Le Luxembourg prend le large au vent danois

Le Luxembourg prend le large au vent danois

L’éolien offshore décolle. Si le Luxembourg n’a pas d’accès à la mer, il s’engage et coopère avec le Danemark pionnier… pour réaliser les premières îles énergétiques au monde.

Certes, le Luxembourg n’a pas de littoral. Mais il a depuis longtemps des liaisons à la mer et un pavillon maritime. Le pays ira désormais plus vite et plus loin, pour prendre le large, avec un engagement renforcé en faveur de l’énergie éolienne offshore. Ainsi, le Luxembourg et le Danemark ont décidé de renforcer leur coopération… en s’attachant à la réalisation des premières « îles énergétiques » au monde.

« Ces îles artificielles au large de la côte danoise seront reliées à des centaines d’éoliennes offshore et fourniront de l’électricité verte pour couvrir les besoins en électricité de millions de ménages européens », précise le ministre Claude Turmes.

L’exemple danois, autour de projets (pas si) fous

En effet, les Danois se sont vraiment lancés dans la course avec des projets (pas si) fous : le 15 février dernier, l’Agence de l’Énergie du Danemark a validé la construction d’une immense île artificielle, située à l’Ouest des côtes du pays. Son rôle : récolter, stocker et distribuer l’électricité produite par un parc éolien géant, en pleine mer, d’une puissance estimée à 3GW au moment de mise en service, en 2023, mais qui pourra atteindre 10GW à sa pleine mesure. C’est un pan crucial de la transition énergétique européenne, que le Danemark a amorcée en renonçant à rechercher du pétrole et du gaz naturel en Mer du Nord et en annonçant l’arrêt des exploitations d’énergies fossiles en 2050.

The Danish Parliament has agreed to build the world’s first offshore wind energy hub, designed as an artificial island in the North Sea.

L’île artificielle danoise aura la taille de 18 terrains de football, et sera connectée à un parc de 200 éoliennes – le projet prévoit de monter jusqu’à 600 turbines ! - implanté à 80 kilomètres de la côte. La plateforme pourra distribuer l’énergie électrique à terre, stockera les surplus intermittents des vents forts dans des batteries de nouvelle génération et, dans un second temps, sera productrice d’hydrogène vert ! Grâce à un électrolyseur, l’ « île » transformera l’énergie électrique en hydrogène sous pression, présenté comme un « carburant » à l’empreinte carbone nulle, notamment pour les transports ou l’industrie, voire en alternative au gaz naturel, et qui sera « injecté » et distribué vers les côtes via des pipe-lines sous-marins.

Selon les autorités danoises, l’investissement total est de l’ordre de 30 milliards d’euros. Ambitieux, le pays envisage déjà la construction d’une seconde île du genre, dans la Baltique.

Participer au mouvement

Et le Luxembourg dans tout ça ? Ses compétences en finance durable risquent d’être fort sollicitées, et les montages de projets devraient être facilités par les programmes de la BEI notamment, les appuis officiels et les fonds d’investissement. Les programmes de recherche et les entreprises innovantes, de même que les producteurs et distributeurs d’énergie, bref tout un écosystème, pourraient aussi trouver matière à participer activement au mouvement, avec le vent dans le dos.

Pour l’heure, on parle entre les deux pays partenaires, de « collaboration » sans trop de détails. « Nous sommes engagés dans la transition énergétique verte de l’Europe. Aujourd’hui, nous faisons un grand pas en avant, en renforçant la coopération pour développer et connecter les premières îles éoliennes offshore au monde. Cela permettra d’augmenter considérablement la production d’énergie renouvelable et de promouvoir l’hydrogène vert, qui aide à décarboner des secteurs comme le transport lourd et l’industrie dans de grandes parties de l’Europe », déclarait Dan Jørgensen, ministre danois du Climat, de l’Énergie et des Services publics, dans un communiqué commun, après l’acte de coopération validé à Luxembourg.

« L’éolien en mer jouera un rôle important dans la sécurité d’approvisionnement du réseau électrique d’Europe occidentale », poursuit le ministre luxembourgeois de l’Énergie, Claude Turmes. « Je suis heureux que le Luxembourg, en tant que pays enclavé, ait l’opportunité de participer activement au développement des premières îles éoliennes offshore au monde. Cette coopération avec le Danemark se veut complémentaire à la stratégie nationale qui vise à accélérer le développement des énergies renouvelables au Luxembourg ».

Dans tous les cas, le Luxembourg prend le large avec le vent danois en poupe. Et c’est plus qu’une symbolique.

Alain Ducat

Photo-vidéo : Danish Ministry of Climate, Energy and Utilities / COWI
Photo MEA : Dan Jørgensen, ministre du Climat, de l’Énergie et des Services publics du royaume de Danemark, pour le check collaboratif au Kirchberg, avec son collègue luxembourgeois Claude Turmes.

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Publié le jeudi 17 juin 2021
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