La vie cachée des déchets révélée par les intelligences artificielle et humaine

La vie cachée des déchets révélée par les intelligences artificielle et humaine

Dr. Jeff Mangers a co-fondé la start-up CRAB Traceability Systems. Une histoire qui commence en 2019 dans le contexte universitaire et qui trouve aujourd’hui des applications très concrètes dans la traçabilité des produits, en particulier des déchets.

Pouvez-vous nous raconter l’origine de CRAB Traceability Systems ?

- © CRAB

Dr. Jeff Mangers : L’idée de CRAB est née à partir de ma thèse de doctorat, débutée en 2019 à l’Université du Luxembourg, qui portait sur la fin de vie des produits et la traçabilité des déchets. Nous avons officiellement lancé la start-up en août dernier. Le constat de départ est simple : une fois qu’un produit est jeté, il continue à « vivre », mais on ne sait plus vraiment ce qu’il devient. Est-il trié, recyclé, démonté ? Ces questions restent souvent sans réponse, alors qu’elles sont cruciales, tant pour l’environnement que pour les entreprises soumises à des réglementations européennes de plus en plus strictes.

Concrètement, que fait CRAB ?

Nous développons une technologie basée sur l’intelligence artificielle et la vision par ordinateur pour mieux comprendre ce qu’il advient des déchets. Nous installons des caméras dans les centres de tri et de recyclage afin d’obtenir des données précises sur le flux de déchets. Par exemple, nous pouvons compter le nombre de bouteilles PET transparentes et colorées, ou encore détecter des emballages spécifiques comme un tube de dentifrice d’une certaine marque.

Notre concept est modulaire : il peut s’adapter à d’autres types de produits, comme le textile. Et à terme, notre ambition est d’intégrer ces données dans la conception des produits eux-mêmes, pour que le recyclage soit pris en compte dès la phase de design.

- © CRAB

Quelles sont les prochaines étapes pour votre start-up ?

Nous sommes en train de finaliser notre prototype complet, qui intègre les caméras, les algorithmes d’analyse et le logiciel. En parallèle, nous lançons plusieurs projets pilotes avec des entreprises partenaires. L’objectif est de tester la solution sur le terrain avant un déploiement à plus grande échelle.

- © CRAB

En mai, nous allons aussi lancer notre application au Luxembourg, pour permettre une meilleure cartographie des déchets visibles sur le territoire. Elle sera capable d’identifier et de catégoriser les déchets à partir de simples photos et de les classer selon 11 catégories –plastique, verre, mégots de cigarettes, etc. Ces données sont géolocalisées et horodatées, et nous avons même effectué des tests par drone pour cartographier les déchets le long des routes. L’objectif est d’apporter une traçabilité réelle là où il n’y en avait pas. Nous sommes à la recherche de communes qui seraient activement intéressées pour utiliser cette application en collaboration avec les citoyens.

Qui compose votre équipe ?

Nous sommes trois cofondateurs : moi-même, Dr Alexej Simeth et le Pr. Atal Kumar. Nous sommes accompagnés par deux membres du comité consultatif : Marc Jacobs et Bernard Merkx. L’équipe opérationnelle est composée de cinq personnes : deux ingénieurs logiciels, deux spécialistes en vision par ordinateur et un ingénieur en matériel électronique.

Propos recueillis par Marie-Astrid Heyde, lors de l’événement « Économie circulaire pour la filière textile : entre enjeux environnementaux et opportunité économique et sociale », organisé par la commune de Wiltz, le Circular Innovation Hub et In4Green.
Tri des informations par intelligence artificielle. Texte final par intelligence humaine.
Photos : CRAB TS / dispositif de reconnaissance des déchets supprimé informatiquement

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Publié le mercredi 7 mai 2025
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