Les résidences du Fonds du Logement font peau neuve

Les résidences du Fonds du Logement font peau neuve

À travers un projet pilote mené sur deux de ses plus anciennes résidences dans le quartier du Kiem, le Fonds du Logement souhaite démontrer qu’il est possible de réaliser la rénovation énergétique de logements en quelques jours seulement, et sans déranger les occupants, grâce à l’application en façade et en toiture d’éléments préfabriqués.

E=0 est un projet Interreg soutenu par des fonds FEDER. Lancé mi-2016, il concerne 4 pays du nord-ouest de l’Europe : les Pays-Bas dont il est originaire, le Royaume-Uni, la France et le Luxembourg où il est porté par le Fonds du Logement et Neobuild.

Ce projet consiste à transformer des logements sociaux peu performants sur le plan énergétique en habitations passives et à bilan énergétique annuel nul, c’est-à-dire que la production égale la consommation d’où le nom du projet E=0. Les travaux à l’intérieur des appartements seront réalisés en quelques jours seulement et en occasionnant le moins de gêne possible pour les résidents qui continueront à occuper les lieux pendant toute la durée des travaux.

Ceci est possible grâce à des éléments préfabriqués intégrant des huisseries triple vitrage ainsi qu’une isolation hautement performante. Ils sont appliqués sur la façade et sur la toiture comme une seconde peau qui vient couvrir le bâtiment. La précision dans le dimensionnement des éléments a été augmentée essentiellement grâce à l’étude du projet via maquette numérique (BIM) sur base d’un scanning 3D. Cette méthode de travail a, de plus, permis un gain de temps considérable dans le relevé de la situation existante.

Si, dans les autres pays européens, cette méthode innovante a été utilisée pour la rénovation énergétique des maisons en bandes toutes identiques composées d’un rez-de-chaussée et d’un étage, le projet luxembourgeois se distingue par le fait qu’il s’applique à deux résidences contiguës de 12 appartements chacune. Situées dans le quartier du Kiem sur le plateau de Kirchberg, elles appartiennent au Fonds du Logement qui les a acquises au début des années 80.

Le fait qu’il s’agisse d’un immeuble de logement collectif implique quelques défis. D’abord, la complexité de la structure fait que, contrairement aux projets menés par les bailleurs sociaux des autres pays sur des maisons en bande, la répétabilité, donc la production en série, est ici difficile. S’adapter à la forme du bâtiment a demandé un peu d’imagination. Il a fallu, par exemple, contourner le problème des loggias qui risquaient d’être source de ponts thermiques. Pour éviter cela, il a été décidé de les intégrer au bâtiment. Résultat : les habitants profiteront d’un séjour agrandi tout en conservant un espace extérieur puisque des balcons seront créés dans la prolongation de ce qui était auparavant des loggias.

En revanche, le facteur défavorable a été le grand nombre de logements (24) sous une seule et même toiture. Cela a malheureusement réduit considérablement le nombre de panneaux photovoltaïques potentiellement installables en toiture et a donc rendu impossible le bilan énergétique nul sur une année.

La hauteur du bâtiment de rez + 3 étages constitue également un challenge au niveau de la statique, en ce qui concerne l’accroche des éléments notamment. De plus, le consortium luxembourgeois a choisi de privilégier les matériaux biosourcés : la structure des éléments sera constituée de bois et remplie avec de la cellulose qui est un excellent isolant naturel, mais qui est plus lourde que les produits du type polystyrène.

La fixation de ces éléments sera opérée de manière mécanique, c’est-à-dire sans colle, de manière à pouvoir les démonter et faciliter leur recyclage, voire leur réutilisation, une fois arrivés en fin de vie. La solution a été conçue pour assurer la performance énergétique du bâtiment pendant 30 ans, une garantie qui dépasse largement la durée habituelle qui est de 10 ans !

La toiture existante constituée de deux pans égaux sera démontée pour être remplacée par des éléments préfabriqués de 2,3 mètres de large. La partie sud sera prolongée jusqu’au niveau des cages d’ascenseur de manière à pouvoir orienter de façon optimale la plus grande surface possible de panneaux solaires.

Pour renforcer l’efficacité énergétique, le plafond des caves sera également isolé et des box techniques permettront d’assurer le renouvellement d’air qui sera nécessaire au bien être des occupants autant qu’à la conservation du bâtiment. Chaque box desservira 4 logements situés l’un au-dessus de l’autre. Le système existant de distribution de chaleur à partir d’une chaufferie unique sera conservé mais la source de production de chaleur sera remplacée. En effet, on passera du gaz aux pellets qui est une source de chaleur plus écologique.

L’accent a été porté sur la qualité et sur le confort. Grâce à ces travaux de rénovation, l’aspect visuel des résidences sera plus moderne, le climat intérieur sera plus agréable, plus chaud, et les habitants gagneront en espace à vivre grâce à l’intégration des loggias.

Ces résidences font partie des premières qui ont été construites par le Fonds du Logement il y a près de 40 ans. Le projet a pour but de démontrer la faisabilité d’un tel système de rénovation qui pourra être répété sur d’autres bâtiments du Fonds du Logement, mais aussi de tout autre bailleur social ou privé. Le chantier devrait débuter à l’automne.

Sur la photo : Denis Ory, chargé d’opération au Fonds du Logement, Céline Goeury, ingénieur civil architecte chez COEBA, Boris Solecki et Nicolas Zita, chargés de projet chez Neobuild

Mélanie Trélat

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Publié le jeudi 5 avril 2018
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