
Un nouveau comité Natura 2000 pour protéger le Lias et la vallée de l’Alzette
Ce mercredi 17 septembre, le ministre de l’Environnement Serge Wilmes a inauguré à Schifflange le huitième et dernier comité de pilotage Natura 2000 du pays. Objectif : protéger les habitats et espèces de la région « LIAS – Uelzechtdall » tout en conciliant agriculture, urbanisation et biodiversité.
Réuni au Brill de Schifflange, le lancement du comité de pilotage Natura 2000 (COPIL) « LIAS – Uelzechtdall » marque une étape importante pour la préservation des sites naturels du Luxembourg. Avec la signature officielle de sa charte de collaboration, ce comité devient le huitième – et dernier – à entrer en fonction dans le pays, aux côtés de ceux de l’« Éislek », du « Mëllerdall » ou encore du « Minetter Dagebaugebidder ».
Les COPIL Natura 2000 ont pour mission de concilier la protection de la nature avec les réalités agricoles, économiques et sociales locales. Ils facilitent la coopération entre ministères, communes, agriculteurs, associations et acteurs du tourisme. Leur rôle est de coordonner et mettre en œuvre les plans de gestion des zones Natura 2000, un réseau couvrant aujourd’hui 28 % du territoire luxembourgeois, soit près de 73.000 hectares.
« Les comités de pilotage constituent un outil participatif essentiel pour assurer une gestion efficace de nos sites Natura 2000. Rapportée à la taille de notre territoire, la superficie protégée nous place parmi les cinq premiers pays européens, ce qui est une source de fierté. »
Serge Wilmes, ministre de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité

Un territoire riche en biodiversité
La région « LIAS – Uelzechtdall » tire son nom des couches géologiques du Jurassique inférieur (Lias). Elle s’étend entre la capitale et le sud industriel, avec la vallée de l’Alzette comme axe central.
On y trouve douze sites Natura 2000, dont deux zones de protection spéciales pour les oiseaux (ZPS) et dix zones spéciales de conservation (ZSC), couvrant une superficie de 7.466 hectares. Ces espaces abritent une grande diversité d’habitats : plaines alluviales, prairies humides, roselières, forêts de chênes et de hêtres. Les prairies maigres de fauche ou les forêts alluviales, rares mais précieuses, y constituent des milieux essentiels pour de nombreuses espèces.
La cigogne blanche est l’emblème de cette richesse avifaunistique (ensemble des espèces d’oiseaux d’une région donnée). Le râle d’eau, le martin-pêcheur, le pic mar ou encore la pie-grièche grise font également partie des oiseaux nicheurs. Parmi les mammifères, la chauve-souris Murin de Bechstein illustre l’importance de préserver les habitats forestiers.
« Nos zones humides jouent un rôle de refuge pour les oiseaux migrateurs. Elles sont comme des stations-service où les espèces font halte pour se reposer avant de poursuivre leur voyage vers le sud. »
Pit Jans, animateur du site Natura 2000
Des acteurs locaux mobilisés
La gouvernance du COPIL « LIAS – Uelzechtdall » repose sur une large concertation. Le comité réunit le ministère de l’Environnement, les administrations spécialisées (eau, forêts, agriculture), les représentants politiques de treize communes, mais aussi des syndicats intercommunaux, associations de protection de la nature, groupements agricoles, acteurs du tourisme et propriétaires privés.
Son président, Michel Krischel, chef de l’arrondissement Sud de l’Administration de la nature et des forêts, a rappelé que « le COPIL n’est pas seulement un outil de coordination. C’est aussi une mise en réseau : entre habitats naturels, entre usages des sols, et surtout entre les personnes qui vivent et travaillent sur ce territoire. »
À Schifflange, le bourgmestre Carlo Feiereisen a souligné la proximité entre habitants et espaces naturels. « C’est une chance pour notre commune d’être entourée de zones protégées. Cela rapproche la nature des habitants et sensibilise le public à son importance. »

Natura 2000, entre nature et activités humaines
L’équilibre entre conservation de la biodiversité et activités humaines est au cœur de la démarche Natura 2000. Dans la région du Lias et de l’Alzette, environ 60 % des surfaces sont agricoles, principalement en prairies et terres cultivées. Les forêts couvrent près de 30 % du territoire, dont une partie importante appartient à des propriétaires privés.
« Nous devons avoir les agriculteurs à nos côtés et collaborer avec eux », a insisté Serge Wilmes. « Cette coopération est essentielle car 70 % des terrains situés dans les zones Natura 2000 appartiennent à des propriétaires privés. »
Les actions menées par le COPIL vont de la renaturation des cours d’eau à la création de contrats biodiversité avec les exploitants, en passant par des projets de sensibilisation du grand public. L’animateur, Pit Jans, assure la coordination de ces initiatives et le suivi scientifique des mesures.
Un engagement collectif pour l’avenir
La création du COPIL « LIAS – Uelzechtdall » n’est pas une fin en soi, mais un nouveau départ pour la protection des habitats naturels. Le fait que l’ensemble des huit comités prévus au Luxembourg soient désormais opérationnels ouvre la voie à une approche plus cohérente et plus efficace.
Cette mise en réseau permet non seulement d’harmoniser les actions sur tout le territoire, mais aussi de renforcer la visibilité du Luxembourg sur la scène européenne. Dans un contexte de changements climatiques, d’urbanisation croissante et de pressions agricoles, ces comités deviennent des lieux privilégiés de dialogue et de décisions partagées.
« Le succès dépendra de la capacité des acteurs à maintenir une collaboration constructive, à écouter les besoins des habitants et à trouver des compromis durables. Car la conservation de la nature ne se limite pas à préserver des espèces ou des paysages. Elle touche directement à la qualité de vie, à la résilience des territoires et à l’identité culturelle du pays. »
Michel Krischel, président du COPIL
En plaçant le Lias et la vallée de l’Alzette au cœur de ce nouvel effort collectif, le Luxembourg confirme que sa richesse naturelle est un atout majeur pour l’avenir.

Avant la signature de la charte, Serge Wilmes a expliqué un engagement important à ses yeux.
« J’ai demandé à ce que tous les conseils ministériels informels ne se tiennent plus au Kirchberg, mais à divers endroits du Luxembourg afin de montrer que le pays est bien plus que des banques et des institutions européennes. Il possède aussi une nature magnifique et une industrie toujours présente, qui a aussi son histoire et qui a aussi façonné les différentes régions. J’ai également plaidé pour que nous organisions un conseil environnemental à Belval, par exemple, dans l’un de ces magnifiques bâtiments. La ville illustre le passé, le Luxembourg et son industrie, et même s’il est toujours d’actualité. Nous devons montrer nos richesses naturelles et historiques aux autres États membres de l’Union européenne. D’autres ministres ont également l’intention de le faire. Le prochain gouvernement devra mettre cela en œuvre, mais nous allons tout mettre en place dès maintenant. Et je soutiens cela, notamment par le biais des conseils environnementaux, ou encore la réunion des ministres de l’Environnement qui se tiendra ici, avec vous, dans le sud, dans votre belle région. »
Serge Wilmes, ministre de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité
Un Ministre optimiste donc qui a indiqué que cette mission sera assurée par le prochain gouvernement. « Cela dépasse le mandat de l’actuel. En 2029, nous assurons la présidence de l’Union européenne, pour six mois, du 29 janvier au 1er juillet 2029. A nous de mettre en avant tous les efforts déployés sur le terrain. »
Sébastien Yernaux
Photos : MECB/Studion Photography et Sébastien Yernaux / Picto