The Bridge, le premier projet immobilier neutre en carbone au Luxembourg

The Bridge, le premier projet immobilier neutre en carbone au Luxembourg

Rencontre avec Julie Sacré, Developer, Stéphane Bagat, Project Director, et Jean-Christophe Bocci, Technical Director chez Eaglestone Luxembourg et Christophe Fotré, directeur territorial de l’ONF du Grand Est.

Avec ses 4 250 m2 de surface de bureaux, le bâtiment The Bridge, développé par Eaglestone au sein du nouveau quartier Brooklyn à Bonnevoie, est le premier projet à s’inscrire dans une démarche d’évaluation, de réduction et de compensation de l’impact carbone inhérent à sa mise en œuvre. À la clé, la labélisation Carbon Footprint Neutral.

Un positionnement novateur en termes d’environnement

Souhaitant contribuer à la lutte contre le dérèglement climatique, Eaglestone s’est engagé dans une démarche de labélisation Carbon Footprint Neutral. Le développeur immobilier s’est fait assister, dans cette perspective, par le bureau d’études Energie & Environnement, spécialisé dans les enjeux énergétiques et environnementaux, qui a lancé le label au début de cette année.

Carbon Footprint se base sur des normes ISO et des référentiels internationaux. Il vise à soutenir et à valoriser les entreprises dans leurs efforts pour réduire leur impact carbone. Il s’applique à des projets immobiliers, mais aussi à toute autre activité menée ou bien produit.

Une démarche en 3 étapes

La certification s’inscrit dans une logique « mesurer-réduire-neutraliser ». « Le processus passe par 3 étapes : l’évaluation précise du bilan carbone du projet initial, la réduction de ce bilan après un travail d’analyse qui a permis de déterminer sur quels points nous pourrions réduire les émissions de CO2 et, enfin, la compensation des émissions résiduelles », explique Stéphane Bagat, Project Director chez Eaglestone.

Des actions concrètes…

Pour minimiser l’impact du futur bâtiment, les réflexions ont surtout porté sur le choix des matériaux et du mode constructif. Par exemple : l’utilisation du béton sera réduite à l’essentiel et l’équipe d’Eaglestone s’est rapprochée des producteurs de ciment luxembourgeois pour trouver des produits « bas carbone », la structure se composera d’un mix bois-béton, les bardages des façades comprendront un certain taux d’aluminium recyclé et les faux-planchers seront issus d’une filière de récupération.

… pour des résultats concrets

Ces mesures permettront de réduire de plus de 10 % les émissions du projet initial, ce qui correspond, par exemple, à l’équivalent de la pollution générée par 100 vols aller-retour entre Luxembourg et New York. L’impact ne sera toutefois pas nul, il restera encore près de 2 900 tonnes équivalent CO2 à compenser.

Agir localement

Souhaitant compenser l’impact carbone du projet le plus près possible de celui-ci, mais n’ayant pas trouvé de filière de compensation sur le territoire luxembourgeois, Eaglestone a choisi d’investir dans un projet lorrain. L’objectif est de reconstituer un peuplement forestier dégradé d’une surface d’environ 18 ha, soit l’équivalent de 18 terrains de football, situé en Moselle.

« Au-delà de la volonté d’agir localement, il était également important pour nous de choisir un projet de compensation dont la traçabilité serait possible. Nous avons donc décidé de collaborer avec l’ONF (Office National des Forêts) en France, qui propose différents projets de reforestation ou en lien avec l’agriculture. L’ONF établit un label qui répond à un arrêté ministériel de l’État français. Des contrôles sont réalisés avant et après le projet, la valorisation en carbone est donc mesurée et vérifiable », souligne Jean-Christophe Bocci, Technical Director chez Eaglestone.

« À travers le projet d’Eaglestone, l’ONF réalisera un reboisement composé d’essences d’arbres diversifiées et plus adaptées aux climats futurs qui permettront de restaurer un écosystème forestier impacté par le changement climatique. Avec le stockage de l’équivalent de 2 900 tonnes de CO2 sur une période de 30 ans, le projet contribuera à l’atténuation du changement climatique et favorisera aussi la biodiversité », explique Christophe Fotré, directeur territorial de l’ONF du Grand Est.

Une vision élargie aux problématiques de durabilité et sociétales

Le sujet de la neutralité carbone est au cœur des préoccupations d’Eaglestone Group depuis plusieurs années : « Plusieurs projets sont déjà labélisés CO2 Neutral en Belgique et, depuis 2018, nous faisons cet exercice aussi pour nos activités « corporate ». Eaglestone, avec Energie & Environnement, est finalement l’initiateur de la mise au point d’une certification Carbon Footprint Neutral pour les immeubles de bureaux au Luxembourg, puisqu’il n’en existait pas encore. Nous participons ainsi à une prise en compte des enjeux sociétaux et de durabilité au sens large dans les développements immobiliers au Luxembourg.

Nous sentons d’ailleurs de plus en plus cette sensibilité dans les préoccupations de nos prospects : l’impact carbone neutre, le mode hybride bois-béton, …, font écho en eux, pour leur image de marque bien entendu, mais également vis-à-vis de leurs employés qui accordent une importance grandissante au fait que leur employeur ait des valeurs et s’inscrive dans une dynamique durable qui prend en compte les aspects environnementaux, mais aussi les aspects sociaux et sociétaux. C’est pourquoi nous avons lancé en parallèle la précertification l’immeuble avec le WELL Building Standard qui porte sur le bien-être et la santé des occupants », indique Julie Sacré, Developer.

La labélisation obtenue au stade « projet » sera confirmée une fois l’immeuble livré, notamment après avoir vérifié que les éléments visant à minimiser l’impact carbone du projet ont bien été mis en œuvre.

« Sur ce projet, nous sommes en phase d’apprentissage. C’est la version 1 du bâtiment bas carbone, mais il y a encore beaucoup à faire. Sur un prochain projet, nous irons encore plus loin dans la réflexion, mais nous le ferons de manière progressive car les investisseurs, comme les locataires, ont besoin d’une transition souple vers les bâtiments du futur qui seront assez différents de ce que l’on connaît aujourd’hui avec moins de matériaux (plus de sobriété), plus de matériaux recyclés mais tout autant de confort. Il faudra revenir aux choses essentielles et apprendre à vivre avec les saisons », conclut Jean-Christophe Bocci.

Mélanie Trélat
Extrait du NEOMAG#47
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Publié le jeudi 28 juillet 2022
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