« Transformer la culture et par la culture »

« Transformer la culture et par la culture »

L’écoresponsabilité dans le secteur culturel : vaste débat, aussi interpellant qu’intéressant, qui a besoin autant de réponses que d’actions concrètes.

La Kulturfabrik a accueilli un workshop destiné aux professionnels du secteur culturel et consacré à un sujet très actuel : l’utilisation et la préservation durable des ressources. Animée par Tun Van Beest, étudiant en management culturel à Vienne, la séance a été l’occasion de présenter à la fois les démarches déjà explorées en pratique, mais également d’élargir la discussion au-delà des frontières nationales en écoutant des témoignages et retours d’expérience de projets internationaux.

Les mots de bienvenue de René Penning, directeur de la Kulturfabrik, et de la ministre de la Culture Sam Tanson ont donné le ton : la question de l’écoresponsabilité est urgente et « va nettement plus loin que le fameux gobelet en plastique », comme l’a rappelé la ministre, estimant qu’il faut moins produire et surtout produire mieux. Notion répétée à plusieurs occasions par des intervenants sur scène et dans le public. « La question n’est pas de savoir ce qu’on perdra économiquement à changer nos modes de fonctionnement, mais plutôt de comprendre tout ce qu’on perdra si on ne change rien ! Nous aurons besoin d’une planification et d’une stratégie pour parvenir à réduire l’impact du secteur culturel sur le climat, et plus largement sur l’environnement », a rajouté René Penning dans son discours d’ouverture.

Béatrice Josse, curatrice, autrice et directrice artistique s’est arrêtée sur les actions de militants écologistes dans les musées internationaux et des problématiques profondes qui ne sont pas, ou peu adressées. « À quoi sommes-nous prêts à renoncer pour maintenir les choses précieuses de notre existence ? », a-t-elle lancé, en insistant sur les notions de « désinnovation », de changement des organisations et des manières d’exister et de créer, « il convient de poser les bases de protocoles collectifs de renoncement pour éviter l’apparition de projets déjà obsolètes. Cela passe par l’abandon de certaines innovations (« désinnover ») et activités, par l’émergence de nouveaux métiers, de nouvelles formes administratives... ».

Béatrice Josse a souligné que les acteurs culturels ont un rôle primordial à jouer dans ce changement des mentalités, estimant que le secteur doit se rendre compte de son impact sur les consciences, que les expériences vécues dans les institutions ont la capacité de devenir des leviers d’action du changement de notre réalité. « La transformation de la réalité passe par l’imaginaire », notion qu’a confirmé Céline Schall de la Ville d’Esch-sur-Alzette et de l’Université du Luxembourg dans sa présentation en suggérant qu’on doit « transformer la culture et par la culture. »

Les deux discussions thématiques de la matinée ont donné lieu à des échanges constructifs avec un public nombreux et intéressé. Dans tous les débats, l’importance d’un travail concerté, stratégique, cohérent et surtout collaboratif a été mis en avant. « Pour qu’un projet fonctionne, il faut qu’il soit porté par le plus grand nombre », soulignait ainsi Isabelle Schummer de l’Oekozenter Pafendall lors de la première discussion autour des bonnes pratiques déjà en place. Les intervenants sur la scène étaient d’accord sur le fait qu’il faut absolument éviter les « mesurettes », qui pourraient s’apparenter à du « greenwashing », une simple stratégie marketing sans réelle plus-value écologique et durable. Il est important d’inclure la dimension durable dès l’entame d’un projet, d’élaborer une stratégie concrète qui entraîne tous les acteurs dans une spirale positive et après clôture, de faire un bilan approfondi.

La seconde table ronde a été des plus inspirantes, en présentant le réseau des ressourceries en France (Ressac) et la réelle success story de ArtStock, une recyclerie située dans la région d’Occitanie, dans le sud de la France, mais qui ouvrira bientôt un second site en région parisienne. En 2022, l’association a ainsi pu réutiliser et revaloriser 92% des quelque 7000 tonnes de déchets récupérés et les réinjecter dans l’économie. Cet exemple d’économie circulaire ne se limite pas au secteur culturel, mais est devenu un réel projet sociétal et social.

Le ministère de la Culture développe activement avec d’autres ministères et des acteurs du secteur culturel comme la Theaterfederation le projet d’une ressourcerie pour le territoire grand-ducal, qui pourrait fonctionner sur un modèle similaire, aidant le secteur culturel et événementiel à fonctionner plus durablement.

D’après le communiqué du Ministère de la Culture
Photos : ©MCULT

Article
Communiqué
Publié le mercredi 7 décembre 2022
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