La prévention, une priorité

La prévention, une priorité

État des lieux de la situation en termes de déchets au Luxembourg avec Carole Dieschbourg, ministre de l’Environnement.

Quelle est la quantité de déchets produite au Luxembourg ? Quelle tendance peut-on observer ces dernières années ?
On constate que le volume des déchets ménagers et assimilés résiduels (ceux qui sont repris par les communes dans les poubelles grises) a sensiblement diminué au cours des dernières années, passant de 327,5 kg par habitant et par an en 2010 à 281,7 kg par habitant et par an en 2016. Compte tenu du fort accroissement de la population, cette réduction se chiffre à 46 kg par personne et par an.

La quantité de déchets de papier ramassés dans le cadre de collectes séparées, dans les bulles ou dans les centres de recyclage, baisse, elle aussi. Et ce, tant en valeur absolue qu’en valeur spécifique (c’est-à-dire en kg de papier par personne et par an). Ce phénomène s’expliquerait en partie par une diminution des journaux, publicités et courriers imprimés qui, pourtant, devrait être contrebalancée par une augmentation des cartons et papiers d’emballage utilisés notamment pour la livraison d’articles achetés sur Internet. Une analyse plus approfondie de ce phénomène devrait bientôt être réalisée.

La collecte de verre reste, quant à elle, stable en valeur absolue, mais elle diminue en valeur spécifique. Ceci est probablement à mettre en lien avec la hausse de la consommation de boissons en bouteilles en PET et se reflète dans l’augmentation des valeurs absolue et spécifique de la fraction PMC (sacs bleus). Il est à noter que le poids des bouteilles PET étant nettement moindre que celui des bouteilles en verre, ces deux fractions ne peuvent pas être directement comparées.

Selon le plan national de gestion des déchets et des ressources, les déchets biologiques, les métaux, les matières inertes et les matières problématiques (récoltées par la SuperDrecksKëscht) ont diminué au cours des cinq dernières années alors que, dans le même temps, les plastiques, les articles d’hygiène et les matériaux composites ont augmenté. De plus en plus de plastiques et de composites font en effet leur entrée sur le marché et s’accumulent au fil des années dans les ménages. De par un meilleur réseau de collecte, il est possible de récupérer plus de matériaux.

Que deviennent les différents types de déchets ?
Les déchets biologiques, qui sont essentiellement des déchets organiques ménagers du type herbe de tonte ou restes alimentaires, sont traités dans des installations de compostage ou de méthanisation. Ils servent à la production d’électricité, de chaleur ou de gaz qui sont ensuite injectés dans le réseau. Ils permettent aussi de produire un compost utilisé par les particuliers, les communes et les agriculteurs.

Les déchets ménagers recueillis par collecte séparée, bulles ou centres de recyclage sont également valorisés.

Les déchets de verdure au Luxembourg proviennent des ménages privés pour les petites quantités. Cette gestion est du domaine de compétences des communes. Or, l’administration de l’Environnement vient de publier une brochure sur la gestion des déchets de verdure dans le propre jardin début 2018.

Les grandes quantités de déchets de verdure ligneux issus de l’agriculture, de la sylviculture, de l’horticulture et de la viticulture sont collectés via un réseau de collecte et de gestion des déchets de verdure.

Le verre (qui ne doit se composer que d’un seul matériau) est broyé en plusieurs étapes : les impuretés sont retirées par le biais de séparateurs magnétiques, d’aéro-séparateurs et de tamis. Le granulé ou la poudre de verre ainsi obtenue est fondue et transformée en nouveaux produits.

Les matériaux de construction minéraux sont broyés et tamisés. Les polluants et les substances indésirables, tels que le papier ou les métaux (par exemple les clous), sont retirés. Ensuite, ce matériau peut être réutilisé, notamment dans la construction de routes.

Une fois qu’ils ont été triés et que les matières indésirables ont été retirées, les métaux sont broyés et utilisés dans des aciéries (métaux ferreux) ou d’autres usines (métaux non-ferreux) pour la fabrication de nouveaux produits.

Quant au plastique, les différents types sont triés puis transformés en nouveaux produits et réintroduits dans le circuit économique. Les plastiques encrassés ou ne se composant pas d’un seul matériau sont soumis à une valorisation énergétique. Le PET, dont sont par exemple composées les bouteilles en plastique, est broyé en France ou dans d’autres pays voisins du Luxembourg. Ce produit broyé est de nouveau importé afin d’être réutilisé pour la production de nouvelles préformes de PET.

Existe-t-il des filières de revalorisation au Luxembourg ? Et quelles sont-elles ?
Le Luxembourg dispose de grandes filières de revalorisation pour les déchets de ferraille (fer, acier, etc.), ainsi que d’une industrie de revalorisation d’aluminium. En plus, nous disposons d’une industrie qui revalorise les déchets de cuivre. Une autre grande filière est celle du plastique et notamment du PET. Finalement, l’industrie du ciment nous permet de revaloriser les scories industrielles.

Quels sont les déchets qui posent problème ?
Il s’agit des déchets alimentaires, mais aussi des emballages et plus particulièrement, les emballages superflus, les suremballages, les sacs en plastique, les gobelets à usage unique et les capsules de café qui représentent à elles seules 570 tonnes par an (soit 40,8 millions de capsules par an). Le littering (les déchets sauvages jetés dans les espaces publics), pose également problème, ainsi que les terres d’excavation.

Qu’en est-il des déchets de construction et de démolition ?
Dans l’optique de l’économie circulaire, la déconstruction de constructions existantes est préférable à la démolition puisqu’elle permet une réutilisation et un recyclage importants des matériaux de construction. Afin de favoriser la réutilisation, il faudra cependant que le modèle d’économie circulaire s’intègre d’abord dans la réflexion des maîtres d’ouvrage et des fabricants de matériaux. Ensuite, la conception architecturale des bâtiments, ainsi que la gestion des chantiers seront adaptées selon ce concept. Or, le recyclage des matières de la construction n’est pas possible sans tri rigoureux. La directive européenne impose pour 2020 un taux de recyclage de 70 % des déchets de déconstruction.

L’administration de l’Environnement a publié une brochure sur cette thématique.

Quelles mesures sont prises pour réduire les déchets non revalorisés ?
La prévention est une priorité, selon la hiérarchie des déchets. Elle passe par la sensibilisation et par le fait de promouvoir le prolongement du cycle de vie des objets, la réparation et la réutilisation des biens de consommation déposés dans les centres de recyclage.

Une campagne de sensibilisation « Klengen Offall, Grousse Problem » contre le littering le long des routes a été lancée en 2017. Elle consiste en une vidéo diffusée dans les cinémas et dans les stations de service. Des affiches ont également été envoyées aux communes pour la sensibilisation sur leur territoire.

Il s’agit également d’assurer un meilleur tri à la source et de renforcer la collecte séparée, car plus élevée est la qualité des déchets collectés, plus grandes sont leurs possibilités de valorisation.

En outre, le fait de proposer des solutions alternatives pratiques, comme l’ECO-Sac réutilisable au lieu des sacs en plastique à usage unique, permet de réduire les déchets.

Le volet de la formation joue lui aussi un rôle crucial, ainsi l’administration de l’Environnement donne certaines formations pour les responsables des centres de recyclage ou les responsable des déchets en entreprise. La SuperDrecksKëscht (SDK) en tant qu’action de l’administration de l’Environnement entreprend de nombreuses formations dans le domaine de la gestion des déchets.

La SDK est en plus en charge de l’action « Clever Akafen ».

Mélanie Trélat

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Publié le jeudi 15 mars 2018
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