The Bridge, projet pilote pour l’alignement à la taxonomie européenne
Déjà très engagé sur les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, le groupe Eaglestone s’intéresse également de près à la taxonomie. Explications avec Julie Sacré, Developer & ESG Group coordinator et Stéphane Bagat, Project Director.
Au niveau du groupe, implanté au Luxembourg, en Belgique et en France, quelle stratégie ESG (environnementale, sociale et de gouvernance) est actuellement appliquée ?
Julie Sacré : L’engagement environnemental est dans l’ADN du groupe depuis sa création, il y a un peu plus de 10 ans, en Belgique. Depuis 2019, c’est d’autant plus concret grâce à la certification CO2 Neutral des activités du groupe et de nos projets. Chaque année, avec l’aide d’un organisme belge – CO2 Logic -, nous réalisons le bilan carbone de nos activités, qui nous permet d’établir une stratégie pour, d’une part, réduire nos émissions pour l’année suivante, et, d’autre part, compenser ce qui ne peut être évité et ainsi atteindre la neutralité. Nous avons également appliqué cette logique de certification à divers projets immobiliers belges et luxembourgeois. Nous sommes d’ailleurs fiers de pouvoir dire que Eaglestone a proposé le premier projet immobilier disposant d’une certification neutralité carbone au Luxembourg. Il s’agit de The Bridge, un immeuble de 4.300 m2 qui fait partie du quartier Brooklyn, en développement à Bonnevoie. Ce projet revalorise une friche urbaine en un nouveau quartier mixte qui adresse les grands enjeux ESG de notre secteur d’activités.
Aujourd’hui, nous sommes convaincus de l’importance, pour un promoteur immobilier, d’être précurseurs dans tous ces sujets liés aux enjeux ESG. En tant que concepteurs de la ville de demain, nous avons un rôle à jouer, en mettant les bonnes personnes autour de la table, en n’ayant pas peur de définir une nouvelle vision pour la ville de demain, en innovant dans les modes constructifs, les choix des matériaux, les usages, les aspects mobilité et surtout mobilité douce.
Stéphane Bagat : Nous nous appuyons sur l’expérience du groupe pour pouvoir échanger sur ces aspects en ne perdant pas de vue les contraintes légales, qui prennent beaucoup d’ampleur. Nous avons mis en place des groupes de travail thématiques pour nous mettre en ordre de marche et faire un tableau croisé des contraintes spécifiques à chaque pays, nous permettant de dresser un tronc commun. Grâce à cela, nous pouvons définir des pistes à mettre en œuvre à court terme et à long terme. Par exemple, il y a 5 ans, nous hésitions moins à raser pour reconstruire. Aujourd’hui, on va réellement s’intéresser à ce qui peut être gardé, aux filières de réemploi, à la démontabilité, etc. C’est un schéma de pensée et de calcul très différent.
JS : La stratégie ESG du groupe est divisée en deux grands axes sur lesquels nous travaillons, à savoir l’alignement de nos projets immobiliers à la taxonomie, et l’ESG en tant que valeur commune au sein d’Eaglestone, que ce soit au niveau des projets ou de la gouvernance.
Vous mentionnez la taxonomie. Au niveau luxembourgeois, c’est un sujet sur lequel vous travaillez ?
JS : Nous sommes tous conscients qu’un projet qui ne s’aligne pas à la taxonomie aujourd’hui ne sera plus commercialisable demain. Pour autant, le sujet est vaste et tous les critères ne sont pas encore définis en détails. Nous avançons donc prudemment, mais nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre. Concrètement, nous avons décidé d’appliquer la taxonomie à l’un de nos projets - The Bridge - pour mieux comprendre ce que cela représente, où nous nous situons, ainsi que les adaptations à prévoir dans nos modes de travail.
SB : Pour The Bridge, nous avions travaillé avec Énergie et Environnement sur la certification Carbon Footprint Certified Neutral ainsi que sur l’obtention du plus haut niveau du label BREAAM (Outstanding). Sur base des diverses certifications, nous avons demandé à un bureau d’études d’analyser notre conformité avec la taxonomie. Leur retour a été une douche froide pour nous, car lors du premier feedback, nous n’étions pas alignés. Nous avons heureusement pu rattraper le tir en leur communiquant plus de détails sur le projet, et avons pris conscience de l’importance d’inclure la taxonomie dès la genèse de celui-ci, tout simplement dans le but de rassembler toutes les preuves requises. Dans ce cas précis, nous avions une documentation très fournie incluant, d’une part, un audit sur la revalorisation du bâtiment préexistant, et, d’autre part, des historiques, sondages et rapports sur la phase de dépollution du site. Parmi les points d’attention à étudier en amont, il y a également la configuration du projet et son adaptabilité dans le temps. Un bâtiment de bureaux doit pouvoir être transformable en immeuble résidentiel, par exemple. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut rattraper par après.
JS : À présent, pour chaque nouveau projet, nous connaîtrons les éléments de taxonomie auxquels nous devrons être attentifs à chaque phase de son développement. Nous pourrons également identifier les preuves à fournir, ce qui n’est pas évident car les outils et certifications varient d’un pays à l’autre et qu’il n’y a pas de cadre clair à ce jour. Il sera donc utile et opportun de confronter les visions de différents bureaux d’étude afin de s’assurer de notre conformité et que demain, un investisseur ou une banque qui va analyser notre dossier, arrivera aux mêmes conclusions que nous.
Marie-Astrid Heyde
Photos de Julie Sacré et Stéphane Bagat : Fanny Krackenberger
Visuels Brooklyn et The Bridge : Eaglestone Luxembourg
Article tiré du dossier du mois « INCO₂MPATIBLES »