
Écoconception des produits durables : qu’est-ce qui change au Luxembourg ?
La Commission européenne vient de franchir un cap vers une économie plus circulaire en adoptant le nouveau plan de travail du règlement sur l’écoconception des produits durables (ESPR). Son ambition : rendre les produits plus facilement réparables, recyclables, réemployables et transparents quant à leur impact environnemental.
Interview de Jean-Marie Reiff, directeur de l’ILNAS, organisme de référence en matière de normalisation et de qualité au Grand-Duché. Pour nous, il décrypte ce nouveau cadre.
Quelle est votre lecture du plan de travail ESPR 2025-2030 ? Quels sont les points majeurs à retenir, selon vous ?
Jean-Marie Reiff : Le plan de travail ESPR 2025-2030 de la Commission européenne vise à renforcer la durabilité des produits et à promouvoir une économie circulaire.
Pour cette période de cinq ans, la Commission a identifié plusieurs catégories de produits prioritaires : les textiles, les meubles, les pneus et les matelas. Ces produits ont été ciblés en raison de leur fort potentiel d’amélioration en matière de durabilité et de circularité.
Ce plan met également l’accent sur des produits intermédiaires tels que le fer, l’acier et l’aluminium, qui jouent un rôle central dans l’industrie européenne, mais présentent un impact significatif sur le changement climatique et la consommation d’énergie.
Des exigences horizontales sont aussi prévues pour améliorer la réparabilité, la recyclabilité et la performance environnementale des produits, en particulier dans le secteur des équipements électriques et électroniques.
Un autre élément clé du plan est le passeport numérique des produits. Cet outil est essentiel pour assurer la traçabilité des produits et fournir des informations détaillées sur leur durabilité. Le passeport numérique permettra aux consommateurs et aux entreprises de prendre des décisions plus éclairées en matière d’achat et de gestion des produits.
Enfin, le plan souligne l’importance d’une surveillance du marché efficace. Elle est indispensable pour assurer la conformité des produits aux nouvelles exigences et garantir que les bénéfices environnementaux et économiques de ces mesures soient pleinement réalisés.
Qu’est-ce que ce règlement va changer pour les consommateurs luxembourgeois dans les prochaines années ?
Tout d’abord, les consommateurs bénéficieront d’une meilleure information. Grâce aux passeports numériques et à des labels clairs, ils auront accès à des informations plus détaillées sur la durabilité des produits. Cela leur permettra de faire des choix plus éclairés et responsables lors de leurs achats.
Par ailleurs, le marché proposera davantage de produits durables, réparables et conçus pour durer. Les nouvelles exigences réglementaires inciteront les fabricants à concevoir des biens plus respectueux de l’environnement, élargissant ainsi les options disponibles pour les consommateurs soucieux de leur impact écologique.
Enfin, ces évolutions devraient également se traduire par des économies à long terme. En privilégiant des produits plus robustes, économes en énergie et plus faciles à entretenir, les ménages luxembourgeois pourront réduire leurs dépenses liées au remplacement et à la consommation énergétique.
Comment l’industrie luxembourgeoise doit-elle se préparer à ces nouvelles exigences ?
Pour répondre aux exigences du règlement ESPR, l’industrie luxembourgeoise devra sûrement engager une transformation progressive de ses pratiques.
Elle devra intégrer des critères de durabilité dès la phase de conception des produits. Cela implique de repenser les matériaux utilisés, les méthodes de fabrication, ainsi que la facilité de réparation, de réutilisation et de recyclage. Elle devra également investir dans le développement de technologies et de processus qui améliorent la réparabilité et la recyclabilité des produits.
Il sera aussi important de collaborer avec les différentes autorités, telle que l’ILNAS. Ces collaborations permettront à l’industrie, entre autres, de mieux comprendre les nouvelles obligations, de mettre en conformité leurs produits et d’anticiper les évolutions.
Quel rôle l’ILNAS joue-t-il dans l’accompagnement des acteurs concernés ?
L’ILNAS joue un rôle crucial dans l’accompagnement des acteurs concernés en fournissant et diffusant des informations sur les nouvelles exigences et les meilleures pratiques.
Plus globalement, quel est le rôle de la normalisation dans la transition vers une économie circulaire ?
La normalisation joue un rôle clé dans cette transition. Elle permet d’établir des critères clairs pour la conception de produits durables, réparables et recyclables. En soutenant l’innovation, elle favorise le développement de technologies et de pratiques plus durables. Enfin, elle contribue à garantir la conformité des produits aux exigences environnementales, renforçant ainsi la confiance des consommateurs et la compétitivité des entreprises.
Propos recueillis par Mélanie Trélat
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