins, de contribuer à une économie locale vivante et robuste. www.reconomy.lu
  • Facilitec : un projet autour de l’économie circulaire citoyenne a vu le jour à Esch

Des groupes et des actions

Transition énergétique : le réchauffement climatique c’est l’affaire de tous ... ensemble ! C’est le leitmotiv qui anime les acteurs de la transition au Luxembourg qui ont créé des coopératives énergétiques afin de produire de l’énergie verte en collectant de l’épargne locale en impliquant les citoyens et les communes. Info : www.tmenercoop.lu et www.tuzd.lu/enercoop

Groupes d’action thématiques et locaux : la plateforme Luxembourgeoise est structurée en groupes : à Luxembourg ville, dans les régions Minett, Uelzechtdall, Norden, Our, Osten, Westen et Duddelange. Et certains projets plus thématiques ouvrent sur la co-construction d’alternatives tangibles, les les semences (notamment avec SEED), le Do-It-Yourself, les Repair Café ou encore le projet Äerdschëff (co-construction d’un bâtiment off-grid donc autonome du réseau).

Enfin dans le cadre du Pacte climat, le CELL s’engage pour une plus grande participation des citoyens et des communes dans la Transition énergétique et citoyenne et de développer des savoir-faire pour vivre bien dans une société post-carbone et résiliente.

Pour nous, il est clair qu’un éventuel changement de modèle ne se concrétisera qu’en conséquence d’un élan collectif alliant ambition, détermination et créativité. Prendre la plume, sortir l’appareil photo, signer, relayer, se réapproprier l’espace public et démocratique, marcher, manifester, discuter, réunir, aiguiser notre esprit critique et notre humilité, soigner notre imagination et notre inventivité, coopérer, débattre, inclure, expérimenter, questionner, participer, … Il revient à chacune et chacun d’entre nous de choisir le rôle qu’il trouve juste sur le grand échiquier de l’humanité.

Le CELL vous propose de prendre part à l’écriture des prochaines pages de l’Histoire, en agissant à votre niveau, par exemple en rejoignant ou en créant une initiative de Transition. Un tel engagement prend tout son sens dans le contexte actuel, et est à la portée de tous ! Des centaines d’initiatives n’attendent que notre énergie pour continuer à construire aujourd’hui le monde de demain.

Article de notre partenaire CELL
Photos : CELL

« Une opportunité pour gagner en résilience et en bien-être »
« Une opportunité pour gagner en résilience et en bien-être »

Romain Poulles, président du Conseil Supérieur pour un Développement Durable nouvelle mouture, est d’abord un entrepreneur et un citoyen engagé. Il nous livre son analyse personnelle.

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Romain Poulles, président du Conseil Supérieur pour un Développement Durable nouvelle mouture, est d’abord un entrepreneur et un citoyen engagé. Il nous livre son analyse personnelle.

Récemment élu à la tête du CSDD, en pleine crise Covid-19, Romain Poulles avait déjà donné quelques pistes d’action dans ses nouvelles fonctions. https://www.infogreen.lu/romain-pou... « Le développement durable est l’affaire de tous. Ensemble nous porterons les conséquences négatives de notre système actuel et ce n’est qu’ensemble – tous les secteurs, tous les acteurs de la société civile - que nous pouvons changer ce système, pour créer un avenir durable. Cette expérience devrait nous permettre de revoir collectivement notre modèle. Ne ratons pas cette occasion. »

Entrepreneur – il se définit comme « Happy CEO, Circular Eco Officer » de PROgroup – et citoyen engagé, il va plus loin, livrant une prise de position personnelle. « Il existe au Luxembourg des initiatives politiques, des plans, des agendas pour le climat. Mais certaines mesures ne sont clairement pas assez ambitieuses. Je pense que le prix CO2 doit être revu largement à la hausse par exemple. Les mesures actuelles concernent surtout le transport, l’industrie (très peu), les bâtiments (consommation énergétique), déchets et eau, agriculture… L’impact positif des secteurs de l’agriculture et de l’agroforesterie n’est pas vraiment pris en compte. De même, le rôle crucial de l’économie (les modes de consommation, les finances…) est un peu oublié dans le plan climat. Car sans économie régénératrice, circulaire et inclusive, on ne pourra atteindre un objectif de climat soutenable et vivable, et encore moins la justice climatique. »

Pour Romain Poulles, Covid19 est un « crash-test » grandeur nature, mais c’est une petite crise à l’échelle de ce qui suivra. « On a une crise sans frontières, qui concerne tout le monde, où les pauvres souffrent plus que les riches ; d’abord sanitaire, elle est ensuite financière, économique, sociale, peut-être même politique. La crise climatique a les mêmes caractéristiques mais sera d’une toute autre ampleur. Mais avons-nous compris le message ? Il est fort à craindre que non. »

Accélérer le mouvement vers la résilience

Il voit donc une série de mesures dont la mise en place est à accélérer : rénovation énergétique, agriculture biologique, transport multimodal efficace, formation aux métiers de « cyclage » dans une économie circulaire régionale (upcycling, maintenance, refabrication, logistique inversée, permaculture, …), des métiers à valoriser aussi. Et d’évoquer une réforme fiscale durable, pour « davantage taxer ce qu’on ne veut pas, comme les déchets, la pollution, l’empreinte carbone, et moins taxer ce qu’on souhaite encourager, comme le recyclage, la réparation, la valeur travail ».

Sujet « fondamental et prioritaire », la résilience est l’objectif. « Mais attention à ne pas galvauder le sujet. Il faut comprendre les différentes notions de résilience : la résistance aux chocs mais aussi la capacité d’un système à s’adapter, car il ne s’agit pas de retrouver sa forme initiale. Nous en parlerons beaucoup dans les prochains mois et années ».

La dynamique des sols

Romain Poulles insiste : pour que la « révolution durable » se fasse, la prise de conscience et l’action de chacun sont à la fois fondamentales et insuffisantes, car on a besoin d’un changement radical, sur les plans économique, social, politique…

Et de souligner le rôle crucial du rapport à la terre. « L’agriculture, l’agroforesterie, ce sont des acteurs clés dans le changement climatique et la biodiversité. Il est primordial de valoriser et de bien rémunérer leur travail pour recarboner les sols, créer des « puits » de carbone et réduire aussi bien le CO2 que le méthane dans l’atmosphère. On parle ici d’activités d’émission négative de carbone dont l’importance n’est pas prise en compte car elle n’est pas mesurée. Une augmentation du taux de séquestration du carbone dans l’épiderme terrestre de seulement 0,4% suffirait à absorber la totalité des émissions annuelles nouvelles de dioxyde de carbone (CO2) issues des énergies fossiles. En théorie donc, la question du réchauffement climatique pourrait être réglée en maîtrisant mieux la dynamique des sols, dont la capacité d’absorption est trois fois supérieure à celle de l’atmosphère ».

« Le Luxembourg se doit d’être exemplaire »

La transition vers une économie circulaire à impacts positifs – dont les grands principes seront bientôt publiés - doit être accélérée. Mais il semble d’ores et déjà essentiel de « mettre en évidence les solutions qui existent déjà, plutôt que de montrer les problèmes, et d’encourager et d’inspirer les acteurs de la société civile à les utiliser, les mettre en œuvre ou en créer de nouvelles ». Avec la crise climatique, on est à la fois dans le court terme - les actions sont urgentes - et le long terme - les réactions seront mesurables à long terme. « On vient de voir avec Covid ce que veut dire l’inertie dans la réaction à très petite échelle. Pour le climat, l’action d’aujourd’hui a un impact dans 20 ans. La menace, tout comme pour le virus, est diffuse, aléatoire, invisible. L’impact est sans date certaine et inégalement réparti ».

Dès lors, « les plans pour le climat ne sont pas une fin en soi ! Mais ils représentent une opportunité, pour l’économie et pour la société, de gagner en résilience et en bien-être. Il faut travailler ce message et montrer continuellement la véracité du propos. Le Luxembourg se doit d’être exemplaire, dans les deux sens du terme : avec des objectifs ambitieux et en montrant l’exemple en tant que pays à la fois riche et très dépendant. Car seul, on n’est rien. »

Une « carte blanche » de Romain Poulles, avec A.D.
CSDD partenaire Infogreen

Photo (dinant.be/AFAF) : l’agroforesterie, un des acteurs clés, à valoriser, dans le changement climatique et la biodiversité.
Romain Poulles (PROGroup)

Un vrai renouveau s'impose d'urgence
Un vrai renouveau s’impose d’urgence

Le rythme que nous avons poursuivi dans le passé n’est définitivement plus une option ! Depuis des années, Votum Klima n’a cessé de mettre en garde les responsables politiques en charge des affaires environnementales contre les effets à long terme de la crise climatique.

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Après avoir pris position sur le plan national énergie-climat PNEC , la plateforme Votum Klima a signé une contribution post-Covid.

Pour rappel, Votum Klima est une plateforme qui réunit les organisations non gouvernementales luxembourgeoises suivantes : Aide à l‘Enfance de l‘Inde, Action Solidarité Tiers Monde (ASTM), ATTAC Luxembourg, Bio-Lëtzebuerg, Caritas Luxembourg, Centre for Ecological Learning Luxembourg (CELL), Cercle de Coopération, Conférence Générale de la Jeunesse Luxembourgeoise (CGJL), Église Catholique à Luxembourg, etika, Eurosolar Lëtzebuerg, Fairtrade Lëtzebuerg, Frères des Hommes, Greenpeace Luxembourg, Kommission Justitia et Pax, Lëtzebuerger Velos-lnitiativ, Mouvement Écologique, natur&ëmwelt, Orang Utan Help Lëtzebuerg, partage.lu, SOS Faim Luxembourg, UNICEF, Vegan Society Luxembourg.

Votum Klima est née de la conviction que les organisations de protection de l’environnement, les organisations de développement et les organisations sociales doivent agir ensemble dans la lutte contre le changement climatique. Depuis 2009, les partenaires de la plateforme sont engagés pour un virage de la politique climatique et énergétique du Luxembourg.

Réduire la consommation

Pour Votum Klima, « la crise suscitée par le coronavirus a temporairement paralysé nos sociétés et ébranlé notre système économique, et elle nous a montré à quel point notre mode de vie est fragile et certaines consommations inutiles (…) Néanmoins, la crise du Covid-19 ne met pas un terme à la crise du climat ! (…) C’est pourquoi nous nous sommes félicités de l’annonce du « green deal » par l’Union européenne, même si nous l‘avons accueilli d’un œil critique. Accueil favorable d’un côté parce que ce pacte vert de l’UE émet des signaux politiques forts, qui s’imposaient d‘urgence ; accueil critique de l’autre, parce qu’il s’appuie exclusivement sur des « greentech » tout en perpétuant ainsi le dogme de la croissance – malheureusement, ce pacte vert ne prévoit aucune réorientation fondamentale. »

Alors quelle(s) leçon(s) tirer de la pandémie ? « Tout d’abord : sous la contrainte, nous déployons notre plein potentiel. Face à la menace posée par le virus, des gouvernements ont su prendre les mesures nécessaires pour imposer des périodes de confinement étendues, établir de nouveaux codes de conduite et suspendre certaines activités économiques dans le but de protéger leurs citoyen/nes. D’un point de vue matériel, LA nécessité qui s’impose est de RÉDUIRE TRÈS FORTEMENT la consommation des ressources et des énergies dans les pays de l’hémisphère nord – donc aussi au Luxembourg – combinée à une transformation rapide dans le sens d’une économie circulaire renforcée. L’impératif social est de mettre fin aux inégalités qui aujourd’hui prennent des facettes inimaginables dans le monde entier, sinon il n’y aura jamais de transformation équitable. C’est l’unique façon qui nous permettra de rendre notre économie et notre société plus résilientes face aux chocs venant de l’extérieur ! »

Nouveaux modèles

Votum Klima conclut : « Tout cela requiert un « vrai renouveau », qui reposera forcément sur les axes d’un pacte vert socialement équitable et adéquat, et qui n’est plus euro-centrique. Un modèle de prospérité donc qui n’est plus basé sur des chaînes d’approvisionnement mondiales, qui concentrent la production dans les lieux où le respect des normes sociales et écologiques se fait à moindre coût. Le progrès humain est possible sans détruire, comme dans le passé, des habitats et la biodiversité, favorisant de surcroît les pandémies. Pour ce faire, divers instruments sont nécessaires, comme l’introduction de nouveaux signaux en termes de prix, afin de réduire considérablement la consommation absolue de ressources et d’énergies, combinés à un plan ambitieux de développement de l’efficacité énergétique, avec des investissements importants dans les énergies renouvelables et la capacité de stockage, tout comme l’introduction d’un principe strict de pollueur-payeur, et un renforcement parallèle de la participation démocratique dans l’État et dans l’économie.

En tant que Votum Klima, nous exigeons donc du gouvernement luxembourgeois non seulement qu’il poursuive à protéger le climat, mais également qu’il le renforce au-delà, avant tout dans sa composante d’équité et de sobriété. (…) L’objectif peut être atteint au moyen d’une gouvernance transparente, dans le cadre des processus et instances démocratiques, avec un contrôle climatique (Klimacheck) juridiquement contraignant des nouvelles lois, ainsi qu’avec des instruments clairs de taxation des activités économiques non respectueuses du climat et de l’équité sociale, et avec le développement d’économies circulaires résilientes, locales, tournées résolument vers l’avenir. »

A.D. avec Votum Klima
Photo : Marche pour le climat (Licence Creative Commons)

Nouveau départ et relance verte
Nouveau départ et relance verte

Le plan de redémarrage du pays compte un solide volet vert, orienté notamment sur l’amélioration de l’efficacité énergétique de l’habitat et le déploiement des énergies renouvelables.

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L’économie verte et durable peut soutenir la relance post-Covid du pays, en améliorant les avancées en matière d’objectifs de réduction d’émissions de CO2 ou d’usage des énergies fossiles, actés dans le PNEC (Plan national Énergie-Climat)

Carole Dieschbourg et Claude Turmes, deux ministres Déi Gréng en charge de pans importants de l’environnement, du développement durable, de l’énergie ou de l’aménagement du territoire, ont dévoilé un paquet de nouvelles mesures de relance, soit le volet vert des décisions gouvernementales ramassées dans le plan « nouveau départ » - Neistart Lëtzebuerg mis en place pour redresser l’économie durablement au sortir de la crise sanitaire.

Investir, avec 20 millions d’aides

Ce volet vert aligne un budget de quelque 20 à 25 millions pour des aides financières supplémentaires, ciblant directement les citoyens bâtisseurs ou rénovateurs, afin d’encourager de façon substantielle une meilleure isolation des bâtiments, une meilleure efficacité énergétique des logements ou un recours plus marqué aux énergies renouvelables. Claude Turmes, ministre de l’Énergie le précise, les aides sont liées à la relance, et ne seront donc pas éternelles : « C’est le moment d’investir dans la rénovation. Les aides spécifiques, il n’y en aura plus après ! »

Les encouragements permettent des cumuls d’aides, par exemple pour l’achat de chauffage à granulés de bois, l’installation de panneaux solaires, le démantèlement d’une ancienne chaudière fuel, ou encore un soutien financier renforcé pour qui sollicite des conseils suivis d’effets pour des travaux visant à la réduction de consommation d’énergie, comme la pose de façades isolantes ou le changement de vitrages.

Artisans du changement

Ces mesures ont aussi pour ambition avouée de servir de levier à la relance de l’activité dans l’artisanat (7.000 entreprises, 90.000 salariés) qui a marqué le pas durant les semaines de confinement.

Les aides et primes renforcées seront valables pour toute commande passée d’ici au 31 mars 2021, en suivant les conseils du service Myenergy et en enregistrant les demandes d’aides ou de prêts climat sur Guichet.lu.

Il faut noter que le plan Neistart Lëtzebuerg prévoit d’autres aides vertes, comme augmenter les primes pour l’achat d’une voiture ou camionnette électrique, doubler les primes accordées pour l’achat d’un vélo électrique, Pedelec ou cyclomoteur électrique, subsidier l’installation de borne de recharge pour véhicule électrique, ou élargir le champ des bénéficiaires pour l’installation de panneaux photovoltaïques au-dessus de 30 kW.

Pour rappel, le pays s’est engagé, d’ici 2030, à réduire ses émissions de CO2 de 55%, à atteindre 25% d’énergies renouvelables dans le mix de consommation nationale et à gagner 44% en efficacité énergétique.

Alain Ducat
Photos : SIP/Julien Warnand

Greenpeace : la crise actuelle ne peut pas cacher les autres
Greenpeace : la crise actuelle ne peut pas cacher les autres

Les directives et codes de conduite pour contenir la pandémie de Covid-19 continueront de façonner notre vie privée, sociale et professionnelle pendant des semaines et même des mois. Cependant, le réchauffement de notre planète, la destruction progressive de la biodiversité et des sols fertiles ainsi que la pollution de l’eau et de l’air entraîneront beaucoup plus de pertes économiques que le Covid-19.

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Les connaissances scientifiques sur le réchauffement de la Terre et sur la perte de la biodiversité sont suffisantes pour agir rapidement sur leurs causes et déterminer de nouvelles priorités.

Deux tiers des émissions à gaz à effet de serre du Luxembourg trouvent leurs origines dans la vente de carburant. En 2019, l’importation de diesel et d’essence a augmenté. Le Luxembourg doit drastiquement réduire cette consommation de pétrole, en particulier par le transport routier qui traverse notre pays, parfois même en faisant un détour en raison du prix favorable du Diesel. L’État doit mettre fin à cette pratique. Il faut renforcer et mettre en place des mesures comme l’augmentation des accises à court termes, comme prévu dans le PNEC.

Dépendance

La crise du coronavirus illustre ce que le Conseil national du développement durable et les organisations non gouvernementales pointent du doigt depuis des années : le Luxembourg est tributaire des ventes de carburant, ce qui nuit non seulement au climat mais présente également un risque conséquent pour les finances publiques. La décision du gouvernement de suspendre l’augmentation des accises sur le carburant n’est pas un bon signal. Le financement du budget de l’État ne peut pas dépendre de sources de revenus qui peuvent disparaître du jour au lendemain. Nous devons maintenant tirer les leçons de cette crise et ne ménager aucun effort pour mettre enfin un terme à cette dépendance. Pendant la crise sanitaire, la vente de pétrole et de diesel a chuté de 50% à 90% pour les différentes pompes à essence. Pour l’État, c’est également, via les accises, une perte sèche de plusieurs millions d’euros.

Greenpeace exhorte le gouvernement à annuler la suspension des augmentations des accises sur les carburants annoncée il y a quelques semaines. La baisse des ventes d’essence et de diesel provoquée par la crise de Covid-19 ne doit pas saper les efforts du Luxembourg pour la protection du climat. Tandis qu’au niveau européen, le Grand-Duché fait campagne pour un “Green Deal”, il continue à domicile d’alimenter sa propre dépendance aux énergies fossiles. Ce sont en grande partie ces dernières qui ont fait augmenter le bilan national de CO2 de 7,5% en 2019 ! Surmonter la crise économique et sanitaire ne doit pas se faire au détriment de la protection du climat.

Servir

Le plan de relance du gouvernement luxembourgeois devra se détourner des entreprises qui dérèglent le climat et détruisent la biodiversité, et non pas viser le retour à une croissance économique à forte intensité de gaz à effet de serre. Le rôle de l’économie doit être de servir le bien commun de ses citoyens, et non l’inverse. À cette heure de grande solidarité, nous devons tout faire pour atteindre cet objectif le plus rapidement possible !

Pour rappel, Greenpeace Luxembourg a lancé une pétition citoyenne dans laquelle l’organisation adresse au gouvernement une série de 5 demandes jugées vitales pour « reconstruire demain », avec l’humanité et l’environnement au premier plan.

Greenpeace Luxembourg
Photo : Greenpeace

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Participer au débat et faire le colibri
Participer au débat et faire le colibri

Peut-on agir autrement qu’à la marge si on ne remet pas en question le système entier ? L’objectif poursuivi par REconomy Luxembourg est là : provoquer la réflexion des citoyens et poser la question de façon systémique, ouvrir le débat au plus large et permettre à chacun d’apporter sa contribution.

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« On ne peut agir qu’à la marge si on travaille avec le système comme il est en place depuis des années, productiviste, calé sur une croissance obligée, un capitalisme débridé, un système financier sous pression… », souligne Éric Lavillunière, chargé du projet REconomie, intégré au Réseau de la Transition mû par le CELL Il se penche sur comment assurer le rôle premier de l’économie : répondre à nos besoins de manière plus durable et plus juste pour la planète et ses habitants.

« Prôner une économie plus résiliente, solidaire et collaborative, ce n’est plus un travail mais une passion ». Un besoin vital aussi, selon Éric Lavillunière : « Il y a des efforts manifestes et de belles initiatives, mais les indicateurs ne plaident pas en notre faveur, comme notre jour du dépassement qui arrive déjà en février. Le bilan du Luxembourg reste alarmant ».

La REconomy ne se pose pas en lobby, mais en porteur d’énergie citoyenne pour la transition. « Si on n’écoute que les économistes orthodoxes, on ne va pas au fond des choses. La responsabilité sociale des entreprises, les initiatives politiques, ce sont des bons pas. Mais on reste loin des enjeux fondamentaux. On en vient donc à la conclusion qu’il faut recréer un autre imaginaire, aussi dans l’économie, et que seuls une mobilisation citoyenne, un débat permanent, des actions d’accompagnement, vont aider à se projeter dans le changement, individuel et collectif ».

Approcher des horizons

Les réflexions, qui sortent notamment des Resilience Cafés, vont aussi dans ce sens : le besoin de délibérer pour changer de paradigme économique, et de se donner des perspectives au-delà du débat théorique. Des horizons sont approchés, monnaies locales, relocalisation de l’économie, revenu de base universel, banques citoyennes, coopératives de circuit court…

« Le constat économique est clair : dans les conditions actuelles, il est encore plus facile de faire produire et d’importer que de produire localement. L’histoire des masques de protection en plein cœur de la crise du COVID-19 l’a encore démontré… Mais quel est le coût « externe » de tout cela ? Ne faut-il pas plus d’harmonie, de répartition, de prévoyance, pour ne plus être prisonniers de la logique du temps et de la vitesse, comme un hamster dans sa roue ? Est-ce que la croissance est le seul moyen et le PIB la seule mesure ? Quel est le prix du bien-être ? La justice sociale ne doit-elle pas être l’objectif ? La planète qui tourne à ce régime n’est-elle pas aussi en obsolescence programmée ? ».

La crise que nous traversons est sans aucun doute un moment propice pour se poser les bonnes questions, pour trouver les bons leviers de transition, à tous les niveaux, puisqu’ils sont tous liés.

Favoriser les espaces de corrélation

« On doit pouvoir effacer les certitudes du monde capitaliste, rebattre toutes les cartes. On n’a pas inventé l’électricité en tentant d’améliorer la bougie… Mais il ne s’agit pas de remplacer un dogme d’experts par un autre dogme. D’où l’importance, pour chacun, de participer au débat, de mener un travail individuel et collectif pour développer des alternatives, de mobiliser dans les quartiers, de connaître les besoins de la population pour y apporter des solutions viables ». L’équipe REconomy Luxembourg encourage et accompagne une multitude de projets locaux, parfois modestes, parfois élaborés selon des schémas qui ont fait leurs preuves, comme les AMAP (associations pour le maintien de l’agriculture paysanne), les marchés de seconde main, les coopératives de quartier, les aspirations de territoires résilients. « C’est aussi une forme d’éducation populaire. Nous tenons à favoriser les espaces de corrélation, avec une approche systémique qui englobe une réflexion sur le cadre de vie, les besoins sociaux, l’équilibre, avec une vue sur demain ».

C’est l’approche du colibri, comme dans la fable amérindienne popularisée par Pierre Rabhi : face à un terrible feu de forêt, alors que les animaux sont atterrés et pétrifiés, seul le petit oiseau s’active, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. « Ce n’est pas avec ces quelques gouttes que tu vas éteindre le feu ! », lui jette le tatou. Et le colibri de répondre : « Je le sais, mais je fais ma part ».

Et si chacun pouvait être un colibri qui apporte sa goutte pour lutter contre le grand incendie du village-monde ?

Alain Ducat, avec Éric Lavillunière

Défis socio-économiques et territoriaux
Défis socio-économiques et territoriaux

Pascale Junker, experte Environnement et Climat (qui achève une mission de conseillère auprès du ministère luxembourgeois de l’Energie et de l’Aménagement du territoire), a livré une importante – et décapante – contribution, à titre personnel, à la Fondation IDEA. L’experte y pose quelques questions fondamentales.

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Experte en environnement et climat, Pascale Junker, a livré une contribution, à titre personnel, à la Fondation IDEA qui a compilé un recueil disponible sur son site.

Nous vous invitons vivement à lire l’intégralité de ce texte dont le côté parfois décapant donne un recul d’analyse pertinente et sans complaisance sur la société luxembourgeoise. (PDF attaché ici)

Pascale Junker : « Le confinement imposé par la pandémie a résulté en plusieurs grandes disruptions sous forme de restrictions de mouvements et d’isolation au foyer, de travail à distance et digitalisé, de réveil face à notre vulnérabilité en termes d’approvisionnement élémentaire, d’amélioration de la qualité environnementale suite au ralentissement de l’économie et des transports. Dans ce contexte d’incertitude, quelques questions fondamentales s’imposent à nous :

  • Faut-il réorienter fondamentalement les investissements afin d’être mieux préparé à la prochaine pandémie ou est-ce qu’on considère qu’il s’agissait d’une exception conjoncturelle et qu’il faut continuer comme avant ?
  • Faut-il miser sur un retour à la croissance, dans un monde à énergie contrainte à la baisse et au renchérissement et à ressources finies ?
  • Est-ce que la crise nous a appris à nous satisfaire de moins ou est-ce que le business as usual reviendra au galop, en démarrant avec un beau rebound effect d’hyperconsommation compulsive après les privations ?
  • Qui finalement anticipe et gère mieux les crises, le marché, le laissez faire ou le plan ?

La contribution tente ainsi « d’appréhender les répercussions territoriales et sociétales de la crise. L’aménageur va chercher en quoi elle peut être instructive en termes de « fairness » spatiale et cohésion sociale, de gains de places, de superposition de fonctions, de réduction de l’empreinte écologique et matérielle ou d’amélioration de la résilience territoriale ».

Dans ses conclusions, Pascale Junker avance des pistes intéressantes.

« Le confinement a mis le pays en conditions de laboratoire. Il offre une opportunité inédite pour étudier et comprendre les mécanismes d’adaptation de la population et de l’économie. Il faut sans tarder, en tout cas avant la fin du déconfinement total, en profiter pour mesurer, attribuer et élucider les relations causes à effets et coûts-bénéfices : évolution des déplacements et distances, comportement commercial et digital pendant et après le confinement, impacts différenciés sur les entreprises et les ménages, évolution de la qualité de l’eau, du sol, de l’air et de la capacité des écosystèmes à séquestrer le carbone, identification des facteurs ayant le plus contribué à la résilience des entreprises, à la maîtrise de l’endettement, à la baisse des émissions, …

L’aménagement du territoire, qui n’est toujours qu’un reflet de nos valeurs et de nos priorités, peut tirer d’importantes leçons de la crise sanitaire :

  • Incorporer les enseignements spatiaux de la crise en termes de cartographie et prévention des risques (technologiques, sanitaires, naturels, climatiques, …) et d’instauration de la résilience territoriale dans les programmes, stratégies et instruments de l’aménagement du territoire, tout en reconnaissant que le risque zéro n’est pas de ce monde, qu’il nous faut réapprendre à vivre avec l’incertitude.
  • Planifier pour assurer la continuité du fonctionnement de l’Etat, de la société et de l’économie, et pour pouvoir mobiliser des réserves pour la récupération post-crise, à des échelles locale, nationale et transnationale : réévaluer la désignation et le périmètre des infrastructures critiques nationales et européennes et des activités essentielles à la lumière des crises. Assurer leur résilience face à la disparition progressive des énergies fossiles, leur résistance face aux extrêmes météorologiques et aux catastrophes. Relocaliser les productions industrielles stratégiques selon une division du travail et un modèle de redondances grand-régional, voire européen. Dupliquer les éléments vitaux des chaînes logistiques. Dédoubler les composants essentiels des systèmes et réseaux, répartir leurs charges et localisations, assurer leurs redondances physiques, géographiques et numériques, affecter de l’espace au stockage et à la rotation de stockage (matériel médical, masques, médicaments, nourritures, eau, semences, groupes électrogènes et combustible, …).
  • Planifier la mise en place des circuits courts, de la vente directe, de filières locales, de l’approvisionnement de proximité, de buffers locaux. Renforcer les logistiques locales, interurbaines et inter-communales.
  • Intégrer une composante sanitaire dans la planification des transports de masse et renforcer la coopération sanitaire transfrontalière
  • Veiller à une densification urbaine « éclairée » et « saine » (augmentation de l’offre en logements abordables, économies d’échelle, préservation de terre vierge, amélioration de l’approvisionnement et des services des résidents dans des « 20`neighbourhoods », diminution de la dépendance à la voiture, réduction des émissions, villes plus plurielles et résilientes, …)

La crise sanitaire a montré que nous savons mettre l’intérêt général au-dessus de l’intérêt individuel, qu’un plan fédérateur et une direction commune sont nécessaires pour faire face et que nous sommes mieux lotis en jouant la solidarité et l’entraide que le chacun pour soi. Mieux vaut être préparé et mieux vaut adopter des mesures sans regrets, indépendamment du fait de la récurrence ou non de pandémies.

La maladie Covid19 a mis nos capacités d’adaptation à l’épreuve. C’est dans la durée que l’on pourra juger de son degré d’incision véritable dans nos modes de fonctionnement et de comportement. Trop de temps a été perdu à vouloir verdir la croissance dans un monde en contraction. La crise sanitaire nous a montré la rapidité et la radicalité dont nous sommes capables en cas de menace et ce dans l’intérêt général. Il faut garder et nourrir cet état d’esprit pour poser les jalons pour l’avenir résilient face aux prochaines crises et risques territoriaux. L’avenir n’a plus de place pour la primauté et l’exclusivité de l’intérêt individuel, puisqu’il en va de sauver des biens communs que sont la santé, les connaissances, la stabilité climatique, le sol, l’espace ... pour les générations présentes et futures.

L’étalement urbain et la continuation du recours massif aux véhicules privés carbonés ne font que renforcer notre vulnérabilité sur d’autres plans. Ce que l’on (croit) gagner en sécurité sanitaire, on risque de le perdre en sécurité climatique et physique.

Notre rapport avec la nature est à revoir. Elle nous a montré sa redoutable force destructrice, mais aussi son incroyable force régénératrice : six semaines de ralentissement des activités humaines ont suffi pour rétablir le calme, l’air pur, le ciel limpide et pour voir revenir des oiseaux chanteurs, des poissons… »

Photo (DPA/Luxtram) : L’experte s’intéresse notamment au rôle des transports en commun et à la relation que peuvent y avoir les usagers

« Le jardin collectif est la nouvelle place publique »
« Le jardin collectif est la nouvelle place publique »

Florian Hertweck est architecte et professeur à l’Université du Luxembourg, où il est à la tête du Master en Architecture. Nous l’avons interrogé sur les visions architecturales et urbanistiques pour la transition écologique.

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Quelle est aujourd’hui l’importance de l’écologie dans les visions architecturales et urbanistiques ?

Votre question suppose qu’il y a des visions, mais je n’en vois pas beaucoup. Il y a de nombreuses analyses et beaucoup de pistes, mais des visions ? La production de l’espace est aujourd’hui dominée par l’économie de l’immobilier qui ne permet guère de développer de véritables expérimentations architecturales et urbanistiques qui prennent des risques au-delà de la logique de l’offre et de la demande ou des dépenses et des profits des Excel sheet. Dans le cadre de cette dominance, le discours sur l’écologie a été absorbé par l’idéologie du Green Tech. Cette croyance dans la technologie, qui se manifeste autant dans les Smart cities que dans le Climate engineering, écarte toute tentative sérieuse d’aborder le défi écologique en profondeur. La crise actuelle met encore plus en évidence que ce défi est lié à question de la croissance, mais elle montre aussi la forte tendance à noyer cette question dans l’innovation technologique. Que nous nous trouvons aujourd’hui dans une situation d’urgence face au changement climatique, à la pénurie des ressources et à la perte de la biodiversité, est d’autant plus énervant que toutes ces questions et beaucoup de réponses étaient déjà sur la table dans les années 70, une décennie riche en expérimentations architecturales et urbanistiques qui visaient la transition écologique, une économie post-croissance, aussi bien qu’une qualité de vie post-matérialiste. Mais le tournant néo-libéral et le triomphe du capitalisme culturalisé a magistralement su écarter ou absorber ces expérimentations. Nous savions dans les années 70 que nos voitures devraient être plus légères alors que jamais dans l’histoire autant de SUV n’ont été vendus qu’aujourd’hui. Nous savions que les maisons devraient être couvertes de légères membranes recyclables alors qu’elles sont aujourd’hui munies de plusieurs centaines de matériaux polluants pour la plupart. Nous savions que les distances entre le travail et le logement devraient se raccourcir alors qu’elles deviennent de plus en plus grandes. Je pourrais continuer indéfiniment à citer des exemples qui témoignent de ce paradoxe.

Quels sont alors les enjeux immédiats de l’approche architecturale face aux enjeux climatiques ?

Il y a un paradoxe entre l’urgence d’une part et la lenteur de notre discipline d’autre part. Construire un bâtiment prend plusieurs années, construire un quartier plusieurs décennies. Nous devons être capables de nous projeter dans l’avenir pour savoir comment agir aujourd’hui en sachant que nos projections portent surtout sur l’existant. Les architectes doivent redécouvrir leur domaine de compétence : la prospective, mais qui n’est plus une prospective de la table rase. Et ne pas laisser la conception de la ville post-carbone aux ingénieurs et encore moins aux stratèges de marketing. L’autre défi réside dans le changement d’échelle. La transition écologique doit forcément se penser à plusieurs échelles : du corps à son enveloppe, du logement au quartier, de la ville au territoire jusqu’à la planète entière. Mais au fur et à mesure que nous augmentons l’échelle, l’architecte a de moins en moins d’influence et à faire avec des dispositifs politiques. Le devoir des architectes est alors, au-delà des expérimentations architecturales et urbanistiques, de développer des narrations post-carbone et post-croissance qui montrent aux citoyens que la transition écologique avec toutes ses implications sur le standard et le confort représente un énorme gain en terme de qualité de vie et – ce que la crise actuelle nous rappelle – aussi en terme de santé collective.

Pour répondre plus directement à votre question, les enjeux consistent aujourd’hui à transformer les grandes structures économiques, urbaines et architecturales, en petites structures, donc transformer nos territoires en des mosaïques très fines qui mélangent habitat, travail, loisirs, permaculture …, construire des structures qui permettent d’accueillir différents usages dans le temps, des structures qui, à une échelle régionale, soient autosuffisantes en termes d’énergie, de ressources et de production alimentaire. Bref, il s’agit de donner forme au local turn sans pour autant tomber dans une attitude réactionnaire … Il est clair que toute approche doit correspondre à un contexte spécifique, il n’y a plus de charte valable pour tous les contextes comme le présupposait la Charte d’Athènes.

Et au Luxembourg, quels sont les défis alors ?

Le Luxembourg est un pays qui a une des plus grandes empreintes écologiques au monde. Pourquoi ? Si on enlève “le tourisme à la pompe”, c’est parce qu’il y a une trop grande mobilité entre les lieux de résidence et les lieux de travail. Mais, miser sur un réseau de transport en commun, le rendre gratuit, ne perce pas le fond de la problématique qui réside dans une croissance économique et démographique importante dans un pays où le foncier est excessivement rare, cher et financialisé.

D’une part, nous devons alors changer substantiellement notre manière d’aborder le foncier pour créer plus de diversité sociale et fonctionnelle ou ce qu’on appelle une équité territoriale.

D’autre part – et c’est aussi un phénomène renforcé par la crise actuelle – nous devons permettre aux gens de travailler (et de consommer) près de là où ils habitent. Je dis bien près de là où ils habitent, car le home office n’est pour moi pas la solution ultime. Je verrais plutôt la nécessité d’intégrer dans chaque complexe de logement des espaces de travail mutualisés et, simultanément, de construire des logements abordables en proximité du tertiaire, comme sur le Plateau Kirchberg.

La crise actuelle nous montre aussi que le banal discours sur la densité n’a pas de sens. Le Luxembourg est un pays rural dont la typologie dominante est la maison mitoyenne. Je pense que nous devons réinterpréter cette typologie munie d’un petit jardin qui peut légèrement monter en hauteur quand on se rapproche des centres d’agglomération pour accueillir, notamment au rez-de-chaussée, des activités complémentaires. Cette typologie permet aussi de retisser les liens entre l’habitat et l’agriculture. Le Luxembourg est rural mais importe 90 % des produits agricoles. Or, de plus en plus de citoyens sont à la recherche d’aliments sains et locaux, jusqu’à vouloir en cultiver. Je suis convaincu que le jardin individuel est le nouveau salon et le jardin collectif la nouvelle place publique. Mais tout ceci doit s’inscrire – et nous revenons au début – dans une vision globale pour ce territoire.

Florian Hertweck, avec Alain Ducat
Université du Luxembourg, partenaire Infogreen
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Florian Hertweck : Uni.lu
Plateau Kirchberg Campus : Licence CC/Uni.lu
Projet Kirchberg-Kiem : SNHBM/Temperaturas Extremas Architectos

L'après Corona : transformer la crise sanitaire en une chance pour le climat !
L’après Corona : transformer la crise sanitaire en une chance pour le climat !

La crise liée à la pandémie Covid-19 a touché nos sociétés de plein fouet. Il faut en tirer des leçons, dans le contexte d’une autre menace, plus importante encore, la crise climatique.

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La crise sanitaire, sociale et économique due à la pandémie Covid-19 a touché nos sociétés de plein fouet, et personne ne peut encore dire quel sera son bilan définitif. Néanmoins, une conclusion s’impose déjà : face à un danger d’une ampleur considérable, nos sociétés ont été prêtes à réagir, même au prix d’interférer dans des aspects de la vie jusqu’ici intouchables, réduction de la liberté de circuler, arrêt d’activités commerciales, obligation de porter un masque, etc.

D’un autre côté, la période de confinement a fait redécouvrir des valeurs qui n’avaient plus tellement la cote, comme la solidarité, les services de santé, les joies simples comme le bricolage ou la cuisine faite maison.

Il ne s’agit nullement ici d’idéaliser une crise qui a coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes. Mais de leçons à en tirer dans le contexte d’une autre crise, bien plus globale et menaçante encore, la crise climatique.

La recette gagnante : écouter les scientifiques…

La réaction sociétale face à la pandémie aurait été impensable sans la confiance accordée aux scientifiques. Ce sont eux qui ont alerté sur la vague qui risquait de submerger nos services de santé, et qui ont ainsi amené le monde politique à prendre des mesures, parfois très strictes, afin d’éviter le pire.

En ce qui concerne la crise climatique, faisons la même chose : écoutons les scientifiques ! Depuis de nombreuses années, ils nous détaillent les dangers liés au réchauffement planétaire : fonte des glaces, augmentation du nombre et de l’intensité des inondations et des sécheresses, perte accélérée de la biodiversité, mise en danger de la production alimentaire, augmentation des mouvements de migration etc.

… agir en conséquence…

Si nous voulons limiter les répercussions du réchauffement climatique à un niveau supportable pour l’homme et son environnement naturel, nous devons stopper toutes les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 au plus tard !

C’est pourquoi nous devons entièrement repenser notre façon de produire, de consommer, de nous déplacer, de nous nourrir… Un défi énorme, qui n’ira pas sans bouleverser nos bonnes vieilles habitudes. Mais il y va de notre survie : un retour à « l’avant-Corona » n’est non seulement pas souhaitable, mais ce n’est tout simplement pas possible !

et transformer une crise en vision d’avenir !

Face au Covid-19, la politique – au niveau national et local - a agi :

  • Elle a instauré de nouvelles règles ET appelé au bon sens et à la solidarité de la population.
  • Elle a expliqué le pourquoi ET a lancé des programmes de soutien aux groupes les plus faibles.

Si, face à la crise climatique, le monde politique emprunte le même chemin, on aura une véritable chance de réussir. Repenser notre modèle économique actuel basé sur la croissance ne sera pas chose aisée. Aider les personnes les plus vulnérables dans cette transition, assister les entreprises à s’y retrouver coûtera des efforts. Mais nos sociétés viennent de prouver que c’est faisable !

Si les responsables politiques arrivent à concilier à la fois urgence climatique, justice sociale et économie soutenable, s’ils expliquent pourquoi cette transformation est nécessaire ET bénéfique - alors oui, la crise climatique pourra être dépassée !

Nos communes en première ligne

Comme dans la lutte contre la pandémie, nos communes se retrouvent en première ligne de cette transition. https://www.infogreen.lu/klima-bund...

Elles sont proches de leurs habitants et des entreprises sur leur territoire, elles montrent l’exemple en matière de renouvelables ou d’efficience énergétique, elles réinventent la mobilité durable et encouragent la production alimentaire régionale.

La nécessaire transformation de nos sociétés aura de plus en plus besoin de communes non seulement engagées mais aussi équipées, en ressources humaines et moyens financiers, pour faire face aux multiples défis. En fait, nous avons tous besoin d’elles !

Paul Polfer, Coordinateur national Klima-Bündnis Lëtzebuerg, partenaire Infogreen
Photos et illustrations : Copyright Mouvement Écologique.

Schifflange et les effets du changement climatique
Schifflange et les effets du changement climatique

Face aux défis causés par les changements climatiques pour les agglomérations, la commune de Schifflange s’est armée d’un masterplan.

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Les agglomérations sont les premières sources de gaz à effet de serre et sont de véritables consommatrices d’énergie qui contribuent largement à ces évolutions climatiques aggravantes. Et d’un autre côté, elles sont les premières touchées et concernées par les phénomènes météorologiques extrêmes, comme des périodes de sécheresse plus longues et intenses, des canicules, des fortes pluies provoquant une augmentation des risques de crue et des inondations.

Solutions concrètes

Les agglomérations se doivent donc d’élaborer des solutions concrètes et des stratégies d’adaptation à ces événements météorologiques inhabituels et d’ajuster les pratiques de l’urbanisme et de l’aménagement urbain pour faire face à ces défis.

Le réchauffement des villes est générateur de risques sanitaires, l’augmentation croissante des températures a un effet nuisible sur la santé humaine. La qualité de l’eau potable risque de se dégrader en raison de l’échauffement des tuyaux des réseaux publics de distribution de l’eau potable impliquant une contamination potentielle (par des germes pathogènes) de celle-ci.

En cas de fortes pluies et de tempête, les infrastructures d’évacuation des eaux et les infrastructures de transport seront profondément affectées provoquant des dommages matériels importants à l’égard des habitations, des voies de circulation.

Planifier au futur

Comment la commune de Schifflange essaie de remédier aux défauts de planification d’antan et de planifier au futur pour atténuer les effets du changement climatique ?

Maintien et création des couloirs d’air frais

Dans le cadre du plan d’aménagement général et des plans d’aménagement particulier, définir les couloirs qui devraient rester libres afin de garantir le flux d’air frais des surfaces boisées vers les quartiers. Par le biais de servitudes urbanisation définir dans les PAG les espaces qui devront rester libre pour garantir ce couloir d’air frais.

Toitures et façades végétalisées

Dans les PAPs exiger la végétalisation des toitures plates afin de créer ainsi des micro-climats, générateurs d’air frais et des surfaces de stockage des eaux de pluies.

Surfaces de rétention d’eaux de pluies à ciel ouvert

Dans les PAPs exiger l’aménager les surfaces de rétention à ciel ouvert pour ainsi créer des biotopes et des plans d’eau, générateurs d’air froid.

Désimperméabilisation des espaces publics

Lors de la réfection de voiries publiques veiller à aménager les espaces de stationnement en joints et éviter les bordures de séparation entre surface de roulement et plates-bandes de verdure afin de favoriser l’infiltration des eaux de pluies. Planifier les nouveaux espaces publics et les quartiers avec une gestion bien réfléchie des eaux de pluies, en utilisant des rigoles ouvertes et en favorisant la végétalisation des abords de rues.

Végétalisation de l’espace public

Plantation d’arbres pour ombrager les espaces et réduire l’accumulation de température des voies de circulation et des espaces de stationnement.

Dans les PAPs favoriser les espaces verts regroupés ayant une qualité écologique supérieure aux petits espaces verts autour de chaque bâtiment

Renaturation des cours d’eau

Créer ainsi des volumes de rétention pouvant stocker les eaux en cas de crues et réduire les inondations. Les plaines alluviales sont de véritables générateurs d’air frais et d’air froid et des puits de carbone et transformateur du carbone en oxygène.

Création de jardins partagés

Inciter les citoyens à cultiver eux-mêmes des fruits et légumes et mise en place de jardins verticaux.

Sensibilisation de la population locale aux enjeux du changement climatique afin d’encourager les citoyens à adopter des styles de vie plus durables.

Commune de Schifflange, partenaire Infogreen
Photos/Illustrations : Commune de Schifflange, Klima Bündnis

La nature, un allié majeur
La nature, un allié majeur

Chaque écosystème et chaque biotope jouent un rôle dans la régulation du climat. natur&ëmwelt Fondation Hëllef fir d’Natur, organisme d’utilité publique depuis 1982, est propriétaire de 1 500 ha de réserves naturelles (prés humides, roselières, pelouses sèches, mares et plans d’eau, forêts, haies, vergers, vignobles en terrasses, friches et fonds de vallées ardennaises), des écosystèmes riches en biodiversité.

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Si la question du changement climatique occupe le devant de la scène publique, les inquiétudes concernant la disparition de la biodiversité restent encore en retrait. Pourtant, lorsqu’ils sont sains et résilients, ces écosystèmes sont plus à même de s’adapter et de contribuer à l’atténuation du changement climatique, et donc à limiter le réchauffement climatique.

La protection et la réhabilitation de la nature constituent, pour la fondation Hëllef fir d’Natur, des alliés majeurs et peu coûteux pour lutter contre le changement climatique. La préservation des écosystèmes et la réhabilitation des biotopes ouvrent des perspectives significatives pour la réduction des futures émissions de gaz à effet de serre. Actuellement, l’ensemble des écosystèmes absorbe environ la moitié des émissions de CO2 générées par l’homme. Ils retiennent environ 2 100 Gt de dioxyde de carbone via les organismes vivants, les déchets et les matières organiques du sol : cela représente environ 3 fois la quantité de carbone présente dans l’atmosphère.

Stocker le carbone

Le premier levier pour atténuer le changement climatique est donc de réduire nos émissions de gaz à effets de serre. Les arbres, par leur capacité de séquestration et de stockage du carbone, jouent un rôle primordial dans cet équilibre. Une gestion appropriée de la forêt permet de préserver la capacité de stockage naturelle de carbone tout en favorisant la biodiversité.

Maintien en libre évolution ou plantation et gestion durable des forêts font partie des stratégies de la Fondation. Plus que jamais, la gestion de nos réserves naturelles doit prendre en compte la résilience de cet écosystème, c’est-à-dire sa capacité d’évolution et d’adaptation aux changements climatiques. L’objectif est donc de favoriser des forêts constituées d’espèces variées indigènes, d’âges différents, abritant un cortège diversifié d’espèces végétales et animales.

Le pouvoir de la tourbe

Le second levier est de préserver les milieux humides pour atténuer le réchauffement climatique. La transformation de la végétation en tourbe accumule pendant des milliers d’années des quantités importantes de carbone. Les tourbières ne couvrent que 3 % de la surface terrestre mais stockent deux fois plus de carbone que les forêts (qui représentent 30 % de la surface terrestre).

Marais, tourbières, prairies humides… Entre terre et eau, les milieux humides présentent de multiples facettes et se caractérisent par une biodiversité exceptionnelle. Par leurs différentes fonctions, ils jouent un rôle primordial dans la régulation de la ressource en eau, l’épuration et la prévention des crues. Les milieux humides rendent également divers services en matière d’atténuation du changement climatique et d’adaptation à ses conséquences : crues, inondations, sécheresses, érosion…

Préserver les sols

Les sols jouent également un rôle essentiel dans le cycle du carbone. Un sol en bonne santé est composé presque entièrement d’êtres vivants, c’est le milieu le plus riche du monde et il représente à lui seul 80 % de la biomasse de la planète. Grâce à la photosynthèse, le carbone atmosphérique est transformé en sucres (hydrates de carbone). Ils nourrissent les plantes, descendent jusqu’aux racines, passent dans le sol et alimentent les micro-organismes qui enrichissent les sols.

Sur l’ensemble de l’Europe, environ 90 % de l’activité biologique des sols cultivés a été détruite par l’agriculture intensive. La reconversion de toutes les terres agricoles par des pratiques agroécologiques permettrait donc la fixation du CO2 en profondeur. La Fondation soutient l’agriculture biologique et les pratiques agricoles qui préservent des sols vivants riches en matière organique.

Article de notre partenaire natur&ëmwelt - Fondation Hëllef fir d’Natur

L'écomobilité, un élément de réponse
L’écomobilité, un élément de réponse

Le COVID-19 interroge les sociétés et organisations sur leurs capacités de résilience. Pour IMS Luxembourg, qui accompagne les entreprises, l’écomobilité peut être un élément de réponse.

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Toute crise majeure représente une rupture brutale dans nos modes de vie et met en exergue la notion de résilience, soit notre capacité à encaisser les chocs et à se relever des perturbations.

Face à cette pandémie, les habitudes de déplacement sont profondément perturbées. En cette phase de déconfinement, des questions persistent. Comment concilier efficacement distanciation sociale et mobilité ? Comment faire coïncider les déplacements avec l’enjeu de la transition écologique et les engagements de neutralité carbone ?

Multiplicité de choix modaux

Pour IMS Luxembourg, qui promeut l’écomobilité depuis des années, la crise actuelle est un défi inédit qui doit permettre de mieux appréhender les chocs futurs, qu’ils soient économiques, écologiques ou climatiques. Plaider pour l’écomobilité suppose de sortir d’une vision du « tout-voiture » et proposer des solutions modulables. C’est dans cette optique que IMS a publié début 2020 https://imslux.lu/fra/news/265_deco... un guide pratique, fruit d’un travail collectif avec ses membres, pour favoriser au sein de l’entreprise une multiplicité de choix modaux sur les trajets domicile-travail.

Nombreuses sont les entreprises du Luxembourg qui se sont engagées sur cette voie. Mais la crise actuelle incite à aller plus loin. Récemment interrogées, les entreprises des groupes de travail mobilité d’IMS déclarent à hauteur de 75% vouloir, suite à la gratuité des transports, poursuivre les investissements pour améliorer les conditions de déplacement des collaborateurs. C’est un indicateur important car la crise ne doit et ne peut être un prétexte pour un retour en arrière sur les engagements pris. Il s’agit de consolider les acquis et d’accélérer massivement la mutation. L’écomobilité doit trouver sa place au plus haut niveau des agendas stratégiques post-COVID.

Une démarche cohérente

Le télétravail, la flexibilité des horaires et la mobilité douce pourraient ainsi être les grands gagnant de « l’après », s’ils sont intégrés dans une démarche cohérente.

La généralisation récente du télétravail n’a pas impliqué une baisse importante de la productivité, bien au contraire, les entreprises se sont adaptées rapidement. Même si le télétravail n’est pas applicable à tous les métiers, de nombreuses réunions pourraient être durablement effectuées à distance grâce à des systèmes de visioconférence de plus en plus performants.

Face aux risques de contamination, beaucoup de salariés se tournent aussi vers le vélo. La “petite reine bénéficie d’un réel engouement qui peut être facilité par l’entreprise en organisant des actions pour inciter au changement modal. Un système de location longue durée, un élargissement des flottes vélo notamment électriques (ou trottinettes) ou la mise en place de vélo de fonction, peuvent être proposés. Miser sur le vélo peut faire la différence face à une désaffection pour les transports en commun.

Les changements actuels, volontaires, involontaires ou forcés auront un impact durable sur nos activités. Pourquoi alors ne pas reprendre à notre compte la belle formule de Théodore Monot, « L’utopie n’est pas l’irréalisable mais l’irréalisé » ? Et profiter de cette mutation pour transformer durablement la ville et ses usages, le lieu de travail et les dynamiques de déplacement qui y sont corrélées ?

IMS Luxembourg, partenaire Infogreen

ALD roule aussi pour le vélo
ALD roule aussi pour le vélo

Et sur le plan de la mobilité au Grand-Duché de Luxembourg ? La crise COVID 19 pourrait-elle avoir un impact favorable sur l’environnement ? Quelques constats d’ALD Automotive, leader sur le marché de leasing automobile au Luxembourg.

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Suite à la crise sanitaire, la réorganisation du travail avec la mise en place du télétravail pour une majorité des entreprises, les déplacements se sont vus drastiquement limités. Cette mesure a été d’application tant pour les résidents luxembourgeois que pour les travailleurs frontaliers. Certains employés auront vécu le télétravail comme un gain d’efficacité et de confort de vie.

Il est très probable que cette situation induise une demande accrue de travail à domicile de la part des employés (vu que 55% des télétravailleurs jugent ce procédé positif comme l’indique une étude récente du STATEC sur le sujet) et que les employeurs y adhèrent. Un modèle de télétravail alternatif améliorerait la mobilité sur le réseau routier luxembourgeois mais également l’accès au pays.

Bien entendu, les travailleurs frontaliers sont tenus de respecter le nombre maximum de jours de télétravail sans impact fiscal. ALD Automotive espère cependant que les pays de la Grande Région trouveront rapidement un accord pour lever ou réévaluer ces quotas pour le bien-être de tous.

Une bonne alternative

Un second aspect pourrait être l’augmentation de l’utilisation du vélo. Le succès des déplacements à vélo est monté en flèche avec la crise sanitaire liée au Covid-19. Le vélo se révèle une activité bénéfique et appréciée, mais aussi une bonne alternative aux moyens de transports publics en ville.

Bien entendu la météo favorable a contribué à ce succès. Mais sachant que le ministère de la Mobilité se penche activement sur un plan d’amélioration de l’infrastructure vélo et piétonne dans certaines communes de Luxembourg, Il ne serait pas du tout étonnant que cette tendance de mobilité se dessine dans le paysage luxembourgeois et prenne de l’ampleur dans un futur assez proche.

Chez ALD, le constat est le même : nous avons observé une augmentation des demandes sur notre produit de leasing vélo/trottinettes à titre individuel (ALD Company Bike https://www.aldautomotive.lu/fleet-...), avec pas moins de 300 nouvelles demandes de devis depuis le début du printemps. Cette formule, sortie en 2016, permet aux employés travaillant au Grand-Duché d’intégrer un vélo (de façon séparée ou en complément d’un leasing automobile) dans leur package salarial à partir de 25 €/mois, tous services inclus.

Article ALD, partenaire Infogreen

Le film de protection solaire pour vitrages
Le film de protection solaire pour vitrages

Initialement réservés à la technologie spatiale, les premiers films de protection solaire ont ensuite été développés dans les années 1960 pour limiter la chaleur dans les voitures. Par la suite, ces produits ont été utilisés pour protéger les bâtiments contre la surchauffe, et la crise pétrolière des années 1970 a accéléré leur développement. Solar Screen International, fondé au Luxembourg en 1984, a fait connaître ce produit en Europe.

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En 1984, un couple d’entrepreneurs établi au Luxembourg, M. et Mme Hervé THIBAUT, décide de faire connaître ce produit en Europe et fonde Solar Screen International S.A.

À ce jour, Solar Screen International dont le siège se trouve à Foetz distribue 3 000 000 m2 de nombreux types de films par an, principalement en Europe, mais aussi en Australie, Nouvelle Zélande, Amérique du Sud, Afrique…

Comment et pourquoi ?

Aujourd’hui, nous essayons tous de vivre confortablement, tout en essayant de limiter notre consommation d’énergie. Que ce soit en voiture, au bureau ou à la maison.
Sans entrer dans les détails des différents types de films que nous commercialisons, nous parlerons ici des films à base « métal » posés sur la face extérieure des vitrages.

Ces films dont la teinte peut varier de « neutre » à « effet miroir très prononcé » permettent de rejeter de 57 à 99% du rayonnement solaire, source principale de la surchauffe d’un bâtiment. Qu’il s’agisse d’une maison particulière ou d’un bâtiment administratif.

En plus de rejeter tout ou une partie de la chaleur solaire directe, les films de protection solaire absorbent environ 99% du rayonnement UV, responsable entre autres de la décoloration de vos meubles, tapis, parquets, tableaux…

Vous l’aurez compris : les films de protection solaire intéressent aussi bien les particuliers désireux de limiter l’effet de serre engendré par le soleil dans leur maison que les gestionnaires de patrimoine immobilier désireux de diminuer les frais de fonctionnement liés à la climatisation.

Il est à noter que le film de protection solaire est le partenaire idéal de la climatisation car il lui permet de ne pas devoir tourner à plein régime pour atteindre les températures demandées par les utilisateurs. Si le bâtiment chauffe moins, la climatisation sera moins sollicitée et les économies d’énergies engendrées ne seront pas négligeables, puisqu’il est communément admis que 1°C de froid économisé est égal à environ 11 à 13% d’économies sur la consommation d’énergie. S’il n’y a pas de climatisation, le film aidera à maintenir un niveau de confort élevé en protégeant les occupants contre la chaleur du rayonnement solaire.

Bien entendu, les films les plus puissants peuvent aussi protéger contre les problèmes d’éblouissement.

Les chiffres donnés ci-dessous proviennent de simples mesures prises au cours des 5 dernières années, au Luxembourg, dans des lieux non climatisés. Ils sont donc donnés à titre purement indicatif, sachant que :

- La performance des films dépend de leur faculté à rejeter la chaleur solaire. La mesure standard pour exprimer cette performance est le facteur g*.
- Elle dépend du type de vitrage sur lequel ils sont appliqués, leur exposition, leur situation géographique, les apports internes propres à chaque bâtiment, présence d’une climatisation ou non…

De 4 à 6°C sont gagnés dans des pièces exposées plein Sud avec les films les plus légers, les gains peuvent dépasser les 10 à 12°C lorsqu’il s’agit d’équiper des vérandas.

* Le facteur g ou facteur solaire indique la quantité d’énergie solaire provenant de l’extérieur pénétrant dans les pièces intérieures d’un bâtiment. Dans le cas d’un film posé sur un vitrage, il faut mesurer la performance du couple « vitre + film ».
Solar Screen International
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Un réseau de solidarité internationale
Un réseau de solidarité internationale

Nicole Ikuku est devenue directrice du Cercle de Coopération dans un moment difficile, mais elle peut s’appuyer sur une équipe compétente, des associations structurées et une expérience acquise notamment à la coordination d’ASTM. Avec elle, infogreen fait le point sur l’engagement des 86 organisations et associations membres du Cercle, sur tous les terrains, et notamment dans une lutte contre le réchauffement climatique qui fait partie des priorités au quotidien.

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Nicole Ikuku, vous venez de prendre la direction du Cercle de Coopération des ONGD, dans des moments difficiles. Un mot sur ce contexte particulier et sur les défis auxquels vous faites face ?

Je voudrais d’abord évoquer le décès d’Armand Drews. Je considère cette perte comme une catastrophe pour le milieu associatif. Avec cette disparition, le Cercle a perdu plus qu’un président. Nous avons perdu un homme généreux, compétent, solidaire, engagé. Et un bâtisseur de ponts, quelqu’un qui créait des liens, entre les gens, les secteurs, les réseaux… Ces liens ont perdu leur faiseur de nœuds et, même si on ne part évidemment pas de rien, que nous nous connaissons et que nous sommes tous solidaires du travail accompli et à accomplir, il faut désormais patiemment et de manière volontariste reprendre et resserrer ces liens, qu’Armand nous a laissés en héritage.

Et puis en effet, arriver à la direction du Cercle, c’est un challenge, surtout au vu du contexte de distanciation et d’inquiétudes liées à la pandémie. Je connais bien la maison et mes 15 ans de coordination d’ASTM aident bien entendu. Cela étant, le Cercle est une fédération et il faut bien en connaître les rouages. C’est une structure différente, il faut rencontrer tout le monde, comprendre le fonctionnement…

Le contexte de crise a-t-il démontré la capacité de réaction et la richesse du tissu associatif ? Cela motive-t-il encore davantage à travailler dans ce sens ?

Il ne fallait pas le démontrer… Mais oui, il y a une richesse réjouissante : 86 associations axées sur le développement et sur la solidarité internationale, et ce sur tous les terrains, au départ d’un petit pays comme le Luxembourg, cela montre l’engagement de la société luxembourgeoise, très cosmopolite, très impliquée, et pas juste par bonne conscience.

Il y a aussi une complexité qu’il faut pouvoir aborder, avec des engagements pris sur des thématiques différentes, dans des régions du monde différentes, avec des moyens différents. On doit pouvoir, dans le contexte de la pandémie comme dans celui du réchauffement climatique par exemple, identifier qui est impacté et comment réagir, de la manière la plus efficace. Une de nos missions, en tant que Cercle, est de créer et de susciter des synergies, des partenariats, d’échanger les bonnes pratiques et les sources d’inspirations. Il y a des philosophies ou des approches diverses au sein des associations membres, mais l’objectif est le même : être là où il le faut, quand il le faut et avec qui rendra l’action la plus porteuse. Ce sont les compétences et l’engagement qui priment. Le Cercle et ses membres peuvent aussi compter sur leurs réseaux propres et mis en commun, des réseaux de réseaux, avec notamment l’appui des organisations ou/et des plateformes européennes ou internationales qui chapeautent certaines de nos organisations luxembourgeoises ou auxquelles nous participons. Cette notion de réseau est fondamentale, pour avancer dans la réflexion et dans l’action, chacun à son niveau, mais dans l’intérêt général.

Le climat est un des thèmes fédérateurs qui préoccupent beaucoup de vos membres. Quelle est votre approche ?

Il est évident que les questions climatiques frappent de plein fouet les populations les plus défavorisées, et nul n’a attendu la crise actuelle ni les rappels justifiés à l’urgence pour s’en inquiéter chez nous. Nous avons une responsabilité dans les relations Nord-Sud et il faut coordonner les actions. C’était le point de départ de l’Alliance pour le Climat au Luxembourg, née de l’union des forces du Mouvement écologique, de l’ASTM et de quelques communes luxembourgeoises. Nous continuerons à prendre cette responsabilité comme membre de la plateforme Votum Klima, un réseau national qui réunit les ONG de développement et les associations actives pour l’environnement.

On a sans doute perdu beaucoup de temps mais la mobilisation sur ce thème vital, face à l’urgence qui crie aujourd’hui, a bien repris. Il y a du positif, parce que l’on s’aperçoit que la mobilisation est citoyenne en plus de la sphère politique ou idéologique. La mobilisation des jeunes est salutaire. Les associations luxembourgeoises peuvent être fières d’avoir été à leur rencontre, dans les écoles notamment, d’avoir pu contribuer à la conscientisation et à l’engagement de ces jeunes gens en faisant passer des messages clairs et des messages forts. Nous pouvons penser que le secteur associatif a contribué, que nous avons apporté notre goutte, et c’est motivant.

Maintenant, rien n’est acquis et les enjeux sont considérables. Il faut aller là où les populations sont vulnérables. Il faut penser différemment le monde, pour rééquilibrer les échanges, et penser le développement d’égal à égal, et pas en apporteurs de solutions toutes faites. C’est aussi ça le travail de nos ONG sur le terrain d’une part, dans les espaces de visibilité, d’autre part. Pour appuyer les messages et maintenir active la solidarité : nous avons ainsi besoin des dons et des engagements citoyens de chacun. Nous avons besoin de cette solidarité, ici et ailleurs, tout le temps. Car chaque crise nous rappelle qu’une nouvelle urgence peut survenir, sans faire disparaître les réalités et besoins sur lesquels nous travaillons déjà.

Propos recueillis par Alain Ducat
Photo : Nicole Ikuku, directrice du Cercle de Coopération des ONGD (photo : Cercle)
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Le droit à la terre, en Amazonie, partout
Le droit à la terre, en Amazonie, partout

La Fondation Partage est très active, notamment, en faveur du droit à la terre des populations indigènes en Amazonie, que l’État brésilien du président Bolsonaro spolie, multipliant les violations de territoires, déforestés, surexploités, alors qu’ils constituent (aussi) un poumon pour la planète. Entretien avec Patrick Krãnipî Godar, administrateur délégué de la Fondation Partage Luxembourg/Bridderlech Deelen.

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Pourquoi avoir lancé, avec la fondation https://www.infogreen.lu/fondation-... ce projet en soutien des peuples indigènes d’Amazonie ? Où cette action puise-t-elle ses origines ? https://www.infogreen.lu/confiscati...

Pour ma part, le premier contact avec les peuples d’Amazonie, Tocantins et Goiás, s’est fait lors d’un engagement personnel de trois ans auprès de communautés indigènes, il y a des années. Pour ce projet, la demande est venue du Conseil indigéniste missionnaire (CIMI) – organe de la Conférence épiscopale brésilienne. Nous l’avons acceptée. Partage.lu (auparavant Bridderlech Deelen) soutient cette action depuis 1994 avec une double motivation. Depuis toujours les peuples indigènes, où que ce soit dans le monde, sont des populations vulnérables et menacées. C’est certainement une bonne raison pour s’engager en tant qu’association de coopération au développement.

Ensuite, il faut avouer que les missions traditionnelles de l’Église catholique n’ont pas toujours su transmettre le message chrétien du respect. Le pape Jean-Paul II l’avait exprimé dans sa demande de pardon, en 2000, pour les fautes commises par les missions d’évangélisation au fil de l’histoire. Avec une vision plus modeste et adaptée, Partage.lu veut soutenir des projets locaux, aux côtés des indigènes, qui revendiquent leurs droits constitutionnels à la terre. À cela s’ajoute le respect de leurs coutumes et cosmologies. C’est important car, comme le Pape François l’a expressément recommandé dans son encyclique « Laudato Sì » et lors du Synode pour l’Amazonie en octobre 2019, nous devrions écouter, dans le contexte du changement climatique et des responsabilités des sociétés industrialisées, ce que disent les peuples indigènes : ils croient que l’être humain n’est qu’une fibre dans le tissu de la vie et doit respecter cette nature, mère nourricière.

Ce projet vient donc en aide aux hommes face à leur environnement direct en péril et donc face aux dangers immédiats qui planent sur le futur ?

Le projet cofinancé par le ministère luxembourgeois de la Coopération a renforcé dans ce sens les indigènes, bien avant la discussion actuelle sur le changement climatique. Les activités sur place, menées par les collaborateurs du CIMI, visent à Informer et à former les responsables des communautés indigènes sur leurs droits constitutionnels. Il ne s’agit pas de parachuter des solutions, mais bien d’agir avec ces peuples, à la fois préservés et mis en danger par ce que nous appelons la civilisation. On parle d’un territoire de 900 000 km2, de plus de 800 territoires-réserves, pour 307 peuples indigènes unis par une culture liée à la nature et à la terre. L’équilibre est menacé. Il est même inexistant si l’on considère que ces indigènes représentent 0,4% de la population brésilienne, qui suit plutôt les visions hégémonistes et les promesses ultra-libérales du président Bolsonaro. Par voie de conséquence, l’aide et la coopération ne peuvent venir que de l’extérieur du pays !
Les programmes locaux que nous soutenons veulent appuyer les indigènes dans leur besoin de mobilisation et de dénonciation des violations de leurs droits et de leurs vies. Il faut valoriser leur approche culturelle et accompagner les politiques indigénistes par des conseils juridiques.

La protection de l’environnement est intimement liée à ces démarches. En garantissant un droit exclusif de vie pour ces peuples historiques sur ces territoires, la forêt est protégée. L’année passée, lors des incendies désastreux en Amazonie, les blancs ont jeté les feux criminels et les brigades indigènes ont fait le travail de pompiers… Renforcer ces peuples indigènes, c’est donner plus de chances à l’environnement. Le gouvernement brésilien avec son président d’extrême-droite est une catastrophe pour l’environnement. Il justifie le génocide des indigènes et motive la déforestation massive de l’Amazonie, dans lequel il voit un dépôt de richesses qu’il veut exploiter avec ses amis et soutiens économiques, mines, grands producteurs, barrages hydro-électriques...

Est-ce un acte politique qui pourrait être transposé ailleurs ?

Oui c’est un acte hautement politique, parce que la mauvaise répartition des terres au Brésil est une question hautement politique ; même les gouvernements précédents, de Lula ou de Dilma Rousseff, étaient très réticents sur une réforme agraire. Pourtant, le mouvement indigène et ses alliés de la société civile ont réussi à faire garantir le droit à la terre aux indigènes de par leur présence avant l’histoire du Brésil. Ce sont les articles 231 et 232 de la Constitution de 1988. Cette législation est ignorée et méprisée au nom d’intérêts soi-disant supérieurs de l’État. On ne reconnaît pas que ces droits à la terre sont originaires, d’avant la venue des Européens en Amérique latine.

La pression de l’extérieur existe, via la Convention pour la protection des peuples indigènes OIT 169. C’est le seul instrument juridique international contraignant. Elle garantit entre autres le droit à la terre et l’obligation des gouvernements de réaliser une consultation des peuples indigènes avant de réaliser des constructions ou activités minières sur leur terrain. Le Luxembourg l’a ratifiée en février 2017 après plusieurs années de campagne par ASTM, Caritas et Partage. https://www.infogreen.lu/le-luxembo... La sensibilisation au Luxembourg fait partie de notre engagement.

Et oui, c’est applicable à d’autres pays et peuples indigènes. Il faut agir, pour conscientiser et mobiliser les forces locales, mais aussi conscientiser la population en général, afin que les indigènes soient acteurs du processus de création législative. Législation et Constitution doivent garantir les droits originaires. Il faut un organe indépendant pour réaliser les procédures légales, et une procédure qui met en pratique les droits. Et il faut que l’État adhère à la convention internationale, pour garantir aux peuples le droit et les instruments légaux adéquats, pour lutter contre la violation de leurs droits par les gouvernements ou les entreprises qui agissent au nom de leur seul profit.

Propos recueillis par Alain Ducat
Partage.lu, partenaire Infogreen

Face à la réalité du réchauffement climatique
Face à la réalité du réchauffement climatique

Aussi différents que soient les besoins des différentes régions, tous les producteurs du monde s’accordent sur la question du changement climatique : ils le ressentent et ont un besoin urgent de soutien pour s’y adapter et le combattre. Et Fairtrade le souligne

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Avec notre partenaire

Le changement climatique est l’un des plus grands défis du XXIe siècle, si ce n’est le plus grand. Il n’exclut aucune région du monde, mais les pays du Sud sont particulièrement touchés. Selon une étude du Natural Resource Institute, le changement climatique “aura principalement des effets négatifs sur la production agricole, la sécurité alimentaire et le développement économique - en particulier dans les pays en développement ».

De nombreux producteurs et travailleurs des pays du Sud ont déjà été contraints d’abandonner leurs champs et de migrer. On prévoit que la crise climatique fera passer plus de 100 millions de personnes dans le Sud sous le seuil de pauvreté d’ici 2030. Certaines études estiment qu’une augmentation d’un seul degré pourrait entraîner une réduction de 5 à 10% des rendements des principales cultures céréalières, ce qui concerne en particulier le café. https://phys.org/news/2017-08-clima...

Au Mexique, au Guatemala et au Honduras, on estime qu’environ 50% de la surface actuellement utilisée pour la culture du café pourrait ne plus convenir d’ici 2050 en raison du changement climatique, la production étant déplacée de l’Équateur vers des régions plus élevées qui sont jusqu’à maintenant non cultivées. Cela présente un risque évident de déforestation, une perte de la biodiversité et d’éventuels conflits d’intérêts avec des communautés indigènes.

La lutte du commerce équitable, pour la justice climatique

La protection de l’environnement est profondément ancrée dans les standards Fairtrade. Pour contrer le changement climatique à long terme, le commerce équitable repose sur deux piliers à savoir réduire le volume des émissions de gaz à effet de serre et aider les organisations de producteurs à s’adapter aux effets du changement climatique. Les standards exigent une amélioration de la qualité des sols et de l’eau, une meilleure gestion des déchets, la protection de la biodiversité et l’interdiction d’utiliser des produits chimiques nocifs.

Le système Fairtrade soutient également les organisations de producteurs à s’adapter aux effets du changement climatique par le biais de formations, élaborées principalement par les réseaux de producteurs. En 2018, la NAPP Climate School https://www.fairtradenapp.org/launc...
a été lancée avec l’installation de 5 stations météorologiques dans 5 organisations de producteurs Fairtrade ainsi qu’un atelier sur la session technique par les consultants de Climate Edge sur la façon d’évaluer le changement climatique.

Les producteurs peuvent aussi utiliser la prime Fairtrade, qui est versée aux organisations de producteurs en plus du prix minimum Fairtrade, pour des projets tels que la plantation d’arbres, l’irrigation, la diversification des cultures et l’énergie propre. Par exemple, grâce à la prime, la coopérative COAGRICSAL a lancé un programme https://www.fairtrade.net/news/wome... dans le but de planter 1,2 million de cacaoyers et 300.000 arbres pour ombrager le cacao.

En choisissant des produits certifiés Fairtrade, nous participons à cette lutte pour une justice sociale et une justice climatique.

« Ramener la nature dans nos vies »
« Ramener la nature dans nos vies »

Parce que l’appauvrissement de la biodiversité est aussi un problème climatique… En quoi consiste la nouvelle stratégie de l’UE en faveur de la biodiversité à l’horizon 2030 ? Questions-réponses avec la Commission européenne.

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En quoi consiste la nouvelle stratégie en faveur de la biodiversité à l’horizon 2030 ?

La nouvelle stratégie en faveur de la biodiversité à l’horizon 2030 est un plan à long terme global, systémique et ambitieux visant à protéger la nature et à enrayer la dégradation des écosystèmes. C’est un pilier fondamental du pacte vert pour l’Europe et du rôle moteur joué par l’UE en matière d’action internationale pour les biens publics mondiaux et les objectifs de développement durable.

Afin de mettre la biodiversité de l’Europe sur la voie du rétablissement d’ici à 2030, la stratégie définit de nouvelles manières plus efficaces d’appliquer la législation en vigueur, de nouveaux engagements, de nouvelles mesures ainsi que de nouveaux objectifs et mécanismes de gouvernance, notamment :

Transformer au moins 30 % des terres et des mers d’Europe en zones protégées gérées efficacement. L’objectif est de s’appuyer sur les zones Natura 2000 existantes, en les complétant par des zones protégées au niveau national, tout en assurant une protection stricte des zones à très haute valeur en termes de biodiversité et de climat.

Restaurer les écosystèmes dégradés de l’UE dont l’état de conservation est médiocre et réduire les pressions qui s’exercent sur la biodiversité. La stratégie propose un vaste plan de restauration de la nature de l’Union qui prévoit les mesures suivantes :

  • sous réserve d’une analyse d’impact, élaborer une proposition de nouveau cadre juridique pour la restauration de la nature, avec des objectifs contraignants pour restaurer les écosystèmes ayant subi des dégradations, y compris les plus riches en carbone ;
  • améliorer l’état ou les tendances de conservation d’au moins 30 % des habitats et des espèces protégés de l’UE dont l’état de conservation n’est pas favorable ;
  • rétablir au moins 25 000 km de cours d’eau à courant libre ; mettre un terme au déclin des oiseaux et des insectes des milieux agricoles, en particulier des pollinisateurs, et inverser la tendance ;
  • réduire de 50 % l’utilisation des pesticides chimiques en général et les risques qui leur sont associés et réduire de 50 % l’utilisation des pesticides qui présentent des risques plus élevés/plus dangereux ;
  • faire en sorte que la superficie cultivée en agriculture biologique représente au moins 25 % des terres agricoles et augmenter de manière significative l’adoption de pratiques agroécologiques ;
  • réduire d’au moins 50 % les pertes de nutriments dues à l’utilisation de fertilisants et d’au moins 20 % l’utilisation de fertilisants ;
  • planter au moins 3 milliards d’arbres, dans le plein respect des principes écologiques et protéger les forêts primaires et anciennes encore présentes ;
  • éliminer les prises accessoires d’espèces protégées ou les ramener à un niveau permettant la reconstitution complète des stocks et ne compromettant pas leur état de conservation.

Permettre un changement porteur de transformation. La stratégie lance un nouveau processus pour améliorer la gouvernance en matière de biodiversité et veiller à ce que les États membres intègrent dans leurs politiques nationales les engagements définis dans la stratégie. Un centre de connaissances pour la biodiversité et un partenariat en faveur de la biodiversité soutiendront une meilleure mise en œuvre de la recherche et de l’innovation en matière de biodiversité en Europe. La stratégie vise à stimuler les systèmes d’imposition et de tarification pour mieux refléter les coûts environnementaux réels, y compris les coûts de l’appauvrissement de la biodiversité et veille à ce que la biodiversité soit réellement intégrée dans le processus décisionnel dans le secteur public et dans les entreprises.

Pourquoi la biodiversité est-elle importante ?

Pour la nourriture, les matériaux, les médicaments, les loisirs, la santé et le bien-être, nous dépendons de la biodiversité - la variété de la vie sur Terre, y compris les plantes, les animaux, les champignons, les micro-organismes et les habitats dans lesquels ils vivent - et des écosystèmes formés par les espèces vivantes. Ils nettoient l’eau, pollinisent les cultures, purifient l’air, absorbent de grandes quantités de carbone, régulent le climat, maintiennent la fertilité des sols, nous fournissent des médicaments et de nombreux éléments de base pour l’industrie.

Les écosystèmes ayant subi des dégradations sont plus fragiles et ont une capacité limitée à faire face aux phénomènes extrêmes et aux nouvelles maladies. Au contraire, les écosystèmes équilibrés nous protègent contre les catastrophes imprévues et, lorsque nous les utilisons de manière durable, ils offrent bon nombre des meilleures solutions aux problèmes urgents.

L’appauvrissement de la biodiversité est :

  • un problème climatique - la destruction des écosystèmes et des sols ainsi que les dégradations qui leur sont causées accélèrent le réchauffement climatique, tandis que la restauration de la nature atténue le changement climatique ;
  • un problème économique - le capital naturel fournit des ressources essentielles pour l’industrie et l’agriculture ;
  • un problème de sécurité et de sûreté - la perte de ressources naturelles, en particulier dans les pays en développement, peut conduire à des conflits et aggrave partout la vulnérabilité aux catastrophes naturelles ;
  • un problème de sécurité alimentaire - les plantes, les animaux, y compris les pollinisateurs et les organismes du sol, jouent un rôle essentiel dans notre système alimentaire ;
  • un problème sanitaire - la destruction de la nature accroît le risque de maladies et réduit notre résilience face à celles-ci. La nature a également des effets bénéfiques sur la santé mentale et le bien-être des populations ;
  • une question d’équité - ce sont les plus pauvres qui sont le plus sévèrement touchés par l’appauvrissement de la biodiversité, ce qui aggrave les inégalités ;
  • une question intergénérationnelle - nous privons nos descendants de l’essentiel pour une vie épanouie.

Comment la mise en œuvre de la stratégie en faveur la biodiversité va-t-elle stimuler la relance de l’Europe après la crise provoquée par le coronavirus ?

Le pacte vert pour l’Europe, y compris la présente stratégie en faveur de la biodiversité, est la stratégie de croissance de l’Union et conduira la relance au sortir de la crise. Il apportera des avantages sur le plan économique et contribuera à renforcer notre résilience face aux crises futures. Trois des plus importants secteurs économiques (l’agriculture, la construction et la production alimentaire) sont fortement tributaires de la nature et génèrent plus de 7 milliards d’euros. Les bénéfices du réseau de protection de la nature de l’UE Natura 2000 sont évalués entre 200 et 300 milliards d’euros par an.

Investir dans la nature signifie également investir dans les emplois locaux et les débouchés commerciaux, tels que la restauration de la nature, l’agriculture biologique et les infrastructures vertes et bleues. Les besoins d’investissement du réseau Natura 2000 de protection de la nature pourraient soutenir jusqu’à 500 000 emplois supplémentaires. L’agriculture biologique fournit 10 à 20% d’emplois supplémentaires par hectare par rapport à l’agriculture conventionnelle. L’écologisation des villes offre de nombreuses possibilités d’emploi innovantes, depuis les concepteurs et les urbanistes, jusqu’aux agriculteurs urbains et aux botanistes.

À l’inverse, si nous continuons à agir comme avant et à détruire les écosystèmes, la dégradation continue de notre capital naturel limitera considérablement les débouchés commerciaux et le potentiel de développement socio-économique. Les coûts économiques et sociaux de l’inaction sur les questions liées à l’environnement et au climat seraient énormes, et entraîneraient des catastrophes naturelles et des événements météorologiques graves fréquents ainsi qu’une réduction du PIB moyen de l’UE pouvant aller jusqu’à 2% voire plus dans certaines régions de l’Union. https://ec.europa.eu/social/main.js...

Au niveau mondial, on estime que des services écosystémiques d’une valeur de 3 500 à 18 500 milliards d’euros ont été perdus chaque année entre 1997 et 2011 en raison de la modification de l’occupation des sols, et que la dégradation des sols a entraîné des pertes de 5 500 à 10 500 milliards d’euros par an. L’appauvrissement de la biodiversité entraîne également une baisse des rendements agricoles et des captures en mer, ainsi que la perte de nouvelles sources potentielles de médicaments.

Quelle est l’ampleur du problème de l’appauvrissement de la biodiversité ?

En raison des activités humaines incompatibles avec le développement durable, la population mondiale d’espèces sauvages a chuté de 60 % au cours des 40 dernières années. Environ 1 million d’espèces sont menacées d’extinction dans les prochaines décennies. Les principales causes de cet appauvrissement sont la conversion des habitats naturels en terres agricoles et l’expansion des zones urbaines. D’autres causes sont la surexploitation des ressources naturelles (telles que la surpêche et les pratiques agricoles destructrices), les changements climatiques, la pollution et les espèces exotiques envahissantes.

Existe-t-il un lien entre l’appauvrissement de la biodiversité et la propagation des maladies ?

Il apparaît clairement que la résilience de notre société face aux risques d’émergence de zoonoses présentant un potentiel pandémique est affaiblie par des facteurs démographiques et économiques. Elles exercent une pression sur les écosystèmes, ce qui entraîne une exploitation non durable de la nature, y compris la déforestation et le commerce illicite ou mal réglementé d’espèces sauvages.

Si nous voulons une société en bonne santé, nous avons besoin d’écosystèmes sains. Nous avons besoin de suffisamment d’espace pour les animaux sauvages et leurs populations doivent être suffisamment nombreuses. Ils servent ainsi de protection contre les maladies qui ne doivent pas affecter les êtres humains et contribuent à prévenir les pandémies.

Le commerce mondial d’espèces sauvages ainsi que les marchés de poissons, d’espèces domestiques et d’espèces sauvages vendus vivants (« wet markets ») qui ne font pas l’objet d’un contrôle adéquat constituent aussi un important facteur de risque pour la propagation des maladies.

Comment la stratégie en faveur de la biodiversité soutient-elle les efforts de lutte contre le changement climatique ?

L’appauvrissement de la biodiversité et le changement climatique sont interdépendants. Le changement climatique est le troisième facteur le plus important d’appauvrissement de la biodiversité, laquelle a à son tour un effet négatif sur le climat. Au lieu de stocker le carbone dans les sols et la biomasse, les écosystèmes ayant subi des dégradations le libèrent dans l’atmosphère. La déforestation augmente la quantité de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, ce qui modifie le climat et contribue à l’appauvrissement de la biodiversité.

Les solutions fondées sur la nature telles que la protection de la biodiversité et la restauration des écosystèmes constituent un excellent moyen de lutter contre les effets du changement climatique et une utilisation très rentable des ressources. Il est essentiel de restaurer les forêts, les sols et les zones humides et de créer des espaces verts dans les villes pour atteindre le niveau d’atténuation du changement climatique nécessaire d’ici 2030.

Le plan de restauration de la nature, élément central de la stratégie en faveur de la biodiversité, contribuera à enrayer le déclin d’un grand nombre d’espèces et habitats terrestres et marins et à améliorer leur état de santé.

Comment ce changement porteur de transformation sera-t-il financé ?

La stratégie nécessitera des investissements importants. Au moins 20 milliards d’euros par an devraient être consacrés aux dépenses en faveur de la nature, en particulier pour restaurer les écosystèmes, investir dans le réseau Natura 2000 et dans les infrastructures vertes et bleues dans les États membres de l’UE. Il faudra pour cela mobiliser des financements privés et publics au niveau national et au niveau de l’Union, notamment au moyen de toute une série de programmes différents dans le prochain budget à long terme de l’Union. En outre, étant donné que la restauration de la nature contribuera de manière appréciable à la réalisation des objectifs en matière de climat, une proportion importante des 25% du budget de l’Union consacrés à l’action pour le climat sera investie dans la biodiversité et les solutions fondées sur la nature.

Une initiative spécifique d’investissement en faveur du capital naturel et de l’économie circulaire sera établie dans le cadre d’InvestEU afin de mobiliser au moins 10 milliards d’euros sur les dix prochaines années, sur la base d’un financement mixte public/privé. La nature et la biodiversité compteront également parmi les priorités du plan d’investissement du pacte vert pour l’Europe. Pour permettre d’attirer les investissements nécessaires, l’Union doit garantir aux investisseurs la sécurité à long terme et encourager l’intégration de la durabilité dans le système financier. La taxinomie de l’Union sur la finance durable orientera les investissements vers une relance verte et vers le déploiement de solutions fondées sur la nature.

Quelle sera la position de l’UE dans les négociations internationales sur le cadre mondial en matière de biodiversité pour l’après-2020 ?

La nouvelle stratégie en faveur de la biodiversité expose les engagements que l’Union pourrait prendre lors de conférence des Parties à la convention sur la diversité biologique en 2021. Par cette stratégie, la Commission propose au Conseil que l’UE demande d’inclure les éléments suivants :

  • des objectifs généraux à long terme en matière de biodiversité, conformément à la vision des Nations unies consistant à « vivre en harmonie avec la nature » d’ici à 2050. Le but recherché devrait être que, d’ici 2050, tous les écosystèmes de la planète soient restaurés, résilients et suffisamment protégés. L’humanité devrait s’engager à respecter le principe du bénéfice net, consistant à rendre à la nature davantage qu’elle ne reçoit d’elle. La communauté internationale devrait s’engager à ne causer l’extinction d’aucune espèce, tout au moins lorsque cela peut être évité ;
  • des objectifs mondiaux ambitieux pour 2030, conformes aux engagements proposés par l’UE dans la nouvelle stratégie en faveur de la biodiversité ;
  • de meilleurs moyens de mise en œuvre dans des domaines tels que la finance, les capacités, la recherche, le savoir-faire et la technologie ;
  • un processus de mise en œuvre, de suivi et de réexamen nettement renforcé ;
  • un partage juste et équitable des bénéfices retirés de l’utilisation des ressources génétiques liées à la biodiversité.

Comment cette stratégie va-t-elle nous aider à relever le défi mondial de la biodiversité ?

Bien que la lutte contre l’appauvrissement de la biodiversité en Europe soit essentielle pour le développement durable, la plupart des importantes zones de haute diversité biologique sont situées en dehors de l’Europe.

L’UE est résolue à montrer l’exemple en matière de préservation de l’environnement et d’utilisation durable des ressources naturelles, non seulement à l’intérieur de ses frontières, mais aussi en dehors. Elle est également déterminée à tirer parti des partenariats internationaux pour promouvoir le programme en faveur de la biodiversité, dans le cadre du pacte vert pour l’Europe et accompagner la transition dans les pays en développement. Cette stratégie établit un cadre politique déterminant pour relever les défis à venir.

En ce qui concerne la coopération au développement, elle définit les modalités pour renforcer la coopération avec les pays partenaires, offrir un financement accru aux actions en faveur de la biodiversité et supprimer progressivement les subventions susceptibles de nuire à la nature. En ce qui concerne le commerce, la Commission mettra en œuvre des mesures visant à garantir que ses politiques commerciales « ne nuisent pas » à la biodiversité. L’UE promeut également le rôle des acteurs non étatiques et des groupes autochtones dans ce processus, ce qui est essentiel pour garantir que toutes les parties prenantes sont associées et que la transition vers un développement plus durable profite aussi aux groupes les plus vulnérables.

Document Questions-Réponses complet à retrouver sur https://ec.europa.eu/commission/pre...

Autres informations officielles européennes
https://ec.europa.eu/commission/pre...
https://ec.europa.eu/info/strategy/...

Illustrations
Sera Martikainen, eu2019.fi (présidence finlandaise de l’Union européenne, 2019)
CHOAT PHOTOGRAPHER - europa.eu

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Donner une seconde vie à des déchets en les transformant en papier ?
Donner une seconde vie à des déchets en les transformant en papier ?

La pollution et le réchauffement climatique sont au cœur des débats depuis quelques années maintenant. La Terre se réchauffe ; c’est un fait avéré. Certains doutent de l’impact qu’a l’Homme sur ces changements tandis que d’autres sont certains que nous en sommes la cause. Quelle que soit la réponse à ces questions, il est évident que l’être humain n’a pas un impact très positif sur la planète !

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S’il y a une chose que nous pouvons pointer du doigt de manière générale, c’est notre production de déchets. Ils jonchent la planète pour les solides, polluent notre air pour les gazeux et souillent notre eau pour les liquides. Sous toutes leurs formes, ils détruisent peu à peu la Terre qui nous fait vivre.

En ces temps de crise environnementale, il faut agir et chacun est responsable à son échelle. De petits gestes peuvent avoir un impact positif majeur s’ils sont cumulés. La réduction de notre production de déchets est une chose que nous devons donc prioriser. C’est un effort qui peut être réalisé par tout le monde et nous pouvons commencer par de petites choses !

Dans cette optique, une société anglaise a développé un papier qui réutilise les déchets d’une ressource que nous consommons tous. Le sucre ! Il est présent dans énormément d’aliments que nous mangeons et il peut provenir de deux plantes différentes. La betterave sucrière et la canne à sucre. La première des deux est la plus fréquente et produit le sucre blanc que nous connaissons tous. La seconde plante produit quant à elle un sucre brun qui contient plus de nutriments.

La canne à sucre est une ressource présente en masse sur la planète et qui pousse aux tropiques (les pays les plus producteurs sont le Brésil, l’Inde et la Chine). Cette plante est très robuste et a des vertus écologiques intéressantes. En effet, elle dispose d’un taux d’absorption de CO2 très important et ses racines, longues et profondes, permettent de protéger les sols contre l’érosion et les inondations.

Lorsque les plants sont coupés et amenés à l’usine, on y extrait le saccharose. Il reste alors des résidus secs qui sont en grande partie incinérés. L’idée de la société anglaise EnvoPAP a alors été de récupérer ces déchets, de les broyer (créant ainsi un jus appelé « bagasse ») et de s’en servir pour produire du papier. On évite alors l’incinération de ces ressources qui dégage du CO2 dans l’atmosphère et on crée une nouvelle vie à des déchets. Une optique d’économie circulaire et de 0 déchet !

Le papier est créé à partir de composants naturels qui n’ont nécessité aucune déforestation ou séparation moléculaire à l’aide d’acides chimiques. La production est peu énergivore, consomme peu d’eau et propose un faible impact carbone. C’est une matière réellement innovante qui permet d’avancer vers un monde plus vert petit à petit.

Tout ceci fait que le papier de canne à sucre est un produit réellement éco-responsable et écologique. Il est certifié biodégradable, compostable, recyclable et marine dégradable (ne laisse pas de particules polluantes s’il se retrouve dans les océans).

Orus Paper s’est intéressé à ce papier et a décidé de le distribuer en Belgique et au Luxembourg. Tous deux pays enclins au développement durable.

Écrit par Thomas Dufour de la société Orus Paper

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