Rout Lëns : reconnexion à la vie

Rout Lëns : reconnexion à la vie

IKO Real Estate et la Ville d’Esch-sur-Alzette ont présenté le masterplan du nouveau quartier Rout Lëns – Lentilles-Terres rouges. Sans faire table rase du passé, au contraire, ce projet réveille le site sidérurgique endormi depuis plus de 40 ans. C’est tout un quartier, respectueux du patrimoine et de l’environnement, qui va prendre vie. Premiers logements livrés en 2025.

La petite histoire veut qu’Eric Lux, le CEO d’IKO Real Estate, quand il a découvert le site, aurait lâché « Ce sera un truc de fou »... « Je ne sais plus au juste. Mais en tout cas cet endroit est génial et on veut vraiment en faire quelque chose de génial aussi », sourit l’intéressé, les bottes plantées dans le remblai, à deux pas de ce qui était la Halle des Soufflantes. Nous sommes au Rout Lëns, une cicatrice sidérurgique au cœur d’Esch-sur-Alzette, à un souffle de la gare de la « métropole du fer », de Belval, d’Audun… Ici, l’usine Arbed s’est éteinte depuis plus de 40 ans. Le site sidérurgique, avec quelques solides restes de son glorieux passé, est inoccupé depuis 1977. Une Belle au Bois Dormant, marquée au fer rouge. Plus de 10 hectares à réinventer…

« Nous avons tout de suite saisi l’opportunité d’acquérir ce bien très rare, dont manifestement personne ne voulait vraiment à moins de faire table rase de tout ceci. Nous avons su que l’on devait faire quelque chose pour faire revivre cet endroit, créer un lieu de vie adapté à la société et aux besoins du 21e siècle. Apporter quelque chose d’innovant et d’ambitieux, qui préserve l’ADN des lieux et se marie avec notre ADN pour aménager les espaces de demain ».

Du chaînon manquant au maillon essentiel

Après un an et demi d’études et un premier report forcé dû au contexte sanitaire, l’aménageur IKO Real Estate et la Ville d’Esch-sur-Alzette ont dévoilé le masterplan du nouveau quartier Rout Lëns.

Sandra Huber, responsable du Département Urban Development chez IKO, a pris le projet à bras le corps, avec un regard neuf et objectif, en entourant la réflexion de quantité d’avis, de la consultation des riverains (au printemps 2019, plus de 220 personnes ont répondu à une enquête sur leurs attentes), aux ingénieurs, architectes et urbanistes en passant par une série de collaborations, au sein de l’entreprise comme en externe, le tout bien sûr en étroite collaboration avec la Ville d’Esch et avec tous les ministères et administrations concernées. « C’est remarquable à quel point les forces, publiques ou privées, convergent quand il y a un projet comme celui-ci, qui se veut rassembleur, participatif et d’avenir ».

Rout Lëns, c’est un chainon manquant qui va redevenir un maillon essentiel, dans une continuité urbaine, transfrontalière de surcroît. « Par sa situation et son histoire, le site constitue un particularisme urbain. C’était devenu un territoire ‘à l’arrêt’ dans le prolongement du centre historique d’Esch-sur-Alzette. Le projet de reconversion, en assumant et intégrant l’héritage sidérurgique, veut transformer ce qui aurait pu constituer une faiblesse en réelle force dynamique. Nous aurons ici un nouveau quartier, un lieu de vie complet, multifonctionnel, qui créera une jonction avec la France voisine, en écho à Belval, proche du futur quartier Alzette (les friches d’Esch-Schifflange), un lien entre le centre d’Esch et le Hiel… Le projet, c’est tout simplement de désenclaver ces espaces pour les reconnecter ».

Le « simplement » est une formule, rassembleuse, sachant qu’on est clairement en présence d’un projet qui cumule les couches et les valeurs, locales, régionales, nationales et transfrontalières, dans un même bassin de vie. « Pensé pour les générations futures », souligne Eric Lux.

Un quartier stratifié, vert, qui cultive sa mémoire

Pour l’ensemble des parties prenantes, le concept spatial et la philosophie du futur quartier reposent sur trois grandes priorités. La structure urbaine d’abord : l’allée de la Culture Industrielle, la ligne centrale du nouveau Rout Lëns, déroulera un parcours piétonnier reliant chacun des vestiges patrimoniaux, le magasin TT, la halle des soufflantes revisitée, la Mollerei et ses portiques.

Un quartier stratifié ensuite : « Du sol au ciel, chaque strate offrira des fonctions et des typologies répondant à la multitude d’attentes des usagers, tout en réservant une place de choix à la nature et en respectant les engagements Rout Lëns ». Et le 3e axe est de laisser sa place à la nature, avec un sentiment végétal accentué. « C’est dans notre vision d’aménageur de replacer le bien-être humain et la nature au cœur de tout projet », rappelle Eric Lux, à l’enthousiasme communicatif. Par exemple, alors que la végétation n’a pas perdu ses droits le long du chemin de fer notamment, on plantera quelque 700 arbres. Le vert dominera un tiers des espaces. La gestion des eaux se connectera avec les bassins de pêche. Le bassin de rétention aura plutôt des allures d’étang faisant respirer l’espace urbain…

Dans l’idée d’un lieu de vie, le projet place toutes les fonctions. « Et nous voulons faire évoluer le projet avec des avancées parallèles des espaces publics, de logement, de services, pour ne pas avoir un lieu où il manque quelque chose pour les premiers occupants », pointe Eric Lux. Le programme prévoit des équipements publics, dont la création d’un groupe scolaire – école, maison-relais, crèche, complexe sportif, pour desservir les habitants du quartier. Le volet immobilier se conçoit dans la mixité – « des résidences, des immeubles, des habitations à acquérir mais aussi du logement locatif », sur un total de surface constructive brute de plus de 120 000 m2.

Il y aura des bureaux et de l’espace de travail moderne, pour des PME par exemple, sur quelque 9000 m2, à peu près autant de surface pour les bâtiments patrimoniaux réhabilités, et encore 4600 m2 de surface constructible brute pour des commerces et services. « Il ne s’agit pas de concurrencer le commerce local », précise Sandra Huber, « mais de permettre aux habitants du quartier d’avoir le maximum de choses sur place, en favorisant le circuit-court, les initiatives régionales ». Les aménageurs imaginent par exemple un marché couvert. D’ailleurs, les projets foisonnent. On évoque ainsi une brasserie locale, qui alimenterait ses brassins au houblon poussant sur place… Des idées comme ça, il y en a un carton plein…

Des habitants mobiles

Comme tout est pensé dans sa globalité, et en prévoyant la modularité des espaces et des fonctions selon l’évolution des besoins du quartier et de la communauté qu’il constituera, la mobilité est déjà tracée et connectée dans les esprits. Elle intègre la piste cyclable Esch-Alzette – Belval (prévue pour 2022), le futur bus à haut niveau de service transfrontalier qui aura sa halte à Rout Lëns et sa connexion à la gare d’Esch et aufutur tram rapide.

L’idée veut avancer au plus vite possible dans la matérialisation. La première phase s’attachera à animer quelque 60.000 m2, en faisant sortir une « Maison du Projet » installée dans l’ancien magasin TT, symbole du patrimoine réinventé, les premiers logements (livrés en 2025), les services…. La viabilisation démarrera en 2022, sachant que les mesures conservatoires, pour le patrimoine industriel (vidéo ici) et naturel (vidéo ici) sont en route depuis quelques semaines, avec un maximum de récupération de l’existant dans une logique circulaire.

2035 est l’horizon fixé pour l’ensemble du quartier, mis en place, vivant et en évolution avec son temps.

Alain Ducat

Photos : Fanny Krackenberger

Illustrations 3D, masterplan et vidéos : IKO Real Estate

Plus d’infos sur routlens.lu

Note : Équipe du projet

IKO Real Estate s’est entourée d’une équipe multidisciplinaire et internationale.

  • Urbanisme : Reichen et Robert & Associés (Paris), spécialisée en reconversion de friches industrielles et conservation du patrimoine
  • Paysage : Phytolab (Nantes)
  • Infrastructures : bureau d’études Schroeder & Associés (Luxembourg), particulièrement en charge des volets mobilité, voirie, réseaux de distribution et gestion des eaux pluviales
  • Accompagnement urbanistique et PAP : agence WW+ (Luxembourg)
  • Accompagnement consultation citoyenne : CityTools (Bruxelles)
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Publié le lundi 16 novembre 2020
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