Les consommateurs du Sud en phase avec le « manger local »

Les consommateurs du Sud en phase avec le « manger local »

La Minett Unesco Biosphere (MUB) entend promouvoir une valorisation pérenne des produits locaux de la Région Sud et une consommation qualitative en circuits courts. Une enquête menée avec PRO-SUD et le LISER donne des résultats très encourageants : les consommateurs de la région sont demandeurs !

Depuis un an, l’Unesco a « placé » les 11 communes du syndicat intercommunal PRO-SUD sous le label « Minett Unesco Biosphere ». Outre des préoccupations de préservation de la nature, d’amélioration des biotopes ou de valorisation du patrimoine, un des enjeux prioritaires pour la Minett Unesco Biosphere (MUB) est de promouvoir les produits locaux de la Région Sud et une consommation qualitative en circuits courts auprès des citoyens.

Il fallait une base de travail, raison pour laquelle une enquête menée avec PRO-SUD et le LISER a été lancée en novembre 2020, en vue de renforcer les liens entre les acteurs locaux, le territoire, les produits agricoles et alimentaires, pour effectuer un pas important vers le développement durable et la pérennisation des circuits courts de qualité.

Il a fallu un peu relancer la machine pour que le sondage prenne suffisamment de poids mais, in fine, grâce à la participation de 824 citoyens, un premier diagnostic sur leurs habitudes et attentes a été réalisé. Les résultats de cette étude sont désormais disponibles.

Une demande bien ancrée et une marge de progression

Parmi les constats-clés que tirent les chercheurs du LISER, il y a bon nombre d’encouragements justifiant la démarche. « Les résultats de l’enquête illustrent, d’une part, la volonté des habitants de la Région Sud de consommer davantage de produits locaux ; et, d’autre part, ils démontrent une marge de progression intéressante de leur consommation pour autant que l’offre soit conséquente ».

Il y a donc clairement un marché que le consommateur régional - celui qui a répondu en tout cas - se dit prêt à faire mieux tourner.

Par exemple, 86% des participants ont déclaré avoir consommé des produits locaux au cours des trois derniers mois. 55% en achètent chaque semaine. Et 38% des sondés se disent prêts à augmenter leur consommation en produits de leur région que, par ailleurs, ils semblent plutôt apprécier… quand ils les connaissent.
Cette marge d’augmentation grimpe même à 60-65% pour les fruits et les légumes. Et les qualités du produit sont des arguments clairement vendeurs : traçabilité, connaissance du producteur, produit sain...

Mieux, la quasi-totalité des participants - 41% d’entre eux sont employés ou ouvriers – manifeste son objectif, pour limiter l’empreinte carbone et respecter la saisonnalité des produits par exemple, quitte à modifier les habitudes alimentaires à la maison.

La durabilité se souligne également dans les projections de consommation : à l’avenir, 14% des répondants se disent disposés à effectuer leurs achats en vente directe (contre 7,5% actuellement). Cette prédisposition pour le marché local « de la ferme à la fourchette » se marque pour l’achat de fruits et légumes (19%), d’œufs (18,5%) et de miel (17,5%).

On notera que les enseignes bio semblent jouir d’une clientèle stable dans le temps. Mais que 20% des participants à l’enquête (12,5% aujourd’hui) iraient volontiers chercher davantage de produits régionaux dans leurs commerces traditionnels, notamment pour la viande (29%) ou le pain (35%).

Modèles alternatifs

Et les freins ? Le premier appelle une poussée de la promotion et de la communication. Il y a encore une méconnaissance des produits existants, en dehors de certaines marques bien ancrées dans la région (bières ou charcuteries par exemple). Ce constat rejoint d’ailleurs celui d’une enquête menée au niveau national l’été dernier par le ministère de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural.

62,5% ne savent pas identifier les produits locaux et ce sont finalement les produits bénéficiant d’un solide marketing qui sont davantage reconnus. Le rayon de notoriété des produits ne dépasse guère la zone de chalandise localisée. En revanche, plus de 40% des sondés aimeraient disposer de plus d’informations sur l’origine et les méthodes de production.

L’autre frein est, à l’inverse de la réflexion pour l’achat sur le site de production, lié à une relative dispersion des points de vente. Il ressort de l’enquête que 58% des consommateurs achètent la plupart des produits locaux en grandes surfaces. Ces enseignes, nationales, ont su s’adapter aux nouvelles demandes et sont bien réparties dans chacune des communes de la Région Sud. La grande majorité des répondants peut donc effectuer les courses dans leur commune de résidence. Mais 75% des répondants aimeraient pouvoir disposer de commerces offrant une plus large gamme de produits locaux, de préférence sur leur lieu d’achat habituel. Du grain à moudre pour les responsables de centrales d’achat ?

On note aussi que 50% des sondés jugent l’idée de magasin collectifs ou/et coopératifs intéressante. Dans cette approche, ce modèle alternatif offre une meilleure visibilité pour le produit, une vente plus directe pour le producteur et, pour le consommateur, un gain de temps séducteur.

Soutien aux producteurs du (grand) cru

Le frein vient moins du prix, et c’est plutôt une bonne nouvelle pour la juste rémunération des producteurs locaux. 54% des ménages sont prêts à payer au moins 5% de plus s’il s’agit de soutenir l’activité des producteurs du territoire. Près de 60% seraient disposés à augmenter leur consommation s’ils avaient la certitude de faire vivre les producteurs locaux.

À noter que, pour beaucoup, un produit « local » peut aussi provenir du terroir luxembourgeois hors Région Sud ou des communes frontalières. Il y a à la fois ouverture à la « Grande Région » et… absence d’une identité alimentaire propre à la Minett.

Une autre priorité exprimée : que le produit local respecte l’environnement et le bien-être animal (pour 38%) et soit meilleur pour la santé (pour 32%). Si un label « bio » n’est une motivation que pour 23% des répondants, la traçabilité (pour 56%) et l’absence d’emballage plastique (50%) constituent une solide aide à l’achat. Comme le glisse le communiqué officiel fort à propos, « il faut éviter de faire l’amalgame entre produits locaux et produits issues de l’agriculture biologique ».

Dans le contexte, on observe que 40% des répondants pratiquent l’autoproduction, dans leurs jardins privés mais aussi en jardins partagés. Un quart sont âgés de 20 à 39 ans ce qui témoigne d’un nouvel intérêt pour cette pratique et semble ainsi ouvrir de belles perspectives…

Il y a donc du pain sur la planche et des idées à mettre en œuvre pour les acteurs du territoire. MUB entend travailler à moyen terme sur des projets solides avec des partenariats multilatéraux et des modèles en co-construction.

En attendant, PRO-SUD est partenaire des trois parcs naturels luxembourgeois et de la commune de Käerjeng dans l’organisation d’un marché inédit : « Au Goût du Terroir ». Il se tiendra au mois de mars 2022 et sera une occasion unique de mettre en lumière une large gamme de produits régionaux de qualité.

Plus d’infos sur https://minett-biosphere.com/news/produits-locaux/

Alain Ducat

Photos/Illustrations : Liser/PRO-SUD/MUB/Shutterstock

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Publié le vendredi 22 octobre 2021
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