Les murs en pierre sèche, une pratique durable et vertueuse pour la biodiversité

Cette surconsommation est compromise aujourd’hui. Une prise de conscience des limites puise dans la réappropriation de ces savoir-faire oubliés. Une approche « produire autrement » et « aménager différemment » en utilisant les ressources locales, hommes et matériaux, concerne au plus haut point les acteurs de la pierre sèche.

La pierre est un matériau naturel, extrait à proximité, ou de réemploi : environ 70 % des pierres d’un vieux mur sont réemployées ou recyclées dans sa restauration pour 30 % de nouvelles pierres ajoutées. Il peut également s’agir de pierres de démolition ramassées, issues de l’épierrage des champs ou de découverte (selon la géologie des sols, on peut récolter en surface des pierres altérées dites matériaux de découverte). Utiliser les pierres retrouvées lors d’un terrassement permet de garantir et d’améliorer l’économie circulaire. Cela permet aussi de diminuer la consommation d’énergie utilisée lors de la production et du transport de matériaux préfabriqués.

Bâties à sec, ces maçonneries ne forment pas d’obstacle à l’écoulement des eaux. Elles sont drainantes, souples, adaptées au terrain et intégrées au paysage. Elles favorisent une terre saine propice à la culture bio.

La capacité de la pierre à accumuler lentement la chaleur du jour pour la restituer durant la nuit, fait qu’un mur agit comme régulateur de température et crée un microclimat sur les alentours proches.

Un mur très bien bâti, avec une bonne cohésion entre chaque pierre dans ses trois dimensions - hauteur, profondeur et longueur – présentera, au mieux, 16 % de vide ; généralement, on compte plutôt 25 % de vide. Par conséquent, du fait même des multiples anfractuosités qui le composent, un mur en pierre sèche représente un habitat stratégique pour les espèces végétales et animales sous forme d’algues et de bactéries. Cet apport se transforme très vite en mousses, lichens et champignons qui croissent puis se décomposent pour former de la matière organique. Avec cet humus, apparaissent les plantes et par conséquent les fourmis. Celles-ci transportent des graines et augmentent ainsi la variété des espèces contenues dans les murs.

Dans un mur neuf, les fourmis sont, avec les araignées, les premières arrivées. Elles sont rapidement rejointes par les petits animaux qui recherchent un abri. En climat froid, ou en altitude, ceux-ci apprécient la chaleur nocturne ou la fraîcheur à l’intérieur des murs. Les cocons, les papillons, les abeilles, les reptiles, les hérissons, les chauves-souris et les oiseaux aussi parfois, viennent s’y nicher, y trouver à manger et se reproduire.

Nous pouvons tous apporter un changement sur la biodiversité lors de la construction de nouvelles urbanisations, en remplaçant les murs en béton préfabriqués aux maçonneries en blocs béton par des murs en pierre sèche qui ont la même stabilité, mais qui garantissent la biodiversité des jardins et de l’environnement.

L’IFSB a mis en place plusieurs modules de formation pour les entreprises de construction afin de promouvoir la technique dans le territoire, mais nous sommes aussi partenaire sur des projets européens pour l’échange de compétences et l’amélioration des techniques. Nous avons donc misé sur l’environnement et le développement d’un biotope sur notre site de formation pratique en construisons un mur-école qui a, pour l’instant, 20 m de longueur et 1,5 m de hauteur.

Vitor Figueira, coordinateur formations techniques à l’IFSB
Reportage IFSB
Extrait du NEOMAG#53
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