Paille, laine de mouton… et nouvelles technologies

Paille, laine de mouton… et nouvelles technologies

L’ensemble Bei de Kueben, qui regroupe la maison-relais et l’école précoce de Fischbach, se veut neutre en CO2 grâce à la combinaison de matériaux biosourcés, renouvelables, locaux et recyclés mais aussi de technologies de pointe mises au service des économies d’énergie et du confort des usagers.

Rencontre avec Georges Kiorpes, Team Manager et Dimitri Beauguitte, ingénieur chez Betic Ingenieurs-Conseils

La nouvelle maison-relais de la commune de Fischbach, inaugurée en septembre dernier, est une construction hybride bois-béton. La structure est composée d’un squelette en béton, matériau qui, de par son inertie, permet de réduire la consommation énergétique tout en améliorant le confort thermique. La structure autoportante est, quant à elle, constituée de panneaux de contreplaqué de 10 cm d’épaisseur. La façade est, pour sa part, couverte de lambris en mélèze européen, le bois étant un régulateur naturel d’humidité et de température.

L’isolation thermique a été réalisée avec de la paille. Les avantages de ce matériau sont multiples : il stocke le CO2, est 100 % biodégradable, est renouvelable et sa production requiert 77 fois moins d’énergie que celle de la laine minérale. Ce type d’isolation est également facile à démonter une fois que le bâtiment est arrivé en fin de vie et il est directement réutilisable. Enfin, il offre une excellente résistance au feu car la paille compressée laisse peu de place à l’oxygène. Des tests ont montré que la structure porteuse est ainsi protégée pendant une heure en cas d’incendie.

Outre le béton, le bois et la paille, le bâtiment intègre aussi de la laine de bois en tant qu’isolant thermique, de la laine de mouton feutrée utilisée dans des panneaux d’isolation acoustiques, mais aussi des enduits à base d’argile qui apportent davantage de masse.

« Tous ces matériaux ont été pris en compte dans les calculs d’énergie et de dimensionnement », précise Georges Kiorpes, Team Manager chez Betic Ingénieurs-Conseils. « Le vrai travail a été d’intégrer l’ensemble des techniques dans l’architecture. Avec le béton vu et la paille, le passage des techniques a parfois été très compliqué », ajoute Dimitri Beauguitte, docteur en Génie électrique chez Betic Ingénieurs-Conseils. Au niveau technique, le bureau d’études a choisi d’assurer la production de chaleur au moyen d’une chaudière à copeaux de bois associée à un réseau de chauffage urbain. Le bâtiment est chauffé par un réseau au sol et par une activation de dalle « pour une répartition uniforme de la chaleur, sans avoir de zones froides ou chaudes », précise-t-il. Pour ce qui est du refroidissement, la salle polyvalente et la cantine ont été dotées d’un système de ventilation adiabatique qui permet de rafraîchir légèrement l’atmosphère en s’appuyant sur le principe de l’évaporation de l’eau. La géothermie joue également un rôle essentiel : « Nous avons installé 14 échangeurs sous forme de corbeilles qui permettent de récupérer la fraîcheur de la terre et la renvoyer dans le bâtiment pour le refroidir au niveau des dalles. Ce système innovant, naturel et gratuit nous a permis d’éviter d’avoir recours à une installation de climatisation », souligne Georges Kiorpes. « Ce bâtiment est autonome au niveau technique. Un exemple concret est le freecooling : les ouvrants sont motorisés et s’activent durant les pauses, en soirée ou lorsque les valeurs limites sont dépassées », complète Dimitri Beauguitte.

La protection solaire fait partie intégrante à la fois du concept énergétique et du concept d’éclairage. La gestion centralisée des stores, par salle et par façade, est commandée par une station météo située en toiture (sondes lumineuses, capteurs de vent, capteurs de température…).

Le bâtiment a été étudié pour faire entrer un maximum de lumière naturelle au moyen de grandes ouvertures et de puits de lumière dans les zones de circulation. L’éclairage artificiel full LED est couplé à un système très complexe d’adaptation automatique et en temps réel de l’apport en éclairage naturel grâce à des détecteurs 360 degrés. Cette technique permet à la fois de réduire la consommation d’électricité, la maintenance et d’apporter un véritable confort aux usagers. « Nous avons beaucoup travaillé pour paramétrer ce système novateur de manière à ce qu’il réagisse instantanément et à ce que les enfants ne puissent déceler les variations entre l’apport de lumière naturelle et de lumière artificielle », indique Dimitri Beauguitte.

Enfin, un système de contrôle d’accès et de vidéo-parlophonie permet la commande à distance, et en déporté (via un smartphone) des portes extérieures.

Bien qu’inauguré en septembre, le travail du bureau se poursuit. « À l’issue de la construction, le maître d’ouvrage se convertit en exploitant et se trouve face à un nouveau défi : s’approprier et gérer son nouveau bâtiment. C’est pourquoi, nous suivons encore le projet aujourd’hui pour permettre aux utilisateurs de s’approprier pleinement l’ensemble des caractéristiques et fonctionnalités du lieu », conclut Georges Kiorpes.

Mélanie Trélat

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Publié le vendredi 4 mai 2018
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