Travailler ensemble pour un secteur de la construction décarboné

Travailler ensemble pour un secteur de la construction décarboné

Fruit de 2 ans de travail collaboratif entre le ministère de l’Énergie et celui de l’Environnement, avec la contribution du CNCD, la feuille de route construction bas carbone a été présentée il y a quelques jours par le ministre Turmes.

Le potentiel de réchauffement planétaire : une approche basée sur la norme EN 15978 et le cadre européen Level(s) qui intègrent tout le cycle de vie d’un bâtiment.

« Un grand travail a déjà été effectué au Luxembourg pour réduire les émissions directes des bâtiments, à travers des mesures de promotion de l’efficacité énergétique et de la rénovation, ainsi que de la production d’énergies renouvelables », a rappelé le Ministre en préambule de son discours.

La feuille de route permettra de franchir un pas supplémentaire en prenant en considération, pour l’établissement du futur passeport énergétique d’un bâtiment, de ses émissions de gaz à effet de serre (GES) sur l’entièreté de son cycle de vie : de la production des matériaux utilisés, en passant par le fonctionnement du chantier et l’entretient, jusqu’à sa déconstruction.

Réduire les émissions de GES du secteur de la construction se fera à travers un processus en plusieurs étapes qui s’étendra sur 4 à 7 ans et qui s’intègre dans le Plan national énergie climat (PNEC), afin d’atteindre ses objectifs ambitieux.

Précisons que les émissions de GES des bâtiments résidentiels et tertiaires actuellement reprises dans le PNEC sont liées en 1er lieu à la phase d’utilisation du bâtiment. La feuille de route propose d’élargir le champ de ces données aux autres phases de vie, ce qui soulève des défis : par exemple, celui d’évaluer l’impact des matériaux fabriqués à l’étranger ou la part des émissions liées au transport ou à l’industrie énergétique et manufacturière à allouer aux activités des chantiers.

Une collaboration étroite avec les acteurs privés du secteur

La clé de voûte du succès de cette mesure est l’implication des acteurs privés aux côtés des acteurs publics. Architectes, ingénieurs-conseils, fabricants de matériaux, entrepreneurs et promoteurs rassemblés sous la bannière du Conseil national pour une construction durable (CNCD) sont sollicités pour l’orientation stratégique et la mise en œuvre de cette feuille de route.

Rappelons que le CNCD a été créé en 2014 par le Gouvernement, le Conseil pour le Développement Économique de la Construction (CDEC), le Groupement des Fabricants de Matériaux de Construction (GFMC), l’Ordre des Architectes et Ingénieurs-conseils (OAI) et LuxReal, rejoints 3 ans plus tard par la Chambre des Métiers et la Fédération des Artisans. Depuis 2020, il a également signé une convention de collaboration avec le Centre de Ressources des Technologies et de l’Innovation pour le Bâtiment (CRTI-B). Il a pour triple mission de favoriser une approche concertée des acteurs la construction durable, de développer l’excellence de leurs compétences et d’améliorer la visibilité de la construction durable luxembourgeoise à l’échelle internationale, ce qui en fait une interface privilégiée pour dérouler la road map.

Bruno Renders, Gilles Reding et Patrick Koehnen
Bruno Renders, Gilles Reding et Patrick Koehnen - Marie Champlon

Les enjeux de cette mesure vus par les membres du CNCD

« Zesumme schaffen » pour une convergence des visions et des acteurs, tel était le mot d’ordre des représentants du CNCD.

Bruno Renders, vice-président du CNCD et directeur général du CDEC :
« Nous ne voyons pas la décarbonation comme une contrainte supplémentaire, mais comme une opportunité d’innover et d’aller vers une utilisation plus agile et parcimonieuse des matériaux ».

Gilles Reding, membre du comité de direction de la Chambre des Métiers :
« L’artisanat est un des piliers de la transition écologique. Il faudra mettre en place des outils de soutien adaptés à toute taille d’entreprises : sensibilisation, information, transfert de know-how, formation et aides financières ».

Patrick Koehnen, secrétaire général adjoint à la Fédération des Artisans :
« Pour parvenir aux objectifs, il est important d’intégrer des critères extra-financiers dans les marchés publics - d’attribuer les marchés non plus au moins-disant, mais au mieux-disant -, d’adapter le cadre réglementaire et de mettre en place des projets pilotes pour favoriser la construction écocirculaire, mais aussi de digitaliser les procédures des régimes d’aides ».

Christian Rech, président du GFMC :
« Il s’agit ni plus ni moins de relever le défi politique, social, économique et technique du siècle. Y répondre exige beaucoup plus de proactivité, d’agilité et de flexibilité que ce dont nous avons collectivement fait preuve jusqu’à présent. Nous devons agir de manière intersectorielle, sous l’impulsion d’une volonté politique forte. La construction, l’industrie, le transport et la gestion des déchets sont interconnectés. La décarbonation doit être planifiée tout au long de la chaîne de valeur ».

Dave Lefèvre, architecte membre de l’OAI :
« Les procédures et réglementations sont des paramètres très importants dans les projets de construction. C’est pourquoi un moteur politique est nécessaire pour aider les concepteurs à trouver des solutions aux défis actuels. Un autre point crucial est la communication qui permet de rassembler les différentes visions de l’acte de construire ».

Christian Rech et Dave Lefèvre
Christian Rech et Dave Lefèvre - Marie Champlon

Mélanie Trélat
Photos : Marie Champlon

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Publié le jeudi 22 juin 2023
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