Logements modulaires, « un potentiel de reproductibilité intéressant »

Logements modulaires, « un potentiel de reproductibilité intéressant »

Avec le projet « Wunne mat der Wooltz » à Wiltz, le Fonds du Logement teste à grande échelle une solution innovante : le logement modulaire. Au sein du quartier « Geetz », 42 logements préfabriqués et parachevés en usine seront livrés en un temps record, tout en garantissant durabilité, qualité et intégration urbaine.

Denis Ory, ingénieur chef de projets et David Reichling, architecte au sein du Fonds du Logement, expliquent les enjeux, les avantages et les perspectives d’avenir du logement modulaire, une méthode de construction encore peu répandue à cette échelle au Luxembourg.

Qu’est-ce qu’un logement modulaire, et en quoi diffère-t-il d’une construction traditionnelle ?

Denis Ory (DO) : Un logement modulaire est une construction préfabriquée, fabriquée en usine sous forme de modules 3D déjà parachevés et prééquipés : cuisine, carrelage, prises électriques, salle de bains… Tout est préparé en amont. Une fois les modules livrés sur le site, il ne reste que l’assemblage, les raccords de finition, et ce qu’on appelle le « couturage », qui permet d’assurer la continuité et l’étanchéité de l’aire et à l’eau entre les différents éléments.

David Reichling (DR) : Cela change radicalement de la construction traditionnelle. Le gros avantage est que les ouvriers ne sont plus exposés aux aléas climatiques : tout se fait en intérieur, dans des conditions de travail bien meilleures, notamment en hiver. Le chantier sur site est réduit et beaucoup plus rapide. Cela permet également de limiter les nuisances pour les riverains.

Quels sont les atouts majeurs de ce type de construction ?

DR : En premier lieu, la rapidité d’exécution. Le travail de préparation est important et très structuré, mais une fois que les modules arrivent, tout s’enchaîne vite. Par exemple, sur le site de « Wunne mat der Wooltz » à Wiltz, les premiers modules sont arrivés mi-septembre, et 14 logements seront montés d’ici décembre. Une résidence de 14 logements suivra pour le premier semestre 2026. En une année, nous aurons ainsi livré 42 logements.

DO : C’est aussi plus efficient : le processus est numérisé et industrialisé. Cela exige un gros travail en amont, des études précises, et une adaptation de nos méthodes. Mais une fois ce travail réalisé, le potentiel de reproductibilité pourrait s’avérer intéressant, notamment au niveau de nos projets de grande envergure sur lesquels nous développons des centaines de logements.

S’agit-il d’une innovation pour le Fonds du Logement ?

DO : À cette échelle, c’est effectivement un projet-pilote pour le Fonds du Logement. L’idée est de tester cette solution et, si l’expérience est concluante, de pouvoir la répéter ailleurs, en profitant de l’expérience acquise sur ce projet.

DR : C’est aussi un défi technique. Nous avons dû nous adapter à la logique du modulaire, notamment au niveau de la réglementation, des matériaux – ici en bois – et de l’intégration sur un site complexe comme celui de Wiltz, avec un dénivelé important et un réseau de chauffage urbain à prendre en compte.


« Le vrai gain se trouve dans la reproductibilité et l’optimisation à long terme. »

David Reichling, architecte, Fonds du Logement

Ces logements sont-ils plus écologiques que les constructions classiques ?

DR : Oui, globalement. Les constructions sont en bois, et la fabrication en usine permet une gestion très efficace des déchets. Le process industriel a été optimisé pour réduire les déchets. Ainsi, chaque bois de plus de 30 cm de long a un usage dans la construction définitive. Il faut aussi mentionner la possible démontabilité des logements, l’analyse du cycle de vie ainsi que la feuille de route bas carbone mise en place par le constructeur, qui constituent autant d’atouts majeurs en matière de durabilité.

DO : Le transport des modules a toutefois bien sûr un impact, comme pour tout chantier, mais il est compensé par les nombreux atouts du procédé comme l’optimisation des matériaux, la qualité de l’isolation ou encore l’intégration d’équipements durables comme des toitures végétalisées ou des panneaux photovoltaïques.

Ce type de construction est-il plus rentable ?

DR : Ce n’est ni plus cher, ni moins cher, mais le rapport qualité/prix est excellent. Le vrai gain se trouve dans la reproductibilité et l’optimisation à long terme. Et vu de l’extérieur, rien ne distingue ces logements des constructions classiques.

À quels besoins répond cette démarche aujourd’hui ?

DO : Le modulaire peut offrir une réponse rapide au besoin en logements, avec une qualité équivalente.

Comment s’intègre le projet dans le tissu urbain de Wiltz ?

DR : L’objectif est clair : il ne doit pas y avoir de distinction visible entre les logements modulaires et les autres bâtiments. La conception du PAP ainsi que le travail volumétrique ont été pensés dans ce sens, afin de créer une harmonie globale au sein du quartier et d’assurer une bonne intégration avec l’environnement bâti existant.

DO : Au-delà du bâti, c’est tout un cadre de vie qui est créé : mobilité douce, espaces verts, aires de jeux, tri des déchets avancé, parking centralisé… L’enjeu est aussi de favoriser la vie communautaire dans ce nouveau quartier.

Quelles sont les perspectives d’avenir pour la construction modulaire ?

DR : Si cette première opération s’avère concluante, elle pourrait ouvrir la voie à une généralisation progressive. Nous disposons désormais d’enseignements utiles sur les points de vigilance et les ajustements à prévoir. À terme, cette approche pourrait constituer un levier pertinent pour mieux répondre aux besoins en logement du pays.

DO : Ce n’est pas une révolution, mais une évolution pragmatique et prometteuse. Et c’est déjà une belle avancée.

Texte et photo du Fonds du Logement

Extrait du dossier du mois « Du plan à l’impact »

Contribution partenaire in4green
Publié le jeudi 20 novembre 2025
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