En route vers une année 2030 à énergie positive

En route vers une année 2030 à énergie positive

Toutes les énergies sont renouvelables donc circulaires, car comme l’a si bien formulé Antoine Lavoisier « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Le monde de la construction s’adapte de plus en plus à une meilleure utilisation des ressources naturelles.

Toutefois, les processus de transformation et de recombinaison sont d’un côté très lents, notamment la dégradation de matières organiques à base de pétrole, mais de l’autre côté, ils sont excessivement rapides (exemple : la combustion). Ils sont respectivement accompagnés, dans le cas du pétrole, mais aussi du charbon et dans un autre registre, du nucléaire, d’effets secondaires préjudiciables, dangereux et nocifs, modifiant la vitesse de l’homéostasie planétaire aux désavantages des êtres humains.

Le récent rapport IPCC de mi-mars l’a confirmé une fois de plus : le remplacement de ces énergies aux effets périlleux, par des sources aux effets moindres, s’impose dans les meilleurs délais voire doit être accéléré partout, également au Luxembourg.

Eurosolar Lëtzebuerg avait présenté, en juin 2022, des scénarios sur la manière dont le Luxembourg peut devenir entièrement, ou du moins en très grande partie, EnR (énergies renouvelables) en 2030. La première étape consiste à installer sur toutes les toitures des panneaux photovoltaïques. Trente km2 de panneaux PV suffisent pour produire 5 TW d’électricité. Au Luxembourg, nous disposons d’environ 200 km2 de toits auxquels on peut encore ajouter les surfaces scellées mais sans toitures comme les parkings. Le potentiel solaire est donc considérable.

En effet, les progrès au niveau de l’efficacité et de la sensibilité des semi-conducteurs, donc des cellules photovoltaïques et par là des capacités des panneaux solaires, font que se limiter à l’orientation des installations au seul sud est désuet. L’exposition sud-est-ouest doit dorénavant être la règle. Même l’orientation vers le nord est possible selon les situations et la surface.

D’où l’importance de penser, prévoir et inclure la production et la consommation d’énergie provenant des sources renouvelables dès le départ, pour les nouvelles constructions. En effet, il est plus facile de construire des choses correctement et d’entrée de jeu que de les perfectionner par la suite. Chaque maître d’ouvrage a la responsabilité de planifier et réaliser un projet tout en gardant à l’esprit l’importance des énergies renouvelables.

Cette planification doit inclure, notamment dans les nouveaux lotissements et quartiers, le mini-réseau, c’est-à-dire le groupement local de sources d’énergies couplé à un dispositif de stockage et un système intelligent de distribution. Un tel mini-réseau assure la fourniture d’une électricité fiable, efficace et souple, permettant l’utilisation de l’énergie produite sur place pour répondre à la demande locale tout en diminuant la déperdition d’énergie liée au transport et au partage.

Il permet également une augmentation de l’efficacité de l’approvisionnement comparé au système centralisé qui a été installé moyennant des investissements importants, dans nos régions et auquel nous nous sommes habitués, mais qui est obsolète. Les deux systèmes pourront profiter du partenariat : les grands en devenant plus souples et les minis, par l’utilisation des normes techniques ayant fait leurs preuves.

Par ailleurs, l’optimisation et la mise à niveau de l’existant doit être fait selon les même principes de circularité énergétique. Les constructions sont équipées d’éléments techniques notamment de stockage et de chauffage (essentiellement des pompes à chaleur et d’autoconsommation). On y ajoute également des dispositifs intelligents qui ne concernent pas seulement les prises électriques mais aussi les réseaux de chauffage. On peut donc combiner chaleur et électricité. On y associe enfin la mini cogénération, alimentée par l’énergie renouvelable disponible localement qui est complémentaire et circulaire, donc chez nous le soleil, le vent et la biomasse.

Cette manière de penser le circulaire est un changement. Mais chaque maître d’ouvrage construit pour ses propres besoins, mais toujours dans un contexte sociétal. Ce dernier est celui de la plus grande transition énergétique de l’histoire, ce qui lui confère une responsabilité autrement plus importante. Une responsabilité partagée avec nous toutes et tous.

Paul Zens
Photo : ©Eurosolar
Extrait du dossier du mois Circul’ère

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Publié le mardi 2 mai 2023
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