Le bilan carbone comme levier d'action

Le bilan carbone comme levier d’action

Le projet Carbone Coaching offre aux professionnels un outil clé pour comprendre l’origine de leurs émissions et orienter leurs choix. Grâce aux explications de Vincent Thomassin, les participants découvrent comment cette méthodologie structurée peut transformer leurs pratiques et renforcer leur rôle dans la transition climatique.

Carbone Coaching répond à un besoin tangible : permettre aux professionnels de mieux comprendre l’origine de leurs émissions et d’identifier des leviers d’action adaptés. Deux formats structurent l’initiative : un module de 4 heures pour introduire les enjeux bas carbone et une formation de 8 heures, plus technique, consacrée au bilan carbone et aux stratégies de réduction.

Ce cadre sert de point d’appui à l’intervention de Vincent Thomassin, expert chez Cocert, qui répond à une question simple : Pourquoi réaliser un bilan carbone ? Selon lui, l’exercice dépasse largement le cadre comptable. « Le bilan carbone permet de comprendre, d’analyser, d’agir, et surtout de s’améliorer », résume-t-il.

Pour lui, la démarche constitue un outil stratégique, capable d’éclairer les décisions et de servir de base à un plan d’action crédible.

Comprendre le climat pour mieux agir

Avant de parler technique, Vincent Thomassin tient à clarifier un point fondamental : la différence entre météo et climat. La première est locale et ponctuelle, le second se mesure sur plusieurs décennies.

En s’appuyant sur les données scientifiques disponibles, il rappelle que la hausse progressive des températures moyennes agit comme un multiplicateur d’événements extrêmes. « Le dérèglement est lié à l’accumulation de gaz à effet de serre. Leur concentration est faible, mais leurs effets sont considérables », souligne-t-il.

CO₂, méthane, protoxyde d’azote, gaz fluorés… tous n’ont pas le même pouvoir de réchauffement, ni la même durée de vie atmosphérique. Le méthane, par exemple, est 29 fois plus réchauffant que le CO₂, mais persiste moins longtemps. Certains gaz fluorés peuvent, eux, rester plusieurs milliers d’années.

Cette différence explique l’urgence à agir sur les émissions globales, dont le volume a doublé depuis 1970. Vincent Thomassin dénonce également un phénomène bien connu. « On n’a pas vraiment réduit nos émissions, on les a simplement déplacées en Chine ou ailleurs. » Il évoque aussi l’inégalité climatique entre Nord et Sud, et la nécessité d’un transfert technologique pour éviter aux pays en développement de répéter le modèle fossile.

Un détour par le Luxembourg permet d’illustrer ces dynamiques : baisse de la consommation énergétique par habitant, montée en puissance du photovoltaïque, progression des renouvelables… mais aussi certaines incohérences réglementaires. « Parfois, les subventions encouragent la revente plutôt que l’autoconsommation. Or ce n’est pas optimal pour le bilan carbone », note-t-il.

Le bilan carbone, un outil méthodique et stratégique

Lors de son intervention, il se concentre également sur la méthodologie du bilan carbone, conçue comme un cheminement précis et structuré. Tout commence par la sensibilisation interne, suivie de la définition d’un périmètre clair : géographique, temporel, organisationnel. L’enjeu est d’identifier les flux, qualifier les postes d’émissions et impliquer les collaborateurs dans la collecte de données.

Vincent Thomassin détaille les trois scopes :

  • Scope 1 : émissions directes (engins, véhicules, combustion sur site).
  • Scope 2 : émissions liées à l’énergie consommée.
  • Scope 3 : toutes les autres émissions en amont et en aval — souvent les plus importantes.

Dans le secteur de la construction, il insiste : « Quand vous construisez une maison, vous vendez aussi sa performance énergétique. » Autrement dit, le cycle de vie complet doit être pris en compte, notamment la consommation future du bâtiment.

Vincent Thomassin rappelle l’importance du choix d’un logiciel adapté, comme SAMI, utilisé dans la formation de huit heures. Son intérêt réside dans une collecte de données facilitée, un calcul automatisé et une conformité aux standards, notamment ISO 14064.

Une fois les données maîtrisées, vient le temps du plan d’action, qui repose sur trois niveaux :

  1. Mesures immédiates : faible coût, fort impact (ex. remplacer les bonbonnes d’eau).
  2. Actions prioritaires : rénovation, mobilités, organisation.
  3. Actions stratégiques : transformation plus profonde du modèle économique.

Il continue en clarifiant la neutralité carbone. « Il ne s’agit pas de compenser en plantant trois arbres. La priorité, c’est d’abord de réduire. La compensation ne concerne que les émissions résiduelles. »

Pour Vincent Thomassin, l’enjeu est clair : le bilan carbone n’est pas une obligation administrative, mais un outil de pilotage, évolutif, qui doit s’enrichir chaque année pour accompagner la transformation du secteur. « L’urgence n’est plus à démontrer, mais à organiser, mesurer, planifier et agir. »

Vidéo

Vincent Thomassin vous résume ses propos dans cette vidéo.

Sébastien Yernaux
Photo et vidéo : © Eve Millet / Picto

Article
Publié le jeudi 11 décembre 2025
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