Le dossier du mois

Une thématique dans chaque #DossierDuMois, avec la rédaction d’Infogreen et l’expertise de nos partenaires

Publié le 30 mars 2023
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mars 2023

Circul’ère

Selon l’ONU, « on estime que l’humanité produit chaque année 2,24 milliards de tonnes de déchets urbains solides, dont seulement 55 % sont gérés dans des installations contrôlées. »

Circul'ère
Une histoire sans fin
Une histoire sans fin

On ne compte plus le nombre de fois où la fin du monde a été annoncée. Une bonne excuse, peut-être, pour tous les excès causés de mains humaines. Mais on est toujours là…

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On est toujours là et le monde tourne mal. C’est malheureusement toujours un peu le point de départ de nos dossiers thématiques. Ce constat qu’on ne va pas vraiment dans la bonne direction, mais, quand même, avec l’espoir que les mécanismes du changement désengrènent des blocages sacrément persistants.

Le monde tourne mal, et beaucoup l’ignorent et poursuivent leurs actions ravageuses au nom du sacro-saint profit et de la productivité. Comme s’il n’y avait aucune alternative viable dans le viseur. Comme si évolution temporelle signifiait automatiquement évolution positive. L’Histoire a enseigné quelques leçons mais la société ne retient finalement que celles qui l’arrangent et reporte à plus tard tout ce qui la dérange.

Mais il y a aussi ceux que ces comportements ravageurs démangent. Ou ceux qui ne peuvent plus fermer les yeux face aux réalités sociales, économiques, climatiques (scientifiquement prouvées)… Des abus qu’on ne pourra plus rattraper mais qui pourraient toutefois cesser. Venons-en aux solutions, puisqu’on vous dit qu’elles existent !

« Économie circulaire » : une expression dans l’air du temps ? Plutôt un modèle, que chacun décline à sa façon, selon sa vision, avec ses raisons. Les définitions se précisent, mais les interprétations restent différentes, presque personnalisées. Peu importe, finalement, si les retombées positives sont là. Il faudra sans doute encore quelques années avant de dresser les premiers bilans d’un modèle économique qui est encore en train d’être modélisé, ponctuellement appliqué, souvent testé. Parfois tout à fait acquis, de façon étonnamment simple – il nous arrive à tous de chercher longtemps des solutions qui ont toujours existé.

À l’heure de boucler ce dossier, on s’en veut un peu, à la rédaction, de ne pas avoir vanté les mérites de tous nos partenaires « qui font de l’économie circulaire ». On a bien tenté de les prendre un à un, mais le réseau s’agrandit. Et, entre ceux qui l’ont toujours fait sans qu’on y pose l’étiquette, et ceux qui arrivent avec la ferme intention d’être circulaires, il y en a finalement beaucoup ! En dehors de nos partenaires aussi, évidemment, et heureusement.

Il faudra donc ajouter des points de suspension à l’issue de votre lecture, régulièrement consulter notre rubrique « économie circulaire » (prochainement « circularité », on vous en dit plus bientôt…) et ne certainement pas penser que la boucle est bouclée. En matière de circularité, nous sommes loin d’avoir fait le tour. On vous propose en tout cas de rejoindre immédiatement la « Circul’ère » !

Bonne lecture
Retrouvez dès aujourd’hui notre dossier du mois « Circul’ère » en ligne ici

Marie-Astrid Heyde

Économie circu-quoi ?
Économie circu-quoi ?

Quitte à dédier tout un dossier à une thématique, autant s’assurer, dès le départ, qu’on s’intéresse tous au même sujet. Alors l’économie circulaire, de quoi s’agit-il ?

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Certains diront peut-être que l’économie circulaire, c’est une économie qui refuse d’aller de l’avant. Pour d’autres (ceux qu’on va soutenir ici), c’est plutôt la seule qui nous permettra d’avancer. Mais avancer, quand on tourne en rond, cela semble compliqué…

En effet, l’économie circulaire s’oppose par définition à l’économie linéaire, principal modèle présent dans nos sociétés développées. Une ligne implique un début, un tracé et une fin, qu’on peut assimiler à la production d’un bien, son utilisation et sa mise au rebut. Mais finalement, une fois mis à la poubelle, il ne reste rien (à part des déchets), et on n’est pas plus avancé. Dans un modèle économique circulaire, on refuse de donner une fin de vie à un produit. Dès sa conception, on lui attribue des propriétés qui le rendront éternel (dans les cas idéaux) ou en tout cas aussi durable que possible. On épargne ainsi des ressources (matérielles, énergétiques, économiques, etc.) qui se raréfient et on diminue considérablement notre production de déchets. Et la planète, elle est plutôt d’accord avec tout ça.

Puisqu’il faut toutefois se débrouiller avec ce qu’on a produit ces dernières décennies - tout en apprenant à faire mieux -, des solutions sont développées pour réduire autant que possible la quantité de déchets qui résulte d’un produit en fin de vie. Pour cela, on va envisager de le réparer, de lui attribuer une nouvelle fonction, de lui donner un nouveau propriétaire, ou, en dernier lieu, de l’envoyer dans les filières de recyclage qui permettront à certaines matières de reprendre leur fonction première et, ainsi, donner vie à de nouveaux produits.

Ci-dessous, une vidéo explicative réalisée par le Parlement européen (disponible avec les sous-titres en français en cliquant ici), qui a l’ambition d’augmenter l’efficacité des ressources de 30% d’ici 2030.

Stratégie pour une économie circulaire Luxembourg

L’Europe s’y intéresse donc de près, mais également le Luxembourg, qui a établi sa propre stratégie en 2021. On y trouve de nombreuses explications sur l’économie circulaire vue par le pays.

L’économie circulaire constitue une approche holistique qui traite les impacts à chaque étape du cycle de vie d’un produit (conception, production, utilisation,...). Elle cherche à préserver, voire à accroître la valeur des produits ou matériaux, et à favoriser leur réintégration au sein de cycles continus, supprimant ainsi la notion de déchet.

Trois principes sous-tendent cette approche holistique :

Faire beaucoup de bien au lieu de faire moins de dégâts

« L’économie circulaire cherche à créer des impacts positifs et à développer un modèle économique et social régénérateur, à améliorer l’environnement par l’action humaine. »

Créer de la valeur et la conserver au plus haut niveau

« Les produits et les modèles commerciaux sont conçus pour avoir des phases d’utilisation beaucoup plus longues et efficaces, et impliquent souvent des schémas de partage, par exemple. Après le cycle de première utilisation, leur valeur est restaurée par le réemploi, la réparation, le reconditionnement, la remise à neuf et le recyclage. La destruction de valeur est ainsi ralentie et la valeur, idéalement, n’atteint jamais zéro. »

Fermer les cycles des nutriments

« Pour entrer dans le cycle biologique, les matériaux doivent être non toxiques et biodégradables. Ils peuvent ainsi devenir des nutriments pour les organismes biologiques par lesquels ils seront consommés, générant des produits naturels qui peuvent être réutilisés comme matériaux renouvelables dans les cycles économiques.

Le cycle technologique consiste à renvoyer les matériaux et composants aux fabricants, afin qu’ils puissent être utilisés pour l’élaboration de nouveaux produits. »

Le site web interministériel Letsgocircular permet de prendre connaissance du contexte dans lequel a été établie cette stratégie, de la télécharger pour la lire à son aise, de s’abonner à une newsletter mensuelle regroupant les principales actualités circulaires du Luxembourg, mais également les bonnes pratiques internationales.

Depuis 2022, en partenariat avec Infogreen.lu, Letsgocircular est également très présente sur Linkedin, avec un compte qui sera probablement un très bon point de départ pour qui souhaite rester informé sur l’économie circulaire. On y trouvera, par exemple, certains projets clés en la matière, tels que la création du Product Circularity Data Sheet, la Journée nationale de l’économie circulaire, des projets pilotes de construction, mais aussi de nombreuses initiatives privées qui s’imposent sur le territoire luxembourgeois.

Les 5 R

Bien qu’ils soient plutôt liés à la démarche zéro déchet, les 5 R sont souvent utilisés pour expliquer l’économie circulaire. Les deux modèles rejetant la notion de déchet, ils ont après tout la même finalité. Même si ces 5 solutions sont envisageables, le recyclage est celle à laquelle il faut idéalement faire le moins recours, car elle requiert un usage énergétique parfois intense et génère une certaine quantité de déchets. Priorité donc aux démarches qui ne produisent tout simplement aucun déchet : refuser ce dont on n’a pas besoin, réduire la demande à ce qui est nécessaire, réutiliser au lieu de choisir du neuf et rendre à la terre, c’est-à-dire composter les matières organiques.

Petit glossaire

Pour vous équiper au mieux avant de découvrir ce dossier, voici quelques notions et leur définition. D’autres termes alambiqués pourraient surgir dans les articles, mais ils seront alors définis dans leur contexte.

  • Tri sélectif : action de séparer les déchets selon leur nature, pour les collecter et leur donner une seconde vie, soit via le réemploi, soit via le recyclage.
  • Recyclage : action de récupérer des déchets et de les réintroduire, après traitement, dans le cycle de production (Le Robert).
  • Upcycling : signifie littéralement « recycler par le haut », donc réaliser des produits de meilleure qualité sur base de déchets.
  • Valorisation : valoriser un déchet signifie qu’on le transforme en matière première. Elle est opposée à l’élimination.

Marie-Astrid Heyde

Les 5 nouveaux « R » de l'économie circulaire
Les 5 nouveaux « R » de l’économie circulaire

Jeannot Schroeder (+ImpaKT) propose de redéfinir les concepts du zéro déchet / de l’économie circulaire afin d’encourager une réflexion sur les motivations à produire de manière circulaire.

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Aujourd’hui, l’avenir de l’économie circulaire semble radieux, car de plus en plus d’entreprises et de gouvernements du monde entier adhèrent à cette approche. Du plan d’action de l’Union européenne en faveur de l’économie circulaire à l’émergence de start-up et d’entreprises circulaires, l’élan vers un avenir plus durable et circulaire ne cesse de croître. Tout le monde parle des différents « R » (Refuse, Reduce, Re-use, Repurpose, Recycle, etc.) L’économie circulaire a le potentiel de transformer des industries entières, de la mode et de l’alimentation à l’énergie et au transport.

Toutefois, la réalisation du plein potentiel de l’économie circulaire nécessitera la collaboration et la coopération de tous les secteurs de la société, des gouvernements et des entreprises aux consommateurs et aux communautés. Il faudra également s’engager à innover et à expérimenter en explorant de nouvelles technologies, de nouveaux modèles d’entreprise et de nouvelles approches qui peuvent nous aider à créer une économie plus durable et circulaire.

Bien que l’économie circulaire représente en théorie une vision passionnante de l’avenir, nous constatons que la plupart des mesures actuelles ne sont pas transformatrices, mais qu’elles ne sont que le reflet de l’état d’esprit traditionnel axé sur l’efficacité, la linéarité et le court terme ! L’augmentation des taux de recyclage et la location de produits mal conçus ne sont que des exemples de l’état d’esprit linéaire qui perdure. Nous devons réaliser que si nous voulons parvenir à une véritable économie circulaire, nous devons aller au-delà des outils et solutions actuels proposés par l’économie circulaire.

Nous devons réinventer les « R », car nous devons tous réfléchir aux raisons pour lesquelles nous devrions le faire, en tant que personne, et ne pas nous contenter de penser aux outils. Un marteau est un outil qui peut être utilisé pour construire un bâtiment, mais il peut aussi être utilisé pour blesser une personne, cela dépend uniquement de l’intention de l’utilisateur, pas du marteau !

Reconnecter

Dans le monde d’aujourd’hui, où tout va très vite et où la technologie est omniprésente, il est facile de se déconnecter de la nature. Mais se reconnecter avec elle peut être un processus puissant et transformateur. En passant plus de temps à l’extérieur et en redécouvrant notre lien avec le monde naturel, nous pouvons ressentir de nombreux bienfaits sur le plan de la santé physique et mentale, réduire le stress et accroître notre bien-être et notre joie de vivre.

Mais il ne s’agit pas seulement de nous. Se reconnecter à la nature peut également nous inciter à adopter des comportements plus durables et plus respectueux de l’environnement et à prendre conscience de notre impact sur la planète. En fin de compte, cela peut nous permettre de donner plus de sens à notre vie en nous efforçant de vivre en harmonie avec la nature et de créer un monde plus durable et plus équitable.

Faisons donc le premier pas en passant du temps dans des environnements naturels tels que les parcs, les forêts et les plages ou en nous engageant dans des activités qui promeuvent la durabilité et la conservation. Redécouvrons notre place en tant qu’élément d’un écosystème plus vaste et reconnaissons l’importance de notre relation avec le monde naturel. Ensemble, nous pouvons avoir un impact positif sur notre planète et créer un avenir meilleur pour les générations à venir.

Respecter

Le respect est un aspect fondamental de l’interaction humaine et est essentiel au maintien de relations saines et positives. À la base, le respect implique de traiter les autres avec dignité et de reconnaître leur valeur inhérente en tant qu’êtres humains. Mais il ne s’agit pas seulement de la manière dont nous traitons les gens, il s’agit aussi de la manière dont nous traitons la nature.

Alors que nous continuons à subir les conséquences du changement climatique rapide provoqué par l’homme, nous commençons à voir et à ressentir les changements qui résultent d’un manque de respect pour l’environnement. Il est temps de changer d’état d’esprit et de commencer à traiter la nature avec le même niveau de respect que celui que nous accorderions à toute autre personne.

Le respect peut se manifester de multiples façons, qu’il s’agisse de simples actes de gentillesse et de considération ou de comportements plus complexes tels que l’écoute active et la compréhension. Il implique également de traiter les autres avec honnêteté et intégrité. Cela signifie que nous devons être honnêtes dans nos interactions et honorer nos engagements, même lorsque c’est difficile ou gênant.

Lorsque nous faisons preuve de respect de cette manière, nous établissons la confiance et la crédibilité avec les autres, ce qui peut constituer la base de relations saines et d’interactions positives. Lorsque nous témoignons le même respect à la nature, nous commençons à reconnaître sa valeur inhérente et à apprécier le rôle qu’elle joue dans notre vie.

Commençons donc à traiter la nature avec le respect qu’elle mérite. Efforçons-nous de réduire notre impact sur l’environnement, d’adopter des habitudes durables et de soutenir les initiatives qui protègent notre planète. Ce faisant, non seulement nous créerons un monde plus sain et plus durable, mais nous donnerons également l’exemple à suivre. Construisons une culture du respect - une culture qui s’étend à la fois aux personnes et à la planète.

Reconsidérer

Nos croyances sont des moteurs puissants de nos pensées et de nos actions, qui façonnent nos perceptions du monde et influencent nos prises de décision. Cependant, toutes nos croyances ne sont pas nécessairement exactes ou bénéfiques. Elles sont parfois fondées sur des préjugés, des hypothèses ou des idées préconçues qui peuvent limiter notre compréhension d’une situation ou nous empêcher de voir les choses sous d’autres angles.

Le réexamen de nos croyances peut s’avérer difficile, mais nécessaire au développement personnel et sociétal. Elle nous oblige à prendre du recul, à remettre en question nos hypothèses et nos préjugés et à nous ouvrir à de nouvelles idées et perspectives. Il peut s’agir d’un ajustement mineur de notre façon de penser ou d’un changement significatif de notre vision du monde.

Lorsque nous prenons le temps de reconsidérer nos croyances, nous développons un plus grand sens de l’empathie et de la compassion envers les autres. Nous avons tendance à nous engager dans un dialogue constructif et à rechercher un terrain d’entente plutôt que de nous accrocher à des positions figées.

Le réexamen peut être particulièrement bénéfique pour les questions sociétales telles que l’éthique des affaires ou les politiques environnementales. En remettant en question des hypothèses et des croyances de longue date, nous pouvons identifier les domaines à améliorer et travailler à la création de systèmes plus équitables et plus durables. En envisageant de nouvelles perspectives et approches, nous pouvons élaborer des solutions plus inclusives et plus efficaces à des problèmes complexes.

Au niveau personnel, le fait de reconsidérer nos croyances peut nous aider à prendre de meilleures décisions et à mener une vie plus épanouissante. Par exemple, le fait de reconsidérer un parcours professionnel peut nous amener à découvrir de nouvelles passions et de nouveaux intérêts, ou nous aider à reconnaître les limites de notre situation actuelle et à prendre des mesures en vue d’une carrière plus épanouissante.

En résumé, la remise en question de nos croyances est un processus nécessaire et bénéfique pour le développement personnel et sociétal. Il nous permet d’aborder les situations avec un esprit ouvert, de remettre en question nos préjugés et nos hypothèses, et de nous engager avec plus d’empathie et de compassion avec les autres. En adoptant le processus de réexamen, nous pouvons œuvrer à la création d’un monde meilleur et plus inclusif pour nous-mêmes et pour les autres.

Réévaluer

La réévaluation peut également avoir un impact significatif sur l’environnement et le monde qui nous entoure. En réévaluant nos actions et leur impact sur la planète, nous pouvons commencer à faire des choix plus durables qui réduisent notre empreinte carbone et protègent les ressources naturelles pour les générations futures. Par exemple, la réévaluation de nos habitudes de consommation et la réduction des déchets auront un impact positif sur l’environnement. De même, réévaluer nos choix en matière de transport et opter pour les transports publics, le covoiturage ou le vélo permet de réduire la pollution atmosphérique et les émissions de gaz à effet de serre.

La réévaluation peut également avoir un impact positif sur l’économie. Elle encourage les individus et les entreprises à innover et à adopter des pratiques plus durables, ce qui permet de réaliser des économies et d’accroître la rentabilité. À long terme, ces pratiques peuvent contribuer à créer une économie plus résiliente et plus durable qui profite à tous.

Dans l’ensemble, la réévaluation est un processus essentiel qui nous aide à grandir et à évoluer en tant qu’individus et à créer un monde meilleur pour nous-mêmes et les générations futures. En réfléchissant à nos actions et à leur impact, nous pouvons prendre des décisions plus éclairées et créer un monde plus durable, plus équitable et plus prospère pour tous.

Recréer

Recréer et transformer nos systèmes actuels nécessitera des efforts considérables et la collaboration d’individus et d’organisations de tous les secteurs de la société. Il s’agit d’une tâche ardue mais nécessaire si nous voulons nous attaquer aux nombreux problèmes urgents auxquels notre planète est confrontée, tels que le changement climatique, les inégalités sociales et l’instabilité économique.

Il ne suffira pas d’être « moins mauvais » ou de modifier légèrement le système actuel. Nous devons le recréer et transformer ou reconstruire fondamentalement les structures et les institutions qui composent notre société.

Pour ce faire, nous devons remettre en question les hypothèses et le statu quo. Nous devons regarder au-delà des gains à court terme et prendre en compte les effets à long terme de nos actions. Nous devons impliquer des voix et des perspectives diverses dans le processus afin de garantir la création de systèmes véritablement équitables et justes.

Pour recréer le système, nous devrons penser au-delà des frontières traditionnelles et des silos. Il faudra collaborer entre les secteurs et les industries, ainsi qu’au-delà des frontières et des cultures. Nous devons établir des partenariats et des alliances avec d’autres personnes qui partagent notre vision d’un avenir plus durable et plus juste.

En fin de compte, recréer le système, c’est créer un monde qui fonctionne pour tout le monde, et pas seulement pour quelques privilégiés. Il s’agit de créer des systèmes résilients et adaptables, capables de relever les défis d’un monde en mutation rapide. Il s’agit de créer un monde durable et régénérateur, où nous pouvons restaurer les systèmes naturels que nous avons endommagés et créer un monde véritablement prospère pour tous.

Article de Jeannot Schroeder, +ImpaKT
Photo : Marie Champlon

Une approche holistique pour lutter contre le changement climatique
Une approche holistique pour lutter contre le changement climatique

Le changement climatique est l’un des plus grands défis de notre époque, et il est crucial de trouver des solutions efficaces pour réduire son impact afin de garantir un avenir durable. Découverte de la Right Tech avec Romain Poulles, administrateur délégué de PROgroup.

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Certains défendent l’idée que l’innovation et donc la haute technologie résoudront tous nos problèmes. D’autres pensent que la formule gagnante est la low tech et la décroissance.

Si les solutions de haute technologie, telles que les sources d’énergie renouvelables et les bâtiments à haut rendement énergétique, sont importantes, il est également important d’envisager des approches de basse technologie et culturellement appropriées qui peuvent avoir un impact élevé. C’est là qu’intervient le concept de technologie appropriée.

Qu’est-ce que la right tech ?

La technologie appropriée fait référence à l’utilisation de technologies et de pratiques qui sont compatibles, efficaces et durables dans un contexte spécifique. Elle prend en compte des facteurs tels que les ressources locales, les valeurs culturelles, les réalités économiques et les conditions environnementales. Les solutions right tech sont choisies en fonction de leur capacité à produire les résultats souhaités tout en minimisant les impacts négatifs sur l’environnement et les communautés locales.

Pourquoi la technologie appropriée est-elle importante pour lutter contre le changement climatique ?

Les solutions de haute technologie, bien que souvent efficaces, peuvent être coûteuses et culturellement inappropriées, en particulier dans les pays en développement. D’autre part, les solutions low-tech peuvent être simples et peu coûteuses, mais ne peuvent pas toujours avoir le même impact que les solutions high-tech. Right Tech est une approche équilibrée qui vise à trouver la technologie et les pratiques les plus efficaces et les plus durables pour un contexte donné, en tenant compte des facteurs environnementaux et sociaux.

Exemples de technologie appropriée en action

L’utilisation de sources d’énergie renouvelables dans les communautés rurales des pays en développement est un exemple de la technologie appropriée en action. Dans ces communautés, des solutions peu coûteuses et de faible technicité, telles que les panneaux solaires ou les petites éoliennes, peuvent fournir une source d’énergie propre culturellement appropriée et économiquement réalisable. Un autre exemple est l’utilisation d’espaces verts dans les zones urbaines pour atténuer l’effet d’îlot de chaleur urbain et améliorer la qualité de l’air. Cela implique une combinaison de la conception de bâtiments de haute technologie et de technologies à haut rendement énergétique avec des approches de basse technologie comme les transports publics et les espaces verts.

Conclusion

La lutte contre le changement climatique nécessitera une approche globale et holistique, intégrant à la fois des solutions high-tech, low-tech et right tech. Les technologies appropriées permettent d’obtenir un impact important tout en tenant compte des contextes et des ressources locales. En tenant compte des besoins et des ressources uniques de chaque communauté, nous pouvons créer des solutions efficaces et durables qui auront un impact durable sur la réduction de l’impact du changement climatique.

Romain Poulles, administrateur délégué de PROgroup

Équipées pour la durabilité
Équipées pour la durabilité

Si la volonté ne suffit pas, c’est déjà un bon point de départ. Pour les aspects pratiques, Luxinnovation accompagne les entreprises dans leur transition durable, voire circulaire. Interview d’Emmanuelle Kipper, Senior Advisor - SME Performance chez Luxinnovation et plus précisément pour le programme Fit 4 Sustainability.

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Fit 4 Sustainability, qu’est-ce que c’est ?

« Fit 4 Sustainability correspond à une des actions mises en œuvre par Luxinnovation dans le cadre d’un de nos trois piliers stratégiques. Dans nos missions, nous avons en effet l’innovation au sens large, la digitalisation au service de la compétitivité et du développement durable, et le soutien au développement durable, à destination des entreprises.

Par le passé, d’autres programmes Fit 4 ont été développés, toujours pour répondre aux besoins identifiés dans les entreprises. Dans le programme Fit 4 Sustainability, le concept général, c’est être conscients des problématiques environnementales, et aider les entreprises à s’en préoccuper, même si les compétences en interne sont manquantes ou qu’elles ne savent pas où commencer ni quelles sont encore leurs priorités dans ce domaine. On vise ici uniquement le volet environnemental du développement durable.

Pour aider l’entreprise à, d’abord, identifier le volume de son impact sur l’environnement, et ensuite les actions à mettre en place, on va faire appel à un consultant spécialisé. Ce consultant, préalablement accrédité par Luxinnovation, va réaliser un diagnostic et une feuille de route. Ce travail sera co-financé par le ministère de l’Économie. »

En tant que GIE public, notre accompagnement est entièrement gratuit

Quelles entreprises peuvent profiter de ce co-financement et à quelle hauteur ?

« Le programme s’adresse aux entreprises de tous les secteurs et de toutes les tailles, sans exclusion, donc aussi bien un artisan qu’une blanchisserie, un boucher qu’un supermarché, ou encore une entreprise manufacturière… Elles ont toutes les mêmes problématiques, même si c’est à des échelles différentes.

Le financement se fait sur base légale, qui est la loi concernant les aides à la protection de l’environnement. Le montant du financement va dépendre de la taille de l’entreprise, elle-même mesurée à partir d’une réglementation européenne. Les petites entreprises vont bénéficier d’une aide plus conséquente que les grandes entreprises, mais dans tous les cas l’aide sera de minimum 50%.

Le montant des honoraires du consultant sera co-financé comme suit :

  • 70% pour une petite entreprise
  • 60% pour une moyenne entreprise
  • 50% pour une grande entreprise »

Quelle est, plus en détails, la finalité du programme ?

« Notre but est d’aider les entreprises à connaitre leur impact sur l’environnement en vue d’utiliser moins de ressources : moins d’énergie, moins de matière première et moins d’eau. À cette fin, nous avons défini plusieurs sous-thématiques. L’entrepreneur va pouvoir en choisir une ou plusieurs, en fonction de ses activités, de ses besoins, de ses préoccupations. Il peut également participer aux plusieurs volets du programme à différents moments. Les sous-thématiques sont les suivantes :

  • Décarbonation / Énergie : le consultant aide l’entreprise à déterminer comment elle pourrait réduire ses émissions de gaz à effet de serre ou sa consommation énergétique, par exemple en trouvant des moyens de mieux isoler sa chaine de production, d’éviter les déperditions de chaleur, etc. dans le but de réduire les factures énergétiques.
  • Eau : ce volet du programme pourrait par exemple aider à analyser comment réduire la consommation d’eau d’une blanchisserie, ou réduire la pollution de l’eau d’une industrie manufacturière.
  • Circularité : l’objectif est ici de faire une analyse du cycle de vie du produit afin de l’optimiser.

Pour cette thématique circulaire, on va analyser le travail réalisé en amont de la conception : quels matériaux sont utilisés ? Existe-t-il des alternatives biosourcées ? Pourrais-je raccourcir ma chaîne d’approvisionnement pour travailler en circuits plus courts ? Est-ce que je peux trouver des matériaux recyclés, ou utiliser simplement moins de matériaux ? On rentre dans l’éco-conception, la façon dont le produit est conçu pour avoir le moins d’impact possible sur l’environnement.

En aval, on va travailler sur la partie déchets. Si la conception d’un produit est optimisée, l’entreprise en aura normalement déjà moins. Pour le reste, le consultant analyse comment les déchets peuvent être réexploités, comment la vie du produit peut être allongée ou comment le rendre recyclable ou réutilisable. Et on parcourt ainsi tout le cycle de vie du produit. »

Sur la thématique de la circularité, qui sont les consultants accrédités ?

« Nous avons au total 25 bureaux d’études de tailles diverses, de 1 ou 2 employé(s) à plusieurs centaines. La liste complète peut être consultée sur le site de Luxinnovation. Certains vont pouvoir intervenir sur toutes les thématiques, tandis que d’autres vont être spécialisés sur l’une ou l’autre en particulier. »

Que contient le rapport du consultant, et que faire ensuite ?

« Le consultant réalise le diagnostic ainsi qu’une feuille de route avec un plan d’actions reprenant des bonnes pratiques, les échéances, les investissements. Le consultant doit aussi chiffrer ces investissements pour que le demandeur ait une idée de ce qu’il doit intégrer dans ses prochains budgets. Toute cette partie doit se faire endéans 6 mois.

Une fois le diagnostic et la feuille de route restitués, il est tout à fait possible, et c’est même l’objectif, de trouver de nouvelles pistes de financement, notamment au travers de la loi qui englobe toutes ces aides de protection de l’environnement et tout ce qui est en faveur de l’efficacité énergétique. Il va donc y avoir la possibilité de trouver du support financier pour la mise en œuvre des recommandations.

Chez Luxinnovation, nous incitons fortement l’entreprise à venir partager avec nous les détails du rapport du consultant pour que nous puissions l’aider à identifier les différentes pistes de financement. Il est d’ailleurs primordial de nous solliciter avant de lancer toute démarche, car le principe général des aides publiques étant l’effet incitatif, si un projet est signé, il ne sera plus possible d’obtenir un support financier. Il ne faut donc pas hésiter à prendre contact avec nous, d’autant plus qu’en tant que GIE public, notre accompagnement est entièrement gratuit. »

Le programme Fit 4 Sustainability est opérationnel depuis septembre 2022 pour une durée indéterminée. Les entreprises peuvent postuler au programme à tout moment directement en contactant les équipes de Luxinnovation. Plus d’infos sur luxinnovation.lu.

Propos recueillis par Marie-Astrid Heyde
Photo : Luxinnovation

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Les racines qui donnent des ailes
Les racines qui donnent des ailes

Aller de l’avant se fait parfois par un retour en arrière. Ramborn a fait le choix d’employer des méthodes traditionnelles pour la production de ses cidres et jus, tout en se rendant compte que chaque étape de ses activités reprenait des principes de circularité. Témoignage de Carlo Hein, fondateur.

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« Chez Ramborn, nous avons commencé à faire de l’économie circulaire avant de devenir une entreprise certifiée B-Corp, pour veiller à ce que les ressources disponibles soient utilisées le mieux possible. Cette démarche, qui est continuellement en cours d’amélioration, a commencé dans les vergers, et s’est rapidement étendue à la production et à la vente de nos produits. Nous avons regardé ce dont nous avions besoin et nous nous sommes demandé quels déchets allaient en résulter. À première vue, il y a beaucoup de choses qui nous échappent, et qu’on découvre au fur et à mesure que l’on se penche sur l’ensemble des processus.

Les vergers

Les vergers, tels qu’ils sont exploités industriellement de nos jours, sont des rangées de pommiers et de poiriers dans lesquelles circulent des tracteurs afin d’y déposer des engrais, de traiter le terrain avec des pesticides, de les arroser, etc. De la même manière, ces arbres ont été modifiés pour que les fruits soient facilement accessibles, voire récoltables via des machines. Les éco-vergers composés d’arbres fruitiers dit à « haute-tige », qui procurent les fruits de variétés traditionnelles luxembourgeoises avec lesquels sont fabriqués les cidres et jus Ramborn, n’ont pas besoin d’engrais, de pesticide, ni d’irrigation. Des vaches cohabitent d’ailleurs avec les arbres fruitiers. Nous ne devons rien y ajouter, c’est la nature qui nous donne tout. C’est une très belle image, à nos yeux.

À une époque où tout est pensé à court terme, nous choisissons d’aller à contre-courant en pensant à long terme.

La seule question qui s’est posée concernant nos vergers, c’est ce que nous allions en faire, comment en assurer la durabilité. Nous pouvions soit utiliser tout ce qui était à notre disposition, sans penser aux générations suivantes, ou alors continuer à planter de nouveaux fruitiers – un pommier a besoin de 30 ans pour devenir adulte - pour les besoins de ceux qui nous succèderont. À une époque où tout est pensé à court terme, nous choisissons d’aller à contre-courant en pensant à long terme. Il y a déjà presque toute une génération qui n’avait plus planté d’arbres fruitiers dans nos régions, mais nous reprenons cette tâche pour préserver et même développer la biodiversité de ces vergers. Si nous pouvons jouir de ce que les autres ont planté avant nous, alors nous devons aussi permettre aux générations suivantes de récolter les fruits de nos plantations. C’est aussi cela, l’économie circulaire.

La production

Ici non plus, nous n’avons rien inventé. Nous utilisons simplement les méthodes traditionnelles, qui fonctionnent depuis toujours. Le pressage des pommes, poires et coings pour en tirer leurs jus, la matière première de tous nos produits, se fait uniquement au moment de leur récolte. Nous pourrions produire davantage en important des fruits, mais nous faisons le choix de respecter le cycle des saisons. Ces méthodes traditionnelles, voire ancestrales, ont malheureusement été oubliées dans une société où tout doit aller vite. Or, il nous tient à cœur de perpétuer ces traditions en les transmettant aux générations suivantes pour que ce savoir-faire perdure, et ce, de manière circulaire.

Le pressage et la fermentation

Lorsque les fruits sont pressés, nous obtenons un résidu : le moût. Au départ, nous le donnions à une station de biogaz et cela permettait déjà de le récupérer, de le transformer et de le réemployer. Puis, en discutant avec certains de nos fermiers partenaires, qui étaient en train de faire certifier « bio » leurs diverses cultures, nous avons réalisé qu’ils avaient besoin d’enrichir leurs engrais naturels en acidité. Cette acidité se trouve naturellement dans le moût des pommes, que nous leur donnons maintenant. Nous pouvons donc être satisfaits de rendre à la terre une partie des fruits qu’elle nous procure.

Une fois le jus extrait, nous le laissons se clarifier de lui-même. Ici encore, un moût se dépose dans les cuves. Nous le fermentons à part pour en faire une eau de vie très naturelle, peu énergivore et de très bonne qualité. Une nouvelle fois, nous utilisons entièrement ce qui est disponible.

Mise en bouteille

L’embouteillage des jus et cidres se fait à l’aide d’une machine plutôt grande et assez coûteuse, que nous n’utilisons que de manière ponctuelle. C’est pourquoi, au lieu d’acheter cet outil qui ne servirait qu’une petite partie de l’année, nous avons choisi de travailler en partenariat avec Vinsmoselle. Nous utilisons d’ailleurs également leurs fûts consignés pour les produits concernés. Le fait d’emprunter ce matériel et de mutualiser leurs équipements est aussi une démarche circulaire et cela donne un complément de travail bienvenu à leurs ressources humaines.

Pour les bouteilles elles-mêmes, nous avons fait le choix de contenants en verre consignés. Durant la crise sanitaire, les contenants en verre neufs sont devenus très difficiles à trouver, et des sociétés sont tombées à court de cet élément crucial pour les produits tels que les nôtres. Grâce aux bouteilles et aux casiers consignés, nous échappons à ce problème et nous limitons la production de verre. Je suis persuadée que les ressources sont de plus en plus rares et qu’il faut veiller à ne pas les épuiser.

Distribution

Lorsqu’on s’intéresse à l’économie circulaire, on réalise qu’il est toujours possible de s’améliorer. C’est exactement ce qui se passe actuellement au niveau de la distribution. Nous sommes en train de revoir la logistique afin de réduire les flux de transport au minimum et ainsi éviter de voir des camions circuler à vide, tout en gardant un bon niveau de services pour nos clients.

Ce que je trouve de plus fascinant avec l’économie circulaire, c’est que le cercle se referme et on se retrouve là où nous avons commencé. Back to the roots.

Le mot de la fin

Je suis d’avis que la circularité rend toute société plus résiliente. Nous ne le sommes jamais entièrement, mais on le devient un peu plus au fur et à mesure que l’on instaure des démarches circulaires et que l’on dépend moins des flux et éléments extérieurs.

Finalement, nous ne faisons rien de nouveau, nous redécouvrons des façons de travailler de manière économe et en équilibre avec l’environnement, des modèles qui étaient rôdés anciennement et qui ont fait leurs preuves durant des centaines d’années. Ce que je trouve de plus fascinant avec l’économie circulaire, c’est que le cercle se referme et on se retrouve là où nous avons commencé. Back to the roots. »

Propos recueillis par Marie-Astrid Heyde
Photos : Ramborn

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Clervaux, site pilote de l'aluminium circulaire
Clervaux, site pilote de l’aluminium circulaire

Depuis 1996, l’usine Hydro Aluminium Clervaux produit des billettes d’aluminium sur base de déchets issus de la déconstruction.

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Découvrez quel impact cet aluminium plus circulaire a pu apporter à deux références récentes de constructions luxembourgeoises équipées de menuiseries WICONA By Hydro.

Bien que le Luxembourg ait beaucoup à apprendre en termes de circularité des matériaux, on peut déjà lui accorder une belle réussite : la fabrication d’aluminium de première qualité sur base de matière post-consumée. Ce dernier est réalisé à Clervaux de mains de maîtres, depuis 1996, lorsque le groupe norvégien Hydro a fait l’acquisition de ce qui était jusqu’alors la Gottschol Company (et dont la vocation initiale, à l’ère sidérurgique, était de stabiliser l’acier grâce à l’aluminium).

Cela fait donc bientôt 30 ans que le groupe a fait de son centre de recyclage de Clervaux un site précurseur et pilote offrant au secteur de la construction des menuiseries aluminium plus circulaires avec une empreinte carbone ultra réduite.

Recyclable à l’infini

Pour bien comprendre la suite, une petite notion lexicale s’impose :

  • On entend par « pré-consumé », les chutes d’aluminium des centres d’extrusion, des menuiseries… des morceaux qui n’ont, en somme, jamais été utilisés
  • Dans « post-consumé », par contre, on regroupe tous les déchets d’aluminium venant, par exemple, d’anciens châssis ou façades qui ont eu (au moins) une première vie.

Il est également bon de savoir que l’aluminium est un matériau qui peut se recycler à l’infini, sans perte de qualité, pour qui détient les bons procédés. On devine donc aisément son important potentiel de circularité. Potentiel qu’Hydro, groupe engagé et responsable qui produit notamment sa propre énergie verte dans une vingtaine de centrales hydro-électriques essentiellement basées en Scandinavie, a décidé d’exploiter à coups de millions d’euros d’investissement.

« Les entreprises qui placent le développement durable au cœur de leur stratégie sont celles qui vont le mieux consolider leur stabilité financière » Jean-Marc Moulin, director of sustainability, extruded solutions, Hydro

Plus de 75% de matière recyclée

Au fil du temps et de ces investissements, l’usine de Clervaux s’est professionnalisée, agrandie (elle emploie aujourd’hui 58 personnes) et a augmenté la part de matériaux post-consumés pour finalement produire, depuis 2017, les premières billettes (cylindres) appelées CIRCAL 75R. 75 y représente le pourcentage minimum d’aluminium post-consumé utilisé pour fabriquer de nouvelles pièces. Ce taux a même augmenté pour atteindre 80,2 %, valeur certifiée. Le restant est comblé par du pré-consumé et de la nouvelle matière.

Grâce à ce mode de production, Hydro fait considérablement baisser l’empreinte carbone de l’industrie de l’aluminium : alors que la moyenne européenne est de 8,6 kg d’équivalent CO2 par kg d’aluminium (et 20 kg/kg d’aluminium pour de l’aluminium made in China), ce chiffre baisse à 2,3kg/kg d’aluminium pour le CIRCAL 75R, valeur certifiée par DNV (voir graphique). En effet, la production d’aluminium recyclé nécessite nettement moins d’énergie que la filière non recyclée.

Ce savoir-faire lui a valu de recevoir le Prix de l’environnement 2019 de la Fedil (Fédération entrepreneuriale multisectorielle), visant à récompenser les entreprises dont les activités concilient productivité et préservation des ressources naturelles.

« Depuis quelques mois, CIRCAL approvisionne la quasi-totalité de l’aluminium de SAPA et WICONA, marques orientées menuiseries et façades du groupe Hydro. » Stéphane Hardy, project manager SAPA et WICONA Luxembourg

Objectif : 100% circulaire

Parmi ses dernières références dans la construction à Luxembourg, WICONA a équipé de son aluminium CIRCAL l’extension du restaurant de l’IFSB (Institut de formation sectoriel du bâtiment) à Bettembourg. Ce mur rideau, WICTEC 60, en plus d’avoir permis une réduction de plus de 12 tonnes d’équivalent CO2 (calculé par rapport à une moyenne européenne) est également équipé de vitrage sous-vide monocouche, aussi efficace que le triple vitrage classique mais utilisant beaucoup moins de matière. Une première au Luxembourg.

Vient ensuite le projet mixte résidentiel-bureau Manhattan à Belval développé par Asars Constructions, Soludec, Metaform et LuxFermetures qui ont été récompensés pour leur travail en faveur d’un avenir plus vert et plus durable. En ayant fait confiance au savoir-faire et en ayant choisi les solutions de menuiseries extérieures aluminium WICONA, ils ont pu réaliser une économie de 171 tonnes de CO2 dans l’atmosphère. C’est l’équivalent de la quantité de CO2 libérée par une voiture moyenne parcourant 770.000 kilomètres.

Loin de se reposer sur ses acquis, le centre de recyclage luxembourgeois a poursuivi ses efforts et a récemment annoncé la construction de bâtiments pilotes équipés de menuiseries issues du CIRCAL 100R : de l’aluminium réalisé à partir d’au moins 99,5% de matière post-consumée. Récemment certifié, le CIRCAL 100R promet des émissions de CO2 de maximum 0,5 kg (équivalent CO2) par kg d’aluminium, soit un aluminium ultra-bas carbone.

Hydro Aluminium Clervaux SA :

  • 100.000 tonnes d’aluminium / an
  • 4 diamètres de billettes
  • Jusqu’à 100 % de matière recyclée et recyclable

Marie-Astrid Heyde
Photos : Hydro, Infogreen.lu

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Un média engagé et engageant
Un média engagé et engageant

Infogreen.lu, le média qui informe pour agir, se positionne clairement en faveur de l’économie circulaire et accompagne ses partenaires sur cette voie.

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Picto Communication Partner, maison éditrice d’Infogreen.lu et 4x3 Magazine, a la durabilité dans l’âme. Depuis déjà 11 années, Infogreen.lu, son média phare, n’a de cesse de mettre en avant les pratiques exemplaires d’individus, d’associations, d’institutions et de petites et grandes entreprises qui par leurs gestes et décisions font évoluer le Luxembourg et la Grande Région vers une société écologiquement, économiquement et humainement responsable.

Letsgocircular

Ces derniers mois en particulier, l’accent sur la circularité s’est intensifié. Outre sa rubrique entièrement dédiée à la thématique, depuis près d’un an, Infogreen.lu est le partenaire média de Letsgocircular. Cette plateforme de promotion de l’économie circulaire du Luxembourg est portée par les ministères de l’Énergie et de l’aménagement du territoire, de l’Économie, de l’environnement, du climat et du développement durable, et des finances. Un article mensuel, deux à trois publications par semaine sur la page Linkedin dédiée et des échanges constructifs font de cette collaboration une réussite.

Trois événements avec le Circular Innovation Hub

L’équipe de Picto Communication Partner, à travers son réseau de partenaires et d’événements In4Green, collabore depuis début 2023 à l’organisation de débats productifs. Le premier, sur les enjeux de l’économie circulaire, a fait salle comble au Château de Wiltz, le 9 février dernier. Deux autres événements sont programmés avant l’été, dont la Journée de l’économie circulaire, organisée par Le Circular Innovation Hub de la commune de Wiltz avec le soutien d’Infogreen.lu, le 26 avril prochain. Les inscriptions sont ouvertes en ligne. Découvrez les détails de cet événement dans l’article dédié dans ce dossier.

Du mobilier circulaire

En 2021, Frédéric Liégeois, fondateur et CEO de l’entreprise, a décidé de meubler ses bureaux de Sanem avec des éléments en bois recyclé ou en recyclant certains meubles déjà présents. À cet objectif circulaire s’est ajouté une démarche sociale : Picto a fait appel au CIGL de Walferdange pour la réalisation de ce mobilier sur mesure et zéro déchet. Cette collaboration se poursuit avec la création de nouvelles pièces à chaque nouvelle arrivée dans l’équipe, actuellement composée d’une douzaine de personnes.

Le quotidien des enjeux du développement durable poursuit son évolution, en maintenant toujours la circularité dans le viseur !

La rédaction d’Infogreen.lu

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Adopter l'économie circulaire : un appel à l'action pour les dirigeants luxembourgeois
Adopter l’économie circulaire : un appel à l’action pour les dirigeants luxembourgeois

Le Luxembourg a atteint son jour de dépassement de la Terre le 14 février 2023, soit six semaines plus tôt que l’année précédente, ce qui signifie que le pays a consommé autant de ressources qu’il ne peut en produire en un an. Il y a de quoi réfléchir…

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Les dirigeants d’entreprise du Luxembourg ont un rôle crucial à jouer dans la transition vers un modèle économique plus durable en adoptant les principes de l’économie circulaire, qui cherchent à minimiser les déchets, à optimiser l’utilisation des ressources et à réduire l’impact sur l’environnement en favorisant la circulation continue des matériaux, de l’énergie et des ressources. Selon la Fondation Ellen MacArthur(1), l’économie circulaire pourrait générer 600 milliards d’euros de bénéfices économiques par an en Europe d’ici 2030, offrant ainsi au Luxembourg la possibilité de devenir un hub européen pour l’économie circulaire.

Le Luxembourg a déjà fait des progrès significatifs en matière de promotion de l’économie circulaire et a mis à jour sa Stratégie Nationale de l’Économie Circulaire en 2021. Cette stratégie se concentre sur six secteurs clés, à savoir la construction, l’éducation, le commerce de détail, l’alimentation et les matériaux biosourcés, l’industrie et la finance. Les dirigeants d’entreprise du Luxembourg peuvent prendre plusieurs mesures pour tirer parti de ces premiers efforts :

  • Premièrement, ils peuvent adopter la circularité dans leurs opérations en évaluant les pratiques actuelles et en identifiant les possibilités d’intégrer la circularité, par exemple en repensant la conception des produits pour qu’ils soient plus durables et réparables ou en explorant des modèles de « produits en tant que service ».
  • Deuxièmement, ils peuvent tirer parti de la symbiose industrielle en coopérant avec d’autres entreprises pour mettre en place une chaîne d’approvisionnement verte et sans déchets tout en augmentant les bénéfices. Les outils numériques peuvent aider à identifier les possibilités de symbiose en temps réel en partageant des données et en évaluant les partenariats potentiels.
  • Troisièmement, ils peuvent soutenir l’innovation en investissant dans la recherche et le développement pour favoriser les avancées technologiques dans les domaines des sciences des matériaux, des énergies renouvelables et de la numérisation.

Enfin, ils peuvent développer les compétences et l’éducation en matière de circularité en encourageant l’apprentissage tout au long de la carrière et le perfectionnement dans des domaines tels que la conception circulaire, la gestion des déchets et la réflexion systémique.

Des recherches et des études de cas récentes démontrent les avantages de la circularité. Une étude réalisée en 2021 par l’Agence Européenne pour l’Environnement a mis en évidence le potentiel des modèles d’entreprise circulaires pour réduire l’impact sur l’environnement et accroître l’efficacité des ressources, avec des exemples tirés de divers secteurs, tels que l’électronique, le textile et l’alimentation. En outre, des entreprises comme Spireat, une start-up italienne spécialisée dans l’agriculture urbaine, démontrent le potentiel de la production alimentaire locale et de la réduction des déchets grâce à des pratiques circulaires. De plus, en 2022, la commune de Wiltz a été désignée comme le premier hotspot de l’économie circulaire au Luxembourg. Elle a signé une charte en 2018, actualisée en 2022, s’engageant à « intégrer progressivement les règles de l’économie circulaire dans son règlement de construction et à promouvoir la construction écologique de bâtiments à haute valeur ajoutée, ayant un impact positif sur l’économie et l’environnement ».

Le secteur financier a également commencé à saisir cette opportunité : au cours du premier semestre 2020, alors que la pandémie de Covid s’emparait du monde, les actifs gérés par des fonds d’actions publics ayant l’économie circulaire pour seul ou partiel objectif d’investissement ont été multipliés par six, passant de 0,27 milliard d’euros à plus de 1,85 milliard d’euros. Fin 2021, ce chiffre atteignait 7,4 milliards d’euros. Une tendance similaire est également visible dans les prêts et crédits, le financement de projets et l’assurance. Par exemple, la Banque Européenne d’Investissement s’est associée à cinq des plus grandes banques et institutions promotionnelles nationales d’Europe pour lancer une initiative de prêt et d’investissement de 10 milliards d’euros consacrée à l’économie circulaire.

La transition vers une économie circulaire nécessite une transformation systémique qui englobe des changements technologiques, organisationnels et comportementaux. Cependant, les bénéfices potentiels pour l’économie, la société et l’environnement du Luxembourg sont considérables. Les chefs d’entreprise du Luxembourg ont un rôle essentiel à jouer dans l’accélération de la transition circulaire et du développement régional. En adoptant les principes de l’écologie industrielle et en prenant des mesures audacieuses, ils peuvent contribuer à un développement plus durable et plus respectueux de l’environnement pour le Grand-Duché.

Fani Xylouri, Grant Thornton Luxembourg, partenaire Infogreen
Contact : sustainability@lu.gt.com
Photo : Grant Thornton

(1)Fondation Ellen MacArthur, 2015, Europe’s Circular Economy Opportunity

Wiltz, la référence circulaire grand-ducale
Wiltz, la référence circulaire grand-ducale

Membre fondateur de la European Circular Cities Déclaration depuis 2020, la commune de Wiltz est à présent reprise dans le rapport 2022 en tant qu’exemple de bonne pratique, notamment pour son campus Géitzt.

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La déclaration European Circular Cities est conçue pour aider à accélérer la transition d’une économie linéaire à une économie circulaire en Europe. Elle crée ainsi une société économe en ressources, à faible émission de carbone et socialement responsable.

De plus, elle vise à permettre aux gouvernements locaux et régionaux de communiquer leur engagement à soutenir la transition circulaire, à fournir une vision partagée de ce qu’est une « ville circulaire », ou encore à établir une communauté d’organisations engagées pour partager leurs expériences, leurs défis et leurs réussites

Pourquoi des villes ?

Les villes sont les plus grandes consommatrices d’énergie et de matériaux, mais elles offrent en même temps la possibilité de gérer les ressources de manière plus efficace. Elles sont des plaques tournantes de l’humanité, alimentant souvent la croissance économique et l’innovation d’un pays.

Le rapport 2022 représente la plus grande évaluation des pratiques d’économie circulaire jamais réalisée en Europe. La moitié des 40 villes impliquées dans le programme ont déjà des stratégies d’économie circulaire en place ou en développement.

Parmi les engagées, on retrouve donc Wiltz. En 2020, elle était une des 28 premières villes européennes à s’engager, permettant aux signataires de joindre leurs forces pour accélérer la transition vers l’économie circulaire.

Le rapport de la Circular Cities Declaration (CCD) célèbre les grandes mesures prises par ces villes européennes, dont plusieurs membres d’ICLEI (un réseau mondial de plus de 2 500 gouvernements locaux et régionaux engagés dans le développement urbain durable), pour soutenir la transition vers une économie circulaire. Qu’il s’agisse d’une initiative de compostage communautaire à Budapest (Hongrie) ou l’objectif de 100% des achats locaux d’ici 2030 à Haarlem (Pays-Bas), le rapport et les profils des participantes présentent de nombreuses solutions exemplaires et reproductibles.

Des initiatives circulaires à l’honneur

Tout au long de l’année 2022, les signataires de la CCD ont soumis des rapports individuels présentant leurs principales activités et interventions dans le domaine de l’économie circulaire, ainsi que les défis auxquels ils ont été confrontés. ICLEI Europe, avec le soutien de la Fondation Ellen MacArthur, a mené une analyse complète de ces soumissions qui a abouti au rapport CCD. Il identifie huit tendances clés sur la façon dont la circularité est mise en œuvre dans les zones urbaines d’Europe, ainsi que les quatre principaux obstacles qui entravent l’économie circulaire.

L’accent mis par le rapport sur le rôle des villes dans la réalisation de la transition circulaire correspond aux objectifs plus larges de la Circular Cities Declaration. Celle-ci a été mise en place non seulement pour soutenir les villes dans la réalisation de la circularité, mais aussi pour souligner le rôle crucial qu’elles jouent dans ce processus. Les villes représentent deux tiers de la demande énergétique mondiale et sont responsables de 70 % des émissions de gaz à effet de serre. Dans le même temps, elles gèrent un certain nombre de secteurs clés à potentiel circulaire, sont responsables de l’utilisation et de la gestion des sols, et disposent d’importants budgets d’achat et d’investissement publics. L’adoption par les villes des principes de l’économie circulaire peut donc entraîner des changements à l’échelle des nations et des secteurs.

Le campus éducatif comme projet modèle

Le projet de construction d’un nouveau campus éducatif à Wiltz a été mis en avant dans le rapport CDD comme modèle à suivre. Le bâtiment comprenant une école fondamentale, une maison relais, une école de musique, un hall sportif, une cuisine de production et le musée pour enfants « PLOMM » a en effet été conçu en apportant un grand soin au choix de matériaux de construction sains et écologiques, et en permettant une adaptation facile des locaux en fonction des besoins futurs. L’utilisation de l’eau de pluie et d’énergies renouvelables ainsi que la réduction des émissions CO2 ont été d’autres objectifs importants de ce projet qui ouvrira ses portes pour la rentrée 2023.

Former et sensibiliser sur le sujet de l’économie circulaire

Le rapport souligne également les efforts entrepris par la commune afin de mieux faire connaître le sujet de l’économie circulaire aux décideurs et responsables communaux, aux entreprises locales et au grand public.

A travers la « Journée de l’Economie Circulaire », conférence organisée annuellement depuis 2018, et le centre de compétences et de formation « Circular Innovation HUB », la commune facilite l’échange des connaissances et expériences autour de la thématique de l’économie circulaire et communique sur les projets qui sont en cours d’élaboration et de réalisation sur le territoire de la commune.

Des objectifs ambitieux et des défis à relever

Malgré toutes ces bonnes nouvelles, le rapport ne ferme pas les yeux sur les défis à relever. Les progrès vers la circularisation des villes ne sont pas aussi rapides qu’ils pourraient l’être en raison d’un manque de compétences et de connaissances. En outre, le manque d’options financières ralentit le rythme de la transition vers une économie circulaire. Le secteur privé et les gouvernements nationaux doivent contribuer à débloquer de nouvelles opportunités.

En tant qu’acheteurs de biens et de services, les villes peuvent y contribuer en utilisant leur pouvoir d’achat pour montrer l’exemple et inciter leurs fournisseurs à changer. Enfin, les citoyens doivent être conscients du rôle crucial qu’ils jouent. Ils façonnent les normes culturelles et les attentes politiques, qui doivent s’adapter aux changements apportés par les autorités urbaines si l’on veut que les villes deviennent véritablement circulaires.

Le rapport complet peut être consulté, ici.

Sébastien Yernaux, en collaboration avec Wiltz
Photos : ©Wiltz et ©Studio Concept

L'économie circulaire au cœur de la Ville
L’économie circulaire au cœur de la Ville

Que nos actions soient locales ou internationales, chacun peut contribuer à sa manière à impacter l’économie circulaire. Du côté de Dudelange, chaque acteur économique est sensibilisé pour apporter sa contribution pour un monde meilleur.

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Dudelange est loin d’être dépassée en termes d’économie circulaire. Les responsables ont toujours eu un intérêt pour la planète et un monde plus juste. Une gestion qui a d’ailleurs été saluée en 2014 par l’European Energy Award récompensant la Ville de Dudelange pour le nombre et la qualité de ses actions entreprises depuis plus de 20 ans dans la protection du climat. Et ces efforts sont toujours en vigueur actuellement, notamment dans le cadre du Pacte climat 2.0.

Ces efforts se retrouvent notamment dans les commerces de proximité, mais également au sein des grosses entreprises environnantes. L’exemple le plus frappant est certainement la gestion des surfaces commerciales du centre-ville. Ce dernier propose un choix riche et varié de services aux résidents.

« Nous essayons toujours de trouver le parfait compromis entre les propriétaires des immeubles et les futurs commerçants », souligne Claude Leners, City Manager de la Ville de Dudelange. « Nous avons un nombre de surfaces limité. Nous essayons donc de conserver une certaine homogénéité dans l’offre. Pour ce faire, nous recueillons tous les projets commerciaux. Dès que l’un colle à un espace disponible, nous mettons les protagonistes en relation afin que tout le monde y trouve son compte. La Ville loue également des espaces afin de choisir directement le meilleur candidat. Ce dernier doit correspondre à notre stratégie économique durable. L’avantage pour le propriétaire est qu’il est assuré de toujours obtenir son loyer dans la mesure où la commune est un acteur AAA. »

Claude Leners est fier des prises de positions de Dudelange. « La commue est pionnière dans l’économie circulaire. La signature du Pacte Climat est un geste fort afin de laisser une empreinte dans le développement positif de la planète. On ne mise pas sur la consommation à tout prix. Il faut commencer à réfléchir sur la direction à prendre pour un quotidien durable. Que cela soit dans les vêtements ou encore l’alimentation. Nous avons mené une enquête auprès des acteurs économiques autour de Dudelange, mais également auprès des PME installées au centre-ville, pour que chaque projet ou activité respecte l’environnement. Cela peut aller des gestes simples comme la gestion des cartons et des plastiques jusqu’aux panneaux solaires ou aux bornes électriques. »

Des commerces engagés

Parmi les derniers arrivés dans l’espace économique de Dudelange, on retrouve le magasin « Album » géré par Nathalie Meier-Hottua. Alliant écologie et lutte contre la surconsommation, le concept-store propose des vêtements et des articles de mode de seconde main tout en mettant en lumière de jeunes créateurs. « A mes yeux, la seconde main représente intégralement l’économie circulaire. Nous sommes malheureusement plongés dans une société de fast-fashion et donc, envahis par un nombre incroyable de vêtements produits dans des conditions très critiquables. Au lieu de consommer à outrance, autant opter pour la seconde main qui permet d’offrir plusieurs vies aux objets. Les nouvelles générations l’ont bien compris. Et j’observe une évolution positive dans les autres tranches d’âges. Album est un commerce qui me ressemble, car l’économie circulaire occupe une place centrale. Nous proposons des vêtements, mais également des produits bio qui n’accueillent aucun produit chimique. Même les flacons sont recyclés, voire réutilisables. J’essaie de faire attention à mon empreinte carbone. Comme je dis toujours, je souhaite quitter la planète encore plus propre que je l’ai trouvée. »

Prochainement, Dudelange accueillera une épicerie co-labor. « La boutique ouvrira dans le courant au mois d’avril », explique Max Holz, directeur adjoint de co-labor en charge des opérations. « L’épicerie proposera des produits bio cultivés dans la région. Notre philosophie ne change pas puisque la réinsertion socio-professionnelle sera encore une fois au centre du projet. Nous programmerons également de nombreux ateliers tournant par exemple autour de l’environnement et du maraîchage. L’économie circulaire est importante à nos yeux car elle permet de revenir à des valeurs simples qui protègent notre planète. Si chacun y apporte sa petite pierre à l’édifice, le monde évoluera dans la bonne direction. »

De son côté, Pit Romersa, le fondateur de Thalus, est également conquis par l’économie circulaire. Il propose un concept innovant d’eau proposé dans un Tetra Pack. « Nous savons qu’une eau non polluée est importante pour notre santé et que le plastique n’est pas la solution. C’est pourquoi nous conditionnons notre eau en Tetra Pak et nous nous approvisionnons auprès de fournisseurs respectueux de l’environnement. Ce format sort des classiques bouteilles ou cannettes. Mais il facilite grandement les stockages et le transport. J’essaie également d’apporter ma contribution au bien-être des citoyens à travers des collaborations avec des ONG et des associations. Je pense notamment à CARE Luxembourg. Chaque boîte vendue aide CARE à fournir un accès à l’eau potable au Laos pour les femmes enceintes et leurs bébés. Je suis également en contact avec d’autres associations qui mènent des actions dans le pays. L’économie circulaire s’articule autant dans les produits que dans nos gestes au quotidien. Je suis persuadé que son impact croissant va permettre d’influencer positivement l’évolution de notre société. »

Sébastien Yernaux
Photos : ©Marie Champlon

À Capellen, des balles de tennis qui n'en finissent plus de rebondir
À Capellen, des balles de tennis qui n’en finissent plus de rebondir

La Commune de Mamer a su saisir la balle au bond, celle lancée par la SuperDrecksKëscht et la Fédération Luxembourgeoise de Tennis, à l’instigation de l’« Action balles de tennis ». En 2022, ce sont près de 12.000 balles de tennis usagées qui ont été collectées au TC Cap on line. Autant de caoutchouc qui a retrouvé une seconde jeunesse sportive. Un recyclage indispensable quand on sait qu’une balle de tennis met en moyenne 2.500 ans à se dégrader intégralement. Un petit tour sur les courts du tennis club de Capellen, pour découvrir ce service durablement gagnant.

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L’obtention du SuperDrecksKëscht® fir Betriber

Pleinement impliquée sur les questions d’éco-responsabilité, la Commune de Mamer multiplie les projets en faveur du tri sélectif, du recyclage et de l’économie circulaire. Elle a vu sa gestion environnementale saluée par le label, SuperDrecksKëscht® fir Betriber dès mars 2020. Après un nouvel audit, celui-ci a été prolongé en 2023.

Décerné par l’Administration de l’environnement, la Chambre de Commerce et la Chambre des Métiers, la certification SuperDrecksKëscht® fir Betriber est attribuée aux entreprises et aux communes reconnues pour l’efficacité de la gestion de leurs déchets, dans le respect de l’environnement.

Cette reconnaissance prend ses racines en 2019. L’objectif est alors de planifier et de développer des actions en faveur du Pacte Climat, du Pacte Nature ou encore du Fairtrade.

La Commune de Mamer se débarrasse des objets à usage unique, pailles, gobelets, etc. et organise le tri de tout ce qui est en mesure d’être recyclé : huiles, ferrailles, cartouches, ampoules, papiers, verres, déchets résiduels, déchets organiques, etc.

Une amélioration continue

Selon les propres termes de Laurent Majerus, responsable du Service de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mobilité à la Commune de Mamer, l’objectif est « l’amélioration continue ». Chaque année, la Commune entend se donner un nouvel objectif, que ce soit dans le recyclage, l’économie circulaire ou les performances énergétiques.

Dans cette optique, l’administration communale entreprend d’améliorer l’efficacité énergétique et le tri sélectif sur l’ensemble de ses bâtiments. Quand vient le tour du TC Cap on line, le club de tennis de Capellen, le constat est simple : aucun déchet n’est trié.

Le service environnemental de la commune cherche alors à intégrer le Parc de Loisirs de Capellen et ses infrastructures intérieures comme extérieures dans sa démarche globale d’écologie responsable et active.

Première manche : le tri sélectif. Le service mamerois implante d’abord trois poubelles avec une signalétique claire en trois langues (luxembourgeois, français, allemand), sur le bord des courts et sur toutes les installations du TC Cap on line.

Depuis cette initiative initiale, l’idée a suivi son cours au Centre Paul Glück, pour finalement parvenir jusqu’à un modèle d’économie circulaire. Quel est donc ce modèle ?

11 tonnes de balles de tennis utilisées chaque année au Luxembourg

En 2020, un sujet commence à faire des émules à l’étranger et pointe le bout de son nez au Luxembourg. Un processus de recyclage des balles de tennis. La SuperDrecksKëscht lance conjointement avec la Fédération Luxembourgeoise de Tennis : « Action balles de tennis ».

Il faut savoir qu’une balle de tennis met environ 2.500 ans à se dégrader ! Or, jusqu’à présent, celle-ci ne connaissait qu’une seule destination : les déchets ménagers. Une catastrophe écologique.

Les balles de tennis sont composées à 82 % de caoutchouc et 18 % de feutre. Si une réutilisation du feutre est à l’étude, les granulés de caoutchouc ont trouvé leur seconde vie. Le granulat, qui peut facilement être mis en couleur, se métamorphose en sols sportifs ou en parterre d’aires de jeux.

Pour Laurent Majerus qui « recherchait depuis longtemps un projet d’économie circulaire », c’est une aubaine. Il n’y a pas meilleur processus : la matière première est réinjectée sans perte, dans une utilisation quotidienne utile. Une boucle parfaite.

Une collecte de balles fructueuse

À ce stade de la partie, un rapide tour de table au club laisse apparaître un volume de petites balles jaunes qui promet un avenir radieux à un projet de collecte ambitieux. Une boîte à balles usagées, devenue familière, est installée dans l’entrée du complexe, complétée par un palox en extérieur. La SuperDrecksKëscht organise le ramassage et lance la procédure de recyclage.

Reste à sensibiliser les entraîneurs, les joueurs et tous les membres du club à ne plus jeter leurs balles avec les détritus. Ce qui est aujourd’hui, mission accomplie. Les résultats ont même dépassé les espérances.

Chaque année, près de 12.000 balles de tennis du TC Cap on line sont recyclées. 250.000 kg de granulats sont ainsi produits et permettent la réalisation d’une surface de 25 m2. L’action s’étend désormais à plusieurs autres clubs du pays.

« Trouver des projets d’économie circulaire simples à mettre en place, ce n’est pas si évident. Nous avons démontré qu’avec une bonne sensibilisation, un choix stratégique des lieux de collecte, cela pouvait tourner à plein régime. »

Quelles actions pour la Commune de Mamer dans le futur ?

Un succès qui en appelle d’autres. La Commune de Mamer est déjà tournée vers de nouvelles ambitions vertes. Laurent Majerus nous souffle même quelques pistes : trier et recycler les feutres des salles de classe ou encore les Kork, les bouchons de liège, utilisés dans les événements ou par exemple au Centre Culturel du Kinneksbond.

Le recyclage au TC Capellen en 2022, les chiffres

570 kg de balles de tennis recyclés soit plus ou moins 12.000 balles.
Des quantités qui permettent de produire 250.000 kg de granulats, l’équivalent d’un terrain de 25m2.

Sébastien Michel
Photo : ©Marie Champlon

Le réemploi, de la théorie à la pratique
Le réemploi, de la théorie à la pratique

Bruno Domange, senior environmental engineer au sein du Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST), fait partie d’une équipe Interreg menant un projet qui a l’ambition de faciliter la circulation des éléments de construction récupérés dans le nord-ouest de l’Europe. Il nous explique comment passer de l’idée à la réalité.

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Parmi les pratiques circulaires dans le domaine de la construction, intéressons-nous au réemploi des matériaux et des éléments d’un bâtiment.
En amont de celui-ci, on trouve la déconstruction sélective et le démontage soigné des éléments identifiés au cours d’un inventaire exhaustif des constituants. Cet inventaire inclut notamment le potentiel de réemploi, propension théorique d’un élément à être réemployé, évaluée principalement sur des propriétés intrinsèques ainsi que sur sa facilité à être démonté, conditionné et stocké.

En aval, on trouve le réemploi effectif qui passe par la remise en œuvre de l’élément, dépendant de critères différents tels que la demande, les aspects logistiques ainsi que l’existence d’une fiche matériaux, par exemple.
Les questions soulevées par ces opérations de réemploi sont à la base des réflexions menées dans le cadre du projet Interreg NWE FCRBE pour « Facilitating the circulation of reclaimed building elements in Northwestern Europe ».

Portés par une volonté collective

Ce projet, qui rassemble un panel de partenaires européens dont le LIST pour le Luxembourg, s’attelle à proposer un éclairage aussi précis que possible sur les différentes facettes du processus. Sont ainsi abordés l’inventaire pour le réemploi, les stratégies de prescription notamment dans le cadre des soumissions publiques, les fiches des matériaux les plus enclins au réemploi, un annuaire des fournisseurs de matériaux de réemploi ainsi que de nombreux autres outils plus spécifiques.

Ils s’adressent à l’ensemble des acteurs du monde de la construction, du maître d’ouvrage à l’entrepreneur, en passant par l’architecte, le bureau d’études ou l’artisan, tous désireux d’aller plus loin dans leurs démarches et d’adopter des pratiques circulaires.

Ils abordent les questions de manière claire et didactique en proposant des exemples concrets basés sur des retours d’expérience du terrain via de nombreux chantiers pilotes et l’analyse des résultats observés sur un large éventail d’expériences avec des bâtiments d’âges et de typologies variés.

Conditions de réussite du réemploi

Le projet démontre, d’ores et déjà, les rôles cruciaux d’une bonne coordination et d’une communication transversale effective. Il ressort également que le réemploi nécessite, en plus de briser certaines barrières psychologiques, de passer par une information spécifique et une montée en compétence des acteurs intervenant dans le processus.

Le projet vise également à aborder la question de l’assurabilité des constructions recourant au réemploi, celle de la promotion des pratiques circulaires via des changements réglementaires ou des mesures incitatives, ainsi que d’une méthodologie permettant de fixer, de manière structurée, un taux réaliste de recours au réemploi dans un projet de construction.

Bref, c’est un ensemble conséquent de guides, d’analyses et de documents mis gratuitement à la disposition de tous via le site web du projet FCRBE.

Bruno Domange, senior environmental engineer (LIST)
Crédit photo : FCRBE 

Re:USE, la 1re plateforme digitale luxembourgeoise dédiée au réemploi de matériaux de construction
Re:USE, la 1re plateforme digitale luxembourgeoise dédiée au réemploi de matériaux de construction

En 2020, on enregistrait 9 millions de tonnes de déchets issus des activités de construction, démolition et déconstruction au Luxembourg. Re:USE a pour ambition de réduire ce chiffre alarmant en permettant de récupérer des matériaux issus de bâtiments à démolir pour les intégrer dans de futurs projets architecturaux.

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Re:USE est une plateforme online qui permet à ses utilisateurs de visiter virtuellement dans un bâtiment voué à la déconstruction et d’y réserver des objets – cloisons, menuiseries, luminaires ou meubles, par exemple – qui pourront être réutilisés dans un projet ultérieur.

Cette solution s’inscrit à 100 % dans une approche circulaire : « L’objectif est de mettre les bâtiments en ligne le plus en amont possible de leur déconstruction pour prévenir les personnes intéressées – particuliers ou professionnels - qu’un gisement de matériaux va arriver et pour qu’elles puissent ainsi anticiper la réutilisation de certains éléments dans leur nouveau projet. Cela permet de gérer la temporalité qui existe entre la déconstruction et la construction du futur projet sans avoir à déplacer l’objet et à le stocker pour ensuite le redéplacer.

L’idée du réemploi étant de limiter l’empreinte carbone, si l’on commence à transporter des objets avec des camions, on rogne - pour ne pas dire on annule – l’effet positif de la démarche. Le fait de réserver un ou des objet(s) avant la déconstruction permet aussi d’optimiser les travaux de déconstruction en ne sélectionnant que les produits qui ont obtenu un marché », explique Jean-Yves Marié, le CEO de BIM-Y, société spécialisée dans la digitalisation des bâtiments qui s’est chargée de développer la plateforme en collaboration avec le LIST, le bureau d’études Schroeder & Associés et le Fonds de compensation.

Pour la version test de Re:USE, lancée le 14 février – ce qui correspond au jour du dépassement au Luxembourg -, le Fonds de compensation a mis à disposition un de ses bâtiments dont la démolition est prévue pour septembre. Un 2e bâtiment, lui appartenant aussi, suivra en mai. Au sein de ce partenariat, le LIST s’occupe du calcul de la réduction de l’empreinte carbone réalisée grâce au réemploi et Schroeder & Associés apporte son expertise d’ingénieur et son statut d’organisme agréé nécessaire à la réalisation de l’inventaire.

BIM-Y s’est chargé de scanner le bâtiment pour en tirer un modèle dans lequel il est possible de naviguer à la manière de Google Street View et d’« accrocher » des données géoréférencées à chaque objet grâce à l’algorithme et aux modèles d’intelligence artificielle développée par BIM-Y. « Dans le bâtiment actuellement en ligne, près de 4.400 objets ont été identifiés en moins de 2 heures. Quant au scan, il a pris une trentaine d’heures, soit 5 jours. Nous scannons entre 8.000 et 12.000 m2 par jour en moyenne. Le plus laborieux a été d’aller chercher toutes les informations techniques dans les classeurs du client. Notre but est de fournir un maximum de données dès la réception du bâtiment, de faire vivre cette information pendant tout son cycle de vie jusqu’à la réutilisation et d’apporter une certaine traçabilité, ceci pour valoriser davantage le produit », indique-t-il.

La prochaine étape est la création d’un espace membres qui permettra aux utilisateurs d’être alertés lorsque des objets susceptibles de les intéresser auront été reconnus dans les futurs bâtiments scannés.

Les concepteurs sont également à la recherche d’une plateforme physique qui sera dédiée aux objets à fort potentiel, propices au réemploi, qui seront identifiés dans les prochains bâtiments. « Nous voudrions pouvoir les stocker, les tester, les nettoyer, voire les revaloriser, et les mettre à disposition dans un dépôt-vente ou auprès des distributeurs type magasins de bricolage. L’idée est de mettre davantage de matériaux de réemploi à disposition des particuliers. Nous envisageons de nous associer à un organisme de réinsertion sociale, par exemple, pour ’traiter’ ces objets, ce qui nous permettrait d’avoir un impact sociétal positif en plus de l’impact environnemental que nous avons grâce au réemploi de matériaux », souligne-t-il.

Enfin, BIM-Y a signé un partenariat avec Saint-Gobain Recherche pour aller plus loin dans l’identification des objets. « Aujourd’hui, nous sommes capables de reconnaître et d’inventorier automatiquement un objet. Demain, nous reconnaîtrons les matériaux », conclut Jean-Yves Marié.

Mélanie Trélat
Photos : Marie Champlon

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« Hausser le niveau de circularité des constructions »
« Hausser le niveau de circularité des constructions »

La transition du secteur de la construction est en marche, boostée par les impératifs législatifs. Interview de Patrick de Cartier d’Yves, Deputy Principal Engineer chez SECO Luxembourg.

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La loi du 9 juin 2022 relative aux déchets donne de nouvelles obligations au secteur de la construction. Quelles sont-elles ?

« Le secteur de la construction est en phase de transition. Dès aujourd’hui, la nouvelle loi (article 23) impose la mise en place d’un inventaire des matériaux pour tous les bâtiments à déconstruire. Cet inventaire est valable pour toutes les déconstructions d’un volume bâti de plus de 1.200 m³ et produisant au moins 100 m³ de déchets.

L’inventaire doit être soumis à l’administration, et le tri des matériaux déconstruits devra être séparé en conséquence (inerte, bois, verre, métal…). Si le volume à déconstruire est supérieur à 3.500 m³, cet inventaire doit être réalisé par un organisme agréé.

Ce même article impose aussi l’inventaire matériaux pour les nouveaux bâtiments de plus de 3.500 m³, dont l’autorisation de construire aura été accordée à partir du 1er janvier 2025. Ceci se fera sous la forme d’un ‘registre informatique’ des différents matériaux utilisés avec indication de leur emplacement. Ce registre devra être mis à jour par le propriétaire ou le syndic lors de la vie future du bâtiment.

La loi prévoit aussi de pouvoir fixer les normes de qualité auxquelles doivent répondre les matériaux issus du recyclage des déchets de construction et de déconstruction pour plus de transparence et de suivi.

Il est clair que cette loi a pour vocation de hausser le niveau de circularité des constructions. Recycler les matériaux est un premier petit pas. Cependant, à l’échelle de la circularité, réutiliser et donc rendre les matériaux aptes au démontage est une manière d’optimiser et de minimiser la consommation des ressources. »

Le pays a du retard comparé à plusieurs pays d’Europe du Nord

Ces exigences s’inscrivent dans la volonté de développer l’économie nationale vers un modèle circulaire. Pouvez-vous illustrer cela par un exemple concret pour le secteur de la construction ?

« Le pays a du retard comparé à plusieurs pays d’Europe du Nord. Néanmoins, des exemples de constructions circulaires commencent à sortir de terre. Citons le parking à Bissen, qui sera construit en 2023. Il est conçu pour être partiellement démontable. Ceci implique de minimiser, voire supprimer la conception à usage unique qui a la vie dure. Tout élément, et surtout les éléments porteurs, seront assemblés et démontés de manière à pouvoir être techniquement et économiquement démontables et donc réutilisables. Cela aura alors un impact positif considérable sur le futur volume de déchets.

Pour être circulaire, outre la démontabilité et l’adaptabilité, un autre domaine dans lequel de grand progrès sont encore à réaliser est la qualité de l’information. Pour pouvoir être réutilisé, un matériau doit être connu. Le requalifier à postériori est économiquement irréalisable vu le coût des nombreux tests. L’information sur les matériaux, stockée avec le bâtiment, est donc primordiale. Aujourd’hui, d’autres techniques que le dossier as-built se développent pour assurer la fiabilité et la qualité des informations transmises aux gestionnaires et propriétaires successifs des immeubles. »

Pour réaliser un tel inventaire des matériaux, le BIM - Building Information Modeling - se présente comme une solution adaptée. Pourquoi ?

Une fois en fin de vie, l’inventaire permet d’avoir une idée rapide et précise des matériaux à déconstruire

« La nouvelle loi n’impose pas le BIM, mais bien une version informatisée et modifiable (les modalités de mise en place ne sont pas encore définies) de l’inventaire des matériaux présents. L’idée est donc de pouvoir suivre la vie du bâtiment, au travers des propriétaires successifs. En effet, la modélisation et la gestion numérique des bâtiments facilitent la collecte et le suivi des données pertinentes.

Une fois en fin de vie, l’inventaire permet d’avoir une idée rapide et précise des matériaux à déconstruire. Leur réutilisation s’en trouve facilitée, pour peu que cet inventaire ait été mis à jour au gré des évolutions du bâtiment. On comprend donc bien que si ces informations sont stockées sous la forme d’une modélisation BIM, les modifications sont plus aisées. La qualité des informations est aussi meilleure, au travers par exemple des fiches techniques intégrées à la maquette. »

Quels services l’entreprise SECO peut-elle proposer pour une démarche de construction circulaire ?

« Pour répondre à la demande d’inventaire matériaux lors de la démolition, notre organisme agréé est en cours de demande d’un agrément, premier du genre au Luxembourg. Nous espérons donc pouvoir répondre aux premières demandes dans quelques mois.

Comme mentionné ci-dessus, la loi a aussi pour but de fixer des normes de qualité pour les matériaux recyclés. Dans cette optique, nous avons développé conjointement l’attestation ‘Safety in circularity’ en Belgique. Cette attestation vise à instaurer et augmenter la confiance par un suivi des processus mis en place par les acteurs du réemploi. Elle a pour objectif d’instaurer et augmenter la confiance dans la capacité des acteurs de la récupération à proposer des matériaux de réemploi fiables. Architectes et maitres d’ouvrages pourront donc prescrire l’utilisation de matériaux de réemploi pour leurs projets sans avoir de craintes quant à la qualité des matériaux de réemploi mis en œuvre. »

Propos inventoriés par Marie-Astrid Heyde
Photo : Licence CC

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« Pourquoi jeter des objets qui fonctionnent ? »
« Pourquoi jeter des objets qui fonctionnent ? »

Concept4 S.A. SIS est notamment spécialisée dans le curage de bâtiments. L’économie circulaire est au cœur de la philosophie du groupe. De nombreux objets et matériaux récupérés sont remis sur le marché de la seconde main pour répondre à de nombreux besoins.

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Parmi les principes de l’économie circulaire, redonner une seconde vie occupe une place de choix. Dans le milieu de la construction, cette philosophie prend encore plus son sens dans la mesure où les déchets sont nombreux. Mais ils ne sont pas tous destinés aux centres de tris. Que du contraire !

Chez Concept4, on en a conscience. « Nous sommes en première ligne de cette économie circulaire », souligne Yohan Colombeau, administrateur délégué. « Quand on nous demande le curage d’un bâtiment, en vue de le rénover par exemple, la plupart du temps, tous les éléments sont laissés sur places comme les meubles, les équipements et autres. C’est pour cette raison que j’ai transformé la société en SIS pour bénéficier d’aides de la part de l’État. J’ai notamment pu engager des personnes en difficultés et acheter du nouveau matériel. »

La raison de cette décision ? « Nous étions arrivés dans un système où on mettait différentes bennes sur le chantier et tout allait en déchèterie. On ne réfléchissait pas alors qu’il y avait beaucoup de produits qui pouvaient profiter d’une seconde vie. Le fait que tout soit jeter systématiquement m’a toujours interpellé. Les clients ne souhaitaient pas non plus que leurs objets soient réutilisés.  »

Aujourd’hui, les mentalités ont évolué. « Beaucoup ont compris notre esprit circulaire qui nous permet de réinsérer des personnes au chômage dans le monde du travail. Nous intervenons avant la démolition pour récupérer tout ce qui est réutilisable. Je pense, par exemple, au mobilier, à l’éclairage, aux groupes électrogènes, aux moquettes, ou encore aux planchers techniques. Nous nous inscrivons totalement dans l’esprit du guide de la déconstruction. Ce dernier impose de réaliser un plan d’économie circulaire. »

Pour Yohan Colombeau, il s’agit d’un belle avancée, car on en parle beaucoup mais tout le monde ne passe pas spontanément à l’action. « Avec mes partenaires, nous observons des difficultés dans certains domaines. C’est notamment le cas chez les chauffagistes qui galèrent au niveau des pièces détachées pour les chaudières. Au-delà de 7 ou 8 ans, ils ne trouvent plus de pièces, même dans les grandes marques. Et donc, ils sont obligés de changer la chaudière. Je suis donc en train d’étudier la possibilité́ de développer un service consacré à ce secteur, en partenariat avec deux grands fournisseurs de chauffage.  »

Et le principe est très simple. « Je viens chercher la chaudière qui doit être changée. Je la garde dans un entrepôt et mon partenaire me met à disposition un technicien en fin de carrière qui m’explique ce qui peut être démonté. Toutes les pièces sont alors stockées et répertoriées numériquement dans un magasin pour proposer des pièces détachées de seconde main. Tout ce qu’il me manque actuellement, c’est un grand entrepôt au Luxembourg de 2 ou 3000 m2 qui me permettrait de stocker et de vendre sur le même lieu. Avec un bâtiment au Grand-Duché, je pourrai boucler la boucle avec des véhicules électriques pour acheminer les produits. L’impact carbone sera donc totalement nul.  »

Pourquoi jeter ?

L’expérience de la vente est déjà au rendez-vous. « Nous sommes confiants dans la mesure où nos deux magasins en ligne, destinés à la vente des objets et matériaux récupérés sur les chantiers, fonctionnent très bien. Notre but est d’exploiter, dans un même lieu, des ateliers de démontages dédiés à différents produits. Et ces derniers sont proposés à des prix abordables à des clients, professionnels comme particuliers, qui n’ont pas forcément les moyens d’investir dans du neuf. »

Concept4 est vraiment au cœur du principe de l’économie circulaire. « Pour moi, c’est la moindre des choses que de réduire les déchets de manière intelligente. Même si on ne fait pas de bénéfices, ça permet aussi d’aider les gens dans le besoin. Surtout à notre époque ! Mon principe, c’est d’arrêter de jeter. Il y a tellement de produits qui pourront servir plus tard. Je prends l’exemple d’une clôture. Au lieu de l’arracher, autant la retirer proprement. Certaines personnes auront peut-être besoin de quelques mètres, certes déjà utilisés mais toujours en bon état. Elles viennent donc chez nous plutôt que de se rendre dans un magasin pour payer plein pot. Je trouve ça grotesque de jeter quelque chose qui fonctionne. Dans notre boutique, nous donnons certains objets. Si nous avons un canapé qui est un peu griffé par un chat, et bien il fera toujours le bonheur d’une personne qui traverse peut-être une mauvaise phase. »

Une méthode qui en a surpris plus d’un. « Dès le moment où j’explique que nous sommes une société d’impact social, ils comprennent mieux notre démarche. Même si certains proposent encore de nous vendre les biens. Ce qu’ils oublient, c’est que nous ne les remettons pas directement à la vente. Il y a la démarche de venir tout récupérer, ce qui engendre un coût. A cela, on ajoute le nettoyage, la gestion du stock et du site par une personne, ou encore le remplacement éventuel de certaines pièces. Donc, si bénéfices il y a, ce n’est pas sans effort et gratuitement. Cette idée nous a permis d’engager cinq personnes à plein temps. »

Yohan Colombeau a confiance en ce processus. « Le chemin est encore long mais je sais que la ligne d’arrivée ne sera que positive pour la planète. Ici, nous sommes au début. Cela ne fait que 2 ans que nous sommes SIS. Nous nous sommes adaptés progressivement pour que la mécanique se mette en place. C’est encourageant en tout cas ! »

Sébastien Yernaux
Photos : ©Concept4 / ©Infogreen

Rien ne se perd, tout se transforme
Rien ne se perd, tout se transforme

Maillons importants de l’économie circulaire, les entreprises telles que Lamesch occupent une place importante dans la préservation des ressources. Grâce à l’intégration au sein du groupe PreZero, la gestion des déchets ne cesse d’évoluer.

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Lamesch est implantée au Luxembourg depuis plus de 60 ans. Autant dire que son expertise dans le domaine du tri est reconnue. Les problématiques environnementales actuelles renforcent sa position et sa stratégie en faveur de l’économie circulaire. Et sa valeur a encore augmenté avec l’entrée dans le groupe PreZero en 2021. Aujourd’hui, PreZero Lamesch est implantée sur 4 sites à travers le Grand-Duché de Luxembourg. La force de l’entreprise réside dans l’engagement des 650 salariés qui œuvrent chaque jour sur le terrain en faveur de l’environnement.

« Pour la petite histoire, saviez-vous que si l’économie circulaire est un terme à la mode, 3000 ans avant Jésus Christ les premiers objets en métal étaient déjà fondus pour en fabriquer de nouveaux ? » nous explique Frédéric Guichard, directeur déchets non dangereux.

Mais qu’est-ce que l’économie circulaire exactement ? « L’économie circulaire est un système où on ne jette plus le déchet à la fin de sa vie contrairement à l’économie linéaire. Il existe différents circuits, certains plus nobles que d’autres. Je m’explique : dans l’idéal le déchet devra être réutilisé, le cas échéant réparé, mais pour certaines matières, la seule solution est le recyclage, et c’est là que nous intervenons. Dans le cas du recyclage, le circuit le plus représenté de l’économie circulaire, on part du producteur de déchets en passant par la collecte, le tri, le recyclage jusqu’à la production d’un nouveau produit et sa remise sur le marché. Et aujourd’hui, avant même la mise sur le marché d’un produit, l’industriel pense à son éco-conception c’est-à-dire à l’ensemble du cycle de vie du produit depuis l’extraction de la matière première jusqu’au traitement en fin de vie, en passant par la fabrication, le transport et l’utilisation. Les schémas de pensée ont clairement évolué ces dernières décennies et la prise de conscience pour protéger nos ressources est bien présente. »

Le déchet et sa vie propre

Comme le souligne l’adage, « rien ne se perd, tout se transforme ». Une logique que valide Nathalie Hiegel, directrice commerciale. « Les déchets sont une ressource, car nous sommes dans une économie qui préserve les matières premières. Il y a 30 ans, ils n’étaient pas considérés. Aujourd’hui, de plus en plus d’industriels utilisent un pourcentage de matières recyclées dans leur production et il faut encourager cette démarche ».

Et Frédéric Guichard d’ajouter. « Lamesch appartient au groupe PreZero, qui lui-même est une filiale du groupe Schwarz. Ce dernier possède notamment les magasins Lidl qui vendent des produits de leur propre marque (CIEN). Le gros avantage pour le groupe Schwarz est que grâce à PreZero, ils réceptionnent directement les déchets qu’ils ont mis sur le marché via les magasins Lidl et Kaufland. Les déchets collectés sont alors envoyés dans les usines de recyclage du groupe où ils sont lavés, broyés, granulés, pour en refaire des produits similaires qui seront remis sur le marché. La boucle de l’économie circulaire est fermée et le cycle se répète. De plus, PreZero a la main sur l’éco-conception de ses produits du début à la fin du cycle. Nous faisons ainsi partie du seul groupe qui collecte et réinjecte les matières dans le circuit de production ! L’avantage d’être un grand groupe international est que nous pouvons communiquer régulièrement avec tous les pays et échanger sur les innovations et les bonnes pratiques. »

Le Luxembourg, bon ou mauvais élève ?

Selon Nathalie Hiegel, le Grand-Duché est performant en matière de recyclage. « Les collectes sont bien organisées et les centres de ressources (anciennement parcs de recyclage) ne manquent pas. Les citoyens ont bien pris conscience de l’importance de gérer intelligemment leurs déchets. Les industries sont également concernées. Il y a une réelle volonté des communes et des autorités de pousser tout le monde vers une sensibilisation à la protection de la nature. Enfin, la notion de pollueur/payeur incite à réduire fortement les déchets résiduels au profit des déchets recyclés. »

Frédéric Guichard y apporte cependant une petite subtilité. « Le Luxembourg est certes actif au niveau des déchets, mais il compte très peu de filières de recyclage nationales (hormis la biométhanisation et la valorisation du bois pour les déchets non dangereux). Alors qu’au niveau international, nous travaillons avec 120 filières différentes sur un périmètre de 250 kilomètres. Nous traitons du papier, du carton, des métaux, différents types de plastique, le verre, les minéraux, les déchets valorisables, etc. Nous essayons d’avoir un rayon d’action le plus court possible afin de réduire notre impact CO2. »

Et contrairement à ce que nous pourrions croire, la modernité n’a pas que du bon. « Elle a engendré une grande diversité des produits, ayant chacun leurs propres composants qui demandent des tris spécifiques », précise Nathalie Hiegel. « Si on prend le cas de l’habitat par exemple et cette volonté de toujours mieux isoler, les murs ont tellement de couches différentes que cela occasionne un travail considérable pour tenter de tout séparer. Heureusement, on observe un virage à 180° car les industriels ont bien compris que c’est bien beau de se démarquer de la concurrence avec des produits révolutionnaires, mais que cela engendrait tout de même pas mal de contraintes. Je suis donc optimiste pour l’avenir, car les éco-conceptions ont bien intégré le concept de recyclabilité, tout comme les citoyens d’ailleurs. En particulier chez les jeunes qui sont plongés dans cette logique de consommation intelligente, alors que pour d’autres tranches d’âges, le packaging est encore important. Mais ça a tendance à changer de manière positive. C’est à nous d’être proactifs sur l’évolution du tri. »

Et Frédéric Guichard de conclure, « Notre rôle, c’est également du conseil, notamment par rapport à la réduction des déchets et sur la manière de les valoriser. Nos échanges réguliers avec nos collègues du groupe Prezero à l’international nous permettent d’avoir accès aux meilleures méthodes, technologies et innovations disponibles sur le marché afin d’appréhender au mieux la seconde vie de nos déchets. PreZero est clairement l’exemple à suivre en matière d’économie circulaire ! »

Sébastien Yernaux
Photos : ©PreZero Lamesch/ ©Infogreen

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Entrer de plain-pied dans la construction éco-circulaire
Entrer de plain-pied dans la construction éco-circulaire

La durabilité s’inscrit dans l’ADN de l’IFSB et, plus largement, dans celui du groupe CDEC. Depuis ses prémices, cette valeur essentielle s’incarne au quotidien dans ses activités comme dans ses infrastructures. Une des thématiques fondamentales sur lesquelles cette approche s’appuie aujourd’hui est la construction éco-circulaire.

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L’IFSB s’est toujours positionné comme pionnier dans le domaine de la construction durable. En 2008 déjà, le centre de formation organisait la 1re conférence sur le sujet au Luxembourg. Parallèlement, les premières formations en construction durable, notamment celle de conseiller en construction durable, étaient proposées.

« La durabilité est vécue comme un levier positif, une valeur essentielle que nous appliquons au quotidien et dans les actes, pas seulement sur le papier. Depuis 20 ans, nous nous basons sur des valeurs très claires et un engagement de chaque instant », indique Bruno Renders, administrateur général et directeur de l’IFSB et du CDEC.

Aujourd’hui, cet engagement s’articule autour de trois thématiques clés que sont l’empreinte carbone (identification des concepts, structures, moyens et projets visant à accompagner le secteur dans la réduction de son footprint et la mise en place de solutions low carbon avec, comme objectif, la neutralité d’ici 2050), le management responsable de la durabilité (en intégrant les principes de la RSE, de la GRI, de l’ISO 26000, de reporting de critères extra-financiers, et de nouveaux modèles « éconologiques ») et la construction éco-circulaire.

Ce dernier point se traduit par un accompagnement des professionnels du secteur de la construction lors de la mise en place de concepts, de structures, de moyens et de projets visant à privilégier des processus plus économes en matériaux et en énergie. Le groupe CDEC tend aussi à favoriser l’émergence d’approches nouvelles en termes de construction 4.0 (industrialisation, robotisation et digitalisation) et l’utilisation de technologies green and clean.

L’extension du bâtiment de l’IFSB, réalisée récemment, comporte un hall éco-circulaire d’exercice d’environ 600 m2 et 300 m2 de salles de cours, salles de simulation et bureaux.

Un programme nommé Resilient Construction Programme (RCP) a également été déposé au ministère de l’Environnement, du Climat et du Développement durable. Il a pour ambition d’accompagner les acteurs du secteur dans leurs efforts pour réduire ou compenser l’impact de leurs processus, et de les aider à entrer de plain-pied dans la construction éco-circulaire et dans la construction 4.0. Il le fait à travers une série de projets et de mesures réunis sous une feuille de route.

Enfin, autre action notable, le lancement d’une formation de conseiller en économie circulaire et bas carbone. Elle cible les maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre, gestionnaires de projets, ingénieurs, architectes, facility managers, et responsables RH, et balaie avec eux le spectre des enjeux planétaires, européens et luxembourgeois couverts par cette thématique, les principes de l’économie circulaire et la notion de cradle to cradle, le bilan carbone, la réduction et la valorisation de l’empreinte carbone et revient sur quelques études de cas.

Mélanie Trélat
Photos : IFSB

« Nos carrières et raffineries les plus proches se situent sous nos pieds »
« Nos carrières et raffineries les plus proches se situent sous nos pieds »

En tant que spécialiste de l’enrobé recouvrant les routes, pistes cyclables et autres sols extérieurs, Karp-Kneip s’intéresse de plus en plus au recyclage de ces matières souvent importées de loin.

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Qu’est-ce qu’un enrobé ?

Un enrobé est un mélange de gravier, de sable et d’un liant. L’ensemble est malaxé et chauffé à haute température jusqu’à approximativement 180°C. En refroidissant, le mélange durcit et constitue le revêtement de la plupart des routes, pistes d’aéroport, pistes cyclables, cours d’école etc. Il existe une grande diversité d’enrobés qui diffèrent selon leur formulation.

Pourquoi utiliser l’enrobé ?

Généralement les enrobés présentent une basse résistance au roulement qui se traduisent par une réduction de consommation des véhicules et donc également moins d’efforts pour la circulation des cyclistes. Ceci se traduit aussi en moins de bruit et plus de confort pour la circulation, moins d’usure des pneumatiques et des véhicules. Les enrobés présentent également une bonne adhérence pour une multitude de conditions météorologiques, ce qui permet de garantir la circulation en sécurité de tous les usagers. L’enrobé présente également une très bonne durabilité dans le temps et résistance à l’usure, et ceci malgré les intempéries et aléas climatiques. L’ensemble de ces points sont couronnés d’une facilité de mise en œuvre et d’un grand potentiel de recyclage qui font de l’enrobé l’un des matériaux incontournables dans le domaine de la construction.

D’où vient l’enrobé ?

De premier abord, les matières premières constituant les enrobés ne semblent pas présenter de difficultés particulières. Néanmoins les enrobés gorgent de facteurs et détails techniques qui permettent de répondre aux exigences évoquées ci-dessus. La formulation et le choix des matériaux est donc primordial pour garantir un enrobé adapté et de bonne qualité. Des matières premières possédant de fortes exigences techniques doivent être sélectionnées et extraites avec précision et ne sont pas disponibles en abondance et en tout lieu.

Les graviers et les sables doivent notamment posséder des rugosités, porosités, duretés, résistance mécaniques qui ne se retrouvent pas dans toutes les roches et donc pas dans toutes les carrières. Pour le Luxembourg, les graviers neufs traversent systématiquement les frontières et proviennent de différentes carrières situées à plusieurs centaines de kilomètres.

Parmi les liants, le principal est encore le bitume, issu du pétrole, qui donc a majoritairement parcouru plusieurs milliers de kilomètres avant d’arriver chez nous en Europe.

Le recyclage, une évidence et une nécessité

Des techniques de recyclage de l’enrobé permettent de récupérer les enrobés existants et usés afin de les réintégrer à la fabrication de nouveaux enrobés, et ce tout en garantissant une qualité technique du produit équivalente à un produit fait intégralement à partir de matières premières neuves. Le recyclage ne permet pas de gain directement dans le process d’une centrale de production d’enrobés. Néanmoins il permet un gain très important sur l’extraction et l’approvisionnement des nouvelles matières, la mise en décharge et la réduction du transport. La généralisation d’un fort recyclage des enrobés permettrait de s’inscrire davantage dans une démarche d’économie circulaire, qui est tant mise en avant ces dernières années.

Selon une analyse de cycle de vie réalisée par le LIST et mandatée par Karp-Kneip, augmenter de 40% le taux de recyclage permet une réduction de 17% à 30% des émissions de GES (gaz à effet de serre).

Ce recyclage permet également de préserver les ressources naturelles et valoriser les ressources qui au final sont omniprésentes autour de nous. Le recyclage permet non seulement de réduire l’utilisation de sables et graviers neufs, mais permet également de réutiliser une partie du liant déjà contenu dans les agrégats d’enrobés déconstruits. De plus, ces enrobés déconstruits présentent souvent de bonnes caractéristiques, car ils étaient auparavant méticuleusement sélectionnés pour la réalisation du projet.

Il est donc plus que jamais, une évidence que nous devons privilégier les enrobés à fort taux de recyclage. Comme le dirait le responsable qualité des enrobés chez Karp-Kneip, « Nos carrières et raffineries les plus proches se situent sous nos pieds ».

Le cas des enrobés n’est qu’un exemple parmi d’autres dans ce secteur. Nous travaillons également à développer d’autres pratiques notamment sur les autres matières inertes tels que les terres, roches, etc.

Vous pouvez découvrir plus de détails concernant ces thématiques et les autres démarches environnementales de Karp-Kneip dans le cadre de la formation « Conseiller en économie circulaire et bas carbone » organisée par l’IFSB, dans laquelle Karp-Kneip intervient dans le but de développer et d’accompagner les acteurs du domaine vers de meilleures pratiques environnementales.

Texte et photos de Karp-Kneip
Photo principale : fraisage de l’enrobé par Rabotech en vue du recyclage

La plateforme digitale du bois local
La plateforme digitale du bois local

Matériau biosourcé localement, le bois fait partie des éléments-clés d’un mode de production durable et est d’ailleurs une composante stratégique du plan national intégré énergie-climat au Luxembourg. e-Holzhaff a été développé afin de créer un instrument à long terme pour commercialiser davantage de bois local sur le marché intérieur. Interview de Ralf Köhler, Wood Cluster Manager chez Luxinnovation GIE.

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Quelle est l’origine d’e-Holzhaff ?

« L’intérêt croissant pour la construction écologique va de pair avec une demande accrue en bois. Dans le même temps, les goulots d’étranglement des livraisons sur les marchés européens et internationaux et la demande de plus en plus forte de produits en bois étrangers entraînent une hausse des prix et une raréfaction de cette ressource.

Dans ce contexte, la plateforme e-Holzhaff joue un rôle primordial car elle apporte davantage de flexibilité au marché régional et rend le bois local plus accessible. Elle permet en particulier aux clients nationaux – commerçants, artisans, producteurs de bois, etc. – de se voir proposer des produits en bois locaux qu’ils auraient des difficultés à se procurer autrement, voire qu’ils ne trouveraient pas du tout.

Une étude sur le potentiel de bois de valeur issu de la production forestière, réalisée en 2019 pour le compte de l’Administration de la Nature et des Forêts, est à l’origine de la création de cette plateforme. Elle a révélé que la quantité annuelle de bois de valeur disponible au Luxembourg était d’environ 3.800 m³. Le bois de feuillus en particulier, notamment de hêtre, est actuellement difficile à vendre au niveau local et régional. Dans le cadre de cette étude, un marché virtuel du bois a été développé, qui a été le point de départ d’e-Holzhaff. Cette plateforme permet d’identifier rapidement les matières premières disponibles, notamment les grumes et de proposer des étapes de transformation ultérieure par des entreprises régionales. »

Pourquoi est-il important dans une démarche d’économie circulaire (que ce soit dans la construction, l’ameublement ou tout autre domaine où le bois peut être utilisé) de choisir le bois comme matériau, notamment le bois local ?

Le bois est un élément central dans les efforts et les objectifs stratégiques d’une économie circulaire au Luxembourg.

« La promotion régionale de l’utilisation en cascades du matériau bois, par exemple par l’utilisation du potentiel local de bois brut dans le secteur de la construction, ou le recyclage du bois non pollué issu de la déconstruction, fonctionne comme un puits de carbone à long terme.

En tant que matériau biosourcé, le bois stocke du CO2 lors de sa croissance et même si de l’énergie est consommée lors de la transformation, le bilan climatique est meilleur que celui des matériaux de construction traditionnels.
Le Luxembourg souhaite se concentrer davantage sur les matériaux de construction biosourcés afin de réduire l’impact climatique du secteur de la construction. Cependant, il est important que seuls des matériaux de construction produits de manière durable soient utilisés et que les forêts déjà endommagées par le changement climatique soient protégées (par exemple en utilisant un label FSC ou PEFC).

La repousse des arbres est un puits de carbone à long terme, et ces puits sont essentiels si nous voulons atteindre nos objectifs climatiques. Mais nous ne parlons pas seulement de bois : l’herbe, la paille, le miscanthus ou le chanvre poussent très rapidement, peuvent être récoltés chaque année et, par exemple comme matériau d’isolation, stockent le carbone pendant des décennies.
Économiquement, les matériaux biosourcés sont très intéressants. En plus de la protection du climat, les chaînes régionales de valeur de la construction en bois peuvent également être étendues. Le secteur de la construction est également soutenu afin de former les entreprises du bâtiment et les artisans à la manipulation des matériaux biosourcés. »

Quel bilan faites-vous 6 mois après le lancement de la plateforme ? A-t-elle eu le succès escompté ?

« À la mi-mars 2023, 5.500 utilisateurs avaient accédé au portail, dont environ 87 % provenaient du Luxembourg et environ 13% de la Grande Région. Parallèlement, environ 120 comptes utilisateurs ont été créés, dont environ un tiers étaient des entreprises et deux tiers des particuliers. Les annonces actuelles fluctuent, il y a un total de 50 offres et demandes début janvier.

La plateforme est actuellement en phase de test pour évaluer son acceptation au sein de l’industrie. Luxinnovation agit comme un catalyseur et un promoteur pour le lancement du portail. Compte tenu de l’orientation à long terme et des ajustements réglementaires nécessaires, tels que la simplification du système d’attribution du bois public, l’obligation renforcée d’une utilisation du bois en cascade et l’accent mis sur l’utilisation locale du bois feuillu, le succès de la plateforme peut être confirmé à ce jour.

Il est toutefois envisagé de confier la gestion opérationnelle de l’e-Holzhaff à un ou plusieurs partenaires, soit privés, soit en coopération public/privé, qui pourront garantir la réussite à long terme de ce projet. »

Quelles sont les conditions d’accès (en tant que vendeur ou acheteur) à la plateforme ?

« Les conditions d’accès sont très simples. Pour le moment, les vendeurs et les acheteurs ont un accès gratuit à la plateforme. Publier des annonces, des demandes ou des services est techniquement très simple, cela se fait en quelques clics.

La publication d’annonces est également gratuite et les utilisateurs interagissent librement. »

e-Holzhaff est donc accessible à tous et ouvert à l’ensemble de la société.

Des développements sont-ils prévus pour la plateforme ?

« Les activités sur la plateforme se développent lentement mais sûrement. Le portail est actuellement étoffé de manière à ce que les lots d’enchères et les soumissions publiques de bois puissent y être placés.

La possibilité de placer sur e-Holzhaff des parcelles boisées mixtes, qui font référence à plus d’une espèce d’arbre, est en cours de mise en œuvre. Ceci s’applique également aux petites unités de vente de grumes destinées au marché local immédiat. Il est prévu du côté de la forêt publique que les quotas de issus des soumissions annuelles de l’État soient également publiées sur e-Holzhaff. Cependant, lorsqu’il s’agit de l’attribution directe de grumes individuelles ou de petits assortiments de bois ronds de la forêt publique, les réglementations légales nécessaires font toujours défaut. Cela sera corrigé avec la nouvelle loi forestière. Il s’agira d’une base essentielle pour le fonctionnement du portail.

Il y a aussi des métiers qui souhaiteraient élargir le portail aux produits en bois régionaux, comme le bois de construction, les meubles ou les matériaux à base de bois, car il y a là aussi un manque de transparence sur la disponibilité et de visibilité sur le marché régional. Luxinnovation étudie actuellement ces exigences et est en contact étroit avec les entreprises de la filière bois luxembourgeoise et les institutions, notamment l’Administration de la Nature et des Forêts. »

D’ailleurs, la plateforme en a-t-elle inspiré d’autres du même genre qui pourraient voir le jour, par exemple pour d’autres matériaux ?

« La structure modulaire de l’e-Holzhaff est facile à développer et ses fonctionnalités peuvent être complétées par d’autres matériaux, pour les bio-ressources en général. Comme déjà mentionné, il est envisageable d’utiliser d’autres produits du bois ou même du bois recyclé, pour une utilisation en cascades. Surtout si c’est introduit dans une nouvelle utilisation des matériaux, dans le cadre du recyclage circulaire. Par exemple, des panneaux de bois mis au rebut ou des charpentes de toiture non contaminées peuvent être réutilisés pendant une période prolongée. Il existe une demande potentielle de la part de fournisseurs, par exemple des entreprises de construction et de démolition, ainsi que de clients tels que des installateurs et des architectes innovants. De plus, la loi luxembourgeoise modifiée sur les déchets de 2022 a renforcé le cadre juridique pour cela et considère le recyclage des ressources en bois biogénique comme un élément central d’une économie circulaire.

Luxinnovation développe actuellement une plateforme ‘Déconstruction’ avec des entreprises sélectionnées du secteur de la planification et de l’élimination. Cela signifie principalement un lieu de stockage physique pour les matériaux de déconstruction biosourcés et non biosourcés. L’e-Holzaff peut également jouer un rôle ici. Surtout lorsqu’un lieu de négoce ou d’échange numérique de matériaux de déconstruction doit être proposé via une offre étendue.

L’orientation interrégionale joue également un rôle croissant. Il y a des demandes de la Grande Région pour étendre la portée de l’e-Holzhaff à la Wallonie, la Lorraine, la Rhénanie-Palatinat et la Sarre. À partir de 2024, ces possibilités sont à approfondir dans le cadre du programme Interreg VI Grande Région. Cela a du sens car le flux de bois ne s’arrête pas aux frontières nationales et la coopération économique européenne est particulièrement forte dans l’industrie nationale du bois. »

Propos recueillis par Marie-Astrid Heyde
Photo de Ralf Köhler : Luxinnovation

La forêt, le biomimétisme et l'économie circulaire
La forêt, le biomimétisme et l’économie circulaire

L’aboutissement du principe d’économie circulaire ne concorde-t-il pas avec une réduction drastique des matériaux et autres produits de consommation importés au prix de grands voyages ? Le transport des marchandises à travers la planète a des conséquences catastrophiques et doit cesser. Place à l’autonomie territoriale.

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Une voie est de faire du neuf avec du vieux, de réduire les déchets afin de diminuer notre impact climatique au stricte nécessaire. Aujourd’hui, penser global et consommer local doit être plus qu’un slogan.

L’économie circulaire peut être vue comme un biomimétisme inspiré par la forêt. Sans nul doute la forêt est un exemple parfait d’économie circulaire. Un écosystème en équilibre, où la vie et la mort se côtoient et font croître la biomasse à l’infini.

L’arbre étant par nature immobile, son terrain de jeu n’est pas l’économie mondialisée. Il fait local en utilisant les ressources disponibles : sol, eau de pluie et soleil.

L’arbre, aussi grand soit-il, est composé de 2 % des minéraux puisés par ses racines, 48 % d’eau provenant principalement du sol et de 50 % des gaz atmosphériques ! Le CO2 est son principal composant. Alors qu’il grandit et se multiplie, l’arbre et son biotope (la forêt) entretiennent leur environnement.

La symbiose entre l’arbre et son milieu est simplement fabuleuse. Cela va du plus petit au plus grand organisme vivant, de la faune à la flore en passant par l’un de ses partenaires indispensables : le champignon. Tous jouent un rôle parfaitement équilibré, de collaboration, de recyclage et de création de ressources en continu.

Comment imaginer l’arbre dans notre économie circulaire ?

Au commencement était la forêt. Elle a permis de constituer les sols nourriciers. Là où ces terres ont été dégradées par une agriculture, non plus paysanne, mais industrielle, il est temps de remettre des arbres afin de permettre l’aggradation des sols, qui nous permettent de nous nourrir sainement. Par ailleurs, ces mêmes arbres permettent de remplir les nappes phréatiques qui, actuellement, nous abreuvent encore… Alimentation et eau sont à la base de tous nos besoins. Mais ce n’est pas tout !

L’arbre « bois » ou « énergie » dans l’économie circulaire sont tout deux remarquablement utiles aux civilisations. L’ arbre « bois » permet de construire, en séquestrant durablement le CO2, et aide à protéger les forêts tropicales du déboisement illicite.

L’arbre « énergie » procure chaleur pour l’habitat et la cuisine… De très nombreux autres produits et bienfaits sont issus de ces êtres qui jadis peuplaient quasiment toute l’Europe.

Sommes-nous assez fous pour ne pas repeupler au plus vite nos paysages avec ces végétaux indispensables ? Une civilisation n’a de futur sans reprendre racine auprès de ces généreux compagnons que sont les arbres. N’ayant pas compris les sécheresses comme un message climatique, certaines lointaines civilisations ont disparu à jamais. Allons-nous suivre ce même déclin, mais cette fois à l’échelle planétaire, ou alors allons-nous replanter des arbres dans les paysages ruraux et végétaliser le milieu urbain ?

Les graines dans la main et la terre sous nos pieds, il nous est encore possible de réenchanter le monde.

Luc Koedinger, co-fondateur de « Canopée, coopérative en Agroforesterie »
(Copyleft)

Le biogaz cultive des bienfaits illimités
Le biogaz cultive des bienfaits illimités

Les marqueurs sont clairs et les indicateurs sont au vert. Les producteurs de biogaz et leurs installations à taille humaine apportent leur contribution à la consolidation d’un mix énergétique tourné vers les énergies renouvelables et la réalisation des objectifs du Plan national intégré en matière d’énergie et de climat (PNEC). Outre les qualités inhérentes à sa production, comme la réduction des émissions de gaz à effet de serre ou la stabilité de ses performances, vous allez constater que les avantages du gaz d’origine biologique, même lorsqu’ils sont méconnus, sont pluriels et inépuisables.

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Le Luxembourg compte quelque 26 unités de production de biogaz assurant plus de 250 gigawattheures (GWh) réinjectés dans la production de gaz naturel, de chaleur et d’électricité.

Le biogaz du Luxembourg rend possible le chauffage annuel, neutre en carbone, de plus de 3.000 ménages.

Substituer une énergie fossile par une énergie renouvelable

Selon les chiffres de l’Institut Luxembourgeois de Régulation (IRL), la part du biogaz dans les énergies renouvelables atteint les 5% et participe activement à une production renouvelable d’électricité en constante hausse, orientée vers les buts du PNEC, le plan national intégré en matière d’énergie et de climat.

En 2021, le Luxembourg a couvert 18,5% de sa consommation nationale par sa propre production, dont 15,2% issus des énergies renouvelables. Le secteur du biogaz facilite cette réorientation stratégique de la production nationale. Un développement qu’il s’agit désormais de favoriser et de poursuivre.

Au Grand-Duché, le paysage des unités de méthanisation est composite. Pol Wagner, président de l’association Biogasvereenegung A.s.b.l et producteur indépendant de biogaz, explique que les « méthaniseurs luxembourgeois sont des infrastructures à taille humaine avec une production raisonnée. »

Limiter et capturer les gaz à effet de serre

La réduction des émissions de gaz à effet de serre (méthane CH4, carbone CO2, azote N2O) et d’ammoniac est certainement l’effet positif de la biométhanisation le plus connu. Le biogaz national a notamment permis une réduction des gaz à effet de serre de plus de 60.000 tonnes d’équivalent CO2 par an.

Le Dr Khadidja Chaib Draa, conseillère référente de la Biogasvereenegung A.s.b.l creuse le sujet, « comparé au CO2, le méthane est 23 à 25 fois plus néfaste pour le climat. Or, le processus de production du biogaz est une solution parfaite à la capture du méthane. »

Le biogaz peut être stocké sur une longue période, de manière simple et économique. Il possède ainsi la particularité d’une grande flexibilité, grâce notamment à cette production à la demande.

Le digestat, le coproduit clé de l’économie circulaire et de la protection de l’environnement

Penchons-nous sur le recyclage des fertilisants qui s’inscrit dans l’économie circulaire du biogaz.

Près de 10% de la SAU (surface agricole utile) profite d’une fertilisation naturelle par le digestat, le coproduit issu de la production du biogaz.

Plus de la moitié des installations sont en mesure, grâce notamment à la prime de lisier, de valoriser plus de 70% d’effluents d’élevage dans la totalité de leurs intrants.

Le digestat (digestion sans oxygène) est un résidu solide ou liquide composé de minéraux et d’éléments organiques non dégradés. À ce stade, il se substitue aux engrais chimiques d’origine fossile et réduit encore davantage les émissions de gaz à effet de serre liées à leur conception.

Par ailleurs, le digestat séquestre le carbone présent dans le sol en lui apportant une matière organique stabilisée (60 kg/t de digestat) et des micro-éléments, facteurs essentiels d’une culture végétale saine.

Une triple action de décarbonation qui s’accompagne d’un effet moins perceptible mais tout aussi primordial. En remplaçant les engrais azotés chimiques et leurs épandages, le digestat préserve les nappes phréatiques. En comparaison de la fertilisation chimique en prairie, il présente un faible risque de pollution de l’eau par les nitrates.

Le Biogaz, à l’aise dans son écosystème et son environnement local

Le biogaz est une aubaine pour une agroécologie concentrée sur l’utilisation des richesses naturelles de son biotope. La méthanisation entraîne le bouclage des cycles biologiques du carbone et de l’azote.

En outre, Pol Wagner souligne que la production de biogaz use d’une faible part de plantes énergétiques à la SAU (Surface agricole utile), la plus contestée restant le maïs. Non seulement, le biogaz ne rentre pas en concurrence avec les alimentations animales et humaines mais il préserve les ressources agricoles et ne détériore pas les aquifères et les réserves d’eau.

La part des plantes énergétiques à la SAU dans la biomasse du biogaz est très inférieure aux prérequis fixés par le PNEC 2010. 0,7% pour un objectif de 1,1%. Le choix des inputs est rigoureux. Depuis plus de 10 ans, cette part est stable. Cela marque l’engagement fort des producteurs pour générer un biogaz respectueux de la biodiversité, avec la meilleure plus-value écologique.

Un générateur d’électricité sûr, sain et stable

La décomposition des déchets à l’œuvre pendant la méthanisation est réalisée sans oxygène, sans contact avec l’air ambiant et donc, sans odeur. C’est le traitement biologique des déchets générant le moins de nuisances olfactives et sonores. Au Luxembourg, les riverains peuvent témoigner de la qualité de l’environnement immédiat des producteurs de biogaz.

Contrairement aux autres sources d’énergie renouvelable, la méthanisation est une production stable d’électricité qui n’est pas soumise aux aléas climatiques ou aux changements météorologiques. Sa fiabilité est à toute épreuve.

Sébastien Michel
Photo : Marie Champlon

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En route vers une année 2030 à énergie positive
En route vers une année 2030 à énergie positive

Toutes les énergies sont renouvelables donc circulaires, car comme l’a si bien formulé Antoine Lavoisier « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Le monde de la construction s’adapte de plus en plus à une meilleure utilisation des ressources naturelles.

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Toutefois, les processus de transformation et de recombinaison sont d’un côté très lents, notamment la dégradation de matières organiques à base de pétrole, mais de l’autre côté, ils sont excessivement rapides (exemple : la combustion). Ils sont respectivement accompagnés, dans le cas du pétrole, mais aussi du charbon et dans un autre registre, du nucléaire, d’effets secondaires préjudiciables, dangereux et nocifs, modifiant la vitesse de l’homéostasie planétaire aux désavantages des êtres humains.

Le récent rapport IPCC de mi-mars l’a confirmé une fois de plus : le remplacement de ces énergies aux effets périlleux, par des sources aux effets moindres, s’impose dans les meilleurs délais voire doit être accéléré partout, également au Luxembourg.

Eurosolar Lëtzebuerg avait présenté, en juin 2022, des scénarios sur la manière dont le Luxembourg peut devenir entièrement, ou du moins en très grande partie, EnR (énergies renouvelables) en 2030. La première étape consiste à installer sur toutes les toitures des panneaux photovoltaïques. Trente km2 de panneaux PV suffisent pour produire 5 TW d’électricité. Au Luxembourg, nous disposons d’environ 200 km2 de toits auxquels on peut encore ajouter les surfaces scellées mais sans toitures comme les parkings. Le potentiel solaire est donc considérable.

En effet, les progrès au niveau de l’efficacité et de la sensibilité des semi-conducteurs, donc des cellules photovoltaïques et par là des capacités des panneaux solaires, font que se limiter à l’orientation des installations au seul sud est désuet. L’exposition sud-est-ouest doit dorénavant être la règle. Même l’orientation vers le nord est possible selon les situations et la surface.

D’où l’importance de penser, prévoir et inclure la production et la consommation d’énergie provenant des sources renouvelables dès le départ, pour les nouvelles constructions. En effet, il est plus facile de construire des choses correctement et d’entrée de jeu que de les perfectionner par la suite. Chaque maître d’ouvrage a la responsabilité de planifier et réaliser un projet tout en gardant à l’esprit l’importance des énergies renouvelables.

Cette planification doit inclure, notamment dans les nouveaux lotissements et quartiers, le mini-réseau, c’est-à-dire le groupement local de sources d’énergies couplé à un dispositif de stockage et un système intelligent de distribution. Un tel mini-réseau assure la fourniture d’une électricité fiable, efficace et souple, permettant l’utilisation de l’énergie produite sur place pour répondre à la demande locale tout en diminuant la déperdition d’énergie liée au transport et au partage.

Il permet également une augmentation de l’efficacité de l’approvisionnement comparé au système centralisé qui a été installé moyennant des investissements importants, dans nos régions et auquel nous nous sommes habitués, mais qui est obsolète. Les deux systèmes pourront profiter du partenariat : les grands en devenant plus souples et les minis, par l’utilisation des normes techniques ayant fait leurs preuves.

Par ailleurs, l’optimisation et la mise à niveau de l’existant doit être fait selon les même principes de circularité énergétique. Les constructions sont équipées d’éléments techniques notamment de stockage et de chauffage (essentiellement des pompes à chaleur et d’autoconsommation). On y ajoute également des dispositifs intelligents qui ne concernent pas seulement les prises électriques mais aussi les réseaux de chauffage. On peut donc combiner chaleur et électricité. On y associe enfin la mini cogénération, alimentée par l’énergie renouvelable disponible localement qui est complémentaire et circulaire, donc chez nous le soleil, le vent et la biomasse.

Cette manière de penser le circulaire est un changement. Mais chaque maître d’ouvrage construit pour ses propres besoins, mais toujours dans un contexte sociétal. Ce dernier est celui de la plus grande transition énergétique de l’histoire, ce qui lui confère une responsabilité autrement plus importante. Une responsabilité partagée avec nous toutes et tous.

Paul Zens
Photo : ©Eurosolar

5e Journée de l'économie circulaire
5e Journée de l’économie circulaire

Si ce dossier vous a convaincu de l’importance de l’économie circulaire, rendez-vous à Wiltz le 26 avril pour une journée dédiée à la thématique.

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La commune de Wiltz, dans son rôle de « Hotspot communal de l’économie circulaire au Grand-Duché de Luxembourg », organise annuellement la « journée de l’économie circulaire ». Cette conférence a pour but de promouvoir l’économie circulaire au niveau national : d’un côté, via le partage de ses expériences et de son savoir-faire établi à travers les multiples projets et, de l’autre côté, via l’activation et la consolidation du réseau de parties prenantes actives dans le domaine de l’économie circulaire.

Une tradition appréciée par de plus en plus de participants

Une fois de plus, la commune de Wiltz consacre une journée entière à l’échange sur les opportunités de l’économie circulaire et au partage d’expériences acquises suite à ses projets développés. Cette cinquième édition se tiendra à nouveau dans le cadre pittoresque du Château de Wiltz, dans lequel le Circular Innovation Hub – centre de compétences en économie circulaire de la commune de Wiltz – a également déménagé récemment.

Les années précédentes, l’événement était destiné en priorité aux acteurs du secteur public. Dans le but de permettre à tous de s’engager dans la transition vers une économie circulaire et dans le cadre du nouveau partenariat avec ln4green, l’édition de 2023 ouvrira ses portes à toutes les parties prenantes, aussi bien du secteur public que du secteur professionnel privé.

Une discussion sur les stocks et flux de ressources dans les villes

Après avoir consacré les conférences précédentes, entre autres, à la « résilience des communes en période de crise » et au « rôle des communes dans la transition vers l’économie circulaire », la conférence principale de cette année tourne autour du thème des « métabolismes urbains – les flux et stocks de ressources ». Le conférencier de cette année est Prof. Dr. Henning Wilts, directeur du département en économie circulaire à l’institut de Wuppertal (DE). Il est spécialisé dans la thématique depuis plus de 14 ans, et plus spécifiquement dans les domaines sur les processus de transformation, l’économie de la prévention des déchets, l’évaluation environnementale des mesures de prévention des déchets, ainsi que l’efficience des ressources. Il a coordonné plus de 30 projets et a réalisé plus de 100 publications sur les défis et opportunités de l’économie circulaire. Il aura l’occasion de présenter sa vision globale sur la gestion des ressources ainsi que quelques projets mis en œuvre dans des grandes villes allemandes.

Un programme varié de découvertes et d’échanges d’idées

La conférence principale est complétée par des visites de projets réalisés par la commune de Wiltz, notamment le nouveau campus éducatif qui est construit avec des matériaux sains et écologiques, ou l’Hôtel de Ville qui a été rénové en récupérant un maximum de matériaux existants.

De plus, une série de workshops participatifs est proposée afin de permettre aux participants de la journée d’échanger sur des thématiques actuelles avec des personnes ayant les mêmes intérêts et afin de faire émerger de nouvelles idées et pistes pour une meilleure intégration et valorisation des principes de l’économie circulaire.

N’hésitez pas à vous inscrire (via ce lien), même si vous n’êtes pas encore expert dans la matière. Un atelier « express » vous est proposé en début de matinée pour vous donner les bases nécessaires afin de pouvoir suivre toutes les discussions de la journée.

Article et photo de l’Administration communale de Wiltz

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