Une entreprise durable connaît sa mission et y travaille sans relâche

Une entreprise durable connaît sa mission et y travaille sans relâche

Sandrine Grumberg accompagne les entreprises dans leur transition durable et concrète. Avec sa société au nom évocateur - Demain Autrement -, elle aide les entrepreneurs à revoir leurs modèles d’affaires, en vue de construire un futur désirable. Découvrez sa philosophie en 17 questions.

Trois mots pour décrire votre entreprise.

Passionnée – Pragmatique - Proche

Quel a été le déclic de votre engagement en faveur du développement durable ?

J’ai toujours été au contact de la nature, par le potager de mon père, puis mon jardin. Mais le déclic a été la perte de deux de mes amies, qui étaient toutes deux épouses d’agriculteurs. Je me suis alors questionnée sur les liens entre la nourriture et son élaboration, notamment la responsabilité des intrants chimiques. C’était il y a 30 ans, et je n’ai plus cessé depuis.

Votre geste écoresponsable du quotidien, à la maison ou au bureau.


J’en ai plusieurs, mais mon ordinateur est sûrement mon geste le plus écoresponsable, il a presque 10 ans !

Sandrine Grumberg, fondatrice de Demain Autrement

Une initiative durable de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fière.

J’ai accompagné une entreprise de recyclage de matière plastique vers un modèle d’économie circulaire. La dirigeante a repositionné son modèle d’affaires. Nous avons exploré ensemble les attentes des clients utilisateurs de matières plastiques, les certificats de recyclage, les équipements de préparation.

Une action que vous aimeriez encore concrétiser.

Mon projet de e-learning qui mûrit depuis plusieurs années.

Quelle est, selon vous, la plus grande idée reçue sur le développement durable en entreprise ?

L’idée selon laquelle l’économie n’a pas à en tenir compte pour fonctionner. Les ressources se raréfient, et vont devenir plus difficiles à obtenir à des prix corrects. Le monde vivant que nous connaissons disparaît devant nous, sans mesurer ses services rendus, tels que la pollinisation et le rafraîchissement, pour n’en citer que deux.

Un mot (ou un concept) qui vous déplaît dans les discours sur la durabilité.

La recherche unique de la compliance et du reporting. C’est un peu comme ce dicton « Quand le sage désigne la lune, l’idiot regarde le doigt ». La durabilité a sa place dans la préparation des budgets, dans les capex, dans la gestion de projet, dans les boards. Elle n’est pas seulement dans les mains des chargés ESG qui doivent se battre pour obtenir des KPIs pour les rapports annuels.

Et un mot qu’on ne dit pas assez.

La bonté.

Un(e) entrepreneur(e), local(e) ou international(e), qui vous inspire.

Jean-Marc Jancovici me plaît pour son discours net, clair, parfois clivant, mais tellement inspirant.

Une lecture, un film, un podcast ou un influenceur qui nourrit votre réflexion.

« Don’t look up » m’a bouleversée, c’est tellement ce qui me semble nous entourer !

Comment embarquez-vous vos équipes dans votre démarche ?

Je suis seule dans l’entreprise, mais j’aime me sentir entourée de passionné.es. Alors j’ai un petit écosystème d’ami.es spécialisé.es dans des domaines assez pointus (carbone ou économie circulaire). Nous travaillons alors en équipe dès que nous avons l’opportunité.

Et vos clients ?

Je suis au plus près de leurs questionnements et de leur réalité. Je dimensionne les approches et les solutions de sorte qu’elles s’intègrent le plus naturellement dans leur quotidien.

Un lieu, un réseau ou un moment privilégié pour partager vos réflexions sur la durabilité.

Je partage mes réflexions à tout moment. Mais je pourrais résumer en deux moments types : D’un côté, le confort d’un monde ami, lorsque je participe à des événements d’IMS, de la House of Sustainability ou d’Infogreen. En général, j’y croise des ami.es, des connaissances et des client.es, c’est mon monde. D’autre part, je me sens rassurée d’être sur la bonne voie quand je participe à des événements plus axés sur l’économie ou la finance, où je me retrouve souvent seule. C’est un autre monde.

Que vous apportent ces échanges ?

Ils me nourrissent, me font grandir.

Le moment où vous avez douté, et ce que vous avez fait à ce moment-là.

Les moments de doute sont vraiment nombreux depuis quelques mois. Mais le doute agit pour moi à la fois comme un poids et un booster. Je remets tout en question sauf une chose : ma conviction que d’autres solutions entrepreneuriales sont possibles.

Quel conseil donneriez-vous à un entrepreneur qui veut s’engager dans une démarche durable ?

Il faut être clair sur ses convictions profondes, et apporter des solutions réfléchies et durables aux besoins des entreprises. L’opportunisme est dangereux, nous l’avons vu avec la CSRD et son trop-plein de spécialistes improvisés qui ont inondé les réseaux, et ont pu avoir un « effet rebond » auprès des PME qui ont toutes pris peur.

Si vous deviez résumer votre vision de l’entreprise durable en une phrase…

Une entreprise durable connaît sa mission et y travaille sans relâche, dans le respect du vivant et d’un futur désirable.

Propos recueillis par la rédaction d’infogreen.lu
Extrait du dossier du mois « Entrepreneurs engagés »

Article
Publié le mardi 5 août 2025
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