L'économie du partage, (res)source de développements

L’économie du partage, (res)source de développements

Sharing economy : un modèle qui organise l’échange de biens et services durables, avec une plus-value économique. Le Luxembourg veut promouvoir le concept, projets et mesures à l’appui.

Avec une présentation à la presse et à destination du grand public, le ministre de l’Économie, Franz Fayot, a officiellement adoubé l’économie du partage comme un modèle à développer au Grand-Duché de Luxembourg. Les mesures d’encouragement et les projets-pilotes sont déjà sur la table, voire en route.

(de gauche à droite) : Luc Decker, ministère de l’Économie ; Franz Fayot, ministre de l’Économie ; Dr. Jeannot Schroeder, managing director, +ImpaKT Luxembourg

Depuis 2014, le gouvernement luxembourgeois promeut le passage, progressif mais résolu, d’une économie linéaire à une économie circulaire, clairement identifiée comme l’un des piliers de sa politique de développement socio-économique. Comme on le sait, l’économie circulaire fait l’objet d’une stratégie nationale, lancée en février 2021, qui propose des lignes directrices pratiques aux citoyens, aux entreprises, aux communes, aux administrations de l’État, bref à l’ensemble de la société, le concept de circularité étant incontestablement lié à la révision d’un modèle sociétal, plus durable, à la fois économe en ressources -majoritairement réutilisées- et économiquement viable pour ses acteurs et les parties prenantes engagées.

Or, la mutualisation et le partage des produits, que met en avant le modèle de la « sharing economy », font partie des concepts-clés dans la mise en œuvre d’une économie circulaire.

Une étude qui défriche et parfois dépote

Franz Fayot et son ministère ont ainsi commencé par diligenter une étude, complète et détaillée

(en 55 pages, disponible ici – PDF), dans le but de « passer en revue les différents modèles d’affaires et mécanismes publics appliqués dans d’autres pays, de relever les éléments qui freinent ou favorisent le déploiement de la sharing economy au Luxembourg ainsi que d’analyser les voies de développement d’activités économiques dans ce domaine ». Elle est parfois sans concession sur de vieilles habitudes sociétales, comme le culte de la possession...

Jeannot Schroeder, managing director chez +ImpaKT Luxembourg S.à.r.l, qui a contribué à la réalisation de l’étude, commente, exemple simple et parlant à l’appui « L’économie de partage peut avoir un impact très significatif. Prenons une perceuse, qui ne sert que quelques minutes par an finalement. Le même outil, partagé et utilisé par un maximum de personnes, a le potentiel de remplacer des dizaines de machines privées ».

L’étude a comparé ce qui se fait déjà, cherché des définitions, identifié des niches, relevé des exemples qui fonctionnent (y compris au Luxembourg, comme les solutions de mobilité, vélos ou voitures partagés, la plateforme DingDong pour le prêt de petit matériel entre particuliers, la mise à disposition d’espaces de co-working en ville -comme The Office-, Furnished.lu, une plateforme de partage de location meublée à court terme ou encore le site Kidsbox pour la location de jouets pédagogiques et écoresponsables).

Elle a également observé des modèles de gouvernance et de business citoyen, mis le doigt sur des freins socioéconomiques, tracé des limites et des objectifs.

En sort notamment une définition locale et adoptée de la sharing economy : « un modèle économique qui permet d’organiser le partage et la mise à disposition, à court terme, de biens durables entre acteurs, moyennant une transaction qui crée une plus-value économique. Celui-ci présente un certain nombre d’avantages compétitifs tels qu’un gain de temps, d’argent et un meilleur usage des ressources ».

Un appel à projets, un soutien aux idées

Et l’étude, validée par le ministère, a surtout dégagé, pour stimuler le développement de cette économie de partage, 9 mesures « visant à sensibiliser, encadrer, accompagner et financer, à la fois les porteurs de projets, les entreprises existantes et les utilisateurs existants et futurs », classées en 5 catégories.

Franz Fayot a déjà annoncé la mise en œuvre, à court terme, de recommandations opérationnelles, incluant 4 projets-pilotes potentiels.

Un module d’accompagnement sur l’économie du partage s’intègre dans le programme d’encadrement et de co-financement Fit4Sustainability offert par Luxinnovation avec le soutien du ministère de l’Economie. De même, un module de formation sera intégré au programme d’accélération Fit 4 Start pour le soutien aux start-up luxembourgeoises et internationales.

Comme, parmi les freins identifiés, il y a la culture de la propriété privée, le ministère souhaite faire évoluer cette approche. « La mise en exergue des bénéfices ne se veut pas seulement économique mais ambitionne également de démontrer la plus-value environnementale et l’impact positif de ces initiatives », souligne +ImpaKT dans l’étude.

Un appel à projets, à destination des communes ou d’acteurs économiques intéressés, propose de créer des espaces de partage d’équipements (par exemple, en créant un kiosque, sorte de bibliothèque d’outils) dans des quartiers existants ou à venir. « L’objectif d’un tel projet pilote est de définir un concept et un modèle d’affaires de type partage d’équipements et d’en valider l’approche à des fins de transposition à plus large échelle », précise le ministère - les parties intéressées peuvent déjà contacter M. Ernest Boever au ministère de l’Economie.

L’exemplarité du miel et des emballages

D’autres idées de projet, à plus long terme, concernent les emballages réutilisables (reusable packaging) en B2B, la création de lieux de partage dans des projets immobiliers et quartiers en phase de conception/ réalisation. Ou encore « la logistique inversée des pots de miel ».

« La question de la logistique et de la traçabilité est un enjeu majeur de la sharing economy », décrit l’étude. « À cet égard, la mise en place d’un projet pilote, concret, exemplaire, portant sur la logistique inversée de biens partagés et partageables favoriserait l’appropriation de la thématique par les acteurs de terrain. Par exemple, au Luxembourg, la filière de l’apiculture est circonscrite à un groupe spécifique d’acteurs. Les produits mellifères possèdent des caractéristiques similaires, notamment la taille et la forme des pots (500g.) et la matière de ces derniers (verre). Ce qui fait de cette filière un candidat potentiel à la mise en œuvre d’un projet pilote de petite taille mais à envergure nationale, impliquant des acteurs locaux issus du secteur de l’agriculture ». Une idée à suivre…

Dans tous les cas, le ministre de l’Économie Franz Fayot engage le pays dans la voie partagée : « L’économie du partage crée de nouvelles opportunités pour bon nombre d’acteurs et sert de catalyseur à l’innovation. En favorisant l’optimisation des ressources, la sharing economy contribue à atteindre les objectifs de développement durable de la société et de l’économie ».

Alain Ducat

Photos et illustrations : SIP/MECO/+ImpaKT

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Publié le mardi 23 août 2022
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