
Du territoire à la matière, trois approches concrètes pour l’habitat durable
Du territoire à la matière, du gros œuvre à la finition, à l’intérieur comme à l’extérieur, rendre l’habitat plus durable s’envisage sous tous les angles. Trois architectes ont répondu à la question : « Face à la nécessité de durabiliser l’habitat, quelles solutions concrètes mettez-vous en œuvre dans vos projets ? »
Trois approches, trois échelles, un même objectif : construire mieux, pour et avec les habitants.
Une vision urbaine durable et une orientation sociale pour répondre à la nécessité de rendre les habitations plus compactes. La ville responsable, selon le bureau d’architecture WW+ :
« Un habitat durable naît de structures urbaines compactes et denses, qui garantissent néanmoins une haute qualité de vie. Nous créons des lieux où les gens se sentent bien et peuvent développer un sentiment d’identité.
Des éléments centraux de ces quartiers sont la diversité des espaces verts et des zones libres, qui servent à la détente, favorisent les rencontres et invitent à la convivialité. Les bâtiments présentent une mixité fonctionnelle, sont conçus sans barrières et bien desservis par les transports publics.
La dimension sociale est tout aussi essentielle : des processus participatifs donnent la parole aux habitants, et une diversité de formes d’habitat encourage la mixité sociale, la communauté et le vivre-ensemble. Des espaces extérieurs accessibles à tous, inclusifs, et des quartiers apaisés, favorables à la marche et au vélo, renforcent la cohésion sociale.
Une gestion intelligente de l’eau, avec des toitures végétalisées, des zones de rétention et des revêtements perméables, protège contre les surcharges et améliore en même temps le microclimat.
Ainsi émerge une ville responsable sur le plan écologique, équitable sur le plan social et agréable à vivre pour toutes et tous. »
À l’échelle de l’édifice, des choix de matériaux simples, sains et biosourcés sont privilégiés pour limiter le recours au plastique et aux intrants chimiques. La vision de Miriam Prosch, architecte associée chez Jonas Architectes :
« Depuis de nombreuses années, notre bureau s’efforce de concevoir et de construire de manière aussi durable que possible.
Cela commence par le choix de matériaux naturels et renouvelables – bois, fibres de bois, laine de mouton, enduits à la chaux ou à l’argile – et s’étend à une gestion attentive des chantiers, où nous visons à éviter les matériaux non réfléchis et à renforcer la séparation des déchets. Nous n’y parvenons pas encore toujours, mais c’est un objectif que nous cherchons à concrétiser davantage à chaque projet.
Nous privilégions les matériaux ‘purs’, recyclables et non composites, et restons ouverts à des solutions innovantes, même si elles demandent plus d’efforts. Un bel exemple est la maison à Insenborn, construite en blocs de chanvre, isolée en fibres de bois, enduite à la chaux, etc. – un projet où plastiques et produits chimiques ont été réduits au strict minimum.
Durabilité signifie avancer pas à pas, oser innover et apprendre à faire mieux à chaque projet.
À l’intérieur, et plus particulièrement en entreprise, les critères environnementaux prennent aussi place dans les bureaux pour assurer, notamment, le confort acoustique. Le point de vue d’OPHRYS (Isabelle Josson, designer, et Erick Josson, architecte d’intérieur-designer)
« Le bruit au travail représente l’un des risques majeurs pour la santé mentale des salariés et peut malheureusement conduire l’entreprise à une baisse progressive de ses performances.
Pour y remédier, nous explorons de nouvelles perspectives créatives et imaginons des espaces de bureaux acoustiques sur-mesure, harmonieux, apaisants et fonctionnels où chaque individu se sent inspiré, dynamisé et soutenu.
Dans notre démarche, expérimenter les lignes, les formes et les matériaux est déterminant. Interroger la place de la matière l’est plus encore !
Nous faisons alors appel à des procédés de fabrication innovants, sélectionnons des matériaux adaptés et privilégions l’emploi de fibres rPET (polyéthylène téréphtalate recyclé), issues du recyclage de bouteilles en plastique, pour corriger le phénomène de réverbération des sons dans une pièce.
En charge de l’aménagement intérieur d’un espace de bureau de 2.500 mètres carrés au Luxembourg, nous avons conçu un claustra en rPET à lames verticales pour séparer l’open-space des espaces de circulation. L’intégration de cabines acoustiques vient s’y ajouter comme des îlots de tranquillité dédiés à la concentration intense. »
Collecté par la rédaction d’infogreen.lu
Photo principale : intérieur de la maison d’Insenborn, Jonas Architectes























































