Port sec et port fluvial, c'est logi(sti)que

Port sec et port fluvial, c’est logi(sti)que

Ils assurent une liaison à la mer en multipliant les transports de conteneurs. Mertert, sur la Moselle, et Bettembourg, sur le rail, jouent la carte du hub intermodal.

Quand, sur les ruines de l’usine d’Athus à la frontière belge, en 1977, sont nées les premières idées de transport intermodal liant le rail, la route et le fret maritime, les concepteurs ont parlé du Terminal Containers comme d’un « port sec ». L’expression a perduré et la formule a été améliorée. Au Luxembourg, la diversification logistique a poussé le concept. Et, avec les investissements adossés à une certaine vision du futur des transports, on a créé la zone EuroHub Sud, à Bettembourg-Dudelange, et le terminal intermodal est devenu un incontournable hub logistique.

Le positionnement est stratégique et géographiquement idéal. Avec 12 filiales implantées dans 6 pays, CFL multimodal et sa société sœur CFL cargo offrent une gamme de services qui se complètent autour du transport ferroviaire qui se combine avec la route pour acheminer les conteneurs maritimes d’un spot à l’autre. Le terminal intermodal de Bettembourg-Dudelange est sur le « corridor de fret » Mer du Nord-Méditerranée et à la croisée de grands axes routiers européens. Les opérateurs luxembourgeois ont ainsi multiplié les connexions et les partenariats, vers la Baltique, vers l’Est, même jusqu’en Chine par le rail. Doté d’une capacité annuelle de 600.000 UTI (unités de transport intermodal), le terminal de Bettembourg-Dudelange est ainsi connecté aux principaux ports et régions industrielles par des navettes ferroviaires régulières.

Conteneurs, contenus et gains environnementaux

Très utilisés, notamment parce qu’ils allient la grosse capacité à l’absence de besoin d’accompagnement, à plein comme à vide, les conteneurs viennent de la logistique militaire dont la méthode a été appliquée à l’économie maritime et portuaire, permettant aujourd’hui de charger et décharger plusieurs milliers de tonnes de/vers un navire en quelques heures. Les dimensions, approuvées par un comité économique et technique de l’ONU dans les années 1960, sont devenues des standards ISO appliqués aux dizaines de millions de conteneurs en service dans le monde entier. Au sortir d’un terminal portuaire, les conteneurs peuvent être chargés sur des trains, des barges ou des semi-remorques, ce qui rend le concept intermodal…

Le « port-sec » de Bettembourg-Dudelange, comme ses homologues européens, joue en plus la carte de l’économie des ressources et de la réduction des émissions carbonées. Par exemple, en 2020, peu avant le confinement, CFL Multimodal annonçait un accord avec LKW WALTER, Stena Line et le Port de Kiel pour une nouvelle liaison ferroviaire avec un des plus grands ports d’Allemagne, planté dans le fjord de Kiel en mer Baltique. L’extension des services promise par ce partenariat économico-logistique renforce d’autant l’offre intermodale basée sur des connexions ferroviaires vers le Sud de l’Europe (Lyon, Le Boulou, Barcelone) et maritimes, notamment vers la Scandinavie (Göteborg). Et, notait CFL Multimodal, « grâce au report modal potentiel de 10 000 camions vers le rail, ce nouveau train réduit d’environ 11 000 tonnes les émissions de CO2 par an ».

Un port-export

Mais le Luxembourg a son vrai port, sur la Moselle. Le port fluvial de Mertert est la plateforme eau/route/rail du pays. Sur quelque 65 hectares, il joue un rôle majeur pour l’importation et l’exportation de marchandises lourdes, produits pétroliers, agroalimentaires, sidérurgiques surtout.

Debout sur la frontière, entre l’écluse de Grevenmacher et celle de Trèves, sur la « Moselle internationale » (37 km de voie navigable fluviale catégorisée au Luxembourg), Mertert représente une connexion physique directe avec les ports ARA (Antwerpen, Rotterdam, Amsterdam) et d’autres ports intérieurs de l’Europe centrale.

Selon le dernier rapport d’activités disponible (année 2020) de la société du Port de Mertert, le trafic fluvial a représenté près de 700.000 tonnes (dont 62% étaient constitués de produits importés), essentiellement des produits pétroliers et sidérurgiques ainsi que les conteneurs.

Le port mosellan a lui aussi une solide vocation multimodale, avec un lien évident sur le Hub de Bettembourg notamment. « Le Port de Mertert est conçu pour répondre aux besoins du développement de l’économie luxembourgeoise. Les raccordements par voie fluviale, ferrée et par route contribuent à son insertion appropriée dans les réseaux de transport transeuropéens », explique le Cluster for Logistics. « Il faut inciter les entreprises à utiliser encore davantage les installations portuaires, les services installés sur le site, les manutentionnaires portuaires (Luxport, Tanklux, BetonsFeidt) et la voie d’eau. Les infrastructures portuaires constituent un élément déterminant pour l’attractivité du territoire et l’implantation d’entreprises afin d’assurer le développement de notre région ».

Dans son analyse intégrée au rapport 2020, Jeannot Poeker, Président de la Société du Port de Mertert, rappelait que le transport fluvial « dispose d’une empreinte environnementale, tout particulièrement en matière énergétique, bien inférieure au transport routier. La massification des flux qu’engendre le mode fluvial conforte cette bonne performance environnementale. Rapporté aux quantités de marchandises transportées (un convoi fluvial de 5.000 tonnes équivaut à 250 camions), son impact environnemental est très compétitif. »

Alain Ducat
Illustrations/Photos : CFL/Cluster for Logistics/Port de Mertert

Article paru dans le dossier du mois « Bouteille à la mer ! »

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Publié le mercredi 25 mai 2022
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