
Climat et patrimoine : vers une nouvelle approche durable du bâti ancien
Ce 8 juillet 2025, lors d’une conférence inédite, le CSDD et l’Université du Luxembourg ont réuni experts et acteurs du secteur pour débattre du lien entre climat et patrimoine. Objectif : explorer les synergies possibles entre performance énergétique et conservation du bâti ancien.
Dans le cadre de son nouveau mandat le Nohaltegkeetsrot en collaboration avec l’Université du Luxembourg vient d’organiser sa première conférence « Klimaschutz = Denkmalschutz ? »
Avec une centaine de participants des secteurs de la construction, de l’administration et de la société civile, ce premier débat mis sur pieds par le CSDD - Conseil supérieur pour le développement durable - a connu un succès manifeste et confirmé l’importance de garantir un débat interdisciplinaire autour du sujet. Après les mots de bienvenue de Serge Wilmes, ministre de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité et de Mike Poiré, président du CSDD, des experts issus des domaines du climat, de l’architecture et de la conservation du patrimoine ont su relever les défis et synergies possibles entre les objectifs climatiques et la sauvegarde du patrimoine bâti.

L’idée derrière le projet
La protection du climat est sans aucun doute l’une des tâches les plus importantes de notre époque, car seules des mesures efficaces permettront de lutter contre le changement climatique. Aujourd’hui, la construction et l’utilisation des bâtiments sont responsables pour environ 30% des émissions de CO2 en Europe. Il est donc évident que des changements doivent se réaliser dans ce secteur. Il y a une vingtaine d’années, les passeports énergétiques ont été un premier pas pour améliorer la situation Pourtant, depuis quelques années déjà, les résultats de la recherche se multiplient et suggèrent que les voies empruntées jusqu’à présent pour une meilleure protection du climat dans l’environnement bâti ne répondent que partiellement aux objectifs prévus. En particulier, les études de monitoring indiquent que les nouvelles maisons passives consomment plus d’énergie que prévu, alors que les anciens bâtiments obtiennent des résultats nettement meilleurs.
C’est précisément ce constat qui semble évident depuis longtemps aux conservateurs des monuments historiques. Les bâtiments utilisés depuis des siècles ont pu survivre notamment parce qu’ils répondaient toujours aux besoins de leurs habitants. Dans quelle mesure les bâtiments anciens et les monuments historiques sont-ils réellement efficaces en matière de protection climatique ? Les bâtiments classés monuments nationaux sont-ils peut-être même les meilleurs bâtiments pour la protection climatique ? Faut-il adapter nos bases de calcul ? Quel est le potentiel de petites mesures ? Toutes ces questions ont motivé l’organisation d’une conférence interdisciplinaire et internationale sur ce thème.

Les bâtiments anciens sont nettement plus performants
La question centrale de savoir si la protection du climat est en même temps une protection du patrimoine a été évaluée différemment par les experts, mais un large consensus s’est dégagé sur le fait que les bâtiments anciens sont nettement, voire considérablement, plus performants lors des analyses et des contrôles que les valeurs calculées sur base du passeport énergétique.
Outre les perspectives visionnaires et les résultats de recherche qui ont pu être élaborés dans ce domaine à l’Université du Luxembourg, il y a eu des mises en perspective historiques ainsi que des conseils pratiques pour tout un chacun sur la manière dont il est possible de réduire sérieusement la consommation d’énergie avec peu d’efforts et des petites mesures. Le potentiel des petites mesures est considérable ! Suite aux constats de cette conférence, le CSDD poursuivra ses recherches au cours des quatre prochaines années en travaillant sur le potentiel qui peut se dégager des « petites mesures » et peuvent permettre de réaliser des économies substantielles. Il existe un vaste champ de possibilités pour réaliser des réductions d’énergie dans les bâtiments existants et il importe de les relever, de les expliquer et notamment aussi de les communiquer.
Liste des partenaires participants à la conférence du 8 juillet :
- Administration des bâtiments publics
- ABP - Energieagence / ICSEED formations
- Institut national pour le patrimoine architectural - INPA
- Deutsches Nationalkomitee für Denkmalschutz – DNK
- Vereinigung der Denkmalfachämter in den Ländern – VDL
- Ordre des Architectes et des Ingénieurs-Conseils – OAI
- Planetplus, bureau d’architecture et d‘urbanisme
- ArcelorMittal
L’événement était accompagné par deux expositions. Les élèves du Lycée Ermesinde Mersch ont présenté la maquette de leur projet « Energiewende » et le Niedersächsisches Landesamt für Denkmalpflege était présent avec son exposition « Ressource Kulturerbe.
Communiqué : Conseil supérieur pour un développement durable (CSDD)
Photos : ministère de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité