
Le Luxembourg affirme sa présence à la COP30
À Belém, au Brésil, la 30ᵉ Conférence des Nations unies sur le climat bat son plein. Pour la première fois, le Luxembourg y dispose de son propre pavillon. Andrew Ferrone, directeur des Affaires européennes et internationales au ministère de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité, en explique les raisons et les ambitions.
Aux portes de la forêt amazonienne, des délégations venues du monde entier convergent vers Belém. Officiellement jusqu’au 21 novembre, la COP30 réunit les presque 200 parties signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et de l’Accord de Paris (la Convention à 198 parties, l’Accord de Paris 196). L’objectif est de travailler ensemble pour freiner le réchauffement planétaire et réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Le lieu, chargé de symboles, rappelle combien la protection des forêts et le rôle des peuples autochtones sont essentiels. Le Brésil entend d’ailleurs mettre ces enjeux au centre des discussions, avec un « Mécanisme pour la préservation des forêts tropicales ».
Un pavillon 100 % luxembourgeois
Cette édition marque un tournant pour le Grand-Duché. Pour la première fois, le Luxembourg dispose de son propre pavillon, indépendant de celui du Benelux et de la Banque européenne d’investissement.
« Depuis 2018, à Katowice, nous avions toujours un pavillon commun avec nos partenaires du Benelux et l’EIB. Mais cette année, la situation est différente », explique Andrew Ferrone.
Le Luxembourg a choisi de voler de ses propres ailes. Une décision cohérente avec les annonces récentes du gouvernement. « Serge Wilmes a confirmé l’augmentation du financement climatique international, passant de 220 millions d’euros pour ces cinq dernières années à 320 millions sur les cinq prochaines. Peu de pays au monde font preuve d’une telle ambition. Nous trouvions donc dommage de ne pas la mettre en avant à la COP. »
Le pavillon luxembourgeois devient ainsi une vitrine du savoir-faire et de la coopération internationale du pays. « L’idée, c’est d’exposer ce que le Luxembourg fait concrètement pour la modération et l’adaptation au changement climatique », précise Andrew Ferrone. « C’est un lieu d’échanges, une mini-expo où nous pouvons accueillir des partenaires, organiser des débats bilatéraux et présenter nos initiatives. »
De l’Accord de Paris à la mise en œuvre
Au-delà du symbole, la COP30 s’inscrit dans une dynamique nouvelle : passer de la négociation à l’action. « Avec les clarifications techniques du fameux article 6 de l’Accord de Paris, notamment sur les crédits carbone, le cadre est désormais complet. Nous entrons dans la phase d’implémentation », souligne Andrew Ferrone.
L’Union européenne a d’ailleurs présenté son nouveau plan de contribution nationale (NDC), une étape importante pour maintenir le cap fixé par l’Accord de Paris. « Mais le constat demeure préoccupant. Les rapports de synthèse montrent que nous ne sommes pas en voie de rester sous les 1,5 °C, ni même sous les 2 °C. Nous nous dirigeons plutôt vers 2,8 °C d’ici la fin du siècle. »
Il y a pourtant eu des progrès. « Avant l’Accord de Paris, nous étions sur une trajectoire entre 4 et 5 °C. L’action internationale a donc permis de freiner la hausse, mais elle n’est pas encore assez rapide ni assez ambitieuse. »
L’expert évoque aussi les difficultés géopolitiques. « Les décisions se prennent par consensus. Si certains pays, notamment les États-Unis, ne sont pas représentés à haut niveau ou freinent les discussions, cela complique les avancées. »
Entre tensions et espoirs
La politique américaine, portée à nouveau par Donald Trump, inquiète. « Oui, c’est compliqué », admet Andrew Ferrone. « Nous avons eu un vrai élan international après l’Accord de Paris, jusqu’à Glasgow, puis encore à Dubaï. Il a fallu 24 COP pour écrire noir sur blanc qu’il fallait tourner la page des énergies fossiles. Depuis, cet élan s’est affaibli. »
Mais il reste mesuré. « Certains pays, comme la Chine ou l’Inde, avancent au niveau national, même si leurs positions dans les négociations restent prudentes. La Chine a annoncé viser la neutralité carbone pour 2060. C’est une étape majeure ! »
Pour le Luxembourg, la présence à Belém a donc une portée multiple : diplomatique, technique et symbolique. Montrer que, malgré sa taille, le pays agit, finance, partage et s’engage.
« Nous voulons que ce pavillon soit un point de rencontre et de dialogue. Un lieu où l’on parle solutions, coopération et ambition. Parce que face au climat, aucun pays n’est trop petit pour faire la différence. »
Sébastien Yernaux
Portrait : © Picto
Photos pavillon : © MECB
















