Rebondir vers le business circulaire : pas si facile que ça !

Rebondir vers le business circulaire : pas si facile que ça !

La crise peut être gérée de différentes manières, selon la situation financière de l’entreprise. Chez Bamolux, grâce à un carnet de commandes bien rempli, l’équipe est plutôt sereine, mais ne se repose pas pour autant sur ses lauriers. Les idées fourmillent pour se renouveler sans cesse, tout en limitant l’impact environnemental.

Le marché immobilier est quasiment à l’arrêt depuis un an, hormis pour les grosses structures. Il n’est donc pas évident de sortir la tête hors de l’eau pour relancer la mécanique. « Il est clair que les professionnels du secteur ont déjà moins de travail dans tout ce qui est vente en état futur d’achèvement puisqu’il n’y a presque plus de projets qui sortent. Et pour cause, personne ne les achète. Et comme il n’y a pas d’acheteur, il n’y a pas de construction. Du côté des banques, c’est compliqué aussi. Elles demandent que 60 % du bâtiment soient vendus avant le démarrage. Donc tout est lié. Sans oublier le prix de la location qui ne cesse d’augmenter. Et pourtant, il faut que les gens se logent d’une manière ou d’une autre. »

Et Sébastien Jungen ne s’arrête pas à la construction. « Certains clients ont construit pour vendre. Mais au final, ils ont opté pour la location. Ils passent maintenant par Bamolux pour aménager leurs locaux qu’ils vont peut-être garder 3 ou 4 ans, le temps que le marché revienne à la normale. Actuellement, nous n’avons pas l’impression que les taux vont descendre. Les gens vont donc pouvoir emprunter moins, d’autant que les banques ne prêtent plus facilement. Une correction des valeurs avec une diminution des prix s’impose. J’ai l’impression que c’est une situation inédite pour le Luxembourg. Malheureusement, cela risque de durer encore une bonne année avec les élections qui approchent. »

Pour le moment, Bamolux n’est pas impactée. « Que du contraire. Nous avons des demandes de devis pour 2024, voire 2025. Nous touchons du bois car on ne ressent pas la crise. Nous recrutons d’ailleurs. Personne ne s’attendait à un tel raz-de-marée, mais plutôt à une réaction plus rapide et concrète du gouvernement. Est-ce une volonté de faire baisser les prix marché ou d’effectuer un petit écrémage au sein de la main-d’œuvre ? Je n’en sais rien. »

Crise et durabilité

Si tout le monde connaît le mot « crise », Sébastien Jungen est interpellé par son utilisation par les Chinois. « Ils le décomposent en deux sinogrammes qui représentent les mots ‘danger’ et ‘opportunité’. Ils ont bien compris qu’il faut faire attention à de tels événements, mais qu’on peut toujours en tirer des enseignements positifs. »

Même si aujourd’hui, il y a pas mal de projets durables qui se mettent en place, comme la House of Sustainability ou les aides étatiques, beaucoup d’entreprises ont encore du mal à s’y mettre. « La durabilité est dans toutes les discussions mais les actions concrètes ne sont pas encore visibles. Chez Bamolux, on a commencé à travailler sur la durabilité en 2015, en réfléchissant sur les déchets, les matériaux, etc. Nos certifications ISO 9001, 14001 et 45001 ne sont pas que des papiers. Il y a des actions intelligentes qui suivent cette reconnaissance.

La problématique actuelle dans la durabilité, c’est l’information auprès des clients. Ils peuvent réaliser leurs projets avec des produits durables et avec un budget raisonnable. Malheureusement, beaucoup préfèrent conserver leur business linéaire plutôt que de passer en circulaire malgré les nombreuses sources de conseils comme Luxinnovation, le LIST, etc. ».

Chez Bamolux, le premier objectif est de supprimer la notion de déchets. « Nous essayons de travailler sur les 17 objectifs de développement durable en se remettant toujours en question, que cela soit par rapport à l’eau, l’énergie, etc. C’est important autant du point de vue écologique qu’économique avec des factures moins lourdes. »

Et que pense Sébastien Jungen de l’objectif de 55 % en moins d’émissions de gaz à effet de serre pour 2030 ? « On sera rapidement en 2024. Je me dis que le délai est cours. Nous avons démarré en 2015 et je pense que nous devons être aux alentours de 35 %. C’est bien, mais il reste encore du chemin pour arriver aux 55 %. Pour moi, la solution aurait pu être un palier à 30 % par exemple avec de nombreuses aides pour lancer la machine, puis passer à 40 % et ainsi de suite. Surtout qu’aujourd’hui, selon une étude, 90 % des entreprises n’ont pas encore démarré le processus de la durabilité. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas de clients ! Chez Bamolux, on répond aux besoins des clients, mais on propose également des variantes qui intègrent la durabilité. »

Le Luxembourg essaie d’aider les entreprises à se préparer sur la durabilité. « Cependant, dans le secteur immobilier, il n’y a pas eu de mesures concrètes et rapides qui ont été prises. C’est donc plus compliqué d’intégrer la transition circulaire. Moi, j’ai la chance de pouvoir réfléchir car mon entreprise est en activité pleine. Pour un chef d’entreprise qui est plongé au cœur de la crise car il n’a plus de travail, l’économie circulaire n’est certainement pas sa priorité. »

Sébastien Yernaux
Photos : Infogreen

Article tiré du dossier du mois « Doheem »

Article
Publié le mercredi 4 octobre 2023
Partager sur
Avec notre partenaire
Nos partenaires