Passer à l'échelle supérieure

Passer à l’échelle supérieure

Réduction des émissions de gaz à effet de serre et de l’impact carbone, des déplacements, des pertes de temps et des coûts, industrialisation des procédés de construction, mais aussi augmentation de la productivité, ces enjeux ont un levier commun : une logistique bien pensée. Témoignages de quelques acteurs impliqués dans des développements sur le sujet.

Paroles d’experts

Guillaume Karmann, Junior Project Manager à la LUSCI (IFSB)

« Amener sur chantier des éléments préfabriqués en usine, au bon moment, au bon endroit et sans perdre d’argent implique d’acquérir des compétences dans ce domaine. C’est pourquoi nous mettons en place des actions pour faire monter le secteur en compétences - ce qui est notre mission en tant que centre de formation - et pour préparer ainsi son avenir. Pour cela, nous avons pensé « out of the box » en nous adressant à des experts non pas de la construction, mais de la logistique.

Cette montée en compétences du secteur ne sera possible qu’en changeant d’échelle : ne plus penser la logistique à l’échelle d’un projet mais à une échelle globale, régionale ou sectorielle. Tous les acteurs du projet, les logisticiens des entreprises et les administrations publiques, doivent se sentir concernés pour permettre la mise en place de solutions durables et applicables à l’ensemble du territoire.

C’est pour cela, que l’IFSB lance son Club Innovation #Logistique. Dédié à la logistique, comme son nom l’indique, ce lieu d’échanges sera ouvert à toutes personnes intéressées. Il a pour ambitions d’identifier les besoins et d’apporter des réponses efficaces en termes de formation, innovation et conseils, ainsi que la création de projets à l’échelle nationale ».

Lahcène Harbouche, fondateur et directeur de Digit-All Things

« Le CCC, oui, à condition qu’on ait mis en place une structure de pilotage de projet robuste. Le lean construction le permet au travers du last planner system.

Quand on fait du last planner, on doit prendre en compte des prérequis dont un en particulier, qui est le matériel. Il peut alors être géré en profondeur via les services logistiques qu’offre le CCC (traçabilité, contrôle de niveau 1, 2 ou 3, kitting, etc.). La logistique est une continuité de la démarche lean qui trouve tout à fait sa place.

Il y a cependant un bémol : nous n’avons pas encore de réels retours d’expériences montrant que le CCC peut fonctionner de manière totalement autonome. Peut-être devrions-nous imaginer une mutualisation des ressources existantes des PME (en espace, financières, etc.) qui permettrait d’instaurer de vrais services logistiques. Ceci deviendra possible dès lors que chacun acceptera, et nous le mesurons actuellement, que 8 à 20 % de son CA soit dédié à la logistique, selon son corps de métier ».

Omar Maatar, directeur Innovation chez CLE

« Quand on mène un projet, on a souvent le nez dans le guidon et on a de nombreuses urgences - financières, de turnover ou autres - à gérer, si bien qu’il arrive que l’on fasse passer le planning après ces considérations.

CLE a engagé une mise à jour de ses process qui consiste à remettre le planning au centre du projet, car de la maîtrise du planning dépendent la satisfaction du client, et aussi la pleine considération de la dimension humaine au sens large. Maîtriser le planning permet de mettre en place un système logistique performant, d’être plus lisibles, d’anticiper l’affectation des ressources, de mieux impliquer les juniors et les nouveaux collaborateurs… et de construire des partenariats solides avec les sous-traitants qui apprécient d’intervenir dans un cadre précis et structuré. Cette démarche crée beaucoup de valeur et surtout la replace au bon endroit ».

Olivier Mulot, directeur logistique chez Polygone

« Le CCC a pour vocation d’améliorer les flux d’approvisionnement des matériaux sur le chantier. C’est un outil intéressant parce qu’il permet aux ouvriers de se concentrer sur leur métier, qui est la mise en œuvre des matériaux.

Cela fait du sens de confier ces aspects logistiques à des professionnels de la gestion des flux car l’approvisionnement est une phase à part entière du processus de construction et les petites comme les grandes entreprises peuvent y trouver un intérêt. Les erreurs sur la chaîne d’approvisionnement sont courantes et génèrent de la désorganisation, des déplacements inutiles, des pertes de temps et des coûts.

Mais avant de penser à diminuer les coûts à travers la mise en place d’un CCC, il faut déjà atteindre son 1er objectif qui est d’optimiser le travail des ouvriers sur le chantier ».

Alexander Kieffer, directeur-gérant de GABBANA s.à r.l.

« Dans le cadre d’une collaboration avec le LIST, nous avions pour mission de revoir notre méthode de travail en ce qui concerne la gestion des stocks et la logistique qui en découle. Le LIST nous avait alors suggéré de migrer progressivement vers un CCC, mais je ne suis pas convaincu que ce soit une bonne solution pour notre entreprise, en tant qu’installateurs, si nous l’utilisons de manière isolée, sans impliquer d’autres entreprises.

En revanche, je pense qu’un CCC a certainement une grande utilité lorsqu’il dessert plusieurs chantiers définis sur un même pôle de développement (comme une zone industrielle, tertiaire ou mixte), ou encore dans le cadre de projets d’envergure où toute la chaîne de production se trouve engagée. Le terme « consolidation » prend alors tout son sens.

De manière plus globale, dans le contexte actuel, entre les difficultés d’approvisionnement dues à la pénurie de matériaux, la flambée des prix pour le transport et la nécessité de réduire notre impact carbone, c’est un outil qui fait sens et qui doit être développé pour la gestion des projets ».

Propos recueillis par Mélanie Trélat
Article paru dans le NEOMAG#46
Plus d’informations : http://neobuild.lu/ressources/neomag
© NEOMAG - Toute reproduction interdite sans autorisation préalable de l’éditeur

Article
Article
Publié le mercredi 18 mai 2022
Partager sur
Avec nos partenaires
CLE SA - Compagnie Luxembourgeoise d'Entreprises
Institut de Formation sectoriel du Bâtiment (IFSB)
Polygone
NEOMAG
Nos partenaires