« Le Luxembourg profite pleinement du potentiel européen »

« Le Luxembourg profite pleinement du potentiel européen »

La politique européenne est ambitieuse. Pour la Commission, le modèle de demain devra être plus efficace, circulaire et moins consommateur en ressources, avec une part plus importante d’énergies renouvelables. Infogreen a voulu en savoir plus sur la quête de la neutralité carbone, orchestrée par la Commissaire européenne à l’Énergie, l’Estonienne Kadri Simson. Voici ce qu’en dit le porte-parole de la Commission européenne responsable du volet « Climate Action and Energy », Tim McPhie.

Quels sont les grands objectifs européens ?

En septembre dernier, la Commission a proposé dans son plan d’action pour le climat de revoir son objectif de réduction des gaz à effet de serre (GES) à moins 55% par rapport aux niveaux de 1990 - le précédent objectif était de 40%. L’énergie représente 75% des émissions et son rôle est donc essentiel pour atteindre cet objectif. Le modèle de demain devra être plus efficace, circulaire et moins consommateur en ressources, avec une part plus importante d’énergies renouvelables et une plus grande électrification, dans tous les secteurs, tout en tirant parti des gaz naturels et carburants propres lorsque l’électrification n’est pas possible ou trop coûteuse.

La réalisation de ces objectifs dépend essentiellement de la décarbonisation du système énergétique et des niveaux d’énergie renouvelable et d’efficacité énergétique en particulier. La Commission proposera, d’ici juin 2021, de réviser les objectifs en matière d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique afin qu’ils soient cohérents avec l’ambition climatique accrue. L’analyse d’impact a montré que pour un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55%, la part des énergies renouvelables correspondante se situerait entre 38% et 40% pour 2030 - en fonction du dosage des politiques. Ces niveaux seront atteints grâce notamment à la part des énergies renouvelables dans l’électricité, qui devra au moins doubler pour atteindre environ 65% en 2030.

En outre, la décarbonisation du secteur du bâtiment est essentielle. L’UE devrait réduire les émissions de gaz à effet de serre des bâtiments de 60% par rapport aux niveaux de 2015.

Comment la Commission peut-elle encourager les initiatives étatiques, régionales, locales ?

Nous voulons concrétiser la stratégie d’intégration du système énergétique dans la révision de la directive européenne sur les énergies renouvelables. Le futur du système énergétique européen doit placer en son centre les consommateurs finaux d’énergie – ménages et consommateurs industriels. Un certain nombre de mesures relatives à la relance et à la transition énergétique, telles que la vague de rénovations des bâtiments et le financement de projets d’énergies renouvelables, impliquent et impactent directement les entreprises et les travailleurs, et ont le potentiel de créer des emplois et de la croissance économique. Il est donc crucial de placer les citoyens au cœur de la transition énergétique.

Les États membres doivent profiter de l’élan et utiliser les fonds disponibles dans le cadre du mécanisme de relance et de résilience, ainsi que dans les fonds de cohésion renforcés et le mécanisme de transition juste, en vue de soutenir les investissements publics, et ainsi d’exercer un effet de levier pour générer des financements de la part du secteur privé.

Un autre outil important est le nouveau programme LIFE (https://ec.europa.eu/easme/en/secti...), qui se concentre sur la transition énergétique propre et couvre la pauvreté énergétique. La vague de rénovations peut aider les 34 millions d’Européens en situation de pauvreté énergétique en rénovant les bâtiments les moins performants, et elle peut réduire les factures d’énergie des ménages, qui représentent pour de nombreux Européens une part importante de leurs dépenses mensuelles. En outre, elle encourage la modernisation et la décarbonisation des systèmes de chauffage et de refroidissement, et assure une transformation profonde, inclusive et orientée vers un environnement bâti durable.

La Commission a aussi lancé le projet européen Bauhaus, qui a pour but de regrouper les parties prenantes venant de la société civile – citoyens, architectes, urbanistes, designers, experts en environnement et en santé publique, investisseurs et autorités de planification – pour qu’ils puissent s’investir dans la recherche de meilleures idées pour des rénovations de haute qualité.

Quel rôle joue, et peut jouer le Luxembourg ?

La Luxembourg est un cas spécial en termes énergétiques vu sa taille et le fait que, hormis les énergies renouvelables, il n’a pas de ressources nationales. Son réseau électrique est dépendant des TSOs (Transmission System Operator ou Gestionnaire de réseau de transport d’électricité ou de gaz) voisins. Ce qui en soi n’est pas un problème. Le Luxembourg est un pays avec des impulsions très catalytiques en termes de coopération régionale énergétique, surtout dans le domaine des renouvelables et notamment pour l’offshore éolien.

Il est aussi très actif dans plusieurs forums européens de coopération régionale. Bref, il profite pleinement du potentiel européen pour combler ses besoins énergétiques et la transition vers une économie neutre en carbone.

Propos recueillis par Alain Ducat
Photos (EESC/Commission européenne/Engie)

Photo principale : Kadri Simson, commissaire européenne (EESC) / Tim McPhie, porte-parole (Commission européenne)
Article tiré du dossier du mois « Énergie, ville : soyons énergiphiles ! »

Article
Publié le vendredi 21 mai 2021
Partager sur
Nos partenaires