Mission : construire plus. État : compliqué

Mission : construire plus. État : compliqué

Pour Michel-Edouard Ruben (Fondation IDEA), « il est à craindre que la crise du logement, perçue actuellement au prisme de la cherté, ne s’accompagne à l’avenir d’une dimension de rareté aiguë ! »

Michel-Edouard Ruben, économiste à la Fondation IDEA, a récemment livré un édito sur le logement, intitulé « Mission : construire plus. État : compliqué ».

Entre 2011 et 2020, le nombre de personnes vivant au Luxembourg est passé de 512.000 à 626.000. Sur la même période, le stock de logements a évolué de 208.000 à 244.230. Ainsi, le stock de logements pour 1.000 habitants est passé au Grand-Duché de 406 en 2011 à 390 en 2020.

Le Grand-Duché n’étant pas un « haut lieu de villégiature », il n’est pas surprenant qu’il soit distancé par des pays comme la Grèce, le Portugal, l’Espagne ou la France qui comptent un nombre important de résidences secondaires et où – fort logiquement – le stock de logements est abondant (plus de 550 pour 1.000 habitants).

Mais que le Luxembourg dispose actuellement du parc de logements le moins fourni de l’UE (après la Slovaquie et la Pologne) est (peut-être) une indication, compte tenu de son dynamisme démographique, que le stock de logements commence à se rapprocher dangereusement du moment où il sera sous-dimensionné sachant, et cela n’est pas toujours bien perçu, que si la taille des ménages et le mal-logement n’ont pas explosé alors que depuis de longues années le nombre de ménages progresse plus rapidement que le nombre de logements nouvellement construits, c’est (probablement) parce qu’il y a eu attrition du stock de logements vacants.

Et donc, se rapproche (vraisemblablement) le moment où le besoin de construction devrait se confondre avec la demande de logements afin de permettre que la population soit toujours « bien logée ».

Concrètement, cela veut dire qu’il faudra(it) (véritablement) atteindre les, régulièrement évoqués, 6.000 logements construits par an.

Or, à côté du « mal de terres » – pour causes de rétention, de spéculation, de NIMBYsme – souvent mis en avant, les entreprises du secteur de la construction font régulièrement état de contraintes liées à la main-d’œuvre (alors que le secteur emploie 10% des salariés contre 6% au sein des autres pays de l’UE), le nombre de logements construits, voire d’autorisations de bâtir, ne s’est jamais vraiment approché de pareil niveau de construction et « la problématique des gravats et des décharges » longuement évoquée dans la déclaration du gouvernement sur la situation économique, sociale et financière du pays en 2014 est toujours d’actualité.

Bref, il est à craindre que la crise du logement, perçue actuellement au prisme de la cherté, ne s’accompagne à l’avenir d’une dimension de rareté aiguë !

Une actualité de la Fondation IDEA

Texte à retrouver, avec des articles liés à la thématique, ici

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Publié le mardi 8 février 2022
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