Débat sur la mobilité (I) : multimodalité et sens des déplacements

Débat sur la mobilité (I) : multimodalité et sens des déplacements

La rédaction d’Infogreen a rassemblé autour d’une table ronde au ministère de la Mobilité et des Transports publics quelques acteurs ayant des idées et étant désireux de collaborer à la réussite d’un des défis majeurs du Luxembourg : imaginer la mobilité de demain. Dans ce débat constructif, se sont retrouvés le ministre François Bausch, le directeur de l’ACL, Jean-Claude Juchem, Antonio Da Palma Ferramacho, expert mobilité à l’ACL, Yves Meyer de l’asbl ProVelo et Norry Schneider, du CELL.

« Le plan de mobilité pour 2035, on y travaille », annonce d’emblée le ministre François Bausch. « Il sera l’application, la mise en pratique, du Modu 2.0, qui lui était encore un modèle théorique sur base de l’état des lieux ». La multimodalité reste une clé incontournable. « La combinaison des moyens de déplacement semble être une évidence, l’important est de pouvoir se déplacer d’un point à l’autre, selon les besoins, selon les endroits, selon que ce soit pour le travail, pour les loisirs, pour les courses… Il n’y a pas qu’un moyen de transport. Il faut le moyen adéquat, adapté à la situation ».

Mais avant, il faudra dresser les constats qui s’imposent. François Bausch : « Le Luxembourg ne manque pas de spécificités qui influencent ses besoins. La première est connue : nous avons une croissance très forte, de l’économie, de la démographie, de l’emploi, en grande partie non-résident. On peut ajouter les indicateurs et les projections dont on dispose. Les besoins de mobilité sont déjà énormes et la demande va s’accroître de quelque 50%, selon les données structurelles disponibles. »

Un potentiel, des acteurs

Autre constat, qui interpelle l’ensemble des acteurs de la mobilité, ministre en tête : 50% des déplacements effectués en voiture individuelle sont pour faire 5km ou moins… « Ce sont des distances que l’on peut couvrir autrement. On voit le potentiel d’une autre mobilité ! »

Directeur de l’ACL, Jean-Claude Juchem approuve, sans ambiguïté : « Nous ne sommes pas uniquement au service des automobilistes ! Au contraire, nous voulons être acteurs de la mobilité et l’ACL est déjà un club de mobilité ! Nos plus de 190.000 membres sont d’abord des piétons, et utilisent un moyen de locomotion, voiture, moto, vélo… C’est un positionnement clair et nous avons mis en place des structures, comme la Maison du Cycliste, la Maison du Motard ou encore une offre de services spécifiques pour les fleet managers. La mobilité est un besoin fondamental.
L’information, l’éducation, la formation, sont des vecteurs essentiels. Et clairement, l’ACL promeut la collaboration entre acteurs, l’échange d’idées, la cohabitation entre usagers des différents moyens de se déplacer et l’information sans messages contradictoires. Nous avons besoin d’avancer et il est évident pour tout le monde qu’il faut décarboner la société, et donc que des solutions comme l’électromobilité (à 2 ou 4 roues) ou la multimodalité sont fortement encouragées
 ».

Le choix des moyens

Yves Meyer, représentant de l’asbl ProVelo, approuve l’importance de la multimodalité et applaudit la cohabitation entre usagers. « Nous voulons que les adeptes du vélo puissent s’intégrer en toute sécurité dans une redistribution de l’espace public. C’est historique, il y a un lien étroit à la voiture au Luxembourg. Beaucoup de choses changent, avec une multiplication des espaces cyclables. Il faut encore que cela progresse dans les villes, où la locomotion peut être cohérente pour tout le monde, à pied, à vélo, en voiture ou en transports publics. C’est important pour la planification des infrastructures et pour l’aménagement du territoire en règle générale. »

C’est une démarche en cours, et à laquelle participe notamment le CELL, intégré à l’équipe luxembourgeoise pilotée par l’Université du Luxembourg, avec aussi le LIST, qui participe aux réflexions de « Luxembourg in Transition » pour réinventer le territoire et ses fonctions à l’horizon 2050. « Nous ne sommes pas des spécialistes de la mobilité mais c’est un des axes de travail », explique Norry Schneider. « Nous participons au mouvement de la transition, en partant des échanges entre citoyens et dans l’optique d’un modèle de société différent. La personne est au centre de la démarche, et la qualité de vie aussi. La mobilité est souvent une obligation alors qu’une organisation de la vie en société, basée sur la collaboration, le partage et les ressources locales, peut réduire cette dépendance à la mobilité. Se déplacer, cela doit avoir un sens. Et un choix de moyens pour le faire. C’est intéressant de travailler là-dessus aussi ».

Modération et reportage : Alain Ducat et Sébastien Yernaux
Article tiré du dossier du mois « Mobilis in mobile »

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Publié le lundi 20 septembre 2021
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