Mettre l'innovation en parallèle avec la vision du client

Mettre l’innovation en parallèle avec la vision du client

Interview de François-Xavier Gilen, Sales Manager Chez Thomas & Piron.

Il y a 4 ans, le constructeur Thomas & Piron a entamé une démarche de digitalisation qui touche aussi bien les études et la commercialisation que les chantiers, et dans une étape future, le service après-vente. Une évolution qui se fait pas à pas et en restant en ligne avec le degré de maturité du marché.

Où en êtes-vous de la digitalisation des études chez Thomas & Piron ?

Début 2018, nous avons révolutionné nos études en interne et nous avons imposé à nos bureaux d’études partenaires de travailler autrement.

Le projet a été suivi par notre cellule Recherche & Développement qui a opté pour le logiciel BIM Revit avec lequel nous réalisions, dans un 1er temps, les maquettes 3D en dessin avant-vente.

Pendant une période transitoire qui a duré 2 ans avant de basculer entièrement vers cette solution en 2020, nos dessinateurs ont été formés pour devenir des BIM Modelers.

Aujourd’hui, ils travaillent sur des maquettes 3D depuis les plans qui sont commercialisés jusqu’aux plans d’exécution.

Dans tous nos plans d’exécution sont implémentés de nombreux paramètres d’étude techniques dont les métrés et les devis. Ce qui veut dire qu’au moment de planifier le démarrage de la construction, on « n’a qu’à » appuyer sur un bouton pour voir apparaître toutes les données nécessaires à la préparation du chantier.

Ce système fonctionne depuis 2 ans, mais nous gardons toujours une cellule de veille chargée de contrôler qu’il n’y ait pas de bug dans la machine.

Quels étaient vos objectifs en passant au BIM ?

Nous l’avons fait en partie dans un but commercial. Nous souhaitions proposer à nos clients des meilleures vues 3D et des visites immersives, avec ou sans lunettes 3D, qui leur permettent d’entrer dans leur future maison de manière didactique. Cependant, je pense, en tant que responsable commercial, qu’il faut mettre en parallèle ces innovations avec la vision du client et n’utiliser ces nouveaux outils que s’il y est ouvert.

Mettre au point de telles méthodes est essentiel dans le développement d’une entreprise comme la nôtre, mais il faut toujours s’assurer de ne pas être en décalage avec la réalité du marché. Notre activité première est de construire et de vendre, donc nous sommes vigilants au retour de notre clientèle, mais je sens le marché luxembourgeois réceptif. Thomas & Piron a des filiales dans 6 pays (Belgique, Suisse, Portugal, Luxembourg, France et Maroc) et c’est essentiellement au Luxembourg et en Belgique que nous avons décidé de nous lancer dans les projets en 3D parce que l’investissement en vaut la chandelle. Le Grand-Duché a toujours été un laboratoire au niveau du groupe.

Notre 2e objectif était de gagner du temps et de mieux utiliser notre main d’œuvre. Trouver de la main-d’œuvre est une difficulté majeure ces dernières années, que ce soit dans les bureaux ou sur les chantiers. Le fait que nos BIM Modelers puissent, dès le dessin, entrer les données de métrés et de devis, permet d’alléger le travail en aval par rapport à ce que nous avons connu par le passé. Aujourd’hui, nous n’imposons plus à des deviseurs et à des métreurs de passer du temps sur leur ordinateur à encoder des chiffres dans des tableaux Excel, ce qui, en plus, peut-être une source d’erreurs probable.

4 ans après votre décision et 2 ans après sa mise en application, quel bilan faites-vous ?

Nous n’avons pas encore atteint le gain de temps espéré. Nous sommes encore dans une phase de veille technologique de ce que nous avons mis en place, mais nous espérons accélérer les choses, rendre plus performants nos BIM Modelers et en engager de nouveaux.

Qu’en est-il de l’application sur chantier de la digitalisation ?

C’est l’évolution de demain et nous sommes en train d’emboîter le pas, mais se servir de la maquette 3D sur chantier va certainement prendre un peu de temps également.

Nous sommes en train de tester l’outil Space Time sur un chantier à Senningerberg où nous l’utilisons depuis 4 mois. Cet outil permet de confronter notre maquette 3D avec ce qui a été réalisé sur chantier. La société Space Time vient sur notre chantier faire du scanning lors des différentes étapes. Toute la technologie installée est ainsi enregistrée. Ceci nous permet d’aider le gestionnaire de chantier à effectuer les contrôles techniques, détecter les failles et rectifier le tir à temps.

Ceci nous permet aussi de garder en mémoire l’historique des différentes étapes du chantier et de les mettre à disposition de notre service après-vente en cas de problème quelques années plus tard.

Depuis plus de 25 ans, nous proposons systématiquement à nos clients, lors de la remise de clés de nos appartements ou maisons, un contrat d’entretien pour les techniques spéciales obligatoires et nous gardons des contacts réguliers qui, souvent, nous reviennent lorsqu’ils ont un projet de rénovation ou d’agrandissement à réaliser. A terme, l’historique de digitalisation de nos projets pourra être un outil performant dans le cadre des rénovations demandées par nos clients.

Mélanie Trélat
Article paru dans le NEOMAG#47

Plus d’informations : http://neobuild.lu/ressources/neomag
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Publié le lundi 13 juin 2022
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