Réemploi des matériaux au Luxembourg : un centre, des formations, des ressources

Réemploi des matériaux au Luxembourg : un centre, des formations, des ressources

La commune de Wiltz et le Luxembourg Institute of Science and Technology sont partenaires du projet Interreg PREUSE. Patty Koppes (Wiltz) et Duan Hua (LIST) ont rappelé les grands objectifs internationaux ainsi que les étapes clés pour le Luxembourg, à l’occasion de la célébration des 10 années d’économie circulaire dans la capitale des Ardennes.

Patty Koppes, cheffe de projet économie circulaire à Wiltz :

PREUSE (Public Responses to Enable the Use of Salvaged building Elements) est un projet européen qui s’inscrit dans le cadre d’un programme Interreg North-West Europe, cofinancé par l’Union européenne et qui permet de développer des projets d’innovation à échelle transfrontalière.


« Le réemploi, en soi, n’est pas nouveau, mais cette pratique a été perdue et mérite d’être réactivée. »

Patty Koppes, cheffe de projet économie circulaire à Wiltz

Il est consacré au sujet du réemploi dans le secteur de la construction. On ne parle pas ici du simple recyclage, mais bien de la réutilisation directe des éléments de construction. Il faut donc d’abord déconstruire de manière soignée. Il y a une logistique qui vient avec le réemploi pour ensuite permettre la réutilisation des matériaux, soit sur un même chantier, soit sur un autre chantier.

Le projet PREUSE travaille sur deux grands axes :

  1. Soutenir et développer les centres de réemploi pour les matériaux de construction : mettre en place un cadre favorable au réemploi,
  2. Renforcer la capacité du secteur de la construction pour la récupération et le réemploi des matériaux : renforcer les compétences du secteur par la formation et l’accessibilité aux informations et ressources existantes.

Pourquoi le réemploi ?

Parce qu’il y a de la valeur économique stockée dans les matériaux de construction et dans tout matériau.

Ceci est démontré par les deux cas de figure ci-joints.

  • À gauche : le centre de réemploi Rotor, à Bruxelles, qui est un de nos partenaires dans ce projet européen. C’est un centre de réemploi qui fonctionne depuis plus de dix ans avec un modèle économique viable.
  • À droite : des pavés, matériau qui garde très bien sa valeur, qui se casse difficilement et qui est donc très intéressant à réutiliser. La Ville d’Utrecht, également partenaire, a ouvert au printemps son propre stock de réemploi de pavés naturels en vue de leur réutilisation dans l’espace public.

Pour décarboner le secteur de la construction

  • Les ressources sont préservées : Substitution du neuf par de l’existant, ce qui réduit les processus d’extraction et de production souvent très énergivores.
  • Les émissions liées à la production sont évitées : Les matériaux réutilisés génèrent peu d’émissions de CO₂ supplémentaires, contrairement à ceux issus d’une nouvelle production.
  • Les distances de transport sont souvent réduites : Une réutilisation locale permet de limiter les émissions liées à la logistique, aussi bien pour la livraison que pour l’évacuation des déchets.
  • La quantité de déchets diminue : Moins de gravats signifie moins de mise en décharge ou de traitement énergivore.

Pour ce projet européen, nous avons défini trois objectifs principaux qui concernent Wiltz et le Luxembourg :

  • Assurer une offre de qualité des produits issus du réemploi : comment évaluer cette qualité ? Comment l’assurer et éventuellement comment l’améliorer ?
  • Promouvoir le réemploi : communiquer, proposer des formations et aussi mettre en réseau les acteurs du réemploi de toute la chaîne de valeur.
  • Générer un effet positif : en libérant la valeur économique des matériaux récupérés et en créant une valeur sociale, par exemple en proposant des matériaux à prix abordables.

Les objectifs sont très ambitieux. Nous pouvons compter sur les ressources et le soutien de nos partenaires, tels que le LIST.

Duan Hua, senior project manager au Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) :

L’idée autour des projets européens, et en particulier ceux dans lesquels le LIST est impliqué, c’est d’apporter et de faciliter le développement et l’implémentation d’innovations au niveau international et surtout au niveau du territoire luxembourgeois.

Avec ce projet, nous voulons mettre autour de la table un certain nombre d’expertises, d’expériences, grâce aux différents partenaires. Le Luxembourg peut apprendre de ces partenaires.


L’exemple de Rotor :

  • Plateforme physique avec le stock actuel (menuiserie, revêtement de sol, luminaire, etc.)
  • Plateforme digitale : mise en avant des produits disponibles à la vente pour les professionnels et particuliers
  • Capacité à projeter les futurs projets pour planifier l’arrivée future de matériaux
  • Offre complétée par des consommables et des services

Expertise : régulation, guides, fiches techniques

Le Luxembourg est en train de réfléchir à ces questions-là, grâce au travail de la commune de Wiltz et des autres partenaires : LIST, Centre de Ressources des Technologies et de l’Innovation pour le Bâtiment (CRTI-B), Administration des bâtiments publics (ABP), Fonds du Logement.

Les différents experts au Luxembourg ont travaillé sur la création d’un guide autour du réemploi et de l’implémentation du réemploi pour le Luxembourg, ainsi que sur la création de fiches techniques pour différentes cibles, telles que les maîtres d’ouvrage, les maîtres d’œuvre, les sous-traitants et les contractants.

L’importance du développement de compétences pour le réemploi

À côté de cela, nous travaillons sur la question du capacity building, qui est un élément extrêmement important pour avancer au niveau de l’implémentation opérationnelle du réemploi, avec notamment tout un ensemble de documentation qui a été créée lors des différents projets et qui va être mise à disposition via le développement d’un centre de connaissances Opalis. Il s’agira en quelque sorte d’une librairie en ligne, regroupant des documents de référence sur le design, sur le réemploi de manière générale et sur l’implémentation via des guides techniques et des fiches techniques.

Nous travaillons également à la création de formations pour les maîtres d’ouvrage, les maîtres d’œuvre et pour les sous-traitants, que nous allons implémenter avec le support du Centre National de Formation Professionnelle Continue (CNFPC).

Ces différents éléments permettront de faire avancer l’implémentation du réemploi au niveau du Luxembourg.

Cette carte du site opalis.be reprend les différents revendeurs de matériaux de réemploi, ainsi que des services de récupération et de traitement de ces matériaux. On voit une très forte concentration au niveau de la Belgique, quelques revendeurs en France et un seul au Luxembourg.

Si on démonte un bâtiment pour lequel il faut entreprendre une déconstruction sélective, il y a des possibilités de trouver des filières de débouchés pour ces matériaux.


« Comme dans la plupart des grands bouleversements du secteur de la construction, à l’origine, il y a toujours eu un élément déclencheur qui est ici la volonté publique. Nous savons que le gouvernement - au niveau du PNEC (Plan national énergie-climat) et de l’accord de coalition - a mis en avant l’importance du réemploi. »

Duan Hua, senior project manager au Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) :

Les prochaines étapes pour le réemploi de matériaux au Luxembourg

Nous avons encore quelques points d’interrogation à résoudre, mais nous travaillons très activement sur la mise en place d’une structure provisoire pour un premier centre de stockage sur le territoire de Wiltz. L’objectif est de lancer la démarche et de nous jeter à l’eau, pour apprendre en faisant.

En parallèle, nous avons un projet pilote en déconstruction qui va également être lancé en 2026. Ce projet-là va surtout libérer du bois massif de planchers et de charpentes, qui sera le premier matériau à récupérer dans notre centre.

En 2027, nous travaillerons très activement sur un programme de formation dans le cadre du projet PREUSE. Ce programme sera déployé parmi les pays des partenaires, et donc aussi ici au Luxembourg.



Marie-Astrid Heyde
Photo principale : Eve Millet/Picto
Autres illustrations : Interreg PREUSE

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Publié le mardi 26 août 2025
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