10 ans d’économie circulaire à Wiltz : des réussites, des échecs et des leçons

Francine Hahn, secrétaire communale à Wiltz :

Nous n’avions pas toutes les réponses au départ, et nous ne les avons pas encore toutes aujourd’hui.
Nous, en tant que responsables politiques, avions la conviction et la vision, et surtout le courage d’essayer. Après dix ans de projets, parfois réussis, parfois semés d’échecs, nous pouvons dire que ce qui, au départ, relevait d’une stratégie expérimentale est devenu au fil des années notre nouvelle normalité.

Aujourd’hui, comme Ariane Bouvy l’a déjà mentionné, l’économie circulaire n’est plus seulement un projet à mettre en avant. Pour nous, à la commune de Wiltz, elle est devenue un réflexe. L’économie circulaire est au cœur de notre manière de concevoir nos projets. Nos initiatives intègrent de façon naturelle les principes circulaires. Notre ambition est clairement de partager cette vision et d’inspirer d’autres acteurs à nous rejoindre sur ce chemin, et de faire de la commune de Wiltz un exemple moteur.

Serge Muller, architecte à la Commune de Wiltz :

Nous avons à présent un large éventail de projets et d’initiatives mis en œuvre Cela va de rénovations à des constructions neuves, en passant par l’aménagement d’espaces publics.

Pour dresser un état des lieux de ces dix dernières années : environ 28 projets ont été lancés, certains sont terminés et d’autres sont encore en cours.

Francine Hahn, secrétaire communale à Wiltz :

Nos projets naissent toujours d’un besoin spécifique. Ce n’est que lorsque le besoin est identifié et posé sur la table que nous réfléchissons à la manière d’y intégrer l’économie circulaire. Prenons l’exemple de la rénovation de la Maison communale. Le besoin était clair : améliorer nos services et agrandir les services administratifs. Il faut alors établir des priorités et un axe principal ; dans ce cas, il s’agissait surtout du bien-être. C’est aussi un bon exemple qui montre que la préservation du patrimoine historique et l’économie circulaire peuvent très bien aller de pair.

Comme je l’ai dit, il s’agit de définir les bonnes priorités et d’être prêt à accepter aussi des compromis.

Ce qui est très important pour nous dans chaque projet, c’est que les futurs usagers, dans ce cas les citoyens de la commune, comprennent et s’approprient les aspects circulaires mis en œuvre dans le projet. Car ce sont eux qui, ensuite, feront vivre la philosophie.

C’est pareil ou similaire pour le campus Geenzepark. Cela montre bien qu’il ne suffit pas de concevoir et de réaliser un projet selon les principes circulaires : l’usager au quotidien doit ensuite les vivre pour qu’un projet devienne réellement durable et circulaire.

Serge Muller, architecte à la Commune de Wiltz :

Je vais vous présenter un projet très actuel, qui illustre aussi certaines choses que nous avons apprises et constatées au fil de ces dix années pour bien réussir un projet. Il s’agit du chantier lancé en janvier, juste à côté de la maison communale : le réaménagement de la place communale. Ce projet s’inscrit dans la requalification des espaces publics de toute la haute-ville de Wiltz.

Il a été décidé que l’ensemble des espaces publics de la haute-ville seraient réaménagés. Mais, comme il s’agit d’un vaste site, il ne pouvait pas être traité comme un seul grand projet. Il a donc été divisé en plusieurs petits projets, étalés dans le temps. C’est pourquoi un plan directeur a d’abord été élaboré, définissant les grandes lignes de l’aménagement. Ce document est finalisé, consultable sur le site de la commune et disponible à l’Hôtel de ville. Chaque projet réalisé doit s’y conformer. Et ce plan directeur, ainsi que les projets qui en découlent, sont élaborés dans un processus participatif.

Concrètement, cela veut dire que nous avons invité les habitants à des visites, que nous avons parcouru ensemble certains lieux de Wiltz, mais aussi que nous avons visité ailleurs des sites inspirants. Des ateliers ont été organisés. À partir de tout cela, le plan directeur a défini les grandes orientations : beaucoup plus de verdure devait revenir sur cette place, cela avait déjà été dit dans le processus participatif. Il a aussi été décidé d’intégrer des matériaux naturels comme le bois, chaleureux, et d’utiliser du bois issu des forêts communales. Nous avons collaboré avec l’Administration de la nature et des forêts (ANF) pour cela.

Nous travaillons, par exemple, avec du frêne et du hêtre. Ce dernier ne convient normalement pas en extérieur, mais nous avons voulu l’essayer, en le traitant, pour voir comment il se comporte. L’idée est de tester, d’apprendre, d’avancer par petites étapes.

C’est cela, rester pragmatique. Ne pas vouloir faire d’un coup un projet pilote 100 % bois et se retrouver avec de gros problèmes techniques. Il faut expérimenter par étapes.

Autre point important : ne pas voir les principes de l’économie circulaire comme une contrainte, mais comme une occasion d’essayer autre chose.

Francine Hahn, secrétaire communale à Wiltz :

Chaque difficulté est pour nous un levier, un point d’appui, et non pas un obstacle qui nous freine.
L’économie circulaire n’est pas pour nous une charge supplémentaire. Elle nous offre au contraire un espace pour expérimenter, apprendre et chercher des solutions créatives, ensemble avec tous les partenaires impliqués. Elle nous permet de laisser derrière nous les routines, de retrouver la joie de découvrir des choses nouvelles, de réaliser quelque chose qui dépasse le quotidien classique.

Cela demande du courage, bien sûr, car chaque innovation nous met face à de nouvelles questions. Si aujourd’hui nous sommes devenus le hotspot de l’économie circulaire, c’est parce que nous n’avons jamais eu peur de nous remettre en question, d’essayer de nouvelles choses, et de progresser ensemble pas à pas.

Nous ne dressons aujourd’hui qu’un bilan intermédiaire - , nous avons encore beaucoup d’idées que nous voulons développer dans les années à venir -, mais cet anniversaire marque une étape importante.

L’économie circulaire fait désormais partie de nous. C’est un chemin que nous voulons continuer à parcourir avec vous tous, vers une transition vers un monde plus durable.

Parfois, les résultats ont tardé à venir, parfois il a fallu revoir nos méthodes, parfois les freins administratifs ou techniques se sont faits sentir.

Mais c’est précisément dans ces moments que nous avons puisé nos plus grandes leçons. Nous avons appris que la circularité est une démarche vivante, un processus d’amélioration continue. Qu’il faut savoir écouter, ajuster, et surtout ne jamais perdre de vue la vision globale.

Propos issus des célébrations de 10 ans d’économie circulaire à Wiltz, transcrits en luxembourgeois par LuxASR et traduits par intelligence artificielle.

Version finale par Marie-Astrid Heyde
Portraits : Picto / Eve Millet