Un accord « insuffisant » à l'issue de la COP30

Un accord « insuffisant » à l’issue de la COP30

La 30e conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP30) s’est clôturée ce samedi 22 novembre 2025 au Brésil. Les presque 200 États parties ont réussi à s’accorder sur un texte que le ministre de l’Environnement, Serge Wilmes, a qualifié d’ « insuffisant ».

« Les efforts mondiaux sont beaucoup trop lents. Ce paquet est insuffisant. […] Les négociations ont été extrêmement difficiles, en particulier la nuit passée. Mais il y a un compromis sur la table – à peine acceptable – obtenu après de nombreuses heures de négociations. » C’est ce qu’a déclaré le ministre luxembourgeois de l’Environnement, Serge Wilmes, à propos de l’accord qu’ont parvenu à trouver les parties à la COP30 qui s’est déroulée au Brésil, à Belém, du 10 au 22 novembre 2025.

Un bilan en demi-teinte

Le principal regret vis-à-vis de ce texte est son manque d’engagement clair et contraignant pour une sortie des énergies fossiles. « Le résultat de la COP30 garantit une base très minimale pour l’action climatique mondiale, mais le rythme demeure bien trop insuffisant pour répondre à l’urgence de la crise climatique. Ce résultat confirme que l’écart entre l’ambition climatique et les réductions concrètes d’émissions reste constamment important. Ce n’est pas le grand pas en avant dont le monde a aujourd’hui besoin », commente Mohammed Chahim, vice-président de la délégation du Parlement européen.

Pourtant, 80 pays (dont le Luxembourg, au sein du Benelux) avaient rejoint une initiative lancée par la Colombie visant « à inscrire, dans un cadre multilatéral concret, une sortie progressive, irréversible et juste des énergies fossiles. » Malgré un texte final qui n’a pas prévu de calendrier ou de mécanismes concrets en la matière, « la création d’un bloc international uni autour de la fin programmée des énergies fossiles constitue déjà une avancée majeure et la preuve que le multilatéralisme reste vivant, utile et capable de peser sur l’histoire », avait déclaré le ministère de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité, avant la clôture de la COP30.

Ce « compromis minimal » prévoit tout de même de tripler les financements pour l’adaptation au changement climatique d’ici à 2035, même s’il ne donne pas de mesures concrètes et chiffrées. L’association luxembourgeoise Action Solidarité Tiers Monde – ASTM nuance : « Notre campagne autour de la COP30 était centrée sur la révision urgente des engagements financiers, déjà insuffisants lors de la conférence précédente. L’un des enjeux majeurs était le triplement, d’ici 2030, des financements destinés à l’adaptation des pays du Sud au changement climatique. Or ce triplement est désormais reporté à 2035. »

L’accord consacre aussi « un mécanisme de transition juste qui place les personnes et l’équité au cœur de la lutte contre les changements climatiques », avance un communiqué publié sur le site de la COP30. « La mise en place de ce mécanisme, centralisé et fondé sur une approche axée sur les droits, est essentielle pour garantir que la transition vers une économie décarbonée ne se fasse pas au détriment des travailleur·ses et des communautés du Sud global », souligne David Hoffmann, coordinateur politique de l’ASTM. 

Le Luxembourg salue également « le maintien de l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, ainsi que la reconnaissance claire du GIEC comme source scientifique de référence. « Mais le constat demeure préoccupant », ajoute cependant Andrew Ferrone. « Les rapports de synthèse montrent que nous ne sommes pas en voie de rester sous les 1,5 °C, ni même sous les 2 °C. Nous nous dirigeons plutôt vers 2,8 °C d’ici la fin du siècle. » Par ailleurs, le paquet inclut le Global Implementation Accelerator, qui englobe les mesures d’atténuation et vise à réduire aussi bien l’écart d’émissions que l’écart d’ambition. »

Des accomplissements pour le Luxembourg

La délégation luxembourgeoise a remporté le premier « True Young Award », remis par le réseau des Climate Youth Delegates européens
La délégation luxembourgeoise a remporté le premier « True Young Award », remis par le réseau des Climate Youth Delegates européens - ©MECB

À Belém, le Luxembourg disposait pour la première fois d’un pavillon national lors d’une COP. « L’idée, c’est d’exposer ce que le Luxembourg fait concrètement pour la modération et l’adaptation au changement climatique », a déclaré Andrew Ferrone, directeur des Affaires européennes et internationales au ministère de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité, à Infogreen. Durant l’événement, il a accueilli plus de 3.500 visiteurs et près de 800 participants ont pris part aux 26 événements qui y ont été organisés.

La COP30 a aussi été l’occasion pour le pays d’annoncer le lancement de « Rio Changemakers », une plateforme basée sur l’intelligence artificielle qui veut mettre en lien les investisseurs, les fonds et les projets porteurs de solutions climatiques et environnementales intègres et menées localement.

Les deux jeunes déléguées au climat luxembourgeoises, Sarah Mackel et Lara Bertemes ont « participé à un programme spécifique dédié aux jeunes négociateurs, ont conseillé les membres de la délégation sur les priorités climatiques de la jeunesse et ont participé activement aux négociations. » La délégation luxembourgeoise a d’ailleurs remporté le premier « True Young Award », un prix européen remis par le réseau des Climate Youth Delegates européens à un pays qui œuvre en faveur de la participation des jeunes dans la gouvernance climatique internationale.

Léna Fernandes
Photos : © MECB

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Publié le lundi 24 novembre 2025
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