Des projets pilotes pour minimiser l'impact de l'aviation

Des projets pilotes pour minimiser l’impact de l’aviation

Si rendre l’aviation durable stricto sensu ne semble pas très réaliste avec les technologies actuelles, revoir l’empreinte environnementale du secteur à la baisse est tout à fait possible. C’est ce à quoi s’engage, à travers l’Europe, le projet Stargate auquel LuxMobility prend part.

« L’objectif de Stargate est de développer, de tester et de mettre en œuvre des solutions innovantes qui rendent l’écosystème aéroportuaire plus durable », explique-t-on dans la fiche descriptive de ce projet Horizon 2020. Au même titre que ses équivalents Olga (Charles de Gaulle, Paris) et Tulips (Amsterdam Airport Schiphol), Stargate s’inscrit dans le Pacte vert pour l’Europe et la volonté de l’Union européenne d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Une ambition qui exige un travail en consortium, de fédérer les idées pour aboutir aux résultats escomptés.

Financé à hauteur de 25 millions d’euros par la Commission européenne, Stargate est coordonné par Brussels Airport mais inclut aussi les aéroports d’Athènes, Budapest et Toulouse. Il couvre trois finalités : accélérer la décarbonation (aviation à proprement parler), améliorer la qualité de l’environnemental local (efficacité énergétique des bâtiments) et stimuler le report modal (optimiser les déplacements du personnel et des voyageurs).

Ce dernier volet concerne plus particulièrement LuxMobility, qui dispose d’un budget avoisinant les 500.000 euros pour revoir le partage modal, c’est-à-dire désencombrer les routes menant à/partant de l’aéroport de Bruxelles dans un premier temps, et des autres aéroports concernés ensuite. Le signal de départ a été donné en novembre 2022.

50% de déplacements en transport en commun

« L’aéroport est comme une petite ville », explique Patrick van Egmond, CEO de LuxMobility. « Des milliers de travailleurs s’y rendent à des horaires variables. Les passagers, quant à eux, sont 85% à prendre leur véhicule personnel pour aller à l’aéroport car c’est le mode de transport qui leur donne le plus de chances d’être à l’heure, sans devoir traîner les valises, etc. » Résultat : 5% du trafic sur le ring de Bruxelles sont dus aux déplacements liés à Brussels Airport.

Pour libérer les routes, l’objectif est d’atteindre un partage modal 50-50 : une moitié de personnes continuent à prendre leur véhicule, tandis que les autres optent pour les transports en commun. « Ce partage nous semble réaliste. Il est plus difficile à atteindre pour les employés en raison des horaires de nuit qui ne leur permettent pas de venir en train ou en bus, mais c’est compensé par les voyageurs qui arrivent à l’aéroport et ne disposent pas de véhicule sur place. » Évidemment, ce simple constat ne suffit pas pour atteindre l’objectif.

L’expert en mobilité développe quelques idées sur lesquelles son équipe planche, qui concilient à la fois le confort du client et la rentabilité de Brussels Airport : « On peut imaginer avoir un parking de l’aéroport à Namur, on y laisse sa voiture à moindre coût et on y est pris en charge en bus pour finir le trajet. On pourrait aussi procéder à l’enregistrement des bagages en gare de Lille, et pourquoi pas à Luxembourg, et voyager léger en train jusqu’à Bruxelles ».

Enquêtes et sondages

Il faudra aussi s’adapter au nombre grandissant de véhicules électriques : « Certaines voitures peuvent déjà restituer leur stock d’énergie sur le réseau. L’aéroport pourrait donc dans un futur proche utiliser l’électricité des voitures garées dans son parking lorsque la demande énergétique est forte, tandis que les voitures seraient chargées en dehors des pics, avant le retour des voyageurs ».

Les solutions incluent encore, par exemple, la mise en place d’un réseau cyclable pour les employés, l’amélioration des parkings et une gestion plus efficace de la logistique.

Pour développer ces concepts tout en s’assurant qu’ils seront positivement accueillis par le public visé, LuxMobility a réalisé un Sustainable Airport Mobility Plan, qui se base sur des sondages effectués tant avec les membres du personnel qu’avec les voyageurs ainsi que sur des études approfondies sur les moyens mis à disposition actuellement, le ressenti des usagers et leurs souhaits d’amélioration.

- ©LuxMobility

Après un peu plus d’un an de travail, ce dossier sera remis en juillet 2023. Les experts pourront ensuite se pencher sur les autres aéroports du projet pour finaliser leur travail avant 2026, date butoir.

Quid du Luxembourg ?

Stargate, Olga et Tulips sont des projets pilotes sélectionnés par la Commission européenne afin de développer des pratiques plus durables pour le secteur de l’aviation. À terme – l’échéance est fixée à 2026 -, l’ambition est d’appliquer ces bonnes pratiques partout en Europe.

« Au Luxembourg, le tram va bientôt arriver à l’aéroport. C’est le bon moment pour réfléchir à une autre forme de mobilité autour du Findel. Le plan national de mobilité vise à atteindre 65% de déplacements en voiture, contre 72% actuellement. »

Dans tous les cas et à travers chacun de ses projets, LuxMobility vise une mobilité positive, qui convient aux usagers tout en permettant d’atteindre les objectifs environnementaux.

Marie-Astrid Heyde
Article tiré du dossier du mois « Feuilles de route »

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Publié le mercredi 5 juillet 2023
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