Le dossier du mois

Une thématique dans chaque #DossierDuMois, avec la rédaction d’Infogreen et l’expertise de nos partenaires

Publié le 10 mai 2021
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mai 2021

De la Terre à la terre

« Tout ce que nous faisons à la terre de bien ou de mal, c’est par conséquent à nous que nous le faisons » (Pierre Rabhi)

De la Terre à la terre
Un travail, des valeurs
Un travail, des valeurs

La Terre... beaucoup la chérissent, la cultivent, la mettent en valeur pour que nous puissions vivre en parfaite harmonie et manger à notre faim. Mais il y a un revers à ce tableau idyllique. Certains, beaucoup moins scrupuleux, pensent « business et profits ». Au détriment, bien entendu, du monde qui les entoure. Faisant fi de la faune, de la flore ainsi que de leur habitat.

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Et des photos valent mieux qu’un long discours. Celles de Thomas Pesquet, prises à 450 kilomètres au-dessus de nos têtes à bord de l’ISS, sont assez parlantes. « L’éducation, la protection de l’environnement et la coopération internationale sont trois domaines qui me tiennent particulièrement à cœur », expliquait-il à nos collègues de National Geographic au retour de sa première mission. « J’ai vu depuis la station spatiale la beauté de la Terre mais aussi sa fragilité. J’ai observé les effets des catastrophes naturelles et des problèmes majeurs que rencontre notre société. Tout ça m’a donné envie d’aider les gens sur Terre qui n’ont pas la chance comme moi de vivre leur rêve ou d’être né dans de bonnes conditions. »

Heureusement pour la planète bleue, des femmes et des hommes, présents aux quatre coins du monde, cherchent et trouvent des solutions pour prendre soin de notre environnement tout en y puisant des ressources insoupçonnées. Si les avancées technologiques et scientifiques sont significatives, il ne faut certainement pas placer sous l’éteignoir les travailleurs de l’ombre appartenant au secteur agricole. Du 1er janvier au 31 décembre, ils sont dehors pour s’occuper de leurs terres et nous proposer ce que la nature nous offre de meilleur.

« J’ai vu depuis la station spatiale la beauté de la Terre mais aussi sa fragilité. »

Un travail indispensable, souvent ingrat. Toutefois, collaborations, partenariats de recherches et autres belles synergies permettent à d’autres secteurs de mettre au point des innovations orientées vers la planète. Il ne faut pas oublier que le Luxembourg est toujours plus orienté vers la culture biologique, en étant notamment le premier pays européen à interdire les glyphosates. Des fertilisants naturels aux panneaux solaires révolutionnaires, en passant par l’économie circulaire ou une meilleure gestion des produits cultivés, le secteur primaire a des connexions infinies avec le monde qui l’entoure. Et ce jusqu’au cœur des villes, terrains de diversification pour la production locale, comme le prône et le pratique l’Urban Farming.

De la Terre à la terre, il n’y a qu’un pas que nous pouvons franchir ensemble pour que chacune et chacun puisse y vivre harmonieusement. Le défi est évidemment de taille mais la récompense n’en sera que plus belle.

Sébastien Yernaux

Le bio, de la politique au terrain
Le bio, de la politique au terrain

Le gouvernement a des objectifs ambitieux pour l’agriculture biologique. Mais est-ce possible sur le terrain ? Infogreen fait le point avec le ministre Romain Schneider et le nouveau (jeune) président de la Centrale paysanne, Christian Wester. Nous leur avons posé les mêmes questions et confronté leurs réponses.

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Le plan d’action national de promotion de l’agriculture biologique PAN-Bio 2025 a pour objectif d’atteindre 20% des surfaces agricoles du Luxembourg exploitées en agriculture biologique à l’horizon 2025. Où en est-on ?

Romain Schneider : Aujourd’hui, le mode agriculture biologique représente 5,18% de la surface agricole exploitée nationale. Nous observons une progression linéaire moyenne de 7% très encourageante de l’agriculture biologique au Luxembourg sur les dernières années. Notre objectif gouvernemental à l’horizon 2025 est certes un défi très ambitieux, mais nous allons dans la bonne direction ! Le plan PAN-Bio 2025 et les projets pilotes que nous avons élaborés avec le secteur portent leurs fruits à moyen terme, de la fourche à la fourchette. Les exploitations agricoles qui ont entamé leur conversion vers l’agriculture biologique reflètent presque toute la palette des secteurs agricoles, viande, fruits, légumes, viticulture, céréales, apiculture. Nous faisons aussi tout pour conseiller et accompagner les agriculteurs dans ce processus vers la production primaire biologique. Notre coordinateur « Bio » est en dialogue permanent avec tous les agriculteurs et représentants du secteur.

Christian Wester : Le “PAN-Bio 2025” veut atteindre environ 25.000 ha de surface agricole cultivés en biologique. Pour le moment, la surface agricole utilisable (SAU) en bio représente 6324 ha, y inclus les surfaces des exploitations encore en conversion. Cela veut dire que la surface réellement cultivée et certifiée est inférieure au nombre proclamé par le ministre. Pour atteindre les objectifs du plan, il faudrait que plus de 200 exploitations agricoles commencent la conversion dans les mois à venir. Honnêtement je n’y crois pas. Et s’il y avait suffisamment d’agriculteurs prêts à la conversion, je doute que les services de consultation aient assez de capacité à traiter toutes les demandes.

Les réalités du monde agricole et des marchés économiques traditionnels semblent être un frein. Pourquoi ?

C.W. : L’agriculture respecte, plus que tout autre secteur économique, des valeurs civiles et sociales plutôt traditionnelles. Le respect de la nature et de nos animaux a de fortes racines dans le monde agricole. Le rêve de chaque paysan est de pouvoir transmettre une exploitation saine, en tous sens, à la prochaine génération. Pour pouvoir garantir le bien-être de la ferme et des exploitants, il faudra parfois des investissements qui ne sont pas compatibles avec les doctrines économiques d’aujourd’hui. Depuis toujours, le monde agricole a connu des changements et des développements de production. Ces adaptations ne se font que lentement, mais en continu. Si on force le monde agricole à se modifier plus vite que d’habitude, on crée des restrictions envers le but qu’on veut atteindre. C’est ce qui se passe pour le moment. L’agriculture biologique n’a pas que des avantages. Mais la politique n’en parle pas ! Il faut voir notamment la réalité de la production et du marché, des fruits et légumes, ainsi que pour les vignobles. Les agriculteurs se rendent parfaitement compte de ces contraintes, mais la politique ne propose pas de solutions suffisantes pour la plupart des exploitants.

R.S. : Je ne pense pas qu’il y ait lieu de parler de frein, mais je suis conscient des particularités de notre agriculture luxembourgeoise, fortement axée sur la production laitière, du fait que la conversion d’une exploitation vers l’agriculture biologique peut prendre jusqu’à 3 ans, et que cette année de crise COVID-19 n’encourage pas la prise de risques. Cependant, nous constatons que de plus en plus de surfaces agricoles sont certifiées bio au niveau national, européen et mondial et que le secteur de la transformation alimentaire est également en train d’évoluer. Le bio est dans l’air du temps et les ménages augmentent leurs dépenses pour des produits agricoles biologiques d’année en année. Je suis donc confiant que l’agriculture biologique, et de manière générale les produits agricoles durables et de qualité ont de belles perspectives de développement devant eux. Le consommateur en est demandeur !

Comment fédérer davantage autour des projets d’agriculture biodynamique, résiliente, durable ? Le secteur est-il prêt à changer les modèles ?

R.S. : C’est justement l’approche holistique du plan « PAN-Bio 2025 » qui va nous aider à augmenter la cadence pour accompagner des projets agricoles durables, afin de mettre en rapport l’offre et la demande de produits bio. Il est vrai qu’il faut tendre la main à tous les acteurs de la chaîne de production, mais nous constatons que le secteur agricole s’oriente déjà vers la résilience et la durabilité. Nous comptons aussi sur le rôle modèle des nouveaux porteurs de projets pilotes qui développent la filière bio, et sur le succès de nos fermes de démonstration biologiques ouvertes aux agriculteurs et professionnels intéressés. Enfin, en restant à l’écoute des attentes sociétales, notre agriculture s’oriente de manière dynamique vers une approche globale de durabilité et de résilience.

C.W. : La jeune génération d’agriculteurs se rend bien compte que tout ne peut plus continuer comme par le passé. Par contre, le monde agricole refuse une politique qui polarise, entre les exploitants traditionnels et les agriculteurs biologiques. Les agriculteurs d’aujourd’hui sont prêts à s’adapter aux défis de notre société, ils voudraient aussi lutter contre le changement climatique par exemple. Mais la politique bloque certaines nouvelles technologies vraiment utiles à l’agriculture. Sachant que chaque méthode de production a des avantages et désavantages, le monde agricole souhaite une politique moins idéologique. Nous avons besoin d’une politique qui fait avancer le secteur, en se servant des avantages de chaque méthode de production pour supprimer le plus possible les désavantages de chacune d’entre elles.

Propos recueillis par Alain Ducat

L'agriculture urbaine, un levier multifonctionnel
L’agriculture urbaine, un levier multifonctionnel

Quelles stratégies de développement proposer pour une agriculture 2050 viable et résiliente, adaptée aux défis climatiques, économiques, environnementaux et démographiques ? Eléments de réponse avec Jacques Nau, administrateur délégué d’InterAlia, bureau d’études actif dans les domaines de la protection des ressources en eau et en sol, de l’agriculture et de la bioéconomie.

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Quel rôle l’agriculture classique peut-elle jouer pour répondre aux enjeux sociétaux, tout en assurant sa pérennité ?

« L’agriculture fait déjà aujourd’hui beaucoup d’efforts en termes de protection des ressources naturelles. Dans un contexte d’exigences environnementales et climatiques croissantes, ces efforts ne vont cesser d’augmenter et inciter à un réel changement de paradigmes. En relation avec la pression économique grandissante, les petites entreprises familiales vont devoir utiliser les principes de protection à leur avantage et se rendre moins dépendantes du marché mondial fluctuant et imprévisible.

L’extensification et la diversification des activités peuvent constituer la clé du succès pour les entreprises traditionnelles en permettant de réduire charge de travail et investissements. En guise d’exemple, le recours à des cultures à faible impact et le développement des filières biosourcées y relatives vont créer des piliers économiques supplémentaires. Pour l’agriculteur, mais aussi pour le Luxembourg en tant que pays moderne cherchant à rendre ses activités économiques plus durables ».

Avec l’expansion des milieux urbains, comment gérer les zones de contact avec les zones agricoles ?

« Les zones rurales et urbaines ont historiquement été définies par une grande dichotomie de valeurs et de caractéristiques. Le décloisonnement et la redéfinition d’un système de relations paritaires entre ces territoires est aujourd’hui une priorité.
L’agriculture devrait être le moteur principal de la gestion de ces zones de transition, grâce à ses potentialités pour répondre aux nouveaux besoins de la ville : qualité et proximité des aliments, protection des ressources en eau et en sol, richesse du paysage, connectivité écologique.

Il faudrait donc concevoir un modèle de gestion spécifique et multifonctionnel pour les terres périurbaines, basé sur la diversification des activités et des débouchés pour les entreprises agricoles, et assurant un continuum entre ville et campagne. »

Quels bénéfices attendez-vous du déploiement de la « Stratégie nationale Urban Farming » à court et moyen termes ?

« L’urban farming constitue une opportunité d’améliorer la qualité de vie en ville. L’apport d’éléments végétaux au cœur d’espaces bâtis rencontre nos besoins de verdure, de fraicheur, de détente…

Un autre atout de l’agriculture urbaine est qu’elle réduit certains impacts négatifs de l’urbanisation, en jouant un rôle ‘tampon’, qui permet de réguler les températures (îlots de chaleur) et de temporiser les débits pluviaux.

L’agriculture urbaine est intrinsèquement multifonctionnelle. Elle rend de nombreux services dits écosystémiques dans les domaines économique (production alimentaire, structuration des circuits courts), environnemental (enrichissement des biotopes, du maillage écologique et de la biodiversité) et socio-culturel (détente et loisirs, paysage, liens sociaux, sensibilisation et vie culturelle).

Enfin, l’urban farming constitue un levier pour renforcer les principes de l’économie circulaire dans un projet d’urbanisation, tout en créant synergies et échanges, pour une ville toujours plus vivante ! »

Une contribution de L.S.C. Engineering Group partenaire Infogreen

Photo InterAlia/L.S.C. Engineering Group : Jacques Nau, administrateur délégué d’InterAlia, bureau d’études actif dans les domaines de la protection des ressources en eau et en sol, de l’agriculture et de la bioéconomie.
Photo : Urban Farming/EITfood.eu

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Plongée au cœur du système Sol / Plante !
Plongée au cœur du système Sol / Plante !

Fertilux propose des solutions innovantes de fertilisation éco-productive permettant aux éléments nutritifs d’être pleinement assimilés par les plantes. Partez à la découverte d’un secteur indispensable au développement du monde agricole qui nourrit sainement au quotidien, tout en respectant notre environnement.

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« Notre métier est de fabriquer des éco-fertilisants à partir de matières premières d’origine naturelle produites localement par des agro-industries européennes », explique Sébastien David, Ingénieur Commercial et Marketing chez Fertilux. « Nos solutions ont un effet positif sur l’activité biologique des sols grâce à notre technologie d’inoculation de micro-organismes dans nos formules. Nous avons d’ailleurs obtenu un brevet et plusieurs homologations pour ce savoir-faire, nous permettant de proposer une offre complète d’éco-fertilisants. Eco, comme économiques et comme écologiques. »

Fertilux, qui compte plus de 80 collaborateurs, se remet tous les jours en question et propose des solutions innovantes pour améliorer l’agriculture. « Nous sommes des acteurs de l’économie circulaire car nous travaillons des produits naturels qui viennent d’autres industries. La valeur ajoutée de nos solutions innovantes par rapport à la chimie et aux solutions de synthèse se trouve dans l’augmentation de l’efficacité des unités fertilisantes et dans l’amélioration de la fertilité des sols. Pour nos clients, c’est une meilleure rentabilité de leur production en étant plus respectueux de notre environnement. »

Voulant toujours se diversifier davantage, Fertilux propose différentes gammes de produits. « Notre gamme principale s’est étoffée de deux autres pour ainsi répondre à toutes les demandes. La première est une offre en amendements calciques riches en oligo-éléments qui renforce l’assimilation racinaire des nutriments par l’amélioration des propriétés du sol. La seconde est constituée de compléments de nutrition foliaire qui renforcent l’absorption des éléments nutritifs et permet de lutter contre les carences. »

Le monde plus fertile, le Luxembourg plus bio

Fertilux est présente partout dans le monde afin de lutter contre l’acidification des sols et les carences de certaines terres. « Présents sur tous les continents, l’Europe reste notre principal marché. Mais quel que soit notre client, la demande est identique : de bons fertilisants pour améliorer les rendements des cultures et la fertilité des sols, et ainsi mieux gagner sa vie. »

Le Luxembourg a fait le choix de promouvoir l’agriculture biologique. Et cela se remarque dans le comportement des agriculteurs. « C’est le premier pays européen à avoir dit stop aux glyphosates. Les objectifs nationaux sont les plus ambitieux en termes de transformation des exploitations. Derrière, il y a une politique agricole qui engage vers plus de respect de l’environnement et de la santé humaine. »

Le vrai challenge pour la profession, c’est qu’il va falloir trouver les moyens techniques pour produire toujours autant, tout en diminuant progressivement le recours à la chimie. « Il y a eu de nombreuses enquêtes indiquant que la chaîne alimentaire au Luxembourg doit favoriser ses agriculteurs. Il faut que chaque pays soit souverain dans sa propre alimentation. Chaque pays ou chaque groupe, comme l’Union européenne. »

4 pour 1000, une initiative importante !

L’initiative « 4 pour 1000 » (lire par ailleurs dans ce dossier) vise à montrer que l’agriculture et, en particulier, les sols agricoles, peuvent jouer un rôle crucial dans la lutte contre le réchauffement climatique tout en garantissant la sécurité alimentaire. Fertilux est la seule société luxembourgeoise à adhérer au projet.

« C’était important à nos yeux et c’est toute une symbolique », poursuit Sébastien David. « Si on rentre un peu dans la technique de nos produits, on constate que nous travaillons avec des matières premières d’origine naturelle et des micro-organismes. L’un avec l’autre, cela permet d’augmenter l’activité biologique des sols. Celle-ci est intimement liée au développement de l’activité racinaire. Plus les plantes vont se développer, plus leurs racines vont grandir. En poussant, ces racines vont exsuder des acides organiques, c’est-à-dire du substrat qui va nourrir la vie du sol. »

Il s’agit en fait d’un système sol/plante qui comprend 2 écosystèmes : les organismes vivants du sol et le milieu racinaire des plantes, appelé aussi la rhizosphère.

Plus on a de racines, plus on a d’activités biologiques qui entraînent encore plus de racines. C’est un cercle vertueux. La recherche a prouvé que pour lutter contre le réchauffement climatique, il faudrait incorporer le CO2, présent dans l’air, dans les sols afin de séquestrer le carbone. Le système qui obtient le meilleur rendement de stockage, c’est donc le système sol-plante. Et par les fonctions de nos solutions éco-fertilisantes, on stocke davantage de carbone que quand on ne les utilise pas. C’est prouvé !

Participer à l’initiative « 4 pour 1000 » était donc logique pour Fertilux. « Cela nous a permis de rencontrer des partenaires avec lesquels nous avons lancé des projets de recherche afin d’affiner des hypothèses scientifiques que l’on pourra émettre à travers nos différentes solutions. C’est donc du win / win sur toute la ligne. »

Sébastien Yernaux avec Fertilux, partenaire Infogreen
Photos : Fertilux

Les sols : base fertile de notre sécurité alimentaire
Les sols : base fertile de notre sécurité alimentaire

Le 1er décembre 2015 se déroulait la COP 21. La France en profitait pour lancer l’initiative internationale « 4 pour 1000 ». Elle invite tous les partenaires à faire connaître ou à mettre en place des actions concrètes sur le stockage du carbone dans les sols et le type de pratiques pour y parvenir : agroécologie, agroforesterie, agriculture de conservation, de gestion des paysages…

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L’ambition de l’initiative est d’inciter les acteurs à s’engager dans une transition vers une agriculture productive, hautement résiliente, fondée sur une gestion adaptée des terres et des sols, créatrice d’emplois et de revenus, et ainsi porteuse de développement durable.

Au départ, l’initiative « 4 pour 1000 » accueillait 160 partenaires internationaux. 5 ans plus tard, elle en compte 615, dont la société Fertilux, l’unique représentante luxembourgeoise actuellement. Le but est que ces partenaires s’adaptent et échangent des informations pour améliorer l’agriculture. Pour les acteurs européens, il est préférable que ces évolutions s’intègrent dans la nouvelle PAC (Politique agricole commune).

Nous sommes actifs un peu partout dans le monde », explique Paul Luu, secrétaire exécutif de l’initiative. « La base de notre proposition est assez simple : un taux de croissance annuel de 0,4% des stocks de carbone du sol, ou 4‰ par an, dans les premiers 30 à 40 cm de sol, réduirait de manière significative dans l’atmosphère la concentration de CO2 liée aux activités humaines. L’effort est loin d’être colossal et la nature nous le rendra. Il existe de nombreuses techniques pour y arriver. Et si tout le monde y met du sien, nous ne pourrons que faire du bien à notre environnement.

Une question de bon sens

Évidemment, tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne. L’initiative « 4 pour 1000 » vise à illustrer qu’une augmentation, même infime, du stock de carbone des sols agricoles et forestiers est un levier majeur pour améliorer la fertilité des sols et la production agricole. Il participe au respect de l’objectif à long terme de limiter la hausse des températures à +2°C, seuil au-delà duquel les conséquences induites par le changement climatique seraient d’une ampleur significative, d’après le GIEC.

Tout tient du bon sens », poursuit Paul Luu. « Ce n’est pas vraiment compliqué à mettre en œuvre. Il faut reconnaître le rôle des agriculteurs et les former à mieux conserver le carbone dans la terre. Cela peut se faire sous forme de rémunérations. Ces dernières seraient calculées par rapport aux quantités de carbone. Il s’agit vraiment d’une agriculture de conservation. Nous avons largement de quoi nourrir la population dans le monde si nous gérons parfaitement les ressources et les sols, en évitant un maximum de gaspillage. Même si le nombre de personnes sur cette Terre ne cesse d’augmenter, il y a toujours une solution sans tomber dans l’excès.

Le continent américain est davantage favorisé sur la gestion des sols, du fait que les espaces sont plus volumineux. « Aux États-Unis, par exemple, certains exploitants agricoles pratiquent la technique des pâturages tournant dynamique. Une technique qui concerne uniquement les ruminants. Le bétail est déplacé progressivement d’une parcelle à une autre. Ce qui permet au reste du terrain de se régénérer à son rythme. Mais il faut comparer ce qui est comparable. Je suis évidemment conscient qu’au Luxembourg ou en France, peu d’exploitants disposent d’autant d’espace. C’est pour cette raison que nous les invitons à gérer leurs terres intelligemment. »

Sébastien Yernaux
Plus d’informations sur www.4p1000.org/fr

Retour à l'agriculture durable
Retour à l’agriculture durable

Etika a été fondée en 1996. Elle souhaitait développer un produit financier social et écologique répondant aux besoins des projets qui avaient des difficultés à obtenir des prêts auprès des banques conventionnelles. 55 projets faisant du bien à la planète ont déjà pu être soutenus au Luxembourg.

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Au milieu du 20e siècle, les exploitations dites « conventionnelles » et « biologiques » au Luxembourg étaient, pour la plupart familiales, et pratiquaient encore toutes une agriculture durable. Cependant, la modernisation du charroi agricole a entraîné l’arrivée de combustibles fossiles. L’utilisation de machines a été progressivement suivie par une utilisation croissante de produits chimiques, engrais, pesticides et fongicides.

Puis sont venues les subventions européennes qui ont créé une pression pour la croissance. Les augmentations de productivité sont devenues importantes pour obtenir les prix les plus bas possibles. Ce résultat ne pouvait être atteint que par l’utilisation accrue de machines et de produits chimiques.

En 1979, Jos Schanck, de Hupperdange, est le premier à quitter le système. Dans les années 1980 et 1990, des dizaines d’autres ont suivi cet exemple. Ils ont commencé à cultiver selon les principes de l’agriculture biologique, c’est-à-dire sans produits chimiques. Aujourd’hui, on compte 146 exploitations, qui cultivent 5 % de la surface agricole du Luxembourg.

De nombreux projets soutenus

Au cours des 25 dernières années, environ 55 projets du secteur ont reçu un soutien financier par le biais du mécanisme alternatif d’épargne et de crédit avec la Spuerkeess : 19 fermes biologiques (dont 1 projet de réinsertion), 20 magasins proposant des produits biologiques, 7 entreprises de transformation, 4 restaurants, 3 associations et 1 entreprise de service agricole. Plusieurs d’entre eux ont été accompagnés au cours du temps avec plusieurs crédits, toujours avec une bonification des taux due à leur plus-value écologique.

En tant que consommateurs d’aliments, pouvons-nous contribuer à atténuer la crise du climat et de la biodiversité ? Oui, si non seulement nous mangeons moins de viande, mais aussi si nous achetons davantage de produits saisonniers, régionaux, biologiques et équitables. De préférence directement auprès de l’agriculteur, par exemple dans le cadre de l’agriculture solidaire.

Les fournisseurs de produits agricoles - qu’ils soient conventionnels ou biologiques - sont unis par le désir d’un revenu décent. Ils doivent donc lutter ensemble pour des prix justes et plus élevés. Parce que les agriculteurs biologiques sont soumis aux mêmes contraintes du marché. En particulier dans la production d’œufs et de viande. En fin de compte, il faudrait aider les agriculteurs conventionnels, en particulier à évaluer les effets de leur passage à la norme biologique. Les prix de leurs produits augmenteraient, mais il s’agirait des prix réels.

Les consommateurs devraient soutenir le tournant agricole en donnant la préférence aux produits régionaux et saisonniers, et également augmenter la part des produits issus du commerce équitable. Cependant, un changement de consommation implique bien plus.

L’importation de ces matières premières et produits en provenance de l’extérieur de l’UE doit être fortement réduite, car leur culture, leur extraction et leur production détruisent des habitats naturels précieux, polluent l’eau et le sol et consomment d’importantes ressources en eau. Les politiciens, les fournisseurs et les consommateurs ont un devoir à cet égard.

Ce sont des objectifs ambitieux, mais nous devons suivre cette voie. Il y a des défis psychologiques et financiers. Deux acteurs de la société civile peuvent être soutenus ici : IBLA et Etika.

Un an après la mise en place du « plan d’action biologique » par le gouvernement luxembourgeois, seuls quelques exploitants ont opté pour une telle reconversion. L’IBLA pourrait être une institution pour développer ce processus en accord avec les agriculteurs. Mais il y a des craintes d’acceptation et de survie. Et c’est un processus à long terme : pendant au moins trois ans, il y a des risques de pertes de revenus pendant la reconversion.

La transition doit être un processus participatif. Il faut beaucoup plus de conseillers du Ministère ou des institutions comme l’IBLA afin de commencer une vraie campagne professionnelle d’informations, de formations, de conseils et de recherches.

Etika a donc besoin d’un acteur de la société civile pour la soutenir dans cette tâche.

Ekkehardt Schmidt (Etika), avec Sébastien Yernaux pour Infogreen

Soutien aux valeurs de l'« agri-culture » !
Soutien aux valeurs de l’« agri-culture » !

L’agriculture biologique et biodynamique est une alternative plus écologique, qui respecte les terres, les animaux et les générations futures. Le Groupe OIKOPOLIS la soutient activement. Ce respect fondamental de la nature et de l’humain se retrouve dans toute la chaîne de valeur, du producteur au consommateur. Et le Groupe vise particulièrement à établir des structures économiques durables.

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Le Groupe OIKOPOLIS, pionnier au Luxembourg au niveau de la transformation et de la commercialisation de produits bios et certifiés Demeter, soutient activement l’« agri-culture ». Pour lui, c’est clair : l’agriculture biologique et biodynamique est une alternative plus écologique, respectueuse des sols et de la Terre, des animaux et, donc, des générations futures. « Nous soutenons toutes les valeurs qui l’accompagnent, notamment la collaboration équitable, la cohésion sociale et l’éducation. Ce respect fondamental de la Nature et de l’Homme s’implique dans toute la chaîne de valeur, du producteur au consommateur ».

Le Groupe OIKOPOLIS vise particulièrement à établir des structures économiques durables, pour entretenir les activités économiques afin de garantir une situation financière saine, tout en misant sur des incitations positives sur les piliers socio-écologiques. Il s’agit du principe Triple Top Line (TTL de William McDonough & Michael Braungart pour remplacer le principe du Triple Bottom Line), qui a pour objectif de ne pas seulement minimiser et compenser les effets négatifs de son activité économique, mais de créer un impact positif par cette même activité. « Nous voulons changer la perspective du régime économique en passant du ‘moins mauvais’ au ‘faire du bien’, en ajoutant de la valeur ».

Une intégration horizontale des exploitations agricoles

Ce changement de paradigme se traduit également dans le principe de l’Économie du Bien Commun, dont le groupe OIKOPOLIS a maintenant clôturé son 3e bilan avec un résultat exemplaire. Ce mouvement veut compléter l’approche du bilan financier par une vision holistique des impacts de l’économie sur la société et l’environnement. Par cette recherche de formes d’économie alternatives, les entreprises du groupe ont adopté une structure qui relie horizontalement une trentaine d’agriculteurs bios luxembourgeois et, verticalement, tout un réseau d’entreprises enchaînant les étapes, de la fourche à la fourchette.

Cette intégration horizontale des fermes dans la coopérative BIOG, créée en 1989 par une poignée d’agriculteurs biologiques convaincus, met l’accent sur la solidarité entre ses membres. BIOG est leur marque avant tout et elle comprend plus de 300 produits.

La délocalisation de la production des denrées alimentaires à l’étranger et les économies d’échelle font baisser les prix des aliments. La production biologique régionale fournit des plus-values qui coûtent plus chères, mais ces produits ne sont pas toujours disponibles en quantités suffisantes au niveau régional. Ils sont donc importés. Par conséquent, l’achat des biens importés de la marque BIOG aide à maintenir l’agriculture locale, en soutenant la structure sous-jacente.

L’authentique, traçable

L’intégration verticale en revanche assure la plus grande transparence possible des produits, tout au long de la chaîne. « Le Éisleker Kéis, par exemple, est un produit local authentique à la traçabilité absolue. La transformation directe du lait provenant des producteurs de lait luxembourgeois a lieu dans les deux fromageries BIOG. En outre, un échange actif avec tous nos fournisseurs à l’étranger est appliqué. Nous destinons autant de denrées alimentaires que possibles au traitement ultérieur par des entreprises appartenant à notre réseau ».

Pour rappel, un grand nombre de produits BIOG portent le label fair&associative selon la « Charte pour une économie associative ». Elle suit le principe immuable d’encourager tous les acteurs de la chaîne à collaborer pour promouvoir des structures économiques durables et elle intègre des directives pour des relations justes et associatives, tant avec les clients qu’avec les partenaires commerciaux.

BIOG - Gutt fir Mënsch an Natur from Oikopolis Gruppe on Vimeo.

Alain Ducat, avec OIKOPOLIS Group

Donnons une seconde chance aux aliments imparfaits !
Donnons une seconde chance aux aliments imparfaits !

Chaque année, plusieurs millions de tonnes de fruits et légumes en parfait état sont jetés simplement parce qu’ils ne répondent pas à certains critères esthétiques. Nous voulons sensibiliser les gens à ce problème et ramener ces aliments imparfaits à la table grâce à de nouveaux canaux de distribution.

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Tout a commencé au printemps 2020, alors que nous étions ensemble avec des amis et que nous parlions de la quantité incroyablement importante de nourriture qui est gaspillée.

Nous avons abordé le sujet des normes alimentaires et des normes cosmétiques dans l’agriculture des fruits et légumes. Nous avons parlé du fait que de grandes quantités de nourriture cultivées à l’étranger doivent être jetées. Nous avions entendu parler d’une entreprise sociale à l’étranger où les employés faisaient une seconde récolte et revendaient ces légumes à un prix inférieur.

L’idée de créer une épicerie avec de la nourriture difforme ou refusée venait de naître.

Mais pour savoir si le problème existe ici au Luxembourg, nous avons d’abord commencé à contacter quelques agriculteurs. Nous voulions faire l’expérience de la récolte nous-mêmes et comprendre où se situent les problèmes. Pendant cette phase expérimentale nous voulions recueillir des contacts, des expériences et des retours d’information.. Nous avons discuté avec des commerçants de produits alimentaires et échangé des idées avec le plus grand nombre de personnes possible en tenant un stand sur les festivals et les marchés.

Mais ensuite est venu le confinement. Il nous a obligés à arrêter notre travail. Nous avons eu l’impression que notre projet ne pouvait plus être mis en œuvre.
Mais ce n’était qu’une impression ! Jamais, auparavant, nous n’avons été aussi conscients de notre dépendance à l’égard des producteurs alimentaires locaux et de la valeur des légumes et des fruits cultivés chez nous.

La résilience était le mot à la mode, en particulier au cours des premières semaines du confinement nous y portons également attention. Les systèmes alimentaires résilients ont la capacité de fournir une alimentation suffisante malgré diverses perturbations imprévisibles. Dans quelle mesure notre système alimentaire est-il résilient ? Pour nous, la question était de savoir comment soutenir les producteurs afin de pouvoir consommer au moins une aussi grande partie possible des aliments cultivés ici. Même si l’avenir est encore relativement incertain, nous sommes désormais convaincues que le moment est bien choisi pour commencer.

Tous les produits peuvent être mangés !

Avec on.perfekt, nous voulons contribuer à réduire les déchets alimentaires, soutenir les producteurs et le commerce locaux, mais aussi informer les consommateurs sur les dates de durabilité minimale et les normes alimentaires.

Notre vision est celle d’un monde où tous les aliments produits sont consommés, où les producteurs reçoivent un prix décent pour leurs produits et où les consommateurs font des choix responsables. Nous voulons rendre la nourriture sauvée socialement acceptable.

Nous créons le premier magasin on.perfekt au Luxembourg, proposant tout ce qui a été écarté, comme des carottes tordues, des courgettes trop épaisses, des aliments périmés ou des produits présentant d’autres défauts.

Nous donnons une seconde chance à la nourriture, en commençant par deux points :

1. Les producteurs locaux : nous soutenons les exploitations agricoles de fruits et légumes soit en payant par la main-d’œuvre c’est-à-dire en soutenant les agriculteurs et les producteurs avec des volontaires pour aider à la récolte ou à la production, soit en payant un prix équitable pour les produits jetés.
2. Commerce local et régional : Nous soutenons le commerce local et régional en ramassant les marchandises triées et leur offrons ainsi la possibilité de lutter activement contre le gaspillage alimentaire et d’économiser les coûts d’élimination.

Nos premières expériences et les nombreuses conversations avec les agriculteurs et les producteurs de denrées alimentaires au cours de la saison passée ont confirmé que nous sommes sur la bonne voie.

Nous travaillons actuellement entre autres, avec 6 exploitants agricoles que nous soutenons selon leurs besoins lors de la récolte auxquelles nous achetons les produits qu’elles ne peuvent pas vendre par les canaux traditionnels.

Les exploitations intéressées sont invitées à nous contacter à l’adresse : onperfekt@gmail.com.

L´équipe de on.perfekt

Un champ… d'action
Un champ… d’action

Et si manger d’une façon plus écologique, durable et équitable signifiait également manger plus sainement ? Est-ce une pensée purement idéaliste, est-ce même possible ? Ce sont les questions auxquelles les 3 partenaires co-labor, l’IBLA (Institut de l’agriculture biologique Luxembourg) et natur&ëmwelt apportent des réponses, avec la création du projet « 2000 m2 pour notre alimentation ».

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L’objectif fixé est de développer un modèle d’alimentation saine, équitable et durable basé sur la réalité et les sciences, tout en montrant qu’il est possible de satisfaire les besoins alimentaires de base d’une personne vivant au Luxembourg non seulement de manière régionale et biologique, mais aussi de manière durable. Le projet est financé par le Ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable.

Pourquoi le titre « 2000 m2 » ? Mathieu Wittmann, responsable « Projets et campagnes politiques » à natur&ëmwelt, explique : « Si l’on divisait la surface mondiale des terres arables par le nombre de personnes vivant sur cette planète, chacun d’entre nous aurait à sa disposition 2000m2. Tout ce que nous consommons pendant une année doit pousser sur cette surface. On peut résumer en disant que, pour manger sainement tout en respectant le bien-être de notre environnement écologique et social, chacun de nous dispose de 2000 m2 pour se nourrir ».

Des facteurs incontournables

Pour les partenaires du projet luxembourgeois, l’idée est de montrer qu’il est tout à fait possible d’incorporer les 3 facteurs – environnement, équité et santé – dans son alimentation, sous réserve de quelques conditions indispensables.

« Tout d’abord, nous devrions nous attaquer au gros problème du gaspillage alimentaire, puis nous devrions manger moins de produits d’origine animale (car ces produits exigent beaucoup de ressources, entre autres de la surface). Enfin, afin de garantir le bien-être de l’environnement et du climat, une alimentation régionale et saisonnière aussi bien qu’une production biologique/biodynamique seraient requises ».

Un espace vivant, à visiter

Le projet est soutenu jusqu’en 2022. Et il est vivant. À côté de la Maison de la Nature à Kockelscheuer, en périphérie immédiate de Luxembourg-Ville, un terrain de 2000 m2 a été aménagé en tant que champ de culture agricole. Les partenaires du projet cultivent conjointement le terrain et organisent divers événements pour attirer le public.

Les personnes intéressées peuvent visiter le champ « 2000 m2 pour notre alimentation » du lundi au vendredi de 8h à 17h et/ou participer à un atelier associé. On peut aussi découvrir les possibilités d’acheter des légumes et des produits locaux chez co-labor ou, par exemple, via www.solawi.lu.

On trouve plus d’informations sur www.changeonsdemenu.lu. Et suivre l’actualité du projet sur les sites 2000m2.lu https://www.2000m2.lu/?lang=fr, www.naturemwelt.lu
ou via la page facebook du projet www.facebook.com/2000m2.lu/.

Alain Ducat, avec natur&ëmwelt partenaire Infogreen
Photos : natur&ëmwelt

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Concilier transition énergétique et exploitation agricole
Concilier transition énergétique et exploitation agricole

C’est incontestable : les agriculteurs doivent pouvoir vivre du fruit de leur travail, qui consiste essentiellement à cultiver la terre et produire des aliments. Donc une activité qui devrait leur procurer des revenus qui reflètent idéalement leurs véritables investissements et engagements. Ceci inclut avoir recours aux meilleurs moyens techniques, ceux qui permettent de combiner efficacité et respect durable de l’environnement.

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Les cultivateurs se servent de machines agricoles dont l’évolution, au fil des années, a vu la taille des engins exiger toujours plus de puissance. Or, et à l’image des voitures, bus et camions, les moteurs aux carburants fossiles des tracteurs et autres machines agricoles seront obsolètes et remplacés par des moteurs électriques. Certains possèdent même deux moteurs séparés : un pour l’entraînement, l’autre pour l’hydraulique. Leur développement connaîtra une vraie croissance comme en témoigne déjà leur essor dans le secteur viticole.

Cette évolution, en combinaison avec les nouvelles voies qu’ouvre la loi concernant l’autoconsommation, permettra aux agriculteurs de profiter de l’approvisionnement par les sources d’énergies renouvelables, notamment le photovoltaïque. Un bon nombre de toitures d’étables, de granges et autres dépôts sont déjà couverts depuis de nombreuses années par des panneaux solaires. Chez certains propriétaires, la garantie des tarifs de rachat touche à sa fin. Profiter de ces installations qui continuent à produire de l’électricité à usages multiples, permettra de charger les engins mobiles et d’alimenter les appareils (pompe à lisier, machine à traire, etc) inhérents à l’exploitation agricole.

Le potentiel d’exploitation de toitures agricoles est loin d’être épuisé, non seulement en nombre de toitures, mais aussi en ce qui concerne le dimensionnement des lignes : souvent, des fermes, écuries ou granges isolées sont équipées de simples lignes de dérivation. La faible consommation d’énergie de ces bâtiments agricoles était le paramètre principal pour le dimensionnement de ces lignes électriques. Cependant, ce sont précisément de tels bâtiments qui ont souvent un grand potentiel « photovoltaïque » dont on ne profite que de manière limitée voire pas du tout, justement à cause des lignes de dérivation. Leur raccordement bidirectionnel au réseau, en combinaison avec des systèmes de stockage intégrés, permet de maintenir en équilibre le réseau, notamment en injectant en différé l’électricité photovoltaïque produite sur ces surfaces dans le réseau. Par ailleurs, le producteur d’électricité profite financièrement aussi de cette réorientation de la mise à disposition de l’énergie.

Dans ce même ordre d’idées, de nouvelles pistes méritent d’être analysées dans la conciliation du travail agricole et de la production d’énergie solaire sur les surfaces non-scellées. On peut s’imaginer l’installation verticale de panneaux bi-faciaux, en guise de clôture, ne gênant guère le travail et protégeant le bétail, ou bien l’effet protecteur des terres par l’installation de panneaux parasol, contribuant à la prévention du dessèchement des terres, et en hauteur, permettant l’exploitation paysanne. Des essais à l’étranger semblent prometteurs.

Eurosolar Lëtzebuerg se dit disposé à participer à un projet au Luxembourg afin d’en évaluer les effets pécuniaires, d’exploitation et biologique, pour le plus grand bien de la transition énergétique.

Paul Zens, président Eurosolar Lëtzebuerg asbl.

Photos :
- ©Next2Sun GmbH (tête de l’article)
- ©Paul Zens de Eurosolar Lëtzebuerg (dans l’article)

Mashav Energia : sous le vent et le soleil de Luxembourg
Mashav Energia : sous le vent et le soleil de Luxembourg

Le groupe polono-israélien a récemment ouvert une implantation luxembourgeoise, dans le centre financier européen. Entreprise indépendante de premier plan qui produit de l’électricité en convertissant le vent et le soleil en énergie, elle assure aussi des services de financement et de gestion innovants.

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Mashav Energia est une entreprise indépendante de premier plan qui produit de l’électricité en convertissant le vent et le soleil en énergie. « Nous nous concentrons sur le développement, la construction et l’exploitation de parcs éoliens en Pologne. Bénéficiant de nos relations solides et bien établies avec les plus grandes entreprises internationales de construction, fournisseurs de turbines, cabinets d’avocats et institutions financières opérant sur le marché polonais, nous réalisons des investissements importants dans le domaine de l’énergie éolienne et photovoltaïque.
Notre dernier investissement, le parc éolien de Potegowo, est le plus grand parc éolien terrestre de Pologne http://mashavenergia.com/en/the-pot...
 », explique Monika Zakrzewska, Finance Manager qui fait partie du staff chargé du développement à Luxembourg.

Car le groupe qui se pose en leader dans son domaine a ouvert en mars 2021 un bureau à Luxembourg. « Depuis le centre financier européen, il assure des services de financement et de gestion innovants. La société Mashav Energia est contrôlée par Israel Infrastructure Fund - un expert en investissements d’infrastructure avec une expérience internationale, optimisant la valeur à long terme de ses investissements. Ses actionnaires minoritaires sont : CERAC (un groupe d’experts locaux expérimentés en énergie), CME et le fonds d’investissement dans les énergies renouvelables Helios ».

Pour le développement régional

De fait, Mashav Energia, expert en énergie éolienne et solaire, dispose de toutes les ressources humaines et financières nécessaires pour construire une « usine » de production d’énergie verte performante. « Nous croyons fermement au développement régional. Dans nos opérations, nous respectons l’écosystème local, pour le développement des communautés et des économies ».

Sur le terrain, les éoliennes ont un système éprouvé de réglage de l’angle d’inclinaison des pales intégrant les dernières améliorations dans le domaine du contrôle de la charge, de faibles émissions sonores, d’une conversion efficace de l’électricité et d’une efficacité fiable. L’exemple du parc éolien de Potegowo est parlant : « il permettra de réduire les émissions de dioxyde de carbone d’environ 514.000 tonnes par an. En plus de réduire les émissions de gaz à effet de serre, l’investissement contribuera également à réduire les émissions liées à la combustion. Les normes de bruit environnemental (40 ou 45 dB la nuit) ne seront dépassées nulle part dans les villages proches du projet. L’effet de scintillement d’ombre, malgré l’absence de réglementation légale à cet égard, sera volontairement surveillé par l’entreprise. Le système éolien a été conçu de manière à contourner les voies de migration des oiseaux, les groupements d’oiseaux, les zones d’alimentation ou de nidification. Le projet a été inclus dans les plans de développement régional et il fournira des recettes fiscales supplémentaires aux communautés locales, entre autres, sous la forme de redevances foncières annuelles ».

Partenaire des communautés locales

L’exemple polonais se veut transposable. « La mise en œuvre de l’investissement apportera d’autres avantages aux communautés locales, notamment la reconstruction des installations énergétiques, de nouvelles opportunités d’emploi et l’amélioration des infrastructures routières locales. La combinaison de relations solides avec toutes les parties prenantes impliquées est la meilleure recette pour des garanties à long terme ».

Mashav Energia se pose donc en partenaire des communautés locales et en gestionnaire de projets permettant, notamment, aux terres et aux bâtiments agricoles de fournir à la fois de l’énergie verte et des sources de diversification économique.

Alain Ducat, avec Marshav Energia, partenaire Infogreen
Photos Marshav Energia

Un soutien durable aux petits exploitants agricoles dans le monde
Un soutien durable aux petits exploitants agricoles dans le monde

Les petits producteurs dans les pays en développement ont besoin d’être soutenus par des investissements ayant un impact durable et ciblé sur leurs besoins. ADA, une ONG luxembourgeoise spécialisée en finance inclusive, coordonne un projet de grande envergure internationale.

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Les petits exploitants agricoles, dans les pays en développement, sont confrontés à toute une série de difficultés pour accéder aux ressources, à la technologie, aux intrants (les produits nécessaires au fonctionnement de l’exploitation agricole), au financement et aux informations du marché. Ils sont aussi davantage vulnérables aux chocs externes, tels que les événements climatiques extrêmes ou la volatilité des prix.

Pour pallier ces difficultés, le Smallholder Safety Net Upscaling Programme (SSNUP détail des projets sur www.ssnup.org), lancé en octobre dernier, est une initiative qui vise à renforcer les filets de sécurité de 10 millions de ménages de petits exploitants en Afrique, en Amérique latine et en Asie, par le biais de projets très variés d’assistance technique et d’investissements dans les chaînes de valeurs agricoles (l’ensemble des acteurs et des activités qui font passer un produit de base du stade de la production dans les champs à sa consommation finale), avec pour objectif principal d’améliorer le bien-être de 50 millions de personnes à faibles revenus.

Le programme se concentre sur trois objectifs spécifiques :

1. Les petits exploitants agricoles améliorent leur productivité et/ou leur résilience en utilisant des services financiers adaptés et de l’appui technique leur permettant d’adopter des pratiques agricoles plus durables et plus respectueuses du climat ;
2. Les chaînes de valeur agricoles (coopératives, semenciers, PME, etc.) sont renforcées par l’adoption de pratiques commerciales, environnementales et sociales plus durables qui génèrent une augmentation des revenus et des emplois, ainsi qu’une meilleure sécurité alimentaire ;
3. Les investissements augmentent et permettent de financer l’expansion des chaînes de valeurs agricoles qui respectent les principes mondiaux d’investissement agricole responsable. Ils adoptent des normes durables au niveau environnemental, social et de bonne gouvernance.

Financé par la Direction de la coopération au développement et de l’action humanitaire luxembourgeoise et la Direction du développement et de la coopération
Suisse, SSNUP permet de cofinancer ces projets d’appui via des investisseurs d’impact qui interagissent au quotidien avec des petits exploitants. Comme souligné par le ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire, Franz Fayot, ce programme s’intègre dans la stratégie de la Coopération qui vise les partenariats multi-acteurs et public-privé, ainsi que la mise en place des instruments financiers innovants et efficaces afin de multiplier les investissements axés sur l’impact.

SSNUP compte aujourd’hui 2 bailleurs et 5 investisseurs d’impact (Fondation Grameen Crédit Agricole, Incofin, Oikocredit, responsAbility, Symbiotics), mais l’inclusion d’acteurs supplémentaires est cruciale pour mettre en place toujours plus de projets innovants et efficaces.

La coordination, ainsi que la gestion des connaissances de ce projet de grande envergure internationale, ont été confiées à ADA, une ONG luxembourgeoise spécialisée en finance inclusive.https://www.ada-microfinance.org/ssnup

Depuis son lancement, l’initiative a soutenu plusieurs projets permettant de renforcer localement des acteurs des chaînes de valeurs agricoles, notamment un courtier en assurance dans plusieurs pays d’Afrique francophone, une institution de microfinance en Chine, des coopératives de café au Pérou et une PME dans la production et la commercialisation de riz au Sénégal via de l’assistance technique (partage d’information et d’expertise, formations, conseils, etc.). L’ensemble des projets mis en place a déjà permis d’atteindre près de 80 000 petits exploitants agricoles.

ADA (Appui au Développement Autonome), partenaire Infogreen
https://www.infogreen.lu/ada-appui-...

Une meilleure vie pour les indigènes grâce à l'agroécologie !
Une meilleure vie pour les indigènes grâce à l’agroécologie !

La Fondation Partage.lu s’entretient avec le responsable du projet de la Fondation Fray Domingo de Vico au Guatemala, Christoph Gempp.

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Comment est née l’école paysanne secondaire Instituto Fray Domingo de Vico (IFDV) ?

Dans les années ‘90, les jeunes de la campagne autour de Santa María de Cahabón (Guatemala) ont commencé à s’organiser dans un processus dynamique : ils organisaient des réunions dans les communautés villageoises sur des sujets sociaux, culturels ou religieux. La plupart des jeunes ne savaient ni lire ni écrire. À cette époque, les Dominicains en charge de la paroisse, envisageaient d’initier un processus de formation plus intensif avec les membres de la direction du mouvement de jeunesse. Les jeunes rêvaient d’un internat classique. Mais cette forme ne toucherait qu’une partie très limitée de la population. On s’est donc décidé en faveur d’une formation théorique et pratique dans le secteur agricole. Comme à Santa María de Cahabón toute la vie tourne autour de l’agriculture, il semblait logique de concentrer la formation sur des méthodes agroécologiques durables.

Qu’est-ce qui distingue cette école des autres ?

Les jeunes mettent d’abord en pratique leurs connaissances dans les champs de l’école afin de se former aux méthodes alternatives agroécologiques. Le travail des étudiants contribue également à compléter les besoins alimentaires de l’Institut. Ce processus de formation pratique et théorique est conçu afin de permettre d’intérioriser l’idéologie et les objectifs de l’agriculture durable. Chaque mois, les étudiants rentrent chez eux pendant une semaine pour effectuer des travaux spécifiques sur les parcelles de leur famille : cultiver des aliments de base tels que le maïs et les haricots, pratiquer la diversification des parcelles, promouvoir la culture d’épices et de légumes locaux. Nous appelons ceci le « système d’alternance ». Quant aux parents, ils viennent à l’école trois fois par an pour participer à des cours pratiques et théoriques, ainsi que pour se familiariser avec les nouvelles techniques afin de soutenir leurs enfants avec la transformation de la parcelle.

Il y a un autre projet de la Fondation Fray Domingo de Vico : l’école professionnelle agricole pour les petits agriculteurs en milieu tropical Rax K’iche

Nous nous trouvons entre les fronts de l’agro-industrie et de l’agriculture familiale. D’une part, il y a la technologie industrielle pour répondre à la demande mondiale croissante de pétrole, de viande et de sucre ; d’autre part, il y a les sols tropicaux qui sont très fragiles et les méthodes de production traditionnelles qui les détruisent de plus en plus. Le plus grand défi est de proposer un accompagnement aux agriculteurs permettant de régénérer ces sols et produire de manière diversifiée. Après 5 ans où nous avons piloté une école d’agronomie « classique », nous avons réalisé que ce cursus ne nous rapprocherait pas de notre objectif. Afin de pratiquer une agriculture familiale agroécologique, nous avons cherché notre propre voie : une véritable école paysanne. L’agriculture durable et l’agroécologie doivent être acceptées et pratiquées.

Il faut créer de nouvelles habitudes dans les rapports avec la Terre Mère

Il s’agit de bien plus que de la simple acquisition de savoir : le changement devient culture. L’étudiant doit pouvoir constater par lui-même que l’agroécologie fonctionne et qu’il peut en vivre.

Quels sont actuellement les plus grands défis ?

L’agriculture familiale sur les pentes tropicales escarpées est un travail extrêmement dur et peu lucratif. Tout au long de l’histoire, les êtres humains du monde entier ont cherché des moyens afin d’améliorer leurs conditions de vie. Depuis 10 ans, le monde de la consommation et du plaisir apparemment illimités, séduisants et soi-disant accessible à tout un chacun, a ouvert une fenêtre virtuelle par le biais des réseaux sociaux. Il est compréhensible que d’innombrables jeunes rêvent d’une vie comme celle qui leur est présentée sur Internet. Mais nous savons que ce monde restera un rêve pour la plupart d’entre eux. L’agriculture familiale doit se faire par conviction et notre plus grand défi est d’être si convaincant par la parole et par l’action que beaucoup suivront cette voie.

Comment voyez-vous l’avenir de la FFDV et des deux écoles ?

La pression augmente énormément. Même si les jeunes familles d’aujourd’hui ont moins d’enfants, la population ne cesse d’augmenter. On ne compte plus les jeunes qui ont terminé une formation d’enseignant, de comptable, etc. et qui ne trouvent pas d’emploi. Cette tendance continue à s’accentuer. Les parents et les jeunes sont de plus en plus conscients que l’éducation pour laquelle ils ont lutté ne portera pas les fruits espérés. Il y a 20 ans, les jeunes s’inscrivaient dans notre école parce qu’elle était bon marché et qu’il y avait peu d’alternatives. Cela a changé définitivement : ceux qui frappent à notre porte savent qu’ils apprennent à travailler leur sol d’une manière totalement nouvelle. Ils sont conscients qu’ils sont pris au sérieux dans leur identité de Q’eqchi’, et ils choisissent consciemment notre école et l’engagement dans lequel toute la famille s’implique.

Pour plus d’informations : https://partage.lu/fr/projets/amerique-latine/cahabon
Home (fundacionfdv.org)

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Plateforme technologique, innovation socioéconomique et environnementale et, aussi, … une serre !
Plateforme technologique, innovation socioéconomique et environnementale et, aussi, … une serre !

Fresh sera la plus grande serre urbaine du Luxembourg. En toiture de l’IFSB à Bettembourg, elle a une vocation maraîchère, mais aussi pionnière et exemplaire. Elle démontre la pertinence d’une agriculture urbaine, hors-sol, et des fonctions nobles de bâtiments qui ont plus d’un tour environnemental et sociétal dans leur sac.

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Elle a bien poussé en avril ! C’est une serre, oui mais elle a valeur d’exemple, voire de porte-parole. Baptisée « Fresh », elle s’épanouit sur un toit de Bettembourg, à l’IFSB, qui en est le maître d’ouvrage.

Partenaire du projet Interreg NWE GROOF, l’IFSB s’est lancé dans la conception, la construction puis l’exploitation de cette serre urbaine, à vocation démonstrative et éducative.

L’investissement est cofinancé par le Ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable via le Fonds Climat et Énergie ainsi que par le programme Interreg North-Ouest Europe. « Impliqué dans GROOF depuis le début, l’IFSB s’y est engagé pour plusieurs raisons », rappelle Bruno Renders, Administrateur Directeur Général du CDEC (conseil de développement économique de la construction) et qui met en œuvre une stratégie intégrée du secteur de la construction s’appuyant sur des entités complémentaires, dont l’IFSB, mais aussi sur le décloisonnement des secteurs. « L’avenir de notre planète ne s’entend qu’en diminuant l’impact CO2 de l’homme. L’avenir de la construction se conçoit en rapprochant la nature et la ville. Et l’avenir des promoteurs, des concepteurs et des constructeurs passe par la formation aux nouvelles technologies. Nous rencontrons ici les principes fondateurs de l’IFSB ».

Le chaînon manquant qui ne manque de rien

Dès lors, cette serre… n’est pas une serre. Elle est bien plus : pour l’urbanisme, l’architecture, l’ingénierie, l’agriculture urbaine, l’autosuffisance alimentaire, l’économie durable, Fresh est un peu l’intersection idéale, voire le chaînon manquant… qui ne manque de rien. Une preuve « vivante » que les fonctions nobles, productives, des bâtiments sont aussi productrices de valeurs. « Dès le départ, la décision de construire une serre sur le toit de l’IFSB s’est fondée sur l’innovation « green » du secteur de la construction, en utilisant une surface « perdue », en augmentant la qualité du bâti dans une conjugaison win-win, une véritable connexion entre le bâtiment et la serre, permettant in fine de produire des légumes localement. »

Si « Fresh » n’a rien d’une « serre-tunnel » comme on les voit dans les champs, une telle construction en toiture devait avoir tous les atouts. L’objet architectural s’intègre au bâtiment de l’IFSB, apporte une solide touche fonctionnelle en apportant l’innovation qui fait l’essence des lieux… et on a un bénéfice carbone. La liaison entre la serre et le restaurant d’entreprise apporte un autre plus, mettant en évidence la production locale. Les collaborateurs de l’IFSB ont très vite intégré cette idée, d’autant qu’une petite serre de démonstration existait déjà sur le bâtiment voisin et que tout le monde profitait des récoltes saisonnières (herbes aromatiques, fraises, salades, etc).

Logiques et fonctions transversales

Dans une stratégie nationale Urban Farming, avec le CDEC en partenaire pionnier au côté des ministères parties prenantes, la serre est comme une évidence, une opportunité supplémentaire de marier l’utilisation du bâtiment à une exploitation agricole, hors zone agricole, de valoriser les fonctions nobles d’un bâtiment intelligent pour, notamment, une agriculture hors-sol, nourricière et en circuit court.

« Les toits plats des bâtiments industriels et tertiaires du Luxembourg offrent 20% de surface en plus que les terres du pays actuellement cultivées pour la production maraîchère. Et le principe de la culture hors-sol peut aussi s’adosser à un bâtiment positif, dont les fonctions nobles fournissent l’énergie ou les besoins en eau par exemple. On est dans l’économie circulaire, une logique d’alimentation saine et locale, une approche sociétale qui abat les cloisons sectorielles pour mettre en avant les bénéfices transversaux. Fresh est un projet-pilote viable et emblématique, une action d’impact sur l’environnement et le développement durable, qui développe une série de techniques complémentaires.

C’est aussi une illustration supplémentaire de notre vocation d’innovation socio-économique. Nous souhaitons conscientiser les maîtres d’ouvrage et les concepteurs à la décarbonation et au rôle proactif du secteur de la construction, nous apportons des solutions innovantes qui vont optimiser à la fois des espaces mal exploités et la production énergétique tout en diminuant les émissions de CO2. Ce type de projet et l’Urban Farming en général permettent de marier la production agricole avec la ville. Intégrer une serre de production alimentaire à un immeuble d’entreprise ou/et à un restaurant, c’est reconnecter la production alimentaire locale et les populations ! »

Alain Ducat
Illustrations : IFSB

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Réussissez vos projets participatifs !
Réussissez vos projets participatifs !

Les projets en relation avec les nouveaux usages et les nouveaux modes de vie, tels que les espaces partagés publics ou privés, l’urban farming, les maisons de quartier ou les tiers-lieux, nécessitent une approche participative dès la conception afin de poser les bases de leur succès.

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Si beaucoup d’entre nous souhaitent mettre sur pied des projets innovants et collaboratifs, leur aboutissement n’est pas toujours évident et la réalité des usages est souvent loin de la vision imaginée.

En tant que porteur de projet immobilier ou commune engagée dans une politique de transition climatique ou écologique, vous pouvez vous demander si ce lieu, que vous allez créer, sera utilisé et entretenu et si les résultats attendus seront au rendez-vous.

Qu’est-ce que l’urban farming ?

L’urban farming, ou agriculture urbaine, est de plus en plus envisagée et promue dans les espaces urbains. Cette pratique peut s’implanter sur des espaces au sol réservés ou inutilisés, ou sur des toitures dans le cadre de projets existants ou de projets neufs dédiant les espaces au sol à d’autres usages.

Les avantages d’un tel projet sont multiples :

- la participation à une alimentation locale, saine et résiliente face aux crises,
- le développement des circuits courts et de l’économie circulaire,
- la lutte contre les îlots de chaleur et le verdissement des quartiers,
- la captation de CO2 pour le climat,
- la promotion d’une reconnexion à la nature,
- le développement de nouvelles formes de vivre ensemble faites de bien-être, de cohésion et d’échanges entre les habitants,
- …

Généralement, l’implantation de l’urban farming dans un quartier peut être le début d’une dynamique de connexions entre les habitants et peut favoriser le développement d’autres projets.

Les autorités luxembourgeoises ont mis en œuvre une stratégie nationale pour booster cette dynamique https://www.urbanfarming.lu/

Développez votre projet participatif avec succès

Chez Coévolution, nous vous accompagnons pour clarifier le contexte, vos enjeux, besoins et envies afin de poser le cadre technique et juridique adéquat en amont de votre projet participatif et de constituer les bases de sa réussite.

Nous vous aidons à connecter et mobiliser les acteurs, porteurs de projet et futurs usagers des lieux, dès la conception du projet pour plus de créativité et de bien-être.
Les futurs utilisateurs – qu’il s’agisse d’habitants, d’employés ou d’étudiants, … – ont une expertise et une énergie capitales pour la conception et l’adoption des usages et services qu’ils utiliseront demain.

Nous vous aidons à relier le projet à d’autres initiatives et à créer les bases de solutions systémiques pour pérenniser le projet et générer plus de valeur pour tous et pour la planète.

Assistance à maîtrise d’usage

Tel un assistant à maîtrise d’usage, nous vous proposons des outils et des démarches :

- pour poser le cadre technico-juridique adéquat,
- pour coconstruire les futurs modes de vie de façon participative et en accroître l’adoption,
- pour créer et innover,
- pour ouvrir de nouvelles perspectives et générer un maximum de réussite et d’impacts positifs dans vos projets.

Nous travaillons en partenariat avec les autres intervenants sur le projet (services techniques, architecte, urbaniste, BET, …). Sur demande et selon le besoin ou les projets, nous pouvons vous apporter des apports d’experts externes.

Informations : www.coevolution.lu
Suivez nos projets sur Linkedin https://www.linkedin.com/company/co...
Xavier Delposen, pour Coévolution
https://www.infogreen.lu/coevolutio...

Semer des idées et les faire pousser
Semer des idées et les faire pousser

La production alimentaire se réinvente, l’urbanisation et les bâtiments aussi. L’agriculture urbaine, plus qu’une intersection entre ces deux ensembles, est un pont jeté vers un avenir résilient et durable, avec une alimentation produite localement et de qualité. La clé : décloisonner les secteurs et s’appuyer sur un bâti aux fonctions nobles et multiples.

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Le Luxembourg s’est doté d’une stratégie nationale pour la promotion de l’Urban Farming. Il y a 2 ans, une conférence « Living City : urban farming & végétalisation des bâtiments » en dressait les contours, déjà très précis. Derrière l’initiative étatique, on retrouvait notamment le Conseil pour le Développement économique de la Construction (CDEC).

Son administrateur-directeur général, Bruno Renders, est toujours aux avant-postes en la matière. « Nous sommes dans une logique de diminution et de maîtrise de l’impact CO2 des bâtiments. Quand on agit pour le développement durable, il faut le faire avec un esprit décloisonné et créatif. Quand on réfléchit aux évolutions de l’urbanisation et à tout ce que le bâti peut apporter à l’environnement et au bien-être des citoyens, c’est pareil. Et il est clair que l’on peut aisément jeter des ponts entre les concepts d’alimentation durable et résiliente d’une part, de fonctions nobles des bâtiments de l’autre. https://www.infogreen.lu/la-valeur-... L’agriculture urbaine fait ainsi partie des fonctions nobles des bâtiments au même titre que la production et le stockage d’énergie ». https://www.infogreen.lu/Les-batime...

Fonctions nobles et nouveaux modèles

Sur le plan sociétal, une « agriculture urbaine » peut être un levier multidimensionnel pour créer du lien social, faire (re)vivre des espaces, apporter un mieux-être aux habitants, servir de lieu de formation ou d’intégration... « Si l’on considère que les méthodes de production agricole tendent vers un souci d’alimentation durable, de préservation de la biodiversité et de production écoresponsable, on voit que faire pousser ce dont on a besoin pour vivre dans un quartier par exemple remplit également de nombreuses fonctions écologiques. Les surfaces « vertes » participent à la régulation du climat, à la purification de l’air et au stockage du carbone, améliorent la percolation des eaux de pluies et l’écoulement… Dans un ensemble bâti, on voit tout de suite l’effet bénéfique d’une isolation grâce aux murs et toits végétalisés. Et ces surfaces peuvent aussi être productives ».

Voici une des (multiples) fonctions nobles des bâtiments, pensés comme positifs. Là où d’aucuns opposent encore l’aspect économique à une approche biodynamique de la production agroalimentaire, Bruno Renders voit « les effets bénéfiques, circulaires, à l’échelle locale, avec une économie stimulée par de nouvelles activités, le développement de circuits courts, une économie plus endogène où la monnaie reste plus longtemps dans le circuit local, et avec création de valeur car les surfaces auparavant inexploitées sont transformées pour produire des aliments de qualité… »

On retrouve cette idée de stratégie intégrée du secteur de la construction, chère à Bruno Renders : « Dans l’émergence de nouveaux modèles économiques durables, le décloisonnement des secteurs d’activités donne un rôle-clé au bâtiment, avec pour moteur les fonctions nobles dans la conception de bâtiments et dans l’interaction entre eux ». Le bâti peut se thermoréguler, produire, stocker et distribuer de l’énergie, et la logique de multifonctionnalité et de production partagée peut aller beaucoup plus loin. Il y a des solutions pour l’épuration de l’air, la récupération de chaleur, la ventilation naturelle, l’hygrométrie… « Le bon exemple, c’est l’eau, dont l’usage peut être domestique ou alimentaire. On peut très bien adapter et séparer les circuits de distribution, de récupération, de traitement, donc la qualité de l’eau selon la destination que l’on souhaite lui donner ».

Des surfaces mais pas de cloisons !

Cette gestion intelligente et circulaire de l’eau place le bâti urbanisé comme source de production alimentaire, que l’on parle de jardins partagés à l’échelle d’un quartier ou encore de serres, en toiture ou adossées aux immeubles où elles peuvent puiser leur énergie verte.

La problématique des surfaces disponibles pour la production alimentaire dans le pays est un argument de plus en faveur de l’utilisation rationnelle des espaces urbanisés. La culture hors sol en hydroponie permet d’accélérer le processus de maturation des fruits, légumes, fleurs, plantes médicinales… On fait pousser le nécessaire dans un substrat autre que la terre arable, en irriguant des seuls nutriments indispensables à la croissance des différents végétaux.

Cette culture régulée et qualitative est aussi naturelle. On se fonde sur la qualité des plants, on exploite la présence dans le sol des différents nutriments nécessaires et on réunit les meilleures conditions : le taux d’hygrométrie, la luminosité, la température. Autant d’éléments que peut gérer un bâtiment durablement pensé dans toutes ses fonctions impactantes… « Ces fonctions nobles se placent dans un principe de solidarité entre secteurs économiques et ce type de projet se justifie à la fois par ses bénéfices circulaires et en termes d’empreinte carbone. Le décloisonnement des secteurs économiques est un axe fort au profit d’une économie plus circulaire et plus transversale ».

Oui, pour récolter davantage de qualité pour la société, il faut semer les bonnes idées... et les faire pousser.

Alain Ducat, avec IFSB-CDEC Partenaire Infogreen
Photo : Fanny Krackenberger

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De la ferme à la fourchette… et retour !
De la ferme à la fourchette… et retour !

Le Conseil supérieur pour un développement durable (CSDD), organe consultatif du gouvernement et groupe de réflexion, travaille, entre autres, sur la question de l’alimentation et ses liens avec le bien-être de la population, l’empreinte écologique de notre société, ainsi que les principes d’une économie durable et résiliente... qui inclut l’agriculture. Tribune libre du président du CSDD, Romain Poulles.

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La demande mondiale de denrées alimentaires continuera d’augmenter à l’avenir. D’ici 2050, il faudra nourrir 2 milliards de personnes de plus sur terre. Mais est-ce faisable sans repousser complètement les limites de la planète ? L’impact environnemental de notre système alimentaire est déjà énorme. Il présente de nombreux problèmes tels que la malnutrition et la faim, le surpoids, l’obésité ou une alimentation pauvre ou déséquilibrée. Les conséquences sur la santé sont nombreuses, voire dramatiques.

Au Luxembourg, le système alimentaire contribue de manière significative à l’empreinte écologique. C’est ce qui ressort d’une étude réalisée en 2020 par le Conseil du développement durable en collaboration avec IBLA. Le système actuel encourage les monocultures : 75% de notre alimentation totale est composée de seulement 12 espèces végétales et provient de 5 espèces animales, dont les vaches, les porcs et les poulets.

30% de la nourriture produite est jetée. L’eau est soumise à un stress, tant en termes de disponibilité que de pollution. Nos sols sont dégradés et la biodiversité est de plus en plus réduite. Nous avons une mortalité massive d’insectes. La principale cause de la mort des papillons ou des abeilles est l’agriculture industrielle avec ses poisons (néonicotinoïdes...), ses herbicides (glyphosate...), sa surfertilisation et le paysage agricole défriché et monotone “à faible entretien. Et le changement climatique amplifie encore tous ces problèmes.

L’agriculture est devenue de plus en plus linéaire au cours des dernières décennies et produit de plus en plus de déchets. L’utilisation de nombreuses machines, robots, pesticides, herbicides, engrais, fongicides, font que l’agriculture et l’alimentation sont pratiquement devenues un secteur industriel avec des effets négatifs similaires à ceux d’autres industries lourdes - et ce malgré le fait que l’agriculture soit traditionnellement un système régénérateur.

Une appellation incomplète

La stratégie européenne « de la ferme à la fourchette » (from farm to fork) existe. Pour décrire un système durable et résilient, le nom choisi est à mon avis incomplet. C’est pourquoi l’idée de rebaptiser cette stratégie « de la ferme à la fourchette et de retour » ( from farm to fork AND BACK) a été avancée. « De la ferme à la fourchette » suggère encore fortement un mode de pensée linéaire. Les cycles sont la base d’un système naturel, et l’économie devrait également être basée sur les cycles industriels à l’avenir, y compris l’agriculture.

Entre-temps, les consommateurs européens sont devenus plus exigeants quant à la qualité des aliments qu’ils consomment - et c’est bien normal. Ils veulent une alimentation plus saine et de qualité. Ils attendent une plus grande transparence et une meilleure traçabilité. À cet égard, un meilleur étiquetage des effets des aliments sur la santé et l’environnement jouera un rôle important dans la promotion de choix plus éclairés pour les consommateurs. Le CSDD a récemment pris part à ce débat en présentant des propositions concrètes pour un étiquetage alimentaire transparent. Une transformation radicale de notre système alimentaire est nécessaire pour rendre notre société plus durable et plus résiliente. De plus, les implications sociales, économiques et environnementales puissantes et complexes ne doivent pas être négligées.

Nous avons proposé 7 principes fondamentaux pour une économie durable, résiliente et circulaire. Ils peuvent et doivent être facilement appliqués à l’économie de la terre et à notre système alimentaire. https://csdd.public.lu/fr/avis/2021/7-principes-economie-circulaire.html

1. Il y a création de valeur. L’agriculture doit être correctement récompensée pour la contribution positive qu’elle peut apporter à l’atténuation du changement climatique, à la conservation de la biodiversité, etc.
2. Un système de récolte DOIT être holistique. Par exemple, une nouvelle stratégie intersectorielle devrait éliminer les cloisonnements en adoptant une approche interdisciplinaire et collaborative.
3. Les déchets doivent être abolis en tant que concept ! Il faut plutôt s’appuyer sur deux cycles : le cycle biologique et le cycle technologique. Il faut veiller à ce que les aliments fassent partie intégrante d’un cycle biologique et à ce que les nutriments soient restitués au sol.
4. La santé et le bien-être font partie intégrante du cycle et de l’agriculture. On doit favoriser la création d’impacts positifs sur les personnes et la nature. La seule réduction des incidences négatives n’est pas considérée comme suffisante pour le développement durable.  
5. Les systèmes circulaires et agricoles sont régénérateurs par nature. Ils maintiennent et améliorent les services écosystémiques et favorisent la biodiversité.   
6. Les systèmes circulaires et agricoles favorisent la diversité des solutions dans tous les aspects techniques, économiques, socioculturels et environnementaux. La promotion de la biodiversité est un élément important du système.
7. Les solutions locales et solidaires sont également encouragées, les communautés coopératives et les chaînes de valeur locales sont favorisées.

Le lien entre l’agriculture et l’empreinte écologique ne doit pas être abordé dans un sens négatif, mais plutôt en se concentrant sur le rôle extrêmement important de l’agriculture pour améliorer de manière significative la biocapacité d’un territoire donné. Elle permet aux écosystèmes de produire des matières biologiquement bénéfiques et d’absorber les déchets produits par l’homme dans les conditions actuelles. Le potentiel d’amélioration de la biocapacité est généralement sous-estimé et certainement pas favorisé ou récompensé.

Un système alimentaire résilient et durable devrait non seulement réduire l’empreinte écologique de notre alimentation, mais aussi apporter une contribution positive à l’atténuation du changement climatique. Le sol, par exemple, est un puits de carbone très efficace, et peut aussi contribuer positivement à la biodiversité. Une stratégie « de la ferme à la fourchette et retour » ne concerne donc pas seulement l’agriculture, mais aussi le climat, l’environnement, la santé, la numérisation, la compétitivité, la préservation des ressources et les emplois locaux et régionaux.

Romain Poulles, président du CSDD

Résilience alimentaire : agir de concert
Résilience alimentaire : agir de concert

INFINO, initiative luxembourgeoise en faveur du développement durable et organe de soutien du Conseil supérieur pour le Développement durable (CSDD) a fait le point sur les défis d’un système alimentaire résilient au Luxembourg.

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Difficile de concilier les impératifs d’une alimentation durable, potentiellement résiliente si produite localement, et les exigences du marché agroalimentaire. Difficile, mais pas impossible du tout, si tout le monde s’y met pour tirer la charrette vers un objectif commun : un circuit court entre producteur et consommateur, pour créer un « marché parallèle », local, suffisant – donc indépendant - pour couvrir des besoins bien ciblés sur la qualité et la frugalité.

Telle pourrait être la conclusion (provisoire) d’une récente conférence (en ligne, conditions sanitaires obligent) Intitulée « Pour un système alimentaire résilient et durable », et organisée par l’association INFINO (Initiativ fir Nohaltegkeet – initiative pour un développement durable) en collaboration avec l’Université du Luxembourg et le Conseil supérieur pour un développement durable (Nohaltegkeetsrot), avec le soutien de l’Œuvre Nationale de Secours Grande-Duchesse Charlotte.

Think Tank – Do Tank

INFINO est une association citoyenne issue du Conseil supérieur pour un Développement Durable (Nohaltegkeetsrot). Le CSDD a pour mission de conseiller le Gouvernement et ainsi d’agir en tant que « Think-Tank ». INFINO a pris un rôle complémentaire et poursuit une approche « Do-Tank », pour promouvoir et réaliser des actions et des projets concrets.

Les activités d’INFINO s’orientent à la politique gouvernementale en vigueur, par exemple le Plan National pour un Développement Durable. Face aux nombreuses volontés d’agir en faveur d’un développement pour une société plus juste dans le respect de notre environnement, immédiat et global, INFINO veut constituer une plateforme pour réunir des expertises de différents domaines et explorer comment poursuivre ensemble la mise en œuvre des ODD.

Parmi les axes d’action d’INFINO - son conseil d’administration, idéologiquement indépendant, rassemble des figures engagées, comme Francis Schartz (président), Claudine Lorang et Norry Schneider (vice-présidents), Raymond Schadeck (trésorier) et Marguy Kohnen -, outre impulser des innovations en faveur du développement durable, on trouve la réalisation de campagnes de sensibilisation, des appels à projets, l’animation de plateformes de discussion et des projets de recherche ou la mise en réseau d’acteurs afin de soutenir le CSDD dans l’implémentation de ses idées et initiatives.

Changer la donne

C’est probablement dans cette voie que l’on peut trouver les clés d’une facilitation des circuits rapprochant la production agricole et la consommation alimentaire notamment.

Car le système alimentaire du Luxembourg est encore loin de la résilience et de la durabilité. « La nourriture qui y est vendue et consommée provient en majorité de l’international, avec de longues chaînes d’approvisionnement et beaucoup d’externalités négatives du point de vue écologique et social. En même temps, ces filières sont très complexes. Il faudrait que tous les acteurs du système alimentaire agissent de manière concertée pour changer la donne ».

Intervention de Romain Poulles (CSDD)

Intervention de Rachel Reckinger (Uni)

C’est un peu la conclusion générale, mais cela exige aussi de concilier les points de vue et d’accepter un changement de paradigme, dans une consommation plus responsable d’un côté, et, de l’autre, dans une production davantage orientée sur les demandes locales, sur la qualité (bio, diversification, saisonnalité, gestion des sols, disponibilité des surfaces…) et sur un juste retour pour les agriculteurs, plus que sur la quantité monnayable à l’import-export.

Alain Ducat
(Lire aussi la tribune libre de Romain Poulles, président du CSDD, dans ce dossier)

Agriculture : at the cross-road of environmental and social sustainability
Agriculture : at the cross-road of environmental and social sustainability

Agriculture sits at the cross-road of environmental and social sustainability. As it is the foundation of any society, and the initial brick in the satisfaction of the pyramid of needs, the marketization of agriculture is perhaps the clearest example of the threat that current economic organization poses to our future.

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Making money is central in a society where what we have defines who we are. This culture affects everybody, and it is at the origin of the unsustainability of modern societies [1]. When it comes to key sectors, such as agriculture, the pursuit of economic success and the satisfaction of shareholders’ interests become prominent motivations. Other aspects lose importance : the quality of the products, maintaining traditional crops and methods, caring for and respecting the rhythm of other species, land management, protecting local habitats and workers. Not by chance the environmental impact of agriculture grew with its turnover and industrialization.

The Intergovernmental Panel on Climate Change reports that 23% of global emissions are from agriculture. In 2020, the European Court of Auditors evaluated that more than 80% of the habitats in European Union are in “poor” or “bad” condition, and the share of habitats in poor condition increased to 72% [2]. At the same time agriculture attracts nearly a third of the budget of the European Union (about 344 billion from 2021 to 2027). In the past, nearly 80% of this money went to big, industrial companies thanks to the influence exerted by their lobbies.

In their defense, these powerful groups – in 2018 the two biggest European agricultural lobbies spent 2.5 million euro to support their activities – often claim that the culprit is satisfying the needs of a growing population. In other words, they attribute unsustainability to people’s consumption and lack of interest in future generations. This is a misbelief ! Studies indicate that global food systems can satisfy our energy needs by 2050 and beyond, with positive effects on health [3] ; the growth of world population is expected to stop in the next few decades ; and, most of all, people care about future generations.

The culprit of unsustainability is not greed. The marketization of growing shares of our lives limits our ability to cooperate to achieve common goals. Additionally, powerful economic groups limit the ability of public institutions to pursue common interests.

The idea that well-functioning markets are the way to better lives is a myth, especially in agriculture. It is emblematic that the pursuit of happier, healthier, and more sustainable lives can start from agriculture, the activity that allowed the development of modern societies and now undermines their survival.

Environmental sustainability and quality of life require re-orienting social and economic activities in favor of people. Here are three suggestions : first, public support to agriculture should target social enterprises exclusively, because they are not profit maximizers. Second, we should reduce food losses and waste from the cradle to the grave. Finally, lobbying on key sectors, such as agriculture, should be forbidden. At stake is our future.

Francesco Sarracino

[1]https://ideas.repec.org/p/zbw/glodps/825.html
[2]https://www.eca.europa.eu/Lists/ECADocuments/SR20_13/SR_Biodiversity_on_farmland_IT.pdf
[3]https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(18)31788-4/fulltext

« De la ferme à la table » : hommage à Louis de Funès !
« De la ferme à la table » : hommage à Louis de Funès !

La stratégie européenne propose certaines mesures qui, dit la Chambre des Métiers, méritent d’être critiquées car elles pourraient à la fois induire en erreur le consommateur et porter fortement préjudice aux PME artisanales.

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En 2020, la Commission européenne a présenté sa stratégie « De la ferme à la table », une des initiatives clés du « pacte vert pour l’Europe ». En 27 actions à réaliser jusqu’à fin 2023, l’UE a pour but de transformer la manière dont les aliments sont produits et consommés en Europe, afin de réduire l’empreinte environnementale des systèmes alimentaires et de renforcer leur résilience face aux crises, tout en veillant à ce que des aliments sains et abordables soient proposés à la population aujourd’hui et disponibles pour les générations futures.

Si les grandes lignes de la stratégie, notamment la lutte contre le changement climatique et la volonté d’améliorer l’accès de la population à une alimentation équilibrée, sont parfaitement recommandables, certaines mesures méritent d’être critiquées, car elles pourraient à la fois induire en erreur le consommateur et porter fortement préjudice aux PME artisanales.

De l’étiquetage bien emballé

La Commission souhaite permettre aux consommateurs de faire des choix alimentaires éclairés et sains, en proposant un étiquetage nutritionnel obligatoire harmonisé sur la face avant des emballages. Actuellement, il existe plusieurs systèmes, dont le « Nutriscore » adopté au Luxembourg, sur base facultative pour les opérateurs alimentaires.

Cependant, en parcourant les rayons des supermarchés, l’absurdité du Nutriscore fait surface. Et l’objectif des grands groupes agroalimentaires se dévoile : profiter au maximum du nouvel outil « institutionnalisé » et augmenter le chiffre d’affaires.
Les fruits et légumes sont généreusement emballés (souvent de plastique) pour pouvoir y apposer le « A » dudit logo et rappeler au consommateur que ces denrées sont bonnes pour sa santé. La population n’est-elle pas assez émancipée pour le voir elle-même ?

Ainsi, tout en stigmatisant l’usage des ressources fossiles et le plastique, on accepte une augmentation d’emballages superflus. Bien que le projet de loi sur les emballages et déchets d’emballages - actuellement en procédure législative - vise à imposer au Luxembourg une interdiction d’un conditionnement en plastique des fruits et légumes pour les quantités inférieures à 1,5 kg, le problème ne sera pas résolu. Les acteurs du marché procéderont à un conditionnement des produits à petite quantité, notamment avec des emballages en carton jetables, et cela pourrait amener les commerçants à proposer plus de choix en lots de 1.5 kg, menant à un risque de surconsommation et de gaspillage alimentaire.

Par ailleurs, les multinationales agroalimentaires modifient leurs recettes et s’adaptent à la lucrative cible « verte » à grand renfort d’additifs créés en laboratoires pour in fine tromper le consommateur. Pour récompense, le système octroie aux limonades « light » ou « zéro » une meilleure classification qu’un jus de pommes bio sans sucre ajouté et les salamis « light » modifiés chimiquement l’emportent sur les charcuteries naturelles sans additif !

Est-ce vraiment le but recherché : diriger le consommateur vers la nourriture industrielle ? Cela me rappelle un classique du cinéma français : « L’aile ou la cuisse » avec Louis de Funès, dans lequel le redoutable critique Charles Duchemin qu’il incarne se bat contre la malbouffe et la nourriture industrielle… Mais ici, personne ne rit !

Profils nutritionnels, diktat industriel

La Commission prévoit aussi la mise en place de profils nutritionnels pour limiter la promotion de denrées alimentaires riches en sel, en sucres et/ou en matières grasses. Ils classifient les produits selon leur composition, sans pour autant considérer la quantité totale consommée. Les denrées sont ainsi calibrées en « bonnes » ou « mauvaises » : de quoi égarer le consommateur en lui faisant croire qu’éviter certains groupes de nourriture pourrait lui être bénéfique. Une alimentation saine et équilibrée dépend pourtant de la bonne combinaison entre quantité et qualité des aliments, fréquence des repas, activité physique…

Cela amènera de nouveau les industriels alimentaires à procéder à des reformulations douteuses de leurs recettes. En même temps, beaucoup d’entreprises artisanales subiront des conséquences négatives en termes de compétitivité, même en fabriquant majoritairement des produits artisanaux (fromage, viande, boulangerie) qui contiennent naturellement les nutritifs visés (sels, matières grasses, sucres).

Donc, étiquetage et profils nutritionnels obligatoires ou non, les entreprises artisanales qui souhaitent proposer leurs produits dans les grandes surfaces à côté des grandes marques de l’agroalimentaire devront suivre le diktat industriel et adopter tous les systèmes qui leur seront imposés… sans pour autant offrir une valeur ajoutée au consommateur.

Pistes alternatives

Il serait temps de revenir vers le bon sens et le Luxembourg ne devrait pas avoir de peur de s’opposer à des propositions réglementaires insensées.
Pour nous, il serait préférable d’approcher la problématique différemment. Afin de promouvoir une alimentation équilibrée auprès de la population, les démarches d’information et d’éducation devraient être intensifiées, notamment avec des programmes spécifiques dans les écoles, voire des séances pratiques au sein des établissements alimentaires en y incluant toute la filière de l’alimentation (production primaire et transformation).

Une vraie alternative pourrait être la mise en place de l’agrément étatique (proposition de loi en procédure) pour les labels dans le secteur de l’alimentation en mettant l’accent sur des systèmes durables et régionaux, mais sous condition d’adopter la logique « filière », c’est-à-dire de faire participer toute la chaîne de valeur au système de certification, du paysan jusqu’au transformateur artisanal.

Ainsi, le consommateur pourrait être fidélisé aux produits locaux de qualité et il serait permis à la filière agro-alimentaire locale de se distinguer des produits industriels des grands groupes multinationaux.

Gilles Reding, Directeur des Affaires environnementales, technologies et innovation - Chambre des Métiers

Gaspillage alimentaire : conséquence d'une logistique défaillante et complexe
Gaspillage alimentaire : conséquence d’une logistique défaillante et complexe

Depuis plusieurs années déjà, l’importance d’une consommation locale auprès de nos producteurs se fait sentir. La pandémie a non seulement exacerbé cette tendance mais a aussi augmenté le questionnement sur la logistique du système agricole et le gaspillage alimentaire qu’il engendre.

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Malgré cette volonté d’agir localement, le pouvoir du marché met de nombreux agriculteurs face à des surplus, pertes et invendus. Dépendants de la loi de l’offre et de la demande, de systèmes de gouvernances ou encore d’ordres systémiques établis, des surplus sont laissés dans les champs. Ces denrées constituent une forme de gaspillage alimentaire en amont de la chaîne de production, qui soustrait de fait les consommateurs à toutes sortes de produits parfaitement comestibles.

Difficultés d’approvisionnements, dépendance d’un marché globalisé, … la crise sanitaire n’a rien créé. Elle n’a fait que mettre en lumière une situation déjà existante à une échelle beaucoup plus impactante, aussi bien pour le producteur que pour le distributeur, le transformateur ou le consommateur. Cette nouvelle prise de conscience de la dépendance du commerce international a ouvert une brèche remettant en question la logistique agricole construite au fil des siècles. En effet, pourquoi de telles quantités ne peuvent-elles pas être mise à disposition du consommateur se situant à quelques kilomètres de là ? « Consommer local » devrait pouvoir inclure non seulement les produits de nos producteurs mais également les surplus et invendus qu’une crise ou qu’une loi économique peut provoquer.

Éviter des situations de gaspillage alimentaire inutiles

En défendant des chaînes d’approvisionnements et de consommations locales, Dr. Rachel Reckinger — Anthropologist and Sociologist, Research Scientist on Sustainable Food Practices Faculty of Humanities, Education and Social Sciences, à l’Université du Luxembourg — explique que la volonté n’est pas de tomber dans le nationalisme et d’éviter tout contact avec le monde extérieur, mais simplement d’éviter des situations de gaspillage alimentaire inutiles. Selon elle, l’une des solutions optimales réside dans la promotion du commerce interrégional. C’est d’ailleurs dans cette optique qu’a débuté, en septembre 2020, et ce pour une durée de deux ans, le projet Interreg « FRUGAL (Favoriser la Réduction du Gaspillage Alimentaire au moyen de la consommation Locale) ».

Destiné aux quatre versants de la Grande Région, le projet FRUGAL (https://imslux.lu/fra/nos-activites...) réunit autour de la table plusieurs partenaires issus de la production, de la transformation et de la distribution, et vise à la création d’une plateforme d’échanges des surplus et invendus. Cette forme d’économie circulaire permettra aux acteurs du réseau de déposer ou récupérer des produits pour les valoriser au lieu de les jeter.

En promouvant les échanges interrégionaux et en connectant les acteurs de la chaîne d’approvisionnement et de revalorisation, ce projet facilitera le quotidien des producteurs, transformateurs et distributeurs face à leur problématique de surplus. Il s’agit là d’une opportunité d’agir localement sur un territoire adapté et de repenser nos systèmes de consommation au travers desquels nous construisons des futurs désirables.

IMS Luxembourg, partenaire d’Infogreen

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