Le Luxembourg en bonne voie pour un cadre de vie durable et résilient

Le Luxembourg en bonne voie pour un cadre de vie durable et résilient

L’Ordre des Architectes et des Ingénieurs-Conseils (OAI) et ses membres sont pleinement impliqués dans le développement de la construction au Luxembourg. Grâce à une collaboration solide avec le gouvernement et les autres acteurs du secteur de la construction, le pays peut bénéficier d’une expertise hors-norme.

Petit pays mais rempli de talents. Tel pourrait être le résumé du Grand-Duché sur la scène mondiale de la construction. Pour Marc Feider, vice-président de l’OAI, « le Luxembourg est un des pays les plus avancés dans le domaine des bâtiments à faible consommation d’énergie. Pas seulement dans la prescription, mais ausi dans leur application. Nos membres sont des spécialistes des bâtiments à énergie positive et sont bien entourés par des artisans compétents pour les construire. Il y a une véritable synergie qui se met en place entre les différents acteurs, aussi grâce à la MOAI.LU, méthodologie de collaboration du construire ensemble. »

Et Pierre Hurt, directeur de l’OAI, souligne que « le Luxembourg est tout simplement en bonne voie pour devenir une référence internationale dans le domaine de la construction. Outre les expertises des membres, il y a une véritable synergie entre les différentes prescriptions et leurs applications. Nous sommes focalisés sur le concept complet, réalisé par nos membres en collaboration avec les entreprises qualifiées. Nous avons également été les précurseurs dans l’intégration des économies d’énergie dans les projets immobiliers. »

Selon Marc Feider, la construction durable peut être divisée en trois volets : écologique, économique et social. « Pour ce dernier point, il y a eu le vote de la loi pour l’accessibilité pour tous, publiée en janvier 2022. L’OAI a été très actif dans l’assistance et la mise en pratique des compétences de nos membres dans ce domaine. Une autre thématique importante dans les bâtiments durables est la santé et le bien-être. L’OAI soutient un bon échange avec le ministère de l’Énergie et de l’Aménagement du Territoire, Direction de la construction durable et de l’économie circulaire. »

Et pour l’économie ? « Cela comporte notamment l’énergie. Nous sommes là pour conseiller et optimiser les outils qui seront utilisés par la suite. Nous collaborons également sur le programme de promotion des matériaux biosourcés. Il y a d’ailleurs eu récemment une exposition à Nancy qui a accueilli 125 projets de nos membres. L’OAI gère une grosse base de références en termes de durabilité. »

L’Ordre ne travaille pas dans son coin. Que du contraire ! « Nous avons un bon groupe de travail qui collabore avec le gouvernement, notamment pour mettre en place des normes et prescriptions cohérentes en termes de construction durable. Je pense notamment au bois avec les prescriptions anti-feu. Il traque entre autres toutes les prescriptions qui bloquent le développement durable. »

Les propriétaires ont un intérêt croissant pour le développement durable. « Aujourd’hui, ils souhaitent investir qu’une seule fois dans un projet. Il y a 25 ans, on construisait un bâtiment, pour ensuite l’abattre si on souhaitait l’améliorer. Ça change tout évidemment. De plus, depuis juin, suite au vote d’une amélioration de la loi existante sur la gestion des déchets, les bâtiments ne doivent plus être considérés comme des grosses poubelles mais sont pensés de manière à réduire les déchets inertes. L’article 23 stipule notamment que lors de la planification d’une construction, la prévention des déchets doit être prise en considération. En gros, le bâtiment doit être une banque de ressources et non de déchets. »

Et la construction circulaire ?

Pour Pierre Hurt, la collaboration est claire avec les instances publiques mais la pondération des ressources ne l’est pas encore. « Si on regarde ce qui est réservé pour construire, on investit beaucoup dans le terrain et la construction mais pas assez dans la programmation et la conception. Il faut voir ce qui est utile pour le bien-être de notre société. C’est la sobriété heureuse, « Suffizienz… » en quelque sorte. Ensuite, on doit être efficients. Nous devons expliquer comment on investit les deniers publics. Si on veut arriver à cette durabilité, il faudra révolutionner notre manière de procéder, avec les bonnes questions à se poser en amont. Ainsi les projets seront menés à bien avec les bons concepteurs qui peuvent trouver les meilleures solutions durables et circulaires. A savoir construire, exploiter, déconstruire et réutiliser autre part. C’est plus complexe, mais c’est l’avenir à nos yeux. »

Si le futur se construit ainsi, Pierre Hurt reste les pieds sur Terre. « Actuellement, nous ne sommes pas encore tout à fait prêts pour accueillir cette révolution. Il faut déjà des lois et des procédures cohérentes mais également une collaboration avec tous les acteurs, tout en leur fournissant les moyens nécessaires. Il faut un point de vue holistique et des valeurs communes partagées par tous les acteurs, afin que ceux-ci agissent dans l’intérêt commun, des utilisateurs, des maîtres d’ouvrage. »

Et Marc Feider d’enchérir. « Le circulaire est l’avenir mais n’est pas encore possible à 100 % actuellement. Il y aura toujours des éléments d’usure qui ne pourront pas être réutilisés comme le tapis plein par exemple. Il y a aussi des méthodes à éviter comme les multicouches qui ne peuvent pas être séparées. Mais c’est une question de temps et de patience. »

Une analyse confirmée par Michelle Friederici, présidente de l’OAI. « Le plus compliqué est que l’on ne peut pas prévoir la future réaffectation d’un bâtiment. Et ajouter un ou plusieurs étages, au fur et à mesure de la progression de la société, n’est pas toujours possible car les paramètres structurels sont adaptés à chaque détail de l’évolution. Ce que l’on peut éventuellement prévoir, c’est une charpente ou dalle renforcée pour accueillir des systèmes techniques futurs. Mais au-delà de ça, le mieux est de respecter les principes de flexibilité et de sobriété… »

Plus d’informations sur www.oai.lu.

Ordre des Architectes et des Ingénieurs-Conseils (OAI)

Photos :
 Portraits : © OAI Julien SWOL
 École fondamentale et maison relais à Grevels Arch. Jonas architectes associés ©Camille Dengler
 Maison à Dondelange Arch. SAHARCHITECTS ©Steve Troes fotodesign

Extrait du dossier du mois « Bâtir d’autres modèles »

Article
Publié le mardi 15 novembre 2022
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