Il en faut peu pour être heureux…

Il en faut peu pour être heureux…

Il faut se satisfaire du nécessaire, comme Bea Johnson, auteure, conférencière et experte du mode de vie zéro déchet. Rencontre.

Bea Johnson est « la prêtresse de la vie sans déchet ». C’est ainsi que l’a surnommée The New York Times. À l’origine du mouvement grâce à son blog, elle en est aussi la porte-parole : elle a donné plus de 200 conférences dans 35 pays sur les 6 continents, elle compte parmi ses clients Google, Pixar, Adobe, l’université de Berkeley, le Parlement européen ou encore l’ONU, et son livre intitulé « Zéro déchet : comment j’ai réalisé 40 % d’économie en réduisant mes déchets à moins de 1 litre par an ! » et sous-titré « 100 astuces pour alléger sa vie », est un best-seller traduit dans une vingtaine de langues.

Vivre en mode zéro déchet, c’est pour Bea Johnson : « Réduire au minimum les déchets ménagers en adoptant un mode de vie plus simple, mais aussi plus riche, basé sur les expériences et non sur les biens matériels ».

Crédit photo : ZeroWasteHome.com
Crédit photo : ZeroWasteHome.com

L’aventure commence en 2006 pour la famille Johnson, qui vit alors dans une spacieuse villa dans la périphérie de San Francisco. « Nous étions obligés de prendre la voiture pour aller au resto, à l’école, au magasin. Nous aurions préféré pouvoir nous y rendre à pied ou à vélo comme nous le faisions dans les grandes villes européennes où nous avions habité auparavant. Cette vie nous manquait. C’est pourquoi nous avons décidé de nous installer en centre-ville », raconte Bea Johnson. « Pour trouver la maison idéale, il nous a fallu une année. Pendant cette période, nous avons loué un appartement où nous n’avons emporté que le nécessaire. Et quand nous avons enfin pu emménager dans notre nouvelle maison, nous nous sommes rendu compte que 80 % des biens matériels que nous avions mis au garde-meuble ne nous avaient pas manqué du tout. Nous nous en sommes donc débarrassés. C’est là que nous avons découvert les bienfaits d’une vie simple. Nous avons alors trouvé du temps pour nous documenter sur les problèmes environnementaux et ce que nous avons appris nous a attristés et nous a donné la motivation de changer notre façon de consommer. Nous avons d’abord fait attention à l’énergie et à l’eau, puis je me suis tournée vers les déchets. En faisant des recherches, je suis tombée sur l’expression zéro déchet qui n’était alors utilisée que pour décrire des pratiques industrielles. Cela a été le déclic. Je me suis dit : c’est cela qu’il faudrait faire à la maison ! Si zéro n’est pas l’objectif, alors quel est-il ? »

Crédit photo : Michael Clemens
Crédit photo : Michael Clemens

À ceux qui souhaiteraient suivre son exemple, elle propose une méthodologie basée sur 5 règles. La première consiste à refuser ce dont on n’a pas besoin, la deuxième à réduire ce dont on a besoin, la troisième à remplacer ce qui est jetable par une solution alternative réutilisable et à acheter d’occasion quand c’est nécessaire, la quatrième à recycler seulement ce que l’on ne peut pas refuser, réduire ou réutiliser, et la cinquième enfin, est de composter le reste. « Plus on refuse, moins on aura à réduire. Plus on réduit, moins on aura à réutiliser, et ainsi de suite. La première règle d’un mode de vie zéro déchet est d’apprendre à dire non. Nous sommes la cible d’un tas de produits promotionnels gratuits : des sacs en plastique, des cartes de visite, des échantillons, etc. À chaque fois que nous acceptons un de ces produits, nous créons une demande d’en fabriquer : c’est une façon de consommer », explique-t-elle.

Grâce au travail réalisé à travers son blog et son livre, la démarche est aujourd’hui connue et comprise, mais lorsque Bea Johnson s’est lancée il y a une dizaine d’années, ce n’était pas le cas. « Les premiers articles sur notre mode de vie étaient très critiques et la première fois que je suis allée faire les courses avec des bocaux et des sacs en tissu, on m’a regardée d’un drôle d’air. J’ai vite compris qu’il ne servait à rien de partir dans des débats - je ne suis pas là pour dire à qui que ce soit comment il doit vivre ou gérer son entreprise -, mais que si je voulais qu’on mette la viande dans mon bocal, il fallait tout simplement dire : c’est parce que je n’ai pas de poubelle. La personne comprend alors tout à fait et ne porte pas de jugement », dit-elle.

L’ampleur du mouvement est difficile à quantifier, tout le monde n’ayant pas le même objectif, mais des centaines de blogs ont émergé ces dernières années qui démontrent qu’il est possible d’adopter un mode de vie zéro déchet où que l’on soit. « Ce mode de vie intéresse particulièrement les pays francophones », constate cette Française d’origine, qui vit depuis 25 ans dans le comté des États-Unis génèrant le plus de déchets par habitant et où « il y a tristement trop de focus sur le recyclage et très peu, voire aucune, invitation à réduire ses déchets à la source ». Et de préciser : « En Belgique, c’est en Wallonie que le zéro déchet se développe le plus et, en Amérique du Nord, c’est au Québec : les conférences que j’y ai données ont inspiré l’ouverture de huit magasins de vrac, rien qu’à Montréal ! À l’Île Maurice, 1 700 personnes ont assisté à ma conférence. En Suisse romande, le magasin Chez Mamie a ouvert ses portes il y a à peu près un an et est déjà devenu une franchise avec neuf emplacements. Côté français, la ville de Roubaix a lancé en 2014 un défi familles zéro déchet et cela a donné envie à la ministre de l’Environnement, qui était alors Ségolène Royal, de créer des territoires zéro déchet ».

Crédit photo : ZeroWasteHome.com
Crédit photo : ZeroWasteHome.com
Crédit photo : Stéphanie Hausser
Crédit photo : Stéphanie Hausser

Crédit photo principale : ZeroWasteHome.com

Mélanie Trélat

DDM Infogreen Ce déchet mon ami

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Publié le mercredi 25 juillet 2018
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