L'autoconsommation, c'est le futur

L’autoconsommation, c’est le futur

La production locale est un moyen de limiter l’inévitable dépendance du pays. Encore peu pratiquée, la consommation directe de sa propre production domestique d’électricité pourrait devenir le mode de raccordement par défaut. Le cadre législatif le permet et les incitants économiques sont en place. La tendance devrait s’accélérer en 2021. L’ILR, le régulateur du marché de l’énergie, y voit une vraie tendance.

C’est historique, géographique et démographique à la fois : le Luxembourg a toujours été dépendant de la production d’énergie électrique déployée par ses voisins - de l’Allemagne en particulier - et, même si la progression de la production locale est en bonne voie, la population ne cesse de croître, avec toujours plus d’habitants et plus d’entreprises. Les consommateurs sont de plus en plus nombreux et la taille même du pays fait que les ressources ne sont pas suffisantes, sans même parler du marché sous l’angle économique pour les producteurs.

Depuis toujours, on sait que la machine locale ne va pas satisfaire toute la demande, mais l’interconnexion des réseaux fonctionne très bien. Pour Claude Hornick, chef du service Énergie à l’ILR, l’Institut luxembourgeois de Régulation, « la sécurité d’approvisionnement est assurée, mais il est intéressant de savoir jusqu’où le marché est prêt à aller et combien le consommateur, particulier ou entreprise, est prêt à payer pour avoir la garantie d’un approvisionnement qui ne faiblira jamais ». C’est le sens d’un sondage lancé il y a quelques semaines par l’ILR. https://www.infogreen.lu/a-quel-pri...

Pousser le curseur de la production locale

Mais ce n’est évidemment pas une raison, au contraire, de ne pas pousser davantage le curseur de la production locale. Les sources renouvelables ont la cote et les projets se multiplient, de parcs éoliens ou de centrales photovoltaïques, encouragés par les pouvoirs publics. Le PNEC (plan national énergie climat) mise clairement sur une forte progression de la puissance électrique en production nationale (lire aussi l’interview avec le ministre Turmes dans ce dossier), que les producteurs du pays développent avec entrain.

Les chiffres de l’ILR (note : les données concernant 2020 sont en compilation et devraient être disponibles au second semestre 2021) sont assez explicites à ce sujet.

L’équation a changé

Selon les experts, il y a un élément qui va connaître une belle progression : l’autoconsommation. On touche ici une vraie tendance, celle qui voit de plus en plus de petits producteurs résidents capables de consommer leur propre production, essentiellement photovoltaïque. « Le cadre législatif a évolué et les incitants économiques sont là », note Claude Hornick. Depuis le 1er janvier 2020, la suppression des charges et redevances rend l’électricité autoconsommée rentable. Et la loi du 3 février 2021 ouvre clairement un droit à l’autoconsommation.

Pour les centrales domestiques qui ne sont plus éligibles aux tarifs d’injection réglementés, l’exploitation en mode autoconsommation est désormais bien plus avantageuse que l’exploitation en mode injection complète de la production électrique. En clair, là où la production de panneaux photovoltaïques était auparavant injectée intégralement dans le réseau sur lequel le consommateur était connecté en permanence, les nouvelles centrales, dans le cadre réglementaire revu et grâce aux compteurs intelligents qui gèrent le double flux, permettent à la production, quart d’heure par quart d’heure, d’être consommée d’abord chez soi, en direct, et au surplus éventuel d’être injecté dans le réseau.

« L’équation a changé », poursuit Claude Hornick. « Et le résultat va clairement dans le sens de l’autoconsommation ». Jusqu’ici, la tendance était marginale, peu spectaculaire et à la progression lente – voir le tableau ci-dessous, extrait du rapport de l’ILR sorti en 2020, sur les données 2019.

Tout nous laisse à penser que l’on va constater une augmentation, en 2021 et pour les années suivantes. Cela va largement confirmer la tendance, à la faveur de l’évolution du cadre législatif et des incitants mis en place. L’autoconsommation, c’est le futur. Et nous pensons que cela devrait devenir à terme le mode de raccordement par défaut.

Alain Ducat
Photo : CREOS - Infographies : ILR

Article tiré du dossier du mois « Énergie, ville : soyons énergiphiles ! »

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Publié le mercredi 16 juin 2021
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