Réorganiser la mobilité

Réorganiser la mobilité

« Nous partons de la définition des besoins, c’est-à-dire de la conception du projet, aux préconisations puis à la mise en place du projet jusqu’à l’exploitation du système global », nous explique Thomas Friederich, fondateur et directeur général de City Mov’, un concept novateur d’auto-partage au Luxembourg et dans la Grande Région.

Vous avez lancé un concept d’auto-partage dans la Grande Région baptisé City Mov. Pouvez-vous nous le présenter ?

City Mov’ est une jeune entreprise qui a pour vocation d’être un opérateur de mobilité, à savoir d’auto-partage et de vélo-partage, et ce, sur toute la chaîne de valeurs. Nous partons de la définition des besoins, c’est-à-dire de la conception du projet, aux préconisations puis à la mise en place du projet jusqu’à l’exploitation du système global. Nous devons pour cela étudier dans un premier temps les flux de mobilité et des déplacements des résidents d’une commune ou des collaborateurs d’une entreprise, avant d’établir un concept de mobilité avec un dimensionnement de la flotte de véhicules, des stations de recharge et de la géo-localisation de ces dernières dans la commune ou sur le site privé.

Quelle est la différence entre auto-partage et covoiturage ?

L’auto-partage est le partage d’une voiture entre plusieurs usagers, tandis que le covoiturage est le fait de voyager à plusieurs dans la même voiture. L’utilisateur d’un service d’auto-partage dispose d’un véhicule qu’il ne finance que pour la durée de son utilisation. Pour le covoiturage, c’est le conducteur qui offre de partager son véhicule à des tiers et détermine le trajet, avec pour objectif le partage des frais de route. Notre conviction chez City Mov’ est que la solution idéale pour l’optimisation des déplacements et la réduction de la circulation réside dans un mix des deux systèmes.

En effet, selon des statistiques européennes, un véhicule partagé remplace à peu près quatre véhicules. Autrement dit, une voiture dédiée à l’auto-partage passe entre quatre mains dans une même journée. En y greffant du covoiturage sur le lieu de travail pour des besoins professionnels, il est possible de faire voyager quatre personnes à l’intérieur avec une organisation optimale.

Est-ce que ce concept d’auto-partage décolle au Luxembourg ?

Plusieurs projets pilote auxquels nous participons sont actuellement en cours, à commencer par celui baptisé ZAC , à destination des entreprises. Il s’agit d’un projet pilote mis sur pied par le gouvernement, plus précisément par les ministères de l’Economie et du Développement durable en collaboration avec le CRP Henri Tudor. L’objectif consiste précisément à tester la viabilité et l’usage d’un système d’auto-partage B2B.

Le pendant de ce projet pilote, le projet pilote Nordstad , sous la houlette du CRP Henri Tudor, a été inauguré fin septembre 2013. Il est quant à lui destiné au grand public.

Pouvez-vous d’ores et déjà nous donner des précisions ?

Le projet Nordstad a prévu l’installation d’une dizaine de véhicules électriques dans les communes d’Ettelbruck, de Diekirch, de Colmar-Berg, Schieren, et, enfin, de Bettendorf, à l’usage de la population. Il a fait l’objet d’un appel d’offres que City Mov’ a remporté et est financé à la fois par les communes et le Fonds Européen de Développement Régional (FEDER). 

En ce qui concerne le projet-pilote ZAC, gré à gré avec les partenaires du projet, à savoir Enovos, le CRP Henri Tudor et les P&T, nous avons pour l’instant une flotte de deux voitures. Le gouvernement cherche par ces deux projets à tester le modèle privé et le modèle public, l’objectif étant bien évidemment d’étendre le service sur l’ensemble du territoire.

Si le service d’auto-partage destiné aux entreprises paraît réalisable, en revanche, on est en droit d’être plus sceptique quant à la mise sur pied d’un projet d’auto-partage grand public, compte tenu des caractéristiques spécifiques de la main d’œuvre luxembourgeoise, constituée quasiment pour moitié de frontaliers…

Je suis optimiste en ce qui concerne les frontaliers, même si cela demande un minimum d’organisation ou plutôt de réorganisation de la mobilité. L’idée d’une démarche comme la nôtre est de garantir des véhicules dans la ville d’arrivée, ce qui implique que les frontaliers se déplacent sur leur lieu de travail au Luxembourg sans leur véhicule privé, c’est-à-dire soit en transports en commun soit en covoiturage.

La configuration luxembourgeoise, en revanche, est totalement différente, et ce, tant sur le plan du niveau de vie que du nombre de véhicules par ménage. En effet, comme tout le monde le sait, le niveau de vie est plus élevé au Luxembourg et le nombre de véhicules par ménage atteint les 2,3, ce qui n’incite guère au covoiturage et à l’auto-partage ou même à l’utilisation des transports en commun. Ceci étant, il y a d’autres critères déterminants à prendre en compte, à savoir les difficultés pour se garer et le fléau des embouteillages, qui inciteront les résidents à revoir leur mode de transport.

Photo ©Marlene Soares pour LG Magazine

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Publié le mardi 18 février 2014
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